Icône Mot-clefchinois

Yijing, « Mémoire composé à l’époque de la grande dynastie T’ang sur les religieux éminents qui allèrent chercher la Loi dans les pays d’Occident »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest 1 à l’époque des grands Tang» 2Da Tang xi yu qiu fa gao seng zhuan» 3) de  4. La vaste lit­té­ra­ture de la contient une sé­rie de et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les d’éminents moines qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : «Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent» 5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur , doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du , jusqu’aux lieux de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le et se pro­cu­raient des masses de , qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’ spi­ri­tuelle de l’ fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces , en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient et bien au pre­mier gros . L’un d’eux 6 dé­clare en pré­am­bule de sa «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest» : «Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du qui crache son ar­deur; ou les masses d’ des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque».

  1. L’ et l’Inde, si­tuées à l’Ouest de l’Empire . Icône Haut
  2. Au­tre­fois tra­duit «Ré­cit de l’éminent moine T’ang qui voya­gea vers la ré­gion oc­ci­den­tale en quête de la Loi» ou « com­posé à l’époque de la grande dy­nas­tie T’ang sur les re­li­gieux émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les pays d’». Icône Haut
  3. En chi­nois «大唐西域求法高僧傳». Au­tre­fois trans­crit «Ta-T’ang-si-yu-k’ieou-fa-kao-seng-tchoan», «Ta T’ang si yu k’ieou fa kao seng tchouan» ou «Ta T’ang hsi-yü ch’iu-fa kao-sêng ch’uan». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «求法高僧傳». Au­tre­fois trans­crit «Khieou-fa-kao-seng-tch’ouen», «Kieou-fa-kao-seng-tchuen» ou «Kau-fa-kao--chuen». Icône Haut
  1. En chi­nois 義淨. Par­fois trans­crit I-tsing, Yi-tsing, Y-tsing, I-tshing, Yi Ching ou I-ching. Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde». Icône Haut
  3. Yi­jing. Icône Haut

Zhang Zai, « Le “Si-ming” : traité philosophique »

dans « Actes du VIIIᵉ Congrès international des orientalistes. Tome IV », p. 33-52

dans «Actes du VIIIe Congrès in­ter­na­tio­nal des . Tome IV», p. 33-52

Il s’agit du «Ma­nuel de l’Ouest», ou lit­té­ra­le­ment «Ins­crip­tion de l’Ouest», très court, mais , du phi­lo­sophe confu­céen Zhang Zai 1 (XIe siècle apr. J.-C.). Cet au­teur a laissé un livre im­po­sant en dix-sept tomes 2, consi­déré comme l’œuvre ma­jeure du de son ; mais, dans l’ qu’il pro­di­guait à ses dis­ciples, il se ser­vait spé­cia­le­ment, comme ma­nuels, des deux ex­traits les plus em­blé­ma­tiques de son livre, qu’il avait ins­crits sur les murs de la salle de classe, à l’Ouest et à l’Est. De là, le nom qui leur est donné : «Xi-ming» 3 et «Dong-ming» 4, c’est-à-dire : «Ma­nuel de l’Ouest» et «Ma­nuel de l’Est». Le pre­mier est de loin le plus re­nommé. Il est consa­cré à l’origine du et la de tous les êtres. Dans ce traité, Zhang Zai sou­tient que l’ est née d’un même sein; elle for­mait à l’origine une seule sub­stance qui s’est di­ver­si­fiée. Il en est de même des autres êtres dans ce monde; tous pro­viennent d’une même sub­stance uni­ver­selle et d’une même im­pul­sion di­rec­trice, consti­tuant et co­or­don­nant toutes choses : «Les hommes ne forment avec nous qu’un même sein; les êtres non in­tel­li­gents sont nos consorts» 5. , tout n’étant qu’un même arbre avec dix mille branches; le monde n’étant qu’une , et la — un , «tout [ce] qui dans ce monde est pauvre et dans le be­soin, af­fligé ou ma­lade, or­phe­lin ou aban­donné, veuf ou veuve, doit être pour nous comme un frère dans le be­soin ou l’infortune, et qui n’a point d’autre sou­tien» 6. La doc­trine de la d’origine conduit ainsi à un prin­cipe mo­ral de et de , fon­de­ment de la des  : «Ho­no­rer les gens âgés, res­pec­ter les su­pé­rieurs, être cha­ri­table en­vers… les aban­don­nés et les , c’est la vertu par­faite des saints, c’est la conduite dis­tinc­tive des … Les pro­té­ger dans ces cir­cons­tances, c’est le de­voir d’un fils; [et] les ré­jouir et ne ja­mais les af­fli­ger, c’est la de la piété fi­liale» 7.

