Il s’agit de « L’Art d’être grand-père » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
fiction
Hugo, « Bug-Jargal • Le Dernier Jour d’un condamné • Claude Gueux »
Il s’agit du « Dernier Jour d’un condamné » et autres œuvres de Victor Hugo (XIXe siècle). Il faut reconnaître que Hugo est non seulement le premier en rang des écrivains de langue française, depuis que cette langue a été fixée ; mais le seul qui ait un droit vraiment absolu à ce titre d’écrivain dans sa pleine acception. Toutes les catégories de l’histoire littéraire se trouvent en lui déjouées. La critique qui voudrait démêler cette figure titanique, stupéfiante, tenant quelque chose de la divinité, est en présence du problème le plus insoluble. Fut-il poète, romancier ou penseur ? Fut-il spiritualiste ou réaliste ? Il fut tout cela et plus encore. Nouveau don Quichotte, cet homme est allé porter ses pas sur tous les chemins de l’esprit, monter sur toutes les barricades qu’il rencontrait, soutien des faibles et pourfendeur des tyrans, sonneur de clairons et amant de la violette ; si bien qu’aucune des familles qui se partagent l’espèce humaine au physique et au moral ne peut se l’attribuer entièrement. Tantôt égal à la mer, comparé à la montagne, rapproché du soleil, assimilé à l’ouragan, tantôt philosophe, redresseur des abus du siècle, professeur d’histoire et guide politique, tantôt chargé d’apitoyer le monde sur la femme, de le mettre à genoux devant le vieillard pour le vénérer et devant l’enfant pour le consoler, il fut je ne sais quel succédané de la nature. Avec sa mort, c’est un monde cyclopéen d’idées et d’impressions qui est parti, un continent de granit qui s’est détaché et a roulé avec fracas au fond des abîmes. « Qui pourrait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo” ? », dit Édouard Drumont 1. « Comme l’océan, comme la montagne, comme la forêt, ce génie éveille l’idée de l’infini. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues incessamment renouvelées ; ce qu’on aime dans la forêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces milliers d’arbres et ces milliers de feuilles qui confondent leur verdure et leur bruit. »
Bestoujev, « Ammalat-beg : histoire caucasienne »
Il s’agit d’« Ammalat-beg » 1 d’Alexandre Bestoujev 2, nouvelliste au sang bouillant et orageux, créateur de la nouvelle russe (XIXe siècle). Son père, qui publiait la « Revue de Saint-Pétersbourg » (« Sankt-Peterbourgski journal » 3), le fit entrer tout jeune à l’école militaire. À cette époque se formait le cercle du mouvement révolutionnaire les décembristes, et Bestoujev en devint bientôt l’un des chefs. L’influence de la guerre napoléonienne sur ce mouvement a été très bien explicitée par Bestoujev lui-même dans sa lettre au tsar Nicolas : « Napoléon envahit la Russie, et c’est alors que le peuple russe sentit pour la première fois sa puissance ; c’est alors que naquit et s’éveilla dans tous les cœurs le sentiment de l’indépendance, d’abord politique et ensuite populaire. Voilà l’origine de la pensée libre en Russie ! » 4 Les décembristes étaient ceux qui, à la mort du tsar Alexandre, en décembre 1825, crurent le moment venu de proclamer la République. Ils étaient trop en avance sur leur temps et sur leur milieu pour être suivis ; trop intellectuels pour réussir. Le tsar Nicolas en vint à bout facilement. Les uns furent pendus, les autres exilés. Bestoujev fut dans ce dernier cas. C’était un brillant capitaine de deuxième rang du régiment de dragons. Il avait vingt-sept ans et il venait d’être condamné à vingt ans de travaux forcés au Caucase. Chez toute autre personne dont les rêves de liberté avaient fait place à une réalité marquée par les chaînes et la prison, on aurait pu s’attendre à trouver un certain désespoir, ou pour le moins, un abattement. Ce fut le contraire chez Bestoujev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la période très dure, mais extraordinairement féconde qui suivit sa condamnation.
- En russe « Аммалат-бек ». Parfois transcrit « Ammalat-bek ».
- En russe Александр Бестужев. Parfois transcrit Bestoujef, Bestouchef, Bestuschew, Bestuzheff, Bestuzhev ou Bestužev.
