Icône CatégorieOuvrages peu soignés ou mal finis

« Un Lettré à la Cour de l’Empereur Ichijô : Ôe no Masahira »

dans « Mélanges offerts à M. Charles Haguenauer, en l’honneur de son quatre-vingtième anniversaire : études japonaises » (éd. L’Asiathèque, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris), p. 369-387

dans «Mé­langes of­ferts à M. Charles Ha­gue­nauer, en l’ de son quatre-ving­tième an­ni­ver­saire : études ja­po­naises» (éd. L’Asiathèque, coll. Bi­blio­thèque de l’Institut des hautes études ja­po­naises, Pa­ris), p. 369-387

Il s’agit d’Ôe no Ma­sa­hira 1, le confé­ren­cier de l’Empereur du et le plus fé­cond let­tré de son (Xe-XIe siècle apr. J.-C.). Ses com­po­si­tions sont ras­sem­blées dans le «Re­cueil de l’adjoint du dé­par­te­ment des rites» («Kô­rihô-shû» 2), re­cueil de cent trente-trois poé­sies et trente-huit pré­faces, com­po­sées par Ma­sa­hira sur des thèmes im­po­sés soit à l’occasion de cé­ré­mo­nies de la Cour, soit dans des réunions mon­daines.

Dès six ans, à l’âge où les che­vau­chaient des bâ­tons de bam­bou, Ma­sa­hira ap­prit à lire. Deux ans plus tard, il com­mença à s’exercer à la . Son grand-père, qui fi­gu­rait au nombre des hauts di­gni­taires, sur­veillait ses études et l’encourageait : «Tu as, toi, l’étoffe d’un pré­cep­teur de l’Empereur», lui di­sait-il 3, «tu te trou­ve­ras sû­re­ment sur le pas­sage d’un roi Bun [un roi cher­chant un pour mi­nistre]». L’enfant ajou­tait à ces pa­roles; son es­prit s’exaltait. Il ti­rait son ri­deau et ne don­nait même pas un fur­tif au jar­din. Il fer­mait sa porte et n’accordait nul mo­ment à la marche et aux . Son oc­cu­pa­tion, c’était l’étude; sa , c’était le vent et la lune, thèmes de ses com­po­si­tions. Pauvre, il pou­vait à peine en­du­rer les souf­frances du . Seuls quatre murs com­po­saient sa mai­son où il avait de voir s’enfouir ses . Sa vieille mère avait quatre-vingts ans, et il déses­pé­rait de n’avoir pas un trai­te­ment suf­fi­sant pour l’entretenir. «Confu­cius a dit : ce­lui qui étu­die trouve sa ré­com­pense dans l’étude. Trompé par ces pa­roles, dans ma , j’ai — lourde faute — aimé les lettres; c’est exac­te­ment comme si j’avais rêvé et perdu ma », écri­vit le mal­heu­reux Ma­sa­hira 4 après qu’on lui eut re­fusé à plu­sieurs re­prises le poste qu’il s’était ad­jugé et qu’il croyait sien. Mais à par­tir de 1000 apr. J.-C. sa ré­pu­ta­tion s’établit, et de­venu confé­ren­cier de l’Empereur, c’est-à-dire chargé de lui com­men­ter cer­taines œuvres et de lui four­nir des textes mu­nis des signes qui per­met­taient à un une lec­ture plus ai­sée, il pré­senta à Ichijô-tennô 5 «Le Livre des vers», «Les Mé­moires his­to­riques», «L’Œuvre» de Tchouang-tseu, etc.

  1. En ja­po­nais 大江匡衡. Par­fois trans­crit Ooe no Ma­sa­hira. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «江吏部集». Par­fois trans­crit «Gō­rihō-shū». Icône Haut
  3. «Un Let­tré à la Cour de l’Empereur Ichijô : Ôe no Ma­sa­hira», p. 374. Icône Haut
  1. Dans , «La Cour et l’ du Ja­pon», p. 240. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 一条天皇. Icône Haut

Michinaga, « Notes journalières. Tome III »

