Icône CatégorieOuvrages peu soignés ou mal finis

Alloula, « Les Généreux • Les Dires • Le Voile »

éd. Actes Sud, coll. Papiers, Arles

éd. Actes Sud, coll. Pa­piers, Arles

Il s’agit des «Gé­né­reux» («El Ajouad» 1) et autres pièces de M.  2, dra­ma­turge (XXe siècle). «Ab­del­ka­der était pas­sionné de », dit M. Gil­bert Grand­guillaume 3, «et il fal­lait l’être pour s’y lan­cer dans les an­nées Bou­me­diene 4, une pé­riode où la po­lice mi­li­taire était om­ni­pré­sente, la cen­sure gé­né­ra­li­sée, l’ ta­tillonne et déjà cor­rom­pue… Nul ne sait qui a armé la main des deux ir­res­pon­sables qui l’ont as­sas­siné le 10 mars 1994 à Oran alors qu’il sor­tait de sa mai­son.» Ce jour-là, l’ a perdu un qui avait saisi le sens pro­fond de la , qui œu­vrait à don­ner à son pays un théâtre qui fût com­pris de tous et qui em­prun­tât ses formes aux tra­di­tions sé­cu­laires. Car, pa­ral­lè­le­ment au théâtre de type oc­ci­den­tal, qu’on consom­mait en salle fer­mée et dans les , les po­pu­la­tions ru­rales de l’Algérie conti­nuaient à pra­ti­quer un théâtre tra­di­tion­nel : ce­lui de la «» 5an­neau»). La re­pré­sen­ta­tion de ce théâ­tral se dé­rou­lait en plein air, gé­né­ra­le­ment les jours de mar­ché. Les spec­ta­teurs s’asseyaient à même le sol, épaule contre épaule, et for­maient ainsi un cercle al­lant de cinq à douze mètres de dia­mètre. À l’intérieur de ce cercle, évo­luait seul le «med­dah» 6conteur»), qui était à la fois l’acteur et l’auteur, in­ter­pré­tant à sa fa­çon toutes sortes de . Un ac­ces­soire or­di­naire — sa cape, ses chaus­sures ou une en­tre­po­sée au centre de l’ théâ­tral — de­ve­nait pour les au­di­teurs, sous l’emprise de son verbe ma­gique, une source em­poi­son­née, une bête fé­roce bles­sée ou une épouse aban­don­née. «Après l’indépendance na­tio­nale… les pre­mières trans­for­ma­tions pro­je­tèrent l’activité théâ­trale [vers les cam­pagnes]. Les re­pré­sen­ta­tions se don­naient en plein air, au grand jour, gra­tui­te­ment et sur toutes sortes d’espaces : cours d’écoles, chan­tiers de agri­coles en construc­tion, ré­fec­toires à l’intérieur d’usines… C’est pré­ci­sé­ment dans ce grand en­thou­siasme, dans ce grand dé­pla­ce­ment vers les masses la­bo­rieuses… que notre ac­ti­vité théâ­trale de type [oc­ci­den­tal] a ré­vélé ses li­mites. En ef­fet, les nou­veaux pay­sans ou d’origine pay­sanne avaient des com­por­te­ments cultu­rels propres face à la re­pré­sen­ta­tion théâ­trale. Les spec­ta­teurs s’asseyaient à même le sol, et for­maient na­tu­rel­le­ment une “halqa” au­tour de notre dis­po­si­tif scé­nique… Cer­tains spec­ta­teurs tour­naient fran­che­ment le dos à la de jeu pour mieux écou­ter le texte», dit M. Al­loula 7. Le mou­ve­ment théâ­tral de M. Al­loula, mal­gré ses li­mites et les obs­tacles qui ja­lon­nèrent son iti­né­raire, contri­bua ainsi pour une part ap­pré­ciable à la ar­tis­tique de l’Algérie.

  1. En «الأجواد». Par­fois trans­crit «El-Ad­jouad», «El Aǧwād» ou «El Agouad». Icône Haut
  2. En arabe عبد القادر علولة. Icône Haut
  3. «Ab­del­ka­der Al­loula, un homme de culture al­gé­rienne», p. 10-11. Icône Haut
  4. Les an­nées 1970. Icône Haut
  1. En arabe حلقة. Icône Haut
  2. En arabe مداح. Icône Haut
  3. «La Re­pré­sen­ta­tion de type non aris­to­té­li­cien dans l’activité théâ­trale en Al­gé­rie», p. 126-128. Icône Haut

