Icône Mot-clef20ᵉ siècle

Akutagawa, « La Magicienne : nouvelles »

éd. Ph. Picquier, coll. Picquier poche, Arles

éd. Ph. Pic­quier, coll. Pic­quier poche, Arles

Il s’agit des «Pou­pées» («Hina» 1) et autres nou­velles d’ 2. L’œuvre de cet écri­vain, dis­crè­te­ment in­tel­lec­tuelle, tein­tée d’une in­sou­ciante, cache as­sez , sous une ap­pa­rence lé­gère et élé­gante, quelque chose de ner­veux, d’obsédant, un sourd ma­laise, une «vague in­quié­tude» («bo­nyari-shita fuan» 3), se­lon les mots mêmes par les­quels Aku­ta­gawa tien­dra à dé­fi­nir le mo­tif de son . Pour­tant, de tous les , nul n’était mieux dis­posé qu’Akutagawa à trou­ver re­fuge dans l’art. Il se dé­cri­vait comme avide de lec­ture, ju­ché sur l’échelle d’une li­brai­rie, toi­sant de là-haut les pas­sants qui lui pa­rais­saient étran­ge­ment pe­tits et aussi tel­le­ment mi­sé­rables : «La hu­maine ne vaut pas même une ligne de Bau­de­laire!», di­sait-il 4. Très tôt, il avait com­pris que rien de sé­dui­sant ne se fait sans qu’y col­la­bore une . L’œuvre d’art, plu­tôt qu’à la pré­cieuse, se com­pare à la flamme qui a be­soin d’un ali­ment vi­vant. Et Aku­ta­gawa mit son à s’en faire la vic­time vo­lon­taire. Comme il écrira dans la «Lettre adres­sée à un vieil ami» («Aru kyûyû e okuru shuki» 5) im­mé­dia­te­ment avant sa  : «Dans cet état ex­trême où je suis, la me semble plus émou­vante que ja­mais. Peut-être ri­ras-tu de la contra­dic­tion dans la­quelle je me trouve, qui, tout en ai­mant la beauté de la na­ture, dé­cide de me sup­pri­mer. Mais la na­ture est belle parce qu’elle se re­flète dans mon ul­time » Et Ya­su­nari Ka­wa­bata de com­men­ter : «Le plus sou­vent ma­la­dif et af­fai­bli, [l’artiste] s’enflamme au der­nier mo­ment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tra­gique en » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est jus­te­ment ce «quelque chose de tra­gique» qui exerce sa puis­sante fas­ci­na­tion sur l’ et sur l’imaginaire des lec­teurs d’Akutagawa. «Ces der­niers sentent que leurs pré­oc­cu­pa­tions pro­fondes — ou plu­tôt… “exis­ten­tielles” — se trouvent sai­sies et par­ta­gées par l’auteur qui, en les pré­ci­sant et en les am­pli­fiant jusqu’à une sorte de han­tise, les pro­jette sur un fond im­pré­gné d’un “spleen” qui lui est par­ti­cu­lier», dit M. Ari­masa Mori

  1. En «». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 芥川龍之介. Au­tre­fois trans­crit Riu­noské Aku­ta­gawa, Akou­ta­gawa Ryu­no­souké, Akou­ta­gaoua Ryou­no­souké ou Akou­ta­gava Ryou­no­souke. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «ぼんやりした不安». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «人生は一行のボオドレエルにも若かない». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «或旧友へ送る手記». Icône Haut
  3. «Ro­mans et Nou­velles», p. 26. Icône Haut