éd. Droz, coll. Hautes études orientales, Genève

éd. Droz, coll. Hautes études orien­tales, Ge­nève

Il s’agit du «Midô kan­pa­kuki» 1Notes jour­na­lières», ou lit­té­ra­le­ment «Notes du grand chan­ce­lier de la cha­pelle») de  2, mi­nistre qui pré­sida à un des mo­ments les plus brillants du an­cien (Xe-XIe siècle). «Cet âge-ci, oui, cet âge est vrai­ment mien quand je puis pen­ser que rien ne vient di­mi­nuer la plé­ni­tude de la lune» 3. L’auteur de ce poème, Mi­chi­naga, pré­senta pen­dant toute sa le spec­tacle in­des­crip­tible d’un béni par la for­tune. En éta­lant avec pro­di­ga­lité son im­mense for­tune dans des dons fas­tueux aux mo­nas­tères, il conserva le pou­voir mi­nis­té­riel sous trois avant de le trans­mettre à ses fils. Sans ma­ni­fes­ter au­cun ta­lent par­ti­cu­lier, au­cun re­mar­quable, au­cun des­sein neuf ou ori­gi­nal, il re­leva pour­tant les rites et la à moi­tié tom­bés; il donna à l’époque de Heian ses meilleurs peintres, ses grandes let­trées, quelques bons aussi, et de nom­breux . On le vé­néra à l’égal d’un in­carné; sa splen­deur ins­pira les tout pre­miers ou­vrages d’ na­tio­nale : l’«Eiga mo­no­ga­tari» 4Dit de ma­gni­fi­cence») et l’«Ôka­gami» 5Grand »). «C’est au­tour de [Mi­chi­naga] que se dé­ve­loppa cette ori­gi­nale et ex­trê­me­ment brillante qui a fait la gloire du Xe siècle, mais qui mal­heu­reu­se­ment a été li­mi­tée à une classe par­ti­cu­lière, celle des nobles de la Cour, et à une ré­gion très res­treinte, celle de la ca­pi­tale et de ses abords im­mé­diats; l’ensemble du pays, en de­hors des mo­nas­tères pro­vin­ciaux, res­tait plongé dans un état semi-bar­bare et une grande ; …le mau­vais état des voies de , fort peu dé­ve­lop­pées jusqu’à l’époque mo­derne, em­pê­chait la de l’époque d’être plus qu’une culture de Cour», dit Fran­çoise Pe­tit

  1. En «御堂関白記». Par­fois trans­crit «Midô kam­pa­kuki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 藤原道長. Au­tre­fois trans­crit Fou­ji­wara no Mit­chi­naga. Icône Haut
  3. Mi­chi­naga, «Poèmes», p. 114. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «栄花物語». Au­tre­fois trans­crit «Eigwa mo­no­ga­tari». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «大鏡». Au­tre­fois trans­crit «Oh-ka­gami». Icône Haut

Michinaga, « Notes journalières. Tome II »

éd. Droz, coll. Hautes études orientales, Genève

éd. Droz, coll. Hautes études orien­tales, Ge­nève

Il s’agit du «Midô kan­pa­kuki» 1Notes jour­na­lières», ou lit­té­ra­le­ment «Notes du grand chan­ce­lier de la cha­pelle») de  2, mi­nistre qui pré­sida à un des mo­ments les plus brillants du an­cien (Xe-XIe siècle). «Cet âge-ci, oui, cet âge est vrai­ment mien quand je puis pen­ser que rien ne vient di­mi­nuer la plé­ni­tude de la lune» 3. L’auteur de ce poème, Mi­chi­naga, pré­senta pen­dant toute sa le spec­tacle in­des­crip­tible d’un béni par la for­tune. En éta­lant avec pro­di­ga­lité son im­mense for­tune dans des dons fas­tueux aux mo­nas­tères, il conserva le pou­voir mi­nis­té­riel sous trois avant de le trans­mettre à ses fils. Sans ma­ni­fes­ter au­cun ta­lent par­ti­cu­lier, au­cun re­mar­quable, au­cun des­sein neuf ou ori­gi­nal, il re­leva pour­tant les rites et la à moi­tié tom­bés; il donna à l’époque de Heian ses meilleurs peintres, ses grandes let­trées, quelques bons aussi, et de nom­breux . On le vé­néra à l’égal d’un in­carné; sa splen­deur ins­pira les tout pre­miers ou­vrages d’ na­tio­nale : l’«Eiga mo­no­ga­tari» 4Dit de ma­gni­fi­cence») et l’«Ôka­gami» 5Grand »). «C’est au­tour de [Mi­chi­naga] que se dé­ve­loppa cette ori­gi­nale et ex­trê­me­ment brillante qui a fait la gloire du Xe siècle, mais qui mal­heu­reu­se­ment a été li­mi­tée à une classe par­ti­cu­lière, celle des nobles de la Cour, et à une ré­gion très res­treinte, celle de la ca­pi­tale et de ses abords im­mé­diats; l’ensemble du pays, en de­hors des mo­nas­tères pro­vin­ciaux, res­tait plongé dans un état semi-bar­bare et une grande ; …le mau­vais état des voies de , fort peu dé­ve­lop­pées jusqu’à l’époque mo­derne, em­pê­chait la de l’époque d’être plus qu’une culture de Cour», dit Fran­çoise Pe­tit