Shen Fu, « Récits d’une vie fugitive : mémoires d’un lettré pauvre »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Six Ré­cits au fil in­cons­tant des jours» 1 sheng liu ji» 2) de Shen Fu 3. Ces six ré­cits — qui, en , ne sont que quatre, les deux der­niers n’étant pas jusqu’à nous — consti­tuent un mo­nu­ment élevé par Shen Fu à la de Yun, son épouse dé­funte. «C’était le 30 mars 1803», dit-il 4. «Sa main agrip­pant la mienne, Yun vou­lut par­ler…; mais, sans forces, elle ne put que ré­pé­ter dans un souffle : “lai shi, lai shi”… “l’ fu­ture”… 5 Sou­dain, elle ha­leta, sa mâ­choire se rai­dit et son di­laté prit une fixité sai­sis­sante. Je l’appelai et l’appelai de nou­veau et en­core; mais en vain. Elle ne pou­vait plus pro­fé­rer une . Deux ruis­seaux de larmes conti­nuèrent à cou­ler le long de ses joues. Bien­tôt, son souffle s’affaiblit, ses larmes se ta­rirent et en­fin son s’éteignit.» Ce sont des ré­cits uniques jusque-là dans la par leurs pe­tits faits exacts et par leurs dé­tails fa­mi­liers sur la conju­gale. Nous nous trou­vons in­tro­duits, sans pré­ten­tion et en toute sim­pli­cité, dans l’intimité d’un pauvre let­tré qui ma­nie la clas­sique d’une ma­nière certes mal­ha­bile, mais dont l’austère sin­cé­rité nous émeut par­fois : «Mon re­gret», dit-il 6, «est de n’avoir reçu, étant en­fant, qu’une ins­truc­tion in­com­plète et d’être borné dans mes connais­sances. Aussi, ne re­la­te­rai-je, sans or­ne­ment, que des vrais et des faits réels. Re­cher­cher le dans ce que j’écris se­rait comme exi­ger l’éclat d’un non poli». Pa­ra­doxa­le­ment, c’est ce ca­rac­tère or­di­naire de Shen Fu qui fait son ex­tra­or­di­naire et qui est la ma­jeure du que connut son ou­vrage de­puis qu’il a été trouvé sur l’étal d’un bro­can­teur en 1849.

  1. Au­tre­fois tra­duit «Six Cha­pitres d’une vie flot­tante» ou «Six Mé­moires sur une vie flot­tante». Icône Haut
  2. En «浮生六記». Au­tre­fois trans­crit «Fou-cheng lieou-ki» ou «Fou­sheng liuji». Titre em­prunté au poème «Chun ye yan li yuan xu» («春夜宴桃李園序») de Li Po : «L’univers n’est que [la halte] des créa­tures, et le — l’hôte pro­vi­soire de l’éternité; “au fil in­cons­tant des jours”, notre vie n’est qu’un songe», etc. Icône Haut
  3. En chi­nois 沈復. Au­tre­fois trans­crit Chen Fou. Icône Haut
  1. p. 98. Icône Haut
  2. En chi­nois 來世. C’est, se­lon les croyances boud­dhiques, l’existence qui vient im­mé­dia­te­ment après l’existence ac­tuelle. Icône Haut
  3. p. 21. Icône Haut

Béliaev, « La Tête du professeur Dowell : roman »

éd. Langues & Mondes-L’Asiathèque, Paris

éd. Langues & Mondes-L’Asiathèque, Pa­ris

Il s’agit du «La Tête du pro­fes­seur Do­well» d’ 1, un des seuls à avoir consa­cré toute son œuvre à la science-. Il y a un épi­sode tra­gique dans la de Bé­liaev sans le­quel nous ne com­pren­drions ja­mais que la moi­tié de cet écri­vain; sans le­quel un côté de cet nous échap­pe­rait tou­jours. Un après-midi, le gar­çon qui por­tait le pré­nom or­di­naire d’Alexandre, eut le ex­tra­or­di­naire de s’envoler dans les airs. Aus­si­tôt dé­cidé, aus­si­tôt fait. Il at­ta­cha des ba­lais à ses bras, monta sur le toit de la grange, et presque sans hé­si­ta­tion… sauta en bas. Loin de trou­ver le saut désa­gréable, il en fit, tout ex­cité, un se­cond et un troi­sième; mais au der­nier, il se frac­tura la co­lonne ver­té­brale et fut cloué au lit. Il sem­bla en voie de ; mais en 1916 se dé­clara une tu­ber­cu­lose os­seuse — ma­la­die grave, dont les at­taques dou­lou­reuses l’obligèrent à por­ter un cor­set or­tho­pé­dique jusqu’à la fin de sa vie. Rien ne put ar­rê­ter, ce­pen­dant, l’envol de son . Af­fran­chir les hommes des li­mites que la leur a po­sées, dans l’espoir — illu­soire sans — que cet af­fran­chis­se­ment les ren­drait maîtres de leur des­tin, telle fut l’ambition de Bé­liaev en­fermé entre les quatre murs de sa chambre d’hôpital. Ainsi, «La Tête du pro­fes­seur Do­well» («Go­lova pro­fes­sora Dooué­lia» 2) dé­bar­rasse l’esprit hu­main du ; «L’Homme qui ne dort ja­mais» («Tché­lo­vek, ko­to­ryi né spit» 3) le li­bère du som­meil; «Le Maître du » («Vlas­té­line mira» 4) en­vi­sage la brillante pers­pec­tive de l’homme de­venu té­lé­pathe; «L’Homme am­phi­bie» («Tché­lo­vek-am­fi­bia» 5) dé­crit le pre­mier pois­son parmi les hommes ou le pre­mier homme parmi les pois­sons : «L’idée est tou­jours la même», dit Bé­liaev dans ce ro­man, son plus im­por­tant et son plus cé­lèbre, «l’être hu­main n’est pas par­fait. Tout en ayant ac­quis au cours de l’ bon nombre d’avantages en com­pa­rai­son de ses pré­da­teurs , [il] a dans le même perdu beau­coup de ce qu’il pos­sé­dait dans les stades plus an­ciens de son dé­ve­lop­pe­ment… Pour­quoi ne pas rendre à l’être hu­main [ces] fa­cul­tés?»

  1. En Александр Беляев. Par­fois trans­crit Bel­jaev, Be­lyaev, Be­lâev, Be­lyayev, Bel­ja­jew, Bel­ja­jev, Be­liaew ou Bé­liaïev. Icône Haut
  2. En russe «Голова профессора Доуэля». Icône Haut
  3. En russe «Человек, который не спит», in­édit en . Icône Haut
  1. En russe «Властелин мира», in­édit en fran­çais. Icône Haut
  2. En russe «Человек-амфибия». Icône Haut

« Élégies de Chu, “Chu ci” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Élé­gies de Chu» («Chu ci» 1), re­cueil de vingt-cinq ou poé­sies ly­riques, dont les plus cé­lèbres furent com­po­sées par Qu Yuan 2 (IIIe siècle av. J.-C.) et par son dis­ciple Song Yu 3 (IIe siècle av. J.-C.). Au point de vue de la forme, les «Élé­gies de Chu» se dis­tinguent par le re­tour in­va­riable d’une sorte d’interjection plain­tive, «xi!» 4, qui se ré­pète tous les deux vers. Quant au fond, elles n’ont d’autre but que ce­lui d’exhaler des plaintes, et de re­pro­cher au roi de Chu la faute qu’il com­mit en congé­diant Qu Yuan. On ra­conte que ce mal­heu­reux poète avait une conduite exem­plaire; c’est pour­quoi il aima mieux mou­rir que de res­ter dans l’entourage cor­rompu du roi. Il s’en éloi­gna donc, et par­venu aux bords de la ri­vière Mi Luo 5, il erra long­temps se par­lant à lui-même : il avait dé­noué ses che­veux en signe de et les lais­sait tom­ber sur son vi­sage amai­gri. Un pê­cheur le ren­con­trant dans cet état lui dit : «N’es-tu pas ce­lui que l’on croyait un des plus grands de l’Empire? Com­ment donc en es-tu ré­duit à une pa­reille si­tua­tion?» Qu Yuan ré­pon­dit : «Le en­tier est dans le désordre; seul, j’ai conservé ma pu­reté. Tous se sont as­sou­pis dans l’ivresse; moi seul, je suis resté vi­gi­lant. Voilà pour­quoi je suis é». Le pê­cheur dit : «Le vé­ri­table ne se laisse em­bar­ras­ser par au­cune chose et sait vivre avec son siècle. Si le monde en­tier est dans le désordre, pour­quoi ne sais-tu pas t’en ac­com­mo­der?…» Qu Yuan ré­pon­dit : «J’ai en­tendu dire que ce­lui qui vient de se pu­ri­fier dans un bain, prend soin de se­couer la pous­sière de son bon­net et de chan­ger de . Quel vou­drait donc, quand il est pur, se lais­ser souiller au contact de ce qui ne l’est pas? J’aime mieux cher­cher la dans les eaux de cette ri­vière et ser­vir de pâ­ture aux pois­sons…» Il écri­vit alors un der­nier poème, et ser­rant une grosse contre sa poi­trine, il se pré­ci­pita dans la ri­vière Mi Luo.

  1. En chi­nois «楚辭». Au­tre­fois trans­crit «Tsou-tse», «Tch’ou ts’eu» ou «Chu tzu». Icône Haut
  2. En chi­nois 屈原. Au­tre­fois trans­crit Kiu-youen, K’iu-yuen, K’iu Yuan, K’üh Yüan, Chhu Yuan ou Ch’ü Yüan. Icône Haut
  3. En chi­nois 宋玉. Au­tre­fois trans­crit Soung-yo ou Sung Yü. Icône Haut
  1. En chi­nois . Icône Haut
  2. En chi­nois 汩羅. Cette ri­vière, dans le Hu­nan, est for­mée par la confluence de la Mi et de la Luo. Icône Haut

Mao Tsé-toung, « Poésies complètes »

