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Macrobe, « Les Saturnales. [Tome I.] Livres I-III »

éd. Les Belles Lettres, coll. La Roue à livres, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. La Roue à , Pa­ris

Il s’agit des «Sa­tur­nales» («Sa­tur­na­lia») de  1, éru­dit de la fin du IVe siècle et du dé­but du Ve siècle apr. J.-C., com­pi­la­teur au sa­voir en­cy­clo­pé­dique, le der­nier en date des grands re­pré­sen­tants du . Ce fut un des hommes les plus dis­tin­gués de l’Empire , comme l’atteste le double titre de «cla­ris­si­mus» et d’«illus­tris» que lui at­tri­buent un cer­tain nombre de . En ef­fet, si «cla­ris­si­mus» in­di­quait l’appartenance à l’ordre des sé­na­teurs, «illus­tris», lui, était en­core au-des­sus, et il n’y avait guère qu’une poi­gnée de hauts aux­quels il était at­ta­ché. Ces dif­fé­rentes charges n’empêchèrent pas Ma­crobe de s’appliquer aux belles-lettres avec un soin ex­tra­or­di­naire. Et d’ailleurs, bien qu’à cette époque les et les fussent déjà dans leur , ils avaient néan­moins l’avantage d’être plus que ja­mais culti­vés par les per­sonnes les plus consi­dé­rables de l’Empire — pré­fets, maîtres de la mi­lice, di­gni­taires du im­pé­rial, pa­trices, consuls —, qui se fai­saient gloire d’être les seuls re­fuges, les seuls rem­parts de la face au en­va­his­sant. Tels furent les Fla­via­nus, les Al­bi­nus, les Sym­maque, les Pré­tex­ta­tus et autres païens convain­cus, dont Ma­crobe fait par­tie, et qu’il met en scène dans ses «Sa­tur­nales» en qua­lité de convives. L’un d’eux dé­clare : «Pour le passé, nous de­vons tou­jours avoir de la , si nous avons quelque ; car ce sont ces gé­né­ra­tions qui ont fait naître notre Em­pire au prix de leur et de leur sueur — Em­pire que seule une pro­fu­sion de a pu bâ­tir» 2. Voilà une pro­fes­sion de qui peut ser­vir d’exergue à toute l’œuvre de Ma­crobe. Celle-ci est un com­pen­dium de la science et de la sa­gesse du passé, «un miel éla­boré de sucs di­vers» 3. On y trouve ce qu’on veut : des spé­cu­la­tions phi­lo­so­phiques, des no­tions gram­ma­ti­cales, une mine de bons mots et de traits d’esprit, une et une abré­gées. Il est vrai qu’on a re­pro­ché à Ma­crobe de n’y avoir mis que fort peu du sien; de s’être contenté de rap­por­ter les mots mêmes em­ployés par les an­ciens au­teurs. «Seul le vê­te­ment lui ap­par­tient», dit un  4, «tan­dis que le contenu est la pro­priété d’». C’est pour cela qu’Érasme l’appelle «la cor­neille d’Ésope, qui pas­tiche en se pa­rant des plumes des autres » («Æso­pi­cam cor­ni­cu­lam, ex alio­rum pan­nis suos contexuit cen­tones»); et que Marc An­toine Mu­ret lui ap­plique spi­ri­tuel­le­ment ce vers de Té­rence, dans un sens tout dif­fé­rent de ce­lui qu’on a l’habitude de lui don­ner : «Je suis  : en cette qua­lité, je crois avoir sur les biens de tous les autres hommes».

  1. En la­tin Fla­vius Ma­cro­bius Am­bro­sius Theo­do­sius. Icône Haut
  2. «Sa­tur­nales», liv. III, ch. XIV, sect. 2. Icône Haut
  1. «Sa­tur­nales», liv. I, préf., sect. 5. Icône Haut
  2. Mar­tin Schanz. Icône Haut

Isocrate, « Œuvres complètes. Tome III »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Dis­cours sur la per­mu­ta­tion» («Peri tês an­ti­do­seôs» 1) et autres dis­cours d’apparat d’, cé­lèbre pro­fes­seur d’ grecque (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Son père, qui pos­sé­dait une fa­brique de flûtes, s’était suf­fi­sam­ment en­ri­chi pour se pro­cu­rer de quoi vivre dans l’abondance et se mettre en état de don­ner à ses la meilleure pos­sible. Chez les Athé­niens, la prin­ci­pale par­tie de l’éducation était alors l’étude de l’éloquence. C’était le par le­quel l’ mon­trait sa su­pé­rio­rité et son mé­rite : «Grâce à [ce] don qui nous est ac­cordé de nous per­sua­der mu­tuel­le­ment et de nous rendre compte à nous-mêmes de nos vo­lon­tés», dit Iso­crate 2, «non seule­ment nous avons pu nous af­fran­chir de la sau­vage, mais nous nous sommes réunis, nous avons bâti des , éta­bli des , in­venté des ; et c’est ainsi que nous de­vons à la le bien­fait de presque toutes les créa­tions de notre es­prit… Et s’il faut tout dire en un mot sur cette grande fa­culté de l’homme, rien n’est fait avec sans le se­cours de la pa­role; elle est le guide de nos ac­tions comme de nos pen­sées, et les hommes d’un es­prit su­pé­rieur sont ceux qui s’en servent avec le plus d’avantages.» Ces ré­flexions et d’autres sem­blables dé­ter­mi­nèrent Iso­crate à consa­crer sa à l’éloquence. Mais sa ti­mi­dité in­sur­mon­table et la fai­blesse de sa ne lui per­mirent ja­mais de par­ler en pu­blic, du moins de­vant les grandes foules. Les as­sem­blées pu­bliques, com­po­sées quel­que­fois de six mille ci­toyens, exi­geaient de l’orateur qui s’y pré­sen­tait, non seule­ment de la har­diesse, mais une voix forte et so­nore. Iso­crate man­quait de ces deux qua­li­tés. Ne pou­vant par­ler lui-même, il dé­cida de l’apprendre aux autres et ou­vrit une école à Athènes. Sur la fin de sa vie, et dans le où sa ré­pu­ta­tion ne lais­sait plus rien à dé­si­rer, il di­sait avec un vé­ri­table re­gret : «Je prends dix mines pour mes le­çons, mais j’en paye­rais vo­lon­tiers dix mille à ce­lui qui pour­rait me don­ner de l’assurance et une bonne voix». Et quand on lui de­man­dait com­ment, n’étant pas ca­pable de par­ler, il en ren­dait les autres ca­pables : «Je suis», di­sait-il 3, «comme la à ra­soir, qui ne coupe pas elle-même, mais qui donne au fer la fa­ci­lité de cou­per».

  1. En «Περὶ τῆς ἀντιδόσεως». Cette œuvre n’est connue en en­tier que de­puis l’édition don­née, en 1812, par An­dré Mous­toxy­dis. Icône Haut
  2. «Ni­co­clès à ses su­jets», sect. 3. Icône Haut
  1. Plu­tarque, «Vies des dix grecs», vie d’Isocrate. Icône Haut

Isocrate, « Œuvres complètes. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de l’«Éloge d’Hélène» («He­le­nês En­kô­mion» 1) et autres dis­cours d’apparat d’, cé­lèbre pro­fes­seur d’ grecque (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Son père, qui pos­sé­dait une fa­brique de flûtes, s’était suf­fi­sam­ment en­ri­chi pour se pro­cu­rer de quoi vivre dans l’abondance et se mettre en état de don­ner à ses la meilleure pos­sible. Chez les Athé­niens, la prin­ci­pale par­tie de l’éducation était alors l’étude de l’éloquence. C’était le par le­quel l’ mon­trait sa su­pé­rio­rité et son mé­rite : «Grâce à [ce] don qui nous est ac­cordé de nous per­sua­der mu­tuel­le­ment et de nous rendre compte à nous-mêmes de nos vo­lon­tés», dit Iso­crate 2, «non seule­ment nous avons pu nous af­fran­chir de la sau­vage, mais nous nous sommes réunis, nous avons bâti des , éta­bli des , in­venté des ; et c’est ainsi que nous de­vons à la le bien­fait de presque toutes les créa­tions de notre es­prit… Et s’il faut tout dire en un mot sur cette grande fa­culté de l’homme, rien n’est fait avec sans le se­cours de la pa­role; elle est le guide de nos ac­tions comme de nos pen­sées, et les hommes d’un es­prit su­pé­rieur sont ceux qui s’en servent avec le plus d’avantages.» Ces ré­flexions et d’autres sem­blables dé­ter­mi­nèrent Iso­crate à consa­crer sa à l’éloquence. Mais sa ti­mi­dité in­sur­mon­table et la fai­blesse de sa ne lui per­mirent ja­mais de par­ler en pu­blic, du moins de­vant les grandes foules. Les as­sem­blées pu­bliques, com­po­sées quel­que­fois de six mille ci­toyens, exi­geaient de l’orateur qui s’y pré­sen­tait, non seule­ment de la har­diesse, mais une voix forte et so­nore. Iso­crate man­quait de ces deux qua­li­tés. Ne pou­vant par­ler lui-même, il dé­cida de l’apprendre aux autres et ou­vrit une école à Athènes. Sur la fin de sa vie, et dans le où sa ré­pu­ta­tion ne lais­sait plus rien à dé­si­rer, il di­sait avec un vé­ri­table re­gret : «Je prends dix mines pour mes le­çons, mais j’en paye­rais vo­lon­tiers dix mille à ce­lui qui pour­rait me don­ner de l’assurance et une bonne voix». Et quand on lui de­man­dait com­ment, n’étant pas ca­pable de par­ler, il en ren­dait les autres ca­pables : «Je suis», di­sait-il 3, «comme la à ra­soir, qui ne coupe pas elle-même, mais qui donne au fer la fa­ci­lité de cou­per».

  1. En «Ἑλένης Ἐγκώμιον». Icône Haut
  2. «Ni­co­clès à ses su­jets», sect. 3. Icône Haut
  1. Plu­tarque, «Vies des dix grecs», vie d’Isocrate. Icône Haut

Isocrate, « Œuvres complètes. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«À Dé­mo­ni­cus» («Pros Dê­mo­ni­kon» 1) et autres dis­cours d’apparat d’, cé­lèbre pro­fes­seur d’ grecque (Ve-IVe siècle av. J.-C.). Son père, qui pos­sé­dait une fa­brique de flûtes, s’était suf­fi­sam­ment en­ri­chi pour se pro­cu­rer de quoi vivre dans l’abondance et se mettre en état de don­ner à ses la meilleure pos­sible. Chez les Athé­niens, la prin­ci­pale par­tie de l’éducation était alors l’étude de l’éloquence. C’était le par le­quel l’ mon­trait sa su­pé­rio­rité et son mé­rite : «Grâce à [ce] don qui nous est ac­cordé de nous per­sua­der mu­tuel­le­ment et de nous rendre compte à nous-mêmes de nos vo­lon­tés», dit Iso­crate 2, «non seule­ment nous avons pu nous af­fran­chir de la sau­vage, mais nous nous sommes réunis, nous avons bâti des , éta­bli des , in­venté des ; et c’est ainsi que nous de­vons à la le bien­fait de presque toutes les créa­tions de notre es­prit… Et s’il faut tout dire en un mot sur cette grande fa­culté de l’homme, rien n’est fait avec sans le se­cours de la pa­role; elle est le guide de nos ac­tions comme de nos pen­sées, et les hommes d’un es­prit su­pé­rieur sont ceux qui s’en servent avec le plus d’avantages.» Ces ré­flexions et d’autres sem­blables dé­ter­mi­nèrent Iso­crate à consa­crer sa à l’éloquence. Mais sa ti­mi­dité in­sur­mon­table et la fai­blesse de sa ne lui per­mirent ja­mais de par­ler en pu­blic, du moins de­vant les grandes foules. Les as­sem­blées pu­bliques, com­po­sées quel­que­fois de six mille ci­toyens, exi­geaient de l’orateur qui s’y pré­sen­tait, non seule­ment de la har­diesse, mais une voix forte et so­nore. Iso­crate man­quait de ces deux qua­li­tés. Ne pou­vant par­ler lui-même, il dé­cida de l’apprendre aux autres et ou­vrit une école à Athènes. Sur la fin de sa vie, et dans le où sa ré­pu­ta­tion ne lais­sait plus rien à dé­si­rer, il di­sait avec un vé­ri­table re­gret : «Je prends dix mines pour mes le­çons, mais j’en paye­rais vo­lon­tiers dix mille à ce­lui qui pour­rait me don­ner de l’assurance et une bonne voix». Et quand on lui de­man­dait com­ment, n’étant pas ca­pable de par­ler, il en ren­dait les autres ca­pables : «Je suis», di­sait-il 3, «comme la à ra­soir, qui ne coupe pas elle-même, mais qui donne au fer la fa­ci­lité de cou­per».

