Icône Mot-clefAsie orientale

« Études sur le drame lyrique japonais “nô” »

dans « Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient », vol. 9, nº 2, p. 251-284 ; vol. 9, nº 4, p. 707-738 ; vol. 11, nº 1-2, p. 111-151 ; vol. 12, nº 5, p. 1-63 ; vol. 13, nº 4, p. 1-113 ; vol. 20, nº 1, p. 1-110

dans «Bul­le­tin de l’École fran­çaise d’Extrême-», vol. 9, nº 2, p. 251-284; vol. 9, nº 4, p. 707-738; vol. 11, nº 1-2, p. 111-151; vol. 12, nº 5, p. 1-63; vol. 13, nº 4, p. 1-113; vol. 20, nº 1, p. 1-110

Il s’agit de «So­toba Ko­ma­chi» 1Ko­ma­chi et le stûpa» 2) et autres nô. Les ont le rare pri­vi­lège de pos­sé­der, en propre, une forme de drame ly­rique — le «» 3 (XIVe-XVe siècle apr. J.-C.) — qui mal­gré la dif­fé­rence ab­so­lue des tra­di­tions, des su­jets et de cer­tains modes d’expression, peut être com­pa­rée, sans trop de , à la grecque du siècle de . Comme cette tra­gé­die, le nô fut tout d’abord le dé­ve­lop­pe­ment et comme l’annexe des chants, danses et chœurs qui ac­com­pa­gnaient la cé­lé­bra­tion des cé­ré­mo­nies re­li­gieuses. Une déesse, disent les Ja­po­nais, inau­gura cette forme théâ­trale, et voici dans quelles cir­cons­tances, si l’on en croit le «Ko­jiki». Grande-Au­guste-Kami-Illu­mi­nant-le-, ir­ri­tée des mé­chan­ce­tés de son frère, dé­cida, un jour, de se ca­cher dans la grotte ro­cheuse du ciel dont elle barra la porte. De ce fait, le ciel et la furent plon­gés dans de pro­fondes té­nèbres. Et cha­cun, on le pense bien, était fort in­quiet. Les huit mil­lions de se ras­sem­blèrent alors sur les bords de la Voie lac­tée, pour dé­li­bé­rer des qu’il conve­nait de prendre, afin de faire ces­ser cette si­tua­tion . Confor­mé­ment à leur avis, on es­saya bien des ruses pour for­cer Grande-Au­guste-Kami-Illu­mi­nant-le-Ciel à sor­tir de sa grotte, mais au­cune ne réus­sit. C’est alors que Ma­jesté-Fé­mi­nine-Uzu-Cé­leste eut l’idée d’exécuter une ori­gi­nale : «Se coif­fant de branches de fu­sain cé­leste… elle ren­versa un fût vide de­vant la porte de la grotte et cla­qua des ta­lons. Tout en dan­sant jusqu’au pa­roxysme elle dé­cou­vrit sa poi­trine et baissa la cein­ture de son vê­te­ment jusqu’à son sexe. Alors la Haute-Plaine-du-Ciel de­vint bruyante, et les huit mil­lions de “ka­mis” se mirent à » 4. Grande-Au­guste-Kami-Illu­mi­nant-le-Ciel, in­tri­guée, entr’ouvrit la porte de sa pri­son vo­lon­taire. La lu­mière re­pa­rut au ciel et sur terre. Le di­ver­tis­se­ment di­vin de ce -là fut, dit-on, le pre­mier des nô.

  1. En ja­po­nais «卒都婆小町». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Ko­ma­chi au stûpa». Icône Haut
  1. En ja­po­nais . Par­fois trans­crit «noh» ou «nou». Icône Haut
  2. «Le “Ko­jiki”», p. 83-84. Icône Haut

« Man-yôshû. Livres VII, VIII et IX »

éd. UNESCO-Publications orientalistes de France, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Poètes du Japon, Paris-Aurillac

éd. UNESCO-Pu­bli­ca­tions de , coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives- du , Pa­ris-Au­rillac

