Icône Mot-cleflittérature persane

Hallâj, « Recueil du “Dîwân” • Hymnes et Prières • Sentences prophétiques et philosophiques »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Islam, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) et autres œuvres de Hu­sayn ibn Man­sûr, et poète d’expression , plus connu sous le sur­nom de  1car­deur de co­ton»). «Ce so­bri­quet de “car­deur”, donné à Hal­lâj parce qu’il li­sait dans les cœurs, y dis­cri­mi­nant, comme le peigne à car­der, la d’avec la faus­seté, peut fort bien lui avoir été donné tant en du réel mé­tier de son père, que par al­lu­sion au sien propre», ex­plique Louis Mas­si­gnon 2. Pour avoir ré­vélé son union in­time avec , et pour avoir dit de­vant tout le , sous l’empire de l’extase : «Je suis la sou­ve­raine Vé­rité» («Anâ al-Haqq» 3), c’est-à-dire «Je suis Dieu que j’aime, et Dieu que j’aime est » 4, Hal­lâj fut sup­pli­cié en 922 apr. J.-C. On ra­conte qu’à la veille de son sup­plice, dans sa cel­lule, il ne cessa de ré­pé­ter : «illu­sion, illu­sion», jusqu’à ce que la plus grande par­tie de la fût pas­sée. Alors, il se tut un long mo­ment. Puis, il s’écria : «vé­rité, vé­rité» 5. Lorsqu’ils l’amenèrent pour le cru­ci­fier, et qu’il aper­çut le gi­bet et les clous, il rit au point que ses yeux en pleu­rèrent. Puis, il se tourna vers la foule et y re­con­nut son ami Shi­blî : «As-tu avec toi ton de prière? — Oui. — Étends-le-moi» 6. Shi­blî éten­dit son ta­pis. Alors, Hal­lâj ré­cita, entre autres, ce ver­set du  : «Toute goû­tera la … car qu’est-ce que la ici-bas si­non la jouis­sance pré­caire de va­ni­tés?» 7 Et après avoir achevé cette prière, il dit un poème de son cru :

«Tuez-moi, ô mes fi­dèles, car c’est dans mon meurtre qu’est ma vie.
Ma mise à mort ré­side dans ma vie, et ma vie dans ma mise à mort
»

  1. En arabe حلاج. Par­fois trans­crit Hal­ladsch, Ḥal­lâdj, Ha­ladž, Hal­lage, Hal­lac ou Ḥallāǧ. Icône Haut
  2. «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 142. Icône Haut
  3. En arabe «اناالحق». Par­fois trans­crit «Ana al­hakk», «Ana’l Hagg» ou «En el-Hak». Icône Haut
  4. «Re­cueil du “Dîwân”», p. 129. Icône Haut
  1. Dans Louis Mas­si­gnon, «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 620. Icône Haut
  2. Dans id. p. 649. Icône Haut
  3. III, 185. Icône Haut

Hallâj, « Le Livre “Tâwasîn” • Le Jardin de la connaissance »

éd. Albouraq, Beyrouth

éd. Al­bou­raq, Bey­routh

Il s’agit du «Livre du Tâ et du Sîn» («Ki­tâb al-Tâ-wa-Sîn» 1) et autres œuvres de Hu­sayn ibn Man­sûr, et poète d’expression , plus connu sous le sur­nom de  2car­deur de co­ton»). «Ce so­bri­quet de “car­deur”, donné à Hal­lâj parce qu’il li­sait dans les cœurs, y dis­cri­mi­nant, comme le peigne à car­der, la d’avec la faus­seté, peut fort bien lui avoir été donné tant en du réel mé­tier de son père, que par al­lu­sion au sien propre», ex­plique Louis Mas­si­gnon 3. Pour avoir ré­vélé son union in­time avec , et pour avoir dit de­vant tout le , sous l’empire de l’extase : «Je suis la sou­ve­raine Vé­rité» («Anâ al-Haqq» 4), c’est-à-dire «Je suis Dieu que j’aime, et Dieu que j’aime est » 5, Hal­lâj fut sup­pli­cié en 922 apr. J.-C. On ra­conte qu’à la veille de son sup­plice, dans sa cel­lule, il ne cessa de ré­pé­ter : «illu­sion, illu­sion», jusqu’à ce que la plus grande par­tie de la fût pas­sée. Alors, il se tut un long mo­ment. Puis, il s’écria : «vé­rité, vé­rité» 6. Lorsqu’ils l’amenèrent pour le cru­ci­fier, et qu’il aper­çut le gi­bet et les clous, il rit au point que ses yeux en pleu­rèrent. Puis, il se tourna vers la foule et y re­con­nut son ami Shi­blî : «As-tu avec toi ton de prière? — Oui. — Étends-le-moi» 7. Shi­blî éten­dit son ta­pis. Alors, Hal­lâj ré­cita, entre autres, ce ver­set du  : «Toute goû­tera la … car qu’est-ce que la ici-bas si­non la jouis­sance pré­caire de va­ni­tés?» 8 Et après avoir achevé cette prière, il dit un poème de son cru :