  1. En «御堂関白記». Par­fois trans­crit «Midô kam­pa­kuki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 藤原道長. Au­tre­fois trans­crit Fou­ji­wara no Mit­chi­naga. Icône Haut
  3. Mi­chi­naga, «Poèmes», p. 114. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «栄花物語». Au­tre­fois trans­crit «Eigwa mo­no­ga­tari». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «大鏡». Au­tre­fois trans­crit «Oh-ka­gami». Icône Haut

Michinaga, « Notes journalières. Tome I »

éd. Droz, coll. Hautes études orientales, Genève

éd. Droz, coll. Hautes études orien­tales, Ge­nève

Il s’agit du «Midô kan­pa­kuki» 1Notes jour­na­lières», ou lit­té­ra­le­ment «Notes du grand chan­ce­lier de la cha­pelle») de  2, mi­nistre qui pré­sida à un des mo­ments les plus brillants du an­cien (Xe-XIe siècle). «Cet âge-ci, oui, cet âge est vrai­ment mien quand je puis pen­ser que rien ne vient di­mi­nuer la plé­ni­tude de la lune» 3. L’auteur de ce poème, Mi­chi­naga, pré­senta pen­dant toute sa le spec­tacle in­des­crip­tible d’un béni par la for­tune. En éta­lant avec pro­di­ga­lité son im­mense for­tune dans des dons fas­tueux aux mo­nas­tères, il conserva le pou­voir mi­nis­té­riel sous trois avant de le trans­mettre à ses fils. Sans ma­ni­fes­ter au­cun ta­lent par­ti­cu­lier, au­cun re­mar­quable, au­cun des­sein neuf ou ori­gi­nal, il re­leva pour­tant les rites et la à moi­tié tom­bés; il donna à l’époque de Heian ses meilleurs peintres, ses grandes let­trées, quelques bons aussi, et de nom­breux . On le vé­néra à l’égal d’un in­carné; sa splen­deur ins­pira les tout pre­miers ou­vrages d’ na­tio­nale : l’«Eiga mo­no­ga­tari» 4Dit de ma­gni­fi­cence») et l’«Ôka­gami» 5Grand »). «C’est au­tour de [Mi­chi­naga] que se dé­ve­loppa cette ori­gi­nale et ex­trê­me­ment brillante qui a fait la gloire du Xe siècle, mais qui mal­heu­reu­se­ment a été li­mi­tée à une classe par­ti­cu­lière, celle des nobles de la Cour, et à une ré­gion très res­treinte, celle de la ca­pi­tale et de ses abords im­mé­diats; l’ensemble du pays, en de­hors des mo­nas­tères pro­vin­ciaux, res­tait plongé dans un état semi-bar­bare et une grande ; …le mau­vais état des voies de , fort peu dé­ve­lop­pées jusqu’à l’époque mo­derne, em­pê­chait la de l’époque d’être plus qu’une culture de Cour», dit Fran­çoise Pe­tit

  1. En «御堂関白記». Par­fois trans­crit «Midô kam­pa­kuki». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 藤原道長. Au­tre­fois trans­crit Fou­ji­wara no Mit­chi­naga. Icône Haut
  3. Mi­chi­naga, «Poèmes», p. 114. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «栄花物語». Au­tre­fois trans­crit «Eigwa mo­no­ga­tari». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «大鏡». Au­tre­fois trans­crit «Oh-ka­gami». Icône Haut

Michinaga, « Poèmes »

