Icône CatégorieOuvrages peu soignés ou mal finis

Kumar, « Épouse »

dans « Les Bienheureuses : nouvelles » (éd. L’Harmattan, coll. Lettres asiatiques-Inde, Paris), p. 101-112

dans «Les Bien­heu­reuses : nou­velles» (éd. L’Harmattan, coll. Lettres asia­tiques-Inde, Pa­ris), p. 101-112

Il s’agit de «Patnî» 1Épouse») de M. Anandi Lal 2, plus connu sous le sur­nom de Jai­nen­dra Ku­mar 3 (XXe siècle). Pour cet écri­vain et pes­si­miste in­dien, dis­ciple de Gandhi, l’ est un être qui va ac­cu­mu­lant en lui-même la — de en dou­leur — jusqu’à en être rem­pli. C’est cette souf­france ac­cu­mu­lée qui donne à l’ une force et une puis­sante dont l’éclat res­plen­dit sur la noir­ceur du des­tin hu­main. «Hor­mis ce dou­lou­reux éclat, ce ne sont que té­nèbres… La souf­france de l’âme est le joyau qui fait vivre, c’est le sel de la », dit M. Ku­mar 4. La est donc du côté des humbles et des ré­si­gnés; elle est dans l’acceptation in­té­grale de cette souf­france en de­hors de la­quelle toute connais­sance est , toute pré­ten­tion est vain . Par son œuvre, M. Ku­mar veut sa­luer ceux qui ont ac­cepté li­bre­ment le poids du des­tin hu­main, qui l’ont porté sans se plaindre, qui ont souf­fert sans un mot, puis qui, le mo­ment venu, au terme de leurs tri­bu­la­tions, s’en sont al­lés de la même fa­çon : en si­lence. «Leur fin, qu’en pen­ser? Je ne dé­sire rien en pen­ser. Mais je peux quand même avoir cette , cette unique pen­sée, que leur [] ne peut pas, ne pourra ja­mais s’oublier, et que peut-être leur pu­reté est en elle-même as­sez par­faite pour for­cer les portes du pa­ra­dis à s’ouvrir de­vant eux», dit-il 5. «Dans un in­ci­sif, per­cu­tant… ses ro­mans ex­cellent à dé­peindre l’exacerbation des affres de la do­mes­tique d’une couche de la po­pu­la­tion in­dienne — la classe moyenne ur­baine — dont il est issu, en ac­cu­sant un tour vo­lon­tiers pro­vo­cant; ainsi dans “Su­nîtâ” 6, œuvre de 1935 qui fit scan­dale, où se trouve poussé jusqu’à l’extrême le prin­cipe gand­hien de ré­sis­tance pas­sive», ex­pliquent MM. Ro­bert Laf­font et Va­len­tino Bom­piani.

  1. En «पत्नी». Icône Haut
  2. En hindi आनंदीलाल. Icône Haut
  3. En hindi जैनेंद्रकुमार. Icône Haut
  1. «Un sans me­sure», p. 94. Icône Haut
  2. id. p. 95. Icône Haut
  3. En hindi «सुनीता», in­édit en . Par­fois trans­crit «Su­neeta». Icône Haut

Kalâbâdhî, « Traité de soufisme : les maîtres et les étapes »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Arles

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Arles

Il s’agit du «Ki­tâb al-ta‘arruf li-madh­hab ahl al-taṣaw­wuf» 1Livre de l’information sur la doc­trine des hommes du » 2), l’un des deux plus an­ciens trai­tés de sou­fisme en (Xe siècle apr. J.-C.). «Sans le “Ki­tâb al-ta‘arruf”, nous ne connaî­trions pas vé­ri­ta­ble­ment le sou­fisme», dit Soh­ra­verdi 3. L’auteur de ce , Abû Bakr Mu­ham­mad, vé­cut, comme son sur­nom de Ka­lâ­bâdhî 4 le té­moigne, à Ka­lâ­bâdh, un des quar­tiers de la ville de Bou­khara. En ces -là, la cruelle condam­na­tion dont Hal­lâj fut vic­time, fit craindre pour le mou­ve­ment dans les cercles qui s’y adon­naient. Aussi Ka­lâ­bâdhî se pro­posa-t-il de mon­trer par écrit que les étaient de bons , fer­me­ment res­pec­tueux des ar­ticles es­sen­tiels de l’orthodoxie is­la­mique. Pour cha­cun de ces ar­ticles, il ras­sem­bla une sé­rie de pa­roles mé­mo­rables des maîtres , en vers ou en prose, ac­com­pa­gnées de ses propres as­ser­tions et ar­gu­ments. Il se garda pru­dem­ment de nom­mer ; mais il en re­pro­dui­sit de nom­breuses , en les prê­tant ano­ny­me­ment à «un maître im­mi­nent» ou à «un grand soufi». «En qua­li­fiant le sou­fisme de “madh­hab”, c’est-à-dire [d’“école”] spi­ri­tuelle, in­tel­lec­tuelle et pra­tique avec ses mé­thodes et sa doc­trine spé­ci­fiques, Ka­lâ­bâdhî veut le faire ad­mettre dans le champ du sa­voir is­la­mique fon­da­men­tal, au même titre que la et la », dit un pro­fes­seur 5. Ainsi donc, ce traité est l’argumentation un peu sèche que l’on tien­drait en pré­sence de théo­lo­giens et de . Il n’est pas tou­jours d’une lec­ture agréable; mais il contient des don­nées fon­da­men­tales sur les pre­miers siècles du sou­fisme.

  1. En arabe «كتاب التعرّف لمذهب أهل التصوّف». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Doc­trine propre à l’école des te­nants du sou­fisme». Icône Haut
  3. Dans p. 11. Icône Haut
  1. En arabe كلاباذي. Par­fois trans­crit Kalābāḏī. Icône Haut
  2. M. De­nis Gril. Icône Haut

Galland, « Journal, pendant le séjour à Constantinople (1672-1673). Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Jour­nal» d’, orien­ta­liste et nu­mis­mate (XVIIe-XVIIIe siècle), à qui l’on doit une des œuvres qui mo­di­fièrent le plus l’ lit­té­raire, si­non pro­fon­dé­ment, du moins dans la , je veux dire les «Mille et une Nuits». Toute sa , Gal­land vé­cut seul, presque sans autres amis que ses — les seuls qui ne le dé­çurent ja­mais. Sa­vant de pre­mier ordre, il s’attachait à étu­dier les langues orien­tales et les mé­dailles an­tiques, propres à je­ter quelque lu­mière — si in­fime fût-elle — sur les an­nales du passé. Voya­geur, il cher­chait les traits né­gli­gés par ses de­van­ciers. Sou­vent heu­reux dans ses re­cherches, simple et la­bo­rieux, il était, ce­pen­dant, d’une cer­taine hu­meur dans la lec­ture de ses contem­po­rains, qu’il ne pou­vait souf­frir d’y voir im­pri­mées des er­reurs sans prendre la plume pour les cor­ri­ger. «J’y trou­vai», écrit-il au su­jet d’un livre 1, «des ex­pli­ca­tions si fort hors du bon sens, que je fus contraint de ces­ser la lec­ture pour la re­prendre le ma­tin, de crainte que je n’en puisse dor­mir. Mais je fus plus d’une heure et de­mie à m’endormir, non­obs­tant les ef­forts que je pus faire pour chas­ser de mon es­prit ces ex­tra­va­gances, dont l’auteur, qui ne s’était pas nommé, se fai­sait néan­moins as­sez connaître». Ses res­tèrent tou­jours, pour le nombre et l’importance, au-des­sous de son éru­di­tion. Un jour, il eut une dis­cus­sion très vive à l’Académie des ; dans une de ses ré­pliques, on re­marque ce pas­sage qui montre l’étendue de son ac­ti­vité in­las­sable et sa haute ri­gueur : «Py­tha­gore ne de­man­dait à ses dis­ciples que sept ans de si­lence pour s’instruire des prin­cipes de la avant que d’en écrire ou d’en vou­loir ju­ger. Sans que per­sonne l’eût exigé, j’ai gardé un si­lence plus ri­gide et plus long dans l’étude des mé­dailles. Ce si­lence a été de trente an­nées. Pen­dant tout ce -là, je ne me suis pas contenté d’écouter un grand nombre de maîtres ha­biles, de lire et d’examiner leurs ou­vrages; j’ai en­core ma­nié et dé­chif­fré plu­sieurs mil­liers de mé­dailles grecques et la­tines, tant en qu’en et en , à Smyrne, à , à Alexan­drie et dans les de l’Archipel»

  1. «Jour­nal», 4 juin 1711. Icône Haut

Galland, « Journal, pendant le séjour à Constantinople (1672-1673). Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Jour­nal» d’, orien­ta­liste et nu­mis­mate (XVIIe-XVIIIe siècle), à qui l’on doit une des œuvres qui mo­di­fièrent le plus l’ lit­té­raire, si­non pro­fon­dé­ment, du moins dans la , je veux dire les «Mille et une Nuits». Toute sa , Gal­land vé­cut seul, presque sans autres amis que ses — les seuls qui ne le dé­çurent ja­mais. Sa­vant de pre­mier ordre, il s’attachait à étu­dier les langues orien­tales et les mé­dailles an­tiques, propres à je­ter quelque lu­mière — si in­fime fût-elle — sur les an­nales du passé. Voya­geur, il cher­chait les traits né­gli­gés par ses de­van­ciers. Sou­vent heu­reux dans ses re­cherches, simple et la­bo­rieux, il était, ce­pen­dant, d’une cer­taine hu­meur dans la lec­ture de ses contem­po­rains, qu’il ne pou­vait souf­frir d’y voir im­pri­mées des er­reurs sans prendre la plume pour les cor­ri­ger. «J’y trou­vai», écrit-il au su­jet d’un livre 1, «des ex­pli­ca­tions si fort hors du bon sens, que je fus contraint de ces­ser la lec­ture pour la re­prendre le ma­tin, de crainte que je n’en puisse dor­mir. Mais je fus plus d’une heure et de­mie à m’endormir, non­obs­tant les ef­forts que je pus faire pour chas­ser de mon es­prit ces ex­tra­va­gances, dont l’auteur, qui ne s’était pas nommé, se fai­sait néan­moins as­sez connaître». Ses res­tèrent tou­jours, pour le nombre et l’importance, au-des­sous de son éru­di­tion. Un jour, il eut une dis­cus­sion très vive à l’Académie des ; dans une de ses ré­pliques, on re­marque ce pas­sage qui montre l’étendue de son ac­ti­vité in­las­sable et sa haute ri­gueur : «Py­tha­gore ne de­man­dait à ses dis­ciples que sept ans de si­lence pour s’instruire des prin­cipes de la avant que d’en écrire ou d’en vou­loir ju­ger. Sans que per­sonne l’eût exigé, j’ai gardé un si­lence plus ri­gide et plus long dans l’étude des mé­dailles. Ce si­lence a été de trente an­nées. Pen­dant tout ce -là, je ne me suis pas contenté d’écouter un grand nombre de maîtres ha­biles, de lire et d’examiner leurs ou­vrages; j’ai en­core ma­nié et dé­chif­fré plu­sieurs mil­liers de mé­dailles grecques et la­tines, tant en qu’en et en , à Smyrne, à , à Alexan­drie et dans les de l’Archipel»

