Mot-clefmystique et poésie

su­jet

Novalis, «[Œuvres philosophiques. Tome III.] Art et Utopie : les derniers “Fragments” (1799-1800)»

éd. Rue d’Ulm-Presses de l’École normale supérieure, coll. Æsthetica, Paris

éd. Rue d’Ulm-Presses de l’École nor­male su­pé­rieure, coll. Æs­the­tica, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Frag­ments» («Frag­mente») de No­va­lis, ro­man­tique al­le­mand, an­cêtre loin­tain du sym­bo­lisme (XVIIIe siècle). Le comte de Pla­ten écrit dans ses «Jour­naux» 1 : «On est pour les ro­man­tiques al­le­mands, [mais] moi, j’aime les An­ciens. On m’a lu un jour une poé­sie de No­va­lis, dont je n’ai pas com­pris une seule syl­labe». Il est vrai que l’œuvre de No­va­lis est l’une des plus énig­ma­tiques, l’une des moins com­pré­hen­sibles de la poé­sie al­le­mande; elle est, d’un bout à l’autre, un code se­cret, un chiffre dont la clef s’appelle So­phie von Kühn, dite So­phie de Kühn. C’est au cours d’une tour­née ad­mi­nis­tra­tive, en 1795, que No­va­lis ren­con­tra, au châ­teau de Grü­nin­gen 2, cette toute jeune fille, un peu femme déjà, en qui de­vait s’incarner son idéal; elle n’avait pas en­core treize prin­temps. Il tomba aus­si­tôt sous son charme et bien­tôt il se fiança avec elle. Entre ce jeune homme rê­veur et cette «fleur bleue» («blaue Blume») qui s’ouvrait à la vie, sui­vant le mot de No­va­lis, na­quit une idylle aussi in­so­lite que brève. So­phie mou­rait à peine deux ans plus tard, en 1797, après de cruelles souf­frances cau­sées par une tu­meur. Sa fra­gile et an­gé­lique fi­gure, sur la­quelle la dou­leur et sur­tout l’ombre so­len­nelle de la mort avaient ré­pandu une pré­coce ma­tu­rité, laissa à No­va­lis un sou­ve­nir im­pé­ris­sable et fu­nèbre. «Le soir s’est fait au­tour de moi», dit-il trois jours plus tard 3, «pen­dant que je re­gar­dais se le­ver l’aurore de ma vie.» Si en­suite son étude fa­vo­rite de­vint la phi­lo­so­phie, c’est qu’elle s’appelait au fond comme sa bien-ai­mée : So­phie. Si en­suite il se dé­clara fer­vem­ment chré­tien, c’est que, dans le dé­chaî­ne­ment des mal­heurs de So­phie, il crut re­con­naître ceux de Jé­sus. Elle était, pour lui, l’être cé­leste qui était venu réa­li­ser un idéal jusque-là va­gue­ment pres­senti et rêvé, et main­te­nant contem­plé dans sa réa­lité :

«Des­cen­dons», dit-il 4, «vers la tendre Fian­cée,
Vers notre Bien-Aimé Jé­sus!
Ve­nez, l’ombre du soir s’est éployée
Douce aux amants par le deuil abat­tus…
»

  1. En date du 10 avril 1817. Haut
  2. Par­fois trans­crit Gru­ningue. Haut
  1. Dans Henri Lich­ten­ber­ger, «No­va­lis», p. 55. Haut
  2. «Les Dis­ciples à Saïs • Hymnes à la nuit • Jour­nal in­time», p. 90. Haut

Novalis, «[Œuvres philosophiques. Tome II.] Semences»

éd. Allia, Paris

éd. Al­lia, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Frag­ments» («Frag­mente») de No­va­lis, ro­man­tique al­le­mand, an­cêtre loin­tain du sym­bo­lisme (XVIIIe siècle). Le comte de Pla­ten écrit dans ses «Jour­naux» 1 : «On est pour les ro­man­tiques al­le­mands, [mais] moi, j’aime les An­ciens. On m’a lu un jour une poé­sie de No­va­lis, dont je n’ai pas com­pris une seule syl­labe». Il est vrai que l’œuvre de No­va­lis est l’une des plus énig­ma­tiques, l’une des moins com­pré­hen­sibles de la poé­sie al­le­mande; elle est, d’un bout à l’autre, un code se­cret, un chiffre dont la clef s’appelle So­phie von Kühn, dite So­phie de Kühn. C’est au cours d’une tour­née ad­mi­nis­tra­tive, en 1795, que No­va­lis ren­con­tra, au châ­teau de Grü­nin­gen 2, cette toute jeune fille, un peu femme déjà, en qui de­vait s’incarner son idéal; elle n’avait pas en­core treize prin­temps. Il tomba aus­si­tôt sous son charme et bien­tôt il se fiança avec elle. Entre ce jeune homme rê­veur et cette «fleur bleue» («blaue Blume») qui s’ouvrait à la vie, sui­vant le mot de No­va­lis, na­quit une idylle aussi in­so­lite que brève. So­phie mou­rait à peine deux ans plus tard, en 1797, après de cruelles souf­frances cau­sées par une tu­meur. Sa fra­gile et an­gé­lique fi­gure, sur la­quelle la dou­leur et sur­tout l’ombre so­len­nelle de la mort avaient ré­pandu une pré­coce ma­tu­rité, laissa à No­va­lis un sou­ve­nir im­pé­ris­sable et fu­nèbre. «Le soir s’est fait au­tour de moi», dit-il trois jours plus tard 3, «pen­dant que je re­gar­dais se le­ver l’aurore de ma vie.» Si en­suite son étude fa­vo­rite de­vint la phi­lo­so­phie, c’est qu’elle s’appelait au fond comme sa bien-ai­mée : So­phie. Si en­suite il se dé­clara fer­vem­ment chré­tien, c’est que, dans le dé­chaî­ne­ment des mal­heurs de So­phie, il crut re­con­naître ceux de Jé­sus. Elle était, pour lui, l’être cé­leste qui était venu réa­li­ser un idéal jusque-là va­gue­ment pres­senti et rêvé, et main­te­nant contem­plé dans sa réa­lité :

«Des­cen­dons», dit-il 4, «vers la tendre Fian­cée,
Vers notre Bien-Aimé Jé­sus!
Ve­nez, l’ombre du soir s’est éployée
Douce aux amants par le deuil abat­tus…
»

  1. En date du 10 avril 1817. Haut
  2. Par­fois trans­crit Gru­ningue. Haut
  1. Dans Henri Lich­ten­ber­ger, «No­va­lis», p. 55. Haut
  2. «Les Dis­ciples à Saïs • Hymnes à la nuit • Jour­nal in­time», p. 90. Haut

Novalis, «[Œuvres philosophiques. Tome I.] Le Brouillon général : matériaux pour une encyclopédistique (1798-1799)»

éd. Allia, Paris

éd. Al­lia, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Frag­ments» («Frag­mente») de No­va­lis, ro­man­tique al­le­mand, an­cêtre loin­tain du sym­bo­lisme (XVIIIe siècle). Le comte de Pla­ten écrit dans ses «Jour­naux» 1 : «On est pour les ro­man­tiques al­le­mands, [mais] moi, j’aime les An­ciens. On m’a lu un jour une poé­sie de No­va­lis, dont je n’ai pas com­pris une seule syl­labe». Il est vrai que l’œuvre de No­va­lis est l’une des plus énig­ma­tiques, l’une des moins com­pré­hen­sibles de la poé­sie al­le­mande; elle est, d’un bout à l’autre, un code se­cret, un chiffre dont la clef s’appelle So­phie von Kühn, dite So­phie de Kühn. C’est au cours d’une tour­née ad­mi­nis­tra­tive, en 1795, que No­va­lis ren­con­tra, au châ­teau de Grü­nin­gen 2, cette toute jeune fille, un peu femme déjà, en qui de­vait s’incarner son idéal; elle n’avait pas en­core treize prin­temps. Il tomba aus­si­tôt sous son charme et bien­tôt il se fiança avec elle. Entre ce jeune homme rê­veur et cette «fleur bleue» («blaue Blume») qui s’ouvrait à la vie, sui­vant le mot de No­va­lis, na­quit une idylle aussi in­so­lite que brève. So­phie mou­rait à peine deux ans plus tard, en 1797, après de cruelles souf­frances cau­sées par une tu­meur. Sa fra­gile et an­gé­lique fi­gure, sur la­quelle la dou­leur et sur­tout l’ombre so­len­nelle de la mort avaient ré­pandu une pré­coce ma­tu­rité, laissa à No­va­lis un sou­ve­nir im­pé­ris­sable et fu­nèbre. «Le soir s’est fait au­tour de moi», dit-il trois jours plus tard 3, «pen­dant que je re­gar­dais se le­ver l’aurore de ma vie.» Si en­suite son étude fa­vo­rite de­vint la phi­lo­so­phie, c’est qu’elle s’appelait au fond comme sa bien-ai­mée : So­phie. Si en­suite il se dé­clara fer­vem­ment chré­tien, c’est que, dans le dé­chaî­ne­ment des mal­heurs de So­phie, il crut re­con­naître ceux de Jé­sus. Elle était, pour lui, l’être cé­leste qui était venu réa­li­ser un idéal jusque-là va­gue­ment pres­senti et rêvé, et main­te­nant contem­plé dans sa réa­lité :

«Des­cen­dons», dit-il 4, «vers la tendre Fian­cée,
Vers notre Bien-Aimé Jé­sus!
Ve­nez, l’ombre du soir s’est éployée
Douce aux amants par le deuil abat­tus…
»

  1. En date du 10 avril 1817. Haut
  2. Par­fois trans­crit Gru­ningue. Haut
  1. Dans Henri Lich­ten­ber­ger, «No­va­lis», p. 55. Haut
  2. «Les Dis­ciples à Saïs • Hymnes à la nuit • Jour­nal in­time», p. 90. Haut

Novalis, «Henri d’Ofterdingen, “Heinrich von Ofterdingen”»

éd. Aubier, coll. bilingue, Paris

éd. Au­bier, coll. bi­lingue, Pa­ris

Il s’agit d’«Henri d’Ofterdingen» («Hein­rich von Of­ter­din­gen») de No­va­lis, ro­man­tique al­le­mand, an­cêtre loin­tain du sym­bo­lisme (XVIIIe siècle). Le comte de Pla­ten écrit dans ses «Jour­naux» 1 : «On est pour les ro­man­tiques al­le­mands, [mais] moi, j’aime les An­ciens. On m’a lu un jour une poé­sie de No­va­lis, dont je n’ai pas com­pris une seule syl­labe». Il est vrai que l’œuvre de No­va­lis est l’une des plus énig­ma­tiques, l’une des moins com­pré­hen­sibles de la poé­sie al­le­mande; elle est, d’un bout à l’autre, un code se­cret, un chiffre dont la clef s’appelle So­phie von Kühn, dite So­phie de Kühn. C’est au cours d’une tour­née ad­mi­nis­tra­tive, en 1795, que No­va­lis ren­con­tra, au châ­teau de Grü­nin­gen 2, cette toute jeune fille, un peu femme déjà, en qui de­vait s’incarner son idéal; elle n’avait pas en­core treize prin­temps. Il tomba aus­si­tôt sous son charme et bien­tôt il se fiança avec elle. Entre ce jeune homme rê­veur et cette «fleur bleue» («blaue Blume») qui s’ouvrait à la vie, sui­vant le mot de No­va­lis, na­quit une idylle aussi in­so­lite que brève. So­phie mou­rait à peine deux ans plus tard, en 1797, après de cruelles souf­frances cau­sées par une tu­meur. Sa fra­gile et an­gé­lique fi­gure, sur la­quelle la dou­leur et sur­tout l’ombre so­len­nelle de la mort avaient ré­pandu une pré­coce ma­tu­rité, laissa à No­va­lis un sou­ve­nir im­pé­ris­sable et fu­nèbre. «Le soir s’est fait au­tour de moi», dit-il trois jours plus tard 3, «pen­dant que je re­gar­dais se le­ver l’aurore de ma vie.» Si en­suite son étude fa­vo­rite de­vint la phi­lo­so­phie, c’est qu’elle s’appelait au fond comme sa bien-ai­mée : So­phie. Si en­suite il se dé­clara fer­vem­ment chré­tien, c’est que, dans le dé­chaî­ne­ment des mal­heurs de So­phie, il crut re­con­naître ceux de Jé­sus. Elle était, pour lui, l’être cé­leste qui était venu réa­li­ser un idéal jusque-là va­gue­ment pres­senti et rêvé, et main­te­nant contem­plé dans sa réa­lité :

«Des­cen­dons», dit-il 4, «vers la tendre Fian­cée,
Vers notre Bien-Aimé Jé­sus!
Ve­nez, l’ombre du soir s’est éployée
Douce aux amants par le deuil abat­tus…
»

  1. En date du 10 avril 1817. Haut
  2. Par­fois trans­crit Gru­ningue. Haut
  1. Dans Henri Lich­ten­ber­ger, «No­va­lis», p. 55. Haut
  2. «Les Dis­ciples à Saïs • Hymnes à la nuit • Jour­nal in­time», p. 90. Haut

Novalis, «Les Disciples à Saïs • Hymnes à la nuit • Journal intime»

éd. Fata Morgana, Saint-Clément

éd. Fata Mor­gana, Saint-Clé­ment

Il s’agit des «Dis­ciples à Saïs» («Die Lehr­linge zu Sais») et autres œuvres de No­va­lis, ro­man­tique al­le­mand, an­cêtre loin­tain du sym­bo­lisme (XVIIIe siècle). Le comte de Pla­ten écrit dans ses «Jour­naux» 1 : «On est pour les ro­man­tiques al­le­mands, [mais] moi, j’aime les An­ciens. On m’a lu un jour une poé­sie de No­va­lis, dont je n’ai pas com­pris une seule syl­labe». Il est vrai que l’œuvre de No­va­lis est l’une des plus énig­ma­tiques, l’une des moins com­pré­hen­sibles de la poé­sie al­le­mande; elle est, d’un bout à l’autre, un code se­cret, un chiffre dont la clef s’appelle So­phie von Kühn, dite So­phie de Kühn. C’est au cours d’une tour­née ad­mi­nis­tra­tive, en 1795, que No­va­lis ren­con­tra, au châ­teau de Grü­nin­gen 2, cette toute jeune fille, un peu femme déjà, en qui de­vait s’incarner son idéal; elle n’avait pas en­core treize prin­temps. Il tomba aus­si­tôt sous son charme et bien­tôt il se fiança avec elle. Entre ce jeune homme rê­veur et cette «fleur bleue» («blaue Blume») qui s’ouvrait à la vie, sui­vant le mot de No­va­lis, na­quit une idylle aussi in­so­lite que brève. So­phie mou­rait à peine deux ans plus tard, en 1797, après de cruelles souf­frances cau­sées par une tu­meur. Sa fra­gile et an­gé­lique fi­gure, sur la­quelle la dou­leur et sur­tout l’ombre so­len­nelle de la mort avaient ré­pandu une pré­coce ma­tu­rité, laissa à No­va­lis un sou­ve­nir im­pé­ris­sable et fu­nèbre. «Le soir s’est fait au­tour de moi», dit-il trois jours plus tard 3, «pen­dant que je re­gar­dais se le­ver l’aurore de ma vie.» Si en­suite son étude fa­vo­rite de­vint la phi­lo­so­phie, c’est qu’elle s’appelait au fond comme sa bien-ai­mée : So­phie. Si en­suite il se dé­clara fer­vem­ment chré­tien, c’est que, dans le dé­chaî­ne­ment des mal­heurs de So­phie, il crut re­con­naître ceux de Jé­sus. Elle était, pour lui, l’être cé­leste qui était venu réa­li­ser un idéal jusque-là va­gue­ment pres­senti et rêvé, et main­te­nant contem­plé dans sa réa­lité :

«Des­cen­dons», dit-il 4, «vers la tendre Fian­cée,
Vers notre Bien-Aimé Jé­sus!
Ve­nez, l’ombre du soir s’est éployée
Douce aux amants par le deuil abat­tus…
»

  1. En date du 10 avril 1817. Haut
  2. Par­fois trans­crit Gru­ningue. Haut
  1. Dans Henri Lich­ten­ber­ger, «No­va­lis», p. 55. Haut
  2. «Les Dis­ciples à Saïs • Hymnes à la nuit • Jour­nal in­time», p. 90. Haut

«Un Opuscule de Khwāja ‘Abdallāh Anṣārī concernant les bienséances des soufis»

dans « Bulletin de l’Institut français d’archéologie orientale », vol. 59, p. 203-239

dans «Bul­le­tin de l’Institut fran­çais d’archéologie orien­tale», vol. 59, p. 203-239

Il s’agit de l’«Abrégé concer­nant les bien­séances des sou­fis et de ceux qui che­minent dans la voie de Dieu» («Mo­kh­ta­sar fî âdâb al-sû­fiyya wa-l-sâ­li­kîn li-ta­rîq al-Haqq» 1) de Khwâdja ‘Ab­dul­lâh An­sârî 2, mys­tique mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel Af­gha­nis­tan; sur­nommé pour cette rai­son Ha­rawî 3l’homme de Hé­rat»). Peu connu en Oc­ci­dent, n’ayant laissé chez les Arabes que le sou­ve­nir d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de vues avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 4), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de langue per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens mo­nu­ments de leur prose. Pour le peuple af­ghan sur­tout qui par­tage sa culture et sa fi­nesse, en même temps que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de pè­le­ri­nages, et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes étran­gers, portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’âme! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la vie, et cette vie c’est toi» 5. En­fant pro­dige qui ma­niait le per­san et l’arabe avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec vio­lence. Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les sciences re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une foi sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son en­sei­gne­ment spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son cou­rage dans toutes les per­sé­cu­tions me­nées par ses ad­ver­saires. De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En arabe «مختصرفى آداب الصوفية و السالكين الطريق الحق». Par­fois trans­crit «Mo­kh­taṣar fī ādāb aṣ-ṣūfiyya wa-s-sā­likīn li-ṭarīq al-Ḥaqq». Haut
  2. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Haut
  3. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Haut
  2.  108. Haut

«Khwādja ‘Abdullāh Anṣārī (1006-1089 apr. J.-C.) : mystique hanbalite»

éd. Imprimerie catholique, coll. Recherches publiées sous la direction de l’Institut de lettres orientales de Beyrouth, Beyrouth

éd. Im­pri­me­rie ca­tho­lique, coll. Re­cherches pu­bliées sous la di­rec­tion de l’Institut de lettres orien­tales de Bey­routh, Bey­routh

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) et autres œuvres de Khwâdja ‘Ab­dul­lâh An­sârî 1, mys­tique mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel Af­gha­nis­tan; sur­nommé pour cette rai­son Ha­rawî 2l’homme de Hé­rat»). Peu connu en Oc­ci­dent, n’ayant laissé chez les Arabes que le sou­ve­nir d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de vues avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 3), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de langue per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens mo­nu­ments de leur prose. Pour le peuple af­ghan sur­tout qui par­tage sa culture et sa fi­nesse, en même temps que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de pè­le­ri­nages, et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes étran­gers, portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’âme! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la vie, et cette vie c’est toi» 4. En­fant pro­dige qui ma­niait le per­san et l’arabe avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec vio­lence. Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les sciences re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une foi sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son en­sei­gne­ment spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son cou­rage dans toutes les per­sé­cu­tions me­nées par ses ad­ver­saires. De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Haut
  2. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Haut
  2.  108. Haut

Ansârî, «Chemin de Dieu : trois traités spirituels»

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’islam, Pa­ris

Il s’agit des «Cent ter­rains» («Sad may­dân» 1), des «Étapes des iti­né­rants vers Dieu» («Ma­nâ­zil al-sâ’irîn» 2) et autres œuvres de Khwâdja ‘Ab­dul­lâh An­sârî 3, mys­tique mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel Af­gha­nis­tan; sur­nommé pour cette rai­son Ha­rawî 4l’homme de Hé­rat»). Peu connu en Oc­ci­dent, n’ayant laissé chez les Arabes que le sou­ve­nir d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de vues avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 5), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de langue per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens mo­nu­ments de leur prose. Pour le peuple af­ghan sur­tout qui par­tage sa culture et sa fi­nesse, en même temps que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de pè­le­ri­nages, et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes étran­gers, portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’âme! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la vie, et cette vie c’est toi» 6. En­fant pro­dige qui ma­niait le per­san et l’arabe avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec vio­lence. Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les sciences re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une foi sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son en­sei­gne­ment spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son cou­rage dans toutes les per­sé­cu­tions me­nées par ses ad­ver­saires. De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san «صد میدان». Par­fois trans­crit «Ṣad maidān». Haut
  2. En arabe «منازل السائرين». Par­fois trans­crit «Ma­nâ­ze­los­sâé­rin» ou «Ma­nâ­zel ussâ’erîn». Haut
  3. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Haut
  1. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Haut
  2. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Haut
  3.  108. Haut

Ansârî, «Cris du cœur, “Munâjât”»

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Islam, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-Is­lam, Pa­ris

Il s’agit des «Cris du cœur» («Mo­nâ­jât» 1, lit­té­ra­le­ment «Orai­sons im­pro­vi­sées») de Khwâdja ‘Ab­dul­lâh An­sârî 2, mys­tique mu­sul­man né en l’an 1006 apr. J.-C. dans la ville de Hé­rat, dans l’actuel Af­gha­nis­tan; sur­nommé pour cette rai­son Ha­rawî 3l’homme de Hé­rat»). Peu connu en Oc­ci­dent, n’ayant laissé chez les Arabes que le sou­ve­nir d’un po­lé­miste vi­ru­lent qui «pas­sait à l’injure dès qu’il consta­tait la moindre di­ver­gence de vues avec son in­ter­lo­cu­teur» (se­lon Ibn Ra­jab Bagh­dâdî 4), An­sârî n’a pas cessé pour­tant de rayon­ner sur les peuples de langue per­sane, pour les­quels il re­pré­sente l’un des plus an­ciens mo­nu­ments de leur prose. Pour le peuple af­ghan sur­tout qui par­tage sa culture et sa fi­nesse, en même temps que son tem­pé­ra­ment bouillant et al­tier, il de­meure un pro­tec­teur et un in­ter­ces­seur. Sa tombe à Hé­rat reste l’objet de pè­le­ri­nages, et les nap­pe­rons de soie rêche que l’on aime y of­frir aux hôtes étran­gers, portent, en­ca­drés d’une mos­quée sty­li­sée, ses «Cris du cœur»; ce­lui-ci par exemple : «Mon Dieu! Tu es dans les sou­pirs des hommes gé­né­reux, et pré­sent dans les cœurs de ceux qui se sou­viennent. On dit que tu es près, et tu es bien plus que cela; on dit que tu es loin, et tu es plus proche que l’âme! Je ne sais si tu es dans l’âme, ou si l’âme même c’est toi. À vrai dire, tu n’es ni ceci ni cela. À l’âme il faut la vie, et cette vie c’est toi» 5. En­fant pro­dige qui ma­niait le per­san et l’arabe avec une égale ai­sance, en une prose ryth­mée, An­sârî vi­vait dans un siècle ex­trê­me­ment agité, où s’écroulait l’Empire ghaz­né­vide et nais­sait l’Empire seld­jou­kide; où s’entrechoquaient les idées, sou­vent avec vio­lence. Il s’engagea à fond dans les po­lé­miques de son temps, tout en étu­diant les sciences re­li­gieuses. Une ren­contre bou­le­ver­sante avec Kha­ra­qânî, un vieux soufi illet­tré qui lira dans les lettres de son cœur, ré­veillera en lui une foi sans faille qui mo­ti­vera ses tra­vaux, qui four­nira la trame de son en­sei­gne­ment spi­ri­tuel et qui sou­tien­dra son cou­rage dans toutes les per­sé­cu­tions me­nées par ses ad­ver­saires. De­venu aveugle sur la fin de sa vie, il dic­tera ses ou­vrages les plus im­po­sants à des dis­ciples jeunes et fer­vents au cours de pro­me­nades au mi­lieu de tu­lipes.

  1. En per­san «مناجات». Au­tre­fois trans­crit «Mo­nâd­jât», «Munād­jāt» ou «Mu­nâ­jât». Haut
  2. En per­san خواجه عبدالله انصاری. Au­tre­fois trans­crit Khawâdjâ ‘Abd Al­lâh An­sârî, Khwâja Ab­dal­lah An­çâri ou Kha­jeh Ab­dol­lah An­sari. Haut
  3. En arabe هروي. Par­fois trans­crit He­ravī ou He­rawi. Haut
  1. Dans «Khwādja ‘Ab­dullāh Anṣārī : mys­tique han­ba­lite», p. 130. Haut
  2.  108. Haut

Iqbal, «La Métaphysique en Perse»

éd. Actes Sud, coll. Bibliothèque de l’islam, Arles

éd. Actes Sud, coll. Bi­blio­thèque de l’islam, Arles

Il s’agit de Mo­ham­mad Iq­bal 1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un is­lam ré­nové. Son gé­nie très di­vers s’exerça aussi bien dans la poé­sie que dans la phi­lo­so­phie, et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en per­san. On peut ju­ger de l’étendue de son in­fluence d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au Pa­kis­tan, dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le monde is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte-pa­role de la mo­der­nité, sur qui, au len­de­main de sa mort, il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La Mé­ta­phy­sique en Perse» 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des États gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La mu­sique qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Haut
  1. En an­glais «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Haut

Iqbal, «Reconstruire la pensée religieuse de l’islam»

éd. du Rocher-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Monaco-Paris

éd. du Ro­cher-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives, Mo­naco-Pa­ris

Il s’agit de Mo­ham­mad Iq­bal 1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un is­lam ré­nové. Son gé­nie très di­vers s’exerça aussi bien dans la poé­sie que dans la phi­lo­so­phie, et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en per­san. On peut ju­ger de l’étendue de son in­fluence d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au Pa­kis­tan, dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le monde is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte-pa­role de la mo­der­nité, sur qui, au len­de­main de sa mort, il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La Mé­ta­phy­sique en Perse» 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des États gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La mu­sique qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Haut
  1. En an­glais «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Haut

Jñân-dev, «L’Invocation, le “Haripāṭh”»

éd. École française d’Extrême-Orient, coll. Publications de l’École française d’Extrême-Orient, Paris

éd. École fran­çaise d’Extrême-Orient, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École fran­çaise d’Extrême-Orient, Pa­ris

Il s’agit de «L’Invocation» («Ha­ripāṭh» 1) de Jñân-dev 2, le père de la poé­sie re­li­gieuse ma­rathe (XIIIe siècle apr. J.-C.). On l’appelle aussi Jñân-eś­var 3, «eś­var» et «dev» étant des titres d’honneur presque sy­no­nymes et si­gni­fiant «di­vin». Le père de Jñân-dev s’était vu ex­com­mu­nié de la caste des brah­manes pour avoir adopté la vie as­cé­tique contre la vo­lonté des siens et sans avoir ac­com­pli ses de­voirs. Rap­pelé dans le siècle, il eut quatre en­fants qui tous de­vaient hé­ri­ter de ses goûts mo­nas­tiques. La si­tua­tion d’excommunié, ce­pen­dant, lui pe­sait sur le cœur : aussi prit-il un jour, en com­pa­gnie de sa fi­dèle épouse, un rac­courci vers l’au-delà en se je­tant dans les eaux sa­crales du Gange. Aban­don­nés, les quatre en­fants ne per­dirent pas cou­rage et ré­so­lurent même de re­con­qué­rir leur rang par la lit­té­ra­ture. Jñân-dev in­venta le genre de poèmes ap­pelé «Abhang» 4Psaumes») ser­vant à ex­pri­mer la dé­vo­tion pas­sion­née à Dieu. In­venta, c’est peut-être trop dire. Il lui donna ses lettres de créance et il en fit le genre poé­tique par­ti­cu­lier de la langue ma­rathe. En choi­sis­sant cette langue orale, il per­mit à la re­li­gion hin­doue de pé­né­trer dans tous les foyers de ses conci­toyens : «Sans Jñân-dev», ex­plique le père Guy-Aphraate De­leury 5, «l’hindouisme au­rait perdu le contact avec la grande masse du peuple qui, en tous pays et à toutes les époques de l’histoire, est le ré­ser­voir de la vie : il se­rait de­venu l’apanage d’une pe­tite secte de let­trés, l’orgueil d’un pe­tit groupe d’initiés gar­dant ja­lou­se­ment pour eux un hé­ri­tage de­venu sté­rile». Les pè­le­rins ne tar­dèrent pas à adop­ter les «Abhang» pour ac­com­pa­gner leurs longues marches, et comme ils n’hésitaient pas à ajou­ter au ré­per­toire des vers de leur propre com­po­si­tion, c’est un im­mense tré­sor poé­tique qui se consti­tua ainsi de siècle en siècle, de Jñân-dev à Toukâ-râm, en pas­sant par Nâm-dev. Dans l’avant-dernier vers de chaque «Abhang» ap­pa­raît le nom de son au­teur; mais cela n’en ga­ran­tit pas l’authenticité, n’importe quel chantre pou­vant si­gner du nom de son au­teur fa­vori. Parmi les neuf cents «Abhang» qui sont at­tri­bués ex­pres­sé­ment à Jñân-dev, il y en a aussi cer­tai­ne­ment qui ne sont pas de sa main; mais ce n’est pas une rai­son pour sup­po­ser l’existence de deux ou trois Jñân-dev por­tant le même nom, comme l’ont sup­posé quelques sa­vants.