Il s’agit du «Man-yô-shû» 1Re­cueil d’une my­riade de feuilles» 2), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du Ja­pon re­pré­sente plus ou moins l’ de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Man-yô-shû» et le «Ko­kin-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «万葉集». Par­fois trans­crit «Man­jóšú», «Ma­nyôśû», «Man-yô-siû», «Man-yo-siou», «Ma­nyo­schu», «Ma­nyô­shou», «Ma­nyo­shiu», «Man­nyo­shu» ou «Man­nyo­chou». Icône Haut
  2. Titre obs­cur. «» () veut dire «feuille» ou «gé­né­ra­tion»; de sorte qu’on peut en­tendre soit «Re­cueil de feuilles in­nom­brables», comme celles d’un grand arbre ou d’un grand livre, soit «Re­cueil de toutes les gé­né­ra­tions». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la France. Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Man-yôshû. Livres IV, V et VI »

éd. UNESCO-Publications orientalistes de France, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Poètes du Japon, Paris-Cergy

éd. UNESCO-Pu­bli­ca­tions de , coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives- du , Pa­ris-Cergy

Il s’agit du «Man-yô-shû» 1Re­cueil d’une my­riade de feuilles» 2), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du Ja­pon re­pré­sente plus ou moins l’ étran­gère de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Man-yô-shû» et le «Ko­kin-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «万葉集». Par­fois trans­crit «Man­jóšú», «Ma­nyôśû», «Man-yô-siû», «Man-yo-siou», «Ma­nyo­schu», «Ma­nyô­shou», «Ma­nyo­shiu», «Man­nyo­shu» ou «Man­nyo­chou». Icône Haut
  2. Titre obs­cur. «» () veut dire «feuille» ou «gé­né­ra­tion»; de sorte qu’on peut en­tendre soit «Re­cueil de feuilles in­nom­brables», comme celles d’un grand arbre ou d’un grand livre, soit «Re­cueil de toutes les gé­né­ra­tions». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la France. Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Le Monument poétique de Heian : le “Kokinshû”. Tome II. Chefs-d’œuvre »

éd. P. Geuthner, coll. Yoshino, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Yo­shino, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Ko­kin--shû» 1Re­cueil de poé­sies de ja­dis et na­guère»), plus connu sous le titre abrégé de «Ko­kin-shû» 2Re­cueil de ja­dis et na­guère»), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du re­pré­sente plus ou moins l’ étran­gère de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Ko­kin-shû» et le «Man-yô-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «古今和歌集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn Ouaka Chou». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «古今集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn­chou» ou «Ko­kin­ciou». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la . Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Le Monument poétique de Heian : le “Kokinshû”. Tome I. Préface de Ki no Tsurayuki »

éd. P. Geuthner, coll. Yoshino, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Yo­shino, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Ko­kin--shû» 1Re­cueil de poé­sies de ja­dis et na­guère»), plus connu sous le titre abrégé de «Ko­kin-shû» 2Re­cueil de ja­dis et na­guère»), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du re­pré­sente plus ou moins l’ étran­gère de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Ko­kin-shû» et le «Man-yô-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «古今和歌集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn Ouaka Chou». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «古今集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn­chou» ou «Ko­kin­ciou». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la . Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Les Entretiens de Confucius »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Dia­logues» ou « de » 1Lu­nyu» 2), la d’angle de la chi­noise, l’œuvre la plus si­gni­fi­ca­tive pour la connais­sance de Confu­cius (VIe-Ve siècle av. J.-C.). Com­pa­rée sous le rap­port mo­ral, et même , la doc­trine de Confu­cius se rap­proche de celle qui fut, presque à la même époque, en­sei­gnée par So­crate. Ja­mais, peut-être, l’esprit hu­main ne fut plus di­gne­ment re­pré­senté que par ces deux . En voici les prin­ci­pales rai­sons. La pre­mière est que Confu­cius et So­crate ont re­cueilli ce qu’il y a de meilleur dans la des An­ciens. La se­conde est qu’ils ont ajouté à cette mo­rale la sim­pli­cité, la clarté et l’évidence, qui doivent ré­gner par­tout et se faire sen­tir aux les plus gros­siers. En­fin, c’est parce que Confu­cius et So­crate poussent en avant leur , mais ne la poussent pas trop loin; leur leur fai­sant tou­jours connaître jusqu’où il faut al­ler et où il faut s’arrêter. En quoi ils ont un avan­tage consi­dé­rable non seule­ment sur un grand nombre d’Anciens, qui ont de tels su­jets, mais aussi sur la plu­part des Mo­dernes, qui ont tant de rai­son­ne­ments faux ou re­cher­chés, tant de traits d’esprit dé­pla­cés, tant de sub­ti­li­tés épou­van­tables. «La voie… n’est pas sui­vie, je le sais», dit ailleurs Confu­cius 3. «Les hommes in­tel­li­gents et éclai­rés vont au-delà, et les igno­rants res­tent en deçà.» «Le grand sa­vant Kô­jirô Yo­shi­kawa consi­dé­rait les “En­tre­tiens de Confu­cius” comme le plus beau livre du . J’ignore s’il mé­rite vrai­ment ce titre… mais il est cer­tain que, dans toute l’, nul écrit n’a exercé plus du­rable sur une plus grande par­tie de l’», dit très bien M. Pierre Ry­ck­mans 4. C’est dans ces «En­tre­tiens» que Confu­cius s’est ma­ni­festé comme le plus grand maître et le plus grand phi­lo­sophe du monde orien­tal. On y voit son ar­dent de l’humanité; sa mo­rale in­fi­ni­ment , mais en même pui­sée dans les plus pures du bon sens; son souci per­ma­nent de re­don­ner à la hu­maine ce pre­mier lustre, cette pre­mière beauté qu’elle avait re­çue du , et qui avait été obs­cur­cie par les té­nèbres de l’ignorance et par la conta­gion du . «Le Maître dit : “Ce n’est pas un mal­heur d’être mé­connu des hommes, mais c’est un mal­heur de les mé­con­naître”.» Où trou­ver une maxime plus belle, une in­dif­fé­rence plus grande à l’égard de la gloire et des gran­deurs? On ne doit pas être sur­pris si les eu­ro­péens, qui les pre­miers firent connaître «le vé­néré maître K’ong» ou K’ong-fou-tseu 5 sous le nom la­ti­nisé de Confu­cius, conçurent pour sa pen­sée un en­thou­siasme égal à ce­lui des .

  1. Par­fois tra­duit «Le Livre de la de Confu­cius», «Mor­ceaux de contro­verse de Confu­cius», «Le Livre des », «Dis­cus­sions et Al­lo­cu­tions», «Conver­sa­tions ou Ana­lectes de Confu­cius», «Dis­cours» ou «Les En­tre­tiens phi­lo­so­phiques». Icône Haut
  2. En chi­nois «論語». Au­tre­fois trans­crit «Lén-yù», «Luen yu», «Louen yu», «Loung yu», «Liun iu», «Loun-yu» ou «Lún-iù». Icône Haut
  3. «L’Invariable Mi­lieu». Icône Haut
  1. p. 7. Icône Haut
  2. En chi­nois 孔夫子. Par­fois trans­crit Cong fou tsëe, K’ong fou-tse, K’oung fou tseu, Khoung-fou-dze, Kung--dsü, Kung fu-tzu ou Kong­fuzi. Icône Haut

« Contes d’Ise, “Ise monogatari” »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion de l’«Ise mo­no­ga­tari» 1Ré­cits d’Ise»). Ce re­cueil de cent vingt-cinq est le ré­sul­tat d’une ac­ti­vité très re­mar­quable à la­quelle les se li­vraient au­tre­fois (Xe siècle apr. J.-C.), la­quelle consis­tait à si­tuer tel ou tel poème, en en don­nant l’, en en fai­sant connaître la des­ti­na­tion, le but, l’humeur, en in­di­quant en un mot toutes les cir­cons­tances de sa com­po­si­tion, quitte à en­jo­li­ver, à in­ven­ter. En ce -là, la fai­sait bel et bien par­tie de l’art du quo­ti­dien. Que ce fût pour en­voyer un ca­deau, pour écrire un billet doux, un mot d’excuse, pour briller dans la conver­sa­tion, pour ex­pri­mer des condo­léances ou en­core une prière aux , tout le avait eu maintes et maintes fois l’occasion d’improviser un poème. «Mais quand tout le monde est poète», dit M.  2, «les bons n’en sont que plus rares et que plus pri­sés, et l’on ne man­quera pas de guet­ter et de re­le­ver la moindre de qui­conque se sera fait une ré­pu­ta­tion en la . Et sur­tout, l’on se dé­lec­tera à en par­ler, à se ré­pé­ter et à com­men­ter l’histoire de chaque poème.» Dès l’ «Man-yô-shû», les vers étaient in­sé­pa­rables d’une en prose, qui les si­tuait. Il suf­fi­sait d’agrandir cette nar­ra­tion, d’en soi­gner la forme, d’en faire un conte ou une ga­lante, par exemple, pour ob­te­nir un genre nou­veau : l’«uta-mo­no­ga­tari» 3 (le «ré­cit cen­tré au­tour d’un poème»). C’est pré­ci­sé­ment cette tra­di­tion de l’«uta-mo­no­ga­tari» qui at­teint sa dans le «Ya­mato mo­no­ga­tari» et dans l’«Ise mo­no­ga­tari». Un siècle plus tard, le mé­lange de cette tra­di­tion avec celle du abou­tira, sous le pin­ceau de la dame , au som­met le plus haut at­teint par la  : le «Dit du genji».

  1. En ja­po­nais «伊勢物語». Au­tre­fois trans­crit «Icé mo­no­ga­tari» ou «Içé mo­no­ga­tari». Icône Haut
  2. «Pré­face aux de Ya­mato”», p. 10. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 歌物語. Au­tre­fois trans­crit «ou­ta­mo­no­ga­tari». Icône Haut

« Contes de Yamato »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Contes et Romans du Moyen Âge-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. et Ro­mans du -Les Œuvres ca­pi­tales de la , Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion du «Ya­mato mo­no­ga­tari» 1Ré­cits de Ya­mato»). Ce re­cueil de cent soixante-treize est le ré­sul­tat d’une ac­ti­vité très re­mar­quable à la­quelle les se li­vraient au­tre­fois (Xe siècle apr. J.-C.), la­quelle consis­tait à si­tuer tel ou tel poème, en en don­nant l’, en en fai­sant connaître la des­ti­na­tion, le but, l’humeur, en in­di­quant en un mot toutes les cir­cons­tances de sa com­po­si­tion, quitte à en­jo­li­ver, à in­ven­ter. En ce -là, la fai­sait bel et bien par­tie de l’art du quo­ti­dien. Que ce fût pour en­voyer un ca­deau, pour écrire un billet doux, un mot d’excuse, pour briller dans la conver­sa­tion, pour ex­pri­mer des condo­léances ou en­core une prière aux , tout le avait eu maintes et maintes fois l’occasion d’improviser un poème. «Mais quand tout le monde est poète», dit M.  2, «les bons n’en sont que plus rares et que plus pri­sés, et l’on ne man­quera pas de guet­ter et de re­le­ver la moindre de qui­conque se sera fait une ré­pu­ta­tion en la . Et sur­tout, l’on se dé­lec­tera à en par­ler, à se ré­pé­ter et à com­men­ter l’histoire de chaque poème.» Dès l’ «Man-yô-shû», les vers étaient in­sé­pa­rables d’une en prose, qui les si­tuait. Il suf­fi­sait d’agrandir cette nar­ra­tion, d’en soi­gner la forme, d’en faire un conte ou une ga­lante, par exemple, pour ob­te­nir un genre nou­veau : l’«uta-mo­no­ga­tari» 3 (le «ré­cit cen­tré au­tour d’un poème»). C’est pré­ci­sé­ment cette tra­di­tion de l’«uta-mo­no­ga­tari» qui at­teint sa dans le «Ya­mato mo­no­ga­tari» et dans l’«Ise mo­no­ga­tari». Un siècle plus tard, le mé­lange de cette tra­di­tion avec celle du abou­tira, sous le pin­ceau de la dame , au som­met le plus haut at­teint par la lit­té­ra­ture ja­po­naise : le «Dit du genji».

  1. En ja­po­nais «大和物語». Icône Haut
  2. p. 10. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 歌物語. Au­tre­fois trans­crit «ou­ta­mo­no­ga­tari». Icône Haut

« Le Chant de la fidèle Chunhyang »

éd. Zulma, Paris

éd. Zulma, Pa­ris

Il s’agit du «Chant de Chun­hyang» («Chun­hyang-ga» 1) ou « de Chun­hyang» («Chun­hyang-jŏn» 2), lé­gende fort cé­lèbre en et chan­tée dans les ré­jouis­sances po­pu­laires. Elle traite de l’ entre Chun­hyang 3Par­fum de prin­temps»), fille d’une an­cienne cour­ti­sane, et Mon­gryong 4Rêve de dra­gon»), fils d’un noble gou­ver­neur. Au mo­ment où les com­men­çaient à s’épanouir, le jeune Mon­gryong était oc­cupé à lire dans la bi­blio­thèque de son père. Ayant in­ter­rompu son tra­vail pour se pro­me­ner, il vit la jeune Chun­hyang en train de faire de la ba­lan­çoire : «Elle sai­sit la corde de ses dé­li­cates mains, monta sur la planche et s’envola… Vue de face, elle était l’hirondelle qui plonge pour at­tra­per au vol un pé­tale de fleur de pê­cher qui glisse sur le sol. De dos, elle sem­blait un pa­pillon mul­ti­co­lore qui s’éloigne à la de sa com­pagne» 5. Mon­gryong tomba aus­si­tôt amou­reux d’elle, et elle de lui. À cause de la dif­fé­rence dans leur condi­tion et dans leur for­tune, ils s’épousèrent en ca­chette. Sur ces en­tre­faites, le père de Mon­gryong fut ap­pelé à la ca­pi­tale, où son fils fut obligé de le suivre. Leur suc­ces­seur, «bru­tal et em­porté» 6, vou­lut ache­ter les fa­veurs de Chun­hyang, mais celle-ci lui ré­sista, fi­dèle à son loin­tain époux, si bien qu’elle fut tor­tu­rée et em­pri­son­née. Je ne di­rai rien de la fin de l’histoire, si­non qu’elle est heu­reuse. Le du «Chant de Chun­hyang» lui vient de ce qu’il osait par­ler tout haut d’amour en cette Co­rée de l’ où les jeunes cœurs étouf­faient sous le poids de l’autorité, et où le était une af­faire de , trai­tée entre , sans que les conjoints aient la moindre au cha­pitre. Certes, je l’avoue : l’intrigue est naïve, les ca­rac­tères — vieillis, le — mal­adroit; mais, sous tout cela, on sent l’ des grands du . Leurs bons et purs ont passé à tra­vers cette œuvre. Ils l’ont vi­vi­fiée au­tre­fois; ils la sou­tiennent en­core aujourd’hui, car le «Chant de Chun­hyang» conti­nue d’être re­pré­senté dans la ville de Nam­won 7, qui est celle de la jeune hé­roïne. Il s’y tient chaque an­née un grand fes­ti­val au­quel par­ti­cipent les meilleurs «myeong­chang» 8maîtres »). On dit que cer­tains d’entre eux, «afin de don­ner à leur voix la de l’expressivité… vont jusqu’à cra­cher du » 9 de­vant une foule qui les paie am­ple­ment en san­glots et en ap­plau­dis­se­ments.

  1. En «춘향가». Icône Haut
  2. En co­réen «춘향전». Au­tre­fois trans­crit «Tchyoun hyang tjyen», «Tchoun-hyang-djun», «Tchun hyang djŏn», «Choon hyang jyn», «Chun hyang chun», «Chun-hyang-jun», «Ch’unhyang chŏn» ou «Chun­hyang­jeon». Icône Haut
  3. En co­réen 춘향. Icône Haut
  4. En co­réen 몽룡. Icône Haut
  5. p. 25. Icône Haut
  1. p. 81. Icône Haut
  2. En co­réen 남원. Au­tre­fois trans­crit Nam-Hyong. Icône Haut
  3. En co­réen 명창. Icône Haut
  4. Mee-jeong Lee, «Le Pan­sori : un art ly­rique co­réen». Icône Haut