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Saulcy, « Voyage en Terre sainte. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Voyage en sainte» de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Saulcy, « Voyage en Terre sainte. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Voyage en sainte» de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Saulcy, « Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques, exécuté de décembre 1850 à avril 1851. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Voyage au­tour de la Morte et dans les terres bi­bliques» de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Saulcy, « Voyage autour de la mer Morte et dans les terres bibliques, exécuté de décembre 1850 à avril 1851. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Voyage au­tour de la Morte et dans les terres bi­bliques» de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Saulcy, « Jérusalem »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «» de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Gogol, « Œuvres complètes »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit des «Âmes mortes» («Miort­vyïé dou­chi» 1) et autres œuvres de Ni­co­las Go­gol 2. L’un des in­for­ma­teurs du vi­comte de Vogüé pour «Le », un vieil de lettres 3, té­moi­gnant du fait que Go­gol était de­venu le mo­dèle de la prose, comme Pou­ch­kine — ce­lui de la , avait dé­claré en  : «Nous sommes tous sor­tis du “Man­teau” de Go­gol» 4. Cette for­mule a bien plu. Elle a été en­suite tra­duite par plu­sieurs jour­naux russes, tant elle est de­ve­nue connue et «la chose de tous». On connaît moins Go­gol lui-même qui, à plu­sieurs égards, était un homme privé et mys­té­rieux. On peut le dire, il y avait en lui quelque chose du dé­mon. Un pou­voir sur­na­tu­rel fai­sait étin­ce­ler ses yeux; il sem­blait par mo­ments que l’irrationnel et l’effrayant le pé­né­traient de part en part et im­pri­maient sur ses œuvres une marque in­ef­fa­çable. Si, par la suite, la s’est si­gna­lée par une cer­taine exal­ta­tion dé­ré­glée, tour­men­tée, une cer­taine contra­dic­tion in­té­rieure, une psy­chose guet­tant constam­ment, ca­chée au tour­nant; si elle a même fa­vo­risé ce type de ca­rac­tères, elle a suivi en tout cela l’exemple de Go­gol. Cet au­teur mi-russe, mi- avait une double et vi­vait dans un dé­dou­blé — le monde réel et le monde des lou­foques, ter­ri­fiants. Et non seule­ment ces deux mondes pa­ral­lèles se ren­con­traient, mais en­core ils se contor­sion­naient et se confon­daient d’une fa­çon ex­tra­va­gante dans son es­prit dé­li­rant, «comme deux pi­liers, qui se re­flètent dans l’, se livrent aux contor­sions les plus folles quand les re­mous de l’onde s’y prêtent» 5. C’est «Le Nez» («Nos» 6), ana­gramme du «Rêve» («Son» 7), où ce si par­ti­cu­lier de Go­gol s’est dé­ployé li­bre­ment pour la toute pre­mière fois. Que l’on pense au dé­but de la  : «À son im­mense stu­pé­fac­tion, il s’aperçut que la place que son nez de­vait oc­cu­per ne pré­sen­tait plus qu’une sur­face lisse! Tout alarmé, Ko­va­liov se fit ap­por­ter de l’eau et se frotta les yeux avec un es­suie-mains : le nez avait bel et bien dis­paru!» Voilà que toutes les fon­da­tions du réel va­cillent, mais le fonc­tion­naire go­go­lien est à peine conscient de ce qui lui ar­rive. Confronté à une ville ab­surde et fan­tas­ma­go­rique, un «Go­gol­grad» in­quié­tant, où le lui-même al­lume les lampes et éclaire les choses pour les mon­trer sous un as­pect illu­soire et trom­peur, ce pe­tit homme grugé, floué avance à tâ­tons dans la brume, en s’accrochant or­gueilleu­se­ment et pué­ri­le­ment à ses fonc­tions bu­reau­cra­tiques. «La ville a beau lui jouer les tours les plus pen­dables, le ber­ner ou le châ­trer mo­men­ta­né­ment, ce per­son­nage ca­mé­léo­nesque et in­si­gni­fiant ne re­nonce ja­mais à s’incruster, à s’enraciner, fût-ce dans l’inexistant. [Il] res­tera cha­touilleux sur son grade et ses pré­ro­ga­tives jusqu’à [sa] dis­so­lu­tion com­plète dans le non-être… In­changé, il ré­ap­pa­raî­tra chez un Kafka», dit très bien M. Georges Ni­vat.