  1. En chi­nois 張載. Au­tre­fois trans­crit Chang Tsai ou Tchang-tsai. Icône Haut
  2. «Zheng Meng» («正蒙»). Au­tre­fois trans­crit «Cheng Meng» ou «Tcheng Meng». Icône Haut
  3. En chi­nois «西銘». Au­tre­fois trans­crit «Hsi-ming» ou «Si-ming». Icône Haut
  4. En chi­nois «東銘». Au­tre­fois trans­crit «Toung-ming» ou «Tong-ming». Icône Haut
  1. p. 41-42. À com­pa­rer avec ce pas­sage des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Que l’honnête homme fasse son de­voir gra­ve­ment et sans faillir, qu’il traite avec et ci­vi­lité, et sur cette , tous les hommes se­ront ses ». Icône Haut
  2. p. 43. Icône Haut
  3. p. 43-44. Icône Haut

« Entretiens de Lin-tsi »

éd. Fayard, coll. Documents spirituels, Paris

éd. Fayard, coll. Do­cu­ments spi­ri­tuels, Pa­ris

Il s’agit des « de Linji» («Linji yulu» 1, ou plus sim­ple­ment «Linji lu» 2). L’école de Linji Yixuan 3, maître , est connue par ce re­cueil de pa­roles com­posé après la du maître. Re­belle à tout sa­voir, fa­rouche à toute vi­sion in­tel­lec­tuelle qu’elle dé­cri­vait comme une «taie sur l’» cette école de­vint cé­lèbre en au IXe et Xe siècle apr. J.-C. avant de se ré­pandre au où elle per­siste jusqu’à nos jours sous le nom d’école Rin­zai. L’usage du bâ­ton (en «bang», en «» 4) et de l’exclamation «khât!» (en ja­po­nais «katsu!» 5) est ca­rac­té­ris­tique de Linji, le­quel frap­pait ses dis­ciples et leur criait, comme s’il dé­si­rait les faire par­ve­nir d’un coup à la réa­li­sa­tion su­bite. Dans des termes vi­ru­lents, qui al­laient jusqu’au blas­phème, il prê­chait le meurtre spi­ri­tuel et le ren­ver­se­ment de toutes les va­leurs : «Si vous ren­con­trez un , tuez le Boud­dha! Si vous ren­con­trez un pa­triarche, tuez le pa­triarche!» 6 Et plus loin : «Je vous le dis : il n’y a pas de Boud­dha, il n’y a pas de Loi; pas de pra­tiques à culti­ver, pas de fruits à éprou­ver. Que vou­lez-vous donc tant cher­cher au­près d’?… Qu’est-ce qui vous manque? C’est vous, adeptes, qui êtes là de­vant mes yeux, c’est vous-mêmes qui ne dif­fé­rez en rien du Boud­dha-pa­triarche! Mais vous n’avez pas confiance, et vous cher­chez au-de­hors» 7. Lui de­man­dait-on quel était le bien le plus pré­cieux pour l’, Linji ré­pon­dait : «Se te­nir dans l’ordinaire et sans af­faires : chier et pis­ser, se vê­tir et man­ger» 8. Et aussi : «Être sans af­faires et res­ter as­sis dans [son] mo­nas­tère, les pieds croi­sés au coin de [sa] ban­quette» 9. À chaque page, cet de l’homme sans af­faires se re­trouve, poussé jusqu’à la pué­ri­lité. J’avoue, pour ma part, qu’il ne me convainc pas. Car, même à sup­po­ser que l’homme qui se garde de rien faire soit le plus heu­reux, ne vaut-il pas mieux être hon­nête et utile, qu’heureux et sans af­faires? L’homme de bien n’a-t-il pas , comme les autres, au noble tra­vail? Ne peut-il pas se su­bor­don­ner à une grande cause so­ciale, au lieu de jouir dans son coin sans se sou­cier que ce soit aux dé­pens des autres? La fin di­vine doit-elle donc être une fin égoïste?

