Icône CatégorieTrès bons ouvrages

Wu Cheng’en, « La Pérégrination vers l’Ouest, “Xiyou ji”. Tome II »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit de «( de) La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» («Xiyou ji» 1), très cé­lèbre -fleuve , dont le per­son­nage cen­tral est un Singe pè­le­rin. «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» est, comme on le sait, une sorte de dé­dou­ble­ment ou de trans­po­si­tion bur­lesque de la pé­ré­gri­na­tion vers l’Inde (réelle, celle-là) du moine Xuan­zang. Dès le dé­but du IXe siècle, l’ po­pu­laire chi­noise s’était em­pa­rée des ex­ploits de ce moine en marche, parti avec sa canne pour seul com­pa­gnon, tra­ver­sant fleuves et monts, courbé sous le poids des cen­taines de soû­tras boud­dhiques qu’il ra­me­nait dans une hotte d’osier, tel Pro­mé­thée rap­por­tant le dans la conca­vité d’un ro­seau. « est allé là où nul autre n’est allé, il a vu et en­tendu ce que nul autre n’a ja­mais vu et en­tendu. Seul, il tra­versa de vastes éten­dues sans che­min, fré­quen­tées seule­ment par des dé­mo­niaques. Cou­ra­geu­se­ment il grimpa sur de fa­bu­leuses … tou­jours re­froi­dies par des vents gla­cés et par des neiges éter­nelles… Main­te­nant, il est re­venu sain et sauf [dans] son pays na­tal et avec si grande quan­tité de pré­cieux . Il y a, là, six cent cin­quante-sept ou­vrages sa­crés… dont cer­tains sont rem­plis de charmes… ca­pables de faire en­vo­ler les puis­sances in­vi­sibles du » 2. Ses «Mé­moires» et sa «» de­vinrent la source d’ de nom­breuses qui, mê­lées à des ani­ma­liers, s’enrichirent peu à peu de créa­tures sur­na­tu­relles et de pro­diges. Déjà dans la «Chan­te­fable de la quête des soû­tras par Xuan­zang des grands Tang» («Da Tang San­zang qu jing shi­hua» 3), da­tée du Xe ou XIe siècle, on voit en­trer en scène un Roi des , ac­com­pa­gnant le pè­le­rin dans son voyage et contri­buant puis­sam­ment à sa réus­site — un Singe fa­bu­leux cal­qué, au moins en par­tie, sur le per­son­nage d’Hanumân dans le «Râmâyaṇa». Cer­taines pièces du théâtre des Yuan avaient aussi pour su­jet la quête des soû­tras. Et il exis­tait, sous ces mêmes Yuan, un ro­man in­ti­tulé «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest», mais qui est perdu, si l’on ex­cepte un dans la «Grande En­cy­clo­pé­die Yongle»

  1. En chi­nois «西遊記». Au­tre­fois trans­crit «Xiyuji», «Hsi-yu chi», «Si you tsi», «Sy-yeou-ky» ou «Si yeou ki». Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde», p. 362. Icône Haut
  1. En chi­nois «大唐三藏取經詩話». Icône Haut

Wu Cheng’en, « La Pérégrination vers l’Ouest, “Xiyou ji”. Tome I »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit de «( de) La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» («Xiyou ji» 1), très cé­lèbre -fleuve , dont le per­son­nage cen­tral est un Singe pè­le­rin. «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest» est, comme on le sait, une sorte de dé­dou­ble­ment ou de trans­po­si­tion bur­lesque de la pé­ré­gri­na­tion vers l’Inde (réelle, celle-là) du moine Xuan­zang. Dès le dé­but du IXe siècle, l’ po­pu­laire chi­noise s’était em­pa­rée des ex­ploits de ce moine en marche, parti avec sa canne pour seul com­pa­gnon, tra­ver­sant fleuves et monts, courbé sous le poids des cen­taines de soû­tras boud­dhiques qu’il ra­me­nait dans une hotte d’osier, tel Pro­mé­thée rap­por­tant le dans la conca­vité d’un ro­seau. « est allé là où nul autre n’est allé, il a vu et en­tendu ce que nul autre n’a ja­mais vu et en­tendu. Seul, il tra­versa de vastes éten­dues sans che­min, fré­quen­tées seule­ment par des dé­mo­niaques. Cou­ra­geu­se­ment il grimpa sur de fa­bu­leuses … tou­jours re­froi­dies par des vents gla­cés et par des neiges éter­nelles… Main­te­nant, il est re­venu sain et sauf [dans] son pays na­tal et avec si grande quan­tité de pré­cieux . Il y a, là, six cent cin­quante-sept ou­vrages sa­crés… dont cer­tains sont rem­plis de charmes… ca­pables de faire en­vo­ler les puis­sances in­vi­sibles du » 2. Ses «Mé­moires» et sa «» de­vinrent la source d’ de nom­breuses qui, mê­lées à des ani­ma­liers, s’enrichirent peu à peu de créa­tures sur­na­tu­relles et de pro­diges. Déjà dans la «Chan­te­fable de la quête des soû­tras par Xuan­zang des grands Tang» («Da Tang San­zang qu jing shi­hua» 3), da­tée du Xe ou XIe siècle, on voit en­trer en scène un Roi des , ac­com­pa­gnant le pè­le­rin dans son voyage et contri­buant puis­sam­ment à sa réus­site — un Singe fa­bu­leux cal­qué, au moins en par­tie, sur le per­son­nage d’Hanumân dans le «Râmâyaṇa». Cer­taines pièces du théâtre des Yuan avaient aussi pour su­jet la quête des soû­tras. Et il exis­tait, sous ces mêmes Yuan, un ro­man in­ti­tulé «La Pé­ré­gri­na­tion vers l’Ouest», mais qui est perdu, si l’on ex­cepte un dans la «Grande En­cy­clo­pé­die Yongle»

  1. En chi­nois «西遊記». Au­tre­fois trans­crit «Xiyuji», «Hsi-yu chi», «Si you tsi», «Sy-yeou-ky» ou «Si yeou ki». Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde», p. 362. Icône Haut
  1. En chi­nois «大唐三藏取經詩話». Icône Haut

Faxian, « Mémoire sur les pays bouddhiques »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit du « sur les pays boud­dhiques» 1Fo guo ji» 2) de Faxian 3. La vaste lit­té­ra­ture de la contient une sé­rie de et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les d’éminents qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : «Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent» 4. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur , doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du , jusqu’aux lieux de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le et se pro­cu­raient des masses de , qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’ spi­ri­tuelle de l’ fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces , en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient et bien au pre­mier gros . L’un d’eux 5 dé­clare en pré­am­bule de sa «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest» : «Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du qui crache son ar­deur; ou les masses d’ des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque».

  1. Au­tre­fois tra­duit «Re­la­tion des royaumes boud­dhiques». Icône Haut
  2. En «佛國記». Au­tre­fois trans­crit «Foĕ kouĕ ki», «Foe kue ki», «Fo kouo ki» ou «Fo kuo chi». Éga­le­ment connu sous le titre de «法顯傳» («Fa xian zhuan»), c’est-à-dire « de Faxian». Au­tre­fois trans­crit «Fa-hien-tch’ouen», «Fa-hien tchouan» ou «Fa-hsien chuan». Icône Haut
  3. En chi­nois 法顯. Par­fois trans­crit Fă Hian, Fah-hiyan, Fa-hein, Fa-hien ou Fa-hsien. Icône Haut
  1. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde». Icône Haut
  2. . Icône Haut

Huili et Yancong, « Histoire de la vie de Xuanzang et de ses voyages dans l’Inde, depuis l’an 629 jusqu’en 645 »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la « de », ou lit­té­ra­le­ment «Bio­gra­phie du Maître des Trois Cor­beilles de la Loi du mo­nas­tère de la Grande Bien­veillance» 1Da ci en si san zang fa shi zhuan» 2) de Huili 3 et Yan­cong 4. La vaste lit­té­ra­ture de la contient une sé­rie de et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les d’éminents qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : «Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent» 5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur , doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du , jusqu’aux lieux de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le et se pro­cu­raient des masses de , qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’ spi­ri­tuelle de l’ fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces , en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient et bien au pre­mier gros . L’un d’eux 6 dé­clare en pré­am­bule de sa «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest» : «Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du qui crache son ar­deur; ou les masses d’ des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque».