  1. En russe «Мёртвые души». Par­fois trans­crit «Mjortwyje du­schi», «Mertwyja du­schi», «Mjortwye du­schi», «Mertwya du­schi», «Myort­vyye du­shi», «Miort­vyye du­shi», «Mjort­vye dusi», «Mert­vye duši», «Mèrt­vyia doû­chi», «Miort­via dou­chi», «Meurt­via dou­chi» ou «Mert­viia dou­chi». Icône Haut
  2. En russe Николай Гоголь. Par­fois trans­crit Ni­ko­laj Go­gol, Ni­ko­laï Go­gol ou Ni­co­laï Go­gol. Icône Haut
  3. Sans Dmi­tri Gri­go­ro­vitch, comme une re­marque à la page 208 du «» le laisse pen­ser : «M. Gri­go­ro­vitch, qui tient une place ho­no­rée dans les lettres…, m’a confirmé cette anec­dote». Icône Haut
  4. «Le Ro­man russe», p. 96. Icône Haut
  1. Na­bo­kov, «Ni­ko­laï Go­gol». Icône Haut
  2. En russe «Нос». Par­fois trans­crit «Noss». Icône Haut
  3. En russe «Сон». Icône Haut

Lindgren, « Fifi Brindacier : l’intégrale »

éd. Hachette jeunesse, Paris

éd. Ha­chette , Pa­ris

Il s’agit de «Fifi Brin­da­cier» («Pippi Lång­strump») de Mme , la grande dame de la lit­té­ra­ture pour , la créa­trice de la ga­mine la plus ef­fron­tée sor­tie de l’ sué­doise : Fifi Brin­da­cier. Au­cun au­teur n’a été tra­duit en au­tant de langues que Mme Lind­gren. On ra­conte que M. Bo­ris Pan­kine 1, am­bas­sa­deur d’ à Stock­holm, confia un jour à l’écrivaine que presque tous les foyers so­vié­tiques comp­taient deux  : son «Karls­son sur le toit» et la ; ce à quoi elle ré­pli­qua : «Comme c’est étrange! J’ignorais to­ta­le­ment que la Bible était si po­pu­laire!» 2 C’est en 1940 ou 1941 que Fifi Brin­da­cier vit le jour comme per­son­nage de , au mo­ment où l’ fai­sait main basse sur l’, sem­blable à «un monstre éfique qui, à in­ter­valles ré­gu­liers, sort de son trou pour se pré­ci­pi­ter sur une vic­time» 3. Le cou­lait, les gens re­ve­naient mu­ti­lés, tout n’était que mal­heur et déses­poir. Et mal­gré les mille rai­sons d’être dé­cou­ra­gée face à l’avenir de notre , Mme Lind­gren ne pou­vait s’empêcher d’éprouver un cer­tain op­ti­misme quand elle voyait les per­sonnes de de­main : les en­fants, les ga­mins. Ils étaient «joyeux, sin­cères et sûrs d’eux, et ce, comme au­cune gé­né­ra­tion pré­cé­dente ne l’a été» 4. Mme Lind­gren com­prit, alors, que l’avenir du dor­mait dans les chambres des en­fants. C’est là que tout se jouait pour que les hommes et les de de­main de­viennent des sains et bien­veillants, qui voient le monde tel qu’il est, qui en connaissent la beauté. Le de Mme Lind­gren tient à cette . L’ qu’elle porte aux faibles et aux op­pri­més lui vaut éga­le­ment le des pe­tits et des grands. Beau­coup de ses ré­cits ont pour cadre des bour­gades res­sem­blant à sa bour­gade na­tale. Mais il ne s’agit là que du cadre. Car l’essence de ses ré­cits ré­side dans l’imagination dé­bor­dante de l’enfant so­li­taire — ce ter­ri­toire in­té­rieur où nul ne peut plus être tra­qué, où la seule est pos­sible. «Je veux écrire pour des lec­teurs qui savent créer des mi­racles. Les en­fants savent créer des mi­racles en li­sant», dit-elle 5. De même que toute , dans n’importe quel genre, dé­passe les li­mites de ce genre et de­vient quelque chose d’incomparable; de même, les ou­vrages de Mme Lind­gren dé­passent les li­mites étroites de la . Ce sont des le­çons de li­berté pour tous les âges et tous les siècles : «: Li­berté! Car sans li­berté, la fleur du poème fa­nera où qu’elle pousse» 6.

  1. En Борис Дмитриевич Панкин. Icône Haut
  2. Dans «Dos­sier : As­trid Lind­gren». Icône Haut
  3. Dans Jens An­der­sen, «As­trid Lind­gren». Icône Haut
  1. id. Icône Haut
  2. Dans «Dos­sier : As­trid Lind­gren». Icône Haut
  3. Dans Jens An­der­sen, «As­trid Lind­gren». Icône Haut

« La Colonne trajane au musée de Saint-Germain »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la co­lonne tra­jane. De tous les fo­rums ro­mains, ce­lui de l’Empereur Tra­jan était le plus beau, le plus ré­gu­lier, avec sa place en­tou­rée de ta­vernes à l’usage des mar­chands, ses de toute es­pèce, sa ba­si­lique, son , ses deux , l’une pour les col­lec­tions grecques et l’autre pour les la­tines, et tant d’autres somp­tuo­si­tés. L’ de ceux qui voyaient pour la pre­mière fois cet en­semble unique de construc­tions en était vi­ve­ment frap­pée, comme en té­moigne Am­mien Mar­cel­lin : «construc­tions gi­gan­tesques» («gi­gan­teos contex­tus»), dit-il, «qui dé­fient la » («nec re­latu ef­fa­biles»), «et que les mor­tels ne cher­che­ront plus à re­pro­duire» («nec rur­sus mor­ta­li­bus ad­pe­ten­dos»). Qu’est de­ve­nue cette si pro­di­gieuse ma­gni­fi­cence? Il n’en reste aujourd’hui que la co­lonne qui se trou­vait au mi­lieu et qui est bien conser­vée. L’idée de ce mo­nu­ment est gran­diose. D’un pié­des­tal sur le­quel on peut lire : «Le sé­nat et le (ont consa­cré cette co­lonne) à l’Empereur, fils du di­vin Nerva, Tra­jan… père de la pa­trie, pour mar­quer de quelle hau­teur était la mon­tagne et la place qu’on a dé­blayées pour y construire de si grands » s’élance une de ces co­lonnes creuses que l’on ap­pe­lait «co­lumna co­chleata», à cause de l’escalier tour­nant en co­li­ma­çon («co­chlea») creusé dans le marbre et condui­sant au som­met, là où re­po­sait la sta­tue de l’Empereur Tra­jan. Mais le mé­rite prin­ci­pal de ce mo­nu­ment est ailleurs : il est dans les qui, en forme de spi­rale, le dé­corent de haut en bas. Tous les ex­ploits que Tra­jan a faits pen­dant son règne, entre autres les vic­toires qu’il a rem­por­tées sur les Daces (en ), fi­gurent sur ces bas-re­liefs his­to­riques ser­pen­tant au­tour de la co­lonne comme les pages im­mor­telles d’un rou­leau ma­nus­crit («vo­lu­men»). La suite conti­nue qu’ils forment, monte vers l’Empereur vic­to­rieux et vient se pros­ter­ner à ses pieds. L’effet est ma­jes­tueux. L’ensemble est d’une puis­sance, d’une éner­gie in­con­tes­tables. «On y voit des , des , des en­seignes, des marches, des camps, des ma­chines, des ha­rangues aux , des sa­cri­fices, des , des vic­toires, des tro­phées… Tout est ex­primé avec , comme on peut l’observer dans l’intrépidité de ces daces qui se jettent, ar­mées de torches, sur les pri­son­niers ro­mains; et… le déses­poir de leurs ma­ris qui, pour ne pas tom­ber dans l’, brûlent leur ville et s’empoisonnent», dit très bien Fran­cesco Mi­li­zia

Saulcy, « Les Derniers Jours de Jérusalem »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Der­niers Jours de » de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Saulcy, « Carnets de voyage en Orient (1845-1869) »

éd. Presses universitaires de France, Paris

éd. Presses uni­ver­si­taires de , Pa­ris

Il s’agit des «Car­nets de voyage en » de Louis-Fé­li­cien Cai­gnart de Saulcy, dit , sa­vant et voya­geur . Il na­quit en 1807. Sa vou­lait en faire un sol­dat, un ca­pi­taine, et la for­ma­tion scien­ti­fique, né­gli­gée dans son en­fance, al­lait être rat­tra­pée avec peine. Mais il ai­mait les mon­naies an­tiques et il pre­nait un réel plai­sir au dé­chif­fre­ment des ca­rac­tères énig­ma­tiques, à l’exhumation des langues dis­pa­rues. Peu à peu, la nu­mis­ma­tique, l’ et la oc­cu­pèrent tout son es­prit, si bien qu’à l’âge de trente-cinq ans il était élu membre de l’Académie des . L’érudit sur­passa le sol­dat, sans l’effacer d’ailleurs, et c’est l’instinct de dé­cou­vrir, de tou­cher à tout — ins­tinct très do­mi­nant chez lui — qui dé­ter­mina son par­cours : «Son es­prit cu­rieux se trou­vait à l’aise dans les voies trop frayées : il avait la pas­sion des dé­cou­vertes, l’instinct et — j’oserai dire, pour me ser­vir de la fa­mi­lia­rité ha­bi­tuelle de son , la dé­man­geai­son de la », dit un contem­po­rain 1. Il se­rait trop long de ci­ter les ou­vrages de fond ou ar­ticles de syn­thèse qui sor­tirent de la plume de Saulcy au cours de sa longue sa­vante, et dont le nombre ne s’élève pas à moins de 389. On trouve son nom à une place ho­no­rable ou brillante au mi­lieu des dis­cus­sions sur la nu­mis­ma­tique des croi­sades; sur l’étude des textes pu­niques et ; sur l’alphabet des Ber­bères; sur la as­sy­rienne; sur l’archéologie dans les terres bi­bliques; sur les , etc. Comme on peut le voir, il avait l’habitude de ne pas s’attacher trop long­temps au même su­jet. En étu­diant une in­con­nue, il trou­vait sans ef­fort ni fa­tigue le nœud de la ques­tion et il le tran­chait — et, peut-être par­fois, ha­chait — de l’épée. La lui ap­pa­rais­sait du pre­mier coup ou elle ne lui ap­pa­rais­sait ja­mais.

  1. Henri Wal­lon. Icône Haut

Euclide, « Les Éléments. Tome II »

éd. Presses universitaires de France, coll. Bibliothèque d’histoire des sciences, Paris

éd. Presses uni­ver­si­taires de , coll. Bi­blio­thèque d’ des , Pa­ris

Il s’agit des «Élé­ments» («Ta Stoi­cheia» 1) ou « élé­men­taire» («Hê Stoi­cheiô­sis» 2) d’ 3, cé­lèbre sa­vant , dont le nom est pour la ce qu’est le nom d’Einstein pour la . La science grecque est es­sen­tiel­le­ment dé­duc­tive. C’est avec elle que l’esprit hu­main conçoit, pour la pre­mière fois, la pos­si­bi­lité de po­ser un pe­tit nombre de prin­cipes et d’en dé­duire un en­semble de vé­ri­tés qui en soient la consé­quence né­ces­saire. Les «Élé­ments» d’Euclide passent pour le mo­dèle du genre. Ils dé­butent par une liste d’«» (c’est-à-dire de prin­cipes que l’on de­mande au lec­teur d’admettre sans dé­mons­tra­tion), énon­cés de telle sorte qu’ils peuvent être ac­cep­tés par cha­cun; tout en étant aussi peu nom­breux que pos­sible (en­vi­ron une di­zaine), ils suf­fisent à as­su­rer la construc­tion de tout l’édifice ma­thé­ma­tique. Dans une pre­mière lec­ture, l’on se­rait tenté de croire qu’Euclide est l’inventeur de ce genre de construc­tion. Il ne cite au­cun nom de pré­dé­ces­seur; des pro­po­si­tions que nous dé­si­gnons sous les de «théème de Py­tha­gore» ou «de Tha­lès» prennent place dans ses «Élé­ments» sans que soient rap­pe­lés ceux qui les ont énon­cées en pre­mier. Ce­pen­dant, Eu­clide a beau ne pas ci­ter ses , son œuvre dé­cèle une di­ver­sité d’ qui ne trompe pas; elle n’est pas et ne sau­rait être l’œuvre d’une seule . Des géo­mètres plus an­ciens — Hip­po­crate de Chios 4, Her­mo­time de Co­lo­phon 5, Eu­doxe de Cnide 6, Théé­tète d’Athènes 7, Theu­dios de Ma­gné­sie 8 — avaient écrit des «Élé­ments». Le mé­rite d’Euclide est d’avoir réuni leurs dé­mons­tra­tions et sur­tout d’avoir com­posé un tout qui, par un en­chaî­ne­ment plus exact, fit ou­blier les ou­vrages avant le sien, qui de­vint le plus im­por­tant sur cette . Voici ce qu’en dit Pro­clus dans ses «Com­men­taires aux “Élé­ments”» : «En ras­sem­blant des “Élé­ments”, Eu­clide en a co­or­donné beau­coup d’Eudoxe, per­fec­tionné beau­coup de Théé­tète et évo­qué dans d’irréfutables dé­mons­tra­tions ceux que ses pré­dé­ces­seurs avaient mon­trés d’une ma­nière re­lâ­chée»

  1. En grec «Τὰ Στοιχεῖα». Icône Haut
  2. En grec «Ἡ Στοιχείωσις». Icône Haut
  3. En grec Εὐκλείδης. Au­tre­fois trans­crit Eu­clides. On l’a long­temps confondu avec Eu­clide de Mé­gare, phi­lo­sophe, «bien qu’ils n’aient pas été contem­po­rains et qu’ils aient dif­féré l’un de l’autre au­tant par leur genre d’esprit… que par la de leurs tra­vaux» (Louis Fi­guier). Icône Haut
  4. En grec Ἱπποκράτης ὁ Χῖος. Par­fois trans­crit Hip­po­crate de Chio. À ne pas confondre avec Hip­po­crate de Cos, le cé­lèbre mé­de­cin, qui vé­cut à la même époque. Icône Haut
  1. En grec Ἑρμότιμος ὁ Κολοφώνιος. Icône Haut
  2. En grec Εὔδοξος ὁ Κνίδιος. Icône Haut
  3. En grec Θεαίτητος ὁ Ἀθηναῖος. Icône Haut
  4. En grec Θεύδιος ὁ Μάγνης. Icône Haut

Euclide, « Les Éléments. Tome I »

éd. Presses universitaires de France, coll. Bibliothèque d’histoire des sciences, Paris

éd. Presses uni­ver­si­taires de , coll. Bi­blio­thèque d’ des , Pa­ris

Il s’agit des «Élé­ments» («Ta Stoi­cheia» 1) ou « élé­men­taire» («Hê Stoi­cheiô­sis» 2) d’ 3, cé­lèbre sa­vant , dont le nom est pour la ce qu’est le nom d’Einstein pour la . La science grecque est es­sen­tiel­le­ment dé­duc­tive. C’est avec elle que l’esprit hu­main conçoit, pour la pre­mière fois, la pos­si­bi­lité de po­ser un pe­tit nombre de prin­cipes et d’en dé­duire un en­semble de vé­ri­tés qui en soient la consé­quence né­ces­saire. Les «Élé­ments» d’Euclide passent pour le mo­dèle du genre. Ils dé­butent par une liste d’«» (c’est-à-dire de prin­cipes que l’on de­mande au lec­teur d’admettre sans dé­mons­tra­tion), énon­cés de telle sorte qu’ils peuvent être ac­cep­tés par cha­cun; tout en étant aussi peu nom­breux que pos­sible (en­vi­ron une di­zaine), ils suf­fisent à as­su­rer la construc­tion de tout l’édifice ma­thé­ma­tique. Dans une pre­mière lec­ture, l’on se­rait tenté de croire qu’Euclide est l’inventeur de ce genre de construc­tion. Il ne cite au­cun nom de pré­dé­ces­seur; des pro­po­si­tions que nous dé­si­gnons sous les de «théème de Py­tha­gore» ou «de Tha­lès» prennent place dans ses «Élé­ments» sans que soient rap­pe­lés ceux qui les ont énon­cées en pre­mier. Ce­pen­dant, Eu­clide a beau ne pas ci­ter ses , son œuvre dé­cèle une di­ver­sité d’ qui ne trompe pas; elle n’est pas et ne sau­rait être l’œuvre d’une seule . Des géo­mètres plus an­ciens — Hip­po­crate de Chios 4, Her­mo­time de Co­lo­phon 5, Eu­doxe de Cnide 6, Théé­tète d’Athènes 7, Theu­dios de Ma­gné­sie 8 — avaient écrit des «Élé­ments». Le mé­rite d’Euclide est d’avoir réuni leurs dé­mons­tra­tions et sur­tout d’avoir com­posé un tout qui, par un en­chaî­ne­ment plus exact, fit ou­blier les ou­vrages avant le sien, qui de­vint le plus im­por­tant sur cette . Voici ce qu’en dit Pro­clus dans ses «Com­men­taires aux “Élé­ments”» : «En ras­sem­blant des “Élé­ments”, Eu­clide en a co­or­donné beau­coup d’Eudoxe, per­fec­tionné beau­coup de Théé­tète et évo­qué dans d’irréfutables dé­mons­tra­tions ceux que ses pré­dé­ces­seurs avaient mon­trés d’une ma­nière re­lâ­chée»

  1. En grec «Τὰ Στοιχεῖα». Icône Haut
  2. En grec «Ἡ Στοιχείωσις». Icône Haut
  3. En grec Εὐκλείδης. Au­tre­fois trans­crit Eu­clides. On l’a long­temps confondu avec Eu­clide de Mé­gare, phi­lo­sophe, «bien qu’ils n’aient pas été contem­po­rains et qu’ils aient dif­féré l’un de l’autre au­tant par leur genre d’esprit… que par la de leurs tra­vaux» (Louis Fi­guier). Icône Haut
  4. En grec Ἱπποκράτης ὁ Χῖος. Par­fois trans­crit Hip­po­crate de Chio. À ne pas confondre avec Hip­po­crate de Cos, le cé­lèbre mé­de­cin, qui vé­cut à la même époque. Icône Haut
  1. En grec Ἑρμότιμος ὁ Κολοφώνιος. Icône Haut
  2. En grec Εὔδοξος ὁ Κνίδιος. Icône Haut
  3. En grec Θεαίτητος ὁ Ἀθηναῖος. Icône Haut
  4. En grec Θεύδιος ὁ Μάγνης. Icône Haut

« De cent poètes un poème : poèmes »

éd. Publications orientalistes de France, Aurillac

éd. Pu­bli­ca­tions de , Au­rillac

Il s’agit de l’ «Ogura Hya­ku­nin Is­shu» 1, plus connue sous le titre abrégé de «Hya­ku­nin Is­shu» 2De cent un poème» 3). Peu de re­cueils ont joui et jouissent tou­jours au d’une vogue égale à celle de l’anthologie «Hya­ku­nin Is­shu». On en at­tri­bue la pa­ter­nité à l’aristocrate Fu­ji­wara no Teika. Dans un jour­nal qu’il a tenu tout au long de sa , le «Mei­getsu-ki» 4Jour­nal de la lune claire» 5), en date du 27 mai 1235, Teika dit avoir cal­li­gra­phié cent mor­ceaux sur des pa­piers de pour en dé­co­rer les cloi­sons mo­biles d’une mai­son de cam­pagne à Ogura. Le plus éton­nant est que ces cent poèmes ont fini par de­ve­nir le re­cueil fa­mi­lier de chaque mai­son ja­po­naise. Dès la fin du XVIIe siècle, en ef­fet, nous les voyons em­ployés comme livre pour édu­quer les jeunes , en même que comme jeu pour amu­ser la en gé­né­ral. Ce jeu de « poé­tiques» («uta-ga­ruta» 6) consiste à de­vi­ner la fin d’un poème que ré­cite un me­neur : «On prend pour cela un pa­quet de deux cents cartes [ti­rées du] “Hya­ku­nin Is­shu”. Cent de ces cartes portent, cha­cune, un poème dif­fé­rent — ce sont des “”, de trente et une syl­labes com­po­sées par des poètes et des cé­lèbres d’autrefois — et, en gé­né­ral, le por­trait de l’auteur : elles servent à la lec­ture à haute . Les cent autres cartes ne portent que les deux der­niers vers de chaque poème : elles servent au jeu pro­pre­ment dit. L’un des joueurs lit un “waka”, et les autres se penchent sur les cartes ran­gées à même le ta­tami ou natte de paille, en scru­tant le tas pour s’emparer ra­pi­de­ment de celle qui cor­res­pond au poème qu’on vient de lire», ex­plique M. Shi­geo Ki­mura

  1. En «小倉百人一首». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «百人一首». Au­tre­fois trans­crit «Hya­kou-nin-is-syou» ou «Hya­kou­ninn-is­shou». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Cent poé­sies par cent poètes», «De cent hommes une », «De cent hommes cha­cun un poème» ou «Col­lec­tion des cent poètes». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «明月記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Méig­hét­sou-ki». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Notes (jour­na­lières) de la claire lune». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 歌がるた. Icône Haut