«Tuez-moi, ô mes fi­dèles, car c’est dans mon meurtre qu’est ma vie.
Ma mise à mort ré­side dans ma vie, et ma vie dans ma mise à mort
»

  1. En arabe «كتاب الطاوسين». Par suite d’une faute, «كتاب الطواسين», trans­crit «Ki­tâb al Tawâ­sîn» ou «Ki­taab at-Ta­waa­seen». Icône Haut
  2. En arabe حلاج. Par­fois trans­crit Hal­ladsch, Ḥal­lâdj, Ha­ladž, Hal­lage, Hal­lac ou Ḥallāǧ. Icône Haut
  3. «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 142. Icône Haut
  4. En arabe «اناالحق». Par­fois trans­crit «Ana al­hakk», «Ana’l Hagg» ou «En el-Hak». Icône Haut
  1. «Re­cueil du “Dîwân”», p. 129. Icône Haut
  2. Dans Louis Mas­si­gnon, «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 620. Icône Haut
  3. Dans id. p. 649. Icône Haut
  4. III, 185. Icône Haut

Kharaqânî, « Paroles d’un soufi »

éd. du Seuil, coll. Points-Sagesses, Paris

éd. du Seuil, coll. Points-Sa­gesses, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan Kha­ra­qânî 1, qui ne sa­vait ni lire ni écrire (Xe-XIe siècle apr. J.-C.). Ce n’était pas un théo­ri­cien, mais un saint ab­sorbé dans la et les pra­tiques as­cé­tiques. «Cet océan de tris­tesse, cet plus so­lide que le roc, ce di­vin, ce sans confins, ce pro­dige du Sei­gneur, ce pôle de l’époque, Abû’l-Hasan Kha­ra­qânî — que lui fasse ! — était le roi des rois de tous les maîtres… Il avait la sta­bi­lité d’une mon­tagne, il était le phare de la connais­sance… Il était le dé­po­si­taire des se­crets de la . Il avait une en­ver­gure d’ ex­tra­or­di­naire et un rang . Son sa­voir de la chose di­vine était im­mense, et l’intempérance de son dis­cours le cou­vrait d’un lustre in­com­pa­rable», dit At­tar 2.

Lorsque Kha­ra­qânî était en­fant, ses pa­rents l’envoyaient gar­der les bêtes dans les champs, un dé­jeu­ner dans les mains. L’enfant dis­tri­buait se­crè­te­ment son dé­jeu­ner en au­mône et ne man­geait rien jusqu’au soir. Un jour qu’il la­bou­rait la , l’appel à la prière re­ten­tit. Il alla ac­com­plir son de­voir, et lorsque les hommes eurent achevé de prier, ils s’aperçurent que les bœufs de Kha­ra­qânî la­bou­raient tout seuls. Il se pros­terna et dit : «Ô Sei­gneur! j’ai pour­tant en­tendu dire que tu ca­chais ceux que tu aimes aux yeux des hommes»

  1. En per­san ابوالحسن خرقانی. Par­fois trans­crit Aboul-Ha­san el-Khar­ra­kani, Abū al-Ḥa­san al-Ḫaraqānī, Abu’l-Ḥasan-e Khar­ra­qāni, Aby-l-Kha­san Kha­ra­kani, Abol­ha­san Kha­râ­ghani, Ab­dul Ha­san Khar­qani ou Ebu Ha­san el Ha­ra­kani. Icône Haut
  1. Dans p. 75. Icône Haut

