Icône Mot-clefpoésie

Attar, « Le Mémorial des saints »

éd. du Seuil, coll. Points-Sagesses, Paris

éd. du Seuil, coll. Points-Sa­gesses, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion in­di­recte du «Mé­mo­rial des » («Tez­ki­ra­ta­lav­lia» 1) de  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la spi­ri­tuelle 5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «تذکرة الاولیا». Par­fois trans­crit «Tez­ke­ret ül-Ev­liyâ», «Tez­ki­ret el-Ev­liyâ», «Taz­ki­rat-ul-Aw­lià», «Taz­ka­rat al-Av­liya», «Taz­ke­rat ul-Aw­liyâ», «Taḏ­ke­rat al-Au­liā», «Tadh­ki­rat ‘l-Aw­liyâ» ou «Tadh­ke­rat al-Ow­liyâ». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  2. Les fous sont re­gar­dés comme des saints dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Khayyam, « Les “Rubâ’iyât” : les quatrains du célèbre poète, mathématicien et astronome persan »

éd. Seghers, Paris

éd. Se­ghers, Pa­ris

Il s’agit des «Qua­trains» («Ru­bayat» 1) d’Omar Khayyam 2, ma­thé­ma­ti­cien et as­tro­nome (XIe-XIIe siècle). À force de son­der les étoiles, il me­sura com­bien la pa­rais­sait pe­tite et dé­ri­soire de­vant l’insondable in­dif­fé­rence de l’univers. Face à elle, Des­cartes se fera des sys­tèmes qui l’apaiseront, et Pas­cal se blot­tira contre . Khayyam, dont le éga­lait ce­lui de ces deux , consa­cra une bonne par­tie de son à la . Il chanta le sort des hommes, plon­gés dans l’Empire dé­sert du néant, et exalta les du — seul fi­dèle ami dans l’épreuve. Vé­ri­tables bré­viaires du , ses «Qua­trains» cir­cu­lèrent par­tout où la per­sane était com­prise et ad­mi­rée :

«Bois du vin. Déjà ton nom quitte ce
Quand le vin coule dans ton cœur, toute tris­tesse dis­pa­raît
Dé­noue plu­tôt, boucle après boucle, la che­ve­lure d’une idole
Et n’attends pas que, de tes os, les nœuds d’eux-mêmes se dé­nouent
» 3.

Soufi en ap­pa­rence, in­cré­dule en , ivrogne mê­lant le blas­phème à l’hymne di­vin, mas­quant d’un sou­rire les san­glots d’ qui l’étranglaient, Khayyam fut le plus scep­tique parmi les libres pen­seurs de la . Son es­prit étonne et sé­duit par son au­dace : «Des cri­tiques exer­cés ont tout de suite senti sous cette en­ve­loppe sin­gu­lière un frère de Gœthe ou de Henri Heine», dit Er­nest Re­nan 4. «Cer­tai­ne­ment, ni Mo­té­nabbi ni même au­cun de ces ad­mi­rables poètes arabes an­téis­la­miques, tra­duits avec le plus grand ta­lent, ne ré­pon­draient si bien à notre es­prit et à notre goût. Qu’un pa­reil livre [que les “Qua­trains”] puisse cir­cu­ler li­bre­ment dans un pays mu­sul­man, c’est là pour nous un su­jet de sur­prise; car, sû­re­ment, au­cune ne peut ci­ter un ou­vrage où, non seule­ment la po­si­tive, mais toute croyance soit niée avec une si fine et si amère»; té­moin ce qua­train que Khayyam im­pro­visa un soir qu’un coup de vent ren­versa à son pot de vin im­pru­dem­ment posé au bord de la ter­rasse :

«Tu as brisé ma cruche de vin, ô Sei­gneur!
Tu as cla­qué sur la porte de la , ô Sei­gneur!
Sur le sol, Tu as ré­pandu mon vin gre­nat par mal­adresse
(Que ma bouche s’emplisse de terre! 5) n’étais-Tu pas ivre, Sei­gneur?
»

  1. En per­san «رباعیات». Au­tre­fois trans­crit «Ro­baïat», «Ru­baiat», «Robāïates», «Roubâ’yât», «Ro­baiyat», «Roba’yat», «Rou­bayyat», «Robái­j­ját», «Rou­baïyat» ou «Rubâi’yât». Icône Haut
  2. En per­san عمر خیام. Par­fois trans­crit Khayam, Khaïyâm, Káyyám, Hrayyâm, Cha­j­jám, Ha­j­jam, Haiām, Kheyyâm, Khèyam ou Kéyam. Icône Haut
  3. p. 76. Icône Haut
  1. «Rap­port sur les tra­vaux du Conseil», p. 56-57. Icône Haut
  2. Ex­pres­sion que les Per­sans em­ploient sou­vent pour ex­pri­mer le re­gret d’avoir pro­féré ou de de­voir pro­fé­rer un blas­phème. Icône Haut

Nezâmî, « Le Roman de “Chosroès et Chîrîn” »

éd. G.-P. Maisonneuve et Larose, coll. Bibliothèque des œuvres classiques persanes, Paris

éd. G.-P. Mai­son­neuve et La­rose, coll. Bi­blio­thèque des œuvres clas­siques per­sanes, Pa­ris

Il s’agit de «Chos­roès et Chî­rîn» («Khos­row va Chî­rîn» 1) de  2, le maître du en vers, l’un des plus grands de per­sane (XIIe siècle apr. J.-C.). Nezâmî fut le pre­mier qui re­ma­nia dans un sens ro­ma­nesque le vieux fonds des tra­di­tions per­sanes. Sans se sou­cier d’en pré­ser­ver la pu­reté et la , il les amal­gama li­bre­ment tan­tôt aux ré­cits plus ou moins lé­gen­daires des com­pi­la­teurs arabes, tan­tôt aux fic­tions des alexan­drins. Par sa so­phis­ti­ca­tion , il dé­passa les uns et les autres. Ses œuvres les plus im­por­tantes, au nombre de cinq, furent réunies, après sa , dans un re­cueil in­ti­tulé «Kham­seh» 3Les Cinq») en ou «Pandj Gandj» 4Les Cinq ») en . Maintes fois co­piées, elles étaient de celles que tout hon­nête de­vait connaître, au point d’en pou­voir ré­ci­ter des pas­sages en­tiers. Au sein de leur aire cultu­relle, à tra­vers cette im­men­sité qui s’étendait de la jusqu’au cœur de l’ et qui dé­bor­dait même sur l’Inde mu­sul­mane, elles oc­cu­paient une place équi­va­lente à celle qu’eut «L’Énéide» en oc­ci­den­tale. «Les mé­rites et per­fec­tions ma­ni­festes de Nezâmî — Al­lah lui soit mi­sé­ri­cor­dieux! — se passent de . Per­sonne ne pour­rait réunir au­tant d’élégances et de fi­nesses qu’il en a réuni dans son re­cueil “Les Cinq Tré­sors”; bien plus, cela échappe au pou­voir du genre hu­main», dira Djâmî 5 en choi­sis­sant de se faire peindre age­nouillé de­vant son illustre pré­dé­ces­seur.

  1. En per­san «خسرو و شیرین». Par­fois trans­crit «Khos­reu ve Chi­rin», «Khus­rau va Shīrīn», «Khosrô wa Shî­rîn», «Khusro-wa-Shi­reen», «Khas­raw wa Shy­ryn», «Khos­rou ve Schi­rin», «Khos­row-o Shi­rin», «Khos­raw-o Shi­rin», «Khus­raw u-Shīrīn» ou «Khos­rau o Chî­rîn». Icône Haut
  2. En per­san نظامی گنجوی. Par­fois trans­crit Nadhami, Nid­hami, Niz­hâmî, Niz­hamy, Ni­zamy, Ni­zami, Ni­shâmi, Ni­samy, Ni­sami, Nezâmy ou Nez­hami. Icône Haut
  3. En arabe «خمسة». Par­fois trans­crit «Khamsè», «Kham­sah», «Khamsa», «Hamsa», «Ham­sah», «Hamse», «Cham­seh» ou «Ham­seh». Icône Haut
  1. En per­san «پنج گنج». Par­fois trans­crit «Pendsch Kendj», «Pendch Kendj», «Pandsch Gandsch», «Pendj Guendj», «Penj Ghenj», «Pentch-Ghandj» ou «Panj Ganj». Icône Haut
  2. «Le Bé­hâ­ris­tân», p. 185-186. Icône Haut

Nezâmî, « Le Trésor des secrets »

éd. D. de Brouwer, Paris

éd. D. de Brou­wer, Pa­ris

Il s’agit du «Tré­sor des se­crets» 1Ma­kh­zan al-As­râr» 2) de  3, le maître du en vers, l’un des plus grands de per­sane (XIIe siècle apr. J.-C.). Nezâmî fut le pre­mier qui re­ma­nia dans un sens ro­ma­nesque le vieux fonds des tra­di­tions per­sanes. Sans se sou­cier d’en pré­ser­ver la pu­reté et la , il les amal­gama li­bre­ment tan­tôt aux ré­cits plus ou moins lé­gen­daires des com­pi­la­teurs arabes, tan­tôt aux fic­tions des alexan­drins. Par sa so­phis­ti­ca­tion , il dé­passa les uns et les autres. Ses œuvres les plus im­por­tantes, au nombre de cinq, furent réunies, après sa , dans un re­cueil in­ti­tulé «Kham­seh» 4Les Cinq») en ou «Pandj Gandj» 5Les Cinq ») en . Maintes fois co­piées, elles étaient de celles que tout hon­nête de­vait connaître, au point d’en pou­voir ré­ci­ter des pas­sages en­tiers. Au sein de leur aire cultu­relle, à tra­vers cette im­men­sité qui s’étendait de la jusqu’au cœur de l’ et qui dé­bor­dait même sur l’Inde mu­sul­mane, elles oc­cu­paient une place équi­va­lente à celle qu’eut «L’Énéide» en oc­ci­den­tale. «Les mé­rites et per­fec­tions ma­ni­festes de Nezâmî — Al­lah lui soit mi­sé­ri­cor­dieux! — se passent de . Per­sonne ne pour­rait réunir au­tant d’élégances et de fi­nesses qu’il en a réuni dans son re­cueil “Les Cinq Tré­sors”; bien plus, cela échappe au pou­voir du genre hu­main», dira Djâmî 6 en choi­sis­sant de se faire peindre age­nouillé de­vant son illustre pré­dé­ces­seur.

  1. Par­fois tra­duit «Le Ma­ga­sin des se­crets», «Le Ma­ga­sin des mys­tères» ou «Le Tré­sor des mys­tères». Icône Haut
  2. En per­san «مخزن الاسرار». Par­fois trans­crit «Ma­kh­zan-ul-As­râr», «Ma­kh­zan ol-As­râr», «Maḫzan al-Asrār», «Mahrzan­nol-As­râr», «Ma­kh­sen-oul Er­râr», «Ma­kh­zen ul-Es­râr» ou «Ma­kh­zen el-As­râr». Icône Haut
  3. En per­san نظامی گنجوی. Par­fois trans­crit Nadhami, Nid­hami, Niz­hâmî, Niz­hamy, Ni­zamy, Ni­zami, Ni­shâmi, Ni­samy, Ni­sami, Nezâmy ou Nez­hami. Icône Haut
  1. En arabe «خمسة». Par­fois trans­crit «Khamsè», «Kham­sah», «Khamsa», «Hamsa», «Ham­sah», «Hamse», «Cham­seh» ou «Ham­seh». Icône Haut
  2. En per­san «پنج گنج». Par­fois trans­crit «Pendsch Kendj», «Pendch Kendj», «Pandsch Gandsch», «Pendj Guendj», «Penj Ghenj», «Pentch-Ghandj» ou «Panj Ganj». Icône Haut
  3. «Le Bé­hâ­ris­tân», p. 185-186. Icône Haut

« Menoutchehri : poète persan du XIᵉ siècle de notre ère »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) d’Abou-n-Nedjm Ah­med 1, plus connu sous le sur­nom de Me­nout­chehri 2. La de son sur­nom est qu’au dé­but de sa il com­po­sait des louanges en l’ de l’émir Me­nout­chehr. Cet émir mou­rut en l’an 1029 apr. J.-C. et Me­nout­chehri ajouta la lettre «i» pour in­di­quer le rap­port gram­ma­ti­cal entre sa per­sonne et celle de l’objet de ses louanges. Plus tard, il fut re­mar­qué par le sul­tan Mah­moud de Ghaznî et de­vint le poète fa­vori de son fils et suc­ces­seur Mas’oud. Ses poé­sies, qui ap­par­tiennent à l’aube de la , n’offrent au­cune trace de ce mys­ti­cisme des qui va bien­tôt en­va­hir tout l’. Il est même à re­mar­quer que Me­nout­chehri est exempt de toute teinte re­li­gieuse ou sec­taire, et qu’il n’a été l’imitateur de per­sonne : «En plu­sieurs points, il est ori­gi­nal et n’a suivi… la trace de ses pré­dé­ces­seurs en , mais on trouve chez lui des re­flets d’Abou-Nowâs. Bien que ré­pé­tée plus d’une fois, l’ sur la nais­sance du ne manque pas d’originalité. Une autre [poé­sie] sur la cam­pagne du [Prin­temps] contre l’Hiver doit être si­gna­lée comme conçue avec un cer­tain art, et la fin de cette pièce comme pleine d’élan et de brio», ex­plique Al­bert de Bi­ber­stein Ka­zi­mirski 3. Mais le plus beau mé­rite de Me­nout­chehri, la plus belle conquête qu’on lui doit, c’est d’avoir ins­piré à Omar Khayyam les vers fa­meux qui suivent :