éd. Parti pris, Montréal

éd. Parti pris, Mont­réal

Il s’agit des poèmes au­to­bio­gra­phiques de Mao Tsé-toung 1. Alors que son «Pe­tit Livre rouge» a été pu­blié à des cen­taines de mil­lions d’exemplaires; alors que des trai­tés théo­riques aussi in­si­pides, avouons-le, que ses «De la pra­tique» et «De la contra­dic­tion» ont été les Bibles d’un mil­liard de ; ce que Mao Tsé-toung a écrit de plus beau peut-être a été le moins im­primé : ses poèmes. Ils sont l’œuvre d’un qui fut d’abord bi­blio­thé­caire, cal­li­graphe, stra­tège de la Longue Marche, avant d’être le fa­na­tique re­li­gieux d’une qui se pré­ten­dra mar­xiste et ne le sera ja­mais le moins du . En dé­pit de leur ca­rac­tère na­tio­nal, et même na­tio­na­liste, Mao Tsé-toung hé­sita lon­gue­ment avant de di­vul­guer ces poèmes : sans tra­his­saient-ils quelque op­po­si­tion, et même quelque dé­chi­re­ment, dans la du chef d’État qu’il était de­venu : «Je n’ai ja­mais é qu’ils soient of­fi­ciel­le­ment pu­bliés», se jus­ti­fie-t-il 2, «à cause de leur an­tique; et j’ai de se­mer une mau­vaise graine, qui pour­rait in­fluen­cer de fa­çon in­cor­recte notre . En outre, il y a dans mon tra­vail très peu de , et rien que de très or­di­naire». Re­pla­cés sur la carte, ces poèmes jouent le rôle de stèles éri­gées en des lieux don­nés, pour sou­li­gner, com­mé­mo­rer, cé­lé­brer la geste ré­vo­lu­tion­naire de Mao Tsé-toung, de­puis son dé­part du vil­lage na­tal :

«Fra­giles images de mon dé­part — mau­dite l’ qui passe! —
Du vieux jar­din, il y a trente-deux ans
Le dra­peau rouge alors s’enroulait aux lances des serfs
Et les mains noires te­naient haut le fouet des ty­rans
» 3

jusqu’à son re­tour aux monts Jing gang 4, qui avaient servi de pre­mier bas­tion de l’Armée rouge et de ber­ceau de la ré­vo­lu­tion com­mu­niste

  1. En chi­nois 毛澤東. Par­fois trans­crit Mao Tsö-tong, Mao Tsö-toung, Mao Tse-tung, Mao Ce Dun, Mao Ce-tung, Mao Ze­tong, Mao Tze Dong ou Mao Ze­dong. Icône Haut
  2. Dans le nu­méro inau­gu­ral de la re­vue «Shi­kan» («诗刊»), c’est-à-dire «». Icône Haut
  1. p. 89. Icône Haut
  2. En chi­nois 井岡山. Icône Haut

« Le Veda : premier livre sacré de l’Inde. Tome I »

éd. Gérard et Cie, coll. Marabout université-Trésors spirituels de l’humanité, Verviers

éd. Gé­rard et Cie, coll. Ma­ra­bout uni­ver­sité- spi­ri­tuels de l’, Ver­viers

Il s’agit du «Ṛg­veda» 1, de l’«Athar­va­veda» 2 et autres por­tant le nom de Vé­das (« sa­crées») — nom dé­rivé de la même ra­cine «vid» qui se trouve dans nos mots «idée», «idole». Il est cer­tain que ces sont le plus an­cien mo­nu­ment de la lit­té­ra­ture de l’Inde (IIe mil­lé­naire av. J.-C.). On peut s’en convaincre déjà par leur désuète qui ar­rête à chaque pas in­ter­prètes et tra­duc­teurs; mais ce qui le prouve en­core mieux, c’est qu’on n’y trouve au­cune trace du culte aujourd’hui om­ni­pré­sent de Râma et de Kṛṣṇa. Je ne vou­drais pas, pour au­tant, qu’on se fasse une opi­nion trop exa­gé­rée de leur mé­rite. On a af­faire à des bribes de dé­cou­sues, à des for­mules de dé­con­cer­tantes, sortes de bal­bu­tie­ments du verbe, dont l’originalité fi­nit par aga­cer. «Les , de­puis [Abel] Ber­gaigne sur­tout, ont cessé d’admirer dans les Vé­das les pre­miers hymnes de l’humanité ou de la “race aryenne” en pré­sence [de] la … À par­ler franc, les trois quarts et demi du “Ṛg­veda” sont du ga­li­ma­tias. Les in­dia­nistes le savent et en conviennent vo­lon­tiers entre eux», dit Sa­lo­mon Rei­nach 3. La vé­dique est, en ef­fet, une rhé­to­rique bi­zarre, qui ef­fa­rouche les meilleurs sa­vants par la dis­pa­rité des images et le che­vau­che­ment des sens. Elle se com­pose de mé­ta­phores sa­cer­do­tales, com­pli­quées et obs­cures à des­sein, parce que les vé­diques, qui vi­vaient de l’autel, en­ten­daient s’en ré­ser­ver le mo­no­pole. Sou­vent, ces mé­ta­phores font, comme nous di­rions, d’une deux coups. Deux idées, as­so­ciées quelque part à une troi­sième, sont en­suite as­so­ciées l’une à l’autre, alors qu’elles hurlent de dé­goût de se voir en­semble. Voici un exemple dont l’étrangeté a, du moins, une sa­veur my­tho­lo­gique : Le «soma» («li­queur cé­leste») sort de la nuée. La nuée est une vache. Le «soma» est donc un lait, ou plu­tôt, c’est un beurre qui a des «pieds», qui a des «sa­bots», et qu’Indra trouve dans la vache. Le «soma» est donc un veau qui sort d’un «pis», et ce qui est plus fort, du pis d’un mâle, par suite de la sub­sti­tu­tion du mot «nuée» avec le mot «nuage». De là, cet hymne :