  1. En chi­nois «臨濟語錄». Par­fois trans­crit «Lintsi yu­lou» ou «Lin-chi yü-lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «臨濟錄». Par­fois trans­crit «Lintsi lou» ou «Lin-chi lu». Icône Haut
  3. En chi­nois 臨濟義玄. Au­tre­fois trans­crit Lin-tsi Yi-hiuan ou Lin-chi I-hsüan. Icône Haut
  4. . Icône Haut
  5. . Icône Haut
  1. sect. 20. Icône Haut
  2. sect. 21. Icône Haut
  3. sect. 13. Icône Haut
  4. sect. 18. Icône Haut

« La Ballade de Mulan »

éd. HongFei, Amboise

éd. Hong­Fei, Am­boise

Il s’agit de «La de Mu­lan» («Mu­lan Ci» 1) ou «Poème de Mu­lan» («Mu­lan Shi» 2), une chan­son po­pu­laire cé­lé­brant les mé­rites de l’héroïne Mu­lan, la Jeanne d’Arc chi­noise. On trouve la pre­mière co­pie de cette chan­son dans le «Re­cueil de an­cienne et mo­derne» («Gu Jin Yue Lu» 3), com­pilé sous la dy­nas­tie Chen (557-589 apr. J.-C.). De­puis, l’héroïne conti­nue de jouir d’une im­mense po­pu­la­rité, per­pé­tuée dans les ro­mans et sur la scène. Ce­pen­dant, on ne sait ni son lieu d’origine ni son nom de . Mu­lan si­gni­fiant «ma­gno­lia», quelqu’un a sup­posé qu’elle s’appelait Hua Mu­lan 4fleur de ma­gno­lia»). Le contexte de son aven­ture sem­blant être ce­lui de la dy­nas­tie des Wei du Nord (386-534 apr. J.-C.), un autre a sup­posé qu’elle s’appelait Wei Mu­lan 5. Le voilà bien l’esprit de dé­duc­tion ! Te­nons-nous-en à l’. Une fille part pour le ser­vice mi­li­taire dé­gui­sée en , parce que son père ma­lade est hors d’état de por­ter les et n’a pas de fils adulte qui pour­rait le rem­pla­cer : «Père n’a pas de fils adulte, et je n’ai pas de frère aîné. Qu’on m’équipe avec et selle : je par­ti­rai en cam­pagne à la place de père!» Elle achète, au mar­ché de l’Est, un beau che­val; au mar­ché de l’Ouest, une selle feu­trée. Quand tous les pré­pa­ra­tifs de dé­part sont ter­mi­nés, elle fait ses adieux à sa fa­mille et se rend au front. Elle y passe douze ans, sans que per­sonne ait pu se dou­ter de son sexe. Elle est fé­li­ci­tée per­son­nel­le­ment par l’Empereur. Elle lui de­mande pour seule ré­com­pense le de ren­trer chez elle. Elle est ac­cueillie par sa fa­mille qui lui ôte son man­teau du de et lui re­met ses du temps ja­dis. De­vant son , elle ajuste sa brillante coif­fure et y colle une fleur d’. Le der­nier cou­plet, trop rus­tique pour ne pas être au­then­tique, dit qu’il y a moyen de dis­tin­guer un la­pin d’une la­pine, mais que «lorsque les deux la­pins courent à ras de , bien fin qui re­con­naît le mâle et la fe­melle»! «L’œuvre an­tique touche [ainsi] à une double thé­ma­tique à la­quelle notre époque est sen­sible», ex­plique M. Chun-Liang Yeh, «celle de l’identité et du genre.» La qu’exerce Mu­lan dans l’imaginaire chi­nois n’est donc pas ré­duc­tible à un mes­sage de ou de pa­trio­tique, au­quel les confu­céens ré­duisent trop sou­vent le texte; elle est liée au défi so­cial qu’elle adresse à la dif­fé­ren­cia­tion des sexes et à l’attrait éro­tique de sa de tra­vesti.