Akutagawa, « La Vie d’un idiot et Autres Nouvelles »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «La d’un idiot» («Aru ahô no is­shô» 1) et autres nou­velles d’ 2. L’œuvre de cet écri­vain, dis­crè­te­ment in­tel­lec­tuelle, tein­tée d’une in­sou­ciante, cache as­sez , sous une ap­pa­rence lé­gère et élé­gante, quelque chose de ner­veux, d’obsédant, un sourd ma­laise, une «vague in­quié­tude» («bo­nyari-shita fuan» 3), se­lon les mots mêmes par les­quels Aku­ta­gawa tien­dra à dé­fi­nir le mo­tif de son . Pour­tant, de tous les , nul n’était mieux dis­posé qu’Akutagawa à trou­ver re­fuge dans l’art. Il se dé­cri­vait comme avide de lec­ture, ju­ché sur l’échelle d’une li­brai­rie, toi­sant de là-haut les pas­sants qui lui pa­rais­saient étran­ge­ment pe­tits et aussi tel­le­ment mi­sé­rables : «La vie hu­maine ne vaut pas même une ligne de Bau­de­laire!», di­sait-il 4. Très tôt, il avait com­pris que rien de sé­dui­sant ne se fait sans qu’y col­la­bore une . L’œuvre d’art, plu­tôt qu’à la pré­cieuse, se com­pare à la flamme qui a be­soin d’un ali­ment vi­vant. Et Aku­ta­gawa mit son à s’en faire la vic­time vo­lon­taire. Comme il écrira dans la «Lettre adres­sée à un vieil ami» («Aru kyûyû e okuru shuki» 5) im­mé­dia­te­ment avant sa  : «Dans cet état ex­trême où je suis, la me semble plus émou­vante que ja­mais. Peut-être ri­ras-tu de la contra­dic­tion dans la­quelle je me trouve, qui, tout en ai­mant la beauté de la na­ture, dé­cide de me sup­pri­mer. Mais la na­ture est belle parce qu’elle se re­flète dans mon ul­time » Et Ya­su­nari Ka­wa­bata de com­men­ter : «Le plus sou­vent ma­la­dif et af­fai­bli, [l’artiste] s’enflamme au der­nier mo­ment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tra­gique en » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est jus­te­ment ce «quelque chose de tra­gique» qui exerce sa puis­sante fas­ci­na­tion sur l’ et sur l’imaginaire des lec­teurs d’Akutagawa. «Ces der­niers sentent que leurs pré­oc­cu­pa­tions pro­fondes — ou plu­tôt… “exis­ten­tielles” — se trouvent sai­sies et par­ta­gées par l’auteur qui, en les pré­ci­sant et en les am­pli­fiant jusqu’à une sorte de han­tise, les pro­jette sur un fond im­pré­gné d’un “spleen” qui lui est par­ti­cu­lier», dit M. Ari­masa Mori

  1. En «或阿呆の一生». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 芥川龍之介. Au­tre­fois trans­crit Riu­noské Aku­ta­gawa, Akou­ta­gawa Ryu­no­souké, Akou­ta­gaoua Ryou­no­souké ou Akou­ta­gava Ryou­no­souke. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «ぼんやりした不安». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «人生は一行のボオドレエルにも若かない». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «或旧友へ送る手記». Icône Haut
  3. «Ro­mans et Nou­velles», p. 26. Icône Haut

Akutagawa, « Une Vague Inquiétude »

éd. du Rocher, coll. Nouvelle, Monaco

éd. du Ro­cher, coll. , Mo­naco

Il s’agit d’«Un » («Gi­waku» 1) et autres nou­velles d’ 2. L’œuvre de cet écri­vain, dis­crè­te­ment in­tel­lec­tuelle, tein­tée d’une in­sou­ciante, cache as­sez , sous une ap­pa­rence lé­gère et élé­gante, quelque chose de ner­veux, d’obsédant, un sourd ma­laise, une «vague in­quié­tude» («bo­nyari-shita fuan» 3), se­lon les mots mêmes par les­quels Aku­ta­gawa tien­dra à dé­fi­nir le mo­tif de son . Pour­tant, de tous les , nul n’était mieux dis­posé qu’Akutagawa à trou­ver re­fuge dans l’art. Il se dé­cri­vait comme avide de lec­ture, ju­ché sur l’échelle d’une li­brai­rie, toi­sant de là-haut les pas­sants qui lui pa­rais­saient étran­ge­ment pe­tits et aussi tel­le­ment mi­sé­rables : «La hu­maine ne vaut pas même une ligne de Bau­de­laire!», di­sait-il 4. Très tôt, il avait com­pris que rien de sé­dui­sant ne se fait sans qu’y col­la­bore une . L’œuvre d’art, plu­tôt qu’à la pré­cieuse, se com­pare à la flamme qui a be­soin d’un ali­ment vi­vant. Et Aku­ta­gawa mit son à s’en faire la vic­time vo­lon­taire. Comme il écrira dans la «Lettre adres­sée à un vieil ami» («Aru kyûyû e okuru shuki» 5) im­mé­dia­te­ment avant sa  : «Dans cet état ex­trême où je suis, la me semble plus émou­vante que ja­mais. Peut-être ri­ras-tu de la contra­dic­tion dans la­quelle je me trouve, qui, tout en ai­mant la beauté de la na­ture, dé­cide de me sup­pri­mer. Mais la na­ture est belle parce qu’elle se re­flète dans mon ul­time » Et Ya­su­nari Ka­wa­bata de com­men­ter : «Le plus sou­vent ma­la­dif et af­fai­bli, [l’artiste] s’enflamme au der­nier mo­ment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tra­gique en » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est jus­te­ment ce «quelque chose de tra­gique» qui exerce sa puis­sante fas­ci­na­tion sur l’ et sur l’imaginaire des lec­teurs d’Akutagawa. «Ces der­niers sentent que leurs pré­oc­cu­pa­tions pro­fondes — ou plu­tôt… “exis­ten­tielles” — se trouvent sai­sies et par­ta­gées par l’auteur qui, en les pré­ci­sant et en les am­pli­fiant jusqu’à une sorte de han­tise, les pro­jette sur un fond im­pré­gné d’un “spleen” qui lui est par­ti­cu­lier», dit M. Ari­masa Mori

  1. En ja­po­nais «疑惑». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 芥川龍之介. Au­tre­fois trans­crit Riu­noské Aku­ta­gawa, Akou­ta­gawa Ryu­no­souké, Akou­ta­gaoua Ryou­no­souké ou Akou­ta­gava Ryou­no­souke. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «ぼんやりした不安». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «人生は一行のボオドレエルにも若かない». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «或旧友へ送る手記». Icône Haut
  3. «Ro­mans et Nou­velles», p. 26. Icône Haut

Akutagawa, « Rashômon et Autres Contes »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «Ra­shô­mon» 1 et autres nou­velles d’ 2. L’œuvre de cet écri­vain, dis­crè­te­ment in­tel­lec­tuelle, tein­tée d’une in­sou­ciante, cache as­sez , sous une ap­pa­rence lé­gère et élé­gante, quelque chose de ner­veux, d’obsédant, un sourd ma­laise, une «vague in­quié­tude» («bo­nyari-shita fuan» 3), se­lon les mots mêmes par les­quels Aku­ta­gawa tien­dra à dé­fi­nir le mo­tif de son . Pour­tant, de tous les , nul n’était mieux dis­posé qu’Akutagawa à trou­ver re­fuge dans l’art. Il se dé­cri­vait comme avide de lec­ture, ju­ché sur l’échelle d’une li­brai­rie, toi­sant de là-haut les pas­sants qui lui pa­rais­saient étran­ge­ment pe­tits et aussi tel­le­ment mi­sé­rables : «La hu­maine ne vaut pas même une ligne de Bau­de­laire!», di­sait-il 4. Très tôt, il avait com­pris que rien de sé­dui­sant ne se fait sans qu’y col­la­bore une . L’œuvre d’art, plu­tôt qu’à la pré­cieuse, se com­pare à la flamme qui a be­soin d’un ali­ment vi­vant. Et Aku­ta­gawa mit son à s’en faire la vic­time vo­lon­taire. Comme il écrira dans la «Lettre adres­sée à un vieil ami» («Aru kyûyû e okuru shuki» 5) im­mé­dia­te­ment avant sa  : «Dans cet état ex­trême où je suis, la me semble plus émou­vante que ja­mais. Peut-être ri­ras-tu de la contra­dic­tion dans la­quelle je me trouve, qui, tout en ai­mant la beauté de la na­ture, dé­cide de me sup­pri­mer. Mais la na­ture est belle parce qu’elle se re­flète dans mon ul­time » Et Ya­su­nari Ka­wa­bata de com­men­ter : «Le plus sou­vent ma­la­dif et af­fai­bli, [l’artiste] s’enflamme au der­nier mo­ment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tra­gique en » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est jus­te­ment ce «quelque chose de tra­gique» qui exerce sa puis­sante fas­ci­na­tion sur l’ et sur l’imaginaire des lec­teurs d’Akutagawa. «Ces der­niers sentent que leurs pré­oc­cu­pa­tions pro­fondes — ou plu­tôt… “exis­ten­tielles” — se trouvent sai­sies et par­ta­gées par l’auteur qui, en les pré­ci­sant et en les am­pli­fiant jusqu’à une sorte de han­tise, les pro­jette sur un fond im­pré­gné d’un “spleen” qui lui est par­ti­cu­lier», dit M. Ari­masa Mori

  1. En ja­po­nais «羅生門». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 芥川龍之介. Au­tre­fois trans­crit Riu­noské Aku­ta­gawa, Akou­ta­gawa Ryu­no­souké, Akou­ta­gaoua Ryou­no­souké ou Akou­ta­gava Ryou­no­souke. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «ぼんやりした不安». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «人生は一行のボオドレエルにも若かない». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «或旧友へ送る手記». Icône Haut
  3. «Ro­mans et Nou­velles», p. 26. Icône Haut

Rim Kin, « Samapheavi »

dans « Péninsule », vol. 43, p. 25-102

dans «Pé­nin­sule», vol. 43, p. 25-102

Il s’agit du «Sa­ma­pheavi» de M.  1, an­cêtre des lettres mo­dernes du , ro­man­cier d’expression khmère et fran­çaise, pré­sident de l’Association des khmers. M. Rim Kin na­quit en 1911 dans une «khmère krom», c’est-à-dire ori­gi­naire du . Son nom vé­ri­table était Kim Kin, mais suite à une faute d’ du chef de la com­mune, Kim se trans­forma en Rim. M. Rim Kin, donc, com­mença à écrire au col­lège Si­so­wath qui, des­tiné à toute l’, re­ce­vait beau­coup de jeunes Viet­na­miens. Il joi­gnit très tôt à ses ta­lents d’écrivain une grande du . En tant que co­mé­dien, il ob­tint du dans les «Four­be­ries de Sca­pin» et le «Mé­de­cin vo­lant», joués en , et le «Mé­de­cin mal­gré lui», joué en . Il tra­dui­sit par ailleurs dans cette «Le Cid» de Cor­neille et «Sans fa­mille» d’. Ce fut, sans , dans sa longue fré­quen­ta­tion du fran­çais que M. Rim Kin trouva le se­cret de ses phrases simples et élé­gantes, de sa langue claire et dé­pouillée. Dans sa di­zaine de ro­mans, il prê­cha l’effort, la té­na­cité, l’aide don­née à son pro­chain comme de vraie . Car il croyait au tra­vail et en fai­sait la base de sa  : «Il est bien vrai que les di­vi­ni­tés se­courent les hu­mains», dit-il 2, «mais il faut aussi que les hu­mains sachent se se­cou­rir eux-mêmes : se se­cou­rir, c’est s’appliquer constam­ment au tra­vail, en­du­rer cou­ra­geu­se­ment l’adversité et la mi­sère». À cette époque, le Viêt-nam, riche en écri­vains, pu­bliait beau­coup, et les de Phnom Penh étaient inon­dés de viet­na­miens. Ce fut pour que les Cam­bod­giens «n’aient plus de­vant les », se­lon ses mots, que M. Rim Kin se mit à écrire en khmer. Son «Sù­phàt», pu­blié en 1938, marque la nais­sance du . du sort, le livre fut im­primé à Sai­gon, et il fal­lut at­tendre le dé­but de 1942 pour le voir en­fin ar­ri­ver à Phnom Penh.

  1. En khmer រឹម គីន. Par­fois trans­crit Rīm Gīn. Icône Haut
  1. «ក្លាហាន» («Le Cou­ra­geux»), in­édit en fran­çais. Icône Haut

Rim Kin, « Sophat, ou les Surprises du destin »

éd. L’Harmattan, coll. Lettres asiatiques, Paris

éd. L’Harmattan, coll. Lettres asia­tiques, Pa­ris

Il s’agit du «Sù­phàt» 1 de M.  2, an­cêtre des lettres mo­dernes du , ro­man­cier d’expression khmère et fran­çaise, pré­sident de l’Association des khmers. M. Rim Kin na­quit en 1911 dans une «khmère krom», c’est-à-dire ori­gi­naire du . Son nom vé­ri­table était Kim Kin, mais suite à une faute d’ du chef de la com­mune, Kim se trans­forma en Rim. M. Rim Kin, donc, com­mença à écrire au col­lège Si­so­wath qui, des­tiné à toute l’, re­ce­vait beau­coup de jeunes Viet­na­miens. Il joi­gnit très tôt à ses ta­lents d’écrivain une grande du . En tant que co­mé­dien, il ob­tint du dans les «Four­be­ries de Sca­pin» et le «Mé­de­cin vo­lant», joués en , et le «Mé­de­cin mal­gré lui», joué en . Il tra­dui­sit par ailleurs dans cette «Le Cid» de Cor­neille et «Sans fa­mille» d’. Ce fut, sans , dans sa longue fré­quen­ta­tion du fran­çais que M. Rim Kin trouva le se­cret de ses phrases simples et élé­gantes, de sa langue claire et dé­pouillée. Dans sa di­zaine de ro­mans, il prê­cha l’effort, la té­na­cité, l’aide don­née à son pro­chain comme de vraie . Car il croyait au tra­vail et en fai­sait la base de sa  : «Il est bien vrai que les di­vi­ni­tés se­courent les hu­mains», dit-il 3, «mais il faut aussi que les hu­mains sachent se se­cou­rir eux-mêmes : se se­cou­rir, c’est s’appliquer constam­ment au tra­vail, en­du­rer cou­ra­geu­se­ment l’adversité et la mi­sère». À cette époque, le Viêt-nam, riche en écri­vains, pu­bliait beau­coup, et les de Phnom Penh étaient inon­dés de viet­na­miens. Ce fut pour que les Cam­bod­giens «n’aient plus de­vant les », se­lon ses mots, que M. Rim Kin se mit à écrire en khmer. Son «Sù­phàt», pu­blié en 1938, marque la nais­sance du . du sort, le livre fut im­primé à Sai­gon, et il fal­lut at­tendre le dé­but de 1942 pour le voir en­fin ar­ri­ver à Phnom Penh.

  1. En khmer «សូផាត». Par­fois trans­crit «So­phat». Icône Haut
  2. En khmer រឹម គីន. Par­fois trans­crit Rīm Gīn. Icône Haut
  1. «ក្លាហាន» («Le Cou­ra­geux»), in­édit en fran­çais. Icône Haut

Nhok Thèm, « La Rose de Païlin »

éd. L’Harmattan, coll. Lettres asiatiques, Paris

éd. L’Harmattan, coll. Lettres asia­tiques, Pa­ris

Il s’agit du «Kù­làp Pai­lin» 1La Rose de Paï­lin») de M. Nhok Thèm 2, ro­man­cier , tra­duc­teur de «jâ­ta­kas» («ré­cits de faits aux­quels le a été mêlé»), fon­da­teur de l’Association des khmers. «Grand let­tré tra­di­tion­nel et grand ro­man­cier de son , ses tra­vaux cultu­rels et re­li­gieux et ses ro­mans eurent une pro­fonde sur la lit­té­raire dans le contem­po­rain», dit un  3. Né en 1903 au vil­lage de Svay Po, M. Nhok Thèm fit ses études re­li­gieuses et mo­rales dans les écoles de pa­gode au Cam­bodge et en Thaï­lande. À l’âge de quinze ans, il en­tra dans l’ordre boud­dhique en tant que no­vice et il ne le quitta, vingt ans plus tard, que pour mieux par­ti­ci­per aux pu­bli­ca­tions de l’Institut boud­dhique, qui ve­nait d’ouvrir ses portes à Phnom Penh. Outre ces pu­bli­ca­tions spé­ciales, M. Nhok Thèm laissa deux ro­mans dont l’un, le «Pisàc snehà» 4L’ dia­bo­lique») fut pu­blié en 1942, et dont l’autre, le «Kù­làp Pai­lin», fut ins­crit au pro­gramme de l’ se­con­daire en 1958. Rom­pant avec le cadre tra­di­tion­nel des ré­cits en vers, ces ro­mans se dif­fé­ren­ciaient par leur  : ils étaient ex­clu­si­ve­ment en prose, dans un or­di­naire et cou­rant, ac­ces­sible à tout le , et ils met­taient en scène — non plus de jeunes princes ou des êtres sur­na­tu­rels, comme la lit­té­ra­ture clas­sique — mais des bien contem­po­rains, fai­sant par­tie des di­verses couches de la  : pay­sans, mi­neurs, pe­tits , avec leurs as­pi­ra­tions, leurs pré­oc­cu­pa­tions et leurs dif­fi­cul­tés quo­ti­diennes. «Ils se ca­rac­té­risent par un ca­ne­vas as­sez simple, dont le noyau prin­ci­pal est sou­vent axé sur les des­ti­nées de deux jeunes gens qui ont à faire face à des obs­tacles de dif­fé­rents ordres avant de voir se réa­li­ser — ou som­brer — leur amour et leur », dit un autre cri­tique 5.

  1. En «កុលាបប៉ៃលិន». Par­fois trans­crit «Ko­lap Pai­lin» ou «Ko­lab Pai­lin». Icône Haut
  2. En khmer ញ៉ុក ថែម. Par­fois trans­crit Gnok Thaém, Nok Thaem ou Ñuk Thèm. Icône Haut
  3. M. Khing Hoc Dy. Icône Haut
  1. En khmer «បិសាចស្នេហា», in­édit en . Par­fois trans­crit «Bei­sach sneha». Icône Haut
  2. M. Mak Phoeun. Icône Haut

« Les Auteurs du printemps russe. Okoudjava • Vyssotski »

éd. Noir sur blanc, Montricher

éd. Noir sur blanc, Mon­tri­cher

Il s’agit de Bou­lat Okoud­java 1 et de Vla­di­mir Vys­sotski 2, les so­vié­tiques les plus émi­nents, mais aussi les plus per­sé­cu­tés par la haine et par la sot­tise du ré­gime. Ils res­tent à tout ja­mais comme un té­moi­gnage des hu­mi­lia­tions et du déses­poir in­fli­gés à tout un par une tribu de bu­reau­crates bor­nés, ef­frayés par l’ombre de la , ter­ro­ri­sés par la sin­cé­rité, trau­ma­ti­sés par le ta­lent. Toutes les de ces deux pa­ro­liers ont un point com­mun : elles ré­vèlent, avec , des pans en­tiers d’une «autre» , non pas l’histoire of­fi­cielle, écrite par le ré­gime, mais celle vé­cue par des mil­lions de gens — , avia­teurs, pay­sans, étu­diants, ou­vriers d’usine — et jusque-là en­tiè­re­ment pas­sée sous si­lence dans les pu­bli­ca­tions. «Mes pro­ta­go­nistes ne sont pas de ces hauts chers à l’histoire ro­man­cée, mais de pe­tites gens, des obs­curs, des mé­diocres. Ce type d’ me convient mieux», dit Okoud­java 3. «En règle gé­né­rale, les grands ont de leur gran­deur… et jouent les co­quettes pour la pos­té­rité… Les humbles, au contraire, conservent leur na­tu­rel et se tiennent sans af­fec­ta­tion. Avec eux, tout est simple, aisé. Ils n’en laissent pas moins leur trace dans les évé­ne­ments, peuvent nous ser­vir d’exemples, de mises en garde et de d’.» Un soir de tris­tesse et de , Okoud­java er­rait à tra­vers Mos­cou. Le ha­sard lui fit prendre le der­nier trol­ley­bus. Grâce à la pré­sence si­len­cieuse des autres , des gens simples, il trouva un re­mède aux tour­ments de son , à la «biéda» 4mal­heur») :

«Quand je suis im­puis­sant à vaincre le mal­heur,
Que le déses­poir me guette,
Je prends en marche le trol­ley ,
Le der­nier,
Au ha­sard.
Trol­ley de mi­nuit, file par les rues,
Fais ta ronde au long des bou­le­vards
Pour ra­mas­ser ceux qui, dans la , ont fait
Nau­frage,
Nau­frage
»

  1. En Булат Окуджава. Par­fois trans­crit Okudžava, Okudz­hava, Okud­schawa, Okud­java ou Okudz­sava. Icône Haut
  2. En russe Владимир Высоцкий. Par­fois trans­crit Vis­sotski, Vis­sotsky, Vys­sotsky, Vy­sotsky, Vı­sotski, Vı­sots­kiy, Vi­so­cki, Vy­so­ckij, Wys­sozki, Vy­sotski, Vis­zo­ckij ou Wy­so­cki. Icône Haut
  1. «L’-tou­jours, ou les Tri­bu­la­tions de Chi­pov : his­toire vraie ra­con­tée sur un air de vau­de­ville an­cien; pré­face in­édite de l’auteur pour l’édition fran­çaise; tra­duit du russe par Ma­rie- Tol­stoï», p. 5. Icône Haut
  2. En russe беда. Icône Haut

« Mohammad Iqbal »

éd. Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui, Paris

éd. Se­ghers, coll. d’aujourd’hui, Pa­ris

Il s’agit de  1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un ré­nové. Son très di­vers s’exerça aussi bien dans la que dans la , et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en . On peut ju­ger de l’étendue de son d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au , dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte- de la , sur qui, au len­de­main de sa , il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La en » 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Icône Haut
  1. En «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Icône Haut

Miyazawa, « Les Astres Jumeaux »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Fiction étrangère, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. étran­gère, Pa­ris

Il s’agit des «Astres Ju­meaux» («Fu­tago no ho­shi» 1) et autres de  2, écri­vain , très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la , en mê­lant le des hommes à ce­lui des ou des ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la , avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la , qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du . «Ce que je ra­conte», dit Miya­zawa, «je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en- et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table.» 3 Miya­zawa était le fils aîné d’une de cinq . La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un de d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit «Le Lo­tus de la bonne loi», texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : «Lorsque j’oublie mon dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel !» Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais «双子の星». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Icône Haut
  1. «Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes» («注文の多い料理店»), avant-pro­pos. Icône Haut

Miyazawa, « Le Bureau des chats : contes »

éd. Ph. Picquier, coll. Picquier poche, Arles

éd. Ph. Pic­quier, coll. Pic­quier poche, Arles

Il s’agit du «Bu­reau des chats» («Neko no ji­mu­sho» 1) et autres de  2, écri­vain , très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la , en mê­lant le des hommes à ce­lui des ou des ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la , avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la , qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du . «Ce que je ra­conte», dit Miya­zawa, «je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en- et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table.» 3 Miya­zawa était le fils aîné d’une de cinq . La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un de d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit «Le Lo­tus de la bonne loi», texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : «Lorsque j’oublie mon dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel !» Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais «猫の事務所». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Icône Haut
  1. «Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes» («注文の多い料理店»), avant-pro­pos. Icône Haut

Miyazawa, « Les Pieds nus de lumière : nouvelles »

éd. Le Serpent à plumes, coll. Fiction-Domaine étranger, Paris

éd. Le Ser­pent à plumes, coll. -Do­maine étran­ger, Pa­ris

Il s’agit des «Pieds nus de lu­mière» («Hi­kari no sua­shi» 1) et autres de  2, écri­vain , très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la , en mê­lant le des hommes à ce­lui des ou des ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la , avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la , qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du . «Ce que je ra­conte», dit Miya­zawa, «je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en- et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table.» 3 Miya­zawa était le fils aîné d’une de cinq . La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un de d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit «Le Lo­tus de la bonne loi», texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : «Lorsque j’oublie mon dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel !» Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais «ひかりの素足». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Icône Haut
  1. «Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes» («注文の多い料理店»), avant-pro­pos. Icône Haut

Miyazawa, « Le Train de la Voie lactée »

éd. Critérion, Paris

éd. Cri­té­rion, Pa­ris

Il s’agit d’«Op­bel et l’Éléphant» («Ot­su­beru to zô» 1) et autres de  2, écri­vain , très cé­lèbre dans son pays, où il re­nou­vela les œuvres pour la , en mê­lant le des hommes à ce­lui des ou des ; en pro­po­sant une autre fa­çon de per­ce­voir la , avec un élan spon­tané vers les choses et avec une grande sym­pa­thie pour la , qui fai­saient dé­faut dans les pro­duc­tions mo­dernes du . «Ce que je ra­conte», dit Miya­zawa, «je l’ai reçu des fo­rêts, des champs et des lignes de che­min de fer, ou bien en­core de l’arc-en- et de la lu­mière de la lune. Vrai­ment, quand, seul, on tra­verse le cré­pus­cule bleuté des fo­rêts de hêtres et qu’en oc­tobre, on se tient, trem­blant, dans le vent de mon­tagne, quoi qu’on fasse, on ne peut qu’avoir ces sen­sa­tions. Vrai­ment, quoi qu’on fasse, il semble bien qu’on ne puisse que res­sen­tir ces choses… Il y a cer­tai­ne­ment des pas­sages qui vous sem­ble­ront in­com­pré­hen­sibles, mais ces pas­sages, non plus, je ne les com­prends pas. Ce que je sou­haite pro­fon­dé­ment, c’est que ces courts ré­cits, en fin de compte, soient pour vous une nour­ri­ture pure et vé­ri­table.» 3 Miya­zawa était le fils aîné d’une de cinq . La tra­di­tion au­rait voulu qu’il suc­cé­dât à son père, qui te­nait à Ha­na­maki un de d’occasion, et qui fai­sait aussi fonc­tion d’usurier; mais le dé­goût de Miya­zawa pour ce genre de mé­tier et son pen­chant pour l’étude le dé­tour­nèrent tout à fait de cette voie. L’opposition par­fois vio­lente qu’il ma­ni­festa contre son père, fut ag­gra­vée en­core lorsqu’à dix-huit ans il dé­cou­vrit «Le Lo­tus de la bonne loi», texte boud­dhique qu’il ne ces­sera, dans la suite de sa vie, de co­pier, de ré­ci­ter, d’appliquer avec fer­veur : «Lorsque j’oublie mon dans le vent et la lu­mière, lorsque le monde s’est mé­ta­mor­phosé dans mon jar­din, ou lorsque je suis trans­porté à l’idée que la ga­laxie tout en­tière est moi-même, quel !» Au­cun de ses proches ne par­ta­gera son zèle, à l’exception de sa sœur To­shiko. À la pré­coce de celle-ci, en 1922, Miya­zawa en­tre­pren­dra un long voyage jusqu’à l’île de Sa­kha­line, dans l’espoir de com­mu­ni­quer, en quelque sorte, avec cette dé­funte dont il gar­dera tou­jours les cendres au­près de lui

  1. En ja­po­nais «オツベルと象». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 宮沢賢治 ou 宮澤賢治. Icône Haut
  1. «Le Res­tau­rant aux nom­breuses com­mandes» («注文の多い料理店»), avant-pro­pos. Icône Haut