«Voilà le nom se­cret du beurre :
“Langue des ”, “nom­bril de l’immortel”.
Pro­cla­mons le nom du beurre,
Sou­te­nons-le de nos hom­mages en ce !…
Le buffle aux quatre cornes l’a ex­crété.
Il a quatre cornes, trois pieds…
Elles jaillissent de l’océan spi­ri­tuel,
Ces cou­lées de beurre cent fois en­closes,
In­vi­sibles à l’ennemi. Je les consi­dère :
La verge d’ est en leur mi­lieu
», etc.

  1. En «ऋग्वेद». Par­fois trans­crit «Rk Veda», «Rak-véda», «Rag­veda», «Rěg­veda», «Rik-veda», «Rick Veda» ou «Rig-ved». Icône Haut
  2. En sans­crit «अथर्ववेद». Icône Haut
  1. «Or­pheus : gé­né­rale des re­li­gions», p. 77-78. On peut joindre à cette opi­nion celle de Vol­taire : «Les Vé­das sont le plus en­nuyeux fa­tras que j’aie ja­mais lu. Fi­gu­rez-vous la “Lé­gende do­rée”, les “Confor­mi­tés de saint Fran­çois d’Assise”, les “Exer­cices spi­ri­tuels” de saint Ignace et les “Ser­mons” de Me­not joints en­semble, vous n’aurez en­core qu’une idée très im­par­faite des im­per­ti­nences des Vé­das» («Lettres chi­noises, in­diennes et tar­tares», lettre IX). Icône Haut

Malot, « La Petite Sœur »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «La Pe­tite Sœur» d’, ro­man­cier (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. «Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la , ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de et d’, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux», dit une jour­na­liste 1, «et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “ hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot! Quel dés­in­té­res­se­ment!» Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même . C’est mi­racle que les ma­nuels de qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le «Ro­land fu­rieux» de l’Arioste; le «Gil Blas» de Le­sage; un Mo­lière com­plet; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. «Com­bien d’heures», dit-il 2, «ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’ al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert -même, le sup­plice des livres en­nuyeux.»

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, «Le Dî­ner des gens de lettres», p. 23. Icône Haut
  1. «Le de mes ro­mans», p. 24-25. Icône Haut

Legouvé, « Œuvres complètes. Tome III. Poèmes et Tragédies »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de , poète et dra­ma­turge (XVIIIe siècle). Fils d’un des avo­cats les plus cé­lèbres de Pa­ris, Le­gouvé eut des dé­buts dif­fi­ciles avant d’écrire, en moins de six se­maines, «La de Henri IV, roi de ». Il fut frappé d’une heu­reuse  : il pensa que la du roi qui avait conquis son royaume à la pointe de l’épée ne pou­vait être in­dif­fé­rente à l’Empereur qui ve­nait de sou­mettre l’; et ju­geant qu’il existe entre les hé­ros un li­gnage d’, il sol­li­cita de Na­po­léon la fa­veur de lui faire en­tendre son ou­vrage. Il re­çut une ré­ponse fa­vo­rable, et voici, d’après Jean-Ni­co­las Bouilly qui le te­nait de Le­gouvé lui-même, le ré­cit d’une en­tre­vue mé­mo­rable : «Na­po­léon ferme lui-même la porte à double tour, et dé­si­gnant un siège à l’auteur, il l’invite à s’asseoir. Le­gouvé hé­site un ins­tant, et l’Empereur re­prend avec une brusque ur­ba­nité : “Vous vou­lez donc que je reste de­bout?” La lec­ture com­mence… Bien­tôt, au ré­cit fi­dèle de la sainte qui unis­sait Henri IV et Sully, de ce si rare pour les sou­ve­rains de comp­ter sur un ami vé­ri­table, sur un cœur à toute épreuve, l’Empereur se lève, et re­gar­dant de tous cô­tés, pa­raît cher­cher le féal et brave Mon­te­bello. Res­tant alors de­bout, ap­puyé sur le dos d’un fau­teuil, il suit la lec­ture avec la plus scru­pu­leuse at­ten­tion; et lorsque Talma pro­nonce ce vers dans la bouche du Béar­nais qui pressent sa fin pro­chaine : “Je tremble! Je ne sais quel noir pres­sen­ti­ment…” Na­po­léon l’interrompt tout à coup, et dit à Le­gouvé : “J’espère que vous chan­ge­rez cette ex­pres­sion. Un roi peut trem­bler : c’est un comme un autre; mais il ne doit ja­mais le dire”. L’auteur en ef­fet y sub­sti­tue sur-le-champ : “Je fré­mis! Je ne sais…”

Legouvé, « Œuvres complètes. Tome II. Poèmes »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de , poète et dra­ma­turge (XVIIIe siècle). Fils d’un des avo­cats les plus cé­lèbres de Pa­ris, Le­gouvé eut des dé­buts dif­fi­ciles avant d’écrire, en moins de six se­maines, «La de Henri IV, roi de ». Il fut frappé d’une heu­reuse  : il pensa que la du roi qui avait conquis son royaume à la pointe de l’épée ne pou­vait être in­dif­fé­rente à l’Empereur qui ve­nait de sou­mettre l’; et ju­geant qu’il existe entre les hé­ros un li­gnage d’, il sol­li­cita de Na­po­léon la fa­veur de lui faire en­tendre son ou­vrage. Il re­çut une ré­ponse fa­vo­rable, et voici, d’après Jean-Ni­co­las Bouilly qui le te­nait de Le­gouvé lui-même, le ré­cit d’une en­tre­vue mé­mo­rable : «Na­po­léon ferme lui-même la porte à double tour, et dé­si­gnant un siège à l’auteur, il l’invite à s’asseoir. Le­gouvé hé­site un ins­tant, et l’Empereur re­prend avec une brusque ur­ba­nité : “Vous vou­lez donc que je reste de­bout?” La lec­ture com­mence… Bien­tôt, au ré­cit fi­dèle de la sainte qui unis­sait Henri IV et Sully, de ce si rare pour les sou­ve­rains de comp­ter sur un ami vé­ri­table, sur un cœur à toute épreuve, l’Empereur se lève, et re­gar­dant de tous cô­tés, pa­raît cher­cher le féal et brave Mon­te­bello. Res­tant alors de­bout, ap­puyé sur le dos d’un fau­teuil, il suit la lec­ture avec la plus scru­pu­leuse at­ten­tion; et lorsque Talma pro­nonce ce vers dans la bouche du Béar­nais qui pressent sa fin pro­chaine : “Je tremble! Je ne sais quel noir pres­sen­ti­ment…” Na­po­léon l’interrompt tout à coup, et dit à Le­gouvé : “J’espère que vous chan­ge­rez cette ex­pres­sion. Un roi peut trem­bler : c’est un comme un autre; mais il ne doit ja­mais le dire”. L’auteur en ef­fet y sub­sti­tue sur-le-champ : “Je fré­mis! Je ne sais…”

Legouvé, « Œuvres complètes. Tome I. Théâtre »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de , poète et dra­ma­turge (XVIIIe siècle). Fils d’un des avo­cats les plus cé­lèbres de Pa­ris, Le­gouvé eut des dé­buts dif­fi­ciles avant d’écrire, en moins de six se­maines, «La de Henri IV, roi de ». Il fut frappé d’une heu­reuse  : il pensa que la du roi qui avait conquis son royaume à la pointe de l’épée ne pou­vait être in­dif­fé­rente à l’Empereur qui ve­nait de sou­mettre l’; et ju­geant qu’il existe entre les hé­ros un li­gnage d’, il sol­li­cita de Na­po­léon la fa­veur de lui faire en­tendre son ou­vrage. Il re­çut une ré­ponse fa­vo­rable, et voici, d’après Jean-Ni­co­las Bouilly qui le te­nait de Le­gouvé lui-même, le ré­cit d’une en­tre­vue mé­mo­rable : «Na­po­léon ferme lui-même la porte à double tour, et dé­si­gnant un siège à l’auteur, il l’invite à s’asseoir. Le­gouvé hé­site un ins­tant, et l’Empereur re­prend avec une brusque ur­ba­nité : “Vous vou­lez donc que je reste de­bout?” La lec­ture com­mence… Bien­tôt, au ré­cit fi­dèle de la sainte qui unis­sait Henri IV et Sully, de ce si rare pour les sou­ve­rains de comp­ter sur un ami vé­ri­table, sur un cœur à toute épreuve, l’Empereur se lève, et re­gar­dant de tous cô­tés, pa­raît cher­cher le féal et brave Mon­te­bello. Res­tant alors de­bout, ap­puyé sur le dos d’un fau­teuil, il suit la lec­ture avec la plus scru­pu­leuse at­ten­tion; et lorsque Talma pro­nonce ce vers dans la bouche du Béar­nais qui pressent sa fin pro­chaine : “Je tremble! Je ne sais quel noir pres­sen­ti­ment…” Na­po­léon l’interrompt tout à coup, et dit à Le­gouvé : “J’espère que vous chan­ge­rez cette ex­pres­sion. Un roi peut trem­bler : c’est un comme un autre; mais il ne doit ja­mais le dire”. L’auteur en ef­fet y sub­sti­tue sur-le-champ : “Je fré­mis! Je ne sais…”