  1. En chi­nois «木蘭辭». Icône Haut
  2. En chi­nois «木蘭詩». Icône Haut
  3. En chi­nois «古今樂錄», in­édit en . Icône Haut
  1. En chi­nois 花木蘭. Au­tre­fois trans­crit Houa Mou-lan ou Fa Mu­lan. Icône Haut
  2. En chi­nois 魏木蘭. Icône Haut

Zhang Dai, « Le Lac retrouvé en rêve »

dans « Les Formes du vent : paysages chinois en prose » (éd. A. Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris), p. 134-139

dans «Les Formes du vent : pay­sages en prose» (éd. A. Mi­chel, coll. Spi­ri­tua­li­tés vi­vantes, Pa­ris), p. 134-139

Il s’agit de  1, let­tré chi­nois (XVIIe siècle apr. J.-C.), éga­le­ment connu sous le pseu­do­nyme de ’an 2, au­teur de deux cé­lèbres re­cueils de sou­ve­nirs en prose  : «Sou­ve­nirs rê­vés de Tao’an» («Tao’an men­gyi» 3) et «Le Lac de l’Ouest re­trouvé en rêve» («Xi Hu mengxun» 4). Son riche grand-père, Zhang Ru­lin 5, était un ama­teur de et d’, un ex­pert en thé et sur­tout un éru­dit qui avait tou­jours un livre à la main. La tête et les yeux ri­vés sur le pa­pier, il cal­li­gra­phiait des ca­rac­tères «pattes de mouche», qu’il fai­sait re­co­pier par son pe­tit-fils. Sou­vent, il se plai­gnait, de­vant ce der­nier, de la des dic­tion­naires dont il dé­si­rait élar­gir le contenu. L’après-midi, il em­por­tait ses de­hors pour pro­fi­ter de la lu­mière du jour; le soir venu, il al­lu­mait une bou­gie haute. Il re­cueillait ainsi des mots et les clas­sait par rimes en vue d’une vaste pu­bli­ca­tion qu’il comp­tait ap­pe­ler la «Mon­tagne des rimes». Chaque rime ne com­por­tait pas moins de dix ca­hiers. Il pen­sait vrai­ment la pu­blier jusqu’au jour où on lui ap­porta en se­cret l’un des tomes de la «Grande En­cy­clo­pé­die Yongle» 6 que le im­pé­rial ve­nait tout juste d’achever, et qui était de la même que la «Mon­tagne des rimes». «Plus de trente [tomes] ne cou­vraient même pas une seule rime», dit Zhang Dai 7. «Quand mon grand-père vit [cela], il dit en pous­sant un pro­fond sou­pir : “Les livres sont en nombre , et je suis comme l’oiseau qui vou­lait com­bler la avec des pierres…!”» Dès lors, le vieux cessa d’écrire. Comme parmi ses pe­tits-fils seul Zhang Dai ai­mait les livres, il les lui laissa et mou­rut peu de après.

  1. En chi­nois 張岱. Au­tre­fois trans­crit Chang Tai. Icône Haut
  2. En chi­nois 陶庵. Icône Haut
  3. En chi­nois «陶庵夢憶». Au­tre­fois trans­crit «T’ao-an meng-i». Icône Haut
  4. En chi­nois «西湖夢尋». Au­tre­fois trans­crit «Hsi-hu meng-hsün». Icône Haut
  1. En chi­nois 張汝霖. Au­tre­fois trans­crit Chang Ju-lin. Icône Haut
  2. En chi­nois «永樂大典». Icône Haut
  3. «Sou­ve­nirs rê­vés de Tao’an», p. 114. Icône Haut

Zhang Dai, « Souvenirs rêvés de Tao’an »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient-Série chinoise, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’-Sé­rie chi­noise, Pa­ris

Il s’agit de  1, let­tré (XVIIe siècle apr. J.-C.), éga­le­ment connu sous le pseu­do­nyme de ’an 2, au­teur de deux cé­lèbres re­cueils de sou­ve­nirs en prose  : «Sou­ve­nirs rê­vés de Tao’an» («Tao’an men­gyi» 3) et «Le Lac de l’Ouest re­trouvé en rêve» («Xi Hu mengxun» 4). Son riche grand-père, Zhang Ru­lin 5, était un ama­teur de et d’, un ex­pert en thé et sur­tout un éru­dit qui avait tou­jours un livre à la main. La tête et les yeux ri­vés sur le pa­pier, il cal­li­gra­phiait des ca­rac­tères «pattes de mouche», qu’il fai­sait re­co­pier par son pe­tit-fils. Sou­vent, il se plai­gnait, de­vant ce der­nier, de la des dic­tion­naires dont il dé­si­rait élar­gir le contenu. L’après-midi, il em­por­tait ses de­hors pour pro­fi­ter de la lu­mière du jour; le soir venu, il al­lu­mait une bou­gie haute. Il re­cueillait ainsi des mots et les clas­sait par rimes en vue d’une vaste pu­bli­ca­tion qu’il comp­tait ap­pe­ler la «Mon­tagne des rimes». Chaque rime ne com­por­tait pas moins de dix ca­hiers. Il pen­sait vrai­ment la pu­blier jusqu’au jour où on lui ap­porta en se­cret l’un des tomes de la «Grande En­cy­clo­pé­die Yongle» 6 que le im­pé­rial ve­nait tout juste d’achever, et qui était de la même que la «Mon­tagne des rimes». «Plus de trente [tomes] ne cou­vraient même pas une seule rime», dit Zhang Dai 7. «Quand mon grand-père vit [cela], il dit en pous­sant un pro­fond sou­pir : “Les livres sont en nombre , et je suis comme l’oiseau qui vou­lait com­bler la avec des pierres…!”» Dès lors, le vieux cessa d’écrire. Comme parmi ses pe­tits-fils seul Zhang Dai ai­mait les livres, il les lui laissa et mou­rut peu de après.

  1. En chi­nois 張岱. Au­tre­fois trans­crit Chang Tai. Icône Haut
  2. En chi­nois 陶庵. Icône Haut
  3. En chi­nois «陶庵夢憶». Au­tre­fois trans­crit «T’ao-an meng-i». Icône Haut
  4. En chi­nois «西湖夢尋». Au­tre­fois trans­crit «Hsi-hu meng-hsün». Icône Haut
  1. En chi­nois 張汝霖. Au­tre­fois trans­crit Chang Ju-lin. Icône Haut
  2. En chi­nois «永樂大典». Icône Haut
  3. «Sou­ve­nirs rê­vés de Tao’an», p. 114. Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome VIII. Chapitres 81-110 »

éd. You Feng, Paris

éd. You Feng, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome VII. Chapitres 53-80 »

éd. You Feng, Paris

éd. You Feng, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome VI. Chapitres 48-52 »

éd. Librairie d’Amérique et d’Orient A. Maisonneuve, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Paris

éd. Li­brai­rie d’ et d’ A. Mai­son­neuve, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome V. Chapitres 43-47 »

éd. Librairie d’Amérique et d’Orient A. Maisonneuve, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Paris

éd. Li­brai­rie d’ et d’ A. Mai­son­neuve, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome IV. Chapitres 31-42 »

éd. Librairie d’Amérique et d’Orient A. Maisonneuve, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Paris

éd. Li­brai­rie d’ et d’ A. Mai­son­neuve, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut

Su Dongpo, « Commémorations »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit des «Com­mé­mo­ra­tions» («Ji» 1) de Su Dongpo. Des œuvres com­plètes de Su Dongpo, qui oc­cupent sept vo­lumes, on ne re­tient le plus sou­vent que des ex­traits de ses poèmes in­sé­rés dans les an­tho­lo­gies; on ou­blie qu’il a, sa du­rant, mis à contri­bu­tion de toutes sortes de ma­nières la forme de la «» ou de la «stèle» — pièce brève, des­ti­née à être gra­vée sur pour sa­luer l’érection d’un bâ­ti­ment of­fi­ciel ou d’une de­meure pri­vée. Un fonc­tion­naire zélé construi­sait-il, par exemple, un ca­bi­net d’étude, il ne man­quait pas d’aller vi­si­ter Su Dongpo et de lui adres­ser cette prière : «Je tra­vaille­rai dans ce ca­bi­net ma­tin et soir, et tous mes actes y se­ront préa­la­ble­ment ré­flé­chis et pe­sés. Mes­sire, vos sont cé­lèbres dans le . Que vous coûte une pe­tite si­gna­ture mu­rale qui en gar­dera ? Ne me fe­rez-vous pas connaître des hommes de ce siècle?» Des soixante et une «Com­mé­mo­ra­tions» que Su Dongpo a ainsi com­po­sées de l’an 1063 jusqu’à sa (en l’an 1101), deux ca­rac­té­ris­tiques se dé­gagent : 1º l’élargissement du genre, qu’il a ou­vert à des su­jets nou­veaux et dans un ori­gi­nal : éloge d’administrateurs pas­sés ou pré­sents, ré­cits de pro­me­nades, ré­flexions sur la , consi­dé­ra­tions phi­lo­so­phiques, sou­ve­nirs, etc.; 2º le non- des de­mandes et exi­gences faites par les com­man­di­taires pri­vés au mo­ment de la com­mande : «L’une des stra­té­gies les plus re­mar­quables consiste — sur­tout pour les œuvres com­mé­mo­rant la construc­tion de salles — à dé­jouer les at­tentes du com­man­di­taire, à mettre en scène leur in­sis­tance ré­pé­tée à ré­cla­mer des textes, à dé­non­cer avec l’absurdité des don­nés aux lieux — “Salle de la ”, “Pa­villon du zé­phyr”, “Salle des mille mer­veilles” —, à re­mettre en ques­tion leurs pré­ten­tions à faire œuvre du­rable, à ren­voyer en­fin à la va­nité des œuvres hu­maines», ex­plique M. Sté­phane Feuillas 2. Tour à tour pré­cises ou fu­gaces, brillantes ou éru­dites, ces «Com­mé­mo­ra­tions» brossent le por­trait d’un es­prit libre et franc, sou­cieux de mettre dans un texte qui peut sem­bler mi­neur en ap­pa­rence, une le­çon sur l’ et les choses «afin que des cen­taines d’années plus tard, les pro­me­neurs qui trou­ve­ront ce texte entre les murs écrou­lés et les puits ta­ris, per­plexes et confus, le mé­ditent long­temps et pro­fon­dé­ment sou­pirent», comme il le dit très bien lui-même

  1. En «». Icône Haut
  1. p. LXX. Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome III. Chapitres 13-22 »

éd. Librairie d’Amérique et d’Orient A. Maisonneuve, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Paris

éd. Li­brai­rie d’ et d’ A. Mai­son­neuve, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut