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Josèphe, « Antiquités judaïques. Tome III. Livres XI à XV »

éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Pu­bli­ca­tions de la des études juives, Pa­ris

Il s’agit des «An­ti­qui­tés ju­daïques» («Iou­daïkê ar­chaio­lo­gia» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien , plus connu sous le sur­nom de  2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’ ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de , et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces , il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses , le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de chef, d’ d’ et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de , mais de la , de la et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En «Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία». Icône Haut
  2. En Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Icône Haut
  3. « des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Icône Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». « des Juifs», liv. II, sect. 568. Icône Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Icône Haut

Josèphe, « Antiquités judaïques. Tome II. Livres VI à X »

éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Pu­bli­ca­tions de la des études juives, Pa­ris

Il s’agit des «An­ti­qui­tés ju­daïques» («Iou­daïkê ar­chaio­lo­gia» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien , plus connu sous le sur­nom de  2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’ ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de , et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces , il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses , le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de chef, d’ d’ et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de , mais de la , de la et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En «Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία». Icône Haut
  2. En Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Icône Haut
  3. « des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Icône Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». « des Juifs», liv. II, sect. 568. Icône Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Icône Haut

Josèphe, « Antiquités judaïques. Tome I. Livres I à V »

éd. E. Leroux, coll. Publications de la Société des études juives, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Pu­bli­ca­tions de la des études juives, Pa­ris

Il s’agit des «An­ti­qui­tés ju­daïques» («Iou­daïkê ar­chaio­lo­gia» 1) de Jo­sèphe ben Mat­thias, his­to­rien , plus connu sous le sur­nom de  2 (Ier siècle apr. J.-C.). Jo­sèphe était né pour de­ve­nir grand rab­bin ou roi; les cir­cons­tances en firent un his­to­rien. Et telle fut la des­ti­née sin­gu­lière de sa qu’il se trans­forma en ad­mi­ra­teur et en flat­teur d’une dy­nas­tie d’ ro­mains dont l’exploit fon­da­men­tal fut l’anéantissement de , et sur les mon­naies des­quels fi­gu­rait une femme as­sise, pleu­rant sous un pal­mier, avec la lé­gende «Judæa capta, Judæa de­victa» («la cap­tive, la Ju­dée vain­cue»). «Au lieu de la re­nom­mée qu’il am­bi­tion­nait… et que sem­blaient lui pro­mettre de pré­coces , il ne s’attira guère que la haine et le mé­pris de la plu­part des siens, tan­dis que les Ro­mains, d’abord ses , le com­blèrent fi­na­le­ment de biens et d’honneurs», dit le père Louis-Hugues Vincent 3. C’est que ce des­cen­dant de illustre, ce pro­dige des écoles de Jé­ru­sa­lem, ce chef «des deux Ga­li­lées… et de Ga­mala» 4, ra­cheta sa vie en pac­ti­sant avec l’ennemi; aban­donna ses de chef, d’ d’ et de pa­triote; et fi­nit ses jours dans la dou­ceur d’une re­traite do­rée, après être de­venu ci­toyen de et client de Ves­pa­sien. Il fei­gnit de voir dans ce gé­né­ral étran­ger, des­truc­teur de la Ville sainte et tueur d’un mil­lion de Juifs, le li­bé­ra­teur pro­mis à ses aïeux; il lui pré­dit, en se pros­ter­nant de­vant lui : «Tu se­ras maître, Cé­sar, non seule­ment de , mais de la , de la et de tout le genre hu­main» 5; et cette basse flat­te­rie, cette hon­teuse du­pli­cité, est une tache in­dé­lé­bile sur la vie d’un homme par ailleurs es­ti­mable. Ayant pris le sur­nom de Fla­vius pour mieux mon­trer sa sou­mis­sion, il consa­cra l’abondance de ses loi­sirs, la sou­plesse de son ta­lent et l’étendue de son éru­di­tion à re­le­ver les suc­cès des qui dé­trui­sirent sa pa­trie et la rayèrent de la carte. «Il a dé­crit [cette des­truc­tion] tout en­tière; il en a re­cueilli les moindres dé­tails, et son exac­ti­tude scru­pu­leuse étonne en­core le lec­teur… L’israélite, ébloui de ces mer­veilles, ne se sou­vient pas que ce sont les dé­pouilles de ses conci­toyens; qu’il s’agit de la Ju­dée anéan­tie; que ce ou­tragé est son Dieu, et qu’il as­siste aux fu­né­railles de son pays», dit Phi­la­rète Chasles

  1. En «Ἰουδαϊκὴ ἀρχαιολογία». Icône Haut
  2. En Fla­vius Jo­se­phus. Au­tre­fois trans­crit Flave Jo­sèphe ou Fla­vien Jo­seph. Icône Haut
  3. « des œuvres de Jo­sèphe», p. 366. Icône Haut
  1. En grec «τῆς Γαλιλαίας ἑκατέρας… καὶ Γάμαλα». « des Juifs», liv. II, sect. 568. Icône Haut
  2. En grec «Δεσπότης… οὐ μόνον ἐμοῦ σὺ Καῖσαρ, ἀλλὰ καὶ γῆς καὶ θαλάττης καὶ παντὸς ἀνθρώπων γένους». «Guerre des Juifs», liv. III, sect. 402. Icône Haut

Apollodore de Pergame, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit d’Apollodore, na­tif de Per­game (dans l’actuelle ), ex­cellent rhé­teur , pré­cep­teur de l’Empereur Au­guste (Ier siècle av. J.-C.). Il vé­cut quatre-vingt-deux ans et laissa à sa un «Art » (« rhê­to­rikê» 1) aujourd’hui perdu, et que Ta­cite qua­li­fiait de «livre très aride» («ari­dis­si­mus li­ber»). En quoi consis­tait sa doc­trine et en quoi elle dif­fé­rait de celle de son grand ri­val, Théo­dore de Ga­dara, c’est ce qu’il est as­sez dif­fi­cile de dé­ter­mi­ner. Mais si on laisse de côté les dé­tails tech­niques, que Stra­bon avouait déjà ne plus sai­sir («les dif­fé­ren­cier dé­passe ma com­pé­tence» 2), on peut in­di­quer les grandes lignes des deux . Apol­lo­dore s’occupa prin­ci­pa­le­ment de l’ ju­di­ciaire; Théo­dore eut plu­tôt en vue l’. Les pré­ceptes po­sés par Apol­lo­dore étaient plus concrets et plus pra­tiques, car il di­sait que le propre d’un dis­cours ju­di­ciaire était, d’abord et avant tout, de per­sua­der le juge, et de conduire le ver­dict là où il le vou­lait. Ainsi donc, il sou­met­tait l’orateur à la réus­site. En­fin, pour mieux pré­pa­rer l’esprit du juge, Apol­lo­dore pres­cri­vait de faire une «» (en «nar­ra­tio»), c’est-à-dire un ex­posé des faits réels ou sup­po­sés, ne né­gli­geant pas les dé­tails, et re­mon­tant aussi haut qu’il le fal­lait. On cite à ce pro­pos l’anecdote sui­vante : Dans une cer­taine plai­doi­rie, Brut­té­dius Ni­ger, dis­ciple d’Apollodore, re­pro­cha à Val­lius Sy­ria­cus de n’avoir pas ra­conté les faits et in­sista lon­gue­ment sur ce qu’on ne voyait pas com­ment l’esclave avait été pro­vo­qué à l’adultère, com­ment il avait été conduit dans la chambre à cou­cher, etc. Val­lius Sy­ria­cus lui ré­pon­dit en di­sant : «D’abord, nous n’avons pas étu­dié chez le même maître : toi, tu as suivi Apol­lo­dore, qui veut tou­jours des nar­ra­tions; , Théo­dore, qui n’en veut pas tou­jours. Et puisque tu me de­mandes, Ni­ger, pour­quoi je n’ai pas ra­conté les faits, c’est tout sim­ple­ment pour te lais­ser ce soin!»

  1. En grec «Τέχνη ῥητορική». Icône Haut
  1. p. 2. Icône Haut

Théodore de Gadara, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit de Théo­dore de Ga­dara 1, maître de l’art , qui se dis­tin­gua par l’éclectisme de ses re­cherches. Il na­quit à Ga­dara, dans l’actuelle Jor­da­nie; ses pa­rents étaient . Il émi­gra de bonne heure dans l’île de Rhodes; c’est sans pour cette qu’il pré­fé­rait se faire ap­pe­ler Rho­dien. Le fu­tur Em­pe­reur Ti­bère sui­vit at­ten­ti­ve­ment ses le­çons lorsqu’il sé­journa sur cette île (de l’an 5 av. J.-C. à l’an 2 apr. J.-C.). On dit que Théo­dore fut le pre­mier à avoir dé­celé la cruelle de son élève, et qu’il le gron­dait sou­vent en l’appelant «boue pé­trie de » (par al­lu­sion à Pla­ton qui avait dé­fini la «boue» comme une «pé­trie d’humide» 2). Outre Ti­bère, il eut pour élève le rhé­teur Her­ma­go­ras (ce­lui connu sous le nom de «dis­ciple de Théo­dore»). Il mou­rut vrai­sem­bla­ble­ment à Rhodes. Il écri­vit un grand nombre d’ouvrages, dont l’encyclopédie Souda a conservé les titres, et qui ne portent pas seule­ment sur la rhé­to­rique, mais aussi la — par exemple, «Sur la res­sem­blance des et sa dé­mons­tra­tion» («Peri dia­lek­tôn ho­moio­tê­tos kai apo­deixeôs» 3), la — par exemple, «Sur la consti­tu­tion» («Peri po­li­teias» 4), l’ — par exemple, «Sur l’histoire» («Peri his­to­rias» 5), et même la — par exemple, «Sur la Cœlé-» («Peri Koi­lês Sy­rias» 6). En tout cas, il semble avoir joui d’une haute ré­pu­ta­tion, et c’est son nom qui se pré­sente sous la plume de Ju­vé­nal lorsqu’il veut ci­ter le nom d’un in­tel­lec­tuel re­nommé. Il laissa der­rière lui une école, celle des Théo­do­riens, dont on ne sait à peu près rien, si­non qu’elle était la ri­vale de celle des Apol­lo­do­riens, fon­dée par Apol­lo­dore de Per­game. Il n’est pas ex­clu que le «Du su­blime» soit l’œuvre d’un Théo­do­rien, car se­lon ce traité, c’est Théo­dore qui dressa la liste de quelques-uns des vices op­po­sés au comme, par exemple, le «pa­ren­thyrse» 7en­thou­siasme hors de pro­pos»), c’est-à-dire le mau­vais usage du pa­thé­tique.

  1. En grec Θεόδωρος Γαδαρεύς, en Theo­do­rus Ga­da­reus. Icône Haut
  2. Pla­ton, «Théé­tète», 147c. Icône Haut
  3. En grec «Περὶ διαλέκτων ὁμοιότητος καὶ ἀποδείξεως». Icône Haut
  4. En grec «Περὶ πολιτείας». Icône Haut
  1. En grec «Περὶ ἱστορίας». Icône Haut
  2. En grec «Περὶ Κοίλης Συρίας». Icône Haut
  3. En grec παρένθυρσος. Icône Haut

Moténabbi, « Le Livre des sabres : choix de poèmes »

éd. Sindbad, coll. La Petite Bibliothèque de Sindbad, Arles

éd. Sind­bad, coll. La Pe­tite Bi­blio­thèque de Sind­bad, Arles

Il s’agit d’Abou’ltayyib 1, sur­nommé  2, or­gueilleux poète de Cour, rendu cé­lèbre en ser­vant dif­fé­rents princes arabes, en chan­tant leurs hauts faits et leurs bien­faits, en se brouillant avec eux, en se ven­geant par des sa­tires des louanges qu’il leur avait don­nées au­pa­ra­vant. Ses poèmes ont quel­que­fois de la beauté dans leur ; mais, plus sou­vent en­core, ils ne brillent que par ce sin­gu­lier mé­lange d’insolence et de po­li­tesse, de bas­sesse et d’ qui dis­tingue les cour­ti­sans; cet art de plaire aux grands en se mo­quant d’eux. Si l’on en croit ses ri­vaux, ce poète était le fils d’un simple por­teur d’ dans la ville de Koufa (en ), quoiqu’il se van­tât beau­coup de sa . Dès sa , il fut tour­menté par une am­bi­tion in­com­men­su­rable, ré­con­for­tée par les de sa , qui était payée très chè­re­ment par les princes aux­quels il s’attachait. Bien­tôt, la tête lui tourna, et il crut pou­voir pas­ser à un aussi juste titre pour pro­phète en vers, que Ma­ho­met l’avait été en prose; cela lui va­lut le sur­nom de Mo­té­nabbi («ce­lui qui se pré­tend pro­phète»). Mais, en­fin, quand il se vit dans l’impossibilité de réa­li­ser cet ; quand le et les oc­ca­sions le dé­trom­pèrent en le rap­pe­lant à une si brève, si or­di­naire, si fa­ta­le­ment hu­maine; quand il son­gea que des pans en­tiers de son am­bi­tieuse res­te­raient à ja­mais en­se­ve­lis dans l’ombre, ce fut un dé­bor­de­ment d’une amer­tume sans pa­reille. «De là, cet -propre qui, au lieu de re­cher­cher à bien faire pour ga­gner l’estime d’ et de­ve­nir , se trans­forme en égoïsme hai­neux et mal­veillant à l’égard des autres [ou en] quand ils ont échoué», dit M. Jo­seph Da­her 3. Té­moin les vers sui­vants où il dit aux hommes tout le mé­pris et toute la haine qu’ils lui ins­pirent : «Je les pe­tites gens de ce siècle, car le plus docte d’entre eux est un cré­tin, le plus éner­gique un lâche, le plus noble un chien, le plus clair­voyant un aveugle, le plus vi­gi­lant un loir, et le plus cou­ra­geux un singe».

  1. En أبو الطيب. Par­fois trans­crit Abou’l Tayib, Abou ṭ-Ṭayyib, Aboul Thaïeb ou Abū al-Ṭaiyib. Icône Haut
  2. En arabe المتنبي. Par­fois trans­crit Mo­ta­nabbî, Mo­ta­nabby, Mo­té­nabby, Mo­te­nabi, Mo­te­nebbi, Mou­ta­nabbi, Mou­ta­nabi, Mu­ta­nabi ou Mu­ta­nabbī. Icône Haut
  1. «Es­sai sur le chez le poète arabe al-Mu­ta­nabbī», p. 54. Icône Haut

Nakahara, « Poèmes »

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit des «Poèmes» de M. Na­ka­hara Chûya 1, poète (XXe siècle) que ses com­pa­triotes sur­nomment «le Rim­baud du » («Ni­hon no Rim­baud» 2). Son at­ten­tion s’est concen­trée ex­clu­si­ve­ment sur la fran­çaise du mo­derne : celle des sym­bo­listes, des da­daïstes, des sur­réa­listes, des en gé­né­ral; celle de Rim­baud en par­ti­cu­lier. Cette poé­sie était son do­maine de pré­di­lec­tion : il la li­sait, la co­piait, la dis­cu­tait avec ses amis et la tra­dui­sait en au­to­di­dacte, qui ne de­vait sa connais­sance de la fran­çaise qu’à lui-même. «Je ne pense pas qu’il existe quoi que ce soit dans ce bas monde en de­hors de l’univers de cette poé­sie», di­sait-il 3. Et d’abord, il par­ta­geait avec Rim­baud le goût de la marche. Chez l’un comme chez l’autre, cette ac­ti­vité était étroi­te­ment liée à la créa­tion . À l’âge où Rim­baud était parti pour la pre­mière fois de sa ville na­tale, Na­ka­hara avait quitté la sienne. Il ar­pen­tait les rues de Kyôto et de Tô­kyô, en em­por­tant tou­jours avec lui du pa­pier et des en­ve­loppes tim­brées, pour pou­voir cou­cher sur pa­pier chaque idée si­tôt qu’elle émer­geait de son es­prit et l’envoyer im­mé­dia­te­ment par la poste à ses amis. Il ai­mait par­ti­cu­liè­re­ment les pro­me­nades noc­turnes au clair de lune : «Je me suis re­connu», di­sait-il 4, «je suis adepte de l’école du noc­turne (mal­gré l’étrangeté de cette ex­pres­sion). Si cette for­mule ne convient pas, je suis adepte de l’école du clair de lune. Elle est vrai­ment bé­né­fique. Il n’y a rien de meilleur. Ja­mais de ma ce sen­ti­ment ne me quit­tera.» C’était, au fond, un qui dé­dai­gnait la lit­té­ra­ture et son au pro­fit de la pleine et de l’ im­mé­diate; et on peut dire, avec un ja­po­nais 5, que «la conver­sa­tion ainsi que les lettres étaient les vrais -d’œuvre de M. Na­ka­hara; ses [“Poèmes”] ne sont en fin de compte que des re­frains dé­nués de sens se rat­ta­chant aux der­niers mots de sa conver­sa­tion». En ef­fet, en­traîné par ses mo­dèles , M. Na­ka­hara s’est trop laissé al­ler à des cu­rio­si­tés poé­tiques, en cher­chant tou­jours le for­tuit ou le dé­sin­volte, en de­hors de tout contrôle exercé par la , en l’absence de toute pré­oc­cu­pa­tion fi­nale. Cette lit­té­raire, qu’on di­sait mo­der­niste, n’est plus et ne peut plus être une avant-garde; elle est en­té­ri­née, pas­sée.

  1. En ja­po­nais 中原中也. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 日本のランボー. Icône Haut
  3. Lettre du 21 avril 1937. Icône Haut
  1. Lettre du 9 juin 1937. Icône Haut
  2. M. Ka­wa­kami Tet­su­tarô. Icône Haut

Li Zhichang, « Relation du voyage de Qiu, surnommé Chang Chun (“Long Printemps”), à l’Ouest de la Chine »

dans « Journal asiatique », sér. 6, vol. 9, p. 39-86

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 6, vol. 9, p. 39-86

Il s’agit de la «Re­la­tion du voyage de Chang Chun Zhen Ren à l’Ouest [de la ]» 1Chang Chun Zhen Ren Xi You Ji» 2). Moine d’une droi­ture et d’une pro­bité re­con­nues, Qiu Chuji 3, qui se donna le sur­nom de Chang Chun Zhen Ren 4 Vé­ri­table du Long Prin­temps»), ou sim­ple­ment Chang Chun («Long Prin­temps»), na­quit en l’an 1148 apr. J.-C. À l’âge de dix-neuf ans, s’étant rasé la tête, il par­tit étu­dier la doc­trine de l’ in­té­rieure, dite Quanz­hen 5 in­té­grale» 6), qui réunis­sait ïste, as­cèse mo­nas­tique et . Sous la de son maître Wang Chon­gyang 7, il de­vint un homme doué des plus hautes fa­cul­tés et du plus grand mé­rite, dé­crit par ses contem­po­rains en ces termes 8 : «Long­temps [il] a sé­journé parmi les pics et les ra­vins des ; il a ca­ché sa et dis­si­mulé son ; quand il ex­po­sait les trans­for­ma­trices que nous a lé­guées le maître an­cêtre, en res­tant as­sis, il fai­sait ve­nir à lui des doc­teurs du tao qui se ras­sem­blaient comme des nuages sur ce sen­tier bien­heu­reux…» Les Jin et les Song lui en­voyèrent des mes­sa­gers pour l’engager à se rendre au­près d’eux; mais il n’y consen­tit pas. À quelqu’un qui l’interrogeait sur ses re­fus ré­ité­rés, Chang Chun ré­pon­dit 9 : «Ces gens ne connaissent rien aux choses du . Quand les vien­dront pour de par­tir, je par­ti­rai; il n’y a rien d’autre à dire là-des­sus». C’est sur ces en­tre­faites que Gen­gis Khan en­voya, en l’an 1219, un de ses conseillers in­times, avec un sauf-conduit en et une es­corte de vingt hommes à pour ame­ner Chang Chun des bords de l’océan Pa­ci­fique jusqu’à la ville de Ka­boul. Le grand conqué­rant avait eu vent de l’ que l’alchimie in­té­rieure pro­met­tait à ses adeptes et il vou­lait en pro­fi­ter. Déçu dans son es­poir dès sa pre­mière conver­sa­tion avec Chang Chun, qui lui ex­pli­qua qu’il s’agissait d’une im­mor­ta­lité pu­re­ment spi­ri­tuelle, il le traita néan­moins avec une pré­ve­nance mar­quée et le ren­voya com­blé de pré­sents et de bien­faits.

  1. Par­fois tra­duit « sur le voyage en de Chang Chun, homme vé­ri­table». Icône Haut
  2. En chi­nois «長春眞人西遊記». Éga­le­ment connu sous le titre de «Xi You Lu» («西游錄»), c’est-à-dire «An­nales du voyage à l’Ouest». À ne pas confondre avec «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest», le cé­lèbre . Icône Haut
  3. En chi­nois 丘處機 ou 邱處機. Au­tre­fois trans­crit K‘iéou Tchôu-kī ou Ch’iu Ch’u-chi. Icône Haut
  4. En chi­nois 長春眞人. Au­tre­fois trans­crit Tch‘âng-tchûn. Icône Haut
  5. En chi­nois 全眞. Au­tre­fois trans­crit Ch’üan-chen. Icône Haut
  1. Au­tre­fois tra­duit «la Vé­rité ab­so­lue». Icône Haut
  2. En chi­nois 王重陽. Au­tre­fois trans­crit Tchoûng-yâng-wâng ou Wang Ch’ung-yang. Icône Haut
  3. Dans , « et Pièces de chan­cel­le­rie chi­noises de l’époque mon­gole», p. 301. Icône Haut
  4. Dans Do­mi­nique Le­lièvre, « chi­nois à la dé­cou­verte du », p. 170. Icône Haut

Longin, « Fragments • Art rhétorique »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit du «Art » (« rhê­to­rikê» 1) et autres frag­ments de Cas­sius Lon­gin 2, éru­dit d’expression grecque, mêlé à presque toutes les dis­cus­sions lit­té­raires et phi­lo­lo­giques du IIIe siècle apr. J.-C. et de­venu dans sa le mi­nistre d’une reine. L’année de sa nais­sance n’est pas plus connue que sa pa­trie; sa mère, en tout cas, était Sy­rienne. Après avoir passé sa à en­sei­gner les belles-lettres à Athènes, il fut ap­pelé en , à la Cour de Pal­myre 3. La reine Zé­no­bie, qui le prit au­près d’elle pour s’instruire dans la grecque, en fit son prin­ci­pal mi­nistre et s’abandonna à ses conseils. C’est lui qui en­cou­ra­gea cette reine à dé­fendre son titre de reine contre les ar­mées d’Aurélien. On dit même qu’il lui dicta la ré­ponse noble et fière qu’elle écri­vit à cet Em­pe­reur qui la pres­sait de se rendre : «Ja­dis, Cléo­pâtre a pré­féré la au pom­peux que vous m’offrez. La m’envoie des auxi­liaires; les Arabes et les Ar­mé­niens mour­ront pour ma cause… Que sera-ce quand les troupes al­liées que j’attends se­ront ve­nues?» Cette ré­ponse hau­taine coûta la vie à Lon­gin; car de­venu, à la fin d’un long siège, le maître de Pal­myre et de Zé­no­bie, Au­ré­lien ré­serva cette reine pour son triomphe et en­voya Lon­gin au sup­plice (273 apr. J.-C.). Se­lon un his­to­rien, Lon­gin mon­tra dans sa mort le même qu’il sut ins­pi­rer au cours de sa vie; il souf­frit les plus cruels tour­ments «avec une telle fer­meté qu’il ré­con­forta même ceux qui s’affligeaient de son mal­heur»

  1. En «Τέχνη ῥητορική». Icône Haut
  2. En grec Κάσσιος Λογγῖνος, en Cas­sius Lon­gi­nus. Icône Haut
  1. Aujourd’hui Tad­mor (تدمر), en . Icône Haut

Yi Hwang, « Étude de la sagesse en dix diagrammes »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de Yi Hwang 1, un des néo-confu­cia­nistes les plus connus de la ; ce­lui, en tout cas, qui contri­bua le plus à im­plan­ter dans ce pays, d’une ma­nière par­fois doc­tri­naire et in­tran­si­geante, l’école chi­noise de Zhu Xi 2. Pen­dant la pre­mière moi­tié de sa , Yi Hwang fit de fonc­tion­naire let­tré, et après plu­sieurs pro­mo­tions, il ac­quit une ré­pu­ta­tion d’intégrité et de . Mais son in­té­rêt était ailleurs que dans la , et comme en 1543 apr. J.-C. il était tombé ma­lade, il acheta les «Œuvres com­plètes» de Zhu Xi, dont il ne connais­sait pas en­core le contenu, et il dé­cida de se construire à T’oegye 3 un pe­tit er­mi­tage et de se consa­crer à leur lec­ture. «Jour après jour je fer­mais ma porte, m’asseyais cal­me­ment et li­sais les . Je réa­li­sai peu à peu com­bien le contenu en était sa­vou­reux et com­bien leur sens n’avait pas de li­mites. Par ailleurs, j’éprouvais beau­coup d’ à la lec­ture des lettres», ra­conte-t-il 4. Et ailleurs : «Ah! si seule­ment, dans ma , je m’étais fer­me­ment dé­cidé à vivre dans les en­droits re­cu­lés, en construi­sant une hutte et en me consa­crant à étu­dier et à re­mé­dier aux dé­fi­ciences de ma spi­ri­tuelle, j’aurais ga­gné trois dé­cen­nies, ma se se­rait amé­lio­rée, mon étude au­rait porté des fruits et aujourd’hui toutes les créa­tures ter­restres me rem­pli­raient de ! Com­ment n’ai-je pas pu com­prendre cela…?» 5 Cette se­conde par­tie de sa vie, dé­vouée à l’étude, fut ponc­tuée de nom­breuses pu­bli­ca­tions, où Yi Hwang sui­vit, jusque dans les plus mi­nu­tieux dé­tails, les en­sei­gne­ments de Zhu Xi. Il faut avouer qu’il n’y of­frait pas tou­jours la lar­geur d’esprit et l’accent propre et au­toch­tone qui ca­rac­té­ri­saient son grand contem­po­rain Yul­gok. Sa était claire et pé­né­trante, mais en ce qui concer­nait les en­sei­gne­ments de Zhu Xi, il ne fai­sait au­cun com­pro­mis, les éri­geant en stricte or­tho­doxie. «Les ré­sul­tats furent dé­vas­ta­teurs. La ver­sion de Yi Hwang du de Zhu Xi — do­mi­nante de la Co­rée Chosŏn, à la fin du XVIe siècle — était par es­sence une doc­trine in­to­lé­rante. Ses adeptes furent par­ti­cu­liè­re­ment ra­pides à re­je­ter et à sup­pri­mer les autres en­sei­gne­ments… Cela abou­tit, à la fin, à la ré­duc­tion du à un “concept unique” et à la pré­oc­cu­pa­tion crois­sante de l’idéologie cor­recte, ré­com­pen­sant la la plus aride ou bien l’orthodoxie.»

  1. En 이황. Icône Haut
  2. En 朱熹. Au­tre­fois trans­crit Tchou Hi, Tchu Hi, Chu-hi ou Chu Hsi. Éga­le­ment connu sous le titre ho­no­ri­fique de Zhu Wen Gong (朱文公), c’est-à-dire «Zhu, prince de la lit­té­ra­ture». Au­tre­fois trans­crit Chu Ven Kum, Chu Wen-kung, Tchou-wen-koung ou Tchou Wen Kong. Icône Haut
  3. En co­réen 퇴계. Icône Haut
  1. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La co­réenne», p. 136. Icône Haut
  2. Dans Tcho Hye-young, «Pré­face à l’“Étude de la en dix dia­grammes”», p. 15. Icône Haut

« La Légende de Sieng Hmieng₂ »

dans « Péninsule », vol. 6-7, p. 13-174

dans «Pé­nin­sule», vol. 6-7, p. 13-174

Il s’agit de la ver­sion lao­tienne de «La Lé­gende de Xieng Mieng» («hnăṅsœ̄ jyṅ hmyṅ2» 1). Entre fa­cé­tie, bur­lesque et im­pu­dique, don­nant lieu à une ef­fron­tée de la féo­dale, «La Lé­gende de Xieng Mieng» ren­ferme des épi­sodes d’une certes peu dé­cente, mais à la­quelle se plaisent les cam­pa­gnards du Sud-Est asia­tique. Ceux qui la jugent sé­vè­re­ment de­vraient son­ger à Gui­gnol, à Till l’Espiègle ou aux ou­vrages d’un Ra­be­lais. En , il y a là-de­dans une gouaille ro­buste et op­ti­miste, et les qui en font les frais sont des types d’hommes dé­tes­tés par le des cam­pagnes : le char­la­tan, le man­da­rin cor­rompu, le let­tré igno­rant, le bonze dé­bau­ché, jusqu’à l’Empereur de ; tous des vices per­son­ni­fiés, vic­times des farces et des at­ti­tudes pro­vo­cantes de Xieng Mieng. Com­ment ca­rac­té­ri­ser ce der­nier? Quelque chose comme un mau­vais plai­sant, un ba­te­leur, un his­trion au­quel on ac­cor­dait beau­coup d’insolence et de . Il jouait le rôle des fous de nos an­ciens rois. D’ailleurs, se­lon la ver­sion lao­tienne, il était le bouf­fon même de la Cour du roi de Tha­vaa­raa­va­dii. Je dis «se­lon la ver­sion lao­tienne», car comme dit M. Jacques Né­pote 2, «cette n’est pas un iso­lat : elle se re­trouve dans la plu­part des pays d’, et avec le même , le hé­ros por­tant seule­ment un nom dif­fé­rent : Si Tha­non Say au Siam, Thmenh Chey 3 au , Trạng Quỳnh au , Ida Ta­laga à Bali, et bien d’autres en­core». Le roi de Tha­vaa­raa­va­dii, donc, était resté long­temps sans en­fant. Il eut en­fin un fils; mais les pré­dirent que le prince mour­rait en sa dou­zième an­née, à moins que le roi n’adoptât un en­fant né à la même heure que son fils. Et le roi d’adopter Xieng Mieng, en­fant de basse ex­trac­tion qui de­vint le double af­freux du prince.

  1. En «ໜັງສືຊຽງໝ້ຽງ». Par­fois trans­crit «Sieng Mieng», «Siang Miang», «Xiang Miang», «Xien-Mien», «Sieng Hmieng2» ou «jyṅ hmyṅ2». Icône Haut
  2. «Va­ria­tions sur un thème du bouf­fon royal en du Sud-Est pé­nin­su­laire». Icône Haut
  1. «Thmenh le Vic­to­rieux». Par­fois trans­crit Tmeñ Jai, Tmen Chéi ou Tmenh Chey. Icône Haut

Hermagoras, « Fragments et Témoignages »

éd. Les Belles Lettres, coll. des universités de France, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. des uni­ver­si­tés de , Pa­ris

Il s’agit d’Hermagoras de Tem­nos 1 et d’Hermagoras dis­ciple de Théo­dore 2, deux fi­gures ma­jeures de la grecque.

Le pre­mier Her­ma­go­ras, éga­le­ment connu sous le sur­nom d’Hermagoras l’Ancien 3, pro­fes­sait en pro­ba­ble­ment à l’époque où les rhé­teurs n’étaient pas en­core bien vus à , c’est-à-dire au IIe siècle av. J.-C. Isi­dore le cite, avec Gor­gias et Aris­tote, comme l’un des in­ven­teurs de la rhé­to­rique. Ci­cé­ron et Ælius Théon disent de lui qu’il pre­nait pour su­jets de contro­verse des ques­tions sans per­sonnes dé­fi­nies ni cir­cons­tances pré­cises, comme : «Y a-t-il un bien à part la ?», «Les sens sont-ils fiables?», «Quelle est la forme du ?», «Doit-on se ma­rier?», «Doit-on faire des ?», etc. ques­tions qu’il se­rait tout aussi fa­cile de ran­ger parmi les thèses d’un phi­lo­sophe que d’un rhé­teur. Ce même Her­ma­go­ras pu­blia un de rhé­to­rique que Ci­cé­ron de­vait avoir entre les mains, puisqu’il en parle maintes fois, et qui «n’était pas tout à fait sans mé­rite» («non men­do­sis­sime scripta»); c’était un abrégé des rhé­to­riques an­té­rieures où «l’ et le soin» («in­ge­niose et di­li­gen­ter») ne fai­saient pas dé­faut, et où, de plus, l’auteur «don­nait plus d’une preuve de nou­veauté» («non­ni­hil ipse quoque novi pro­tu­lisse»). Ailleurs, Ci­cé­ron parle de cet ou­vrage dans ces termes : «Il donne des règles et des pré­ceptes ora­toires pré­cis et sûrs qui, s’ils pré­sentent très peu d’apprêt — car le en est sec —, suivent mal­gré tout un ordre, et com­portent cer­taines mé­thodes qui ne per­mettent pas de se four­voyer quand on parle». Ce traité, en six vo­lumes, s’est mal­heu­reu­se­ment perdu as­sez vite; il nous est connu uni­que­ment sous la forme de té­moi­gnages, non de frag­ments.

  1. En grec Ἑρμαγόρας Τήμνου. Icône Haut
  2. En Her­ma­go­ras Theo­dori dis­ci­pu­lus. Icône Haut
  1. En la­tin Her­ma­go­ras Ma­jor. Icône Haut

Malot, « Un Beau-frère »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Un Beau-frère» d’, ro­man­cier (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. «Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la , ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de et d’, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux», dit une jour­na­liste 1, «et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “ hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot! Quel dés­in­té­res­se­ment!» Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même . C’est mi­racle que les ma­nuels de qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le «Ro­land fu­rieux» de l’Arioste; le «Gil Blas» de Le­sage; un Mo­lière com­plet; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. «Com­bien d’heures», dit-il 2, «ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’ al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert -même, le sup­plice des livres en­nuyeux.»

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, «Le Dî­ner des gens de lettres», p. 23. Icône Haut
  1. «Le de mes ro­mans», p. 24-25. Icône Haut