- En russe « Санкт-Петербургский журнал ».
- Dans Rostislav Pletnev, « Entretiens sur la littérature russe ; traduit par Mme Zénaïde Troubetskoï » (éd. Presses de l’Université de Montréal, Montréal).
Bestoujev, « L’Examen »
dans « Les Drames intimes : contes russes » (XIXe siècle), p. 173-262
Il s’agit de l’« L’Examen » (« Ispitanie » 1) d’Alexandre Bestoujev 2, nouvelliste au sang bouillant et orageux, créateur de la nouvelle russe (XIXe siècle). Son père, qui publiait la « Revue de Saint-Pétersbourg » (« Sankt-Peterbourgski journal » 3), le fit entrer tout jeune à l’école militaire. À cette époque se formait le cercle du mouvement révolutionnaire les décembristes, et Bestoujev en devint bientôt l’un des chefs. L’influence de la guerre napoléonienne sur ce mouvement a été très bien explicitée par Bestoujev lui-même dans sa lettre au tsar Nicolas : « Napoléon envahit la Russie, et c’est alors que le peuple russe sentit pour la première fois sa puissance ; c’est alors que naquit et s’éveilla dans tous les cœurs le sentiment de l’indépendance, d’abord politique et ensuite populaire. Voilà l’origine de la pensée libre en Russie ! » 4 Les décembristes étaient ceux qui, à la mort du tsar Alexandre, en décembre 1825, crurent le moment venu de proclamer la République. Ils étaient trop en avance sur leur temps et sur leur milieu pour être suivis ; trop intellectuels pour réussir. Le tsar Nicolas en vint à bout facilement. Les uns furent pendus, les autres exilés. Bestoujev fut dans ce dernier cas. C’était un brillant capitaine de deuxième rang du régiment de dragons. Il avait vingt-sept ans et il venait d’être condamné à vingt ans de travaux forcés au Caucase. Chez toute autre personne dont les rêves de liberté avaient fait place à une réalité marquée par les chaînes et la prison, on aurait pu s’attendre à trouver un certain désespoir, ou pour le moins, un abattement. Ce fut le contraire chez Bestoujev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la période très dure, mais extraordinairement féconde qui suivit sa condamnation.
- En russe « Испытание ». Parfois transcrit « Ispytanie ».
- En russe Александр Бестужев. Parfois transcrit Bestoujef, Bestouchef, Bestuschew, Bestuzheff, Bestuzhev ou Bestužev.
- En russe « Санкт-Петербургский журнал ».
- Dans Rostislav Pletnev, « Entretiens sur la littérature russe ; traduit par Mme Zénaïde Troubetskoï » (éd. Presses de l’Université de Montréal, Montréal).
Kawabata, « Les Pissenlits : roman [inachevé] »
Il s’agit des « Pissenlits » (« Tanpopo » 1) de Yasunari Kawabata 2, écrivain japonais qui mérite d’être placé au plus haut sommet de la littérature moderne. « Vos romans sont si grands, si sublimes, que dans ma petitesse je ne puis que les vénérer de loin, comme le jeune berger qui, regardant les cimes bleues des Alpes à l’horizon, rêve du jour où il sera en mesure d’escalader même la plus haute », dit M. Yukio Mishima dans une lettre adressée à celui qui fut pour lui le maître et l’ami 3. Kawabata naquit en 1899. Son père, médecin lettré, mourut de tuberculose en 1901 ; sa mère, sa grand-mère et sa sœur disparurent à leur tour, emportées par la même maladie. Il fut recueilli chez son grand-père aveugle, son dernier et unique parent. Là, dans un village de cinquante et quelques habitations, il passa une enfance solitaire, toute de silence et de mélancolie. Levé à l’aube, il devait aider son grand-père à satisfaire ses fonctions naturelles, tiraillé entre la compassion et le dégoût. Puis, il montait sur un arbre du jardin et, assis entre les grandes branches, il lisait « jusqu’à ce que vînt à passer une voiture ou un chien qui aboyait » 4 ; ou alors, un carnet à la main, il écrivait à ses parents défunts des lettres d’une érudition et d’une maturité de pensée qu’on s’étonne de rencontrer chez un enfant : « Père, vous vous êtes levé de votre lit de mort pour nous laisser, à moi et à ma sœur encore innocente, une sorte de testament écrit. Vous avez tracé les idéogrammes de “Chasteté” pour ma sœur, et de “Prends garde à toi” pour moi-même… Tandis que j’écris cette lettre, il me vient à l’esprit cette phrase de Jean Cocteau :
Gravez votre nom dans un arbre
Qui poussera jusqu’au nadir ;
Un arbre vaut mieux que le marbre,
Car on y voit les noms grandir.
En fait, le poème reste un peu obscur… Mais si l’on arrive tout simplement à graver son nom dans le cœur d’un enfant ou d’un être aimé, ce nom ne grandira-t-il pas, finalement, lui aussi ? »
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome II »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla » 1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc 2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris 3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »
« Autour de Nasreddin Hoca : textes et commentaires »
Il s’agit des plaisanteries de Nasreddin Hodja 1, productions légères de la littérature turque qui tiennent une place qui ne leur est disputée par aucun autre ouvrage. On peut même dire qu’elles constituent, à elles seules, un genre spécial : le genre plaisant. L’immense popularité accordée, dans sa patrie, au Hodja et à ses facéties extravagantes permet de voir en lui la personnification même de cette belle humeur joviale, souvent effrontée, dédaignant toutes les convenances, hardie jusqu’à l’impudence, mais spirituelle, mordante, malicieuse, parfois grosse d’enseignements, qui fait la base de la conversation turque. Ici, point de ces métaphores ambitieuses dont les lettrés orientaux peuvent, seuls, apprécier le mérite ; point de ces longues périodes où la sophistication et la recherche des expressions font perdre à l’auteur le fil de son raisonnement. Au lieu de ces ornements qui troublent le commun des mortels, on trouve de la bonne et franche gaieté ; un style simple, concis et naturel ; une verve naïve dont les éclairs inattendus commandent le rire aux gens les plus savants comme aux plus ignorants, trop heureux de dérider leurs fronts soucieux, de distraire la monotonie de leurs réflexions, de tromper l’ennui de leurs veilles. « Il est peu probable de trouver dans le monde entier », dit un critique 2, « un héros du folklore poétique qui jouisse d’un tel intérêt ou qui attire d’une telle force l’attention d’auteurs et de lecteurs que Nasreddin Hodja… La forme serrée qui enveloppe l’idée des [anecdotes] aide à les retenir facilement dans la mémoire et à les diffuser… Il faut ajouter également que le personnage de Nasreddin Hodja marche sur les chemins poussiéreux de l’Anatolie, dans les steppes de l’Azerbaïdjan et du Tadjikistan et dans les villages de [la péninsule balkanique] avec un défaut inné, ayant troublé plusieurs fois les orientalistes et les folkloristes : il s’agit du caractère contradictoire du héros qui est représenté tantôt comme un sot en trois lettres peu perspicace et imprévoyant, tantôt comme un sage prévoyant et juste ; en tant que juge, il rend des sentences équitables ; en tant que défenseur des accusés, il tranche des procès embrouillés que les juges officiels ne sont pas capables de juger. »
- En turc Nasreddin Hoca. On le désigne également comme Mulla (Molla) Nasreddin, c’est-à-dire Maître Nasreddin. Parfois transcrit Nasredin, Nasradin, Nasridin, Nasrettin, Nastradin, Nastratin, Nasretdin, Nasruddin, Nassr Eddin ou Nazr-ed-din.
« Supplément aux “Contes d’Uji” »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Contes et Romans du Moyen Âge-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit du « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 1 (« Uji shûi monogatari » 2). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 3 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 4. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 5 et deux autres 6 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 7. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Contes faisant suite au “Recueil d’Ouji” » ou « Supplément aux “Contes d’Uji” ».
- En japonais « 宇治拾遺物語 ». Parfois transcrit « Ouji shouï monogatari »
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Gouverneurs de province et Guerriers dans les “Histoires qui sont maintenant du passé” »
éd. Collège de France-Institut des hautes études japonaises, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Histoires d’amour du temps jadis »
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Histoires fantastiques du temps jadis »
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Histoires qui sont maintenant du passé, “Konjaku-monogatari shû” »
éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome I »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla » 1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc 2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris 3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »