Il s’agit d’une traduction partielle de « Ce dont le Maître ne parlait pas » (« Zi bu yu » 1) de Yuan Mei, collection chinoise de contes, d’historiettes, de faits divers, mettant en scène toutes sortes d’esprits ou d’êtres surnaturels (XVIIIe siècle). Le titre renvoie au passage suivant des « Entretiens de Confucius » : « Le Maître ne traitait ni des prodiges, ni de la violence, ni du désordre, ni des esprits » 2. Or, tels sont justement les thèmes qui sont abordés avec prédilection dans « Ce dont le Maître ne parlait pas ». Par la suite, sans doute pour éviter de trop se compromettre aux yeux des bien-pensants, Yuan Mei changea ce titre quelque peu frondeur par celui de « Nouveau “Qi xie” » (« Xin “Qi xie” » 3) tiré, cette fois-ci, de « L’Œuvre complète » de Tchouang-tseu, où il est question d’un livre ou d’un homme qui aurait recueilli des légendes et qui se serait appelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette appellation obscure pour en tirer une nouvelle, volontairement énigmatique, et sur laquelle ses adversaires ne pouvaient faire que des conjectures, en l’absence de toute autre explication. « Aux yeux de la postérité, le renom de Yuan Mei tient surtout à l’originalité et au charme de sa poésie. Le “Zi bu yu” n’est souvent considéré que comme une œuvre mineure, sinon même indigne de son auteur », explique M. Jean-Pierre Diény 4. Dans un XVIIIe siècle marqué, en Chine, par une éclosion de contes, le recueil de Yuan Mei fait, en effet, modeste figure aux côtés de deux recueils plus importants : les « Contes extraordinaires du pavillon des loisirs » du sublime Pu Songling, qui mourut un an avant la naissance de Yuan Mei, et les « Notes de la chaumière des observations subtiles » de l’érudit Ji Yun, son cadet de quelques années. En bannissant de sa prose les élégances de la poésie, en ne cherchant l’inspiration que dans les confidences de parents et d’amis, en abordant le sexe jusque dans ses aspects les moins attendus, Yuan Mei est par trop désinvolte, et les herbes folles abondent dans son ouvrage. Il le présente avec raison, dans sa préface, comme un recueil « de récits abracadabrants, sans profonde signification » fait principalement « pour le plaisir » 5 ; il dit ailleurs 6 avoir voulu « dans les histoires de fantômes se défouler de l’absurdité ».
fable
Yuan Mei, « Ce dont le Maître ne parlait pas : le merveilleux onirique »
éd. Gallimard, Connaissance de l’Orient, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle de « Ce dont le Maître ne parlait pas » (« Zi bu yu » 1) de Yuan Mei, collection chinoise de contes, d’historiettes, de faits divers, mettant en scène toutes sortes d’esprits ou d’êtres surnaturels (XVIIIe siècle). Le titre renvoie au passage suivant des « Entretiens de Confucius » : « Le Maître ne traitait ni des prodiges, ni de la violence, ni du désordre, ni des esprits » 2. Or, tels sont justement les thèmes qui sont abordés avec prédilection dans « Ce dont le Maître ne parlait pas ». Par la suite, sans doute pour éviter de trop se compromettre aux yeux des bien-pensants, Yuan Mei changea ce titre quelque peu frondeur par celui de « Nouveau “Qi xie” » (« Xin “Qi xie” » 3) tiré, cette fois-ci, de « L’Œuvre complète » de Tchouang-tseu, où il est question d’un livre ou d’un homme qui aurait recueilli des légendes et qui se serait appelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette appellation obscure pour en tirer une nouvelle, volontairement énigmatique, et sur laquelle ses adversaires ne pouvaient faire que des conjectures, en l’absence de toute autre explication. « Aux yeux de la postérité, le renom de Yuan Mei tient surtout à l’originalité et au charme de sa poésie. Le “Zi bu yu” n’est souvent considéré que comme une œuvre mineure, sinon même indigne de son auteur », explique M. Jean-Pierre Diény 4. Dans un XVIIIe siècle marqué, en Chine, par une éclosion de contes, le recueil de Yuan Mei fait, en effet, modeste figure aux côtés de deux recueils plus importants : les « Contes extraordinaires du pavillon des loisirs » du sublime Pu Songling, qui mourut un an avant la naissance de Yuan Mei, et les « Notes de la chaumière des observations subtiles » de l’érudit Ji Yun, son cadet de quelques années. En bannissant de sa prose les élégances de la poésie, en ne cherchant l’inspiration que dans les confidences de parents et d’amis, en abordant le sexe jusque dans ses aspects les moins attendus, Yuan Mei est par trop désinvolte, et les herbes folles abondent dans son ouvrage. Il le présente avec raison, dans sa préface, comme un recueil « de récits abracadabrants, sans profonde signification » fait principalement « pour le plaisir » 5 ; il dit ailleurs 6 avoir voulu « dans les histoires de fantômes se défouler de l’absurdité ».
- En chinois « 子不語 ». Autrefois transcrit « Tseu-pou-yu » ou « Tzu pu yu ».
- VII, 21.
- En chinois « 新齊諧 ». Autrefois transcrit « Sin “Ts’i-hiai” ».
Gennai, « Histoire galante de Shidôken, “Fûryû Shidôken-den” »
Il s’agit de l’« Histoire galante de Shidôken » (« Fûryû Shidôken-den » 1) de Hiraga Gennai 2, satiriste japonais aux connaissances encyclopédiques, également connu sous le surnom de Fûrai Sanjin 3 (XVIIIe siècle). Sorte de Voltaire de son pays, il se livra, en même temps qu’aux belles-lettres, à l’étude de la chimie et l’histoire naturelle, apprit le hollandais, interrogea les savants dans tous les genres, répéta leurs expériences ou en imagina de nouvelles. Son « Histoire galante de Shidôken », où le voyage fictif est prétexte à des satires piquantes et mordantes contre la société de son temps, ne peut être comparée, à beaucoup d’égards, qu’aux histoires de « Micromégas » ou de « Candide ». Elles partagent les mêmes scènes vives et ingénieuses, la même imagination exaltée ; elles sont le même monument d’effronterie cynique érigé en faveur de l’athéisme. Le héros, Shidôken, est un vieil impénitent qui donne le fou rire aux visiteurs du temple d’Asakusa, à Edo, en racontant des propos burlesques ou licencieux. Il raconte comment, il y a longtemps, lorsqu’il était jeune, il fut détourné de la prêtrise par la révélation qu’il reçut d’un anachorète (« sennin » 4), que le bouddhisme n’était qu’un fatras de croyances tout juste bonnes pour les vieilles femmes. L’anachorète lui offrit un éventail magique lui permettant de voyager de par le monde, en quête des plaisirs dont un vain ascétisme l’avait jusqu’alors privé : « Ceci est l’éventail où sont renfermés les secrets de mes enchantements », lui dit l’anachorète en le lui remettant 5. « Si tu veux t’envoler, il te servira d’ailes ; si tu veux franchir mers et fleuves, il deviendra navire ; grâce à lui, tu pourras connaître le lointain et le proche, et voir distinctement dans la pénombre… Toutefois, comme c’est dans le désir amoureux que les sentiments revêtent la plus grande intensité, il te faudra visiter particulièrement les quartiers de plaisir des différentes contrées. Au cours de tes voyages, il t’arrivera souvent des aventures plaisantes, mais aussi bien des malheurs. En aucun cas, ceux-ci ne te doivent affliger… Salut ! »
Creangă, « Œuvres choisies. Souvenirs d’enfance • Contes • Récits »
Il s’agit de « La Petite Bourse aux deux liards » (« Punguța cu doi bani ») et autres œuvres de Ion Creangă 1, conteur roumain d’inspiration populaire, génie oral chez lequel il y avait une sagesse paysanne tirée de tout autre part que des livres, une sorte d’humanisme non intellectuel, une émotion pouvant toucher les cœurs (XIXe siècle). Fils d’un commerçant de vêtements grossiers dans le village de Humulești, au pied des montagnes de Moldavie, Creangă semblait destiné, par ses modestes origines, à carder la laine et à porter la bure au foulon, comme ses ancêtres. Son père — homme, par ailleurs, bon et indulgent — n’avait reçu aucune instruction et disait à l’enfant : « Plutôt qu’en ville le dernier, sois au village le premier » 2. L’ambition de sa mère changea tout. Smaranda Creangă, femme d’une intelligence supérieure à la moyenne des paysans, voulait à tout prix faire de lui un prêtre et lui évitait toute besogne autre que les travaux intellectuels. Mais jetant sa soutane aux orties, ce fut finalement non comme prêtre, mais comme instituteur primaire que Creangă se fixa dans une « masure » (« bojdeuca ») des faubourgs de Iași 3, d’où il partait chaque matin, d’un pas pesant, en s’appuyant sur sa canne noueuse, rejoindre son école. Il passait la plupart de son temps au milieu de ses élèves, auxquels il racontait parfois, avant même de les écrire, ses inoubliables contes. Parfois aussi, il descendait à la Bolta Rece, une taverne achalandée par les petits auteurs et honorée de la prédilection des vauriens de la ville. Ce fut là qu’il fit la rencontre, en 1875, du poète Mihai Eminescu, pour lequel il avait une cordiale sympathie. Bientôt, une amitié profonde lia ces deux grandes âmes qui devinrent inséparables. Toutes les fois qu’ils avaient quelques heures de liberté, ils allaient se retrouver sur les bancs des jardins publics ou se régaler de porc à l’ail dans quelque modeste auberge de village. Là, ils faisaient d’interminables conversations et se plaisaient à évoquer la littérature populaire, connue de l’un depuis son enfance et imitée par l’autre dans ses compositions poétiques. Mais le départ, deux ans plus tard, d’Eminescu pour Bucarest mit fin à cette époque, la plus tranquille et la plus heureuse de leur vie. En 1872, Creangă ressentit les premières atteintes du mal incurable qui devait l’emporter prématurément : l’épilepsie. En 1887, trop souffrant pour assurer ses classes, il fut contraint d’abandonner son poste d’instituteur.
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome II »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla » 1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc 2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris 3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »
« Les Contes populaires de l’Égypte ancienne »
Il s’agit des « Deux Frères » et autres contes de l’Égypte ancienne. « Il y avait une fois deux frères d’une seule mère et d’un seul père 1 : Anubis était le nom du grand, tandis que Bata était le nom du cadet… » Ainsi débute, à la manière d’un conte de Perrault, le conte des « Deux Frères », récit populaire transcrit par les scribes Inéna, Qagabou, Hori et Méremopê pour amuser l’enfance du prince Séthy-Mérenptah, le futur pharaon Séthy II (XIIe siècle av. J.-C.). Le manuscrit hiératique sur papyrus qu’en possède le British Museum est l’exemplaire même qui a appartenu au prince ; on y lit au recto et au verso, en caractères extrêmement usés, cette suscription : « le flabellifère à la droite du roi… le général en chef, le fils du roi, Séthy-Mérenptah » 2. Le texte relate l’histoire de deux frères dont le plus jeune, en repoussant les avances de la femme de l’autre, est accusé faussement par celle-ci et contraint à la fuite. Cette idée d’une séduction tentée par une femme adultère, qui ensuite se venge de celui qu’elle n’a pu corrompre, est une idée suffisamment naturelle pour s’être présentée plus d’une fois à l’esprit des poètes et des conteurs : rappelons, dans la Bible hébraïque, Joseph et la femme de Putiphar ; dans la mythologie grecque, Hippolyte et Phèdre ; dans « Le Livre des rois » de Firdousi, Siawusch et Soudabeh. Mais un point que personne de nos jours ne conteste, c’est que la version égyptienne est plus ancienne que celle des autres peuples, et que les mœurs et coutumes qu’elle dépeint ont la tournure particulière à celles des bords du Nil : « Tout y est égyptien du commencement jusqu’à la fin », dit Gaston Maspero 3, « et les détails mêmes qu’on a indiqués comme étant de provenance étrangère nous apparaissent purement indigènes, quand on les examine de près… Je conclus, de ces faits, qu’il faut considérer l’Égypte, sinon comme un des pays d’origine des contes populaires, au moins comme un de ceux où ils se sont naturalisés le plus anciennement et où ils ont pris le plus tôt une forme vraiment littéraire ».
« Supplément aux “Contes d’Uji” »
éd. Publications orientalistes de France, coll. Contes et Romans du Moyen Âge-Les Œuvres capitales de la littérature japonaise, Paris
Il s’agit du « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 1 (« Uji shûi monogatari » 2). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 3 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 4. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 5 et deux autres 6 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 7. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Contes faisant suite au “Recueil d’Ouji” » ou « Supplément aux “Contes d’Uji” ».
- En japonais « 宇治拾遺物語 ». Parfois transcrit « Ouji shouï monogatari »
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Gouverneurs de province et Guerriers dans les “Histoires qui sont maintenant du passé” »
éd. Collège de France-Institut des hautes études japonaises, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Histoires d’amour du temps jadis »
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Histoires fantastiques du temps jadis »
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
Takakuni, « Histoires qui sont maintenant du passé, “Konjaku-monogatari shû” »
éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris
Il s’agit d’une traduction partielle des « Histoires qui sont maintenant du passé » 1 (« Konjaku monogatari » 2) également connues sous le titre d’« Histoires du Grand Conseiller d’Uji » (« Uji dainagon monogatari » 3). Ce Grand Conseiller d’Uji, appelé Minamoto no Takakuni 4 (XIe siècle apr. J.-C.), était un homme dont la forte corpulence supportait mal les chaleurs de l’été, et qui se retirait chaque année, du cinquième au huitième mois, à Uji, non loin de Kyôto, sur la route de Nara. Là, dans une tenue négligée, se faisant éventer d’un grand éventail, il faisait appeler à lui les passants, sans se soucier de leur rang, et les priait de raconter des histoires du passé, cependant que lui-même, étendu à l’intérieur, notait leurs paroles toujours avec bonheur dans un cahier : « Il y avait des récits de l’Inde, des récits de la Chine, et aussi des récits du Japon. Il en était d’édifiants, il en était de plaisants, il en était de terrifiants, il en était d’émouvants, il en était de répugnants. Quelques-uns étaient sans rime ni raison, d’autres étaient des plus adroits, bref, il en était de toute sorte et de toute espèce », dit le « Supplément aux “Histoires d’Uji” » 5. La partie des « Histoires qui sont maintenant du passé » relative au Japon occupe à elle seule, avec ses vingt et un tomes sur trente et un, plus des deux tiers du texte, tandis que les parties consacrées à l’Inde et à la Chine ne comprennent chacune que cinq tomes. Trois tomes sont aujourd’hui manquants 6 et deux autres 7 ne nous sont parvenus qu’en un état incomplet. Tel quel pourtant, le recueil est encore d’une étonnante richesse, et les mille cinquante-neuf historiettes qu’il contient font penser à un envoûtant kaléidoscope qui nous présente à chaque secousse, comme par un coup de magie, des figures inattendues et merveilleuses : « Un défilé de personnages appartenant à toutes les catégories de la société anime un monde d’une grande richesse humaine, où les sentiments et les soucis des humbles n’ont pas une dignité moindre que ceux des grands… La variété des récits, badins ou burlesques, instructifs ou édifiants, fantastiques ou touchants, donne la possibilité de s’exprimer à toutes les émotions, des plus nobles aux moins raffinées » 8. Tous débutent par la formule « maintenant c’est du passé » (prononcée « ima wa mukashi » à la japonaise, « konjaku » à la chinoise), qui embrasse l’idée bouddhique selon laquelle le passé existe au même titre et avec la même réalité que le « maintenant ».
- Parfois traduit « Récits d’aujourd’hui et de jadis », « Récit d’autrefois », « Histoires du temps jadis », « Contes d’il y a longtemps », « Contes d’à présent et du passé » ou « Contes de jadis et de naguère ».
- En japonais « 今昔物語 ». Parfois transcrit « Kondjakou monogatari », « Konnjakou monogatari » ou « Konjakou monogatari ».
- En japonais « 宇治大納言物語 ».
- En japonais 源隆国. Autrefois transcrit Minamoto no Takakouni.
- p. 7.
- VIII, XVIII et XXXI.
- XXII et XXIII.
- Jean Guillamaud, « Histoire de la littérature japonaise ».
« Histoire d’Haïkar le Sage, d’après les manuscrits arabes »
dans « Revue de l’Orient chrétien », sér. 2, vol. 3, p. 367-388 ; vol. 4, p. 50-70 & 143-154
Il s’agit des versions arabes de l’« Histoire et Sagesse d’Aḥikar l’Assyrien », un conte qui existe dans presque toutes les langues du Proche-Orient antique (VIIe av. J.-C.). Voici le résumé de ce conte : Aḥiqar 1 était un homme vertueux et un conseiller des rois d’Assyrie. N’ayant pas de fils, il adopta le fils de sa sœur, Nadan. Il l’éleva et lui adressa une première série de leçons, sous forme de maximes et de proverbes. Plus tard, empêché par les infirmités de la vieillesse de remplir ses fonctions, Aḥiqar présenta Nadan comme son successeur. Comblé d’honneurs, Nadan ne tarda pas à faire preuve de la plus noire ingratitude. Il trahit indignement son père adoptif et bienfaiteur : il le calomnia auprès du roi Assarhaddon (de l’an 680 à l’an 669 av. J.-C.), lequel ordonna sa mort. Cependant, le bourreau était un obligé d’Aḥiqar et ne remplit pas l’ordre donné. Il exécuta un autre criminel, dont il apporta la tête au roi, et tint Aḥiqar caché. Enhardi par la nouvelle de la mort du conseiller royal, le pharaon d’Égypte lança au roi le défi de résoudre plusieurs énigmes perfides, sous peine d’avoir à lui payer un tribut. Sorti de sa cachette, Aḥiqar alla en Égypte, répondit aux énigmes du pharaon et, à son retour, demanda que Nadan lui fût livré. Il le frappa de mille coups, pour faire entrer la sagesse « par derrière son dos » 2 puisqu’elle n’avait pu entrer par les oreilles, et lui adressa une deuxième série de leçons, sous forme de fables, et destinées à prouver qu’il valait mieux vivre dans une hutte en homme juste que dans un palais en criminel.
- En araméen אחיקר, en syriaque ܐܚܝܩܪ. Parfois transcrit Achichar, Achiqar, Achikar, Aḥicar ou Aḥikar. On rencontre aussi la graphie Ḥiqar (ܚܝܩܪ). Parfois transcrit Haiqâr, Haïkar, Heycar, Hicar, Khikar ou Ḥikar.
Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome I »
Il s’agit des « Mille et une Nuits » (« Alf layla wa-layla » 1), contes arabes. Rarement, la richesse de la narration et les trésors de l’imagination ont été dépensés dans une œuvre avec plus de prodigalité ; et rarement, une œuvre a eu une réussite plus éclatante que celle des « Mille et une Nuits » depuis qu’elle a été transportée en France par l’orientaliste Antoine Galland au commencement du XVIIIe siècle. De là, elle a immédiatement rempli le monde de sa renommée, et depuis, son succès n’a fait que croître de jour en jour, sans souffrir ni des caprices de la mode ni du changement des goûts. Quelle extraordinaire fécondité dans ces contes ! Quelle variété ! Avec quel inépuisable intérêt on suit les aventures enchanteresses de Sindbad le Marin ou les merveilles opérées par la lampe d’Aladdin : « C’est dans l’Orient même que l’enfance du genre humain se montre avec toute sa grâce et toute sa naïveté », dit Édouard Gauttier d’Arc 2. « On y chercherait en vain ou ces teintes mélancoliques du Nord, ou ces allusions sérieuses et profondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plaisirs… Ces génies qu’elle a produits, vont répandant partout les perles, l’or, les diamants ; ils élèvent en un instant des palais superbes ; ils livrent à celui qu’ils favorisent, des houris 3 enchanteresses ; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouissances, sans qu’il se donne aucune peine pour les acquérir. Il faut aux Orientaux un bonheur facile et complet ; ils le veulent sans nuages, comme le soleil qui les éclaire. »