CatégorieTrès bons ouvrages

« Menoutchehri : poète persan du XIe siècle de notre ère »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) d’Abou-n-Nedjm Ah­med1, plus connu sous le sur­nom de Me­nout­chehri2. La rai­son de son sur­nom est qu’au dé­but de sa car­rière il com­po­sait des louanges en l’honneur de l’émir Me­nout­chehr. Cet émir mou­rut en l’an 1029 apr. J.-C. et Me­nout­chehri ajouta la lettre « i » pour in­di­quer le rap­port gram­ma­ti­cal entre sa per­sonne et celle de l’objet de ses louanges. Plus tard, il fut re­mar­qué par le sul­tan Mah­moud de Ghaznî et de­vint le poète fa­vori de son fils et suc­ces­seur Mas’oud. Ses poé­sies, qui ap­par­tiennent à l’aube de la lit­té­ra­ture per­sane, n’offrent au­cune trace de ce mys­ti­cisme des sou­fis qui va bien­tôt en­va­hir tout l’Orient. Il est même à re­mar­quer que Me­nout­chehri est exempt de toute teinte re­li­gieuse ou sec­taire, et qu’il n’a été l’imitateur de per­sonne : « En plu­sieurs points, il est ori­gi­nal et n’a suivi… la trace de ses pré­dé­ces­seurs en poé­sie, mais on trouve chez lui des re­flets d’Abou-Nowâs. Bien que ré­pé­tée plus d’une fois, l’allégorie sur la nais­sance du vin ne manque pas d’originalité. Une autre [poé­sie] sur la cam­pagne du [Prin­temps] contre l’Hiver doit être si­gna­lée comme conçue avec un cer­tain art, et la fin de cette pièce comme pleine d’élan et de brio », ex­plique Al­bert de Bi­ber­stein Ka­zi­mirski3. Mais le plus beau mé­rite de Me­nout­chehri, la plus belle conquête qu’on lui doit, c’est d’avoir ins­piré à Omar Khayyam les vers fa­meux qui suivent :

« Quand je mour­rai, la­vez mon corps avec du vin
Pour prières, louez pour moi les coupes pleines
Au jour de la ré­sur­rec­tion, si vous dé­si­rez me re­voir
Ta­mi­sez la pous­sière du seuil de la ta­verne
 »4

et qui font écho aux siens :

« Ô mes nobles amis, lorsque je mour­rai, la­vez mon corps du plus rouge vin.
Com­po­sez-en les aro­mates des pé­pins de rai­sin et faites mon suaire des feuilles de la vigne.
Creu­sez pour moi une tombe à l’ombre de la vigne, afin que la meilleure des places soit ma de­meure.
Le jour où Dieu me por­tera au pa­ra­dis, je de­man­de­rai à mon bien­fai­teur un ruis­seau plein de vin
 »

  1. En per­san ابوالنجم احمد. Par­fois trans­crit Ab’onnajm Ah­mad, Aboul Nedjm Ah­med, Abu al-Naim Ah­mad, Abou’n-Nadjm Ah­mad, Abun­najm Ah­mad ou Abu-Najm Ah­mad. Haut
  2. En per­san منوچهری. Par­fois trans­crit Me­nout­chehry, Ma­nut­schehri, Me­nu­chehri, Me­nu­çehrî, Ma­nut­chehri, Ma­noo­chehri, Ma­nu­cheri, Ma­nu­chehri, Ma­nučehri, Ma­nou­chehri, Ma­nout­cheri, Ma­nout­chehri, Mi­nout­chehri, Mi­nu­cheri, Minút­chehri, Manūčihrī, Ma­nu­chihri ou Minū­chihrī. Haut
  1. p. 147. Haut
  2. « Les “Rubâ’iyât” ; ver­sion fran­çaise par Pierre Se­ghers », p. 42. Haut

Malot, « Le Mousse »

éd. du Rocher, Monaco

éd. du Ro­cher, Mo­naco

Il s’agit du « Mousse » d’Hector Ma­lot, ro­man­cier fran­çais (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. « Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la vie, ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de vé­rité et d’humanité, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux », dit une jour­na­liste1, « et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “Co­mé­die hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot ! Quel dés­in­té­res­se­ment ! » Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même car­rière. C’est mi­racle que les ma­nuels de ju­ris­pru­dence qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le « Ro­land fu­rieux » de l’Arioste ; le « Gil Blas » de Le­sage ; un Mo­lière com­plet ; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les livres étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. « Com­bien d’heures », dit-il2, « ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’imagination al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte ! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert moi-même, le sup­plice des livres en­nuyeux. »

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, « Le Dî­ner des gens de lettres », p. 23. Haut
  1. « Le Ro­man de mes ro­mans », p. 24-25. Haut

Malot, « En famille »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’« En fa­mille » d’Hector Ma­lot, ro­man­cier fran­çais (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. « Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la vie, ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de vé­rité et d’humanité, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux », dit une jour­na­liste1, « et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “Co­mé­die hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot ! Quel dés­in­té­res­se­ment ! » Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même car­rière. C’est mi­racle que les ma­nuels de ju­ris­pru­dence qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le « Ro­land fu­rieux » de l’Arioste ; le « Gil Blas » de Le­sage ; un Mo­lière com­plet ; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les livres étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. « Com­bien d’heures », dit-il2, « ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’imagination al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte ! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert moi-même, le sup­plice des livres en­nuyeux. »

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, « Le Dî­ner des gens de lettres », p. 23. Haut
  1. « Le Ro­man de mes ro­mans », p. 24-25. Haut

