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García Márquez, « Des Feuilles dans la bourrasque »

éd. B. Grasset, Paris

éd. B. Gras­set, Pa­ris

Il s’agit de «Des Feuilles dans la bour­rasque» («La Ho­ja­rasca») de M.  (XXe-XXIe siècle). Au point de dé­part des œuvres de M. García Már­quez, il y a Ma­condo, ce vil­lage my­thique de l’ la­tine, qui res­semble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce vil­lage qui, à l’origine, n’était qu’«une ruelle avec une ri­vière à l’une de ses ex­tré­mi­tés» 1 et qui, suite à la ba­na­nière, aux puan­teurs, à la vo­ra­cité, à la cor­rup­tion ame­nées par la Uni­ted Fruit Com­pany, se trans­forma en une de ces in­fâmes de So­dome et Go­morrhe «qui ont cessé de rendre ser­vice à la créa­tion» 2. Vers 1910, quand les Yan­kees y dé­bar­quèrent pour la pre­mière fois, avec leurs lan­gou­reuses épouses por­tant de grands cha­peaux de gaze, nul ne sa­vait en­core ce que ces nou­veaux ve­nus ve­naient y cher­cher. Do­tés de moyens au­tre­fois ré­ser­vés à , les Yan­kees mo­di­fièrent le ré­gime des pluies, pré­ci­pi­tèrent le cycle des ré­coltes et firent sor­tir la ri­vière du lit qu’elle oc­cu­pait de­puis tou­jours. Et pour qu’ils pussent trou­ver dans cet en­droit toute la di­gnité due à de beaux et riches sei­gneurs, et qu’ils n’eussent pas à en­du­rer la , l’insalubrité, les pri­va­tions du vil­lage, ils s’en bâ­tirent un autre, avec des rues bor­dées de pal­miers, avec des mai­sons aux fe­nêtres grilla­gées, aux pis­cines -tur­quoise et aux pe­louses pleines de cailles et de paons. Au­tour de ce pa­ra­dis de rêve s’étendait, comme au­tour d’un pou­lailler, une clô­ture élec­tri­fiée, sur­pro­té­gée par les rondes in­ces­santes de ar­més de fu­sils et de chiens de garde. De l’autre côté, les cam­pe­ments où s’entassaient les mil­liers d’ouvriers de la com­pa­gnie ba­na­nière n’étaient que de mi­nables abris à toit de palme, mon­tés sur des pieux et sans murs où, la , des nuées de mous­tiques ache­vaient la sai­gnée des ex­ploi­tés. Pour ces ou­vriers qui ar­ri­vaient sans maî­tresses, les Yan­kees firent amé­na­ger des bor­dels en­core plus vastes que le vil­lage, «et par un glo­rieux mer­credi, ils firent ve­nir tout un convoi d’inimaginables pu­tains, fe­melles ba­by­lo­niennes rom­pues à des pro­cé­dés im­mé­mo­riaux et pour­vues de toutes sortes d’onguents et ac­ces­soires pour sti­mu­ler les désar­més, dé­gour­dir les ti­mides, as­sou­vir les vo­races» 3. La pu­tas­se­rie s’étendit à cer­taines fa­milles na­tives, dont les fi­nirent par se vendre au contre­maître en­jô­leur pour quelques pe­sos.

  1. En «un cal­le­jón con un río en un ex­tremo». Icône Haut
  2. En es­pa­gnol «que han de­jado de pres­tar ser­vi­cio a la crea­ción». Icône Haut
  1. En es­pa­gnol «y un miér­coles de glo­ria, lle­va­ron un tren car­gado de pu­tas in­ve­rosí­miles, hem­bras ba­biló­ni­cas adies­tra­das en re­cur­sos in­me­mo­riales, y pro­vis­tas de toda clase de ungüen­tos y dis­po­si­ti­vos para es­ti­mu­lar a los inermes, des­pa­bi­lar a los tí­mi­dos, sa­ciar a los vo­races». Icône Haut

García Márquez, « L’Incroyable et Triste Histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique : nouvelles »

éd. B. Grasset, Paris

éd. B. Gras­set, Pa­ris

Il s’agit de «L’Incroyable et Triste de la can­dide Eren­dira et de sa grand-mère dia­bo­lique» («La In­creíble y Triste His­to­ria de la cán­dida Erén­dira y de su abuela de­sal­mada») de M.  (XXe-XXIe siècle). Au point de dé­part des œuvres de M. García Már­quez, il y a Ma­condo, ce vil­lage my­thique de l’, qui res­semble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce vil­lage qui, à l’origine, n’était qu’«une ruelle avec une ri­vière à l’une de ses ex­tré­mi­tés» 1 et qui, suite à la ba­na­nière, aux puan­teurs, à la vo­ra­cité, à la cor­rup­tion ame­nées par la Uni­ted Fruit Com­pany, se trans­forma en une de ces in­fâmes de So­dome et Go­morrhe «qui ont cessé de rendre ser­vice à la créa­tion» 2. Vers 1910, quand les Yan­kees y dé­bar­quèrent pour la pre­mière fois, avec leurs lan­gou­reuses épouses por­tant de grands cha­peaux de gaze, nul ne sa­vait en­core ce que ces nou­veaux ve­nus ve­naient y cher­cher. Do­tés de moyens au­tre­fois ré­ser­vés à , les Yan­kees mo­di­fièrent le ré­gime des pluies, pré­ci­pi­tèrent le cycle des ré­coltes et firent sor­tir la ri­vière du lit qu’elle oc­cu­pait de­puis tou­jours. Et pour qu’ils pussent trou­ver dans cet en­droit toute la di­gnité due à de beaux et riches sei­gneurs, et qu’ils n’eussent pas à en­du­rer la , l’insalubrité, les pri­va­tions du vil­lage, ils s’en bâ­tirent un autre, avec des rues bor­dées de pal­miers, avec des mai­sons aux fe­nêtres grilla­gées, aux pis­cines -tur­quoise et aux pe­louses pleines de cailles et de paons. Au­tour de ce pa­ra­dis de rêve s’étendait, comme au­tour d’un pou­lailler, une clô­ture élec­tri­fiée, sur­pro­té­gée par les rondes in­ces­santes de ar­més de fu­sils et de chiens de garde. De l’autre côté, les cam­pe­ments où s’entassaient les mil­liers d’ouvriers de la com­pa­gnie ba­na­nière n’étaient que de mi­nables abris à toit de palme, mon­tés sur des pieux et sans murs où, la , des nuées de mous­tiques ache­vaient la sai­gnée des ex­ploi­tés. Pour ces ou­vriers qui ar­ri­vaient sans maî­tresses, les Yan­kees firent amé­na­ger des bor­dels en­core plus vastes que le vil­lage, «et par un glo­rieux mer­credi, ils firent ve­nir tout un convoi d’inimaginables pu­tains, fe­melles ba­by­lo­niennes rom­pues à des pro­cé­dés im­mé­mo­riaux et pour­vues de toutes sortes d’onguents et ac­ces­soires pour sti­mu­ler les désar­més, dé­gour­dir les ti­mides, as­sou­vir les vo­races» 3. La pu­tas­se­rie s’étendit à cer­taines fa­milles na­tives, dont les fi­nirent par se vendre au contre­maître en­jô­leur pour quelques pe­sos.

  1. En «un cal­le­jón con un río en un ex­tremo». Icône Haut
  2. En es­pa­gnol «que han de­jado de pres­tar ser­vi­cio a la crea­ción». Icône Haut
  1. En es­pa­gnol «y un miér­coles de glo­ria, lle­va­ron un tren car­gado de pu­tas in­ve­rosí­miles, hem­bras ba­biló­ni­cas adies­tra­das en re­cur­sos in­me­mo­riales, y pro­vis­tas de toda clase de ungüen­tos y dis­po­si­ti­vos para es­ti­mu­lar a los inermes, des­pa­bi­lar a los tí­mi­dos, sa­ciar a los vo­races». Icône Haut

García Márquez, « Les Funérailles de la Grande Mémé : nouvelles »

éd. B. Grasset, coll. Les Cahiers rouges, Paris

éd. B. Gras­set, coll. Les Ca­hiers rouges, Pa­ris

Il s’agit des «Fu­né­railles de la Grande Mémé» («Los Fu­ne­rales de la Mamá Grande») de M.  (XXe-XXIe siècle). Au point de dé­part des œuvres de M. García Már­quez, il y a Ma­condo, ce vil­lage my­thique de l’, qui res­semble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce vil­lage qui, à l’origine, n’était qu’«une ruelle avec une ri­vière à l’une de ses ex­tré­mi­tés» 1 et qui, suite à la ba­na­nière, aux puan­teurs, à la vo­ra­cité, à la cor­rup­tion ame­nées par la Uni­ted Fruit Com­pany, se trans­forma en une de ces in­fâmes de So­dome et Go­morrhe «qui ont cessé de rendre ser­vice à la créa­tion» 2. Vers 1910, quand les Yan­kees y dé­bar­quèrent pour la pre­mière fois, avec leurs lan­gou­reuses épouses por­tant de grands cha­peaux de gaze, nul ne sa­vait en­core ce que ces nou­veaux ve­nus ve­naient y cher­cher. Do­tés de moyens au­tre­fois ré­ser­vés à , les Yan­kees mo­di­fièrent le ré­gime des pluies, pré­ci­pi­tèrent le cycle des ré­coltes et firent sor­tir la ri­vière du lit qu’elle oc­cu­pait de­puis tou­jours. Et pour qu’ils pussent trou­ver dans cet en­droit toute la di­gnité due à de beaux et riches sei­gneurs, et qu’ils n’eussent pas à en­du­rer la , l’insalubrité, les pri­va­tions du vil­lage, ils s’en bâ­tirent un autre, avec des rues bor­dées de pal­miers, avec des mai­sons aux fe­nêtres grilla­gées, aux pis­cines -tur­quoise et aux pe­louses pleines de cailles et de paons. Au­tour de ce pa­ra­dis de rêve s’étendait, comme au­tour d’un pou­lailler, une clô­ture élec­tri­fiée, sur­pro­té­gée par les rondes in­ces­santes de ar­més de fu­sils et de chiens de garde. De l’autre côté, les cam­pe­ments où s’entassaient les mil­liers d’ouvriers de la com­pa­gnie ba­na­nière n’étaient que de mi­nables abris à toit de palme, mon­tés sur des pieux et sans murs où, la , des nuées de mous­tiques ache­vaient la sai­gnée des ex­ploi­tés. Pour ces ou­vriers qui ar­ri­vaient sans maî­tresses, les Yan­kees firent amé­na­ger des bor­dels en­core plus vastes que le vil­lage, «et par un glo­rieux mer­credi, ils firent ve­nir tout un convoi d’inimaginables pu­tains, fe­melles ba­by­lo­niennes rom­pues à des pro­cé­dés im­mé­mo­riaux et pour­vues de toutes sortes d’onguents et ac­ces­soires pour sti­mu­ler les désar­més, dé­gour­dir les ti­mides, as­sou­vir les vo­races» 3. La pu­tas­se­rie s’étendit à cer­taines fa­milles na­tives, dont les fi­nirent par se vendre au contre­maître en­jô­leur pour quelques pe­sos.

  1. En «un cal­le­jón con un río en un ex­tremo». Icône Haut
  2. En es­pa­gnol «que han de­jado de pres­tar ser­vi­cio a la crea­ción». Icône Haut
  1. En es­pa­gnol «y un miér­coles de glo­ria, lle­va­ron un tren car­gado de pu­tas in­ve­rosí­miles, hem­bras ba­biló­ni­cas adies­tra­das en re­cur­sos in­me­mo­riales, y pro­vis­tas de toda clase de ungüen­tos y dis­po­si­ti­vos para es­ti­mu­lar a los inermes, des­pa­bi­lar a los tí­mi­dos, sa­ciar a los vo­races». Icône Haut

García Márquez, « Journal d’un enlèvement »

éd. B. Grasset, Paris

éd. B. Gras­set, Pa­ris

Il s’agit de «Jour­nal d’un » («No­ti­cia de un se­cues­tro») de M.  (XXe-XXIe siècle). Au point de dé­part des œuvres de M. García Már­quez, il y a Ma­condo, ce vil­lage my­thique de l’ la­tine, qui res­semble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce vil­lage qui, à l’origine, n’était qu’«une ruelle avec une ri­vière à l’une de ses ex­tré­mi­tés» 1 et qui, suite à la ba­na­nière, aux puan­teurs, à la vo­ra­cité, à la cor­rup­tion ame­nées par la Uni­ted Fruit Com­pany, se trans­forma en une de ces in­fâmes de So­dome et Go­morrhe «qui ont cessé de rendre ser­vice à la créa­tion» 2. Vers 1910, quand les Yan­kees y dé­bar­quèrent pour la pre­mière fois, avec leurs lan­gou­reuses épouses por­tant de grands cha­peaux de gaze, nul ne sa­vait en­core ce que ces nou­veaux ve­nus ve­naient y cher­cher. Do­tés de moyens au­tre­fois ré­ser­vés à , les Yan­kees mo­di­fièrent le ré­gime des pluies, pré­ci­pi­tèrent le cycle des ré­coltes et firent sor­tir la ri­vière du lit qu’elle oc­cu­pait de­puis tou­jours. Et pour qu’ils pussent trou­ver dans cet en­droit toute la di­gnité due à de beaux et riches sei­gneurs, et qu’ils n’eussent pas à en­du­rer la , l’insalubrité, les pri­va­tions du vil­lage, ils s’en bâ­tirent un autre, avec des rues bor­dées de pal­miers, avec des mai­sons aux fe­nêtres grilla­gées, aux pis­cines -tur­quoise et aux pe­louses pleines de cailles et de paons. Au­tour de ce pa­ra­dis de rêve s’étendait, comme au­tour d’un pou­lailler, une clô­ture élec­tri­fiée, sur­pro­té­gée par les rondes in­ces­santes de ar­més de fu­sils et de chiens de garde. De l’autre côté, les cam­pe­ments où s’entassaient les mil­liers d’ouvriers de la com­pa­gnie ba­na­nière n’étaient que de mi­nables abris à toit de palme, mon­tés sur des pieux et sans murs où, la , des nuées de mous­tiques ache­vaient la sai­gnée des ex­ploi­tés. Pour ces ou­vriers qui ar­ri­vaient sans maî­tresses, les Yan­kees firent amé­na­ger des bor­dels en­core plus vastes que le vil­lage, «et par un glo­rieux mer­credi, ils firent ve­nir tout un convoi d’inimaginables pu­tains, fe­melles ba­by­lo­niennes rom­pues à des pro­cé­dés im­mé­mo­riaux et pour­vues de toutes sortes d’onguents et ac­ces­soires pour sti­mu­ler les désar­més, dé­gour­dir les ti­mides, as­sou­vir les vo­races» 3. La pu­tas­se­rie s’étendit à cer­taines fa­milles na­tives, dont les fi­nirent par se vendre au contre­maître en­jô­leur pour quelques pe­sos.

  1. En «un cal­le­jón con un río en un ex­tremo». Icône Haut
  2. En es­pa­gnol «que han de­jado de pres­tar ser­vi­cio a la crea­ción». Icône Haut
  1. En es­pa­gnol «y un miér­coles de glo­ria, lle­va­ron un tren car­gado de pu­tas in­ve­rosí­miles, hem­bras ba­biló­ni­cas adies­tra­das en re­cur­sos in­me­mo­riales, y pro­vis­tas de toda clase de ungüen­tos y dis­po­si­ti­vos para es­ti­mu­lar a los inermes, des­pa­bi­lar a los tí­mi­dos, sa­ciar a los vo­races». Icône Haut

García Márquez, « De l’amour et autres démons : roman »

éd. B. Grasset, Paris

éd. B. Gras­set, Pa­ris

Il s’agit de «De l’ et autres dé­mons» («Del amor y otros de­mo­nios») de M.  (XXe-XXIe siècle). Au point de dé­part des œuvres de M. García Már­quez, il y a Ma­condo, ce vil­lage my­thique de l’ la­tine, qui res­semble bien à l’Aracataca réelle, sans l’être tout à fait — ce vil­lage qui, à l’origine, n’était qu’«une ruelle avec une ri­vière à l’une de ses ex­tré­mi­tés» 1 et qui, suite à la ba­na­nière, aux puan­teurs, à la vo­ra­cité, à la cor­rup­tion ame­nées par la Uni­ted Fruit Com­pany, se trans­forma en une de ces in­fâmes de So­dome et Go­morrhe «qui ont cessé de rendre ser­vice à la créa­tion» 2. Vers 1910, quand les Yan­kees y dé­bar­quèrent pour la pre­mière fois, avec leurs lan­gou­reuses épouses por­tant de grands cha­peaux de gaze, nul ne sa­vait en­core ce que ces nou­veaux ve­nus ve­naient y cher­cher. Do­tés de moyens au­tre­fois ré­ser­vés à , les Yan­kees mo­di­fièrent le ré­gime des pluies, pré­ci­pi­tèrent le cycle des ré­coltes et firent sor­tir la ri­vière du lit qu’elle oc­cu­pait de­puis tou­jours. Et pour qu’ils pussent trou­ver dans cet en­droit toute la di­gnité due à de beaux et riches sei­gneurs, et qu’ils n’eussent pas à en­du­rer la , l’insalubrité, les pri­va­tions du vil­lage, ils s’en bâ­tirent un autre, avec des rues bor­dées de pal­miers, avec des mai­sons aux fe­nêtres grilla­gées, aux pis­cines -tur­quoise et aux pe­louses pleines de cailles et de paons. Au­tour de ce pa­ra­dis de rêve s’étendait, comme au­tour d’un pou­lailler, une clô­ture élec­tri­fiée, sur­pro­té­gée par les rondes in­ces­santes de ar­més de fu­sils et de chiens de garde. De l’autre côté, les cam­pe­ments où s’entassaient les mil­liers d’ouvriers de la com­pa­gnie ba­na­nière n’étaient que de mi­nables abris à toit de palme, mon­tés sur des pieux et sans murs où, la , des nuées de mous­tiques ache­vaient la sai­gnée des ex­ploi­tés. Pour ces ou­vriers qui ar­ri­vaient sans maî­tresses, les Yan­kees firent amé­na­ger des bor­dels en­core plus vastes que le vil­lage, «et par un glo­rieux mer­credi, ils firent ve­nir tout un convoi d’inimaginables pu­tains, fe­melles ba­by­lo­niennes rom­pues à des pro­cé­dés im­mé­mo­riaux et pour­vues de toutes sortes d’onguents et ac­ces­soires pour sti­mu­ler les désar­més, dé­gour­dir les ti­mides, as­sou­vir les vo­races» 3. La pu­tas­se­rie s’étendit à cer­taines fa­milles na­tives, dont les fi­nirent par se vendre au contre­maître en­jô­leur pour quelques pe­sos.

  1. En «un cal­le­jón con un río en un ex­tremo». Icône Haut
  2. En es­pa­gnol «que han de­jado de pres­tar ser­vi­cio a la crea­ción». Icône Haut
  1. En es­pa­gnol «y un miér­coles de glo­ria, lle­va­ron un tren car­gado de pu­tas in­ve­rosí­miles, hem­bras ba­biló­ni­cas adies­tra­das en re­cur­sos in­me­mo­riales, y pro­vis­tas de toda clase de ungüen­tos y dis­po­si­ti­vos para es­ti­mu­lar a los inermes, des­pa­bi­lar a los tí­mi­dos, sa­ciar a los vo­races». Icône Haut

Viṣṇuśarmâ (Bidpaï), « Les Cinq Livres de la sagesse, “Pañcatantra” »

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit du «Pañ­ca­tan­tra» 1Les Cinq »), en­semble de et d’apologues, où les ruses les plus ha­biles et les pen­sées les plus dé­li­cates sont l’apanage des . «Dans un pays [comme l’Inde] où parmi les croyances se trouve le de la mé­tem­psy­chose — où l’on at­tri­bue aux ani­maux une sem­blable à celle de l’ — il était na­tu­rel de leur prê­ter les idées et les de l’espèce hu­maine et de leur en sup­po­ser le », ex­plique un in­dia­niste 2. On ne peut, en ef­fet, re­fu­ser d’admettre que les Hin­dous jouissent dans la ani­ma­lière d’une su­pé­rio­rité par la phy­sio­no­mie toute par­ti­cu­lière qu’ils ont don­née à ce genre. Chez eux, au lieu d’être un ré­cit isolé, em­ployé comme simple exemple, la fable est un com­plet de «» («ar­thaśâs­tra» 3) et de «conduite ha­bile» («nî­tiśâs­tra» 4), où les ré­cits s’entrelacent les uns dans les autres, de sorte qu’un ré­cit com­mencé donne lieu, avant qu’il ne soit fini, à un se­cond ré­cit, bien­tôt in­ter­rompu lui-même par un troi­sième, et ce­lui-ci par un qua­trième; le tout en prose et en vers. Parmi les trai­tés en de cette sorte, le «Pañ­ca­tan­tra» est le plus re­mar­quable qui soit par­venu jusqu’à nous. «Dans l’ensemble», dit  5, «les ré­cits sont ex­cel­lents, le ton de cer­tains dis­cours plai­sam­ment doc­to­ral, nuancé d’; le mé­lange des bêtes et des hu­mains at­teste à sa ma­nière cette qu’on re­trouve dans l’ des et des fresques». Cet ou­vrage, qui pas­sera du sans­crit en pehlvi, puis du pehlvi en sous le titre de «Ka­lila et Dimna», est dû à un de l’Inde dé­nommé Viṣṇuśarmâ 6, le­quel est re­pré­senté à la fois comme nar­ra­teur et comme au­teur du livre. Les Per­sans le sur­nom­me­ront Bid­paï ou Pil­paï (Pil­pay chez La Fon­taine), sur­nom fort obs­cur, car tous les pour le ra­me­ner à quelque forme sans­crite n’ont abouti qu’à des conjec­tures plus ou moins in­gé­nieuses.

  1. En sans­crit «पञ्चतन्त्र». Au­tre­fois trans­crit «Pant­cha-tan­tra», «Pan­cha­tan­tra» ou «Pant­scha­tan­tra». Icône Haut
  2. Au­guste Loi­se­leur-Des­long­champs. Icône Haut
  3. En sans­crit अर्थशास्त्र. Icône Haut
  1. En sans­crit नीतिशास्त्र. Icône Haut
  2. «L’Inde clas­sique : ma­nuel des études in­diennes. Tome II», p. 240. Icône Haut
  3. En sans­crit विष्णुशर्मा. Par­fois trans­crit Vĕĕ­shnŏŏ-sărmā, Vee­shnu Sarma, Vi­sh­nou-sarma, Vi­sh­nu­sharma, Wich­nou-sarma ou Vich­nou Sçarma. On ren­contre aussi la gra­phie विष्णुशर्मन् (Viṣṇuśarman). Icône Haut

Vâlmîki, « Le Rāmāyaṇa »

éd. Gallimard, coll. Encyclopédie de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. En­cy­clo­pé­die de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit du «Râmâyaṇa» 1 de Vâl­mîki 2. Le «Râmâyaṇa» res­semble à un de ces grands où toute une se re­con­naît et s’admire avec com­plai­sance, et qui ex­citent la des autres peuples. Toute l’Inde se re­con­naît et s’admire dans cette mo­nu­men­tale «Iliade» de vingt-quatre mille ver­sets, dont l’ s’appelle Vâl­mîki; elle est vue, à bon , comme le chef-d’œuvre de la in­dienne. On n’en sait pas plus sur l’Homère in­dien que sur l’Homère ; on ignore jusqu’au siècle où il a vécu (quelque part au Ier mil­lé­naire av. J.-C.). Dans le cha­pitre I.2, il est ra­conté que c’est Brahmâ lui-même, le créa­teur des mondes, qui a in­cité Vâl­mîki à écrire cette , en pro­met­tant au poète que «tant qu’il y aura sur des et des ri­vières, l’ du “Râmâyaṇa” cir­cu­lera dans les mondes». La pro­messe a été te­nue. Les di­thy­ram­biques de Mi­che­let, les pages en­thou­siastes de La­prade at­testent l’émotion qui sai­sit aujourd’hui en­core les culti­vés en pré­sence de ce chef-d’œuvre : «L’année… où j’ai pu lire le grand poème de l’Inde, le di­vin “Râmâyaṇa”… me res­tera chère et bé­nie… “La d’un seul vers de ce poème suf­fit à la­ver de ses fautes même ce­lui qui en com­met chaque jour” 3… Notre pé­ché per­ma­nent, la lie, le le­vain amer qu’apporte et laisse le , ce grand fleuve de poé­sie l’emporte et nous pu­ri­fie. Qui­conque a sé­ché son cœur, qu’il l’abreuve au “Râmâyaṇa”… Qui­conque a trop fait, trop voulu, qu’il boive à cette coupe pro­fonde un long trait de , de », dit Mi­che­let 4. C’est que, dans tout le cours de cette épo­pée, on se trouve, à chaque pas, aux prises avec un être et une forme pro­vi­soires : , ani­mal, plante, rien de dé­fi­ni­tif, rien d’immuable. De là ce et cette crainte re­li­gieuse de la , qui four­nissent à la poé­sie de Vâl­mîki des dé­tails si tou­chants; de là aussi ces rê­veuses, ces pein­tures de la vie as­cé­tique, en­fin ces dis­ser­ta­tions phi­lo­so­phiques, qui tiennent non moins de place que les com­bats. Celle-ci par exemple : «La ruine l’homme : que peut-il faire pour s’y op­po­ser? Les hommes se ré­jouissent quand le se lève, ils se ré­jouissent quand le jour s’éteint… Ils sont heu­reux de voir com­men­cer une sai­son , comme si c’était un re­nou­veau : mais le re­tour des sai­sons ne fait qu’épuiser la vi­gueur des créa­tures» 5. Quelle gran­deur dans ces ver­sets pleins de !

  1. En «रामायण». «Râmâyaṇa» si­gni­fie «La Marche de Râma». Au­tre­fois tra­duit «La Râ­maïde». Icône Haut
  2. En sans­crit वाल्मीकि. Icône Haut
  3. «Râmâyaṇa», ch. VII.111. Icône Haut
  1. « de l’. Tome I», p. 1-2. Icône Haut
  2. «Râmâyaṇa», ch. II.105. Icône Haut

Yi Hwang, « Étude de la sagesse en dix diagrammes »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de Yi Hwang 1, un des néo-confu­cia­nistes les plus connus de la ; ce­lui, en tout cas, qui contri­bua le plus à im­plan­ter dans ce pays, d’une ma­nière par­fois doc­tri­naire et in­tran­si­geante, l’école chi­noise de Zhu Xi 2. Pen­dant la pre­mière moi­tié de sa , Yi Hwang fit de fonc­tion­naire let­tré, et après plu­sieurs pro­mo­tions, il ac­quit une ré­pu­ta­tion d’intégrité et de . Mais son in­té­rêt était ailleurs que dans la , et comme en 1543 apr. J.-C. il était tombé ma­lade, il acheta les «Œuvres com­plètes» de Zhu Xi, dont il ne connais­sait pas en­core le contenu, et il dé­cida de se construire à T’oegye 3 un pe­tit er­mi­tage et de se consa­crer à leur lec­ture. «Jour après jour je fer­mais ma porte, m’asseyais cal­me­ment et li­sais les . Je réa­li­sai peu à peu com­bien le contenu en était sa­vou­reux et com­bien leur sens n’avait pas de li­mites. Par ailleurs, j’éprouvais beau­coup d’ à la lec­ture des lettres», ra­conte-t-il 4. Et ailleurs : «Ah! si seule­ment, dans ma , je m’étais fer­me­ment dé­cidé à vivre dans les en­droits re­cu­lés, en construi­sant une hutte et en me consa­crant à étu­dier et à re­mé­dier aux dé­fi­ciences de ma spi­ri­tuelle, j’aurais ga­gné trois dé­cen­nies, ma se se­rait amé­lio­rée, mon étude au­rait porté des fruits et aujourd’hui toutes les créa­tures ter­restres me rem­pli­raient de ! Com­ment n’ai-je pas pu com­prendre cela…?» 5 Cette se­conde par­tie de sa vie, dé­vouée à l’étude, fut ponc­tuée de nom­breuses pu­bli­ca­tions, où Yi Hwang sui­vit, jusque dans les plus mi­nu­tieux dé­tails, les en­sei­gne­ments de Zhu Xi. Il faut avouer qu’il n’y of­frait pas tou­jours la lar­geur d’esprit et l’accent propre et au­toch­tone qui ca­rac­té­ri­saient son grand contem­po­rain Yul­gok. Sa était claire et pé­né­trante, mais en ce qui concer­nait les en­sei­gne­ments de Zhu Xi, il ne fai­sait au­cun com­pro­mis, les éri­geant en stricte or­tho­doxie. «Les ré­sul­tats furent dé­vas­ta­teurs. La ver­sion de Yi Hwang du de Zhu Xi — do­mi­nante de la Co­rée Chosŏn, à la fin du XVIe siècle — était par es­sence une doc­trine in­to­lé­rante. Ses adeptes furent par­ti­cu­liè­re­ment ra­pides à re­je­ter et à sup­pri­mer les autres en­sei­gne­ments… Cela abou­tit, à la fin, à la ré­duc­tion du à un “concept unique” et à la pré­oc­cu­pa­tion crois­sante de l’idéologie cor­recte, ré­com­pen­sant la la plus aride ou bien l’orthodoxie.»

  1. En 이황. Icône Haut
  2. En 朱熹. Au­tre­fois trans­crit Tchou Hi, Tchu Hi, Chu-hi ou Chu Hsi. Éga­le­ment connu sous le titre ho­no­ri­fique de Zhu Wen Gong (朱文公), c’est-à-dire «Zhu, prince de la lit­té­ra­ture». Au­tre­fois trans­crit Chu Ven Kum, Chu Wen-kung, Tchou-wen-koung ou Tchou Wen Kong. Icône Haut
  3. En co­réen 퇴계. Icône Haut
  1. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La co­réenne», p. 136. Icône Haut
  2. Dans Tcho Hye-young, «Pré­face à l’“Étude de la en dix dia­grammes”», p. 15. Icône Haut

Blaga, « Les Différentielles divines »

éd. Librairie du savoir, coll. Philosophia perennis, Paris

éd. Li­brai­rie du sa­voir, coll. Phi­lo­so­phia per­en­nis, Pa­ris

Il s’agit des «Dif­fé­ren­tielles di­vines» («Di­fe­renția­lele di­vine») de , poète, dra­ma­turge et phi­lo­sophe , dont l’œuvre se ré­sume en un vers : «Je crois que l’éternité est née au vil­lage» 1. Né en 1895 au vil­lage de Lan­crăm, dont le nom, dit-il, rap­pelle «la des larmes» («su­ne­tele la­cri­mei»), fils d’un prêtre or­tho­doxe, Blaga fit son en­trée à l’Académie rou­maine sans pro­non­cer, comme de cou­tume, l’éloge de son pré­dé­ces­seur. Son dis­cours de ré­cep­tion fut un éloge du vil­lage , comme le fut aussi toute son œuvre. Pour l’auteur de «L’Âme du vil­lage» («Su­fle­tul sa­tu­lui»), les pay­sages cam­pa­gnards, les che­mins de et de boue sont «le seuil du » («prag de lume»), le vil­lage-idée d’où partent les vastes ho­ri­zons de la créa­tion ar­tis­tique et . Les re­gards rê­veurs des pay­sans sondent l’univers, se per­dant dans l’. L’ de la ville au contraire vit «dans le , la re­la­ti­vité, le concret , dans une tris­tesse constante et dans une su­per­fi­cia­lité lu­cide». Cet éloge de l’ du vil­lage comme creu­set, comme âme de la est dou­blé de l’ de­vant le mys­tère de ce que Blaga ap­pelle «le Grand » («Ma­rele Ano­nim»), c’est-à-dire . Face à cette an­goisse-là, la so­lu­tion qu’il ébauche, en s’inspirant des ro­man­tiques al­le­mands, passe par le de l’individu en tant qu’individu au pro­fit d’une col­lec­tive, ano­nyme et spon­ta­née. Puisque les grandes ques­tions du monde res­tent sans ré­ponse, la se­rait de se taire et de se fondre avec la terre dans les sillons de l’éternité :

«Re­garde, c’est le soir», dit Blaga 2.
«L’âme du vil­lage pal­pite près de nous
Comme une odeur ti­mide d’herbe cou­pée,
Comme une chute de fu­mée des avant-toits de paille…
»

  1. En rou­main «Eu cred că veș­ni­cia s-a năs­cut la sat». Icône Haut
  1. Dans Constan­tin Cio­praga, «La Per­son­na­lité de la ». Icône Haut

Yulgok, « Principes essentiels pour éduquer les jeunes gens »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens» («Kyŏng­mong yo­gyŏl» 1, lit­té­ra­le­ment «Prin­cipes es­sen­tiels pour re­pous­ser l’ignorance ju­vé­nile»), ou­vrage qui ap­par­tient à l’apogée du néo- . Son au­teur Yi I 2, plus connu sous le sur­nom de Yul­gok 3la Val­lée des châ­tai­gniers»), au­rait pu pour­suivre une de moine; car en 1551 apr. J.-C., après la pré­ma­tu­rée de sa mère Sin Sa-im­dang 4, femme de lettres et l’une des -peintres les plus ées, alors que le et le le plon­gèrent dans une sombre , il se re­tira dans un mo­nas­tère boud­dhique sur les monts de Dia­mants (Kum­gang­san 5). Mais un moine qu’il ren­con­tra là-bas le fit chan­ger d’avis : «Alors que je vi­si­tais [un des monts], je pé­né­trais seul un jour, du­rant quelques “li”, dans une pro­fonde val­lée et y dé­cou­vris un pe­tit er­mi­tage. Un vieux moine, qui por­tait l’habit, était as­sis dans une po­si­tion cor­recte, me re­gar­dant, sans dire un mot et sans se le­ver. Fu­re­tant par­tout dans l’ermitage, je ne re­mar­quai au­cun ob­jet. Et dans la cui­sine, il sem­blait qu’on n’avait pas pré­paré de de­puis plu­sieurs jours» 6. Yul­gok se ren­dit compte, en conver­sant avec cet , qu’une re­ti­rée et so­li­taire au­rait été une vie sté­rile, qui n’aurait pu lui ap­por­ter un com­plet; elle au­rait consisté à né­gli­ger ses en­vers la laïque, si lourds soient-ils. «Je n’ai pas en­core achevé mes avec le », dit-il 7 à son re­tour. Et après une pé­riode d’hésitation, où il re­lut l’ensemble des tra­di­tions chi­noises et co­réennes, dans la mul­ti­tude de leurs textes, il dé­cida d’agir par toutes ses forces à la trans­for­ma­tion de son pays se­lon l’ de l’école néo-confu­céenne. é dans son pays comme le mo­dèle de cette école, Yul­gok fut plu­sieurs fois mi­nistre. Po­li­ti­cien en­gagé et grand , il laissa der­rière lui une di­zaine d’ouvrages ayant pour thème prin­ci­pal l’élévation des et le dé­ve­lop­pe­ment des consciences à tra­vers l’étude : «Sans étude, nul homme ne pour­rait de­ve­nir hu­main», dit-il dans une cé­lèbre phrase 8. Par «étude», Yul­gok n’entend rien d’insolite ni d’extraordinaire : «Il suf­fit», pré­cise-t-il, «de se conduire à tout mo­ment du quo­ti­dien, en fonc­tion [des] cir­cons­tances, en père tendre, en fils fi­lial, en su­jet loyal, en époux sou­cieux des dis­tinc­tions de rôles, en frère at­ten­tionné, en jeune homme res­pec­tueux des aî­nés ou en ami de confiance.» Dans notre monde ac­tuel où l’on ne com­prend plus que l’étude ré­side dans le quo­ti­dien et où on la croit exa­gé­ré­ment mal­ai­sée, la de Yul­gok si pure, si belle, si concrète peut être un ad­mi­rable sou­tien.

  1. En co­réen «격몽요결», en «擊蒙要訣». Icône Haut
  2. En co­réen 이이. Par­fois trans­crit Yi Yi. Icône Haut
  3. En co­réen 율곡, en chi­nois 栗谷. Au­tre­fois trans­crit Yul-kok, Youl­gok ou Youl-kok. Icône Haut
  4. En co­réen 신사임당, en chi­nois 申師任堂. Par­fois trans­crit Shin Saïm­dang. Icône Haut
  1. En co­réen 금강산. Icône Haut
  2. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La Pen­sée co­réenne», p. 177. Icône Haut
  3. Dans id. p. 184. Icône Haut
  4. «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens», p. 7. Icône Haut

Yulgok, « Anthologie de la sagesse extrême-orientale »

éd. Autres Temps, coll. Le Temps de la pensée, Gémenos

éd. Autres , coll. Le Temps de la , Gé­me­nos

Il s’agit de l’« de la ex­trême-orien­tale» («Sŏn­ghak chi­pyo» 1, lit­té­ra­le­ment «Re­cueil es­sen­tiel de l’étude de la sa­gesse»), ou­vrage qui ap­par­tient à l’apogée du . Son au­teur Yi I 2, plus connu sous le sur­nom de Yul­gok 3la Val­lée des châ­tai­gniers»), au­rait pu pour­suivre une de moine; car en 1551 apr. J.-C., après la pré­ma­tu­rée de sa mère Sin Sa-im­dang 4, femme de lettres et l’une des -peintres les plus ées, alors que le et le le plon­gèrent dans une sombre , il se re­tira dans un mo­nas­tère boud­dhique sur les monts de Dia­mants (Kum­gang­san 5). Mais un moine qu’il ren­con­tra là-bas le fit chan­ger d’avis : «Alors que je vi­si­tais [un des monts], je pé­né­trais seul un jour, du­rant quelques “li”, dans une pro­fonde val­lée et y dé­cou­vris un pe­tit er­mi­tage. Un vieux moine, qui por­tait l’habit, était as­sis dans une po­si­tion cor­recte, me re­gar­dant, sans dire un mot et sans se le­ver. Fu­re­tant par­tout dans l’ermitage, je ne re­mar­quai au­cun ob­jet. Et dans la cui­sine, il sem­blait qu’on n’avait pas pré­paré de de­puis plu­sieurs jours» 6. Yul­gok se ren­dit compte, en conver­sant avec cet , qu’une re­ti­rée et so­li­taire au­rait été une vie sté­rile, qui n’aurait pu lui ap­por­ter un com­plet; elle au­rait consisté à né­gli­ger ses en­vers la laïque, si lourds soient-ils. «Je n’ai pas en­core achevé mes avec le », dit-il 7 à son re­tour. Et après une pé­riode d’hésitation, où il re­lut l’ensemble des tra­di­tions chi­noises et co­réennes, dans la mul­ti­tude de leurs textes, il dé­cida d’agir par toutes ses forces à la trans­for­ma­tion de son pays se­lon l’ de l’école néo-confu­céenne. é dans son pays comme le mo­dèle de cette école, Yul­gok fut plu­sieurs fois mi­nistre. Po­li­ti­cien en­gagé et grand , il laissa der­rière lui une di­zaine d’ouvrages ayant pour thème prin­ci­pal l’élévation des et le dé­ve­lop­pe­ment des consciences à tra­vers l’étude : «Sans étude, nul homme ne pour­rait de­ve­nir hu­main», dit-il dans une cé­lèbre phrase 8. Par «étude», Yul­gok n’entend rien d’insolite ni d’extraordinaire : «Il suf­fit», pré­cise-t-il, «de se conduire à tout mo­ment du quo­ti­dien, en fonc­tion [des] cir­cons­tances, en père tendre, en fils fi­lial, en su­jet loyal, en époux sou­cieux des dis­tinc­tions de rôles, en frère at­ten­tionné, en jeune homme res­pec­tueux des aî­nés ou en ami de confiance.» Dans notre monde ac­tuel où l’on ne com­prend plus que l’étude ré­side dans le quo­ti­dien et où on la croit exa­gé­ré­ment mal­ai­sée, la pen­sée de Yul­gok si pure, si belle, si concrète peut être un ad­mi­rable sou­tien.

  1. En co­réen «성학집요», en «聖學輯要». Par­fois trans­crit «Song-hak tchi-pyo» ou «Seon­ghak ji­byo». Icône Haut
  2. En co­réen 이이. Par­fois trans­crit Yi Yi. Icône Haut
  3. En co­réen 율곡, en chi­nois 栗谷. Au­tre­fois trans­crit Yul-kok, Youl­gok ou Youl-kok. Icône Haut
  4. En co­réen 신사임당, en chi­nois 申師任堂. Par­fois trans­crit Shin Saïm­dang. Icône Haut
  1. En co­réen 금강산. Icône Haut
  2. Dans Phi­lippe Thié­bault, «La Pen­sée co­réenne», p. 177. Icône Haut
  3. Dans id. p. 184. Icône Haut
  4. «Prin­cipes es­sen­tiels pour édu­quer les jeunes gens», p. 7. Icône Haut

« Un Poète hongrois : Vörösmarty »

dans « La Grande Revue », 1.X.1906, p. 5-20

dans «La Grande Re­vue», 1.X.1906, p. 5-20

Il s’agit de Mi­chel Vörös­marty (Mihály Vörös­marty 1), le pre­mier poète com­plet dont la ait pu s’enorgueillir (XIXe siècle). Après avoir ré­sisté aux in­va­sions étran­gères pen­dant une bonne par­tie de son , la Hon­grie avait senti s’user ses forces; la lé­thar­gie l’avait sai­sie, et elle avait éprouvé une es­pèce de lent en­gour­dis­se­ment dont elle ne de­vait s’éveiller qu’avec les guerres na­po­léo­niennes, après une longue pé­riode de ger­ma­ni­sa­tion et d’anéantissement. «L’instant fut unique. L’activité se ré­ta­blit spon­ta­né­ment, im­pa­tiente de s’exercer; de tous cô­tés, des hommes sur­girent, cher­chant la voie , la bonne orien­ta­tion, l’acte conforme au hon­grois» 2. Un nom do­mine cette pé­riode : Mi­chel Vörös­marty. Grand ré­for­ma­teur de la et créa­teur d’une émi­nem­ment na­tio­nale, ar­tiste noble et pa­triote ar­dent, Vörös­marty ou­vrit le che­min que les Petœfi et les Arany al­laient suivre. À vingt-cinq ans, il acheva son pre­mier chef-d’œuvre : «La Fuite de Zalán» 3Zalán Futása»), cé­lé­brant en dix chants la vic­toire my­thique des Hon­grois dans les d’Alpár et la fuite de Zalán, le chef des Slaves et des Bul­gares 4. En voici le dé­but : «Gloire de nos aïeux, où t’attardes-tu dans la brume noc­turne? On vit s’écrouler [les] siècles, et so­li­taire, tu erres sous leurs dé­combres dans la pro­fon­deur, avec un éclat [qui va] s’affaiblissant» 5. Cette épo­pée fonda la gloire de Vörös­marty; elle re­tra­çait, dans un brillant , les ex­ploits des an­cêtres et leurs luttes pour la conquête du pays. La langue neuve et la na­tio­nale va­lurent au poète l’admiration de ses com­pa­triotes. En 1848, il su­bit les consé­quences de cette gloire. Élu membre de la diète, il prit part à la Ré­vo­lu­tion, et après la ca­tas­trophe de Vilá­gos, qui vit la Hon­grie suc­com­ber sous les forces de la et de l’Autriche, il dut er­rer en se ca­chant dans des huttes de fo­res­tiers : «Nos pa­triam fu­gi­mus» («Nous autres, nous fuyons la pa­trie» 6), écri­vit-il sur la porte d’une ca­bane mi­sé­rable l’ayant abrité une .

  1. Au­tre­fois trans­crit Mi­chel Vœrœs­marty. Icône Haut
  2. «Un Poète hon­grois : Vörös­marty», p. 8. Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «La Dé­faite de Zalán». Icône Haut
  1. La chro­nique «Gesta Hun­ga­ro­rum» («Geste des Hon­grois», in­édit en ), qui a servi de source à Vörös­marty, dit : «Le grand “khan”, prince de , grand-père du prince Zalán, s’était em­paré de la qui se trouve entre la Theisse et le Da­nube… et il avait fait ha­bi­ter là des Slaves et des Bul­gares» («Ter­ram, quæ ja­cet in­ter This­ciam et Da­nu­bium, præoc­cu­pa­vis­set sibi “kea­nus” ma­gnus, dux Bul­ga­rie, avus Sa­lani du­cis… et fe­cis­set ibi ha­bi­tare Scla­vos et Bul­ga­ros»). Icône Haut
  2. «Un Poète hon­grois : Vörös­marty», p. 8. Icône Haut
  3. Vir­gile, «Bu­co­liques», poème I, v. 4. Icône Haut

Rákóczi, « L’Autobiographie d’un prince rebelle. Confession • Mémoires »

éd. Corvina, Budapest

éd. Cor­vina, Bu­da­pest

Il s’agit de la «Confes­sion d’un pé­cheur» («Confes­sio pec­ca­to­ris») et des «Mé­moires» de Fran­çois II Rákóczi 1, prince de , fervent ad­mi­ra­teur et ami de la à tel point qu’en mou­rant il vou­lut que son cœur re­po­sât en fran­çaise (XVIIe-XVIIIe siècle). Rákóczi mé­rite le titre d’écrivain de fran­çaise; car c’est dans cette langue qu’il ex­prima les as­pi­ra­tions sé­cu­laires du hon­grois : le grand de la et le de voir la pa­trie dé­li­vrée du joug étran­ger. Lorsqu’en l’an 1707, la Hon­grie, me­na­cée d’une ger­ma­ni­sa­tion com­plète par l’Autriche, se ré­volta contre les Habs­bourg, Rákóczi fut poussé à la lutte à la fois par le fait d’une vo­lonté su­pé­rieure et par la sienne propre. Le peuple et, en même , le des­tin dont il avait hé­rité l’appelaient im­pé­rieu­se­ment à conduire ce com­bat qu’il sa­vait pour­tant in­égal. Il tourna ses re­gards vers Louis XIV qui lui en­voya, outre des se­cours en ar­gent, d’éminents stra­tèges et in­gé­nieurs qui don­nèrent à la Cour ma­gyare une al­lure ver­saillaise. La «Confes­sion» et les «Mé­moires» furent en France, où ce prince mal­heu­reux vint se ré­fu­gier après l’ de l’indépendance hon­groise. Il y sé­journa de l’an 1712 à 1717, d’abord comme hôte de Louis XIV, à Ver­sailles, puis comme ré­sident du couvent des ca­mal­dules, à Gros­bois. Il as­sista aux re­pré­sen­ta­tions des pièces de Ra­cine et Mo­lière, il vi­sita les ga­le­ries, il fit la connais­sance de Saint-Si­mon qui dit du couvent des ca­mal­dules «que Rákóczi n’y voyait presque per­sonne, vi­vait très fru­ga­le­ment dans une grande , au pain et à l’ une ou deux fois la se­maine, et as­sidu à tous les of­fices du jour et de la ». Peu d’hommes pleu­rèrent la du Roi- avec plus de sin­cé­rité que Rákóczi. Cette mort mar­qua, d’ailleurs, la perte de son der­nier es­poir, et même si, sur l’invitation du Sul­tan , il se ren­dit à pour or­ga­ni­ser une ar­mée ap­pe­lée à re­com­men­cer la contre l’Autriche, les cir­cons­tances ne lui per­mirent pas de réa­li­ser son grand rêve, et il mou­rut dans l’émigration et dans l’obscurité.

  1. En hon­grois II Rákóczi Fe­renc. Au­tre­fois trans­crit Ra­gokzy, Ra­koczy, Ra­gotzi, Ra­gotsy, Ra­gotski ou Ra­gotsky. Icône Haut