  1. «Jour­nal», 4 juin 1711. Icône Haut

« La Courtoisie dans la poésie irakienne : un poète de transition, Baššār b. Burd »

dans Jean-Claude Vadet, « L’Esprit courtois en Orient » (éd. G.-P. Maisonneuve et Larose, Paris), p. 159-193

dans Jean-Claude Va­det, «L’Esprit cour­tois en » (éd. G.-P. Mai­son­neuve et La­rose, Pa­ris), p. 159-193

Il s’agit de Ba­char ibn Bourd 1, poète d’expression (VIIIe siècle apr. J.-C.). Il na­quit en , où son père avait été amené comme es­clave. Lui-même était es­clave, mais ayant ob­tenu son af­fran­chis­se­ment de la femme arabe dont il était la pro­priété, il vé­cut tan­tôt à Bas­so­rah, sa ville na­tale, tan­tôt à . Tou­te­fois, quand on lui de­man­dait d’où pro­ve­nait le mé­rite des poé­sies qu’il com­po­sait, il en fai­sait re­mon­ter l’origine à la li­gnée des an­ciens rois de , à la­quelle il se rat­ta­chait. C’était un zo­roas­trien qui ne ca­chait pas sa haine en­vers les et qui re­mer­ciait le de l’avoir privé de la vue «pour ne pas voir ceux que je hais», di­sait-il 2. Car, en ef­fet, Ba­char était aveugle de nais­sance. À cette in­fir­mité, qui avait placé deux mor­ceaux de chair rouge à la place de ses yeux, s’ajoutaient éga­le­ment les lai­deurs d’une va­riole, qu’il avait eue dans sa . Et ce­pen­dant, «la l’[avait doté] d’une pro­di­gieuse in­ven­tion ver­bale, d’une sans faille et d’une qui lui fai­sait pé­né­trer tout ce qu’elle tou­chait ou de­vi­nait», dit M. Ré­gis Bla­chère 3. Avant de ré­ci­ter une , Ba­char frap­pait dans ses mains comme un fou, tous­sait et cra­chait à droite et à gauche; mais dès qu’il avait ou­vert la bouche, il pro­vo­quait l’admiration. Ses séances de poé­sie étaient par­ti­cu­liè­re­ment fré­quen­tées par les , et il lui ar­ri­vait de s’éprendre d’ au seul son d’une ou à la qu’on lui fai­sait d’une beauté. On lui de­manda : «Com­ment peux-tu ai­mer sans même avoir vu?» Il ré­pon­dit : «Sou­vent l’oreille aime avant l’» 4. Et aussi :

«Lais­sez mon cœur à son choix et conten­te­ment!
C’est par le cœur, non par les yeux, que re­garde l’amant.
Dans l’instance d’amour, les yeux ne voient, les oreilles n’entendent que par le cœur
»

  1. En arabe بشار بن برد. Par­fois trans­crit Ba­ch­châr ibn Bourd, Ba­ch­char b. Bord, Ba­char-ben-Berd, Bas­schâr ibn Bord, Basch­schar ibn Burd, Ba­shar ibnu Bourd ou Baššār b. Burd. Icône Haut
  2. Dans , «», p. 68. Icône Haut
  1. «Le Cas Baššâr dans le dé­ve­lop­pe­ment de la ». Icône Haut
  2. Dans «La Poé­sie arabe; éta­blie, tra­duite et pré­sen­tée par » (éd. Phé­bus, coll. Do­maine arabe, Pa­ris), p. 128. Icône Haut

Graffigny, « Lettres d’une Péruvienne »

éd. Voltaire Foundation, coll. Vif, Oxford

éd. Vol­taire Foun­da­tion, coll. Vif, Ox­ford

Il s’agit des «Lettres d’une Pé­ru­vienne» de  1, femme de lettres fran­çaise (XVIIIe siècle), dont le bel es­prit et l’élégance du firent dirent à un  2 «qu’elle fai­sait in­fi­dé­lité à son sexe, en usur­pant les ta­lents du nôtre». Née Fran­çoise d’Happoncourt, elle fut ma­riée — ou pour mieux dire — sa­cri­fiée à Fran­çois Hu­guet de Graf­fi­gny, em­porté, ja­loux et ex­trê­me­ment violent. Dès les pre­mières an­nées de conju­gale, elle se vit ex­po­sée aux mé­pris et aux in­sultes; des , son mari en vint aux coups, et la chose fit tant d’éclat qu’étant par­ve­nue à la po­lice, il y eut ordre d’emprisonner cet homme bru­tal qui, si­tôt re­lâ­ché, fit suivre ses pre­miers ex­cès par quan­tité d’autres. Il lui ar­riva plu­sieurs fois de ter­ras­ser son épouse à coups de pied et de poing, et après une fausse couche qu’elle eut, de lui mettre l’épée nue sur l’estomac. La pauvre femme per­dit tous ses en bas âge et eut beau­coup à souf­frir; la lettre sui­vante le montre as­sez : «Mon cher père», y dit Graf­fi­gny 3, «je suis obli­gée dans l’extrémité où je me trouve de vous sup­plier de ne me point aban­don­ner et de m’envoyer au plus vite cher­cher par M. de Ra­ré­court, car je suis en grand dan­ger et suis toute bri­sée de coups. Je me jette à votre et vous prie que ce soit bien vite». Après avoir pen­dant de longues an­nées donné des preuves d’une pa­tience hé­roïque, elle par­vint à ob­te­nir une sé­pa­ra­tion ju­ri­dique. Li­bé­rée des hor­ribles chaînes qu’elle avait trop long­temps por­tées, elle vint à Pa­ris. Sa vie n’avait été qu’un tissu de mal­heurs et de désa­gré­ments, et ce fut dans ces mal­heurs qu’elle puisa le sen­ti­ment d’une im­mense tris­tesse, d’une de tous les ins­tants qui ca­rac­té­risa son «Lettres d’une Pé­ru­vienne» : «Il ne me reste», y dit-elle 4, «que la triste de [vous] peindre mes dou­leurs… Que j’ai de à [vous les] dire, à leur don­ner toutes les sortes d’existences qu’elles peuvent avoir! Je vou­drais les tra­cer sur le plus dur mé­tal, sur les murs de ma chambre, sur mes ha­bits, sur tout ce qui m’environne, et les ex­pri­mer dans toutes les langues». Mais ce ro­man et un ou deux autres qu’elle écri­vit n’égalèrent ja­mais tout à fait ce­lui de sa vie; et plus en­core que dans les «Lettres d’une Pé­ru­vienne», les lec­teurs trou­ve­ront de l’intérêt dans les mil­liers de lettres qui consti­tuent sa vé­ri­table «Cor­res­pon­dance».

  1. On ren­contre aussi les gra­phies Gra­fi­gny, Gra­fi­gni et Graf­fi­gni. Icône Haut
  2. Étienne-Guillaume Co­lombe. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 1. Icône Haut
  2. «Lettres d’une Pé­ru­vienne», p. 155. Icône Haut

Voltaire, « Contes et Romans. Tome III »

éd. Presses universitaires de France-Sansoni, Paris-Florence

éd. Presses uni­ver­si­taires de -San­soni, Pa­ris-Flo­rence

Il s’agit de «La Prin­cesse de Ba­by­lone» et autres de Vol­taire (XVIIIe siècle). Tout grand écri­vain a un ou­vrage par le­quel on le ré­sume, à tort ou à . «C’est dans ses contes qu’il faut cher­cher Vol­taire», «“Can­dide” est tout Vol­taire», dit-on de nos jours. Il est vrai que c’est là que Vol­taire s’est le plus en­joué des mi­sères de la condi­tion hu­maine, dans un aussi ab­surde que ce­lui des et des sup­plices, des bruits de et des pestes ef­froyables; c’est là éga­le­ment qu’il a réussi à por­ter un der­nier coup, sec et bru­tal, à cet op­ti­misme conso­la­teur des chré­tiens qu’il ju­geait béat. Lui, qui jusque-là avait re­tenu le amer de son im­piété, semble faire ré­son­ner à tra­vers ses contes un ri­ca­ne­ment de Sa­tan. «[Ces contes sont] d’une gaieté in­fer­nale», ex­plique la ba­ronne de Staël 1, «car ils semblent par un être d’une autre que nous, in­dif­fé­rent à notre sort, content de nos souf­frances et riant comme un dé­mon — ou comme un singe — des mi­sères de cette es­pèce hu­maine avec la­quelle il n’a rien de com­mun.» Alors, de­man­dons-nous : Vol­taire le conteur «dont le rire est un ric­tus, la grâce — une po­lis­son­ne­rie, l’esprit — un dard trempé dans le poi­son ou l’ordure» 2 peut-il éga­ler Vol­taire le phi­lo­sophe, l’ de goût, de sa­voir et de rai­son dont le «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique» avait écarté l’obscurantisme et la bar­ba­rie des siècles pré­cé­dents; peut-il éga­ler Vol­taire l’homme du monde dont la «Cor­res­pon­dance», qui em­brasse un de soixante-sept ans, est une œuvre de pre­mier plan, un mo­dèle de naï­veté, d’esprit et de grâce? Non, je ne le crois pas. Il ne faut cher­cher dans ses contes ni , ni sé­rieuse, ni de ces nobles qu’on ren­contre dans quelques-uns de ses -d’œuvre; mais seule­ment une bi­lieuse et cy­nique et peut-être une ca­chée qui, ne trou­vant pas de sens à la ici-bas, pré­fère ac­ca­bler de mo­que­ries les les plus graves et les plus gé­né­reuses, les croyances les plus ca­pables de conso­ler les hommes, les es­pé­rances les plus propres à leur don­ner le pour sup­por­ter leur condi­tion. «Vol­taire [le conteur]», dit Cha­teau­briand 3, «n’aperçoit que le côté ri­di­cule des choses et des et [il] montre, sous un jour hi­deu­se­ment gai, l’homme à l’homme. Il charme et fa­tigue par sa ; il vous en­chante et vous dé­goûte.» Son , qui veut être édi­fiant, et qui sou­vent n’est que cruel et mor­dant, est ce­lui qui se rap­proche le plus des sa­ti­ristes .

  1. «Œuvres com­plètes. Tome II», p. 176. Icône Haut
  2. l’abbé Mi­chel-Ulysse May­nard. Icône Haut
  1. «Le Gé­nie du chris­tia­nisme», part. 2, liv. I, ch. V. Icône Haut

Voltaire, « Contes et Romans. Tome II »

éd. Presses universitaires de France-Sansoni, Paris-Florence

éd. Presses uni­ver­si­taires de -San­soni, Pa­ris-Flo­rence

Il s’agit de «Can­dide» et autres de Vol­taire (XVIIIe siècle). Tout grand écri­vain a un ou­vrage par le­quel on le ré­sume, à tort ou à . «C’est dans ses contes qu’il faut cher­cher Vol­taire», «“Can­dide” est tout Vol­taire», dit-on de nos jours. Il est vrai que c’est là que Vol­taire s’est le plus en­joué des mi­sères de la condi­tion hu­maine, dans un aussi ab­surde que ce­lui des et des sup­plices, des bruits de et des pestes ef­froyables; c’est là éga­le­ment qu’il a réussi à por­ter un der­nier coup, sec et bru­tal, à cet op­ti­misme conso­la­teur des chré­tiens qu’il ju­geait béat. Lui, qui jusque-là avait re­tenu le amer de son im­piété, semble faire ré­son­ner à tra­vers ses contes un ri­ca­ne­ment de Sa­tan. «[Ces contes sont] d’une gaieté in­fer­nale», ex­plique la ba­ronne de Staël 1, «car ils semblent par un être d’une autre que nous, in­dif­fé­rent à notre sort, content de nos souf­frances et riant comme un dé­mon — ou comme un singe — des mi­sères de cette es­pèce hu­maine avec la­quelle il n’a rien de com­mun.» Alors, de­man­dons-nous : Vol­taire le conteur «dont le rire est un ric­tus, la grâce — une po­lis­son­ne­rie, l’esprit — un dard trempé dans le poi­son ou l’ordure» 2 peut-il éga­ler Vol­taire le phi­lo­sophe, l’ de goût, de sa­voir et de rai­son dont le «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique» avait écarté l’obscurantisme et la bar­ba­rie des siècles pré­cé­dents; peut-il éga­ler Vol­taire l’homme du monde dont la «Cor­res­pon­dance», qui em­brasse un de soixante-sept ans, est une œuvre de pre­mier plan, un mo­dèle de naï­veté, d’esprit et de grâce? Non, je ne le crois pas. Il ne faut cher­cher dans ses contes ni , ni sé­rieuse, ni de ces nobles qu’on ren­contre dans quelques-uns de ses -d’œuvre; mais seule­ment une bi­lieuse et cy­nique et peut-être une ca­chée qui, ne trou­vant pas de sens à la ici-bas, pré­fère ac­ca­bler de mo­que­ries les les plus graves et les plus gé­né­reuses, les croyances les plus ca­pables de conso­ler les hommes, les es­pé­rances les plus propres à leur don­ner le pour sup­por­ter leur condi­tion. «Vol­taire [le conteur]», dit Cha­teau­briand 3, «n’aperçoit que le côté ri­di­cule des choses et des et [il] montre, sous un jour hi­deu­se­ment gai, l’homme à l’homme. Il charme et fa­tigue par sa ; il vous en­chante et vous dé­goûte.» Son , qui veut être édi­fiant, et qui sou­vent n’est que cruel et mor­dant, est ce­lui qui se rap­proche le plus des sa­ti­ristes .

  1. «Œuvres com­plètes. Tome II», p. 176. Icône Haut
  2. l’abbé Mi­chel-Ulysse May­nard. Icône Haut
  1. «Le Gé­nie du chris­tia­nisme», part. 2, liv. I, ch. V. Icône Haut

Voltaire, « Contes et Romans. Tome I »

éd. Presses universitaires de France-Sansoni, Paris-Florence

éd. Presses uni­ver­si­taires de -San­soni, Pa­ris-Flo­rence

Il s’agit de «Mi­cro­mé­gas» et autres de Vol­taire (XVIIIe siècle). Tout grand écri­vain a un ou­vrage par le­quel on le ré­sume, à tort ou à . «C’est dans ses contes qu’il faut cher­cher Vol­taire», «“Can­dide” est tout Vol­taire», dit-on de nos jours. Il est vrai que c’est là que Vol­taire s’est le plus en­joué des mi­sères de la condi­tion hu­maine, dans un aussi ab­surde que ce­lui des et des sup­plices, des bruits de et des pestes ef­froyables; c’est là éga­le­ment qu’il a réussi à por­ter un der­nier coup, sec et bru­tal, à cet op­ti­misme conso­la­teur des chré­tiens qu’il ju­geait béat. Lui, qui jusque-là avait re­tenu le amer de son im­piété, semble faire ré­son­ner à tra­vers ses contes un ri­ca­ne­ment de Sa­tan. «[Ces contes sont] d’une gaieté in­fer­nale», ex­plique la ba­ronne de Staël 1, «car ils semblent par un être d’une autre que nous, in­dif­fé­rent à notre sort, content de nos souf­frances et riant comme un dé­mon — ou comme un singe — des mi­sères de cette es­pèce hu­maine avec la­quelle il n’a rien de com­mun.» Alors, de­man­dons-nous : Vol­taire le conteur «dont le rire est un ric­tus, la grâce — une po­lis­son­ne­rie, l’esprit — un dard trempé dans le poi­son ou l’ordure» 2 peut-il éga­ler Vol­taire le phi­lo­sophe, l’ de goût, de sa­voir et de rai­son dont le «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique» avait écarté l’obscurantisme et la bar­ba­rie des siècles pré­cé­dents; peut-il éga­ler Vol­taire l’homme du monde dont la «Cor­res­pon­dance», qui em­brasse un de soixante-sept ans, est une œuvre de pre­mier plan, un mo­dèle de naï­veté, d’esprit et de grâce? Non, je ne le crois pas. Il ne faut cher­cher dans ses contes ni , ni sé­rieuse, ni de ces nobles qu’on ren­contre dans quelques-uns de ses -d’œuvre; mais seule­ment une bi­lieuse et cy­nique et peut-être une ca­chée qui, ne trou­vant pas de sens à la ici-bas, pré­fère ac­ca­bler de mo­que­ries les les plus graves et les plus gé­né­reuses, les croyances les plus ca­pables de conso­ler les hommes, les es­pé­rances les plus propres à leur don­ner le pour sup­por­ter leur condi­tion. «Vol­taire [le conteur]», dit Cha­teau­briand 3, «n’aperçoit que le côté ri­di­cule des choses et des et [il] montre, sous un jour hi­deu­se­ment gai, l’homme à l’homme. Il charme et fa­tigue par sa ; il vous en­chante et vous dé­goûte.» Son , qui veut être édi­fiant, et qui sou­vent n’est que cruel et mor­dant, est ce­lui qui se rap­proche le plus des sa­ti­ristes .

  1. «Œuvres com­plètes. Tome II», p. 176. Icône Haut
  2. l’abbé Mi­chel-Ulysse May­nard. Icône Haut
  1. «Le Gé­nie du chris­tia­nisme», part. 2, liv. I, ch. V. Icône Haut

Samuel le Naguid, « Guerre, Amour, Vin et Vanité : poèmes »

éd. du Rocher, coll. Anatolia, Monaco

éd. du Ro­cher, coll. Ana­to­lia, Mo­naco

Il s’agit de Sa­muel ibn Na­gréla 1, plus connu sous le sur­nom de Sa­muel le Na­guid 2, poète, gram­mai­rien, chef des juifs en es­pa­gnole et vi­zir de Gre­nade (XIe siècle apr. J.-C.). Au dé­but, Sa­muel fai­sait du né­goce comme un simple mar­chand d’épices; mais tout ce qu’il ga­gnait, il le dé­pen­sait pour ses études. Il écri­vait si bien qu’il sur­pas­sait les cal­li­graphes arabes. Son échoppe avoi­si­nant le jar­din du se­cré­taire du roi, un jour une ser­vante de­manda à Sa­muel de ré­di­ger des lettres pour son maître. Lorsque ce der­nier les re­çut, il fut très étonné du ta­lent dont elles fai­saient preuve. S’enquérant de l’auteur au­près des gens de son per­son­nel, ceux-ci lui dirent : «C’est un cer­tain de la de Cor­doue. Il ha­bite près de ton jar­din et c’est lui qui a ré­digé ces lettres». Là-des­sus, le se­cré­taire du roi or­donna qu’on lui ame­nât Sa­muel. Il lui dit : «Vous n’êtes pas fait pour res­ter dans une échoppe. Res­tez dé­sor­mais près de ». Plus tard, lorsqu’il tomba ma­lade, le roi vint le trou­ver sur son lit de et lui dit : «Que vais-je faire à pré­sent? Qui me conseillera dans ces guerres qui me­nacent de par­tout?» Le se­cré­taire du roi ré­pon­dit : «Ja­mais je ne vous ai donné un conseil éma­nant de moi; tous sont ve­nus de ce juif, mon scribe. Pre­nez soin de lui; qu’il soit un père et un prêtre pour vous! Faites ce qu’il vous dira de faire, et vous vien­dra en aide» 3. Et ainsi, Sa­muel fut ad­mis à la Cour.

  1. En بن النغريلة. Par­fois trans­crit Nagh­rela, Na­grella, Na­grila, Na­grilla ou Nagh­rillah. Par suite d’une faute, بن النغديلة, trans­crit Nag­dé­lah, Nag­di­lah, Nag­dila ou Nagh­dila. Icône Haut
  2. En שמואל הנגיד. Par­fois trans­crit Chmouel Ha­na­guid, Shmouël ha-Na­guid, She­muel han-Na­gid, Schmuel ha-Na­gid, Shmuel Ha­na­gid ou Šě­muel ha-Na­gid. Icône Haut
  1. Dans p. 21-22. Icône Haut

Li He, « Poèmes »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de Li He 1, poète (VIIIe-IXe siècle) qui mou­rut à vingt-sept ans des suites d’une tu­ber­cu­lose pul­mo­naire. Un ca­rac­tère om­bra­geux et , dou­ble­ment at­teint par la ma­la­die et par le , dis­si­mulé sous les de­hors d’un in­com­men­su­rable, telle fut la cause de ses mal­heurs et peut-être aussi de ses re­vers. L’ était d’humeur à créer au­tour de lui une at­mo­sphère plus hos­tile qu’accueillante. La lé­gende veut qu’un de ses cou­sins l’ait haï à ce point qu’à la de sa il jeta dans les égouts, avec un sou­pir de sou­la­ge­ment, les poèmes de Li He qu’il avait gar­dés. Une quin­zaine d’années plus tard, ces poèmes, dont beau­coup s’étaient déjà per­dus, au­raient achevé de dis­pa­raître, si un de ses amis n’en avait re­trouvé une co­pie mi­ra­cu­leu­se­ment ca­chée dans des ba­gages. Ce fut avec les yeux mouillés de larmes que cet ami écri­vit au poète Du Mu pour lui de­man­der la fa­veur d’une pré­face aux œuvres de ce­lui qui n’avait laissé, après sa mort pré­ma­tu­rée, ni hé­ri­tage ni hé­ri­tiers. La sui­vante, Du Mu fut sur­pris dans son som­meil par les cris d’un mes­sa­ger urgent. Il ré­veilla son do­mes­tique, se fit pré­sen­ter le pa­quet et le dé­ca­cheta à la lueur d’une chan­delle. Il consen­tit à ré­di­ger la pré­face, ce qu’il fit en des termes élo­gieux : «Les nuages et brouillards dont les contours, len­te­ment, se confondent les uns dans les autres ne peuvent don­ner tout à fait une juste de la ma­nière de Li He; ni les vastes éten­dues d’, celle de ses ; ni la ver­dure au prin­temps, celle de sa vi­gueur; ni la claire lu­mière de l’automne, celle de son » 2. Et plus loin : «Avec de pro­fonds sou­pirs, il s’afflige de choses dont per­sonne n’avait ja­mais rien dit ni de nos jours ni ja­dis» 3.

  1. En chi­nois 李賀. Par­fois trans­crit Li Ho. Icône Haut
  2. Dans p. 8-9. Icône Haut
  1. Dans p. 14. Icône Haut

Hujwirî, « Somme spirituelle, “Kashf al-Mahjûb” »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan ‘Alî al-Hu­j­wirî 1, théo­lo­gien né à Hu­j­wir, ban­lieue de la ville de Ghaznî, dans l’actuel (XIe siècle apr. J.-C.). On ne connaît guère sa , si­non qu’il fit de nom­breux et qu’il vi­sita la , le Tur­kes­tan, l’, l’ et les bords de la Cas­pienne. Le der­nier, ce­pen­dant, fut ce­lui qu’il ef­fec­tua à La­hore, dans l’actuel , où il fut re­tenu — contre son gré, pa­raît-il — pen­dant des dé­cen­nies et jusqu’à sa . Dans son «Ka­shf al-Mah­jûb» 2Somme spi­ri­tuelle», ou lit­té­ra­le­ment « des choses voi­lées» 3), il se plaint de la perte de ses lais­sés à Ghaznî : «Mon cheikh», dit-il 4, «ra­con­tait d’autres [en­core], mais il m’est im­pos­sible d’en rap­por­ter plus, mes livres ayant été lais­sés à Ghaznî — que la pro­tège! — tan­dis que -même je suis forcé de res­ter à La­hore, parmi les gens vils». Il est cu­rieux que ces «gens vils» lui aient édi­fié, de­puis, un im­mense mau­so­lée à La­hore, où il est vé­néré sous le sur­nom de Dâtâ Gandj Ba­khsh 5. Le «Ka­shf al-Mah­jûb» est le plus an­cien de en per­sane. Hé­las! le sou­fisme, tel que le conçoit Hu­j­wirî, a d’énergiques par­tis pris et res­semble fort à ce qu’est l’islamisme. Il consiste sur­tout dans l’austérité des mœurs, dans la ré­pres­sion du luxe, dans une ani­mo­sité sys­té­ma­tique en­vers les ; tout cela conçu non comme une pri­vée qu’on ac­cepte pour , mais comme une loi d’État, dont le roi et les princes sont les gar­diens. Dans une foule de cas, sous pré­texte d’hérésie, Hu­j­wirî at­té­nue, al­tère, ex­plique ce qui touche à l’extase des . Il avoue que ces sou­fis, quelque in­égaux et peu cor­rects qu’ils soient, ont de beaux traits; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa  : «Toutes les pa­roles de Hal­lâj», pré­tend-il 6, «res­semblent à celles des dé­bu­tants : cer­taines sont plus fortes, d’autres plus faibles, d’autres plus fa­ciles, d’autres plus in­con­ve­nantes… Il vous faut sa­voir que les pa­roles de ne doivent pas être prises comme mo­dèles, car il était un ex­ta­tique, non pon­déré, et un doit être pon­déré avant que ses pa­roles fassent au­to­rité… On rap­porte qu’il di­sait “que les langues qui parlent sont la des­truc­tion des cœurs si­len­cieux”… : en , cette phrase est dé­pour­vue de sens». Et Hu­j­wirî de s’appuyer sur des théo­lo­giens comme lui qui, à pro­pre­ment par­ler, ne font pas par­tie du sou­fisme.

  1. En per­san هجویری. Par­fois trans­crit Houd­j­viri, Hou­j­wiri, Hod­j­vîri, Ho­juirî, Ha­j­very, Ha­j­veri, Ha­j­weri, Hu­j­weri, Hu­j­wuri, Houd­jouari, Hu­j­wiry, Hud­jwīrī ou Hu­jvīrī. Icône Haut
  2. En per­san «کشف‌المحجوب». Par­fois trans­crit «Ka­shf-ul-Mah­jab», «Kašf al-Maḥǧûb», «Ka­chf al-Maḥ­joûb», «Ka­shf-ul-Mah­jup», «Ka­schf-ol Mahd­joub», «Ke­shf el-Mahd­joub», «Ka­shf al Mah­joob», «Ka­shf-al-Meh­jub» ou «Ka­shf al-Maḥd­jūb». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Dé­voi­le­ment des mys­tères» ou «Ré­vé­la­tion du ca­ché». Icône Haut
  1. p. 120. Icône Haut
  2. En our­dou داتا گنج بخش. Par­fois trans­crit Data Ganj Baksh ou Data Gandj Ba­khch. Icône Haut
  3. p. 183-185. Icône Haut

Alloula, « Les Sangsues • Le Pain • La Folie de Salim • Les Thermes du Bon-Dieu »

éd. Actes Sud, coll. Papiers, Arles

éd. Actes Sud, coll. Pa­piers, Arles

Il s’agit des «Thermes du Bon-» («Ham­mam Rabi» 1) et autres pièces de M.  2, dra­ma­turge (XXe siècle). «Ab­del­ka­der était pas­sionné de », dit M. Gil­bert Grand­guillaume 3, «et il fal­lait l’être pour s’y lan­cer dans les an­nées Bou­me­diene 4, une pé­riode où la po­lice mi­li­taire était om­ni­pré­sente, la cen­sure gé­né­ra­li­sée, l’ ta­tillonne et déjà cor­rom­pue… Nul ne sait qui a armé la main des deux ir­res­pon­sables qui l’ont as­sas­siné le 10 mars 1994 à Oran alors qu’il sor­tait de sa mai­son.» Ce jour-là, l’ a perdu un qui avait saisi le sens pro­fond de la , qui œu­vrait à don­ner à son pays un théâtre qui fût com­pris de tous et qui em­prun­tât ses formes aux tra­di­tions sé­cu­laires. Car, pa­ral­lè­le­ment au théâtre de type oc­ci­den­tal, qu’on consom­mait en salle fer­mée et dans les , les po­pu­la­tions ru­rales de l’Algérie conti­nuaient à pra­ti­quer un théâtre tra­di­tion­nel : ce­lui de la «» 5an­neau»). La re­pré­sen­ta­tion de ce théâ­tral se dé­rou­lait en plein air, gé­né­ra­le­ment les jours de mar­ché. Les spec­ta­teurs s’asseyaient à même le sol, épaule contre épaule, et for­maient ainsi un cercle al­lant de cinq à douze mètres de dia­mètre. À l’intérieur de ce cercle, évo­luait seul le «med­dah» 6conteur»), qui était à la fois l’acteur et l’auteur, in­ter­pré­tant à sa fa­çon toutes sortes de . Un ac­ces­soire or­di­naire — sa cape, ses chaus­sures ou une en­tre­po­sée au centre de l’ théâ­tral — de­ve­nait pour les au­di­teurs, sous l’emprise de son verbe ma­gique, une source em­poi­son­née, une bête fé­roce bles­sée ou une épouse aban­don­née. «Après l’indépendance na­tio­nale… les pre­mières trans­for­ma­tions pro­je­tèrent l’activité théâ­trale [vers les cam­pagnes]. Les re­pré­sen­ta­tions se don­naient en plein air, au grand jour, gra­tui­te­ment et sur toutes sortes d’espaces : cours d’écoles, chan­tiers de agri­coles en construc­tion, ré­fec­toires à l’intérieur d’usines… C’est pré­ci­sé­ment dans ce grand en­thou­siasme, dans ce grand dé­pla­ce­ment vers les masses la­bo­rieuses… que notre ac­ti­vité théâ­trale de type [oc­ci­den­tal] a ré­vélé ses li­mites. En ef­fet, les nou­veaux pay­sans ou d’origine pay­sanne avaient des com­por­te­ments cultu­rels propres face à la re­pré­sen­ta­tion théâ­trale. Les spec­ta­teurs s’asseyaient à même le sol, et for­maient na­tu­rel­le­ment une “halqa” au­tour de notre dis­po­si­tif scé­nique… Cer­tains spec­ta­teurs tour­naient fran­che­ment le dos à la de jeu pour mieux écou­ter le texte», dit M. Al­loula 7. Le mou­ve­ment théâ­tral de M. Al­loula, mal­gré ses li­mites et les obs­tacles qui ja­lon­nèrent son iti­né­raire, contri­bua ainsi pour une part ap­pré­ciable à la ar­tis­tique de l’Algérie.

  1. En «حمام ربي». Par­fois trans­crit «Ḥammām Rabbī». Icône Haut
  2. En arabe عبد القادر علولة. Icône Haut
  3. «Ab­del­ka­der Al­loula, un homme de culture al­gé­rienne», p. 10-11. Icône Haut
  4. Les an­nées 1970. Icône Haut
  1. En arabe حلقة. Icône Haut
  2. En arabe مداح. Icône Haut
  3. «La Re­pré­sen­ta­tion de type non aris­to­té­li­cien dans l’activité théâ­trale en Al­gé­rie», p. 126-128. Icône Haut