éd. Droz, coll. Hautes études orientales, Genève

éd. Droz, coll. Hautes études orien­tales, Ge­nève

Il s’agit des poèmes de  1, mi­nistre qui pré­sida à un des mo­ments les plus brillants du an­cien (Xe-XIe siècle). «Cet âge-ci, oui, cet âge est vrai­ment mien quand je puis pen­ser que rien ne vient di­mi­nuer la plé­ni­tude de la lune» 2. L’auteur de ce poème, Mi­chi­naga, pré­senta pen­dant toute sa le spec­tacle in­des­crip­tible d’un béni par la for­tune. En éta­lant avec pro­di­ga­lité son im­mense for­tune dans des dons fas­tueux aux mo­nas­tères, il conserva le pou­voir mi­nis­té­riel sous trois avant de le trans­mettre à ses fils. Sans ma­ni­fes­ter au­cun ta­lent par­ti­cu­lier, au­cun re­mar­quable, au­cun des­sein neuf ou ori­gi­nal, il re­leva pour­tant les rites et la à moi­tié tom­bés; il donna à l’époque de Heian ses meilleurs peintres, ses grandes let­trées, quelques bons aussi, et de nom­breux . On le vé­néra à l’égal d’un in­carné; sa splen­deur ins­pira les tout pre­miers ou­vrages d’ na­tio­nale : l’«Eiga mo­no­ga­tari» 3Dit de ma­gni­fi­cence») et l’«Ôka­gami» 4Grand »). «C’est au­tour de [Mi­chi­naga] que se dé­ve­loppa cette ori­gi­nale et ex­trê­me­ment brillante qui a fait la gloire du Xe siècle, mais qui mal­heu­reu­se­ment a été li­mi­tée à une classe par­ti­cu­lière, celle des nobles de la Cour, et à une ré­gion très res­treinte, celle de la ca­pi­tale et de ses abords im­mé­diats; l’ensemble du pays, en de­hors des mo­nas­tères pro­vin­ciaux, res­tait plongé dans un état semi-bar­bare et une grande ; …le mau­vais état des voies de , fort peu dé­ve­lop­pées jusqu’à l’époque mo­derne, em­pê­chait la de l’époque d’être plus qu’une culture de Cour», dit Fran­çoise Pe­tit

  1. En 藤原道長. Au­tre­fois trans­crit Fou­ji­wara no Mit­chi­naga. Icône Haut
  2. p. 114. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «栄花物語». Au­tre­fois trans­crit «Eigwa mo­no­ga­tari». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «大鏡». Au­tre­fois trans­crit «Oh-ka­gami». Icône Haut

Abou-Nowâs, « Le Vin, le Vent, la Vie : choix de poèmes »

éd. Actes Sud-Sindbad, Arles

éd. Actes Sud-Sind­bad, Arles

Il s’agit d’ 1 (VIIIe-IXe siècle apr. J.-C.), poète d’expression , «ivrogne, pé­dé­raste, li­ber­tin, demi-fou de Hâ­roun al-Ra­chîd, aussi connu par ses bons mots et ses fa­cé­ties, que par ses vers» 2. Il na­quit à Ah­vaz, d’un père arabe qui le laissa or­phe­lin, et d’une mère per­sane qui le ven­dit à un mar­chand d’épices de Bas­so­rah. L’enfant, ce­pen­dant, n’avait au­cune es­pèce d’aptitude pour le ; il ne pre­nait in­té­rêt qu’aux choses de l’esprit et af­fec­tion­nait par­ti­cu­liè­re­ment les belles lettres. Il n’avait qu’un  : ce­lui d’approcher le poète Wâ­liba ibn al-Hou­bab. , il ad­vint qu’un jour ce poète li­ber­tin et ama­teur de gar­çons s’arrêta de­vant la bou­tique d’épices et dis­tin­gua le jeune Abou-Nowâs pour sa mine. Il lui pro­posa de l’emmener avec lui à  : «J’ai re­mar­qué en toi les signes non équi­voques d’un grand ta­lent qui ne de­mande qu’à s’épanouir», lui dit-il 3. Plus tard, le bruit de son ta­lent étant par­venu aux oreilles de Hâ­roun al-Ra­chîd, ce prince le fit ve­nir à sa Cour, où il le lo­gea et ré­pan­dit sur lui ses bien­faits. Abou-Nowâs, par ses saillies aussi heu­reuses que har­dies, par son sa­voir des ex­pres­sions rares et par le charme de ses poé­sies, fit les dé­lices de la Cour brillante de ce prince. Al-Ja­hiz, l’un des hommes les plus éru­dits de ce , di­sait : «Je ne connais pas à Abou-Nowâs d’égal pour la connais­sance de la arabe». Et Abou-Nowâs di­sait lui-même : «Je n’ai pas dit un vers avant d’avoir étu­dié soixante , dont al-Khansâ et Laylâ, et que dire du nombre des !» 4 Ja­mais il ne re­nia, pour au­tant, ses per­sanes : il se mo­qua sans re­te­nue de la gloire des Arabes «qui ne sont pas les seuls élus de »; il at­ta­qua cet es­prit de race, cet tri­bal si im­por­tant dans la arabe, et dont s’armait un Fé­raz­dak peu de temps au­pa­ra­vant; en­fin, sa raf­fi­née et dis­so­lue re­fusa de se plier aux mœurs aus­tères du Bé­douin «man­geur de lé­zard et bu­veur d’ de puits dans les outres» me­nant une pré­caire sur une « aride peu­plée d’hyènes et de cha­cals»

  1. En arabe أبو نواس. Par­fois trans­crit Abou-Na­vas, Abou Na­was, Abou-Nao­vas, Ebu Nü­vas, Abou Nouas, Aboû Nouwâs ou Abū Nuwās. Icône Haut
  2. An­dré Gide, « cri­tiques» (éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris), p. 105. Icône Haut
  1. Dans Wa­cyf Bou­tros Ghali, «Le Jar­din des », p. 212. Icône Haut
  2. Dans id. p. 213. Icône Haut

Abou-Nowâs, « Poèmes bachiques et libertins »

éd. Verticales, Paris

éd. Ver­ti­cales, Pa­ris

Il s’agit d’ 1 (VIIIe-IXe siècle apr. J.-C.), poète d’expression , «ivrogne, pé­dé­raste, li­ber­tin, demi-fou de Hâ­roun al-Ra­chîd, aussi connu par ses bons mots et ses fa­cé­ties, que par ses vers» 2. Il na­quit à Ah­vaz, d’un père arabe qui le laissa or­phe­lin, et d’une mère per­sane qui le ven­dit à un mar­chand d’épices de Bas­so­rah. L’enfant, ce­pen­dant, n’avait au­cune es­pèce d’aptitude pour le ; il ne pre­nait in­té­rêt qu’aux choses de l’esprit et af­fec­tion­nait par­ti­cu­liè­re­ment les belles lettres. Il n’avait qu’un  : ce­lui d’approcher le poète Wâ­liba ibn al-Hou­bab. , il ad­vint qu’un jour ce poète li­ber­tin et ama­teur de gar­çons s’arrêta de­vant la bou­tique d’épices et dis­tin­gua le jeune Abou-Nowâs pour sa mine. Il lui pro­posa de l’emmener avec lui à  : «J’ai re­mar­qué en toi les signes non équi­voques d’un grand ta­lent qui ne de­mande qu’à s’épanouir», lui dit-il 3. Plus tard, le bruit de son ta­lent étant par­venu aux oreilles de Hâ­roun al-Ra­chîd, ce prince le fit ve­nir à sa Cour, où il le lo­gea et ré­pan­dit sur lui ses bien­faits. Abou-Nowâs, par ses saillies aussi heu­reuses que har­dies, par son sa­voir des ex­pres­sions rares et par le charme de ses poé­sies, fit les dé­lices de la Cour brillante de ce prince. Al-Ja­hiz, l’un des hommes les plus éru­dits de ce , di­sait : «Je ne connais pas à Abou-Nowâs d’égal pour la connais­sance de la arabe». Et Abou-Nowâs di­sait lui-même : «Je n’ai pas dit un vers avant d’avoir étu­dié soixante , dont al-Khansâ et Laylâ, et que dire du nombre des !» 4 Ja­mais il ne re­nia, pour au­tant, ses per­sanes : il se mo­qua sans re­te­nue de la gloire des Arabes «qui ne sont pas les seuls élus de »; il at­ta­qua cet es­prit de race, cet tri­bal si im­por­tant dans la arabe, et dont s’armait un Fé­raz­dak peu de temps au­pa­ra­vant; en­fin, sa raf­fi­née et dis­so­lue re­fusa de se plier aux mœurs aus­tères du Bé­douin «man­geur de lé­zard et bu­veur d’ de puits dans les outres» me­nant une pré­caire sur une « aride peu­plée d’hyènes et de cha­cals»

  1. En arabe أبو نواس. Par­fois trans­crit Abou-Na­vas, Abou Na­was, Abou-Nao­vas, Ebu Nü­vas, Abou Nouas, Aboû Nouwâs ou Abū Nuwās. Icône Haut
  2. An­dré Gide, « cri­tiques» (éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris), p. 105. Icône Haut
  1. Dans Wa­cyf Bou­tros Ghali, «Le Jar­din des », p. 212. Icône Haut
  2. Dans id. p. 213. Icône Haut

« Textes ougaritiques. Tome II. Textes religieux et rituels • Correspondance »

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du Proche-, Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’ 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’ et la sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une , un sys­tème d’ et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous . Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : !», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la , s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le et le ; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du ». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives qu’ils jettent sur la hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les des bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent , de­vant nos yeux, avec une éton­nante . «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des de l’écriture, de la ou de la sé­mi­tique, des croyances des et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du , et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de .»

  1. En رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Icône Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Icône Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Icône Haut

« Textes ougaritiques. Tome I. Mythes et légendes »

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du , Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’ 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’ et la sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une , un sys­tème d’ et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous . Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : !», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la , s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le et le ; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du Proche-». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives qu’ils jettent sur la hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les des bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent , de­vant nos yeux, avec une éton­nante . «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des de l’écriture, de la ou de la sé­mi­tique, des croyances des et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du , et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de .»

