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Lessing, « Théâtre complet. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «Na­than le » («Na­than der Weise») et autres pièces de de , écri­vain hos­tile aux conven­tions en vogue, aux pré­ju­gés de classe, à l’esprit de ser­vi­lité et de rou­tine, à tout ce qui pa­ra­ly­sait le (XVIIIe siècle). Sans être le plus grand d’entre les plus grands, ce­lui qui a mé­rité que Henri Heine dise de lui : «Les­sing, de tous les , est ce­lui que je ché­ris le plus» 1 a cer­tai­ne­ment le d’être consi­déré comme l’un des de cette triom­phante où, se­lon le mot de la ba­ronne de Staël 2, «[même] les du se­cond et du troi­sième ordre ont en­core des connais­sances as­sez ap­pro­fon­dies pour être ailleurs». Il fut tour à tour phi­lo­sophe, , tra­duc­teur, dra­ma­turge, fa­bu­liste, se­cré­taire d’un gé­né­ral, bi­blio­thé­caire d’un duc, ou­vrant dans toutes les di­rec­tions des voies nou­velles, pour­sui­vant par­tout la . Car Les­sing eut une pas­sion pour la vé­rité. Il la cher­cha «avec ca­rac­tère, avec éner­gique constance», comme dit Gœthe 3, et il eut même plus de à la cher­cher qu’à la trou­ver, comme le chas­seur qui prend plus de plai­sir à cou­rir le lièvre qu’à l’attraper. «Si », dit Les­sing 4, «te­nait dans sa main droite toutes les vé­ri­tés et dans sa main gauche l’effort in­fa­ti­gable vers la vé­rité… et qu’il me di­sait : “Choi­sis!”, je m’inclinerais avec déses­poir vers sa main gauche, en lui di­sant : “Père, donne! La pure vé­rité n’est que pour toi seul!”» Tel Lu­ther, Les­sing fut un éman­ci­pa­teur, qui ne se conten­tait pas de sa per­son­nelle, mais qui sou­hai­tait éga­le­ment celle de ses lec­teurs. Il pen­sait tout haut de­vant eux et leur don­nait en­vie de pen­ser. Il es­ti­mait qu’ils étaient non moins ha­biles que lui à gé­rer leurs opi­nions et leurs goûts. «La li­berté fut l’ de tous ses ou­vrages; on ci­te­rait dif­fi­ci­le­ment une ligne de lui qui ne vise quelque ser­vi­tude», ex­plique Vic­tor Cher­bu­liez 5. En , il lutta pour l’avènement d’une re­li­gion hu­ma­ni­taire et uni­ver­selle. Il ima­gina une grande hu­maine, une de tous les croyants unis plu­tôt dans la pra­tique de la que dans celle du culte. En lit­té­ra­ture, il af­fran­chit son pays de la ri­gi­dité, de l’imitation ser­vile. Jusque-là, on n’avait joué sur la scène al­le­mande que des de pièces fran­çaises, elles-mêmes imi­tées du ; il fit voir le ri­di­cule de cette fausse , em­prun­tée de se­conde main. Il contri­bua au contraire à ré­vé­ler au pu­blic les tra­gé­dies de Sha­kes­peare, dont le ca­rac­tère ter­rible avait in­fi­ni­ment plus de rap­port avec ce­lui des Al­le­mands. Il as­sura que Sha­kes­peare seul pou­vait sus­ci­ter un théâtre ori­gi­nal et po­pu­laire; et que, si Sha­kes­peare igno­rait Aris­tote, que Cor­neille avait si bien étu­dié, des deux tra­gé­diens c’est Sha­kes­peare qui l’avait le mieux suivi! Ce­pen­dant, quels que fussent les pa­ra­doxes aux­quels Les­sing se laissa en­traî­ner par l’ardeur et par les né­ces­si­tés de la contro­verse, il sema des neuves, des aper­çus fé­conds.

  1. Heine, «De l’Allemagne. Tome I», p. 204. Icône Haut
  2. Staël, «De l’Allemagne», part. 3, ch. VII. Icône Haut
  3. En al­le­mand «durch sei­nen Cha­rak­ter, durch sein Fes­thal­ten». Icône Haut
  1. «Eine Du­plik» («Une Du­plique»), in­édit en . Icône Haut
  2. «Études de lit­té­ra­ture et d’art», p. 20. Icône Haut

Lessing, « L’Éducation du genre humain, “Die Erziehung des Menschengeschlechts” »

éd. Aubier-Montaigne, coll. bilingue des classiques étrangers, Paris

éd. Au­bier-Mon­taigne, coll. bi­lingue des clas­siques , Pa­ris

Il s’agit de «L’Éducation du genre hu­main» 1Die Er­zie­hung des Men­schen­ges­chlechts») de , écri­vain hos­tile aux conven­tions en vogue, aux pré­ju­gés de classe, à l’esprit de ser­vi­lité et de rou­tine, à tout ce qui pa­ra­ly­sait le (XVIIIe siècle). Sans être le plus grand d’entre les plus grands, ce­lui qui a mé­rité que Henri Heine dise de lui : «Les­sing, de tous les al­le­mands, est ce­lui que je ché­ris le plus» 2 a cer­tai­ne­ment le d’être consi­déré comme l’un des de cette triom­phante où, se­lon le mot de la ba­ronne de Staël 3, «[même] les écri­vains du se­cond et du troi­sième ordre ont en­core des connais­sances as­sez ap­pro­fon­dies pour être ailleurs». Il fut tour à tour phi­lo­sophe, , tra­duc­teur, dra­ma­turge, fa­bu­liste, se­cré­taire d’un gé­né­ral, bi­blio­thé­caire d’un duc, ou­vrant dans toutes les di­rec­tions des voies nou­velles, pour­sui­vant par­tout la . Car Les­sing eut une pas­sion pour la vé­rité. Il la cher­cha «avec ca­rac­tère, avec éner­gique constance», comme dit Gœthe 4, et il eut même plus de à la cher­cher qu’à la trou­ver, comme le chas­seur qui prend plus de plai­sir à cou­rir le lièvre qu’à l’attraper. «Si », dit Les­sing 5, «te­nait dans sa main droite toutes les vé­ri­tés et dans sa main gauche l’effort in­fa­ti­gable vers la vé­rité… et qu’il me di­sait : “Choi­sis!”, je m’inclinerais avec déses­poir vers sa main gauche, en lui di­sant : “Père, donne! La pure vé­rité n’est que pour toi seul!”» Tel Lu­ther, Les­sing fut un éman­ci­pa­teur, qui ne se conten­tait pas de sa per­son­nelle, mais qui sou­hai­tait éga­le­ment celle de ses lec­teurs. Il pen­sait tout haut de­vant eux et leur don­nait en­vie de pen­ser. Il es­ti­mait qu’ils étaient non moins ha­biles que lui à gé­rer leurs opi­nions et leurs goûts. «La li­berté fut l’ de tous ses ou­vrages; on ci­te­rait dif­fi­ci­le­ment une ligne de lui qui ne vise quelque ser­vi­tude», ex­plique Vic­tor Cher­bu­liez 6. En , il lutta pour l’avènement d’une re­li­gion hu­ma­ni­taire et uni­ver­selle. Il ima­gina une grande hu­maine, une de tous les croyants unis plu­tôt dans la pra­tique de la que dans celle du culte. En lit­té­ra­ture, il af­fran­chit son pays de la ri­gi­dité, de l’imitation ser­vile. Jusque-là, on n’avait joué sur la scène al­le­mande que des de pièces fran­çaises, elles-mêmes imi­tées du ; il fit voir le ri­di­cule de cette fausse , em­prun­tée de se­conde main. Il contri­bua au contraire à ré­vé­ler au pu­blic les tra­gé­dies de Sha­kes­peare, dont le ca­rac­tère ter­rible avait in­fi­ni­ment plus de rap­port avec ce­lui des Al­le­mands. Il as­sura que Sha­kes­peare seul pou­vait sus­ci­ter un ori­gi­nal et po­pu­laire; et que, si Sha­kes­peare igno­rait Aris­tote, que Cor­neille avait si bien étu­dié, des deux tra­gé­diens c’est Sha­kes­peare qui l’avait le mieux suivi! Ce­pen­dant, quels que fussent les pa­ra­doxes aux­quels Les­sing se laissa en­traî­ner par l’ardeur et par les né­ces­si­tés de la contro­verse, il sema des neuves, des aper­çus fé­conds.

  1. Par­fois tra­duit «L’Éducation de l’». Icône Haut
  2. Heine, «De l’Allemagne. Tome I», p. 204. Icône Haut
  3. Staël, «De l’Allemagne», part. 3, ch. VII. Icône Haut
  1. En al­le­mand «durch sei­nen Cha­rak­ter, durch sein Fes­thal­ten». Icône Haut
  2. «Eine Du­plik» («Une Du­plique»), in­édit en . Icône Haut
  3. «Études de lit­té­ra­ture et d’art», p. 20. Icône Haut

Térence, « Les Comédies »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des six «Co­mé­dies» («Co­mœ­diæ») de Té­rence 1, dra­ma­turge , qui na­quit dans la condi­tion la plus vile et la plus dé­tes­table — celle d’esclave. Sans et sans nom, il était dé­si­gné sous le sur­nom d’Afer («l’Africain»), ce qui per­met de sup­po­ser qu’il était Car­tha­gi­nois de nais­sance. Ce­pen­dant, la pu­reté de son — pu­reté ad­mi­rée par ses contem­po­rains — prouve que, s’il n’est pas né à , il y fut amené dès sa plus tendre en­fance. Acheté ou reçu en pré­sent par un riche sé­na­teur, Te­ren­tius Lu­ca­nus, il fut élevé par ce der­nier avec un grand soin et af­fran­chi de bonne heure. Cet acte gé­né­reux porta à Te­ren­tius Lu­ca­nus. Le nom du jeune af­fran­chi, Té­rence, ren­dit im­mor­tel ce­lui du vieux maître. C’était le IIe siècle av. J.-C. — le siècle où, se­lon le mot d’Horace, «la , vain­cue par les , triom­phait de ses vain­queurs par ses charmes et por­tait les dans la sau­vage » 2. La grecque était plus que ja­mais à l’. Té­rence y fut ini­tié, comme tous les brillants aris­to­crates qui fré­quen­taient la mai­son sé­na­to­riale. Ce sont eux sans qui l’encouragèrent vers la lit­té­raire, où ses goûts et ses ta­lents l’entraînaient. Il se tourna donc vers le genre de la athé­nienne, et sur­tout de la co­mé­die , ap­pe­lée la «pal­liata». Ses six pièces sont toutes imi­tées de Mé­nandre et d’Apollodore de Ca­ryste; elles sont grecques par l’intrigue, par la , par le ca­rac­tère des , par le titre même. Après les avoir don­nées sur le de Rome, Té­rence par­tit pour la Grèce afin d’étudier d’encore plus près les mœurs de cette contrée dont il re­pro­dui­sait l’esprit sur la scène. Com­bien de dura ce voyage? Té­rence par­vint-il à Athènes? On l’ignore. Ce qu’il y a de cer­tain, c’est qu’il ne re­vint ja­mais. Et comme on veut tou­jours don­ner quelque cause ex­tra­or­di­naire à la dis­pa­ri­tion d’un grand per­son­nage, on n’a pas man­qué d’attribuer celle de Té­rence au que lui au­rait causé la perte de cent huit lors d’un nau­frage : re­cueilli par de gens, le res­capé se­rait tombé ma­lade, et le cha­grin au­rait hâté sa der­nière heure.