Kim So-wŏl, « Fleurs d’azalée »

éd. Autres temps-Les Écrits des forges, coll. Temps poétique, Marseille-Trois-Rivières

éd. Autres -Les Écrits des forges, coll. Temps , Mar­seille-Trois-Ri­vières

Il s’agit de Kim So-wŏl 1, l’un des co­réens les plus re­pré­sen­ta­tifs de l’époque de l’occupation ja­po­naise. Né et dans la gêne, il n’alla à l’école que par in­ter­mit­tence. Il compta parmi ses maîtres d’école le poète Kim Ŏk 2 qui joua un rôle dé­ci­sif en l’aidant à pu­blier ses pre­mières œuvres dans les re­vues lit­té­raires «Ch’angjo» 3Créa­tion») et «Kae­byŏk» 4Le Com­men­ce­ment du »). Bien que les thèmes de Kim So-wŏl res­semblent à ceux des réunis au­tour de ces deux re­vues, des doutes sub­sistent au su­jet de ses in­fluences exactes. En tout cas, il connais­sait les sym­bo­listes (Ver­laine, Gour­mont, Sa­main…), tra­duits et por­tés aux nues par Kim Ŏk, sous l’ des com­pi­la­tions ja­po­naises de poèmes eu­ro­péens («Mur­mures de » d’Ueda Bin, «Co­raux» de Na­gaï Kafû…) Quant à sa­voir si Kim So-wŏl était un poète de la ré­sis­tance contre l’occupant , la chose fait grand dé­bat. Car, en 1923, les dif­fi­cul­tés fi­nan­cières l’avaient poussé à dé­mé­na­ger au avec l’intention de faire des études de et de sor­tir de la mi­sère. Il échoua et re­vint plus pauvre que ja­mais. Désa­busé, ne par­ve­nant pas à vivre hon­nê­te­ment de sa plume, il quitta la ville pour la cam­pagne co­réenne et passa les der­nières an­nées de sa brève au mi­lieu de désa­gré­ments de toute sorte, qu’il noya le plus sou­vent dans l’alcool. Il se sui­cida à l’opium, en lais­sant der­rière lui un unique re­cueil : « d’azalée» («Chin­dal­laek­kot» 5). Sa nous touche et reste pour­tant en poin­tillé, ébauche d’une œuvre in­ache­vée. Son dé­faut tient à ce qu’elle est d’une trop courte. On voit des contours s’y tra­cer avec grâce; mais ils se dis­sipent sou­dain dans les airs, comme les va­peurs char­geant l’ se dé­chirent au le­ver du . Dans «L’Appel aux mânes» («Ch’ohon» 6), peut-être son chef-d’œuvre, Kim So-wŏl donne l’impression mo­men­ta­née de peindre tout un abaissé, écrasé sous la botte étran­gère. Puis, dès qu’on vient ob­ser­ver de près cette , elle s’évanouit. Tout cela oc­cupe à peine six ou sept vers

  1. En 김소월. Par­fois trans­crit Kim So-weol. De son vrai nom Kim Chŏng-sik (김정식). Par­fois trans­crit Kim Jung Sik, Kim Chung-sik, Kim Chŏng-shik ou Gim Jeong­sik. Icône Haut
  2. En co­réen 김억. Par­fois trans­crit Kim Uk. Icône Haut
  3. En co­réen «창조». Icône Haut
  1. En co­réen «개벽». Icône Haut
  2. En co­réen «진달래꽃». Par­fois trans­crit «Chin­tal­laek­kot», «Chin­da­lae kkot», «Chin­dal­lae kkoch’», «Chin­dal­laeg­got» ou «Jin­dal­laek­kot». Icône Haut
  3. En co­réen «초혼». Icône Haut

« Printemps et Automnes de Lü Buwei »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü» 1Lü­shi chun­qiu» 2). Ce n’est pas un ou­vrage his­to­rique comme son titre pour­rait le faire croire («Prin­temps et Au­tomnes» si­gni­fiant «An­née» ou «An­nales» en ), mais une col­lec­tion d’ phi­lo­so­phiques ré­di­gés pour le compte du sieur Lü (IIIe siècle av. J.-C.) et clas­sés sous les ru­briques des douze mois de l’année. D’abord très riche mar­chand, puis pre­mier mi­nistre, le sieur Lü, de son nom com­plet Lü Bu­wei 3, est une sorte de Ma­za­rin chi­nois. Il exerça la ré­gence pen­dant la mi­no­rité du jeune prince qui de­vait être un jour Em­pe­reur; d’aucuns veulent même qu’il en ait été le père na­tu­rel, en de son rap­port in­time avec l’Impératrice. Sans être un lit­té­ra­teur, il sa­vait soi­gner sa ré­pu­ta­tion et il en­tre­te­nait au­tour de lui une Cour de trois mille et ha­biles; il leur fit mettre en ordre ce qu’ils avaient en­tendu dire ou di­saient eux-mêmes, et c’est là les «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü». «La tra­di­tion veut que trois mille let­trés eussent ainsi été ras­sem­blés, hé­ber­gés, en­tre­te­nus [par lui], avec toutes les com­mo­di­tés de tra­vail que cela im­plique, plu­sieurs an­nées du­rant», ex­plique M. Ivan Ka­me­na­ro­vić 4. «Quand bien même ce chiffre se­rait fort exa­géré, il n’empêche que le ré­sul­tat éton­nant au­quel cette en­tre­prise a per­mis d’aboutir est à lui seul le sym­bole et l’expression d’un mo­ment ca­pi­tal de l’ de la chi­noise.» Une anec­dote cé­lèbre veut que, l’ouvrage ter­miné, le sieur Lü l’ait fait pla­cer à la porte du mar­ché de Xia­nyang 5, la ca­pi­tale des Qin, et sus­pendre au-des­sus une grosse somme d’, pro­mise à qui­conque trou­ve­rait un seul mot à chan­ger dans le texte; per­sonne n’osa se pré­sen­ter. Pour­tant, bien des dé­fauts au­raient pu être re­le­vés dans cette com­pi­la­tion éru­dite et terne.

  1. À ne pas confondre avec la chro­nique des «Prin­temps et Au­tomnes» re­la­tant l’histoire de Lu, pa­trie de . Icône Haut
  2. En chi­nois «呂氏春秋». Au­tre­fois trans­crit «Lu-chi tchun-tsieou», «Liu-cheu tch’oen-ts’ieou», «Liu-che tch’ouen-ts’ieou» ou «Lü shih ch’un-ch’iu». Icône Haut
  3. En chi­nois 呂不韋. Au­tre­fois trans­crit Lu-pou-ouei, Lu-pou-ouey, Lu Pou-wei, Liu Pou-wei, Lü Pu-wei ou Lü Bu We. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 咸陽. Par­fois trans­crit Hian yang, Sie­nyang, Hien-yang ou Hsien-yang. Icône Haut

Xue Tao, « Un Torrent de montagne »

éd. La Différence, coll. Orphée, Paris

éd. La Dif­fé­rence, coll. Or­phée, Pa­ris

Il s’agit de Xue  1, cour­ti­sane chi­noise (VIIIe-IXe siècle) cé­lèbre pour ses poèmes, et pour avoir mis à la une es­pèce de pa­pier rouge foncé qui porte son nom, et dont elle se ser­vait pour cor­res­pondre avec ses cen­taines de pré­ten­dants. On ra­conte qu’à l’âge de huit ans, elle fai­sait déjà des vers et qu’elle par­lait un fort dif­fé­rent du lan­gage or­di­naire des . Un jour, son père, s’arrêtant à l’ombre d’un pau­low­nia près d’un puits, com­posa le dé­but d’un qua­train :

«Dans la cour, il est un an­tique pau­low­nia;
Son tronc élevé perce les nuages
».

Et sa fille de le com­plé­ter :

«Ses ra­meaux ac­cueillent les du Nord et du Sud;
Ses feuilles disent adieu aux vents qui vont et viennent
» 2.

Le père de Xue Tao, après s’être ré­joui d’une telle pré­co­cité, se cha­grina tout à coup du sens ca­ché de ces vers, dans les­quels il de­vi­nait la triste pro­fes­sion qu’exercerait sa fille ex­po­sée «aux vents qui vont et viennent». Et les faits lui don­nèrent ; car, res­tée seule après la sou­daine de son père, la jeune fille s’inscrivit dans une mai­son de à Chengdu et consuma tout son dans le vain ta­lent de plaire aux hommes. Elle fré­quenta, pour­tant, de grands let­trés de son , en par­ti­cu­lier Yuan Zhen, lorsque ce der­nier fut de pas­sage. «Nom­breux sont ceux qui pensent qu’elle es­pé­rait se faire épou­ser par le poète, bien qu’elle ait été d’une di­zaine d’années son aî­née. Ont-ils quitté Chengdu pour vivre leur pen­dant un temps comme cer­tains l’affirment? Les di­vergent. Quoi qu’il en soit, un fait de­meure : Xue Tao et Yuan Zhen se por­taient plus que de l’affection et échan­gèrent des poèmes.» 3

  1. En 薛濤. Au­tre­fois trans­crit Hsieh T’ao ou Hsüeh T’ao. Icône Haut
  2. Flo­rence Hu-Sterk, «Ainsi bat l’autre cœur». Icône Haut
  1. id. Icône Haut