  1. En «Πρὸς Δημόνικον». Éga­le­ment connu sous le titre de «Pros Dê­mo­ni­kon Pa­rai­ne­sis» («Πρὸς Δημόνικον Παραίνεσις»), c’est-à-dire «Conseils à Dé­mo­ni­cus». Icône Haut
  2. «Ni­co­clès à ses su­jets», sect. 3. Icône Haut
  1. Plu­tarque, «Vies des dix grecs», vie d’Isocrate. Icône Haut

Schiller, « Esthétique »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Lettres sur l’ de l’» («Briefe über die äs­the­tische Er­zie­hung des Men­schen») et autres trai­tés phi­lo­so­phiques de Schil­ler. L’ com­pris entre les an­nées 1792 et 1795 marque un ré­pit dans les pro­duc­tions théâ­trales de Schil­ler. Don­nant quelque at­ten­tion aux ten­dances de son , le dra­ma­turge se livre à de grandes ré­flexions sur l’écart qu’il ob­serve entre la forme mo­derne de l’ et la forme an­cienne — la grecque par­ti­cu­liè­re­ment. Se­lon Schil­ler, à l’époque de l’heureux éveil , l’homme, à la fois phi­lo­sophe et ar­tiste, à la fois dé­li­cat et éner­gique, ne ren­fer­mait pas son ac­ti­vité dans les li­mites de ses fonc­tions; il pos­sé­dait en l’essence to­tale de l’humanité; et fa­vo­rable in­dif­fé­rem­ment à toutes les ma­ni­fes­ta­tions hu­maines, il n’en pro­té­geait au­cune ex­clu­si­ve­ment. «Comme il en est au­tre­ment chez nous autres, mo­dernes!», dit Schil­ler 1. Chez nous, l’ de l’espèce est dis­tri­buée, dis­per­sée dans les in­di­vi­dus à l’état de frag­ments, de telle sorte que les forces spi­ri­tuelles de l’humanité se montrent sé­pa­rées, et qu’il faut ad­di­tion­ner la sé­rie des in­di­vi­dus pour re­cons­ti­tuer la to­ta­lité de l’espèce. «Chez nous… nous voyons non seule­ment des in­di­vi­dus iso­lés, mais des classes en­tières d’hommes ne dé­ve­lop­per qu’une par­tie de leurs fa­cul­tés», dit Schil­ler 2. C’est la elle-même qui a fait cette bles­sure au mo­derne. Aus­si­tôt que, d’une part, une plus éten­due eut amené une di­vi­sion plus exacte des , et que, de l’autre, la ma­chine com­pli­quée des eut rendu né­ces­saire une sé­pa­ra­tion plus ri­gou­reuse des classes et des tâches so­ciales, le lien in­time de la hu­maine fut rompu. Une per­ni­cieuse lutte suc­céda à l’harmonie qui ré­gnait entre les di­verses sphères hu­maines. «La in­tui­tive et la rai­son spé­cu­la­tive se ren­fer­mèrent hos­ti­le­ment dans leurs do­maines sé­pa­rés, dont elles com­men­cèrent à gar­der les avec mé­fiance et ja­lou­sie», dit Schil­ler 3. Éter­nel­le­ment en­chaîné à un seul pe­tit du tout, l’homme mo­derne ne se forme que comme frag­ment; n’ayant sans cesse dans l’oreille que le bruit mo­no­tone de la roue qu’il fait tour­ner, il ne dé­ve­loppe ja­mais l’harmonie de sa na­ture; et au lieu d’imprimer à son être le ca­chet de l’humanité, il fi­nit par n’être plus que l’empreinte de l’occupation à la­quelle il se consacre, de la science qu’il cultive. Et Schil­ler de conclure : «Quel que soit le pro­fit ré­sul­tant… de ce per­fec­tion­ne­ment dis­tinct et spé­cial des fa­cul­tés hu­maines, on ne peut nier que ce… soit une cause de et comme une é pour les in­di­vi­dus. Les exer­cices du gym­nase forment, il est vrai, des ath­lé­tiques, mais ce n’est que par le jeu libre et égal des membres que se dé­ve­loppe la beauté. De même, la ten­sion des forces spi­ri­tuelles iso­lées peut créer des hommes ex­tra­or­di­naires; mais ce n’est que l’équilibre… de ces forces qui peut pro­duire des hommes heu­reux et ac­com­plis»

  1. p. 202. Icône Haut
  2. id. Icône Haut
  1. p. 203. Icône Haut

Liu Qingzhi, « La “Siao Hio”, ou Morale de la jeunesse »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «La Pe­tite Étude» («Xiao Xue» 1), re­cueil de trois cent quatre-vingt-six , pré­ceptes et exemples. Ja­dis, c’était l’un des in­con­tour­nables de la , parce qu’il ser­vait à for­mer l’ de la en­tière. Dès qu’un en­fant, de quelque condi­tion qu’il fût — de­puis le fils de l’Empereur jusqu’au fils du moindre de ses su­jets — avait at­teint l’âge de huit ans, c’était ce livre, en ef­fet, qu’on lui met­tait entre les mains pour lui en­sei­gner la fa­çon dont il fal­lait in­ter­ro­ger, et celle dont il fal­lait ré­pondre aux in­ter­ro­ga­tions des autres; pour l’instruire des de la ci­vi­lité, des cou­tumes et des rites; pour lui faire des le­çons sur la pro­cé­dure et la forme qu’il de­vait ob­ser­ver de­vant les autres, sui­vant ce qu’ils étaient — ou ses su­pé­rieurs, ou ses in­fé­rieurs, ou sim­ple­ment ses égaux. Tout cela for­mait ce qu’on ap­pe­lait «la pe­tite étude», c’est-à-dire l’ in­fé­rieur, la pe­tite école; c’était à quoi on oc­cu­pait l’enfant jusqu’à l’âge de quinze ans. Par­venu à cet âge, on l’appliquait à «la grande étude», ce qui est d’ailleurs le titre d’un des quatre clas­siques ré­di­gés par les dis­ciples de . Les sen­tences, pré­ceptes et exemples de «La Pe­tite Étude» sont em­prun­tés pour la plu­part au «Mé­mo­rial des rites» et ran­gés dans un ordre as­sez dé­fec­tueux, tel cha­pitre conte­nant sou­vent ce qui de­vrait se trou­ver dans tel autre. On ne peut nier que les prin­cipes en soient, en gé­né­ral, édi­fiants, et qu’il y ait des mo­dèles d’une réelle; mais on y trouve, en même , l’observation de cer­taines pra­tiques éta­blies par les pré­ju­gés et par la rou­tine, qui pa­raissent as­sez pué­riles. Un des dis­ciples de Zhu Xi 2, Liu Qingzhi 3 (XIIe siècle), a com­posé ce livre. Zhu Xi l’a en­suite mis dans l’ordre où nous le voyons et a ajouté une in­tro­duc­tion où il dit 4 : «Puisque l’, pen­dant l’enfance, ne peut en­core ni sa­voir, ni ré­flé­chir, ni ré­gler ses actes, il faut que, pre­nant les dis­cours pro­fonds des , leurs trai­tés fon­da­men­taux, on les lui mette tous les jours sous les yeux, on les lui in­filtre dans les oreilles, on en rem­plisse son in­té­rieur. Si l’on tarde, il s’habitue à se for­mer se­lon son ca­price et il reste obs­ti­né­ment ce qu’il s’est ha­bi­tué à être».

  1. En «小學». Par­fois trans­crit «Siao Hio». Icône Haut
  2. En chi­nois 朱熹. Au­tre­fois trans­crit Tchou Hi, Tchu Hi, Chu-hi ou Chu Hsi. Éga­le­ment connu sous le titre ho­no­ri­fique de Zhu Wen Gong (朱文公), c’est-à-dire «Zhu, prince de la lit­té­ra­ture». Au­tre­fois trans­crit Chu Ven Kum, Chu Wen-kung, Tchou-wen-koung ou Tchou Wen Kong. Icône Haut
  1. En chi­nois 劉清之. Icône Haut
  2. p. 9-10. Icône Haut

Yi Hwang, « Étude de la sagesse en dix diagrammes »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de Yi Hwang 1, un des néo-confu­cia­nistes les plus connus de la ; ce­lui, en tout cas, qui contri­bua le plus à im­plan­ter dans ce pays, d’une ma­nière par­fois doc­tri­naire et in­tran­si­geante, l’école chi­noise de Zhu Xi 2. Pen­dant la pre­mière moi­tié de sa , Yi Hwang fit de fonc­tion­naire let­tré, et après plu­sieurs pro­mo­tions, il ac­quit une ré­pu­ta­tion d’intégrité et de . Mais son in­té­rêt était ailleurs que dans la , et comme en 1543 apr. J.-C. il était tombé ma­lade, il acheta les «Œuvres com­plètes» de Zhu Xi, dont il ne connais­sait pas en­core le contenu, et il dé­cida de se construire à T’oegye 3 un pe­tit er­mi­tage et de se consa­crer à leur lec­ture. «Jour après jour je fer­mais ma porte, m’asseyais cal­me­ment et li­sais les . Je réa­li­sai peu à peu com­bien le contenu en était sa­vou­reux et com­bien leur sens n’avait pas de li­mites. Par ailleurs, j’éprouvais beau­coup d’ à la lec­ture des lettres», ra­conte-t-il 4. Et ailleurs : «Ah! si seule­ment, dans ma , je m’étais fer­me­ment dé­cidé à vivre dans les en­droits re­cu­lés, en construi­sant une hutte et en me consa­crant à étu­dier et à re­mé­dier aux dé­fi­ciences de ma spi­ri­tuelle, j’aurais ga­gné trois dé­cen­nies, ma se se­rait amé­lio­rée, mon étude au­rait porté des fruits et aujourd’hui toutes les créa­tures ter­restres me rem­pli­raient de ! Com­ment n’ai-je pas pu com­prendre cela…?» 5 Cette se­conde par­tie de sa vie, dé­vouée à l’étude, fut ponc­tuée de nom­breuses pu­bli­ca­tions, où Yi Hwang sui­vit, jusque dans les plus mi­nu­tieux dé­tails, les en­sei­gne­ments de Zhu Xi. Il faut avouer qu’il n’y of­frait pas tou­jours la lar­geur d’esprit et l’accent propre et au­toch­tone qui ca­rac­té­ri­saient son grand contem­po­rain Yul­gok. Sa était claire et pé­né­trante, mais en ce qui concer­nait les en­sei­gne­ments de Zhu Xi, il ne fai­sait au­cun com­pro­mis, les éri­geant en stricte or­tho­doxie. «Les ré­sul­tats furent dé­vas­ta­teurs. La ver­sion de Yi Hwang du de Zhu Xi — do­mi­nante de la Co­rée Chosŏn, à la fin du XVIe siècle — était par es­sence une doc­trine in­to­lé­rante. Ses adeptes furent par­ti­cu­liè­re­ment ra­pides à re­je­ter et à sup­pri­mer les autres en­sei­gne­ments… Cela abou­tit, à la fin, à la ré­duc­tion du à un “concept unique” et à la pré­oc­cu­pa­tion crois­sante de l’idéologie cor­recte, ré­com­pen­sant la la plus aride ou bien l’orthodoxie.»

  1. En 이황. Icône Haut
  2. En 朱熹. Au­tre­fois trans­crit Tchou Hi, Tchu Hi, Chu-hi ou Chu Hsi. Éga­le­ment connu sous le titre ho­no­ri­fique de Zhu Wen Gong (朱文公), c’est-à-dire «Zhu, prince de la lit­té­ra­ture». Au­tre­fois trans­crit Chu Ven Kum, Chu Wen-kung, Tchou-wen-koung ou Tchou Wen Kong. Icône Haut
  3. En co­réen 퇴계. Icône Haut
  1. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La co­réenne», p. 136. Icône Haut
  2. Dans Tcho Hye-young, «Pré­face à l’“Étude de la en dix dia­grammes”», p. 15. Icône Haut

Yulgok, « Principes essentiels pour éduquer les jeunes gens »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens» («Kyŏng­mong yo­gyŏl» 1, lit­té­ra­le­ment «Prin­cipes es­sen­tiels pour re­pous­ser l’ignorance ju­vé­nile»), ou­vrage qui ap­par­tient à l’apogée du . Son au­teur Yi I 2, plus connu sous le sur­nom de Yul­gok 3la Val­lée des châ­tai­gniers»), au­rait pu pour­suivre une de moine; car en 1551 apr. J.-C., après la pré­ma­tu­rée de sa mère Sin Sa-im­dang 4, femme de lettres et l’une des -peintres les plus ées, alors que le et le le plon­gèrent dans une sombre , il se re­tira dans un mo­nas­tère boud­dhique sur les monts de Dia­mants (Kum­gang­san 5). Mais un moine qu’il ren­con­tra là-bas le fit chan­ger d’avis : «Alors que je vi­si­tais [un des monts], je pé­né­trais seul un jour, du­rant quelques “li”, dans une pro­fonde val­lée et y dé­cou­vris un pe­tit er­mi­tage. Un vieux moine, qui por­tait l’habit, était as­sis dans une po­si­tion cor­recte, me re­gar­dant, sans dire un mot et sans se le­ver. Fu­re­tant par­tout dans l’ermitage, je ne re­mar­quai au­cun ob­jet. Et dans la cui­sine, il sem­blait qu’on n’avait pas pré­paré de de­puis plu­sieurs jours» 6. Yul­gok se ren­dit compte, en conver­sant avec cet , qu’une re­ti­rée et so­li­taire au­rait été une vie sté­rile, qui n’aurait pu lui ap­por­ter un com­plet; elle au­rait consisté à né­gli­ger ses en­vers la laïque, si lourds soient-ils. «Je n’ai pas en­core achevé mes avec le », dit-il 7 à son re­tour. Et après une pé­riode d’hésitation, où il re­lut l’ensemble des tra­di­tions chi­noises et co­réennes, dans la mul­ti­tude de leurs textes, il dé­cida d’agir par toutes ses forces à la trans­for­ma­tion de son pays se­lon l’ de l’école néo-confu­céenne. é dans son pays comme le mo­dèle de cette école, Yul­gok fut plu­sieurs fois mi­nistre. Po­li­ti­cien en­gagé et grand , il laissa der­rière lui une di­zaine d’ouvrages ayant pour thème prin­ci­pal l’élévation des et le dé­ve­lop­pe­ment des consciences à tra­vers l’étude : «Sans étude, nul homme ne pour­rait de­ve­nir hu­main», dit-il dans une cé­lèbre phrase 8. Par «étude», Yul­gok n’entend rien d’insolite ni d’extraordinaire : «Il suf­fit», pré­cise-t-il, «de se conduire à tout mo­ment du quo­ti­dien, en fonc­tion [des] cir­cons­tances, en père tendre, en fils fi­lial, en su­jet loyal, en époux sou­cieux des dis­tinc­tions de rôles, en frère at­ten­tionné, en jeune homme res­pec­tueux des aî­nés ou en ami de confiance.» Dans notre monde ac­tuel où l’on ne com­prend plus que l’étude ré­side dans le quo­ti­dien et où on la croit exa­gé­ré­ment mal­ai­sée, la de Yul­gok si pure, si belle, si concrète peut être un ad­mi­rable sou­tien.

  1. En co­réen «격몽요결», en «擊蒙要訣». Icône Haut
  2. En co­réen 이이. Par­fois trans­crit Yi Yi. Icône Haut
  3. En co­réen 율곡, en chi­nois 栗谷. Au­tre­fois trans­crit Yul-kok, Youl­gok ou Youl-kok. Icône Haut
  4. En co­réen 신사임당, en chi­nois 申師任堂. Par­fois trans­crit Shin Saïm­dang. Icône Haut
  1. En co­réen 금강산. Icône Haut
  2. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La Pen­sée co­réenne», p. 177. Icône Haut
  3. Dans id. p. 184. Icône Haut
  4. «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens», p. 7. Icône Haut

Yulgok, « Anthologie de la sagesse extrême-orientale »

éd. Autres Temps, coll. Le Temps de la pensée, Gémenos

éd. Autres , coll. Le Temps de la , Gé­me­nos

Il s’agit de l’« de la ex­trême-orien­tale» («Sŏn­ghak chi­pyo» 1, lit­té­ra­le­ment «Re­cueil es­sen­tiel de l’étude de la sa­gesse»), ou­vrage qui ap­par­tient à l’apogée du . Son au­teur Yi I 2, plus connu sous le sur­nom de Yul­gok 3la Val­lée des châ­tai­gniers»), au­rait pu pour­suivre une de moine; car en 1551 apr. J.-C., après la pré­ma­tu­rée de sa mère Sin Sa-im­dang 4, femme de lettres et l’une des -peintres les plus ées, alors que le et le le plon­gèrent dans une sombre , il se re­tira dans un mo­nas­tère boud­dhique sur les monts de Dia­mants (Kum­gang­san 5). Mais un moine qu’il ren­con­tra là-bas le fit chan­ger d’avis : «Alors que je vi­si­tais [un des monts], je pé­né­trais seul un jour, du­rant quelques “li”, dans une pro­fonde val­lée et y dé­cou­vris un pe­tit er­mi­tage. Un vieux moine, qui por­tait l’habit, était as­sis dans une po­si­tion cor­recte, me re­gar­dant, sans dire un mot et sans se le­ver. Fu­re­tant par­tout dans l’ermitage, je ne re­mar­quai au­cun ob­jet. Et dans la cui­sine, il sem­blait qu’on n’avait pas pré­paré de de­puis plu­sieurs jours» 6. Yul­gok se ren­dit compte, en conver­sant avec cet , qu’une re­ti­rée et so­li­taire au­rait été une vie sté­rile, qui n’aurait pu lui ap­por­ter un com­plet; elle au­rait consisté à né­gli­ger ses en­vers la laïque, si lourds soient-ils. «Je n’ai pas en­core achevé mes avec le », dit-il 7 à son re­tour. Et après une pé­riode d’hésitation, où il re­lut l’ensemble des tra­di­tions chi­noises et co­réennes, dans la mul­ti­tude de leurs textes, il dé­cida d’agir par toutes ses forces à la trans­for­ma­tion de son pays se­lon l’ de l’école néo-confu­céenne. é dans son pays comme le mo­dèle de cette école, Yul­gok fut plu­sieurs fois mi­nistre. Po­li­ti­cien en­gagé et grand , il laissa der­rière lui une di­zaine d’ouvrages ayant pour thème prin­ci­pal l’élévation des et le dé­ve­lop­pe­ment des consciences à tra­vers l’étude : «Sans étude, nul homme ne pour­rait de­ve­nir hu­main», dit-il dans une cé­lèbre phrase 8. Par «étude», Yul­gok n’entend rien d’insolite ni d’extraordinaire : «Il suf­fit», pré­cise-t-il, «de se conduire à tout mo­ment du quo­ti­dien, en fonc­tion [des] cir­cons­tances, en père tendre, en fils fi­lial, en su­jet loyal, en époux sou­cieux des dis­tinc­tions de rôles, en frère at­ten­tionné, en jeune homme res­pec­tueux des aî­nés ou en ami de confiance.» Dans notre monde ac­tuel où l’on ne com­prend plus que l’étude ré­side dans le quo­ti­dien et où on la croit exa­gé­ré­ment mal­ai­sée, la pen­sée de Yul­gok si pure, si belle, si concrète peut être un ad­mi­rable sou­tien.

  1. En co­réen «성학집요», en «聖學輯要». Par­fois trans­crit «Song-hak tchi-pyo» ou «Seon­ghak ji­byo». Icône Haut
  2. En co­réen 이이. Par­fois trans­crit Yi Yi. Icône Haut
  3. En co­réen 율곡, en chi­nois 栗谷. Au­tre­fois trans­crit Yul-kok, Youl­gok ou Youl-kok. Icône Haut
  4. En co­réen 신사임당, en chi­nois 申師任堂. Par­fois trans­crit Shin Saïm­dang. Icône Haut
  1. En co­réen 금강산. Icône Haut
  2. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La Pen­sée co­réenne», p. 177. Icône Haut
  3. Dans id. p. 184. Icône Haut
  4. «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens», p. 7. Icône Haut

Lessing, « Choix des plus belles fables »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Fables» («Fa­beln») de , écri­vain hos­tile aux conven­tions en vogue, aux pré­ju­gés de classe, à l’esprit de ser­vi­lité et de rou­tine, à tout ce qui pa­ra­ly­sait le (XVIIIe siècle). Sans être le plus grand d’entre les plus grands, ce­lui qui a mé­rité que Henri Heine dise de lui : «Les­sing, de tous les al­le­mands, est ce­lui que je ché­ris le plus» 1 a cer­tai­ne­ment le d’être consi­déré comme l’un des de cette triom­phante où, se­lon le mot de la ba­ronne de Staël 2, «[même] les écri­vains du se­cond et du troi­sième ordre ont en­core des connais­sances as­sez ap­pro­fon­dies pour être ailleurs». Il fut tour à tour phi­lo­sophe, , tra­duc­teur, dra­ma­turge, fa­bu­liste, se­cré­taire d’un gé­né­ral, bi­blio­thé­caire d’un duc, ou­vrant dans toutes les di­rec­tions des voies nou­velles, pour­sui­vant par­tout la . Car Les­sing eut une pas­sion pour la vé­rité. Il la cher­cha «avec ca­rac­tère, avec éner­gique constance», comme dit Gœthe 3, et il eut même plus de à la cher­cher qu’à la trou­ver, comme le chas­seur qui prend plus de plai­sir à cou­rir le lièvre qu’à l’attraper. «Si », dit Les­sing 4, «te­nait dans sa main droite toutes les vé­ri­tés et dans sa main gauche l’effort in­fa­ti­gable vers la vé­rité… et qu’il me di­sait : “Choi­sis!”, je m’inclinerais avec déses­poir vers sa main gauche, en lui di­sant : “Père, donne! La pure vé­rité n’est que pour toi seul!”» Tel Lu­ther, Les­sing fut un éman­ci­pa­teur, qui ne se conten­tait pas de sa per­son­nelle, mais qui sou­hai­tait éga­le­ment celle de ses lec­teurs. Il pen­sait tout haut de­vant eux et leur don­nait en­vie de pen­ser. Il es­ti­mait qu’ils étaient non moins ha­biles que lui à gé­rer leurs opi­nions et leurs goûts. «La li­berté fut l’ de tous ses ou­vrages; on ci­te­rait dif­fi­ci­le­ment une ligne de lui qui ne vise quelque ser­vi­tude», ex­plique Vic­tor Cher­bu­liez 5. En , il lutta pour l’avènement d’une re­li­gion hu­ma­ni­taire et uni­ver­selle. Il ima­gina une grande hu­maine, une de tous les croyants unis plu­tôt dans la pra­tique de la que dans celle du culte. En lit­té­ra­ture, il af­fran­chit son pays de la ri­gi­dité, de l’imitation ser­vile. Jusque-là, on n’avait joué sur la scène al­le­mande que des de pièces fran­çaises, elles-mêmes imi­tées du ; il fit voir le ri­di­cule de cette fausse , em­prun­tée de se­conde main. Il contri­bua au contraire à ré­vé­ler au pu­blic les tra­gé­dies de Sha­kes­peare, dont le ca­rac­tère ter­rible avait in­fi­ni­ment plus de rap­port avec ce­lui des Al­le­mands. Il as­sura que Sha­kes­peare seul pou­vait sus­ci­ter un ori­gi­nal et po­pu­laire; et que, si Sha­kes­peare igno­rait Aris­tote, que Cor­neille avait si bien étu­dié, des deux tra­gé­diens c’est Sha­kes­peare qui l’avait le mieux suivi! Ce­pen­dant, quels que fussent les pa­ra­doxes aux­quels Les­sing se laissa en­traî­ner par l’ardeur et par les né­ces­si­tés de la contro­verse, il sema des neuves, des aper­çus fé­conds.

  1. Heine, «De l’Allemagne. Tome I», p. 204. Icône Haut
  2. Staël, «De l’Allemagne», part. 3, ch. VII. Icône Haut
  3. En al­le­mand «durch sei­nen Cha­rak­ter, durch sein Fes­thal­ten». Icône Haut
  1. «Eine Du­plik» («Une Du­plique»), in­édit en . Icône Haut
  2. «Études de lit­té­ra­ture et d’art», p. 20. Icône Haut

Lessing, « Ernst et Falk : causeries pour francs-maçons »

éd. Dervy, coll. Petite Bibliothèque de la franc-maçonnerie, Paris

éd. Dervy, coll. Pe­tite Bi­blio­thèque de la , Pa­ris

Il s’agit d’«Ernst et Falk : cau­se­ries pour » («Ernst und Falk : Ges­präche für Frei­mau­rer») de , écri­vain hos­tile aux conven­tions en vogue, aux pré­ju­gés de classe, à l’esprit de ser­vi­lité et de rou­tine, à tout ce qui pa­ra­ly­sait le (XVIIIe siècle). Sans être le plus grand d’entre les plus grands, ce­lui qui a mé­rité que Henri Heine dise de lui : «Les­sing, de tous les , est ce­lui que je ché­ris le plus» 1 a cer­tai­ne­ment le d’être consi­déré comme l’un des de cette triom­phante où, se­lon le mot de la ba­ronne de Staël 2, «[même] les du se­cond et du troi­sième ordre ont en­core des connais­sances as­sez ap­pro­fon­dies pour être ailleurs». Il fut tour à tour phi­lo­sophe, , tra­duc­teur, dra­ma­turge, fa­bu­liste, se­cré­taire d’un gé­né­ral, bi­blio­thé­caire d’un duc, ou­vrant dans toutes les di­rec­tions des voies nou­velles, pour­sui­vant par­tout la . Car Les­sing eut une pas­sion pour la vé­rité. Il la cher­cha «avec ca­rac­tère, avec éner­gique constance», comme dit Gœthe 3, et il eut même plus de à la cher­cher qu’à la trou­ver, comme le chas­seur qui prend plus de plai­sir à cou­rir le lièvre qu’à l’attraper. «Si », dit Les­sing 4, «te­nait dans sa main droite toutes les vé­ri­tés et dans sa main gauche l’effort in­fa­ti­gable vers la vé­rité… et qu’il me di­sait : “Choi­sis!”, je m’inclinerais avec déses­poir vers sa main gauche, en lui di­sant : “Père, donne! La pure vé­rité n’est que pour toi seul!”» Tel Lu­ther, Les­sing fut un éman­ci­pa­teur, qui ne se conten­tait pas de sa per­son­nelle, mais qui sou­hai­tait éga­le­ment celle de ses lec­teurs. Il pen­sait tout haut de­vant eux et leur don­nait en­vie de pen­ser. Il es­ti­mait qu’ils étaient non moins ha­biles que lui à gé­rer leurs opi­nions et leurs goûts. «La li­berté fut l’ de tous ses ou­vrages; on ci­te­rait dif­fi­ci­le­ment une ligne de lui qui ne vise quelque ser­vi­tude», ex­plique Vic­tor Cher­bu­liez 5. En , il lutta pour l’avènement d’une re­li­gion hu­ma­ni­taire et uni­ver­selle. Il ima­gina une grande hu­maine, une franc-ma­çon­ne­rie de tous les croyants unis plu­tôt dans la pra­tique de la que dans celle du culte. En lit­té­ra­ture, il af­fran­chit son pays de la ri­gi­dité, de l’imitation ser­vile. Jusque-là, on n’avait joué sur la scène al­le­mande que des de pièces fran­çaises, elles-mêmes imi­tées du ; il fit voir le ri­di­cule de cette fausse , em­prun­tée de se­conde main. Il contri­bua au contraire à ré­vé­ler au pu­blic les tra­gé­dies de Sha­kes­peare, dont le ca­rac­tère ter­rible avait in­fi­ni­ment plus de rap­port avec ce­lui des Al­le­mands. Il as­sura que Sha­kes­peare seul pou­vait sus­ci­ter un ori­gi­nal et po­pu­laire; et que, si Sha­kes­peare igno­rait Aris­tote, que Cor­neille avait si bien étu­dié, des deux tra­gé­diens c’est Sha­kes­peare qui l’avait le mieux suivi! Ce­pen­dant, quels que fussent les pa­ra­doxes aux­quels Les­sing se laissa en­traî­ner par l’ardeur et par les né­ces­si­tés de la contro­verse, il sema des neuves, des aper­çus fé­conds.

  1. Heine, «De l’Allemagne. Tome I», p. 204. Icône Haut
  2. Staël, «De l’Allemagne», part. 3, ch. VII. Icône Haut
  3. En al­le­mand «durch sei­nen Cha­rak­ter, durch sein Fes­thal­ten». Icône Haut
  1. «Eine Du­plik» («Une Du­plique»), in­édit en . Icône Haut
  2. «Études de lit­té­ra­ture et d’art», p. 20. Icône Haut

Lessing, « Dramaturgie de Hambourg »

éd. Klincksieck, coll. Germanistique, Paris

éd. Klinck­sieck, coll. Ger­ma­nis­tique, Pa­ris

Il s’agit de la « de Ham­bourg» («Ham­bur­gische Dra­ma­tur­gie») de , écri­vain hos­tile aux conven­tions en vogue, aux pré­ju­gés de classe, à l’esprit de ser­vi­lité et de rou­tine, à tout ce qui pa­ra­ly­sait le (XVIIIe siècle). Sans être le plus grand d’entre les plus grands, ce­lui qui a mé­rité que Henri Heine dise de lui : «Les­sing, de tous les , est ce­lui que je ché­ris le plus» 1 a cer­tai­ne­ment le d’être consi­déré comme l’un des de cette triom­phante où, se­lon le mot de la ba­ronne de Staël 2, «[même] les du se­cond et du troi­sième ordre ont en­core des connais­sances as­sez ap­pro­fon­dies pour être ailleurs». Il fut tour à tour phi­lo­sophe, , tra­duc­teur, dra­ma­turge, fa­bu­liste, se­cré­taire d’un gé­né­ral, bi­blio­thé­caire d’un duc, ou­vrant dans toutes les di­rec­tions des voies nou­velles, pour­sui­vant par­tout la . Car Les­sing eut une pas­sion pour la vé­rité. Il la cher­cha «avec ca­rac­tère, avec éner­gique constance», comme dit Gœthe 3, et il eut même plus de à la cher­cher qu’à la trou­ver, comme le chas­seur qui prend plus de plai­sir à cou­rir le lièvre qu’à l’attraper. «Si », dit Les­sing 4, «te­nait dans sa main droite toutes les vé­ri­tés et dans sa main gauche l’effort in­fa­ti­gable vers la vé­rité… et qu’il me di­sait : “Choi­sis!”, je m’inclinerais avec déses­poir vers sa main gauche, en lui di­sant : “Père, donne! La pure vé­rité n’est que pour toi seul!”» Tel Lu­ther, Les­sing fut un éman­ci­pa­teur, qui ne se conten­tait pas de sa per­son­nelle, mais qui sou­hai­tait éga­le­ment celle de ses lec­teurs. Il pen­sait tout haut de­vant eux et leur don­nait en­vie de pen­ser. Il es­ti­mait qu’ils étaient non moins ha­biles que lui à gé­rer leurs opi­nions et leurs goûts. «La li­berté fut l’ de tous ses ou­vrages; on ci­te­rait dif­fi­ci­le­ment une ligne de lui qui ne vise quelque ser­vi­tude», ex­plique Vic­tor Cher­bu­liez 5. En , il lutta pour l’avènement d’une re­li­gion hu­ma­ni­taire et uni­ver­selle. Il ima­gina une grande hu­maine, une de tous les croyants unis plu­tôt dans la pra­tique de la que dans celle du culte. En lit­té­ra­ture, il af­fran­chit son pays de la ri­gi­dité, de l’imitation ser­vile. Jusque-là, on n’avait joué sur la scène al­le­mande que des de pièces fran­çaises, elles-mêmes imi­tées du ; il fit voir le ri­di­cule de cette fausse , em­prun­tée de se­conde main. Il contri­bua au contraire à ré­vé­ler au pu­blic les tra­gé­dies de Sha­kes­peare, dont le ca­rac­tère ter­rible avait in­fi­ni­ment plus de rap­port avec ce­lui des Al­le­mands. Il as­sura que Sha­kes­peare seul pou­vait sus­ci­ter un ori­gi­nal et po­pu­laire; et que, si Sha­kes­peare igno­rait Aris­tote, que Cor­neille avait si bien étu­dié, des deux tra­gé­diens c’est Sha­kes­peare qui l’avait le mieux suivi! Ce­pen­dant, quels que fussent les pa­ra­doxes aux­quels Les­sing se laissa en­traî­ner par l’ardeur et par les né­ces­si­tés de la contro­verse, il sema des neuves, des aper­çus fé­conds.

  1. Heine, «De l’Allemagne. Tome I», p. 204. Icône Haut
  2. Staël, «De l’Allemagne», part. 3, ch. VII. Icône Haut
  3. En al­le­mand «durch sei­nen Cha­rak­ter, durch sein Fes­thal­ten». Icône Haut
  1. «Eine Du­plik» («Une Du­plique»), in­édit en . Icône Haut
  2. «Études de lit­té­ra­ture et d’art», p. 20. Icône Haut

Lessing, « Du Laocoon, ou Des limites respectives de la poésie et de la peinture »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Lao­coon, ou Des li­mites res­pec­tives de la et de la » («Lao­koon, oder Über die Gren­zen der Ma­le­rei und Poe­sie») de , écri­vain hos­tile aux conven­tions en vogue, aux pré­ju­gés de classe, à l’esprit de ser­vi­lité et de rou­tine, à tout ce qui pa­ra­ly­sait le (XVIIIe siècle). Sans être le plus grand d’entre les plus grands, ce­lui qui a mé­rité que Henri Heine dise de lui : «Les­sing, de tous les , est ce­lui que je ché­ris le plus» 1 a cer­tai­ne­ment le d’être consi­déré comme l’un des de cette triom­phante où, se­lon le mot de la ba­ronne de Staël 2, «[même] les du se­cond et du troi­sième ordre ont en­core des connais­sances as­sez ap­pro­fon­dies pour être ailleurs». Il fut tour à tour phi­lo­sophe, , tra­duc­teur, dra­ma­turge, fa­bu­liste, se­cré­taire d’un gé­né­ral, bi­blio­thé­caire d’un duc, ou­vrant dans toutes les di­rec­tions des voies nou­velles, pour­sui­vant par­tout la . Car Les­sing eut une pas­sion pour la vé­rité. Il la cher­cha «avec ca­rac­tère, avec éner­gique constance», comme dit Gœthe 3, et il eut même plus de à la cher­cher qu’à la trou­ver, comme le chas­seur qui prend plus de plai­sir à cou­rir le lièvre qu’à l’attraper. «Si », dit Les­sing 4, «te­nait dans sa main droite toutes les vé­ri­tés et dans sa main gauche l’effort in­fa­ti­gable vers la vé­rité… et qu’il me di­sait : “Choi­sis!”, je m’inclinerais avec déses­poir vers sa main gauche, en lui di­sant : “Père, donne! La pure vé­rité n’est que pour toi seul!”» Tel Lu­ther, Les­sing fut un éman­ci­pa­teur, qui ne se conten­tait pas de sa per­son­nelle, mais qui sou­hai­tait éga­le­ment celle de ses lec­teurs. Il pen­sait tout haut de­vant eux et leur don­nait en­vie de pen­ser. Il es­ti­mait qu’ils étaient non moins ha­biles que lui à gé­rer leurs opi­nions et leurs goûts. «La li­berté fut l’ de tous ses ou­vrages; on ci­te­rait dif­fi­ci­le­ment une ligne de lui qui ne vise quelque ser­vi­tude», ex­plique Vic­tor Cher­bu­liez 5. En , il lutta pour l’avènement d’une re­li­gion hu­ma­ni­taire et uni­ver­selle. Il ima­gina une grande hu­maine, une de tous les croyants unis plu­tôt dans la pra­tique de la que dans celle du culte. En lit­té­ra­ture, il af­fran­chit son pays de la ri­gi­dité, de l’imitation ser­vile. Jusque-là, on n’avait joué sur la scène al­le­mande que des de pièces fran­çaises, elles-mêmes imi­tées du ; il fit voir le ri­di­cule de cette fausse , em­prun­tée de se­conde main. Il contri­bua au contraire à ré­vé­ler au pu­blic les tra­gé­dies de Sha­kes­peare, dont le ca­rac­tère ter­rible avait in­fi­ni­ment plus de rap­port avec ce­lui des Al­le­mands. Il as­sura que Sha­kes­peare seul pou­vait sus­ci­ter un ori­gi­nal et po­pu­laire; et que, si Sha­kes­peare igno­rait Aris­tote, que Cor­neille avait si bien étu­dié, des deux tra­gé­diens c’est Sha­kes­peare qui l’avait le mieux suivi! Ce­pen­dant, quels que fussent les pa­ra­doxes aux­quels Les­sing se laissa en­traî­ner par l’ardeur et par les né­ces­si­tés de la contro­verse, il sema des neuves, des aper­çus fé­conds.

  1. Heine, «De l’Allemagne. Tome I», p. 204. Icône Haut
  2. Staël, «De l’Allemagne», part. 3, ch. VII. Icône Haut
  3. En al­le­mand «durch sei­nen Cha­rak­ter, durch sein Fes­thal­ten». Icône Haut
  1. «Eine Du­plik» («Une Du­plique»), in­édit en . Icône Haut
  2. «Études de lit­té­ra­ture et d’art», p. 20. Icône Haut