  1. Au­tre­fois tra­duit «His­toire de la vie de Hiouen-thsang», «His­toire du Maître de la Loi des Trois Cor­beilles du couvent de la Grande Bien­fai­sance», «La Vie de Maître San­zang du mo­nas­tère de la Grande Bien­veillance», «Bio­gra­phie du Maître Tripiṭaka du de la Grande » ou «Bio­gra­phie du Maître de la Loi des Trois Cor­beilles du mo­nas­tère de la Grande Com­pas­sion». Icône Haut
  2. En «大慈恩寺三藏法師傳». Au­tre­fois trans­crit «Ta-ts’e-’en-sse-san-thsang-fa-sse-tch’ouen», «Ta-ts’eu-ngen-sseu san-tsang fa-che tchouan», «Ta-tz’u-en-szu san-tsang fa-shih chuan» ou «Ta-tz’u-en-ssu san-tsang fa-shih chuan». Éga­le­ment connu sous le titre al­longé de «大唐大慈恩寺三藏法師傳» («Da Tang da ci en si san zang fa shi zhuan»), c’est-à-dire «Bio­gra­phie du Maître des Trois Cor­beilles de la Loi ré­si­dant au mo­nas­tère de la Grande Bien­veillance à l’époque des grands Tang». Icône Haut
  3. En chi­nois 慧立. Par­fois trans­crit Hoeï-li, Houei-li, Kwui Li ou Hwui-li. Icône Haut
  1. En chi­nois 彥悰. Par­fois trans­crit Yen-thsang, Yen-thsong, Yen-ts’ong ou Yen Ts’ung. Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde». Icône Haut
  3. . Icône Haut

« Deux Chapitres extraits des mémoires de Yijing sur son voyage dans l’Inde »

dans « Journal asiatique », sér. 8, vol. 12, p. 411-439

dans «Jour­nal asia­tique», sér. 8, vol. 12, p. 411-439

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de la «Re­la­tion sur le , en­voyée des mers du Sud» 1Nan hai ji gui nei fa zhuan» 2) de  3. La vaste lit­té­ra­ture de la contient une sé­rie de et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les d’éminents moines qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : «Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent» 4. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur , doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du , jusqu’aux lieux de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le et se pro­cu­raient des masses de , qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’ spi­ri­tuelle de l’ fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces , en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient et bien au pre­mier gros . L’un d’eux 5 dé­clare en pré­am­bule de sa «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest» : «Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du qui crache son ar­deur; ou les masses d’ des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque».

  1. Au­tre­fois tra­duit «His­toire de la loi in­té­rieure, en­voyée de la mer du Sud» ou « sur la loi in­té­rieure, en­voyé des mers du Sud». Icône Haut
  2. En «南海寄歸內法傳». Au­tre­fois trans­crit «Nan-haï-khi-koueï-neï-fa-tch’ouen», «Nan hai ki kouei nei fa tchouan», «Nan-hai-ki-koei-nei-fa-tchoan» ou «Nan-hai-chi-kuei-nai-fa-ch’uan». Icône Haut
  3. En chi­nois 義淨. Par­fois trans­crit I-tsing, Yi-tsing, Y-tsing, I-tshing, Yi Ching ou I-ching. Icône Haut
  1. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde». Icône Haut
  2. Yi­jing. Icône Haut

Yijing, « Mémoire composé à l’époque de la grande dynastie T’ang sur les religieux éminents qui allèrent chercher la Loi dans les pays d’Occident »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de la «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest 1 à l’époque des grands Tang» 2Da Tang xi yu qiu fa gao seng zhuan» 3) de  4. La vaste lit­té­ra­ture de la contient une sé­rie de et de mé­moires où se trouvent re­la­tés les d’éminents moines qui — à des dates dif­fé­rentes, mais com­prises pour la plu­part entre le Ve et le VIIe siècle — sor­tirent de leur propre pa­trie (la Chine) pour se rendre dans celle de leur (l’Inde), en bra­vant des dif­fi­cul­tés in­sur­mon­tables : «Ils sont al­lés jusqu’aux li­mites du et ils ont vu là où toutes choses fi­nissent» 5. L’immense en­tre­prise sino-in­dienne de ces pè­le­rins, qui s’en al­laient cher­cher une idée plus claire de leur , doit être sa­luée — au-delà de son sens re­li­gieux — comme l’une des ma­ni­fes­ta­tions les plus évi­dentes de l’. Non contents de re­mon­ter, sur les pas du , jusqu’aux lieux de l’Inde, ces hommes d’action et d’étude ap­pre­naient le et se pro­cu­raient des masses de , qu’ils em­me­naient avec eux au re­tour et qu’ils consa­craient tout le reste de leur à tra­duire, en­tou­rés de dis­ciples. Leur im­por­tance dans l’ spi­ri­tuelle de l’ fut in­ouïe. N’eût été leur rôle de mé­dia­teurs, le sen­ti­ment boud­dhique ne se fût sans ja­mais per­pé­tué en Chine. Pour­tant, les pé­rils et les dan­gers que ren­con­traient ces , en s’aventurant par-delà l’Himalaya, au­raient pu dé­cou­ra­ger même les plus vaillants. Ceux qui pas­saient par de­vaient tra­ver­ser des dé­serts épou­van­tables où la route à suivre était mar­quée par les os­se­ments des bêtes et des gens qui y avaient trouvé la ; ceux qui, à l’inverse, choi­sis­saient la voie de ha­sar­daient leur vie sur de lourdes jonques qui som­braient et bien au pre­mier gros . L’un d’eux 6 dé­clare en pré­am­bule de sa «Re­la­tion sur les moines émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les contrées de l’Ouest» : «Consi­dé­rons de­puis les temps an­ciens ceux qui [par­tis de Chine] ont été à l’étranger en fai­sant peu de cas de la vie et en se sa­cri­fiant pour la Loi… Tous comp­taient re­ve­nir, [et] ce­pen­dant, la voie triom­phante était se­mée de dif­fi­cul­tés; les lieux saints étaient éloi­gnés et vastes. Pour des di­zaines qui ver­dirent et fleu­rirent, et pour plu­sieurs qui en­tre­prirent, il y en eut à peine un qui noua ses fruits et donna des ré­sul­tats vé­ri­tables, et il y en eut peu qui ache­vèrent leur œuvre. La vraie cause en fut les im­men­si­tés des dé­serts pier­reux du pays de l’éléphant [c’est-à-dire l’Inde] et l’éclat du qui crache son ar­deur; ou les masses d’ des vagues sou­le­vées par le pois­son gi­gan­tesque».

  1. L’ et l’Inde, si­tuées à l’Ouest de l’Empire . Icône Haut
  2. Au­tre­fois tra­duit «Ré­cit de l’éminent moine T’ang qui voya­gea vers la ré­gion oc­ci­den­tale en quête de la Loi» ou « com­posé à l’époque de la grande dy­nas­tie T’ang sur les re­li­gieux émi­nents qui al­lèrent cher­cher la Loi dans les pays d’». Icône Haut
  3. En chi­nois «大唐西域求法高僧傳». Au­tre­fois trans­crit «Ta-T’ang-si-yu-k’ieou-fa-kao-seng-tchoan», «Ta T’ang si yu k’ieou fa kao seng tchouan» ou «Ta T’ang hsi-yü ch’iu-fa kao-sêng ch’uan». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «求法高僧傳». Au­tre­fois trans­crit «Khieou-fa-kao-seng-tch’ouen», «Kieou-fa-kao-seng-tchuen» ou «Kau-fa-kao--chuen». Icône Haut
  1. En chi­nois 義淨. Par­fois trans­crit I-tsing, Yi-tsing, Y-tsing, I-tshing, Yi Ching ou I-ching. Icône Haut
  2. Dans Lévy, «Les Pè­le­rins chi­nois en Inde». Icône Haut
  3. Yi­jing. Icône Haut

le père Porée, « Le Paresseux : comédie »

dans « Théâtre européen, nouvelle collection. Théâtre latin moderne » (XIXᵉ siècle), p. 1-42

dans « eu­ro­péen, col­lec­tion. mo­derne» (XIXe siècle), p. 1-42

Il s’agit de la «Le Pa­res­seux» («Otio­sus») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « Le Joueur : comédie »

dans « Théâtre européen, nouvelle collection. Théâtre latin moderne » (XIXᵉ siècle), p. 43-76

dans « eu­ro­péen, col­lec­tion. Théâtre mo­derne» (XIXe siècle), p. 43-76

Il s’agit de la «Le Joueur» («Alea­tor») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