« Notice sur le poète persan Enveri, suivie d’un extrait de ses “Odes” »

dans « Journal asiatique », sér. 9, vol. 5, p. 235-268

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 9, vol. 5, p. 235-268

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «» d’ 1, poète de per­sane, éga­le­ment connu sous le nom d’Anvari Abi­vardi 2, car il na­quit près d’Abivard, dans l’actuel (XIIe siècle apr. J.-C.). Ce fut le poète le plus brillant de la Cour du sul­tan Ah­mad San­jar. Le de ses com­po­si­tions est as­sez dif­fi­cile, et cer­taines de ses «Odes» ont be­soin d’un com­men­taire pour être com­prises. L’ode, ce­pen­dant, est le genre où An­vari est é comme su­pé­rieur à tous les autres per­sans, comme en té­moigne ce dis­tique : «Parmi les poètes, trois sont , en dé­pit de la de Ma­ho­met : “Plus de pro­phète après !”; dans l’ Fir­dousi, dans le gha­zel Saadi, dans l’ode An­vari» 3. On sait peu de chose sur sa , sauf les cir­cons­tances dans les­quelles il de­vint le poète of­fi­ciel du sul­tan. Les voici, d’ailleurs. Moezzi, qui le pré­céda dans ce poste, jouis­sait d’une telle qu’il lui suf­fi­sait d’entendre une ode une fois pour la re­te­nir par cœur. Aussi, chaque fois qu’un poète ré­ci­tait une ode de­vant le sul­tan Ah­mad San­jar, lorsque la pièce ar­ri­vait à sa fin, plai­sait-elle à ce mo­narque, Moezzi ne man­quait pas de s’écrier : «Il y a beau que j’ai com­posé cette ; d’ailleurs, elle est en­core dans ma mé­moire» 4, et il la ré­ci­tait du pre­mier au der­nier vers. Les poètes pré­ten­dants étaient plon­gés dans la stu­pé­fac­tion, ne sa­chant par quel moyen pré­sen­ter au sul­tan Ah­mad San­jar des vers dont ce mo­narque fût per­suadé que Moezzi n’était pas l’auteur. An­vari trouva le stra­ta­gème sui­vant : il re­vê­tit des ha­bits tout râ­pés et orna sa tête d’une ai­grette ex­tra­or­di­naire, puis se ren­dit avec un air de fo­lie chez Moezzi. «Je suis poète», lui dit-il, «et j’ai com­posé quelques vers en l’ du sul­tan; j’attends de vous que vous les lui dé­cla­miez et que vous re­ce­viez pour mon compte un ca­deau sé­rieux. — Ré­cite-les-moi», ré­pon­dit Moezzi. An­vari com­mença en ces termes : «Vive le roi, vive le roi, vive le roi! Vive l’émir, vive l’émir, vive l’émir!», et il conti­nua à dé­bi­ter d’autres ba­li­vernes de la même force. Moezzi se fi­gura avoir af­faire à un bouf­fon et lui dit : «De­main ma­tin, trouve-toi à la Cour du sul­tan : je lui ex­po­se­rai ta si­tua­tion, et j’obtiendrai qu’il t’attache à son ser­vice». Le len­de­main, An­vari s’habilla avec conve­nance, se coiffa d’un tur­ban élé­gant et en­tra dans le . Pris de court, Moezzi ne put que dire : «Dé­clame-nous l’ode que tu as com­po­sée en l’honneur du sul­tan». Aus­si­tôt, An­vari ré­cita le dé­but d’une ode pleine de com­pa­rai­sons au­da­cieuses et de louanges su­perbes

  1. En انوری. Au­tre­fois trans­crit En­weri, En­very, En­veri, En­verri, An­veri, An­very, An­weri, An­wery, Anouary, An­wary ou An­warī. Icône Haut
  2. En per­san انوری ابیوردی. Icône Haut
  1. Dans Al­bert de Bi­ber­stein Ka­zi­mirski, «An­veri». Icône Haut
  2. «No­tice sur le poète per­san En­veri», p. 242. Icône Haut

Gorgâni, « Le Roman de “Wîs et Râmîn” »

éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Traduction de textes persans, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Tra­duc­tion de textes per­sans, Pa­ris

Il s’agit du «Wîs et Râ­mîn» 1 de Fa­khr-od-Dîn As’ad Gor­gâni 2. Gor­gâni est le créa­teur du cour­tois en per­sane. On doit re­con­naître que sou­vent les pré­cio­si­tés et l’afféterie qui do­minent son l’ont des­servi, mais il se­rait in­juste de le confondre avec les au­teurs à peu près ou­bliés. Il a beau­coup de leurs dé­fauts, mais ils n’ont au­cune de ses beau­tés. Le «Wîs et Râ­mîn» ser­vit à em­bel­lir les œuvres de Nezâmî et de Roûmî. Peut-on dou­ter qu’un qui ren­dit ce ser­vice n’eût quelque ? «Si tu es Râ­mîn», dit Roûmî 3, «ne cherche rien d’autre que ta Wîs! C’est ton “” es­sen­tiel qui est ta Wîs et ta bien-ai­mée, et toutes ces choses ex­té­rieures ne sont pour toi que ca­la­mité.» Voici en quelle oc­ca­sion Gor­gâni com­posa ce ro­man qui offre de grandes ana­lo­gies avec un autre ro­man que ses ver­sions en di­verses langues ont rendu cé­lèbre en  : «Tris­tan et Iseut». Entre les an­nées 1049 et 1055, Gor­gâni se ren­dit dans la ville d’Ispahan, à la re­quête d’Abou’l-Fath, gou­ver­neur de cette ville 4. Abou’l-Fath adressa la au poète, qui s’en trouva très ho­noré, et il lui dit : «Reste avec nous cet hi­ver et ne pense pas au Kou­hes­tân. Au prin­temps, quand l’univers se ré­no­vera, quand l’atmosphère s’adoucira, tu t’en iras; je te fe­rai ca­deau du né­ces­saire, rien ne te man­quera». Un mois après, il lui dit : «Quel est ton avis sur la lé­gende de “Wîs et Râ­mîn”? On dit que c’est une fort belle chose; dans ce pays, tous l’aiment». Gor­gâni ré­pon­dit : «En ef­fet, c’est une fort jo­lie lé­gende, col­li­gée par six éru­dits. Je ne connais pas meilleure ; on di­rait un char­mant jar­din. Mais elle est écrite en langue pehlvi 5, et ceux qui la lisent ne peuvent l’expliquer; car un cha­cun ne lit pas bien cette langue, et si même il la lit bien, il n’en com­prend pas le sens… Mais si un écri­vain ca­pable s’y ap­pli­quait, cette his­toire se­rait aussi belle qu’un tré­sor plein de joyaux, car elle est re­nom­mée, pos­sède ori­gi­na­li­tés sans nombre en ses di­verses par­ties». Ayant en­tendu ce dis­cours, Abou’l-Fath de­manda au poète d’aller écrire cette lé­gende avec la plume de l’, la faire vivre par son souffle, l’animer de mé­ta­phores en­châs­sées çà et là dans le ré­cit «comme des perles dignes des rois en­châs­sées dans l’»

  1. En «ویس و رامین». Par­fois tra­duit «Veïs et Ra­min», «Veï­çeh et Ra­min», «Wéissé et Ra­min», «Weise et Ra­min», «Veisse et Ra­min», «Viz et Ra­min», «Vis et Ra­minn» ou «Wis et Râm­min». Icône Haut
  2. En per­san فخرالدین اسعد گرگانی. Par­fois trans­crit Faḵr al-Din As‘ad Gorgāni, Fa­chr-uddīn As’ad Dschurd­schānī, Fa­khr Ed­din Es­saad Djourd­jani, Fa­khr-ud­din Asad Jur­jani, Fa­kh­rod­din Asaad Gor­gani, Fa­khr ad-Din Asad Gurgāni ou Fa­khré-al­din-as­sad Gor­gâni. Icône Haut
  3. «Math­nawî», liv. III, v. 228-229. Icône Haut
  1. Le même que ce­lui dé­crit dans le «Sa­far-nâ­meh» : «Le sul­tan To­grul Beg le Seld­jou­kide (que lui fasse !) avait éta­bli comme gou­ver­neur à Is­pa­han, après qu’il s’en fut rendu maître, un homme en­core jeune, ori­gi­naire de Ni­cha­pour et qui avait une grande ha­bi­leté comme se­cré­taire et comme cal­li­graphe; son ca­rac­tère était calme et sa phy­sio­no­mie agréable» (p. 253-254). Icône Haut
  2. An­cienne langue de l’, for­mée par le mé­lange de l’idiome des Perses ( aryen) et des Ba­by­lo­niens (peuple sé­mi­tique). Icône Haut