  1. En la­tin Pu­blius Te­ren­tius Afer. Au­tre­fois trans­crit Thé­rence. Icône Haut
  1. «Épîtres», liv. II, poème 1, v. 156-157. Icône Haut

Rimbaud, « Œuvres : des Ardennes au désert »

éd. Pocket, coll. Pocket classiques, Paris

éd. Po­cket, coll. Po­cket clas­siques, Pa­ris

Il s’agit d’Arthur Rim­baud, poète (XIXe siècle). Les bê­tises se sont ac­cu­mu­lées sur le compte de Rim­baud, mais peut-être qu’il est cou­pable de les avoir per­mises, et de ne pas avoir rendu im­pos­sibles cer­taines in­ter­pré­ta­tions ex­tra­va­gantes, en se plai­sant, dans la se­conde par­tie de son œuvre, à faire des phrases sans suite, des phrases d’un es­prit fou, dé­tra­qué, dé­ré­glé, des phrases dont il se ré­ser­vait la tra­duc­tion, et dont il di­sait : «Ça dit ce que ça dit, lit­té­ra­le­ment et dans tous les sens» 1; «Je no­tais l’inexprimable, je fixais des ver­tiges» 2; «J’ai seul la clef de cette pa­rade sau­vage» 3; etc. Mais nous n’avons pas en­vie de nous dé­cou­ra­ger d’avance. Nous avons en­vie, au contraire, de sa­voir, très dé­ci­dé­ment, à quoi nous en te­nir sur cette se­conde par­tie si contro­ver­sée. La bonne est d’aller pas à pas, com­men­çant par le viol de Rim­baud. Et d’abord, qu’est-ce qui per­met de par­ler de viol? Un de ses poèmes le per­met, qui porte le titre du «Cœur v[i]olé», et qui re­pro­duit, avec des mots qui ne s’inventent pas, les scènes abo­mi­nables aux­quelles Rim­baud a été obligé de se sou­mettre sous la des ignobles in­di­vi­dus au mi­lieu des­quels il s’est trouvé en pleine Com­mune de Pa­ris (mai 1871), lui si jeune :

«Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur cou­vert de ca­po­ral :
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe :
Sous les quo­li­bets de la troupe
Qui pousse un gé­né­ral,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur cou­vert de ca­po­ral!
Ithy­phal­liques et piou­piesques,
Leurs quo­li­bets l’ont dé­pravé!
», etc.

  1. À sa mère, à pro­pos d’«Une Sai­son en en­fer». Icône Haut
  2. « du Verbe». Icône Haut
  1. «Pa­rade». Icône Haut

Catulle, « Les Poésies »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Ca­tulle 1, poète (Ie siècle av. J.-C.), qui s’est es­sayé dans tous les genres, de­van­çant Vir­gile dans l’, Ho­race dans l’ode, Ovide, Ti­bulle, Pro­perce dans l’élégie amou­reuse, Mar­tial dans l’épigramme et ce que nous ap­pe­lons la lé­gère. Sous un air de sim­pli­cité ex­trême, et ne for­mant pas cent pages, son pe­tit livre, ce «nou­vel en­fant d’une muse ba­dine» comme il l’appelle 2, est une an­nonce com­plète, une sorte de pré­lude à toute la poé­sie du siècle d’Auguste. On se gé­né­ra­le­ment que les Ro­mains de cette époque étaient le le plus po­licé de l’; c’est une er­reur grave, que les poé­sies de Ca­tulle suf­fi­raient au be­soin pour dé­men­tir. En­ri­chis tout à coup par les dé­pouilles des peuples qu’ils avaient conquis, les Ro­mains pas­sèrent, sans tran­si­tion, de la sé­vère des camps aux dé­rè­gle­ments des dé­bauches, des fes­tins, de toutes les dé­penses, et aux ex­cès les plus cra­pu­leux. Sal­luste écrit 3 : «Dès que les ri­chesses eurent com­mencé à être ho­no­rées… la per­dit son , la de­vint un op­probre, et l’antique sim­pli­cité fut ée comme une af­fec­ta­tion mal­veillante. Par les ri­chesses, on a vu se ré­pandre parmi notre , avec l’, la dé­bauche et la cu­pi­dité; puis… la pro­di­ga­lité de son pa­tri­moine, la convoi­tise de la for­tune d’, l’entier mé­pris de l’, de la pu­di­cité, des choses di­vines et hu­maines… Les hommes se pros­ti­tuaient comme des , et les femmes af­fi­chaient leur im­pu­di­cité». C’est au mi­lieu de cette mi-bar­bare, mi-ci­vi­li­sée que vé­cut notre poète. Ami de tous les plai­sirs et de la bonne chère, joyeux vi­veur de la grande ville, amant vo­lage de ces beau­tés vé­nales pour les­quelles se rui­nait la jeu­nesse d’alors, il se vit obligé de mettre en gage ses biens pour s’adonner aux charmes dan­ge­reux de la pas­sion amou­reuse. Dans un mor­ceau cé­lèbre, tout à coup il s’interrompt et se re­proche le mau­vais usage qu’il fait de ses loi­sirs. Il se dit à lui-même : «Prends-y garde, Ca­tulle, [tes loi­sirs] te se­ront fu­nestes. Ils ont pris trop d’empire sur ton . N’oublie pas qu’ils ont perdu les rois et les Em­pires»

  1. En la­tin Gaius Va­le­rius Ca­tul­lus. Icône Haut
  2. p. 3. Icône Haut
  1. «Conju­ra­tion de Ca­ti­lina», ch. XII. Icône Haut

Bestoujev, « Ammalat-beg : histoire caucasienne »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Am­ma­lat-beg» 1 d’ 2, nou­vel­liste au bouillant et ora­geux, créa­teur de la (XIXe siècle). Son père, qui pu­bliait la «Re­vue de Saint-Pé­ters­bourg» («Sankt-Pe­ter­bourg­ski jour­nal» 3), le fit en­trer tout jeune à l’école mi­li­taire. À cette époque se for­mait le cercle du mou­ve­ment ré­vo­lu­tion­naire les , et Bes­tou­jev en de­vint bien­tôt l’un des . L’ de la na­po­léo­nienne sur ce mou­ve­ment a été très bien ex­pli­ci­tée par Bes­tou­jev lui-même dans sa lettre au tsar Ni­co­las : «Na­po­léon en­va­hit la , et c’est alors que le russe sen­tit pour la pre­mière fois sa puis­sance; c’est alors que na­quit et s’éveilla dans tous les cœurs le sen­ti­ment de l’indépendance, d’abord et en­suite po­pu­laire. Voilà l’origine de la libre en Rus­sie!» 4 Les dé­cem­bristes étaient ceux qui, à la du tsar Alexandre, en dé­cembre 1825, crurent le mo­ment venu de pro­cla­mer la . Ils étaient trop en avance sur leur et sur leur mi­lieu pour être sui­vis; trop pour réus­sir. Le tsar Ni­co­las en vint à bout fa­ci­le­ment. Les uns furent pen­dus, les autres és. Bes­tou­jev fut dans ce der­nier cas. C’était un brillant ca­pi­taine de deuxième rang du ré­gi­ment de . Il avait vingt-sept ans et il ve­nait d’être condamné à vingt ans de tra­vaux for­cés au . Chez toute autre per­sonne dont les de avaient fait place à une mar­quée par les chaînes et la pri­son, on au­rait pu s’attendre à trou­ver un cer­tain déses­poir, ou pour le moins, un abat­te­ment. Ce fut le contraire chez Bes­tou­jev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la pé­riode très dure, mais ex­tra­or­di­nai­re­ment fé­conde qui sui­vit sa condam­na­tion.

  1. En russe «Аммалат-бек». Par­fois trans­crit «Am­ma­lat-bek». Icône Haut
  2. En russe Александр Бестужев. Par­fois trans­crit Bes­tou­jef, Bes­tou­chef, Bes­tu­schew, Bes­tuz­heff, Bes­tuz­hev ou Bes­tužev. Icône Haut
  1. En russe «Санкт-Петербургский журнал». Icône Haut
  2. Dans Ros­ti­slav Plet­nev, « sur la ; tra­duit par Mme Zé­naïde Trou­bets­koï» (éd. Presses de l’Université de Mont­réal, Mont­réal). Icône Haut