« Théâtre jésuite néo-latin et Antiquité : sur le “Brutus” de Charles Porée (1708) »

éd. École française de Rome, coll. de l’École française de Rome, Rome

éd. École fran­çaise de , coll. de l’École fran­çaise de Rome, Rome

Il s’agit de la «Bru­tus» du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « “De theatro”, Discours sur les spectacles »

éd. Société de littératures classiques, coll. des Rééditions de textes du XVIIᵉ siècle, Toulouse

éd. de lit­té­ra­tures clas­siques, coll. des Ré­édi­tions de textes du XVIIe siècle, Tou­louse

Il s’agit du «Dis­cours sur les spec­tacles» («De thea­tro») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la so­ciété qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

le père Porée, « Discours sur la satire »

éd. H. Champion, coll. L’Âge des lumières, Paris

éd. H. Cham­pion, coll. L’Âge des , Pa­ris

Il s’agit du «Dis­cours sur la » («De sa­tyra») du père , jé­suite d’expression la­tine, le pro­fes­seur le plus ad­miré de son (XVIIIe siècle). Le pro­fes­so­rat ne fut ja­mais pour le père Po­rée ce qu’il était pour la plu­part de ses col­lègues — un passe-temps pro­vi­soire, des­tiné à oc­cu­per le re­li­gieux pen­dant ses pre­mières an­nées de . On trouve au contraire en sa per­sonne un mo­dèle de ces per­pé­tuels, ces «ma­gis­tri per­pe­tui», qui se vouent pour la à l’ de la , sans cher­cher d’autre em­ploi pour les fa­cul­tés de leur es­prit. Si­tôt sa for­ma­tion re­li­gieuse ter­mi­née, le père Po­rée fut chargé d’une classe; qua­rante-huit ans après, quand la vint le sur­prendre, elle le trouva en­core à son poste au col­lège Louis-le-Grand. Du­rant toutes ces dé­cen­nies, il ne sor­tit presque ja­mais du col­lège, tran­chant ainsi avec les ha­bi­tudes mon­daines des Bou­hours, des Ra­pin, des La Rue, dont il se mon­tra pour­tant le digne suc­ces­seur. Non seule­ment il en­sei­gnait l’ des belles-lettres à ses élèves, mais en­core il vi­vait avec eux, il dé­mê­lait leurs dis­po­si­tions, il par­lait à leur cœur, il sa­vait à l’avance leurs , leurs vices, et quand en­fin il les ren­dait à la qui les lui avait confiés, il pou­vait dire sur quels hommes elle pou­vait comp­ter. Ses élèves de­meu­raient ses amis, et tous se fai­saient un de­voir de le consul­ter dans les grandes oc­ca­sions de la vie et de suivre son avis. Vol­taire fut de leur nombre, et le père Po­rée, qui avait de­viné et en­cou­ragé ses pre­miers , di­sait par­fois, en en­ten­dant par­ler de son ir­ré­li­gion : «C’est ma gloire et ma ». Mais au fond de lui, il ai­mait trop les ta­lents lit­té­raires et il en était trop bon juge pour ne pas être flatté d’avoir contri­bué à ceux d’un tel élève. On cite sou­vent la lettre écrite par Vol­taire après la mort du père Po­rée, et où le dis­ciple fait de son maître cet éloge : «Rien n’effacera dans mon cœur la du père Po­rée, qui est éga­le­ment chère à tous ceux qui ont étu­dié sous lui. Ja­mais ne ren­dit l’étude et la plus ai­mable. Les heures de ses le­çons étaient pour nous des heures dé­li­cieuses, et j’aurais voulu qu’il eût été éta­bli 1 dans Pa­ris comme dans Athènes que l’on pût as­sis­ter à tout âge à de telles le­çons. Je se­rais re­venu sou­vent les en­tendre… En­fin, pen­dant les sept an­nées que j’ai vécu en [son col­lège], qu’ai-je vu chez [lui]? La vie la plus la­bo­rieuse, la plus fru­gale, la plus ré­glée. Toutes ses heures par­ta­gées entre les soins qu’[il] nous don­nait et les exer­cices de sa pro­fes­sion aus­tère»

  1. «Éta­bli» au sens d’«ad­mis». Icône Haut

Buzurg ibn Šahrîyâr, « Livre des merveilles de l’Inde »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre des mer­veilles de l’Inde» («Ki­tâb ‘aǧâ’ib al-Hind» 1) at­tri­bué à Bu­zurg ibn Šah­riyâr al-Râm-Hur­muzî 2. L’auteur — un de Râm-Hur­muz 3 — a sillonné les côtes de l’Inde et de l’Insulinde en tant que ca­pi­taine de na­vire («nâḫudât»); mais la plu­part des faits qu’il nous rap­porte ont pour ga­rants d’autres ca­pi­taines de na­vire, maîtres de mu‘allim») et pi­lotes de sa connais­sance. «On y trouve de la , de l’ na­tu­relle, de la …, des ré­cits de et de , des scènes d’anthropophagie, et — di­sons-le tout de suite comme aver­tis­se­ment aux per­sonnes fa­ciles à ef­fa­rou­cher — plu­sieurs traits de mœurs orien­tales, contés avec une fran­chise un peu crue» 4. De ce très riche fouillis, il se dé­gage en tout cent trente-quatre his­to­riettes que l’auteur dit avoir re­cueillies de la bouche même des na­vi­ga­teurs per­sans et arabes qui y ont joué le pre­mier rôle. Quelques-unes d’entre elles sont da­tées, et leurs dates s’échelonnent de 900 à 953 apr. J.-C. Il est per­mis d’en dé­duire que le re­cueil a été achevé en cette der­nière an­née ou peu après. Comme le titre de «Livre des mer­veilles de l’Inde» l’indique, et comme c’est presque tou­jours tou­jours le cas s’agissant d’ nées na­tu­relles dans la bouche de , l’extraordinaire, le ter­rible, le tient ici une place cen­trale. Les his­toires fa­bu­leuses de ser­pents et de peuples man­geurs d’hommes ne font donc pas dé­faut, et l’auteur fi­nit par­fois par lâ­cher : «À mon sens, c’est une rê­ve­rie sans fon­de­ment. seul connaît la » 5. Mais il s’en trouve d’autres qui frappent par leur sim­pli­cité et leur ac­cent vé­ri­dique; car, à l’opposé des «Mille et une Nuits», elles peuvent se conclure par des re­vers de for­tune et des faillites : «Un bâ­ti­ment coule à fond en pleine , un autre est sub­mergé en vue du port; tel échoue et se brise sur les écueils, tel autre est frappé par la corne d’un nar­val. Ici, de tout un nom­breux équi­page nau­fragé, six ou sept hommes seule­ment se sauvent, par des moyens mi­ra­cu­leux, après avoir souf­fert mille morts. Là, un seul échappe aux flots pour tom­ber entre les mains d’un monstre à face hu­maine, d’un Po­ly­phème qui l’engraisse pour le dé­vo­rer» 6.

  1. En «كتاب عجائب الهند». Au­tre­fois trans­crit «Kitāb ‘adjā’ib al-Hind» ou «Ki­tab al-ajaib al-Hind». Icône Haut
  2. En per­san بزرگ بن شهریار رامهرمزی. Au­tre­fois trans­crit Bo­zorg fils de Chah­riyâr ou Bu­zurg b. Shah­riyār. Icône Haut
  3. En per­san رامهرمز. Au­tre­fois trans­crit Râm­hor­moz, Ram-Hor­muz ou Ram­hor­mouz. Icône Haut
  1. Mar­cel De­vic. Icône Haut
  2. p. 173. Icône Haut
  3. Mar­cel De­vic. Icône Haut

Harṣa, « Trois Pièces de théâtre (VIIᵉ siècle apr. J.-C.). “Priya darshika” “Nagananda” “Ratnavali” »

éd. Buchet-Chastel, Paris

éd. Bu­chet-Chas­tel, Pa­ris

Il s’agit de «Rat­nâ­valî» 1Col­lier-de-gemmes»), «Priya­darśikâ» 2Belle-à-voir») et autres pièces de du roi -de- (Śî­lâ­di­tya 3), plus cé­lèbre dans l’ et la lit­té­ra­ture de l’Inde sous le nom de Harṣa ou Harṣa Vard­hana 4. La de ce roi — dra­ma­turge, poète, ami na­tu­rel des re­li­gions et des lettres — est, avec celle d’Aśoka, l’une des mieux connues et des plus net­te­ment ées de l’Inde clas­sique. Outre ses mon­naies et , deux té­moi­gnages de pre­mière main nous ren­seignent sur lui. Le cour­ti­san Bâṇa, qui bé­né­fi­cia de ses lar­gesses, a ré­digé sa ro­man­cée sous le titre de «La Geste de Harṣa» («Harṣa­ca­rita» 5) — une vie qui s’arrête, ce­pen­dant, in­opi­né­ment au hui­tième cha­pitre, soit que le bio­graphe l’ait lais­sée in­ache­vée, soit que les siècles en aient fait dis­pa­raître les der­nières pages. À ce té­moi­gnage s’ajoute ce­lui du pè­le­rin , qui passa en Inde plus de douze ans et qui nous a laissé, dans les «Mé­moires» re­la­tifs à son voyage, maints dé­tails sur ce sou­ve­rain qui fut pour lui un hôte et un ami. Le por­trait concor­dant dressé par ces do­cu­ments nous re­pré­sente Harṣa à la tête d’une ar­mée for­mi­dable, qui ne comp­tait pas moins de soixante mille élé­phants et cent mille hommes de ca­va­le­rie; mais loin d’abuser de sa puis­sance, il était au contraire aussi pa­ci­fique qu’il était pieux. «Et par sa , il ré­pan­dit par­tout l’union et la ; il… pra­ti­qua le bien au point d’oublier le som­meil et le man­ger», rap­porte Xuan­zang 6. «Dans les — grandes et pe­tites — des cinq Indes 7, dans les , dans les car­re­fours, au croi­se­ment des che­mins, il fit bâ­tir des mai­sons de se­cours, où l’on dé­po­sait des ali­ments, des breu­vages et des mé­di­ca­ments pour les don­ner en au­mône aux … et aux in­di­gents. Ces dis­tri­bu­tions bien­fai­santes ne ces­saient ja­mais.» Rem­pli de zèle pour la du , Harṣa était en même rem­pli de pour toute . Il convo­quait ré­gu­liè­re­ment une es­pèce de grande as­sem­blée de tous les re­li­gieux ver­sés dans les , pour la­quelle il épui­sait le tré­sor et les ma­ga­sins de l’État. Ce mé­lange d’indulgence et de li­bé­ra­lité royale perce à jour éga­le­ment dans les œuvres lit­té­raires qui lui sont at­tri­buées — trois et deux poé­sies, et qui achèvent de nous faire connaître un roi dont la vertu rayonna de feux et de splen­deur non seule­ment en Inde, mais à l’étranger.

  1. En «रत्नावली». Au­tre­fois trans­crit «Rat­na­wali». Icône Haut
  2. En sans­crit «प्रियदर्शिका». Au­tre­fois trans­crit «Priya dar­shika» ou «Priya­dar­çikâ». Icône Haut
  3. En sans­crit शीलादित्य. Au­tre­fois trans­crit Çî­lâ­di­tya. Icône Haut
  4. En sans­crit हर्षवर्धन. Au­tre­fois trans­crit Harça, Har­cha ou Har­sha. Icône Haut
  1. En sans­crit «हर्षचरितम्», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Harṣa­ca­ri­tam», «Har­chat­cha­rita», «Har­sa­cha­rita», «Har­sha­cha­rita» ou «Har­sha­ca­rita». Icône Haut
  2. «Mé­moires sur les contrées oc­ci­den­tales», liv. V, ch. LXI. Icône Haut
  3. Les Chi­nois comp­taient cinq Indes cor­res­pon­dant aux quatre points car­di­naux avec, au mi­lieu, l’Inde cen­trale. Icône Haut