Attar, « Le Livre de l’épreuve, “Musībatnāma” »

éd. Fayard, coll. L’Espace intérieur, Paris

éd. Fayard, coll. L’ in­té­rieur, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de l’épreuve» («Mo­si­bet na­mèh» 1) de  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la spi­ri­tuelle 5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «مصیبت‌نامه». Par­fois trans­crit «Mos­si­bat-nā­meh», «Moṣi­bat-nāme» ou «Muṣī­bat-nāma». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  2. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Sepehri, « L’Orient du chagrin : poèmes (1961) • Conversation avec mon maître »

éd. Lettres persanes, coll. Nouvelle Poésie persane, Paris

éd. Lettres per­sanes, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

Sepehri, « “Où est la maison de l’ami ?” : poèmes (1951-1977) »

éd. Lettres persanes, coll. Nouvelle Poésie persane, Paris

éd. Lettres per­sanes, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

Sepehri, « Oasis d’émeraude »

éd. Imago, coll. Poiesis, Paris

éd. Imago, coll. Poie­sis, Pa­ris

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

Sepehri, « Volume vert »

éd. L’Arbre, Aizy-Jouy

éd. L’Arbre, Aizy-Jouy

Il s’agit d’une de M.  1, ar­tiste in­égalé de l’ mo­derne. Peintre et poète à la fois, il est tout aussi im­pré­gné de dans sa , qu’il est peintre dans ses élans poé­tiques. Son trait dis­tinc­tif est un sens spé­cial de la , qui voit l’ dans le de­hors et le de­hors dans l’âme et qui ex­prime l’un par l’autre les deux mondes ou­verts de­vant lui. Là est la de cette , par la­quelle M. Se­pehri re­pré­sente une idée sous l’ d’une li­bel­lule, d’un peu­plier aux feuilles mur­mu­rantes, d’une al­lée boi­sée, etc., propre à la rendre plus sen­sible et plus frap­pante que si elle était pré­sen­tée di­rec­te­ment. En ef­fet, la poé­sie de M. Se­pehri n’est autre chose qu’un , un al­lé­go­risme conti­nuel, ana­logue au songe d’un en­fant :

«“Où est la de­meure de l’Ami?”
C’est à l’aurore que re­ten­tit la du ca­va­lier…
Mon­trant du doigt un peu­plier blanc, [un pas­sant ré­pon­dit] :
“Pas loin de cet arbre se trouve une ruelle boi­sée
Plus verte que le songe de
Où l’ est tout aussi que
Le plu­mage de la sin­cé­rité.
Tu iras jusqu’au fond de cette al­lée…
Au pied de la fon­taine d’où jaillissent les mythes de la
Dans l’intimité on­du­lante de cet
Tu en­ten­dras un cer­tain bruis­se­ment :
Tu ver­ras un en­fant per­ché au-des­sus d’un pin ef­filé,
Dé­si­reux de ra­vir la cou­vée du nid de la lu­mière
Et tu lui de­man­de­ras :
— Où est la de­meure de l’Ami?”
»

  1. En سهراب سپهری. Icône Haut

« Mémoire sur Khâcâni [ou Khagani] : poète persan du XIIᵉ siècle »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Kha­gani Chir­vani 1 (XIIe siècle apr. J.-C.), ex­cellent poète , chantre at­ti­tré du sul­tan de la prin­ci­pauté de Chir­van 2 (). Kha­gani s’est dé­crit lui-même, avec la mo­des­tie qui le ca­rac­té­ri­sait, en ces mots : «Je suis grand, je suis du nombre des ; je suis du oc­culte et je suis saint par ma nais­sance. Com­ment est-il donc pos­sible que mon être puisse se lais­ser sub­ju­guer par la ? La me ser­vit de gou­ver­nante; ma nour­ri­ture était la loi du Pro­phète; l’esprit était mon ber­ceau» 3. Et ailleurs : «L’an 500 [1106 apr. J.-C.] ne pro­dui­sit pas un digne de m’être com­paré; ce n’est pas un , j’en suis la preuve» 4. Il na­quit à Cha­ma­kha 5 d’un père mu­sul­man et d’une mère chré­tienne, mais fut bien­tôt aban­donné aux soins de son oncle, Mirza Kafi, mé­de­cin et dro­guiste. Ce der­nier eut une grande sur la de notre poète. C’est lui qui, chaque soir, après avoir fermé sa bou­tique, lui en­sei­gnait la , la , l’ et la . Mal­gré tout son at­ta­che­ment pour son ne­veu, le pé­da­gogue orien­tal, fi­dèle au sys­tème d’ gé­né­ra­le­ment ad­mis, avait sou­vent re­cours au bâ­ton pour sti­mu­ler le zèle de son élève. Notre poète parle de ces cor­rec­tions cor­po­relles d’une ma­nière ori­gi­nale; il dit no­tam­ment : «En ai-je mangé du gour­din dans sa bou­tique! Il m’amollissait par le bâ­ton comme on amol­lit une gre­nade. On compte parmi les mi­racles de Moïse qu’en je­tant sa ba­guette, il la conver­tis­sait en ser­pent; mais mon oncle dé­cou­vrait le vrai dans mon cœur au moyen de sa ba­guette, et il tra­çait sur mon les fi­gures des ser­pents de Moïse» 6. Kha­gani épousa une vil­la­geoise, à cause de la­quelle il de­vint la cible des mo­que­ries des cour­ti­sans. Et pour­tant, il re­fusa d’épouser une autre femme et resta au­près de la sienne, qui était faible et d’une consti­tu­tion ma­la­dive. Voici ce qu’il dit dans une lettre : «Pen­dant les des , c’était moi qui pre­nais soin de cette dé­funte, son ser­vi­teur, et qui lui pré­sen­tais la cu­vette et lui don­nais de l’ pour se la­ver les mains; et quand elle a quitté ce monde, comme il était en­tendu entre nous, je suis parti de Chir­van. Je jure sur la per­sonne de , qu’il n’y a au­cune autre cause qui puisse me te­nir éloi­gné de mon pays, bien que l’ami et l’ennemi pensent au­tre­ment; mais ce que j’ai dit c’est la même» 7. La perte de sa femme ins­pira au poète trois pièces de vers, dont la pre­mière se re­marque par l’expression vraie du sen­ti­ment qui l’a dic­tée. De toutes les poé­sies de Kha­gani, c’est la seule où il ap­pa­raît un homme sin­cère, la lui fai­sant ou­blier, l’ d’un mo­ment, son rôle convenu de poète at­ta­ché à la Cour des princes de l’

  1. En per­san خاقانی شروانی. Au­tre­fois trans­crit Hrâqâni, Xā­qānī, Ḵā­qāni, Khā­qāni, Kha­qany, Kha­ghany, Kha­ghani, Ha­kani, Khâ­kâni ou Khâ­câni. Icône Haut
  2. En azéri Şir­van. Au­tre­fois trans­crit Shar­van, Chir­wan, Schir­wan, Çir­wan, Shir­van, Širvān ou Šervān. Icône Haut
  3. p. 46-47. Icône Haut
  4. p. 81. Icône Haut
  1. En azéri Şa­maxı. Par­fois trans­crit Che­ma­kha, Sha­ma­kha, Šamāḵa, Scha­ma­chie, Scha­ma­kiè, Sha­ma­khi ou Cha­ma­khi. Icône Haut
  2. p. 12. Icône Haut
  3. Dans Ah­med Ateş, «Re­cueil de lettres de Xā­qānī». Icône Haut

Nâsir, « “Sefer Namèh”, Relation d’un voyage en Syrie, en Palestine, en Égypte, en Arabie et en Perse »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Sa­far-nâ­meh» 1, re­la­tion du voyage de Nâ­sir-e Khos­raw 2 en , en , en , en et en . Nâ­sir na­quit en l’an 1004 apr. J.-C. ainsi qu’il nous l’apprend lui-même : «Il s’était écoulé trois cent quatre-vingt-qua­torze ans de­puis l’hégire, quand ma mère me dé­posa dans cette de­meure pou­dreuse. Je pous­sai, igno­rant de tout, et sem­blable à une plante qui naît de la noire… C’est à la qua­trième pé­riode que je sen­tis que j’appartenais à l’, lorsque mon être, voué à la tris­tesse, put ar­ti­cu­ler des pa­roles» 3. Ses an­cêtres avaient quitté pour ve­nir s’établir dans la ville de Balkh 4. Lui-même dé­signe cette ville comme la ré­si­dence de sa  : «Ô brise de l’après-midi», dit-il 5, «si tu passes sur le pays de Balkh, passe sur ma mai­son et en­quiers-toi de l’état des miens». Il s’adonna dans sa aux plai­sirs et à la dis­si­pa­tion. En 1045 apr. J.-C., un saint per­son­nage lui ap­pa­rut en songe et lui re­pro­cha ses er­reurs et ses trans­gres­sions conti­nuelles des di­vines. Nâ­sir de­manda quelle voie il de­vait suivre, et sur un signe qu’il crut lui in­di­quer la di­rec­tion de la Mecque, il se dé­mit de son em­ploi, ren­dit ses comptes et se mit en route, avec son frère et un pe­tit es­clave in­dien, pour un voyage qui de­vait du­rer sept ans : «Sou­vent, dans le cours de mon voyage, je n’ai eu que la pour ma­te­las et pour oreiller

  1. En «سفر‌نامه». Par­fois trans­crit «Se­fer Na­mèh», «Se­fer-nāme», «Sa­far­noma», «Sa­far-nāma» ou «Sa­far-nā­mah». Icône Haut
  2. En per­san ناصرخسرو. Par­fois trans­crit Nāṣer Ḫosrov, Nāṣer-e Ḫosrou, Nā­sir-i-Khosro, Nas­siri Khos­rau, Nâṣir-i-Ḫusrau, Nāṣir è Ḫosraw, Na­ser-e Khos­row, Nâ­çir Khos­roû, Na­sir Khus­row, Na­ser Jos­row, Nas­ser Chos­rau, Na­seer Khus­rau ou Na­sir Khus­raw. Icône Haut
  3. p. XVIII. Icône Haut
  1. Aujourd’hui rat­ta­chée à l’. Icône Haut
  2. p. XVIII. Icône Haut

« Anthologie persane (XIᵉ-XIXᵉ siècle) »

éd. Payot, coll. Bibliothèque historique, Paris

éd. Payot, coll. Bi­blio­thèque his­to­rique, Pa­ris

Il s’agit d’une per­sane (XIe-XIXe siècle). La est le ta­lent propre et par­ti­cu­lier des Per­sans, et la par­tie de leur lit­té­ra­ture où ils ex­cellent : la vi­va­cité de leur , la po­li­tesse de leurs mœurs, la dou­ceur de leur , telles sont peut-être les de leur fé­con­dité . Un qui ne sait pas un mot de ne lais­sera pas, en en­ten­dant ré­ci­ter des vers per­sans, d’être épris du son et de la ca­dence qui y est très sen­sible. Al­lez en , par­lez aux gens dans la rue, aux bou­chers, aux mar­chands; ils fe­ront en­trer dans leur ré­ponse des tour­nures qui suf­fi­ront à vous plon­ger dans une rê­ve­rie pro­fonde. Comme dit Hâ­fez :

«Le se­cret de que le gnos­tique pè­le­rin ne dit à per­sonne,
Je suis stu­pé­fait, ne sa­chant d’où le mar­chand de l’a en­tendu
» 1.

Si les belles-lettres de l’ comptent parmi les plus re­mar­quables du , c’est avant tout grâce au . Les pre­miers maîtres dans l’art de la étaient d’origine per­sane, même s’ils avaient passé leur dans la pra­tique de la langue . Tous les qui ont des prin­cipes fon­da­men­taux de la science, tous ceux qui se sont dis­tin­gués dans la , et la plu­part de ceux qui ont cultivé l’exégèse co­ra­nique, ap­par­te­naient à la race per­sane ou s’étaient as­si­mi­lés aux Per­sans par les ma­nières et par l’. Cela suf­fit pour dé­mon­trer la de la at­tri­buée au pro­phète Ma­ho­met : «Si la science était sus­pen­due au haut du , il y au­rait des gens parmi les Per­sans pour s’en em­pa­rer» 2. Comme dit Jan Rypka : «Les Ira­niens sont les de l’. Chez les uns comme chez les autres, la pro­duc­tion lit­té­raire et ar­tis­tique pré­sente une éten­due et une va­leur in­ap­pré­ciables…

  1. «Le Di­van : œuvre ly­rique d’un spi­ri­tuel en Perse au XIVe siècle», p. 639. Icône Haut
  1. Dans Ibn Khal­doun, «Pro­lé­go­mènes». Icône Haut