  1. En ma­rathe «हरिपाठ». Par­fois trans­crit «Ha­ri­pa­tha». Haut
  2. En ma­rathe ज्ञानदेव. Par­fois trans­crit Jnan Déva, Jna­na­deva, Dñān­dev ou Dñyān­dev. Haut
  3. En ma­rathe ज्ञानेश्वर. Par­fois trans­crit Jnan Is­war, Jna­ne­sh­war, Jna­ne­sh­wara, Jna­ne­sh­vara, Jna­ne­sh­var, Jna­nes­wara, Jna­nes­war, Jnâ­ne­ç­var, Jñâ­ne­ç­vara, Gya­nes­war, Gya­ne­sh­war, Gya­ne­sh­wara, Gya­ne­sh­vara, Dnyá­ne­sh­var, Dnya­ne­sh­wara, Dnyā­ne­sh­war, Dnyá­neś­vara ou Dñyā­neś­var. Haut
  1. En ma­rathe «अभंग». Par­fois trans­crit «Abhanga» ou «Abhaṃg». Lit­té­ra­le­ment «Vers in­in­ter­rom­pus». Haut
  2. «Pré­face aux “Psaumes du pè­le­rin” de Toukâ-râm», p. 21-22. Haut

Roûmî, «“Mathnawî” : la quête de l’absolu»

éd. du Rocher, Monaco

éd. du Ro­cher, Mo­naco

Il s’agit du «Math­nawî» 1 de Djé­lâl-ed-dîn Roûmî 2, poète mys­tique d’expression per­sane, qui n’est pas seule­ment l’inspirateur d’une confré­rie, celle des «der­viches tour­neurs», mais le di­rec­teur spi­ri­tuel de tout le XIIIe siècle. «Un si grand poète, ai­mable, har­mo­nieux, étin­ce­lant, exalté; un es­prit d’où émanent des par­fums, des lu­mières, des mu­siques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la ma­nière dont sa strophe prend le dé­part et s’élève au ciel, a déjà trans­porté son lec­teur», dit M. Mau­rice Bar­rès 3. Ré­fu­gié à Ko­nya 4 en Ana­to­lie (Roûm), Djé­lâl-ed-dîn trouva dans cette ville ha­bi­tée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un peuple adonné à la poé­sie, à la mu­sique, aux danses, et il em­ploya cette poé­sie, cette mu­sique, ces danses pour lui faire connaître Dieu. Son ac­tion im­mense en Orient jeta, pour ainsi dire, des ra­cines si pro­fondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les fleurs de ses en­sei­gne­ments n’ont rien perdu de leur fraî­cheur ni de leur par­fum; il se sur­vit dans ses dis­ciples et ses suc­ces­seurs qui, de­puis plus de sept siècles, ré­pètent ses plus beaux dé­lires au­tour de son tom­beau en l’appelant «notre Maître» (Maw­lânâ 5). La beauté et l’esprit to­lé­rant de ses œuvres ont sur­pris les orien­ta­listes oc­ci­den­taux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur les­quels souffle ma brise s’épanouissent comme un jar­din plein de lu­mière», dit-il avec rai­son

  1. En per­san «مثنوی». Par­fois trans­crit «Mes­névi», «Mes­newi», «Meth­névi», «Mes­navi», «Mas­navi», «Mas­nawi», «Maṯnawī» ou «Math­navi». Haut
  2. En per­san جلال‌الدین رومی. Par­fois trans­crit Jelālu-’d-Dīn er-Rūmī, Jel­la­lud­din Rumi, Je­la­lud­din Rumi, Ja­lal-ud-Din Rumi, Jal­la­lud­din Rumi, Dja­lâl-ud-Dîn Rûmî, Dže­la­lud­din Rumi, Dscha­lal ad-din Rumi, Ca­la­laddīn Rūmī, Ja­lâl ad dîn Roûmî, Ya­lal ad-din Rumí, Ga­lal al-din Rumi, Dja­lâl-od-dîn Rûmî, Ja­lâ­lod­dîn Rûmî, Djé­la­lid­din-Roumi, Ja­lel Id­dine Roumi, Dsche­lâl-ed-dîn Rumi, Ce­la­le­din Rumi, Ce­la­led­din-i Rumi, Je­la­led­din Rumi, Dje­la­let­tine Roumî, Djé­lal­le­din-i-Roumi ou Djel­lal-ed-Dine Roumi. Haut
  3. «Une En­quête aux pays du Le­vant. Tome II», p. 74. Haut
  1. On ren­contre aussi les gra­phies Co­gni, Cogne, Co­nia, Ko­nia et Ko­nié. C’est l’ancienne Ico­nium. Haut
  2. En per­san مولانا. Par­fois trans­crit Mau­lana, Mow­lânâ, Mev­lana ou Mew­lânâ. Haut