  1. En رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Icône Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Icône Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Icône Haut

Sûr-dâs, « Pastorales »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Sûr-sâ­gar» 1L’Océan de Sûr-dâs»). C’est une es­pèce de Di­van formé d’un grand nombre de res­sem­blant à nos pas­to­rales, même si les Hin­dous leur donnent le titre d’« re­li­gieux» («bha­jans» 2), parce qu’elles roulent sur les de Kṛṣṇa et de ses épouses. Le su­jet est in­di­qué dans le pre­mier vers de ces chan­sons et se trouve ré­pété à la fin. Le nom de l’auteur, Sûr-dâs 3, ap­pa­raît à l’intérieur des vers, se­lon l’usage des our­dous. Ce Sûr-dâs na­quit dans le vil­lage de Sihi, près de Delhi, entre l’an 1478 et 1483 apr. J.-C. On dit qu’il était aveugle, mais doué d’une voyance si di­vine qu’elle lui fit, un jour, de­vi­ner le grain de beauté sur la cuisse de la prin­cesse royale de Delhi! On ra­conte aussi que lorsqu’il chan­tait, Kṛṣṇa ve­nait et s’asseyait au­près de lui pour l’écouter. Ce lui pro­posa de lui rendre la vue, mais Sûr-dâs re­fusa, di­sant : «Ce­lui qui T’a vu, ne veut plus voir ce » 4. Aujourd’hui en­core, c’est en chan­tant ses chan­sons que les aveugles en Inde font la quête, eux que le sur­nomme Sûr-dâs. Son œuvre est sou­vent com­pa­rée à celle de ses contem­po­rains, Tulsî-dâs et Keśav-dâs, quoiqu’elle n’égale ni la pro­fon­deur du pre­mier, ni la di­ver­sité du se­cond. «Le terme de “” ou de “ dé­vo­tion­nelle” ne me pa­raît pas [adapté] à la de Sûr-dâs», dit Mme Maya Bur­ger 5. «Je ne nie pas qu’il s’agisse d’une forme de re­li­gion… mais la no­tion de “jeu scé­nique” me pa­raît plus proche du monde de Sûr-dâs que ce­lui de “dé­vo­tion”. Le poète met en scène le di­vin en par­lant de la la plus ba­nale [et] la plus concrète… On peut s’amuser au quo­ti­dien avec les di­vi­ni­tés du monde dé­peint par Sûr-dâs [c’est-à-dire] le monde des ber­gers et pay­sans de la ré­gion de Ma­thura.»

  1. En «सूरसागर». Par­fois trans­crit «Sour-sâ­gar», «Sur­sa­gara», «Sū­rasā­gar» ou «Sū­rasā­gara». Icône Haut
  2. En hindi भजन. Icône Haut
  3. En hindi सूरदास. Par­fois trans­crit Soûr-dâs, Sū­radās ou Sū­radāsa. Icône Haut
  1. Dans Chan­dra Swami, «En quête de Dieu : aides et obs­tacles sur la voie spi­ri­tuelle». Icône Haut
  2. «Gé­rer la re­li­gion des autres en tra­dui­sant», p. 493 & 489. Icône Haut

Muḥâsibî, « Le “Kitāb al-Tawahhum” : une vision humaine des fins dernières »

éd. Klincksieck, coll. Études arabes et islamiques, Paris

éd. Klinck­sieck, coll. Études arabes et is­la­miques, Pa­ris

Il s’agit du «Ki­tâb al-Ta­wah­hum» 1Livre de la vi­sion des fins der­nières» 2) de Ḥâ­rith ibn Asad 3, théo­lo­gien et , plus connu sous le sur­nom de Muḥâ­sibî 4l’examinateur de »). Né à Bas­so­rah l’an 781 apr. J.-C., il vint de bonne heure à , où il mou­rut l’an 857. Il fit de l’examen de conscience un mo­teur de la spi­ri­tuelle. À la ma­nière des com­mer­çants, les hommes de­vraient dres­ser chaque jour, af­fir­mait-il, le bi­lan de ce qui a été po­si­tif ou né­ga­tif dans leur com­por­te­ment, de leurs «pro­fits» et «pertes». C’est cela l’examen de conscience. De la de Muḥâ­sibî, nous ne sa­vons presque rien, si­non qu’elle fut d’un grand . «Si la moi­tié du était à mes cô­tés, cela ne me pro­cu­re­rait au­cune ré­jouis­sance; et si la moi­tié du monde était loin de , de cet éloi­gne­ment je ne res­sen­ti­rais au­cun vide», dit-il 5. Et aussi : « pré­fère, entre deux com­man­de­ments po­si­tifs, le plus dur» 6. Il faut avouer que ses œuvres exé­gé­tiques sa­tis­font peu le goût mo­derne : la co­ra­nique et tra­di­tion­nelle y est trop ac­cen­tuée. Seul le «Ki­tâb al-Ta­wah­hum» fait ex­cep­tion à cet égard. Il n’est pas l’œuvre du théo­lo­gien, mais celle de l’écrivain. Il traite des fins der­nières, c’est-à-dire des châ­ti­ments ter­ribles qui se­ront in­fli­gés, en En­fer, aux hommes ayant déso­béi à Dieu; et des joies char­nelles que les hou­ris 7 ré­ser­ve­ront, au Pa­ra­dis, aux hommes ayant ob­servé Ses . Ce qui frappe, c’est l’admirable dans le­quel ces joies char­nelles sont dé­crites. Par contraste avec la vie aus­tère de Muḥâ­sibî, il y a dans le «Ki­tâb al-Ta­wah­hum» un in­avoué et qui donne à l’œuvre toute sa va­leur.

  1. En arabe «كتاب التّوهّم». Par­fois trans­crit «Ki­tab at Ta­wa­hum», «Ki­tab al Ta­wah­houm» ou «Ki­tâb al Ta­wah­hom». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Le Livre sur la vi­sion des der­nières choses». Icône Haut
  3. En arabe الحارث بن أسد. Icône Haut
  4. En arabe المحاسبي. Par­fois trans­crit Mu­ha­siby, Mu­has­sibi, Mou­has­sibi, Mo­has­sibi ou Moḥâ­sibî. Icône Haut
  1. Dans Mah­moud, «Al-Moḥâ­sibî : un mys­tique», p. 29. Icône Haut
  2. Dans Mas­si­gnon, «Es­sai sur les du lexique de la mys­tique mu­sul­mane», p. 252. Icône Haut
  3. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le , se­ront les épouses des fi­dèles. Icône Haut

Caṇḍî-dâs, « Les Amours de Radha et de Krichna »

éd. Stock, coll. Le Cabinet cosmopolite, Paris

éd. Stock, coll. Le Ca­bi­net cos­mo­po­lite, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Śrî Kṛṣṇa Kîr­tana» 1Les Amours de Râdhâ et de Kṛṣṇa») de Caṇḍî-dâs 2 (XVe siècle apr. J.-C.). On connaît le rôle im­por­tant que joue la lé­gende de Râdhâ et de Kṛṣṇa dans les œuvres des ben­ga­lis. Le plus an­cien fut Caṇḍî-dâs, prêtre du de Caṇḍî (d’où son nom), dans le vil­lage de Na­noor. Par sa nais­sance, Caṇḍî-dâs ap­par­te­nait à la caste des brah­manes, mais à cause de son pour Râmî, une blan­chis­seuse, il fut ex­clu de cette caste par ses pairs. Mal­gré sa dé­chéance, l’Inde en­tière ve­nait à lui, at­ti­rée par la ré­pu­ta­tion dont il jouis­sait en tant qu’amant et poète. Cette ré­pu­ta­tion per­dure en­core au , où l’on nomme avec ten­dresse «fou Caṇḍî» («pâ­gala Caṇḍî» 3) ce­lui qui s’abandonne comme lui, sans ré­serve, à l’amour et à la . On pré­tend que Caṇḍî-dâs mou­rut en chan­tant; car un toit s’écroula et l’ensevelit alors qu’il di­sait ses vers, ceux-ci peut-être : «Qu’il est mi­ra­cu­leux ton amour, ô Amour, et mi­ra­cu­leux son pou­voir; la du me semble le jour, ô Amour, et le plein jour du monde est ma nuit!» 4 Le «Śrî Kṛṣṇa Kîr­tana» est l’œuvre prin­ci­pale du poète; c’est une œuvre écrite pour le et par un du peuple : aussi pos­sède-t-elle toutes les qua­li­tés et tous les dé­fauts de ce genre de lit­té­ra­ture. On y trouve une char­mante naï­veté dans l’expression et une grande pro­fon­deur dans le sen­ti­ment, en même qu’une rus­ti­cité et une mo­no­to­nie déses­pé­rantes. «C’est un poème simple, pas­sionné, sen­suel», dit Mme Man’ha Gar­reau-Dom­basle 5. «J’ai eu la de l’entendre chan­ter au pays de Caṇḍî-dâs à la fin d’une écla­tante jour­née de prin­temps… Les , as­sis, te­naient leurs très simples ins­tru­ments : des cym­bales et le “mri­danga”, sorte de long tam­bour qu’on fait ré­son­ner en le frap­pant avec les doigts. Ils chan­tèrent. Les vi­bra­tions du tam­bour se fai­saient en­tendre, sourdes comme un gron­de­ment sou­ter­rain, écla­tantes comme l’orage, ryth­mées comme le cla­po­te­ment de la pluie sur les feuilles, mo­no­tones et douces comme la marche confuse d’un trou­peau.»

  1. En «শ্রীকৃষ্ণকীর্তন». Par­fois trans­crit «Çrî­kri­sh­na­kîr­tana», «Çrī Kṛṣṇa Kīr­tana», «Shri­kri­shna Kir­tana», «Shrî-kri­shna-kîrt­tana» ou «Shree Kri­shna Kir­tan». Icône Haut
  2. En ben­gali চণ্ডীদাস. Par­fois trans­crit Chan­di­dâs, Chan­di­dasa ou Caṇḍīdāsa. Icône Haut
  3. En ben­gali পাগল চণ্ডী. Icône Haut
  1. «Les Poèmes de Ka­bir, Chan­di­das, Ra­vi­das, etc.; tra­duits par Mmes [Mar­gue­rite] Ferté et [Hen­riette] Mi­ra­baud-Tho­rens» dans «Ca­hiers du Sud», nº 236, p. 49-55. Icône Haut
  2. p. 19-20. Icône Haut

Nguyễn Hưng Long, « Chant des pêcheurs de Trường-Đông : culte de la baleine »

dans « Bulletin de la Société des études indochinoises », vol. 28, nº 2, p. 183-219

dans «Bul­le­tin de la des études in­do­chi­noises», vol. 28, nº 2, p. 183-219

Il s’agit du «Chant des pê­cheurs du vil­lage de Trường-Đông», com­posé par Nguyễn Hưng Long, un des ha­bi­tants de ce vil­lage (XXe siècle). Le terme de «Chant» ne donne peut-être pas une idée exacte de ce mor­ceau. Ce n’est pas, comme l’on pour­rait s’y at­tendre, un des chants po­pu­laires si simples et si sua­ve­ment conçus du Viêt-nam. C’est plu­tôt une ri­tuelle qu’on chante lors de l’enterrement d’un «cá voi» («pois­son élé­phant») ou «cá ông» («pois­son sei­gneur»). On tra­duit ces deux ex­pres­sions par «ba­leine». En fait, il ne semble pas que la vé­ri­table ba­leine des mers arc­tiques fré­quente les côtes viet­na­miennes. Ce que les vil­la­geois ap­pellent ainsi, ce sont en gé­né­ral des cé­ta­cés de grande taille, et en par­ti­cu­lier des mar­souins et des ca­cha­lots. «Su­bi­te­ment on aper­çut quelque chose flot­ter au mi­lieu des eaux», dit le «Chant» 1. «Quel est cet être qui flot­tait sur l’abîme? On se héla et on rama en­semble dans sa di­rec­tion pour voir le pro­dige. On com­prit que c’était la ma­ni­fes­ta­tion de la puis­sance sur­na­tu­relle de notre Es­prit saint qui, vi­vant, a aidé les hommes et qui, , consent en­core à se­cou­rir le .» Jusqu’à ré­cem­ment en­core, la dé­cou­verte d’un cé­tacé échoué, mort ou mou­rant, fai­sait au l’objet d’une cé­ré­mo­nie gran­diose, au pro­to­cole com­pli­qué, car cet ani­mal était consi­déré comme le plus gé­né­reux pro­tec­teur des pê­cheurs. La le­vée du se fai­sait en grande pompe : vingt ra­meurs en uni­formes bleus pré­cé­daient les por­teurs, et ryth­maient leurs pas comme pour une sorte de , en chan­tant et en ma­nœu­vrant en ca­dence des avi­rons ré­ser­vés à ce seul usage. Le ca­davre était en­se­veli so­len­nel­le­ment sous un tu­mu­lus pour une pé­riode de trois ans. Au bout de cette pé­riode avait lieu la fête de l’exhumation que pré­si­dait le pre­mier no­table du vil­lage. En­fin, une tra­gé­die ri­tuelle qui du­rait toute la et toute la jour­née du len­de­main, clô­tu­rait cette suite de ri­tuels des­ti­nés à as­su­rer la pros­pé­rité. «La de cette tra­gé­die ri­tuelle est très sa­vante; l’auteur est un let­tré qui veut faire éta­lage de sa science. , al­lu­sions lit­té­raires, images clas­siques, pré­cieux, sont au­tant de dé­fauts qui, à nos yeux, alour­dissent ce texte et lui font perdre la ma­jeure par­tie de son in­té­rêt eth­no­lo­gique», dit M. 

  1. p. 189. Icône Haut