«Quand je mour­rai, la­vez mon avec du vin
Pour , louez pour les coupes pleines
Au jour de la , si vous dé­si­rez me re­voir
Ta­mi­sez la pous­sière du seuil de la ta­verne
» 4

et qui font écho aux siens :

«Ô mes nobles amis, lorsque je mour­rai, la­vez mon corps du plus rouge vin.
Com­po­sez-en les aro­mates des pé­pins de rai­sin et faites mon suaire des feuilles de la vigne.
Creu­sez pour moi une tombe à l’ombre de la vigne, afin que la meilleure des places soit ma de­meure.
Le jour où me por­tera au pa­ra­dis, je de­man­de­rai à mon bien­fai­teur un ruis­seau plein de vin
»

  1. En ابوالنجم احمد. Par­fois trans­crit Ab’onnajm Ah­mad, Aboul Nedjm Ah­med, Abu al-Naim Ah­mad, Abou’n-Nadjm Ah­mad, Abun­najm Ah­mad ou Abu-Najm Ah­mad. Icône Haut
  2. En per­san منوچهری. Par­fois trans­crit Me­nout­chehry, Ma­nut­schehri, Me­nu­chehri, Me­nu­çehrî, Ma­nut­chehri, Ma­noo­chehri, Ma­nu­cheri, Ma­nu­chehri, Ma­nučehri, Ma­nou­chehri, Ma­nout­cheri, Ma­nout­chehri, Mi­nout­chehri, Mi­nu­cheri, Minút­chehri, Manūčihrī, Ma­nu­chihri ou Minū­chihrī. Icône Haut
  1. p. 147. Icône Haut
  2. «Les “Rubâ’iyât”; ver­sion fran­çaise par Pierre Se­ghers», p. 42. Icône Haut

Nezâmî, « Le Pavillon des sept princesses »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit du «Pa­villon des sept » 1Haft Pey­kar» 2) de  3, le maître du en vers, l’un des plus grands (XIIe siècle apr. J.-C.). Nezâmî fut le pre­mier qui re­ma­nia dans un sens ro­ma­nesque le vieux fonds des tra­di­tions per­sanes. Sans se sou­cier d’en pré­ser­ver la pu­reté et la , il les amal­gama li­bre­ment tan­tôt aux ré­cits plus ou moins lé­gen­daires des com­pi­la­teurs arabes, tan­tôt aux fic­tions des alexan­drins. Par sa so­phis­ti­ca­tion , il dé­passa les uns et les autres. Ses œuvres les plus im­por­tantes, au nombre de cinq, furent réunies, après sa , dans un re­cueil in­ti­tulé «Kham­seh» 4Les Cinq») en ou «Pandj Gandj» 5Les Cinq ») en . Maintes fois co­piées, elles étaient de celles que tout hon­nête de­vait connaître, au point d’en pou­voir ré­ci­ter des pas­sages en­tiers. Au sein de leur aire cultu­relle, à tra­vers cette im­men­sité qui s’étendait de la jusqu’au cœur de l’ et qui dé­bor­dait même sur l’Inde mu­sul­mane, elles oc­cu­paient une place équi­va­lente à celle qu’eut «L’Énéide» en oc­ci­den­tale. «Les mé­rites et per­fec­tions ma­ni­festes de Nezâmî — Al­lah lui soit mi­sé­ri­cor­dieux! — se passent de . Per­sonne ne pour­rait réunir au­tant d’élégances et de fi­nesses qu’il en a réuni dans son re­cueil “Les Cinq Tré­sors”; bien plus, cela échappe au pou­voir du genre hu­main», dira Djâmî 6 en choi­sis­sant de se faire peindre age­nouillé de­vant son illustre pré­dé­ces­seur.

  1. Par­fois tra­duit «Les Sept Beau­tés», «Les Sept Bel­vé­dères», «Les Sept Fi­gures» ou «Les Sept ». Icône Haut
  2. En per­san «هفت پیکر». Par­fois trans­crit «Haft Peï­gher», «Heft Peï­guer», «Haft Pai­ker», «Haft Pay­kar», «Haft Paï­kar» ou «Heft Peï­ker». Icône Haut
  3. En per­san نظامی گنجوی. Par­fois trans­crit Nadhami, Nid­hami, Niz­hâmî, Niz­hamy, Ni­zamy, Ni­zami, Ni­shâmi, Ni­samy, Ni­sami, Nezâmy ou Nez­hami. Icône Haut
  1. En arabe «خمسة». Par­fois trans­crit «Khamsè», «Kham­sah», «Khamsa», «Hamsa», «Ham­sah», «Hamse», «Cham­seh» ou «Ham­seh». Icône Haut
  2. En per­san «پنج گنج». Par­fois trans­crit «Pendsch Kendj», «Pendch Kendj», «Pandsch Gandsch», «Pendj Guendj», «Penj Ghenj», «Pentch-Ghandj» ou «Panj Ganj». Icône Haut
  3. «Le Bé­hâ­ris­tân», p. 185-186. Icône Haut

« L’Ami qui venait de l’an mil : Su Dongpo (1037-1101) »

éd. Gallimard, coll. L’Un et l’Autre, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Un et l’Autre, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des poèmes de Su Shi 1, plus connu sous le so­bri­quet de Su Dongpo 2Su de la Pente de l’Est»), du nom de la par­celle sur la­quelle il construit en 1082 apr. J.-C. la Salle des Neiges qui lui tient lieu de ca­bi­net : «Sur un flanc de la Pente de l’Est, Maître Su ac­quit un po­ta­ger aban­donné. Il l’aménagea, l’entoura de murs et y construi­sit une pièce d’audience qu’il nomma sur un pan­neau ho­ri­zon­tal la Salle des Neiges 3. Il avait peint sur les quatre pa­rois… un d’hiver in­in­ter­rompu. Qu’il se le­vât, s’assît, mon­tât et des­cen­dît, ât tout l’ ou fur­ti­ve­ment, tout n’était que neiges. Maître Su y ré­si­dait et il avait vrai­ment trouvé là sa place dans le » 4. Poète, pro­sa­teur, peintre à ses heures, Su Dongpo a porté à la l’impression d’aisance et de na­tu­rel que dé­gage la chi­noise sous le règne des Song 5. Cette im­pres­sion est due à la spon­ta­néité des pen­sées ex­pri­mées, à la conci­sion des images — simples sug­ges­tions don­nant uni­que­ment les traits les plus es­sen­tiels pour pro­vo­quer l’effet voulu :

«La de l’ :
L’empreinte d’une oie sau­vage sur la neige.
En­volé, l’oiseau est déjà loin
»

  1. En 蘇軾. Au­tre­fois trans­crit Su Shih, Su She ou Sou Che. Icône Haut
  2. En chi­nois 蘇東坡. Au­tre­fois trans­crit Su Dongbo, Su Tung po, Sou Toung-po, Sou Tong-p’o ou Sou Tong-p’ouo. Icône Haut
  3. En chi­nois 雪堂. Icône Haut
  1. «Com­mé­mo­ra­tions», p. 276. Icône Haut
  2. De l’an 960 à l’an 1279. Icône Haut

Saadi, « Le “Boustan”, ou Verger : poème persan »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Bous­tan» 1Le Ver­ger») de  2, le prince des per­sans, l’écrivain de l’ qui s’accorde le mieux, je crois, avec les goûts de la vieille par son in­al­té­rable bon sens, par la fi­nesse et la fa­ci­lité élé­gante qui ca­rac­té­risent toute son œuvre, par la in­dul­gente avec la­quelle il raille les tra­vers des hommes et blâme dou­ce­ment leurs fo­lies. Saadi na­quit à Chi­raz l’an 1184 apr. J.-C. Il per­dit ses pa­rents de bonne heure et les pleura di­gne­ment, à en ju­ger par ce qu’il dit sur les , qui lui ins­pi­rèrent quelques-uns de ses ac­cents les plus émus : «Étends ton ombre tu­té­laire sur la tête de l’orphelin… ar­rache l’épine qui le blesse. Ne connais-tu pas l’étendue de son mal­heur? L’arbrisseau ar­ra­ché de ses ra­cines peut-il en­core se cou­vrir de feuillage? Quand tu vois un or­phe­lin bais­ser tris­te­ment la tête… ne laisse pas cou­ler ses larmes; ce sont des larmes qui font trem­bler le trône de . Sèche avec ses yeux hu­mides, es­suie pieu­se­ment la pous­sière qui ter­nit son vi­sage. Il a perdu l’ombre qui pro­té­geait sa tête» 3. L’orphelin Saadi par­tit pour , où il sui­vit les cours de Soh­ra­verdi, cheikh non moins cé­lèbre par ses ten­dances que par son éru­di­tion : «Ce cheikh vé­néré, mon guide spi­ri­tuel… pas­sait la en orai­son et dès l’aube il ser­rait soi­gneu­se­ment son de prière (sans l’étaler aux re­gards)… Je me sou­viens que la ter­ri­fiante de l’enfer avait tenu éveillé ce saint pen­dant une nuit en­tière; le jour venu, je l’entendis qui mur­mu­rait ces mots : “Que ne m’est-il per­mis d’occuper à seul tout l’enfer, afin qu’il n’y ait plus de place pour d’autres dam­nés que moi!”» 4 Ce fut peu de après avoir ter­miné ses études que Saadi com­mença cette de qui était une sorte d’initiation im­po­sée aux dis­ciples spi­ri­tuels du . La fa­ci­lité avec la­quelle les adeptes de cette doc­trine al­laient d’un bout à l’autre du mu­sul­man, la na­tu­relle à son jeune âge, le peu de sû­reté de son pays na­tal, toutes ces dé­ter­mi­nèrent Saadi à s’éloigner de la pen­dant de longues an­nées. Il par­cou­rut l’, l’ et l’Inde; il éprouva les nom­breux avan­tages des voyages qui «ré­jouissent l’esprit, pro­curent des pro­fits, font voir des mer­veilles, en­tendre des choses sin­gu­lières, par­cou­rir du pays, conver­ser avec des amis, ac­qué­rir des di­gni­tés et de bonnes ma­nières… C’est ainsi que les ont dit : “Tant que tu restes comme un otage dans ta bou­tique ou ta mai­son, ja­mais, ô homme vain, tu ne se­ras un homme. Pars et par­cours le monde avant le jour fa­tal où tu le quit­te­ras”» 5.

  1. En «بوستان». Par­fois trans­crit «Boos­tan», «Bus­tân» ou «Bos­tan». Icône Haut
  2. En per­san سعدی. Par­fois trans­crit Sa’dy, Sahdy, Sadi ou Sa‘di. Icône Haut
  3. «Le “Bous­tan”, ou Ver­ger», p. 100. Icône Haut
  1. id. p. 107. Icône Haut
  2. «“Gu­lis­tan”, le Jar­din des roses», p. 81. Icône Haut

Attar, « “Pend-namèh”, ou le Livre des conseils »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre des conseils» («Pend na­mèh» 1) at­tri­bué à  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la spi­ri­tuelle 5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «پند‌نامه». Par­fois trans­crit «Pand-nā­meh», «Pand­nâme», «Pend­name», «Pand-nāma» ou «Pand-nā­mah». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  2. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Tu Fu, « Œuvre poétique. Tome I. Poèmes de jeunesse »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit de l’«Œuvre » de  1 qui se dé­fi­nit par la so­briété des et l’exact réa­lisme des ta­bleaux. Sans se per­mettre des trop per­son­nels, s’effaçant, dis­pa­rais­sant en tant qu’auteur de­vant ses poé­sies qui parlent d’elles-mêmes, Tu peint les scènes fa­mi­lières de la cou­rante, les mi­sères du pe­tit en proie à la , à la fa­mine et aux in­jus­tices. Son «Œuvre poé­tique» adopte un ton égal et ap­pa­rem­ment im­pas­sible, mais qu’un dé­tail vient tout à coup rendre vi­vant, voire poi­gnant, grâce au choix de deux ou trois mots («der­rière les portes de laque rouge, viandes et vins em­pestent; sur les che­mins, les af­fa­més laissent leurs os ge­lés») aux­quels l’auteur sait don­ner leur va­leur en­tière, et qu’on di­rait pour l’éternité. Tu Fu est, à ce titre, le plus clas­sique des , même s’il y en a d’autres dont le est su­pé­rieur au sien 2. «Le trait prin­ci­pal de son ta­lent, ce­lui qui do­mine l’œuvre et vient le pre­mier à l’esprit cher­chant une im­pres­sion gé­né­rale, c’est le ca­rac­tère conscient et comme ré­flé­chi de ses œuvres. Tu Fu est un ar­tiste tou­jours sûr et conscient de ses moyens, sa­chant tou­jours par­fai­te­ment le but au­quel il tend. Il n’a guère d’élans im­pré­vus, de di­gres­sions dues à des spon­ta­né­ment écloses; il règle ses œuvres et leur ef­fet avec la d’un mé­ca­nisme in­faillible, ne lais­sant rien au ha­sard, n’omettant rien d’essentiel, n’ajoutant rien de su­per­flu… Mais ce sont là, pré­ci­sé­ment, les traits es­sen­tiels des prin­cipes de l’école clas­sique, les qua­li­tés idéales aux­quelles tend… la men­ta­lité ar­tis­tique des Tang 3, pé­riode du chi­nois», dit M. Georges Mar­gou­liès.

  1. En chi­nois 杜甫. Par­fois trans­crit Du Fu, Dou-fou, Thou-fou, Thu Fu ou Tou Fou. Icône Haut
  2. Li Po et Bai Juyi. Icône Haut
  1. De l’an 618 à l’an 907. Icône Haut

Li Po, « L’Immortel banni sur terre “buvant seul sous la lune” »

éd. A. Michel, Paris

éd. A. Mi­chel, Pa­ris

Il s’agit de Li Po 1, le poète le plus ta­len­tueux de la , avec Bai Juyi (VIIIe siècle apr. J.-C.). C’est un ex­tra­va­gant, en qui s’opposent la vo­lonté d’approcher des et l’enlisement dans l’ivrognerie, l’ fi­dèle et la fière et in­domp­table, mais qui tra­duit avec une mer­veilleuse ai­sance, dans une par­faite, les les plus vrais et les plus uni­ver­sels. Aussi, ses poèmes sont-ils, de­puis plus de mille deux cents ans, si po­pu­laires en Chine, qu’on les trouve par­tout ins­crits : dans le ca­bi­net du let­tré comme dans la mai­son du la­bou­reur, sur les bronzes, sur les por­ce­laines et jusque sur les po­te­ries d’un usage jour­na­lier. En voici le plus cé­lèbre :

«De­vant le lit le clair de lune,
Comme du givre sur le sol
la tête je contemple la lune sur la mon­tagne
Bais­sant la tête je songe au pays na­tal
» 2.

Li Po na­quit en l’an 701 apr. J.-C. Sa mère lui donna le nom de Tai Po («le grand brillant»), parce que dans le qu’elle le conçut, il lui sem­bla que l’éclatante étoile du ber­ger s’arrêtait sur sa tête. Après avoir fait ses études à un âge très pré­coce, Li Tai Po, ou plus sim­ple­ment Li Po, s’adonna à la pour la­quelle il se sen­tait né : «Avec le maître de la Fa­laise de l’Est, je me re­tire au Sud [des monts] Min-shan. J’y vis per­ché pen­dant plu­sieurs an­nées sans ja­mais mettre le pied dans une ville. J’apprivoise des rares, plus d’un mil­lier. Quand je les ap­pelle, ils viennent man­ger dans ma main, sans mé­fiance… À Chiang-ling, je ren­contre Sima Cheng-chen 3… Il me dit que j’ai l’allure d’un im­mor­tel et l’ossature d’un ïste. Il m’invite à l’accompagner dans les de l’esprit au-delà des huit pôles» 4. En l’an 742 apr. J.-C., Li Po ar­riva à Ch’ang-an, où était alors la Cour. Il fut in­tro­duit chez le sa­vant Ho Che-chang 5, qui fut ravi d’avoir dans sa mai­son quelqu’un avec qui il pût s’entretenir des choses de l’esprit. Ho Che-chang ne tarda pas à faire de son hôte le meilleur de ses amis; il lui fai­sait lire ses poèmes et était si charmé de la beauté de plu­sieurs d’entre eux, qu’il lui dit un jour, dans un ac­cès d’admiration : «Vous n’êtes pas un , vous êtes un es­prit qu’on a ren­voyé du sur la pour faire aux hommes» 6. Ho Che-chang ne s’en tint pas à des sen­ti­ments sté­riles; il tra­vailla à faire la for­tune de son ami. Il en parla à l’Empereur comme d’un pro­dige et lui ins­pira l’envie de le voir. «J’ai dans ma mai­son», dit-il à ce sei­gneur, «une des mer­veilles de votre règne : c’est un poète, tel peut-être qu’il n’en a point en­core paru de sem­blable; il réunit toutes les par­ties qui font le grand homme en ce genre. Je n’ai osé en par­ler plus tôt à Votre Ma­jesté, à cause d’un dé­faut dont il pa­raît dif­fi­cile qu’il se cor­rige : il aime le et en boit quel­que­fois avec ex­cès; mais que ses poé­sies sont belles! Ju­gez-en vous-même, sei­gneur», conti­nua-t-il en lui met­tant entre les mains quelques poèmes. Ainsi, Li Po en­tra dans les bonnes grâces de l’Empereur.

  1. En 李白. Par­fois trans­crit Ly-pê, Li-pé, Li Peh, Li Bo, Li Bai ou Li Pai. Icône Haut
  2. p. 209. Icône Haut
  3. Sima Cheng-chen (司馬承禎) est un des pa­triarches de l’école taoïste de la Pu­reté su­prême (上清). Icône Haut
  1. p. 19-20 & 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 賀知章. Par­fois trans­crit Ho-tché-tchang ou He Zhiz­hang. Icône Haut
  3. De là, cette épi­thète de «tse hsien» (謫仙) ou «im­mor­tel banni (sur terre)», si sou­vent ap­pli­quée à Li Po. Icône Haut

Nguyễn Trãi, « Recueil de poèmes en langue nationale »

