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« Paraboles de Sendabar sur les ruses des femmes »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la ver­sion hé­braïque des «Pa­ra­boles de Sen­da­bar sur les ruses des » («Mi­shle Sen­da­bar» 1), ou mieux «Pa­ra­boles de Sin­de­bad», d’origine in­dienne, dont il existe des imi­ta­tions dans la plu­part des langues orien­tales, et qui, sous le titre de «L’ des sept de » («His­to­ria sep­tem sa­pien­tum Romæ»), ont ob­tenu un très vif en oc­ci­den­tale, où les trou­vères en ont fait «Le des sept sages». Le ren­sei­gne­ment le plus an­cien et le plus utile que nous ayons sur ces contes, nous est donné par l’historien Mas­soudi (Xe siècle apr. J.-C.). Dans un cha­pitre in­ti­tulé «Gé­né­ra­li­tés sur l’histoire de l’Inde, ses , et l’origine de ses royaumes», cet his­to­rien at­tri­bue le «Livre des sept vi­zirs, du maître, du jeune et de la femme du roi» à un in­dien, contem­po­rain du roi Harṣa Vard­hana (VIIe siècle apr. J.-C.), et qu’il nomme Sin­de­bad 2. Ainsi donc, c’est en Inde que l’ hu­maine, fé­conde et exu­bé­rante comme la val­lée du Gange, a en­fanté ces contes; c’est de l’Inde qu’ils ont pris leur en­vol en se ré­pan­dant aux ex­tré­mi­tés du pour nous amu­ser et ins­truire. Et si nous fai­sons l’effort de re­mon­ter de siècle en siècle, de en langue — du fran­çais au , du la­tin à l’, de l’hébreu à l’, de l’arabe au pehlvi, du pehlvi au — nous ar­ri­vons à Sen­da­bar ou Sen­da­bad ou Sin­de­bad ou Sind­bad, qu’il ne faut pas confondre du reste avec le ma­rin du même nom dans les «Mille et une Nuits». Tous ces pa­raissent cor­rom­pus. En tout cas, en l’absence du texte ori­gi­nal sans­crit, je m’en ré­fère à la ver­sion hé­braïque. En voici l’intrigue : Une reine de­vient amou­reuse de son beau-fils, qui re­jette les vaines avances de cette femme. Elle en est ir­ri­tée et l’accuse d’avoir voulu la sé­duire, un peu comme Phèdre a ac­cusé Hip­po­lyte, ou comme la femme de Pu­ti­phar a ac­cusé Jo­seph. Le roi condamne son fils; mais, du­rant une se­maine, le de­meure sus­pendu. Chaque jour, l’un des sept sages voués à l’ du jeune prince fait au mo­narque un ré­cit qui a pour but de lui ins­pi­rer quelque dé­fiance à l’égard des femmes; et la reine y ré­pond, chaque jour, par un ré­cit qui doit pro­duire l’effet contraire. En­fin, le prince dé­montre son in­no­cence, et la reine est condam­née; mais le jeune homme de­mande et ob­tient la grâce de la cou­pable.

  1. En hé­breu «משלי סנדבאר». Au­tre­fois trans­crit «Mi­schle San­da­bar» ou «Mi­shle Sen­de­bar». Icône Haut
  1. En arabe سندباد. Icône Haut

Voltaire, « Contes et Romans. Tome III »

éd. Presses universitaires de France-Sansoni, Paris-Florence

éd. Presses uni­ver­si­taires de -San­soni, Pa­ris-Flo­rence

Il s’agit de «La Prin­cesse de Ba­by­lone» et autres de Vol­taire (XVIIIe siècle). Tout grand écri­vain a un ou­vrage par le­quel on le ré­sume, à tort ou à . «C’est dans ses contes qu’il faut cher­cher Vol­taire», «“Can­dide” est tout Vol­taire», dit-on de nos jours. Il est vrai que c’est là que Vol­taire s’est le plus en­joué des mi­sères de la condi­tion hu­maine, dans un aussi ab­surde que ce­lui des et des sup­plices, des bruits de et des pestes ef­froyables; c’est là éga­le­ment qu’il a réussi à por­ter un der­nier coup, sec et bru­tal, à cet op­ti­misme conso­la­teur des chré­tiens qu’il ju­geait béat. Lui, qui jusque-là avait re­tenu le amer de son im­piété, semble faire ré­son­ner à tra­vers ses contes un ri­ca­ne­ment de Sa­tan. «[Ces contes sont] d’une gaieté in­fer­nale», ex­plique la ba­ronne de Staël 1, «car ils semblent par un être d’une autre que nous, in­dif­fé­rent à notre sort, content de nos souf­frances et riant comme un dé­mon — ou comme un singe — des mi­sères de cette es­pèce hu­maine avec la­quelle il n’a rien de com­mun.» Alors, de­man­dons-nous : Vol­taire le conteur «dont le rire est un ric­tus, la grâce — une po­lis­son­ne­rie, l’esprit — un dard trempé dans le poi­son ou l’ordure» 2 peut-il éga­ler Vol­taire le phi­lo­sophe, l’ de goût, de sa­voir et de rai­son dont le «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique» avait écarté l’obscurantisme et la bar­ba­rie des siècles pré­cé­dents; peut-il éga­ler Vol­taire l’homme du monde dont la «Cor­res­pon­dance», qui em­brasse un de soixante-sept ans, est une œuvre de pre­mier plan, un mo­dèle de naï­veté, d’esprit et de grâce? Non, je ne le crois pas. Il ne faut cher­cher dans ses contes ni , ni sé­rieuse, ni de ces nobles qu’on ren­contre dans quelques-uns de ses -d’œuvre; mais seule­ment une bi­lieuse et cy­nique et peut-être une ca­chée qui, ne trou­vant pas de sens à la ici-bas, pré­fère ac­ca­bler de mo­que­ries les les plus graves et les plus gé­né­reuses, les croyances les plus ca­pables de conso­ler les hommes, les es­pé­rances les plus propres à leur don­ner le pour sup­por­ter leur condi­tion. «Vol­taire [le conteur]», dit Cha­teau­briand 3, «n’aperçoit que le côté ri­di­cule des choses et des et [il] montre, sous un jour hi­deu­se­ment gai, l’homme à l’homme. Il charme et fa­tigue par sa ; il vous en­chante et vous dé­goûte.» Son , qui veut être édi­fiant, et qui sou­vent n’est que cruel et mor­dant, est ce­lui qui se rap­proche le plus des sa­ti­ristes .

  1. «Œuvres com­plètes. Tome II», p. 176. Icône Haut
  2. l’abbé Mi­chel-Ulysse May­nard. Icône Haut
  1. «Le Gé­nie du chris­tia­nisme», part. 2, liv. I, ch. V. Icône Haut

Voltaire, « Contes et Romans. Tome II »

éd. Presses universitaires de France-Sansoni, Paris-Florence

éd. Presses uni­ver­si­taires de -San­soni, Pa­ris-Flo­rence

Il s’agit de «Can­dide» et autres de Vol­taire (XVIIIe siècle). Tout grand écri­vain a un ou­vrage par le­quel on le ré­sume, à tort ou à . «C’est dans ses contes qu’il faut cher­cher Vol­taire», «“Can­dide” est tout Vol­taire», dit-on de nos jours. Il est vrai que c’est là que Vol­taire s’est le plus en­joué des mi­sères de la condi­tion hu­maine, dans un aussi ab­surde que ce­lui des et des sup­plices, des bruits de et des pestes ef­froyables; c’est là éga­le­ment qu’il a réussi à por­ter un der­nier coup, sec et bru­tal, à cet op­ti­misme conso­la­teur des chré­tiens qu’il ju­geait béat. Lui, qui jusque-là avait re­tenu le amer de son im­piété, semble faire ré­son­ner à tra­vers ses contes un ri­ca­ne­ment de Sa­tan. «[Ces contes sont] d’une gaieté in­fer­nale», ex­plique la ba­ronne de Staël 1, «car ils semblent par un être d’une autre que nous, in­dif­fé­rent à notre sort, content de nos souf­frances et riant comme un dé­mon — ou comme un singe — des mi­sères de cette es­pèce hu­maine avec la­quelle il n’a rien de com­mun.» Alors, de­man­dons-nous : Vol­taire le conteur «dont le rire est un ric­tus, la grâce — une po­lis­son­ne­rie, l’esprit — un dard trempé dans le poi­son ou l’ordure» 2 peut-il éga­ler Vol­taire le phi­lo­sophe, l’ de goût, de sa­voir et de rai­son dont le «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique» avait écarté l’obscurantisme et la bar­ba­rie des siècles pré­cé­dents; peut-il éga­ler Vol­taire l’homme du monde dont la «Cor­res­pon­dance», qui em­brasse un de soixante-sept ans, est une œuvre de pre­mier plan, un mo­dèle de naï­veté, d’esprit et de grâce? Non, je ne le crois pas. Il ne faut cher­cher dans ses contes ni , ni sé­rieuse, ni de ces nobles qu’on ren­contre dans quelques-uns de ses -d’œuvre; mais seule­ment une bi­lieuse et cy­nique et peut-être une ca­chée qui, ne trou­vant pas de sens à la ici-bas, pré­fère ac­ca­bler de mo­que­ries les les plus graves et les plus gé­né­reuses, les croyances les plus ca­pables de conso­ler les hommes, les es­pé­rances les plus propres à leur don­ner le pour sup­por­ter leur condi­tion. «Vol­taire [le conteur]», dit Cha­teau­briand 3, «n’aperçoit que le côté ri­di­cule des choses et des et [il] montre, sous un jour hi­deu­se­ment gai, l’homme à l’homme. Il charme et fa­tigue par sa ; il vous en­chante et vous dé­goûte.» Son , qui veut être édi­fiant, et qui sou­vent n’est que cruel et mor­dant, est ce­lui qui se rap­proche le plus des sa­ti­ristes .

  1. «Œuvres com­plètes. Tome II», p. 176. Icône Haut
  2. l’abbé Mi­chel-Ulysse May­nard. Icône Haut
  1. «Le Gé­nie du chris­tia­nisme», part. 2, liv. I, ch. V. Icône Haut

Voltaire, « Contes et Romans. Tome I »

éd. Presses universitaires de France-Sansoni, Paris-Florence

éd. Presses uni­ver­si­taires de -San­soni, Pa­ris-Flo­rence

Il s’agit de «Mi­cro­mé­gas» et autres de Vol­taire (XVIIIe siècle). Tout grand écri­vain a un ou­vrage par le­quel on le ré­sume, à tort ou à . «C’est dans ses contes qu’il faut cher­cher Vol­taire», «“Can­dide” est tout Vol­taire», dit-on de nos jours. Il est vrai que c’est là que Vol­taire s’est le plus en­joué des mi­sères de la condi­tion hu­maine, dans un aussi ab­surde que ce­lui des et des sup­plices, des bruits de et des pestes ef­froyables; c’est là éga­le­ment qu’il a réussi à por­ter un der­nier coup, sec et bru­tal, à cet op­ti­misme conso­la­teur des chré­tiens qu’il ju­geait béat. Lui, qui jusque-là avait re­tenu le amer de son im­piété, semble faire ré­son­ner à tra­vers ses contes un ri­ca­ne­ment de Sa­tan. «[Ces contes sont] d’une gaieté in­fer­nale», ex­plique la ba­ronne de Staël 1, «car ils semblent par un être d’une autre que nous, in­dif­fé­rent à notre sort, content de nos souf­frances et riant comme un dé­mon — ou comme un singe — des mi­sères de cette es­pèce hu­maine avec la­quelle il n’a rien de com­mun.» Alors, de­man­dons-nous : Vol­taire le conteur «dont le rire est un ric­tus, la grâce — une po­lis­son­ne­rie, l’esprit — un dard trempé dans le poi­son ou l’ordure» 2 peut-il éga­ler Vol­taire le phi­lo­sophe, l’ de goût, de sa­voir et de rai­son dont le «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique» avait écarté l’obscurantisme et la bar­ba­rie des siècles pré­cé­dents; peut-il éga­ler Vol­taire l’homme du monde dont la «Cor­res­pon­dance», qui em­brasse un de soixante-sept ans, est une œuvre de pre­mier plan, un mo­dèle de naï­veté, d’esprit et de grâce? Non, je ne le crois pas. Il ne faut cher­cher dans ses contes ni , ni sé­rieuse, ni de ces nobles qu’on ren­contre dans quelques-uns de ses -d’œuvre; mais seule­ment une bi­lieuse et cy­nique et peut-être une ca­chée qui, ne trou­vant pas de sens à la ici-bas, pré­fère ac­ca­bler de mo­que­ries les les plus graves et les plus gé­né­reuses, les croyances les plus ca­pables de conso­ler les hommes, les es­pé­rances les plus propres à leur don­ner le pour sup­por­ter leur condi­tion. «Vol­taire [le conteur]», dit Cha­teau­briand 3, «n’aperçoit que le côté ri­di­cule des choses et des et [il] montre, sous un jour hi­deu­se­ment gai, l’homme à l’homme. Il charme et fa­tigue par sa ; il vous en­chante et vous dé­goûte.» Son , qui veut être édi­fiant, et qui sou­vent n’est que cruel et mor­dant, est ce­lui qui se rap­proche le plus des sa­ti­ristes .

  1. «Œuvres com­plètes. Tome II», p. 176. Icône Haut
  2. l’abbé Mi­chel-Ulysse May­nard. Icône Haut
  1. «Le Gé­nie du chris­tia­nisme», part. 2, liv. I, ch. V. Icône Haut

Ji Yun, « Passe-temps d’un été à Luanyang »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

Ji Yun, « Notes de la chaumière des observations subtiles »

éd. Kwok On, coll. Culture, Paris

éd. Kwok On, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

« En mouchant la chandelle : nouvelles chinoises des Ming »

éd. Gallimard, coll. L’Imaginaire, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Imaginaire, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Nou­velles His­toires en mou­chant la chan­delle» («Jian­deng xin­hua» 1) de Qu You 2 et de la «Suite aux his­toires en mou­chant la chan­delle» («Jian­deng yu­hua» 3) de Li Zhen 4. Mou­cher une chan­delle, cou­per la mèche brû­lée qui em­pêche de bien éclai­rer, im­plique une heure tar­dive : celle où l’on a le loi­sir d’évoquer des étranges, des amours ir­réelles avec des créa­tures de l’au-delà, des vi­sites gla­çantes de spectres, de re­ve­nants ou de «dé­mons aux al­lures bi­zarres et aux formes bis­cor­nues» 5. En ra­vi­vant la grande tra­di­tion des «ré­cits fan­tas­tiques» en clas­sique («chuan qi» 6), les re­cueils de Qu You et de Li Zhen connurent un si fort , qu’ils furent mis à l’index afin qu’ils «ne dis­traient pas la ». Mais li­sons-les avec at­ten­tion, cher­chons entre les lignes, et on dé­cou­vrira la vé­ri­table de cette cen­sure : c’est qu’ils fai­saient état d’une où rien n’allait plus; où les étaient d’insignes hy­po­crites qui, sous la plus belle ap­pa­rence de , se per­met­taient toute sorte de fraudes et de bru­ta­li­tés; qui se glo­ri­fiaient de l’équité et de l’excellence de leurs , tout en ne se fai­sant au­cun scru­pule de les en­freindre : «In­té­grité et in­dul­gence, ces deux mots sont de vrais ta­lis­mans!», dit une des his­toires 7 qui abonde en cri­tiques à peine dis­si­mu­lées. «Seule l’intégrité per­met de s’imposer une règle de , seule l’indulgence per­met d’être en contact avec le ; par l’intégrité, le cœur se for­ti­fie; par l’indulgence, le peuple de­vient plus proche. Quand le peuple est proche, il amende sa conduite, et c’est le terme ul­time des com­pé­tences d’un fonc­tion­naire!» Ces opi­nions tran­chées, ce ton de re­proche pa­rais­saient bien plus per­ni­cieux aux yeux des au­to­ri­tés Ming 8 que les pas­sages ju­gés li­cen­cieux ou im­mo­raux.

  1. En «剪燈新話». Au­tre­fois trans­crit «Chien-teng hsin-hua». Icône Haut
  2. En chi­nois 瞿佑. Au­tre­fois trans­crit Ch’ü Yu. Icône Haut
  3. En chi­nois «剪燈餘話». Au­tre­fois trans­crit «Chien-teng yü-hua». Icône Haut
  4. En chi­nois 李禎. Au­tre­fois trans­crit Li Chen. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 傳奇. Icône Haut
  3. p. 159. Icône Haut
  4. De l’an 1368 à l’an 1644. Icône Haut

« Les Chants et les Traditions populaires des Annamites »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’une de la du . Long­temps dé­dai­gnée par les let­trés, parce qu’elle ne me­nait pas aux car­rières man­da­ri­nales, cette lit­té­ra­ture avait tou­jours été culti­vée par l’effort du . Ainsi donc, à côté de la lit­té­ra­ture of­fi­cielle, qui chan­tait en vers les hommes et les choses de la , il exis­tait une lit­té­ra­ture po­pu­laire, en grande par­tie orale, qui ex­pri­mait sous une forme tan­tôt naïve et simple, tan­tôt nar­quoise et vo­lon­tiers hu­mo­ris­tique, l’ po­pu­laire du Viêt-nam. «Tan­dis que les let­trés s’enfermaient dans leur tour d’ivoire et se plai­saient à com­po­ser des vers qui, ici, res­semblent bien aux vers la­tins, ou à com­men­ter les vieux clas­siques, le peuple tra­vaillait à for­mer la et à pro­duire cette riche lit­té­ra­ture po­pu­laire com­po­sée de dic­tons, de , de , de dis­tiques, de phrases, et ex­pres­sions plus ou moins as­so­nan­cées por­tant des al­lu­sions aux faits du passé ou aux cou­tumes lo­cales, et sur­tout de , de ces belles et douces chan­sons qui s’élèvent les nuits d’été du fond des paillotes ou de l’immensité des ri­zières et des étangs et semblent se ré­per­cu­ter dans l’ jusqu’à la cime fris­son­nante des bam­bous. Elles sont, ces chan­sons, d’un charme , d’une sua­vité pro­fonde. Qui­conque a en­tendu une fois chan­ter par des re­pi­queuses de du delta ton­ki­nois ou des sam­pa­nières de la ri­vière de Huê des chan­sons comme celle-ci :

Mon­tagne, ô mon­tagne, pour­quoi êtes-vous si haute?
Vous ca­chez le et vous me ca­chez le vi­sage de mon bien-aimé!

n’oubliera ja­mais cet ac­cent d’indéfinissable la­mar­ti­nienne qui ré­vèle le fonds de de la race, en même qu’il montre l’excellence de la langue ca­pable d’exprimer de tels », dit très bien Phạm Quỳnh

« L’Hyménée dans le rêve : contes et légendes du Viêt-nam »

éd. Sudestasie, Paris

éd. Su­des­ta­sie, Pa­ris

Il s’agit d’une de la du . Long­temps dé­dai­gnée par les let­trés, parce qu’elle ne me­nait pas aux car­rières man­da­ri­nales, cette lit­té­ra­ture avait tou­jours été culti­vée par l’effort du . Ainsi donc, à côté de la lit­té­ra­ture of­fi­cielle, qui chan­tait en vers les hommes et les choses de la , il exis­tait une lit­té­ra­ture po­pu­laire, en grande par­tie orale, qui ex­pri­mait sous une forme tan­tôt naïve et simple, tan­tôt nar­quoise et vo­lon­tiers hu­mo­ris­tique, l’ po­pu­laire du Viêt-nam. «Tan­dis que les let­trés s’enfermaient dans leur tour d’ivoire et se plai­saient à com­po­ser des vers qui, ici, res­semblent bien aux vers la­tins, ou à com­men­ter les vieux clas­siques, le peuple tra­vaillait à for­mer la et à pro­duire cette riche lit­té­ra­ture po­pu­laire com­po­sée de dic­tons, de , de , de dis­tiques, de phrases, et ex­pres­sions plus ou moins as­so­nan­cées por­tant des al­lu­sions aux faits du passé ou aux cou­tumes lo­cales, et sur­tout de , de ces belles et douces chan­sons qui s’élèvent les nuits d’été du fond des paillotes ou de l’immensité des ri­zières et des étangs et semblent se ré­per­cu­ter dans l’ jusqu’à la cime fris­son­nante des bam­bous. Elles sont, ces chan­sons, d’un charme , d’une sua­vité pro­fonde. Qui­conque a en­tendu une fois chan­ter par des re­pi­queuses de du delta ton­ki­nois ou des sam­pa­nières de la ri­vière de Huê des chan­sons comme celle-ci :

Mon­tagne, ô mon­tagne, pour­quoi êtes-vous si haute?
Vous ca­chez le et vous me ca­chez le vi­sage de mon bien-aimé!

n’oubliera ja­mais cet ac­cent d’indéfinissable la­mar­ti­nienne qui ré­vèle le fonds de de la race, en même qu’il montre l’excellence de la langue ca­pable d’exprimer de tels », dit très bien Phạm Quỳnh

« Anthologie de la littérature populaire du Viêt-nam »

éd. L’Harmattan, Paris

éd. L’Harmattan, Pa­ris

Il s’agit d’une de la du . Long­temps dé­dai­gnée par les let­trés, parce qu’elle ne me­nait pas aux car­rières man­da­ri­nales, cette lit­té­ra­ture avait tou­jours été culti­vée par l’effort du . Ainsi donc, à côté de la lit­té­ra­ture of­fi­cielle, qui chan­tait en vers les hommes et les choses de la , il exis­tait une lit­té­ra­ture po­pu­laire, en grande par­tie orale, qui ex­pri­mait sous une forme tan­tôt naïve et simple, tan­tôt nar­quoise et vo­lon­tiers hu­mo­ris­tique, l’ po­pu­laire du Viêt-nam. «Tan­dis que les let­trés s’enfermaient dans leur tour d’ivoire et se plai­saient à com­po­ser des vers qui, ici, res­semblent bien aux vers la­tins, ou à com­men­ter les vieux clas­siques, le peuple tra­vaillait à for­mer la et à pro­duire cette riche lit­té­ra­ture po­pu­laire com­po­sée de dic­tons, de , de , de dis­tiques, de phrases, et ex­pres­sions plus ou moins as­so­nan­cées por­tant des al­lu­sions aux faits du passé ou aux cou­tumes lo­cales, et sur­tout de , de ces belles et douces chan­sons qui s’élèvent les nuits d’été du fond des paillotes ou de l’immensité des ri­zières et des étangs et semblent se ré­per­cu­ter dans l’ jusqu’à la cime fris­son­nante des bam­bous. Elles sont, ces chan­sons, d’un charme , d’une sua­vité pro­fonde. Qui­conque a en­tendu une fois chan­ter par des re­pi­queuses de du delta ton­ki­nois ou des sam­pa­nières de la ri­vière de Huê des chan­sons comme celle-ci :

Mon­tagne, ô mon­tagne, pour­quoi êtes-vous si haute?
Vous ca­chez le et vous me ca­chez le vi­sage de mon bien-aimé!

n’oubliera ja­mais cet ac­cent d’indéfinissable la­mar­ti­nienne qui ré­vèle le fonds de de la race, en même qu’il montre l’excellence de la langue ca­pable d’exprimer de tels », dit très bien Phạm Quỳnh

Nguyễn Dữ, « Vaste Recueil de légendes merveilleuses »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit du «Vaste Re­cueil de mer­veilleuses» 1Truyền kỳ mạn lục» 2) de Nguyễn Dữ 3, conteur du XVIe siècle apr. J.-C., élève de Nguyễn Bỉnh Khiêm. In­dif­fé­rent à la , il se re­tira dans son vil­lage pour soi­gner sa mère, et au cours des an­nées qui sui­virent, il ne sor­tit pas une seule fois en ville, s’enfermant chez lui pour com­po­ser ces vingt lé­gendes mer­veilleuses à l’imitation des vingt «Nou­velles His­toires en mou­chant la chan­delle» de Qu You. On lui re­proche d’avoir pré­féré la chi­noise à la viet­na­mienne, et d’avoir re­cher­ché à des­sein ce pré­ten­tieux, hé­rissé d’allusions obs­cures, qui rend la chi­noise une énigme pour le com­mun des hommes; ce qui n’empêche pas son re­cueil d’avoir eu, par sa haute va­leur édu­ca­tive, une du­rable et pro­fonde sur les lettres viet­na­miennes, de­puis le «Nou­veau Re­cueil de » («Truyền kỳ tân phả» 4) de Đoàn Thị Điểm (XVIIIe siècle) jusqu’aux «Lé­gendes des terres se­reines» de (XXe siècle). «Pour nous, gens du XXIe siècle, l’ouvrage est d’une va­leur in­es­ti­mable parce qu’il est l’un des rares , peut-être le seul, qui donne un as­sez net des dif­fé­rentes couches so­ciales de l’ancienne du … Bien que cette œuvre soit écrite en — faut-il rap­pe­ler que le chi­nois était la langue de de tout l’Extrême-Orient jusqu’au dé­but du XXe siècle —, elle res­tera l’un des purs joyaux de notre », ex­plique M. 

  1. Au­tre­fois tra­duit «Re­la­tion éten­due des faits étranges rap­por­tés par la tra­di­tion», «Re­cueil des contes mer­veilleux», «Vaste Re­cueil des his­toires mer­veilleuses», «Re­cueil des contes ex­tra­or­di­naires», «Vaste Re­cueil des mer­veilles trans­mises» ou «Vaste Re­cueil de la des mer­veilles». Icône Haut
  2. En chi­nois «傳奇漫錄». Icône Haut
  1. À ne pas confondre avec Nguyễn Du, l’auteur du «Kim-Vân-Kiều», qui vé­cut deux siècles plus tard. Icône Haut
  2. In­édit en . Icône Haut

« Le Conte du coupeur de bambous »

dans « Bulletin de la Maison franco-japonaise », sér. 2, vol. 2, p. 123-199

dans «Bul­le­tin de la Mai­son franco-ja­po­naise», sér. 2, vol. 2, p. 123-199

Il s’agit du «Conte du cou­peur de bam­bous» 1Ta­ké­tori mo­no­ga­tari» 2), consi­déré comme le plus an­cien des «mo­no­ga­tari» (IXe siècle apr. J.-C.). Ce nom gé­né­rique de «mo­no­ga­tari», que l’on tra­duit sou­vent par «», doit être pris ici dans le sens pri­mi­tif de «chose contée». En l’occurrence, il s’agit d’un vé­ri­table conte de fées, même s’il pré, par en­droits, cette fi­nesse de cœur et cette douce qui ca­rac­té­ri­se­ront la lit­té­ra­ture ro­ma­nesque du . Le «Conte du cou­peur de bam­bous» oc­cupe une cin­quan­taine de pages et ap­pa­raît comme une jux­ta­po­si­tion, as­sez ha­bi­le­ment réa­li­sée, de plu­sieurs ré­cits dont cha­cun pour­rait être consi­déré comme com­plet en , si ne les re­liait la pré­sence de la même fi­gure cen­trale de Ka­guya-himé («Claire prin­cesse»). Chaque connaît les pé­ri­pé­ties de cette mi­nus­cule fillette, haute comme la main, qu’un vieillard trouve dans le creux d’un bam­bou qu’il vient de cou­per. Il l’adopte et il l’élève avec soin, et en seule­ment trois mois, elle de­vient une jeune femme dont la beauté at­tire tous les re­gards. Il lui donne le nom de Ka­guya-himé en de la lu­mière mys­té­rieuse qu’elle ré­pand au­tour d’elle. Tous les hommes du pays, à force d’entendre ré­pé­ter : «Cette Ka­guya-himé, que ne fe­rait-on pour ob­te­nir sa main!» 3, ac­courent pour la voir. Sa main est de­man­dée par cinq pré­ten­dants, à qui elle im­pose des tra­vaux her­cu­léens qu’aucun d’eux ne peut me­ner à terme; elle re­fuse jusqu’à l’anneau de l’Empereur, et bien­tôt, elle dé­clare à son père adop­tif qu’elle est une ha­bi­tante de la Lune, ban­nie sur la pour cer­taine faute, et que, son d’épreuve étant écoulé, elle va re­tour­ner dans son an­cien sé­jour. En vain le vieillard se ré­pand en pro­tes­ta­tions pour la re­te­nir, en vain l’Empereur fait pla­cer une garde de deux mille hommes au­tour de sa mai­son; elle est em­por­tée dans un char vo­lant en­voyé par son père cé­leste. Elle laisse, en par­tant, des lettres d’adieu à son vieux pro­tec­teur et lui re­met un élixir d’.

  1. Par­fois tra­duit «Le Tailleur de bam­bous» ou «Conte du cueilleur de bam­bous». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «竹取物語». Le «Dit du genji» donne le titre plus com­plet de «竹取翁の物語» («Conte du vieillard, cou­peur de bam­bous»). Par­fois en­core, on l’appelle, du nom de son per­son­nage prin­ci­pal, «かぐや姫の物語» («Conte de Ka­guya-himé»). Icône Haut
  1. p. 142. Icône Haut

Ibn al-Moqaffa, « Le Livre de “Kalila et Dimna” »

éd. Klincksieck, Paris

éd. Klinck­sieck, Pa­ris

Il s’agit du «Ka­lila et Dimna» («Ka­lîla wa Dimna» 1), en­semble de qui font l’admiration de l’, et dont les sont les prin­ci­paux . Tous les élé­ments as­surent à l’Inde l’ d’avoir donné nais­sance à ces contes : l’ d’un re­cueil plus an­cien, le «Pañ­ca­tan­tra», ne laisse au­cun sur l’origine in­dienne; et Fir­dousi confirme cette même ori­gine dans son «Livre des rois», où il dit : «Il y a dans le tré­sor du radja un livre que les hommes de bien ap­pellent “Pañ­ca­tan­tra”, et quand les hommes sont en­gour­dis par l’ignorance, le “Pañ­ca­tan­tra” est comme l’herbe de leur … car il est le guide vers la []» 2. Ce fut au VIe siècle apr. J.-C. que Noû­chi­ré­vân le Juste 3, roi de , en­ga­gea un mé­de­cin cé­lèbre, Bar­zoui ou Bar­zouyèh 4, à rap­por­ter de l’Inde, outre le «Pañ­ca­tan­tra», di­vers autres ou­vrages du même genre. Après un long sé­jour dans l’Inde, Bar­zouyèh par­vint à force de ruses et d’adresse à s’en pro­cu­rer des exem­plaires. Son pre­mier soin fut aus­si­tôt d’en com­po­ser un re­cueil en pehlvi, au­quel il donna le nom de «Ka­lila et Dimna», parce que le ré­cit des de ces deux cha­cals en for­mait la prin­ci­pale par­tie. Cette ver­sion du «Ka­lila et Dimna» eut le sort de tout ce qui consti­tuait la au des Sas­sa­nides : elle fut dé­truite lors de la conquête de la Perse par les Arabes et sa­cri­fiée au zèle aveugle des pre­miers . Au VIIIe siècle apr. J.-C., le peu qui échappa à la des­truc­tion fut tra­duit en par un autre , Ibn al-Mo­qaffa 5, avec tant de mé­rite et tant d’élégance, que ces mêmes mu­sul­mans l’accusèrent d’avoir tra­vaillé, mais vai­ne­ment, à imi­ter et même à sur­pas­ser le du . «Alors, arabe vrai­ment, le “Ka­lila”, ou , in­dien même, en ses plus loin­tains re­fuges? La ré­ponse est à cher­cher dans l’ du livre. Et que nous dit-elle? Qu’il est de­venu, très vite, l’une des pièces es­sen­tielles d’un pa­tri­moine, un livre-clef», dit M. 

  1. En arabe «كليلة ودمنة». Par­fois trans­crit «Ko­laïla ou Dimna» ou «Kalī­lah wa Dim­nah». Icône Haut
  2. «Le Livre des rois; tra­duit et com­menté par Jules Mohl. Tome VI», p. 361. Icône Haut
  3. Sur­nom de Khos­row Ier, dit Chos­roès le Grand, qui ré­gna sur la Perse au VIe siècle apr. J.-C. Icône Haut
  1. En per­san برزوی ou برزویه. Par­fois trans­crit Burzōy, Bur­zoyé, Burzōē, Borzūya, Bur­zuyah, Bor­zoueh, Bor­zouyeh, Bor­ziyeh ou Ber­zouyèh. Icône Haut
  2. En arabe بن المقفع. Au­tre­fois trans­crit Ibn al-Mu­qaffa‘, Ibn Mu­qa­faa, Ibn Mo­qa­faa’, Ebn-al­mou­kaffa, Ibn al-Mu­kaffâ, Ibn al-Moḳaffa‘, Ibn al-Mou­qaffa’, Ibn al Mou­qa­faa, Aben Mo­chafa, Ebn-al­mo­caffa ou Ebn-al­mo­kaffa. Par suite d’une faute, بن المقنع, trans­crit Ebn-al­mo­canna, Ebn Mo­can­naa, Ben Mo­cannâ ou Ben Mo­can­naah. Icône Haut