Bestoujev, « L’Examen »

dans « Les Drames intimes : contes russes » (XIXᵉ siècle), p. 173-262

dans «Les Drames in­times : russes» (XIXe siècle), p. 173-262

Il s’agit de l’«L’Examen» («Is­pi­ta­nie» 1) d’ 2, nou­vel­liste au bouillant et ora­geux, créa­teur de la (XIXe siècle). Son père, qui pu­bliait la «Re­vue de Saint-Pé­ters­bourg» («Sankt-Pe­ter­bourg­ski jour­nal» 3), le fit en­trer tout jeune à l’école mi­li­taire. À cette époque se for­mait le cercle du mou­ve­ment ré­vo­lu­tion­naire les , et Bes­tou­jev en de­vint bien­tôt l’un des . L’ de la na­po­léo­nienne sur ce mou­ve­ment a été très bien ex­pli­ci­tée par Bes­tou­jev lui-même dans sa lettre au tsar Ni­co­las : «Na­po­léon en­va­hit la , et c’est alors que le russe sen­tit pour la pre­mière fois sa puis­sance; c’est alors que na­quit et s’éveilla dans tous les cœurs le sen­ti­ment de l’indépendance, d’abord et en­suite po­pu­laire. Voilà l’origine de la libre en Rus­sie!» 4 Les dé­cem­bristes étaient ceux qui, à la du tsar Alexandre, en dé­cembre 1825, crurent le mo­ment venu de pro­cla­mer la . Ils étaient trop en avance sur leur et sur leur mi­lieu pour être sui­vis; trop pour réus­sir. Le tsar Ni­co­las en vint à bout fa­ci­le­ment. Les uns furent pen­dus, les autres és. Bes­tou­jev fut dans ce der­nier cas. C’était un brillant ca­pi­taine de deuxième rang du ré­gi­ment de . Il avait vingt-sept ans et il ve­nait d’être condamné à vingt ans de tra­vaux for­cés au . Chez toute autre per­sonne dont les de avaient fait place à une mar­quée par les chaînes et la pri­son, on au­rait pu s’attendre à trou­ver un cer­tain déses­poir, ou pour le moins, un abat­te­ment. Ce fut le contraire chez Bes­tou­jev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la pé­riode très dure, mais ex­tra­or­di­nai­re­ment fé­conde qui sui­vit sa condam­na­tion.

  1. En russe «Испытание». Par­fois trans­crit «Is­py­ta­nie». Icône Haut
  2. En russe Александр Бестужев. Par­fois trans­crit Bes­tou­jef, Bes­tou­chef, Bes­tu­schew, Bes­tuz­heff, Bes­tuz­hev ou Bes­tužev. Icône Haut
  1. En russe «Санкт-Петербургский журнал». Icône Haut
  2. Dans Ros­ti­slav Plet­nev, « sur la ; tra­duit par Mme Zé­naïde Trou­bets­koï» (éd. Presses de l’Université de Mont­réal, Mont­réal). Icône Haut

La Bruyère, « Les Caractères, ou les Mœurs de ce siècle »

éd. Le Cercle du bibliophile, coll. Les Classiques immortels, Évreux

éd. Le Cercle du bi­blio­phile, coll. Les Clas­siques im­mor­tels, Évreux

Il s’agit des «Ca­rac­tères» de Jean de La Bruyère 1, écri­vain (XVIIe siècle), qui consuma sa à ob­ser­ver les hommes, et qui s’ingénia à nous mon­trer tout ce qui se ca­chait de va­nité, de pe­ti­tesse ou de cal­cul mes­quin sous leurs al­lures im­por­tantes et leurs titres pom­peux. «Il n’y a presque point de [tour­nure] dans l’ qu’on ne trouve dans La Bruyère; et [s’il y manque] quelque chose, ce ne sont pas cer­tai­ne­ment les ex­pres­sions, qui sont d’une force in­fi­nie et tou­jours les plus propres et les plus pré­cises qu’on puisse em­ployer», dit un  2. En ef­fet, La Bruyère est un des meilleurs pro­sa­teurs dans au­cune . Il l’est par sa com­po­si­tion, qui fond avec art deux genres qui jouis­saient alors d’une grande fa­veur : les et les . Mais il l’est sur­tout par son , par son choix de mots non seule­ment très juste, mais né­ces­saire; il dit lui-même qu’«entre toutes les dif­fé­rentes ex­pres­sions qui peuvent rendre une seule de nos pen­sées, il n’y en a qu’une qui soit la bonne» 3 : cette ex­pres­sion unique, La Bruyère sait la trou­ver et lui don­ner la place où elle aura le plus d’éclat. Émile Lit­tré, l’auteur du cé­lèbre «Dic­tion­naire de la langue fran­çaise», dit à ce su­jet : «Vou­lez-vous faire un in­ven­taire des ri­chesses de notre langue; en vou­lez-vous connaître tous les tours, tous les mou­ve­ments, toutes les fi­gures, toutes les res­sources? Il n’est pas né­ces­saire de re­cou­rir à cent vo­lumes; li­sez et re­li­sez La Bruyère». Tout vit et tout s’anime sous la plume de La Bruyère; tout parle à notre ; il nous dit en une phrase ce qu’un autre ne nous dit pas cor­rec­te­ment en une tren­taine; il brille sur­tout dans l’emploi in­gé­nieux et dé­tourné qu’il sait faire des mots de l’usage cou­rant. «La vé­ri­table gran­deur», dit-il 4, «se laisse “tou­cher” et “ma­nier”; elle ne perd rien à être “vue de près”». Ou en­core : «Il y a dans quelques … un mé­rite “pai­sible”, mais so­lide, ac­com­pa­gné de mille qu’elles ne peuvent cou­vrir [mal­gré] toute leur mo­des­tie, qui “échappent”, et qui se montrent à “ceux qui ont des yeux”»

  1. On ren­contre aussi la gra­phie La Bruière. Icône Haut
  2. le mar­quis de Vau­ve­nargues. Icône Haut
  1. ch. I, sect. 17. Icône Haut
  2. ch. II, sect. 42. Icône Haut

« Man-yôshû. Livres VII, VIII et IX »

éd. UNESCO-Publications orientalistes de France, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Poètes du Japon, Paris-Aurillac

éd. UNESCO-Pu­bli­ca­tions de , coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives- du , Pa­ris-Au­rillac

Il s’agit du «Man-yô-shû» 1Re­cueil d’une my­riade de feuilles» 2), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du Ja­pon re­pré­sente plus ou moins l’ étran­gère de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Man-yô-shû» et le «Ko­kin-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «万葉集». Par­fois trans­crit «Man­jóšú», «Ma­nyôśû», «Man-yô-siû», «Man-yo-siou», «Ma­nyo­schu», «Ma­nyô­shou», «Ma­nyo­shiu», «Man­nyo­shu» ou «Man­nyo­chou». Icône Haut
  2. Titre obs­cur. «» () veut dire «feuille» ou «gé­né­ra­tion»; de sorte qu’on peut en­tendre soit «Re­cueil de feuilles in­nom­brables», comme celles d’un grand arbre ou d’un grand livre, soit «Re­cueil de toutes les gé­né­ra­tions». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la France. Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Man-yôshû. Livres IV, V et VI »

éd. UNESCO-Publications orientalistes de France, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Poètes du Japon, Paris-Cergy

éd. UNESCO-Pu­bli­ca­tions de , coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives- du , Pa­ris-Cergy

Il s’agit du «Man-yô-shû» 1Re­cueil d’une my­riade de feuilles» 2), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du Ja­pon re­pré­sente plus ou moins l’ étran­gère de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Man-yô-shû» et le «Ko­kin-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «万葉集». Par­fois trans­crit «Man­jóšú», «Ma­nyôśû», «Man-yô-siû», «Man-yo-siou», «Ma­nyo­schu», «Ma­nyô­shou», «Ma­nyo­shiu», «Man­nyo­shu» ou «Man­nyo­chou». Icône Haut
  2. Titre obs­cur. «» () veut dire «feuille» ou «gé­né­ra­tion»; de sorte qu’on peut en­tendre soit «Re­cueil de feuilles in­nom­brables», comme celles d’un grand arbre ou d’un grand livre, soit «Re­cueil de toutes les gé­né­ra­tions». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la France. Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Le Monument poétique de Heian : le “Kokinshû”. Tome II. Chefs-d’œuvre »

éd. P. Geuthner, coll. Yoshino, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Yo­shino, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Ko­kin--shû» 1Re­cueil de poé­sies de ja­dis et na­guère»), plus connu sous le titre abrégé de «Ko­kin-shû» 2Re­cueil de ja­dis et na­guère»), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du re­pré­sente plus ou moins l’ étran­gère de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Ko­kin-shû» et le «Man-yô-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «古今和歌集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn Ouaka Chou». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «古今集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn­chou» ou «Ko­kin­ciou». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la . Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Le Monument poétique de Heian : le “Kokinshû”. Tome I. Préface de Ki no Tsurayuki »

éd. P. Geuthner, coll. Yoshino, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Yo­shino, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Ko­kin--shû» 1Re­cueil de poé­sies de ja­dis et na­guère»), plus connu sous le titre abrégé de «Ko­kin-shû» 2Re­cueil de ja­dis et na­guère»), une des pre­mières com­pi­la­tions de poèmes . Alors que l’antique prose du re­pré­sente plus ou moins l’ de la , l’antique , elle, a quelque chose de pro­fon­dé­ment in­di­gène. De fait, le «Ko­kin-shû» et le «Man-yô-shû» peuvent être qua­li­fiés d’anthologies na­tio­nales du Ja­pon. Il faut re­con­naître que la poé­sie a tou­jours tenu une très grande place dans l’ ja­po­naise, dont elle dé­voile, pour ainsi dire, toute l’intimité. De règne en règne, les ja­po­nais, aux pre­mières de prin­temps comme aux der­nières lunes d’automne, ont convo­qué la suite de leurs cour­ti­sans, et sous l’ des choses, se sont fait pré­sen­ter des poèmes. Parmi ces cour­ti­sans, quelques-uns ont mis leur en pa­ral­lèle avec la fu­mée du mont Fuji, d’autres se sont sou­ve­nus de la loin­taine du mont Otoko, d’autres, en­fin, à voir la ro­sée sur l’herbe, l’écume sur l’, se sont la­men­tés sur leur propre im­per­ma­nence. «La poé­sie du Ya­mato 3 a pour ra­cine le cœur hu­main et pour feuilles des mil­liers de pa­roles», dit Ki no Tsu­rayuki dans sa pré­face au «Ko­kin-shû», qui s’élève à des som­mets ja­mais en­core éga­lés dans la ja­po­naise. «Le a beau al­ler ses étapes; les choses pas­ser; les joies et les tris­tesses croi­ser leurs routes : quand le est là, com­ment cette poé­sie pour­rait-elle pé­rir? S’il est vrai que les ai­guilles du pin durent sans choir ni pé­rir; que les em­preintes des pour long­temps se gravent 4; la poé­sie du Ya­mato [se main­tien­dra pour ja­mais]».

  1. En ja­po­nais «古今和歌集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn Ouaka Chou». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «古今集». Au­tre­fois trans­crit «Ko­kinn­chou» ou «Ko­kin­ciou». Icône Haut
  1. Pour le Ja­pon, le nom du Ya­mato est comme ce­lui de la Gaule pour la . Icône Haut
  2. Al­lu­sion à la lé­gende qui veut que Cang Jie (倉頡) ait in­venté les ca­rac­tères en ob­ser­vant des em­preintes d’oiseaux dans la boue. Icône Haut

« Textes ougaritiques. Tome II. Textes religieux et rituels • Correspondance »

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du Proche-, Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’ 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’ et la sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une , un sys­tème d’ et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous . Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : !», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la , s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le et le ; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du ». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives qu’ils jettent sur la hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les des bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent , de­vant nos yeux, avec une éton­nante . «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des de l’écriture, de la ou de la sé­mi­tique, des croyances des et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du , et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de .»

  1. En رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Icône Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Icône Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Icône Haut