éd. du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Paris

éd. du Centre na­tio­nal de la scien­ti­fique (CNRS), Pa­ris

Il s’agit du «Re­cueil de poèmes en na­tio­nale» 1Quốc âm thi tập») de , let­tré (XIVe-XVe siècle) qui mar­qua de son et mi­li­taire la d’indépendance me­née contre les . Son père, Nguyễn Phi Khanh, était grand man­da­rin à la Cour. Quand les ar­mées chi­noises des Ming en­va­hirent le pays, il fut ar­rêté avec plu­sieurs autres di­gni­taires et en­voyé en à Nan­kin. Nguyễn Trãi sui­vit le cor­tège des pri­son­niers jusqu’à la fron­tière. Bra­vant le joug, les en­traves et les coups de ses geô­liers, le grand man­da­rin or­donna à son fils : «Tu ne dois pas pleu­rer la sé­pa­ra­tion d’un père et de son fils. Pleure sur­tout l’humiliation de ton . Quand tu se­ras en âge, venge-!» 2 Nguyễn Trãi gran­dit. Il tint la pro­messe so­len­nelle faite à son père, en ras­sem­blant le peuple en­tier au­tour de Lê Lợi, qui chassa les Ming avant de de­ve­nir Em­pe­reur du . Hé­las! la dy­nas­tie des Lê ainsi fon­dée prit vite om­brage des conseils et de la no­to­riété de Nguyễn Trãi. Écarté d’une Cour qu’il ve­nait de conduire à la vic­toire, notre pa­triote se fit er­mite et poète : «Je ne cours point après les hon­neurs ni ne re­cherche les pré­bendes; [je] ne suis ni joyeux de ga­gner ni triste de perdre. Les eaux ho­ri­zonnent ma fe­nêtre, les — ma porte. Les poèmes em­plissent mon sac, l’alcool — ma gourde… Que reste-t-il de ceux que l’ambition ta­lon­nait sans ré­pit? Des à l’abandon sous l’herbe épaisse» 3. Toute sa , Nguyễn Trãi eut cette seule pré­oc­cu­pa­tion : l’ de la pa­trie qui, dans son cœur, était in­sé­pa­rable de l’amour du peuple. Res­tant as­sis, ser­rant une froide cou­ver­ture sur lui, il pas­sait des nuits sans som­meil, son­geant com­ment re­le­ver le pays et pro­cu­rer au peuple une du­rable après ces longues guerres : «Dans mon cœur, une seule pré­oc­cu­pa­tion sub­siste : les af­faires du pays. Toutes les nuits, je veille jusqu’aux pre­miers tin­te­ments de cloche» 4. On tient gé­né­ra­le­ment la «Grande Pro­cla­ma­tion de la pa­ci­fi­ca­tion des Chi­nois» pour le chef-d’œuvre de Nguyễn Trãi, dans le­quel, aujourd’hui en­core, chaque Viet­na­mien re­con­naît avec émo­tion l’une des les plus ra­fraî­chis­santes de son iden­tité na­tio­nale : «Notre pa­trie, le Grand Viêt, de­puis tou­jours, était de vieille . Terre du Sud, elle a ses fleuves, ses mon­tagnes, ses mœurs et ses cou­tumes dis­tincts de ceux du Nord…» Mais son «Re­cueil de poèmes en langue na­tio­nale» qui dé­crit, avec par­fois une teinte d’amertume, les charmes de la vie ver­tueuse et so­li­taire, et qui change en ta­bleaux en­chan­teurs les scènes de la sau­vage et né­gli­gée, m’apparaît comme étant le plus réussi et le plus propre à être goûté d’un pu­blic étran­ger.

  1. Au­tre­fois tra­duit «Re­cueil des poé­sies en langue na­tio­nale» ou «Col­lec­tion de poèmes en langue na­tio­nale». Icône Haut
  2. Dans Dương Thu Hương, «Les Col­lines d’eucalyptus : ». Icône Haut
  1. «Re­cueil de poèmes en langue na­tio­nale», p. 200. Icône Haut
  2. id. p. 132. Icône Haut

Attar, « Le Langage des oiseaux : poème de philosophie religieuse »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du « des » 1Man­tik al­taïr» 2) de  3 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 4; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 5. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la spi­ri­tuelle 6, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. Titre em­prunté au , XXVII, 16 : «Sa­lo­mon hé­rita de Da­vid et il dit : “Ô vous les hommes! On nous a ap­pris le lan­gage des oi­seaux. Nous avons été com­blés de tous les biens”». Icône Haut
  2. En «منطقالطیر». Par­fois trans­crit «Man­tegh ot-teyr», «Man­teq ut-tayr», «Man­tic ut­taïr», «Man­teq-at-tayr», «Manṭeq al-ṭeyr», «Man­tik al thaïr», «Man­tek at-tair» ou «Manṭiq al-ṭayr». Icône Haut
  3. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  1. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

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  2. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  3. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut