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Lucien, « Œuvres. Tome V »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de l’«Apo­lo­gie des » («Hy­per tôn ei­ko­nôn» 1) et autres œuvres de  2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les ni les hommes. «Je suis né en , sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes , qui ne sont pas moins que … Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon de mon côté», dit-il dans «Les res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le et les étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de , de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes » 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En «Ὑπὲρ τῶν εἰκόνων». Icône Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Icône Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Icône Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Icône Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Icône Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Icône Haut

Lucien, « Œuvres. Tome IV »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit d’«Alexandre, ou le Faux Pro­phète» («Alexan­dros, ê Pseu­do­man­tis» 1) et autres œuvres de  2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les ni les hommes. «Je suis né en , sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes , qui ne sont pas moins que … Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon de mon côté», dit-il dans «Les res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le et les étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de , de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes » 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En «Ἀλέξανδρος, ἢ Ψευδόμαντις». Icône Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Icône Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Icône Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Icône Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Icône Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Icône Haut

Lucien, « Œuvres. Tome III »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de «Pro­mé­thée, ou le » («Pro­mê­theus, ê Kau­ka­sos» 1) et autres œuvres de  2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les ni les hommes. «Je suis né en , sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes , qui ne sont pas moins que … Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon de mon côté», dit-il dans «Les res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le et les étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de , de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes » 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En «Προμηθεύς, ἢ Καύκασος». Icône Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Icône Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Icône Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Icône Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Icône Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Icône Haut

Lucien, « Œuvres. Tome II »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des « à l’encan» («Biôn Pra­sis» 1, lit­té­ra­le­ment «La Vente des vies») et autres œuvres de  2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les ni les hommes. «Je suis né en , sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes , qui ne sont pas moins que … Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon de mon côté», dit-il dans «Les Phi­lo­sophes res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le et les étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de , de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes » 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En «Βίων Πρᾶσις». Icône Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Icône Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Icône Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Icône Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Icône Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Icône Haut

Lucien, « Œuvres. Tome I »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit du «Pas­sage de la barque, ou le Ty­ran» («Ka­ta­plous, ê Ty­ran­nos» 1) et autres œuvres de  2, au­teur d’expression grecque qui n’épargna dans ses sa­tires en­jouées ni les ni les hommes. «Je suis né en , sur les bords de l’Euphrate. Mais qu’importe mon pays? J’en sais, parmi mes , qui ne sont pas moins que … Mon ac­cent étran­ger ne nuira point à ma cause si j’ai le bon de mon côté», dit-il dans «Les res­sus­ci­tés, ou le Pê­cheur» 3. Les pa­rents de Lu­cien étaient et d’humble condi­tion. Ils le des­ti­nèrent dès le dé­part au mé­tier de sculp­teur et mirent en ap­pren­tis­sage chez son oncle, qui était sta­tuaire. Mais son ini­tia­tion ne fut pas heu­reuse : pour son coup d’essai, il brisa le marbre qu’on lui avait donné à dé­gros­sir, et son oncle, d’un ca­rac­tère em­porté, l’en pu­nit sé­vè­re­ment. Il n’en fal­lut pas da­van­tage pour dé­goû­ter sans re­tour le jeune ap­prenti, dont le et les étaient au-des­sus d’un mé­tier ma­nuel. Il prit dès lors la dé­ci­sion de ne plus re­mettre les pieds dans un ate­lier et se li­vra tout en­tier à l’étude des lettres. Il ra­conte lui-même cette anec­dote de , de la ma­nière la plus sym­pa­thique, dans un écrit qu’il com­posa long­temps après et in­ti­tulé «Le Songe de Lu­cien» 4. Il y sup­pose qu’en ren­trant à la mai­son, après s’être sauvé des mains de son oncle, il s’endort, ac­ca­blé de fa­tigue et de tris­tesse. Il voit dans son som­meil les di­vi­ni­tés tu­té­laires de la et de l’Instruction. Cha­cune d’elles fait l’éloge de son art : «Si tu veux me suivre, je te ren­drai, pour ainsi dire, le contem­po­rain de tous les gé­nies su­blimes qui ont existé… en te fai­sant connaître les im­mor­tels ou­vrages des grands et les belles ac­tions des an­ciens hé­ros… Je te pro­mets, [à toi] aussi, un rang dis­tin­gué parmi ce pe­tit nombre d’hommes for­tu­nés qui ont ob­tenu l’. Et lors même que tu au­ras cessé de vivre, les ai­me­ront en­core s’entretenir avec toi dans tes » 5. On de­vine quelle di­vi­nité plaide ainsi et fi­nit par l’emporter. Aussi, dans «La Double Ac­cu­sa­tion», ce re­mer­cie-t-il l’Instruction de l’avoir «élevé» et «in­tro­duit parmi les Grecs», alors qu’«il n’était en­core qu’un jeune étourdi [par­lant] un bar­bare» et por­tant une vi­laine robe orien­tale 6.

  1. En «Κατάπλους, ἢ Τύραννος». Icône Haut
  2. En grec Λουκιανὸς ὁ Σαμοσατεύς. Au­tre­fois trans­crit Lu­cian de Sa­mo­sate. Icône Haut
  3. «Œuvres. Tome II», p. 399. Icône Haut
  1. À ne pas confondre avec «Le Rêve, ou le Coq», qui porte sur un su­jet dif­fé­rent. Icône Haut
  2. «Œuvres. Tome I», p. 14-15 & 17. Icône Haut
  3. «Tome IV», p. 469 & 465. Icône Haut

Parthénios, « Aventures d’amour »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des « d’» («Peri erô­ti­kôn pa­thê­ma­tôn» 1) de Par­thé­nios de Ni­cée 2, poète (Ier siècle av. J.-C.). Les guerres des Ro­mains contre le roi Mi­thri­date dé­ci­dèrent de toute son . Il fut fait pri­son­nier, pro­ba­ble­ment en 73 av. J.-C. lorsque sa ville na­tale de Ni­cée tomba au pou­voir des lieu­te­nants de Lu­cul­lus. Il fut amené à , où il ob­tint fi­na­le­ment la en consi­dé­ra­tion de son ta­lent et de son éru­di­tion. Il fut lié avec Cor­né­lius Gal­lus et connut Vir­gile, qui tra­dui­sit un de ses vers dans les «Géor­giques». Plu­sieurs de ses poé­sies, aujourd’hui per­dues, por­taient sur la  : «Aphro­dite», «Mé­ta­mor­phoses», etc.; d’autres se rap­por­taient à sa pri­vée. L’encyclopédie Souda men­tionne un poème fu­nèbre («epi­kê­deion» 3) et trois d’ qu’il fit pour ho­no­rer la de sa femme Arété. «[Ce] nom d’Arété in­dique suf­fi­sam­ment l’origine grecque de celle qu’il avait épou­sée; éloi­gné de sa pa­trie, il avait voulu du moins en re­trou­ver les mœurs et le dans sa », ex­plique Mau­rice Croi­set 4. Il ne nous est par­venu qu’un seul de ses ou­vrages : «Aven­tures d’amour». C’est un mince vo­lume en prose; un ré­sumé de trente-six re­la­tives à l’amour, qui abou­tissent le plus sou­vent à des dé­noue­ments tra­giques. Les tra­hi­sons, les in­ces­tueuses, les ca­tas­trophes san­glantes y abondent. À me­sure que Par­thé­nios ren­con­trait, dans ses lec­tures, quelque qui lui pa­rais­sait conve­nir à son re­cueil, il la no­tait. Il vou­lait, ce fai­sant, four­nir des su­jets d’élégies à Cor­né­lius Gal­lus : «J’ai pensé, mon cher Gal­lus», dit-il dans sa pré­face 5, «que les “Aven­tures d’amour” ne pou­vaient man­quer de vous plaire, et je vous les en­voie réunies en ex­traits fort courts… C’est en quelque sorte une col­lec­tion de sou­ve­nirs que j’ai for­mée, et j’espère qu’elle ne vous sera pas in­utile.» Ce genre de ser­vice était, du reste, conforme aux usages du , comme l’explique Croi­set 6 : «Les et les qui vou­laient s’épargner de trop longues re­cherches em­prun­taient l’érudition d’un gram­mai­rien of­fi­cieux; ce­lui-ci leur four­nis­sait des notes qu’ils se ré­ser­vaient de mettre en œuvre… Il n’est pas sur­pre­nant que Par­thé­nios ait voulu rendre le même of­fice à Cor­né­lius Gal­lus, si l’on songe an ca­rac­tère ar­ti­fi­ciel qu’avait alors la [] la­tine et à la grande place qu’y oc­cu­pait la my­tho­lo­gie». Dans l’histoire d’un genre illus­tré par des cé­lèbres, Par­thé­nios ser­vit ainsi d’intermédiaire entre la longue sé­rie des élé­giaques grecs qui se ter­mina avec lui, et celle des poètes élé­giaques de Rome qui ne fit que com­men­cer avec Cor­né­lius Gal­lus. Ac­cor­dons-lui donc ce rôle, sans ju­ger de son ta­lent, puisque ses poé­sies nous font dé­faut.

  1. En grec «Περὶ ἐρωτικῶν παθημάτων». Icône Haut
  2. En grec Παρθένιος ὁ Νικαεύς. Par­fois trans­crit Par­the­nius de Ni­cée. Icône Haut
  3. En grec ἐπικήδειον. Icône Haut
  1. «Par­the­nius de Ni­cée», p. 163. Icône Haut
  2. p. CIII-CIV. Icône Haut
  3. «Par­the­nius de Ni­cée», p. 165. Icône Haut

Pseudo-Callisthène, « Le Roman d’Alexandre : vie d’Alexandre de Macédoine »

éd. Flammarion, coll. GF, Paris

éd. Flam­ma­rion, coll. GF, Pa­ris

Il s’agit de la re­cen­sion α de «La Nais­sance et la d’Alexandre de Ma­cé­doine» («Hê gen­nê­sis kai hê zôê tou Alexan­drou Ma­ke­do­nias» 1), ré­cit d’expression grecque, plus connu sous le titre du « d’Alexandre». C’est le propre des hommes cé­lèbres de lé­guer à la pos­té­rité un double  : à côté de leur phy­sio­no­mie réelle et hu­maine se des­sine, après leur , une ro­man­cée et de plus en plus fa­bu­leuse, agran­die de créa­tions fan­tas­tiques, de va­riantes mer­veilleuses, en­tou­rée d’une au­réole de mi­racles. Tel fut le sort d’. Au­cun dans l’ n’a sol­li­cité l’ po­pu­laire et mi­li­taire avec plus d’énergie que lui. Il y a plu­sieurs rai­sons à cela. C’était un conqué­rant et «le plus ex­cu­sable des conqué­rants» 2; ses conquêtes avaient un ca­rac­tère gran­diose; il avait, soit par , soit par va­nité, en­cou­ragé cer­taines fic­tions sur sa vie et sur les liens qui l’unissaient à la di­vi­nité; en­fin, l’esprit hu­main par­cou­rait avec com­plai­sance les trois conti­nents qu’il avait réunis, les pros­pères qu’il avait fon­dées et l’audace opi­niâtre qu’il avait dé­ployée. Les his­toires lé­gen­daires sur ce hé­ros , qu’elles ap­par­tiennent à l’ ou à l’, ont été ex­trê­me­ment nom­breuses et va­riées, mais toutes re­montent, par une sé­rie plus ou moins longue d’intermédiaires, à quelqu’une des cinq re­cen­sions (cinq ré­dac­tions in­dé­pen­dantes) du «Ro­man d’Alexandre» : α, β, γ, ε, λ. Le «Ro­man» ori­gi­nal n’est as­su­ré­ment pas plus de Cal­lis­thène, que de Pto­lé­mée, d’Aris­tote ou d’Ésope, aux­quels il a été éga­le­ment at­tri­bué. On es­time qu’il s’est trans­mis d’abord par les nar­ra­tions orales qu’on dé­bi­tait à Alexan­drie, et qu’autour du IIIe siècle apr. J.-C., il a été ré­digé en ou­vrage. Il a pour but ma­ni­feste de rat­ta­cher Alexandre à l’, et d’en faire un hé­ros pro­pre­ment égyp­tien en lui don­nant pour père Nec­ta­nébo II, der­nier pha­raon de ce pays. La pré­di­lec­tion toute par­ti­cu­lière avec la­quelle la fon­da­tion d’Alexandrie y est cé­lé­brée; les dé­tails par­fois in­édits sur cette ville; le re­cours à des uni­tés de et de lieu lo­cales; et bien d’autres in­dices achèvent de confir­mer cette ori­gine. Je ne peux faire men­tion ici qu’en pas­sant des im­menses du «Ro­man», qui en ont fait une œuvre uni­ver­selle. Après une imi­ta­tion ar­mé­nienne (Ve siècle), il a connu une adap­ta­tion (VIe siècle), qui a été à l’origine de beau­coup de tra­di­tions sur Alexandre en , en Éthio­pie, en , et par la suite, en et jusqu’en cen­trale. Quant à l’, elle a donné du «Ro­man» au moins au­tant de ver­sions qu’elle a compté de langues; celles en ont été si cé­lèbres au XIIe, XIIIe, XIVe siècle, que le vers de douze syl­labes qui y ap­pa­raît pour la pre­mière fois a reçu, comme on sait, le nom d’«».

  1. En grec «Ἡ γέννησις καὶ ἡ ζωὴ τοῦ Ἀλεξάνδρου Μακεδονίας». Icône Haut
  1. Vol­taire, «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique», art. «Juifs». Icône Haut

Pseudo-Callisthène, « Le Roman d’Alexandre : la vie et les hauts faits d’Alexandre de Macédoine »

éd. Les Belles Lettres, coll. La Roue à livres, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. La Roue à , Pa­ris

Il s’agit de la re­cen­sion β de «La Nais­sance et la d’Alexandre de Ma­cé­doine» («Hê gen­nê­sis kai hê zôê tou Alexan­drou Ma­ke­do­nias» 1), ré­cit d’expression grecque, plus connu sous le titre du « d’Alexandre». C’est le propre des hommes cé­lèbres de lé­guer à la pos­té­rité un double  : à côté de leur phy­sio­no­mie réelle et hu­maine se des­sine, après leur , une ro­man­cée et de plus en plus fa­bu­leuse, agran­die de créa­tions fan­tas­tiques, de va­riantes mer­veilleuses, en­tou­rée d’une au­réole de mi­racles. Tel fut le sort d’. Au­cun dans l’ n’a sol­li­cité l’ po­pu­laire et mi­li­taire avec plus d’énergie que lui. Il y a plu­sieurs rai­sons à cela. C’était un conqué­rant et «le plus ex­cu­sable des conqué­rants» 2; ses conquêtes avaient un ca­rac­tère gran­diose; il avait, soit par , soit par va­nité, en­cou­ragé cer­taines fic­tions sur sa vie et sur les liens qui l’unissaient à la di­vi­nité; en­fin, l’esprit hu­main par­cou­rait avec com­plai­sance les trois conti­nents qu’il avait réunis, les pros­pères qu’il avait fon­dées et l’audace opi­niâtre qu’il avait dé­ployée. Les his­toires lé­gen­daires sur ce hé­ros , qu’elles ap­par­tiennent à l’ ou à l’, ont été ex­trê­me­ment nom­breuses et va­riées, mais toutes re­montent, par une sé­rie plus ou moins longue d’intermédiaires, à quelqu’une des cinq re­cen­sions (cinq ré­dac­tions in­dé­pen­dantes) du «Ro­man d’Alexandre» : α, β, γ, ε, λ. Le «Ro­man» ori­gi­nal n’est as­su­ré­ment pas plus de Cal­lis­thène, que de Pto­lé­mée, d’Aris­tote ou d’Ésope, aux­quels il a été éga­le­ment at­tri­bué. On es­time qu’il s’est trans­mis d’abord par les nar­ra­tions orales qu’on dé­bi­tait à Alexan­drie, et qu’autour du IIIe siècle apr. J.-C., il a été ré­digé en ou­vrage. Il a pour but ma­ni­feste de rat­ta­cher Alexandre à l’, et d’en faire un hé­ros pro­pre­ment égyp­tien en lui don­nant pour père Nec­ta­nébo II, der­nier pha­raon de ce pays. La pré­di­lec­tion toute par­ti­cu­lière avec la­quelle la fon­da­tion d’Alexandrie y est cé­lé­brée; les dé­tails par­fois in­édits sur cette ville; le re­cours à des uni­tés de et de lieu lo­cales; et bien d’autres in­dices achèvent de confir­mer cette ori­gine. Je ne peux faire men­tion ici qu’en pas­sant des im­menses du «Ro­man», qui en ont fait une œuvre uni­ver­selle. Après une imi­ta­tion ar­mé­nienne (Ve siècle), il a connu une adap­ta­tion (VIe siècle), qui a été à l’origine de beau­coup de tra­di­tions sur Alexandre en , en Éthio­pie, en , et par la suite, en et jusqu’en . Quant à l’, elle a donné du «Ro­man» au moins au­tant de ver­sions qu’elle a compté de langues; celles en ont été si cé­lèbres au XIIe, XIIIe, XIVe siècle, que le vers de douze syl­labes qui y ap­pa­raît pour la pre­mière fois a reçu, comme on sait, le nom d’«».

  1. En grec «Ἡ γέννησις καὶ ἡ ζωὴ τοῦ Ἀλεξάνδρου Μακεδονίας». Icône Haut
  1. Vol­taire, «Dic­tion­naire phi­lo­so­phique», art. «Juifs». Icône Haut

Pseudo-Apollodore, « La Bibliothèque : un manuel antique de mythologie »

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du monde, Vevey

éd. de l’Aire, coll. Le Chant du , Ve­vey

Il s’agit de la «Bi­blio­thèque» 1, le plus an­cien abrégé qui nous soit par­venu sur la de la , ses et ses hé­ros (Ie ou IIe siècle apr. J.-C.). C’est un ou­vrage re­la­ti­ve­ment court, même en te­nant compte de la perte d’une par­tie du troi­sième et der­nier livre, qu’on ne connaît que par des «épi­to­més» (des «abré­gés de l’abrégé»). Long­temps at­tri­bué au gram­mai­rien Apol­lo­dore d’Athènes, qui s’était oc­cupé de my­tho­lo­gie, on est aujourd’hui cer­tain qu’il n’est pas de lui. Il dé­bute par l’origine des dieux et du monde, et va jusqu’aux pé­ré­gri­na­tions des hé­ros re­ve­nant de Troie. Il se ter­mine donc par les évé­ne­ments qui forment la li­mite entre la et l’. Bien qu’il soit d’un grand se­cours pour l’ de cer­tains au­teurs an­ciens, cet ou­vrage de ne re­pro­duit pas le vrai es­prit des mythes et est même consi­déré par les cri­tiques comme mé­diocre, sans réel en­thou­siasme, sans . Pleines de , de sens, de pour les et les qui les avaient ani­mées de leur souffle, les fables my­tho­lo­giques ne sont plus, dans la «Bi­blio­thèque», que des lettres mortes, des ob­jets de sco­laire et non de . Il est évident que les Grecs ces­sèrent, dès cette époque, de croire en leurs dieux, et que les vé­né­rables nées de l’ pri­mi­tive per­dirent toute leur si­gni­fi­ca­tion. Il faut consi­dé­rer la «Bi­blio­thèque» comme un ca­ta­logue de lé­gendes des­sé­chées et conser­vées en her­bier, un in­ven­taire fos­si­lisé. Je ne veux pas nier ici l’utilité de ce genre d’ouvrage; mais quel sa­cri­lège, au point de vue re­li­gieux, de dé­pouiller de tous leurs or­ne­ments et de tout leur éclat les fables qui avaient ins­piré les pro­duc­tions im­mor­telles de la et de l’art, et de les ré­duire à de viles listes de faits, lieux, al­liances et fi­lia­tions, «qui res­semblent aux mythes pri­mi­tifs comme de vieilles en pa­pier, jau­nies et en­fu­mées, res­semblent aux fleurs des champs» 2.

  1. En «Βιϐλιοθήκη». Icône Haut
  1. Er­nest Re­nan, «Les Re­li­gions de l’». Icône Haut

Tarsusi, « Alexandre le Grand en Iran : le “Dârâb Nâmeh” »

éd. de Boccard, coll. Persika, Paris

éd. de Boc­card, coll. Per­sika, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Livre de Dâ­râb» («Dâ­râb Nâ­meh» 1) d’Abu Tâ­her Tar­susi 2, col­lec­tion in­di­geste et confuse de per­sanes sur (XIe-XIIe siècle). Bien que le titre de cette col­lec­tion fasse ré­fé­rence au roi Dâ­râb (c’est-à-dire Da­rius), au­quel est consa­cré le pre­mier tiers du livre, il s’agit, pour les deux autres tiers, d’un d’Alexandre le Grand; car, dans le «Livre de Dâ­râb», ce vain­queur des na­tions est fils de Dâ­râb, et non de Phi­lippe II, ce qui fait de lui un hé­ri­tier lé­gi­time des rois perses. Par ailleurs, in­dé­pen­dam­ment des que le «Livre de Dâ­râb» lui prête, il est constam­ment éclipsé par sa femme, l’Iranienne Bu­rân­do­kht. «L’inclusion d’Alexandre dans la li­gnée lé­gi­time des rois perses a été ex­pli­quée comme une fa­çon de sau­ve­gar­der et de ma­gni­fier l’identité na­tio­nale, sous la », rap­pelle Mme Ève Feuille­bois-Pie­ru­nek 3. On ne pos­sède au­cun ren­sei­gne­ment sur l’auteur. Son nom de re­la­tion, Tar­susi, et sa va­riante, Tar­tusi, ont donné lieu à dif­fé­rentes conjec­tures. Cer­tains ont dit que ce com­pi­la­teur in­fa­ti­gable de lé­gendes au­rait émi­gré de la Perse au , à Tarse (dans l’actuelle ) ou alors à Tar­tous (dans l’actuelle ). D’autres ont dit qu’il au­rait fait le che­min in­verse. Le cadre de son «Livre de Dâ­râb» est em­prunté au cha­pitre consa­cré à Alexandre dans «Le Livre des rois» de Fir­dousi; mais il est rem­pli et en­flé par une masse énorme de tra­di­tions se­con­daires, qui nous trans­portent en pleine , et où le cé­lèbre conqué­rant est fi­guré tour à tour comme ins­truit ou igno­rant, brave ou pol­tron, pro­phète mu­sul­man ou fils . De toute évi­dence, ne pou­vant pas ou ne vou­lant pas consul­ter les his­to­rio­graphes grecs et la­tins, Tar­susi s’est borné à re­cueillir les fables in­di­gènes, sans se mettre en peine de re­cher­cher si elles of­fraient ou non un ca­rac­tère de et de co­hé­rence. Il n’a tenu au­cun compte de la . Des lam­beaux de po­pu­laires ont été réunis bout à bout, sans choix, sans exa­men. Des pays, sé­pa­rés dans la par de grandes aires géo­gra­phiques, ont été mê­lés en­semble d’une fa­çon ab­surde. Se­lon un pas­sage, Alexandre, aban­donné par sa mère, est re­cueilli par «Aris­tote le Ro­main» qui vit en sa­vant as­cète dans la mon­tagne d’Altın («» en ), au pied de la­quelle se trouve la ville d’Alexandrette qui donne son nom… à Alexandre. Se­lon un autre pas­sage, Alexandre fait un jour en­chaî­ner et en­fer­mer ; alors, une prière que ce­lui-ci adresse à Al­lah a pour ef­fet im­mé­diat de faire ou­blier à Alexandre toutes les connais­sances qu’il pos­sède, au point «qu’après cela, il ne put lire un seul mot sur une feuille de pa­pier ni in­ter­pré­ter un seul rêve» 4. Tels sont quelques-uns des contes de bas étage qui com­posent cet ou­vrage, et que l’ ne me per­met pas d’énumérer.

  1. En «داراب‌‌نامه». Par­fois trans­crit «Dārāb-nāme» ou «Da­rab-nama». Icône Haut
  2. En per­san ابوطاهر طرسوسی. Par­fois trans­crit Abū Ṭāhir Ṭarsūsī. Icône Haut
  1. «Les Fi­gures d’Alexandre dans la ». Icône Haut
  2. p. 132. Icône Haut

Nosaka, « Contes de guerre »

éd. du Seuil, Paris

éd. du Seuil, Pa­ris

Il s’agit des « de » («Sensô dô­wa­shû» 1) de M.  2, écri­vain de ta­lent, mais qui, har­celé par le sen­ti­ment de , a semé dans presque toutes les pages de ses ré­cits l’obscénité la plus gro­tesque et la plus ani­male. Ce sen­ti­ment de culpa­bi­lité est né en lui au len­de­main de la Se­conde Guerre mon­diale, quand il a vu mou­rir sa sœur âgée d’un an et quatre mois, toute dé­char­née après des mois de fa­mine : «Quand je pense com­ment ma sœur, qui n’avait plus que les os et la peau, ne par­ve­nait plus à re­le­ver la tête ni même à pleu­rer, com­ment elle mou­rut seule, com­ment en­fin il ne res­tait que des cendres après sa cré­ma­tion, je me rends compte que j’avais été trop pré­oc­cupé par ma propre sur­vie. Dans les hor­reurs de la fa­mine, j’avais mangé ses parts de nour­ri­ture» 3. Son tra­vail d’écrivain s’est en­tiè­re­ment construit sur cette qu’il a ce­pen­dant tra­ves­tie, nar­rée en se fai­sant plai­sir à lui-même, dans «La Tombe des lu­cioles». Car, en , il n’était pas aussi tendre que l’adolescent du ré­cit. Il était cruel : c’est en man­geant le dû de sa sœur qu’il a sur­vécu, et c’est en re­fou­lant cette qu’il a écrit «La Tombe des lu­cioles» qui lui a per­mis par la suite de ga­gner sa  : «J’ai tri­ché avec cette — la plus grande, je crois, qui se puisse ima­gi­ner — celle d’[un pa­rent plongé] dans l’incapacité de nour­rir son en­fant. Et qui suis plu­tôt d’un na­tu­rel al­lègre, j’en garde une dette, une bles­sure pro­fonde, même si les sou­ve­nirs à la longue s’estompent» 4. C’est cette bles­sure in­fec­tée, sa­tu­rée d’odeurs nau­séa­bondes, que M. No­saka ouvre au dans ses ré­cits et qu’il met sous le nez de son pu­blic, en criant aussi haut qu’il peut, la bouche en­core amère des ab­sinthes hu­maines : Re­gar­dez!

  1. En ja­po­nais «戦争童話集». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 野坂昭如. Icône Haut
  1. Akiyuki No­saka, «五十歩の距離» («La Dis­tance de cin­quante pas»), in­édit en . Icône Haut
  2. Phi­lippe Pons, «“Je garde une bles­sure pro­fonde” : un en­tre­tien avec le ro­man­cier». Icône Haut

Galland, « Les “Mille et une Nuits” : contes arabes. Tome III »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Mille et une Nuits» («Alf layla wa-layla» 1), arabes. Ra­re­ment, la de la et les de l’ ont été dé­pen­sés dans une œuvre avec plus de pro­di­ga­lité; et ra­re­ment, une œuvre a eu une réus­site plus écla­tante que celle des «Mille et une Nuits» de­puis qu’elle a été trans­por­tée en par l’orientaliste An­toine Gal­land au com­men­ce­ment du XVIIIe siècle. De là, elle a im­mé­dia­te­ment rem­pli le de sa re­nom­mée, et de­puis, son n’a fait que croître de jour en jour, sans souf­frir ni des ca­prices de la ni du chan­ge­ment des goûts. Quelle ex­tra­or­di­naire fé­con­dité dans ces contes! Quelle va­riété! Avec quel in­épui­sable in­té­rêt on suit les en­chan­te­resses de Sind­bad le Ma­rin ou les mer­veilles opé­rées par la lampe d’Aladdin : «C’est dans l’ même que l’enfance du genre hu­main se montre avec toute sa grâce et toute sa naï­veté», dit Édouard Gaut­tier d’Arc 2. «On y cher­che­rait en vain ou ces teintes mé­lan­co­liques du Nord, ou ces al­lu­sions sé­rieuses et pro­fondes [des] Grecs. [Ici], on voit que l’imagination ne s’est mise en œuvre que pour se créer à elle-même des plai­sirs… Ces gé­nies qu’elle a pro­duits, vont ré­pan­dant par­tout les perles, l’, les dia­mants; ils élèvent en un ins­tant des su­perbes; ils livrent à ce­lui qu’ils fa­vo­risent, des hou­ris 3 en­chan­te­resses; ils l’accablent, en un mot, de toutes les jouis­sances, sans qu’il se donne au­cune peine pour les ac­qué­rir. Il faut aux Orien­taux un fa­cile et com­plet; ils le veulent sans nuages, comme le qui les éclaire.»

  1. En «ألف ليلة وليلة». Au­tre­fois trans­crit «Alef léï­lét oué-léï­lét», «Alef lei­let we lei­let», «Alef leila wa leila» ou «Alf laila wa-laila». Icône Haut
  2. Pré­face à l’édition de 1822-1823. Icône Haut
  1. Beau­tés cé­lestes qui, se­lon le , se­ront les épouses des fi­dèles. Icône Haut

García Márquez, « Douze Contes vagabonds »

éd. Grasset-Librairie générale française, coll. Le Livre de poche, Paris

éd. Gras­set-Li­brai­rie gé­né­rale fran­çaise, coll. Le Livre de poche, Pa­ris

Il s’agit de «Douze » («Doce Cuen­tos per­egri­nos») de M.  (XXe-XXIe siècle). Au point de dé­part des œuvres de M. García Már­quez, il y a Ma­condo, ce vil­lage my­thique de l’ la­tine, qui res­semble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce vil­lage qui, à l’origine, n’était qu’«une ruelle avec une ri­vière à l’une de ses ex­tré­mi­tés» 1 et qui, suite à la ba­na­nière, aux puan­teurs, à la vo­ra­cité, à la cor­rup­tion ame­nées par la Uni­ted Fruit Com­pany, se trans­forma en une de ces in­fâmes de So­dome et Go­morrhe «qui ont cessé de rendre ser­vice à la créa­tion» 2. Vers 1910, quand les Yan­kees y dé­bar­quèrent pour la pre­mière fois, avec leurs lan­gou­reuses épouses por­tant de grands cha­peaux de gaze, nul ne sa­vait en­core ce que ces nou­veaux ve­nus ve­naient y cher­cher. Do­tés de moyens au­tre­fois ré­ser­vés à , les Yan­kees mo­di­fièrent le ré­gime des pluies, pré­ci­pi­tèrent le cycle des ré­coltes et firent sor­tir la ri­vière du lit qu’elle oc­cu­pait de­puis tou­jours. Et pour qu’ils pussent trou­ver dans cet en­droit toute la di­gnité due à de beaux et riches sei­gneurs, et qu’ils n’eussent pas à en­du­rer la , l’insalubrité, les pri­va­tions du vil­lage, ils s’en bâ­tirent un autre, avec des rues bor­dées de pal­miers, avec des mai­sons aux fe­nêtres grilla­gées, aux pis­cines -tur­quoise et aux pe­louses pleines de cailles et de paons. Au­tour de ce pa­ra­dis de rêve s’étendait, comme au­tour d’un pou­lailler, une clô­ture élec­tri­fiée, sur­pro­té­gée par les rondes in­ces­santes de ar­més de fu­sils et de chiens de garde. De l’autre côté, les cam­pe­ments où s’entassaient les mil­liers d’ouvriers de la com­pa­gnie ba­na­nière n’étaient que de mi­nables abris à toit de palme, mon­tés sur des pieux et sans murs où, la , des nuées de mous­tiques ache­vaient la sai­gnée des ex­ploi­tés. Pour ces ou­vriers qui ar­ri­vaient sans maî­tresses, les Yan­kees firent amé­na­ger des bor­dels en­core plus vastes que le vil­lage, «et par un glo­rieux mer­credi, ils firent ve­nir tout un convoi d’inimaginables pu­tains, fe­melles ba­by­lo­niennes rom­pues à des pro­cé­dés im­mé­mo­riaux et pour­vues de toutes sortes d’onguents et ac­ces­soires pour sti­mu­ler les désar­més, dé­gour­dir les ti­mides, as­sou­vir les vo­races» 3. La pu­tas­se­rie s’étendit à cer­taines fa­milles na­tives, dont les fi­nirent par se vendre au contre­maître en­jô­leur pour quelques pe­sos.

  1. En «un cal­le­jón con un río en un ex­tremo». Icône Haut
  2. En es­pa­gnol «que han de­jado de pres­tar ser­vi­cio a la crea­ción». Icône Haut
  1. En es­pa­gnol «y un miér­coles de glo­ria, lle­va­ron un tren car­gado de pu­tas in­ve­rosí­miles, hem­bras ba­biló­ni­cas adies­tra­das en re­cur­sos in­me­mo­riales, y pro­vis­tas de toda clase de ungüen­tos y dis­po­si­ti­vos para es­ti­mu­lar a los inermes, des­pa­bi­lar a los tí­mi­dos, sa­ciar a los vo­races». Icône Haut