Malot, « Sans famille »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de « Sans fa­mille » d’Hector Ma­lot, ro­man­cier fran­çais (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. « Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la vie, ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de vé­rité et d’humanité, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux », dit une jour­na­liste1, « et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “Co­mé­die hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot ! Quel dés­in­té­res­se­ment ! » Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même car­rière. C’est mi­racle que les ma­nuels de ju­ris­pru­dence qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le « Ro­land fu­rieux » de l’Arioste ; le « Gil Blas » de Le­sage ; un Mo­lière com­plet ; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les livres étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. « Com­bien d’heures », dit-il2, « ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’imagination al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte ! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans ? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert moi-même, le sup­plice des livres en­nuyeux. »

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, « Le Dî­ner des gens de lettres », p. 23. Haut
  1. « Le Ro­man de mes ro­mans », p. 24-25. Haut

Miyazawa, « Les Astres Jumeaux »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Fiction étrangère, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. Fic­tion étran­gère, Pa­ris

Il s’agit des « Astres Ju­meaux » (« Fu­tago no ho­shi »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « 双子の星 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

« L’Ami qui venait de l’an mil : Su Dongpo (1037-1101) »

éd. Gallimard, coll. L’Un et l’Autre, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Un et l’Autre, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des poèmes de Su Shi1, plus connu sous le so­bri­quet de Su Dongpo2 (« Su de la Pente de l’Est »), du nom de la par­celle sur la­quelle il construit en 1082 apr. J.-C. la Salle des Neiges qui lui tient lieu de ca­bi­net : « Sur un flanc de la Pente de l’Est, Maître Su ac­quit un po­ta­ger aban­donné. Il l’aménagea, l’entoura de murs et y construi­sit une pièce d’audience qu’il nomma sur un pan­neau ho­ri­zon­tal la Salle des Neiges3. Il avait peint sur les quatre pa­rois… un pay­sage d’hiver in­in­ter­rompu. Qu’il se le­vât, s’assît, mon­tât et des­cen­dît, re­gar­dât tout l’espace ou fur­ti­ve­ment, tout n’était que neiges. Maître Su y ré­si­dait et il avait vrai­ment trouvé là sa place dans le monde »4. Poète, pro­sa­teur, peintre à ses heures, Su Dongpo a porté à la per­fec­tion l’impression d’aisance et de na­tu­rel que dé­gage la poé­sie chi­noise sous le règne des Song5. Cette im­pres­sion est due à la spon­ta­néité des pen­sées ex­pri­mées, à la conci­sion des images — simples sug­ges­tions don­nant uni­que­ment les traits les plus es­sen­tiels pour pro­vo­quer l’effet voulu :

« La vie de l’homme :
L’empreinte d’une oie sau­vage sur la neige.
En­volé, l’oiseau est déjà loin
 »

  1. En chi­nois 蘇軾. Au­tre­fois trans­crit Su Shih, Su She ou Sou Che. Haut
  2. En chi­nois 蘇東坡. Au­tre­fois trans­crit Su Dongbo, Su Tung po, Sou Toung-po, Sou Tong-p’o ou Sou Tong-p’ouo. Haut
  3. En chi­nois 雪堂. Haut
  1. « Com­mé­mo­ra­tions », p. 276. Haut
  2. De l’an 960 à l’an 1279. Haut

Miyazawa, « Le Bureau des chats : contes »

éd. Ph. Picquier, coll. Picquier poche, Arles

éd. Ph. Pic­quier, coll. Pic­quier poche, Arles

Il s’agit du « Bu­reau des chats » (« Neko no ji­mu­sho »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « 猫の事務所 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

Miyazawa, « Les Pieds nus de lumière : nouvelles »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Fiction-Domaine étranger, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. Fic­tion-Do­maine étran­ger, Pa­ris

Il s’agit des « Pieds nus de lu­mière » (« Hi­kari no sua­shi »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « ひかりの素足 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

Miyazawa, « Le Train de la Voie lactée »

éd. Critérion, Paris

éd. Cri­té­rion, Pa­ris

Il s’agit d’« Op­bel et l’Éléphant » (« Ot­su­beru to zô »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « オツベルと象 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

Miyazawa, « Traversée de la neige : nouvelles »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Motifs, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. Mo­tifs, Pa­ris

Il s’agit de la « Tra­ver­sée de la neige » (« Yuki wa­tari »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « 雪渡り ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

Miyazawa, « Le Coquillage de feu et Autres Contes »

éd. L’Harmattan, coll. Lettres asiatiques, Paris

éd. L’Harmattan, coll. Lettres asia­tiques, Pa­ris

Il s’agit du « Feu du co­quillage » (« Kai no hi »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « 貝の火 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

Miyazawa, « Les Fruits du [ginkgo] : nouvelles »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Fiction-Domaine étranger, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. Fic­tion-Do­maine étran­ger, Pa­ris

Il s’agit des « En­fants-Fruits du ginkgo » (« Ichô no mi »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « いちょうの実 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut

Miyazawa, « Le Diamant du Bouddha : nouvelles »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Motifs, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. Mo­tifs, Pa­ris

Il s’agit du « Dia­mant du Boud­dha » (« Jû­riki no kon­gô­seki »1) et autres contes de Kenji Miya­zawa2, écri­vain ja­po­nais, très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la jeu­nesse, en mê­lant le monde des hommes à ce­lui des ani­maux ou des es­prits ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la vie, avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la na­ture, émo­tions qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du Ja­pon. « Ce que je ra­conte », dit Miya­zawa, « je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en-ciel et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, moi non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table. »3 Miya­zawa était le fils aîné d’une fa­mille de cinq en­fants. La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un com­merce de vê­te­ments d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier ; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit « Le Lo­tus de la bonne loi », texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : « Lorsque j’oublie mon exis­tence dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel bon­heur ! » Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la mort pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais « 十力の金剛石 ». Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Haut
  1. « Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes » (« 注文の多い料理店 »), avant-pro­pos. Haut