Tulsî-dâs, « Les Chants nuptiaux »

éd. L’Asiathèque, Paris

éd. L’Asiathèque, Pa­ris

Il s’agit du «Pâr­vatî man­gal» 1 et du «Jâ­nakî man­gal» 2, deux œuvres mi­neures de Tulsî-dâs, dé­cri­vant l’une le de Śiva et de Pâr­vatî, l’autre — ce­lui de Râma et de Sîtâ. Ces deux œuvres se res­semblent beau­coup, non seule­ment par le su­jet et l’, mais en­core par le , la et la mé­trique : toutes deux ap­par­tiennent au genre du «man­gal». Un «man­gal» est une chan­son porte- des­ti­née à être chan­tée dans cer­taines cé­ré­mo­nies, et en par­ti­cu­lier une «chan­son nup­tiale», un «épi­tha­lame». Son but, dans ce cas, est de faire connaître aux nou­veaux époux le bon­heur de leur union; but étrange peut-être, car s’ils ne sentent pas ce bon­heur, pour­quoi se ma­rient-ils? Mais, en Inde, il y a sur­tout des ma­riages de conve­nance faits par les pa­rents sans que les jeunes époux se soient ja­mais vus, et non des ma­riages d’. La chan­son est utile pour conso­ler ces époux qui ne se ma­rient que par obéis­sance, en leur an­non­çant les avan­tages qu’ils au­ront dans l’avenir. «Ceux qui chan­te­ront avec amour ce poème dans les cé­ré­mo­nies heu­reuses et les nup­tiales», dit Tulsî 3, «at­tein­dront la fé­li­cité et la réa­li­sa­tion de leurs dé­sirs.» Le poète a, dans ses des­crip­tions, ac­cordé aux un rôle hors de pro­por­tion : «Les de ma­riage in­diennes sont, en ef­fet, à peu près ex­clu­si­ve­ment ré­ser­vées aux sui­vantes de la jeune fille chez la­quelle se dé­roulent les cé­ré­mo­nies», ex­plique M. Jean-Em­ma­nuel Gorse 4. Un autre in­té­rêt de ces chan­sons, c’est que la noce qu’elles chantent n’est pas une noce or­di­naire, mais di­vine : «[Elles donnent] pour mo­dèle d’une cé­ré­mo­nie les rites cé­lé­brés dans la même oc­ca­sion [par un] couple di­vin. De ce fait, [ce] sont de vé­ri­tables guides li­tur­giques à l’usage des femmes in­diennes», et en cette qua­lité, elles exercent une grande sur la masse du .

  1. En «पार्वती मंगल». Par­fois trans­crit «Pārbatī-maṅgal». Icône Haut
  2. En hindi «जानकी मंगल». Par­fois trans­crit «Jankî man­gal». Jâ­nakî («fille du roi Ja­naka») est un autre nom de Sîtâ. Icône Haut
  1. p. 119. Icône Haut
  2. p. 144-145. Icône Haut

Voltaire, « Correspondance. Tome II. 1739-1748 »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» de Vol­taire, la meilleure, la plus dé­li­cieuse de toutes les cor­res­pon­dances; celle qui fut à elle seule l’esprit de l’ (XVIIIe siècle). «En re­com­man­dant la lec­ture de Vol­taire», dit un  1, «j’avoue mes pré­fé­rences. S’il fal­lait sa­cri­fier quelque chose de lui, je don­ne­rais les tra­gé­dies et les co­mé­dies pour gar­der les pe­tits vers; s’il fal­lait sa­cri­fier en­core quelque chose, je don­ne­rais plu­tôt les his­toires, toutes char­mantes qu’elles sont, que les ro­mans; …mais en­fin il y a une chose que je ne me dé­ci­de­rais ja­mais à li­vrer, c’est la “Cor­res­pon­dance”». En ef­fet, de tous les genres lit­té­raires dont s’occupa Vol­taire, ce­lui où il fut le plus ori­gi­nal; ce­lui où il eut un ton que per­sonne ne lui avait donné, et que tout le vou­lut imi­ter; ce­lui, en­fin, où il do­mina, de l’aveu même des ja­loux qui consentent quel­que­fois à re­con­naître un mé­rite una­ni­me­ment re­connu, c’est le genre épis­to­laire. On y trouve l’ensemble et la de tous les styles; on y trouve la fa­ci­lité brillante d’un es­prit aussi su­pé­rieur aux su­jets qu’il traite, qu’aux gens à qui il s’adresse : «Quel se joue dans ses poé­sies et ses plai­san­te­ries et ses lettres im­mor­telles! , tout ce qu’on ad­mire dans les deux pre­mières se re­trouve dans les lettres avec une in­épui­sable abon­dance : vers fa­ciles, raille­ries char­mantes à pro­pos de tous les et de tous les évé­ne­ments qui ont passé, dans ce siècle agité, de­vant cet es­prit cu­rieux… Ce qu’il peut se suc­cé­der, pen­dant plus de soixante ans, d’amours, de haines, de plai­sirs, de dou­leurs, de co­lères, dans une sin­gu­liè­re­ment im­pres­sion­nable et mo­bile, est ex­primé là au vif… chaque sen­ti­ment en­tier oc­cu­pant toute l’âme, comme s’il de­vait du­rer éter­nel­le­ment, puis ef­facé tout à coup par un autre…; va­riété in­épui­sable des su­jets qui passent sous cette plume lé­gère; sé­duc­tions d’un es­prit en­chan­teur qui veut plaire et in­vente pour plaire les tours les plus dé­li­cats, tou­jours ai­mable, tou­jours nou­veau. Tout cela forme un des spec­tacles les plus at­trayants qu’on puisse avoir en ce monde», dit le même cri­tique. De tous les hommes cé­lèbres dont on a im­primé les lettres après leur , Vol­taire est le pre­mier qui ait écrit à la fois en écri­vain et en du monde, et qui ait mon­tré qu’il est aussi na­tu­rel­le­ment l’un que l’autre. Son ta­lent, qui peut être in­égal dans ses grands ou­vrages, est tou­jours par­fait dans ses , quand sa plume court avec une ra­pi­dité, une né­gli­gence, qui n’appartiennent qu’à lui.

  1. Er­nest Ber­sot. Icône Haut

Schiller, « La Pucelle d’Orléans »

éd. L’Arche, coll. Scène ouverte, Paris

éd. L’Arche, coll. Scène ou­verte, Pa­ris

Il s’agit de «La Pu­celle d’Orléans» 1Die Jung­frau von Or­leans») de Frie­drich Schil­ler 2, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 3. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 4. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 5. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Par­fois tra­duit «Jeanne d’Arc». Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  3. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Démétrius »

dans « Œuvres dramatiques. Tome III » (XIXᵉ siècle)

dans «Œuvres dra­ma­tiques. Tome III» (XIXe siècle)

Il s’agit de «Dé­mé­trius» de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « La Fiancée de Messine, ou les Frères ennemis : tragédie avec chœurs »

éd. Aubier-Montaigne, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris

éd. Au­bier-Mon­taigne, coll. bi­lingue des clas­siques , Pa­ris

Il s’agit de «La Fian­cée de Mes­sine» («Die Braut von Mes­sina») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Guillaume Tell : tragédie en cinq actes »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Guillaume Tell» («Wil­helm Tell») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Wallenstein : poème dramatique »

éd. L. Mazenod, coll. Les Écrivains célèbres-Le Romantisme, Paris

éd. L. Ma­ze­nod, coll. Les Écri­vains cé­lèbres-Le , Pa­ris

Il s’agit de «Wal­len­stein» 1 de Frie­drich Schil­ler 2, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 3. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 4. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 5. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. On ren­contre aussi la gra­phie «Wall­stein». Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  3. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Esthétique »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Lettres sur l’ de l’» («Briefe über die äs­the­tische Er­zie­hung des Men­schen») et autres trai­tés phi­lo­so­phiques de Schil­ler. L’ com­pris entre les an­nées 1792 et 1795 marque un ré­pit dans les pro­duc­tions théâ­trales de Schil­ler. Don­nant quelque at­ten­tion aux ten­dances de son , le dra­ma­turge se livre à de grandes ré­flexions sur l’écart qu’il ob­serve entre la forme mo­derne de l’ et la forme an­cienne — la grecque par­ti­cu­liè­re­ment. Se­lon Schil­ler, à l’époque de l’heureux éveil , l’homme, à la fois phi­lo­sophe et ar­tiste, à la fois dé­li­cat et éner­gique, ne ren­fer­mait pas son ac­ti­vité dans les li­mites de ses fonc­tions; il pos­sé­dait en l’essence to­tale de l’humanité; et fa­vo­rable in­dif­fé­rem­ment à toutes les ma­ni­fes­ta­tions hu­maines, il n’en pro­té­geait au­cune ex­clu­si­ve­ment. «Comme il en est au­tre­ment chez nous autres, mo­dernes!», dit Schil­ler 1. Chez nous, l’ de l’espèce est dis­tri­buée, dis­per­sée dans les in­di­vi­dus à l’état de frag­ments, de telle sorte que les forces spi­ri­tuelles de l’humanité se montrent sé­pa­rées, et qu’il faut ad­di­tion­ner la sé­rie des in­di­vi­dus pour re­cons­ti­tuer la to­ta­lité de l’espèce. «Chez nous… nous voyons non seule­ment des in­di­vi­dus iso­lés, mais des classes en­tières d’hommes ne dé­ve­lop­per qu’une par­tie de leurs fa­cul­tés», dit Schil­ler 2. C’est la elle-même qui a fait cette bles­sure au mo­derne. Aus­si­tôt que, d’une part, une plus éten­due eut amené une di­vi­sion plus exacte des , et que, de l’autre, la ma­chine com­pli­quée des eut rendu né­ces­saire une sé­pa­ra­tion plus ri­gou­reuse des classes et des tâches so­ciales, le lien in­time de la hu­maine fut rompu. Une per­ni­cieuse lutte suc­céda à l’harmonie qui ré­gnait entre les di­verses sphères hu­maines. «La in­tui­tive et la rai­son spé­cu­la­tive se ren­fer­mèrent hos­ti­le­ment dans leurs do­maines sé­pa­rés, dont elles com­men­cèrent à gar­der les avec mé­fiance et ja­lou­sie», dit Schil­ler 3. Éter­nel­le­ment en­chaîné à un seul pe­tit du tout, l’homme mo­derne ne se forme que comme frag­ment; n’ayant sans cesse dans l’oreille que le bruit mo­no­tone de la roue qu’il fait tour­ner, il ne dé­ve­loppe ja­mais l’harmonie de sa na­ture; et au lieu d’imprimer à son être le ca­chet de l’humanité, il fi­nit par n’être plus que l’empreinte de l’occupation à la­quelle il se consacre, de la science qu’il cultive. Et Schil­ler de conclure : «Quel que soit le pro­fit ré­sul­tant… de ce per­fec­tion­ne­ment dis­tinct et spé­cial des fa­cul­tés hu­maines, on ne peut nier que ce… soit une cause de et comme une é pour les in­di­vi­dus. Les exer­cices du gym­nase forment, il est vrai, des ath­lé­tiques, mais ce n’est que par le jeu libre et égal des membres que se dé­ve­loppe la beauté. De même, la ten­sion des forces spi­ri­tuelles iso­lées peut créer des hommes ex­tra­or­di­naires; mais ce n’est que l’équilibre… de ces forces qui peut pro­duire des hommes heu­reux et ac­com­plis»

  1. p. 202. Icône Haut
  2. id. Icône Haut
  1. p. 203. Icône Haut

Schiller, « Don Carlos »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de « Car­los» («Don Kar­los») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec «Don Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller, « Marie Stuart »

éd. Aubier, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris

éd. Au­bier, coll. bi­lingue des clas­siques , Pa­ris

Il s’agit de «Ma­rie Stuart» («Ma­ria Stuart») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome III »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Mille et une Nuits» («Alf layla wa-layla» 1), . Ra­re­ment, la de la et les de l’ ont été dé­pen­sés dans une œuvre avec plus de pro­di­ga­lité; et ra­re­ment, une œuvre a eu une réus­site plus écla­tante que celle des «Mille et une Nuits» de­puis qu’elle a été trans­por­tée en par l’orientaliste An­toine Gal­land au com­men­ce­ment du XVIIIe siècle. De là, elle a im­mé­dia­te­ment rem­pli le de sa re­nom­mée, et de­puis, son n’a fait que croître de jour en jour, sans souf­frir ni des ca­prices de la ni du chan­ge­ment des goûts. Quelle ex­tra­or­di­naire fé­con­dité dans ces ! Quelle va­riété! Avec quel in­épui­sable in­té­rêt on suit les en­chan­te­resses de Sind­bad le Ma­rin ou les mer­veilles opé­rées par la lampe d’Aladdin : «C’est dans l’ même que l’enfance du genre hu­main se montre avec toute sa grâce et toute sa naï­veté», dit Édouard Gaut­tier d’Arc 2. «On y cher­che­rait en vain ou ces teintes mé­lan­co­liques du Nord, ou ces al­lu­sions sé­rieuses et pro­fondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plai­sirs… Ces gé­nies qu’elle a pro­duits, vont ré­pan­dant par­tout les perles, l’, les dia­mants; ils élèvent en un ins­tant des su­perbes; ils livrent à ce­lui qu’ils fa­vo­risent, des hou­ris 3 en­chan­te­resses; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouis­sances, sans qu’il se donne au­cune peine pour les ac­qué­rir. Il faut aux Orien­taux un fa­cile et com­plet; ils le veulent sans nuages, comme le qui les éclaire.»

  1. En «ألف ليلة وليلة». Au­tre­fois trans­crit «Alef léï­lét oué-léï­lét», «Alef lei­let we lei­let», «Alef leila wa leila» ou «Alf laila wa-laila». Icône Haut
  2. Pré­face à l’édition de 1822-1823. Icône Haut
  1. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le , se­ront les épouses des fi­dèles. Icône Haut

Schiller, « Les Brigands : drame en cinq actes »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Bri­gands» («Die Räu­ber») de Frie­drich Schil­ler 1, poète et dra­ma­turge (XVIIIe-XIXe siècle) dont l’œuvre se re­con­naît im­mé­dia­te­ment comme sienne par un mé­lange par­ti­cu­lier qui tient à la par les et à la par le goût pour les ré­flexions — un mé­lange qui a tant im­pré­gné l’ en «que de­puis lors il est dif­fi­cile de par­ler, de s’exprimer au sans “faire du Schil­ler”» 2. L’inclination de Schil­ler pour le théâtre al­lait, pour­tant, à l’encontre des de l’École mi­li­taire où il fut édu­qué. Huit an­nées du­rant, son en­thou­siasme lutta contre la que lui im­po­saient ses ins­ti­tu­teurs. La sur­veillance, l’uniformité ré­pé­tée des mêmes gestes, les pu­ni­tions cor­po­relles qui sui­vaient de près les me­naces, bles­saient pro­fon­dé­ment un jeune qui sen­tait en lui-même des pen­chants plus é, plus purs et plus di­vins que la di­rec­tion où il était poussé de force. Elles au­raient dû étouf­fer sa pas­sion pour le théâtre; elles ne firent, au contraire, que l’attiser. «Les Bri­gands» qu’il écri­vit en ca­chette étant élève ré­vé­lèrent au un poète uni­ver­sel à l’ trop éten­due pour voir les li­mites de l’ dans les de sa pa­trie : «J’écris en ci­toyen du monde qui ne sert au­cun prince. J’ai perdu, jeune, ma pa­trie pour l’échanger contre le vaste monde…», dit-il 3. Com­bien il est sin­gu­lier, d’ailleurs, que les pièces de Schil­ler pro­mènent aux quatre coins de l’ et se fassent tou­jours les in­ter­prètes du d’autres peuples : les Pays-Bas avec « Car­los», la avec «La Pu­celle d’Orléans», la avec «Guillaume Tell», l’Écosse avec «Ma­rie Stuart». Quand la vint le sai­sir, il tra­vaillait en­core à «Dé­mé­trius», dont il avait ins­tallé l’intrigue dans une où il n’était pas da­van­tage allé que dans les autres pays. Il n’y a que «Wal­len­stein» qui soit réel­le­ment al­le­mand; mais non pas l’Allemagne mo­derne, celle du Saint-Em­pire. «Ci­toyen de l’univers qui ac­cueille dans sa tous les vi­sages hu­mains et em­brasse avec l’intérêt col­lec­tif, je me sens ap­pelé à pour­suivre l’homme der­rière tous les dé­cors de la en , à le re­cher­cher dans tous les cercles, et si je puis em­ployer cette , à po­ser sur son cœur l’aiguille de la bous­sole», dit-il 4. On com­prend pour­quoi la fran­çaise nou­vel­le­ment éta­blie, qui ap­pe­lait l’humanité à ve­nir se joindre à elle, conféra à ce poète de toutes les na­tions le titre de ci­toyen par un dé­cret si­gné par Dan­ton en 1792.

  1. Au­tre­fois trans­crit Fré­dé­ric Schil­ler. Icône Haut
  2. Mann, «Es­sai sur Schil­ler». Icône Haut
  1. «Écrits sur le théâtre», p. 101. Icône Haut
  2. id. p. 104. Icône Haut

Schiller et Gœthe, « Correspondance (1794-1805). Tome II »

éd. Gallimard, Paris

éd. Gal­li­mard, Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance entre Schil­ler et Gœthe» («Brief­wech­sel zwi­schen Schil­ler und Goethe»). Il est dif­fi­cile d’apprécier la ren­contre, le choc sym­pa­thique, l’alliance se­reine et fé­conde de deux gé­nies tels que l’auteur de «Faust» et l’auteur de «Wal­len­stein», à moins de connaître exac­te­ment leur an­ti­pa­thie de dé­part. Écou­tons-les se ju­ger l’un l’autre, au mo­ment où, ar­ri­vés tous deux à l’apogée de leur re­nom­mée par des che­mins concur­rents et pa­ral­lèles, ils te­naient l’admiration de l’ en sus­pens : «Je dé­tes­tais Schil­ler, parce que son ta­lent vi­gou­reux, mais sans ma­tu­rité, avait dé­chaîné à tra­vers l’Allemagne, comme un tor­rent im­pé­tueux, tous les pa­ra­doxes mo­raux et dra­ma­tiques dont je m’étais ef­forcé de pu­ri­fier mon », di­sait Gœthe. «Je se­rais mal­heu­reux si je me ren­con­trais sou­vent avec Gœthe. Il n’a pas un seul mo­ment d’expansion, même avec ses amis les plus in­times. Il an­nonce son par les bien­faits, mais à la ma­nière des , sans se don­ner lui-même», di­sait Schil­ler. Étant très grands l’un et l’autre, ils étaient en même très dif­fé­rents et très op­po­sés. «Ja­mais deux hommes ne sont par­tis de si loin pour se ren­con­trer», dit un  1. Gœthe était un réa­liste, tourné vers la ex­té­rieure en im­mo­bile et pai­sible; Schil­ler, au contraire, était un idéa­liste, ne voyant le qu’à tra­vers les brumes de ses , et le voyant plus vi­brant et plus en­traî­nant qu’il n’apparaissait à la plu­part des gens. Bien­tôt pour­tant, ces deux âmes al­laient unir leurs et leurs pen­sées; ces deux al­laient se com­plé­ter, s’enrichir mu­tuel­le­ment, prendre un même es­sor vers de nou­velles ré­gions de la lit­té­ra­ture, et s’insuffler une se­conde ; tout cela à un âge où ils étaient plei­ne­ment for­més l’un et l’autre. «On peut com­prendre par là toute la va­leur de [leurs] lettres : elles ne contiennent pas seule­ment des confi­dences pleines de charme et d’intérêt; elles forment un vé­ri­table cours de lit­té­ra­ture, où les ques­tions les plus im­por­tantes de l’art et de la sont trai­tées avec la lar­geur de vue et le sen­ti­ment pro­fond qui n’appartiennent qu’au . Ce sont deux qui nous livrent, en quelque sorte, le se­cret de leur art; qui nous ini­tient à leurs plus in­times pré­oc­cu­pa­tions, et nous font en­trer ainsi dans ce qu’a de plus pro­fond leur es­prit par­ti­cu­lier, d’abord, et en­suite l’esprit de leur race», dit un tra­duc­teur

  1. Adolphe Bos­sert. Icône Haut