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Kavafis, « L’art ne ment-il pas toujours ? »

éd. Fata Morgana, Saint-Clément-de-Rivière

éd. Fata Mor­gana, Saint-Clé­ment-de-Ri­vière

Il s’agit des notes in­édites de  1, poète d’expression grecque (XIXe-XXe siècle). «La ex­té­rieure de Constan­tin Ka­va­fis tient en quelques lignes; ses vers nous ren­seignent da­van­tage sur ce que fut cette bor­née en ap­pa­rence aux rou­tines des bu­reaux et des ca­fés, de la rue et de la ta­verne louche, li­mi­tée dans l’ au tracé, mille fois re­par­couru, d’une même ville», dit Mme Mar­gue­rite Your­ce­nar. En ef­fet, la de Ka­va­fis se dé­ve­loppe dans le vase clos d’une même ville : Alexan­drie. La pre­mière im­pres­sion qui s’en dé­gage est celle d’une exis­tence tel­le­ment en­fon­cée dans son ma­rasme qu’aucune dé­li­vrance ne pa­raît pos­sible. C’est la poé­sie d’un vieillard et la poé­sie éga­le­ment d’un être hu­main mar­qué d’une am­bi­guïté fon­da­men­tale dans sa , qui l’empêche de s’accepter en­tiè­re­ment, tel que la créa­tion l’a fait. Cet lu­cide ne se fait point d’illusions. Il sait qu’il lui est in­ter­dit de joindre en lui-même une pro­fonde et conqué­rante. Au pre­mier abord, au­cune consi­dé­ra­tion, au­cune es­pé­rance ne viennent at­té­nuer cette vue désa­bu­sée de sa des­ti­née. Les fi­gures his­to­riques qui ont ma­ni­fes­te­ment sa pré­di­lec­tion sont des ado­les­cents du hel­lé­nis­tique et by­zan­tin, mi-grecs mi-asiates, des êtres char­mants, vé­naux, ef­fé­mi­nés, et qui res­semblent éton­nam­ment aux ado­les­cents dé­crits dans les poèmes ins­pi­rés de sa propre . Ce sont des êtres mus par un be­soin de beauté et de jouis­sance. Et comme ils ne peuvent pas sa­tis­faire ce be­soin, ils sombrent dans l’ et le mal­heur. «Tou­chants, dignes dans leur échec, par­fois même hé­roïques, ils souffrent de n’être pas des Olym­piens. Ils ne sont que jusqu’aux abords du . Mais comme ils y ar­rivent pleins d’humilité et conscients de leur fai­blesse, il leur sera beau­coup par­donné», dit M. Georges Spy­ri­daki

  1. En Κωνσταντίνος Καϐάφης. Par­fois trans­crit Ka­vaphes, Ka­va­phis, Ka­wa­fis, Ca­va­fis, Ca­vafy ou Ka­vafy. Icône Haut

Roûmî, « Le Livre de Chams de Tabriz : cent poèmes »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Diwân-e-Shams» 1 de  2, poète d’expression per­sane, qui n’est pas seule­ment l’inspirateur d’une confré­rie, celle des «», mais le di­rec­teur spi­ri­tuel de tout le XIIIe siècle. «Un si grand poète, ai­mable, har­mo­nieux, étin­ce­lant, exalté; un es­prit d’où émanent des par­fums, des , des mu­siques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la ma­nière dont sa strophe prend le dé­part et s’élève au , a déjà trans­porté son lec­teur», dit M. Mau­rice Bar­rès 3. Ré­fu­gié à Ko­nya 4 en Ana­to­lie (Roûm), Djé­lâl-ed-dîn trouva dans cette ville ha­bi­tée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un adonné à la , à la , aux danses, et il em­ploya cette poé­sie, cette mu­sique, ces danses pour lui faire connaître . Son ac­tion im­mense en Orient jeta, pour ainsi dire, des ra­cines si pro­fondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les de ses en­sei­gne­ments n’ont rien perdu de leur fraî­cheur ni de leur par­fum; il se sur­vit dans ses dis­ciples et ses suc­ces­seurs qui, de­puis plus de sept siècles, ré­pètent ses plus beaux dé­lires au­tour de son tom­beau en l’appelant «notre Maître» (Maw­lânâ 5). La beauté et l’esprit to­lé­rant de ses œuvres ont sur­pris les oc­ci­den­taux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur les­quels souffle ma brise s’épanouissent comme un jar­din plein de lu­mière», dit-il avec

  1. En «دیوان شمس». Par­fois trans­crit «Di­van-i Shams», «Dî­vân-ı Şems» ou «Di­vân-ê Chams». Éga­le­ment connu sous le titre de «Diwân ka­bir» («دیوان کبیر») et de «Kûl­liyât-e-Shams» («کلیات شمس»). Icône Haut
  2. En per­san جلال‌الدین رومی. Par­fois trans­crit Jelālu-’d-Dīn er-Rūmī, Jel­la­lud­din Rumi, Je­la­lud­din Rumi, Ja­lal-ud-Din Rumi, Jal­la­lud­din Rumi, Dja­lâl-ud-Dîn Rûmî, Dže­la­lud­din Rumi, Dscha­lal ad-din Rumi, Ca­la­laddīn Rūmī, Ja­lâl ad dîn Roûmî, Ya­lal ad-din Rumí, Ga­lal al-din Rumi, Dja­lâl-od-dîn Rûmî, Ja­lâ­lod­dîn Rûmî, Djé­la­lid­din-Roumi, Ja­lel Id­dine Roumi, Dsche­lâl-ed-dîn Rumi, Ce­la­le­din Rumi, Ce­la­led­din-i Rumi, Je­la­led­din Rumi, Dje­la­let­tine Roumî, Djé­lal­le­din-i-Roumi ou Djel­lal-ed-Dine Roumi. Icône Haut
  3. «Une En­quête aux pays du . Tome II», p. 74. Icône Haut
  1. On ren­contre aussi les gra­phies Co­gni, Cogne, Co­nia, Ko­nia et Ko­nié. C’est l’ancienne Ico­nium. Icône Haut
  2. En per­san مولانا. Par­fois trans­crit Mau­lana, Mow­lânâ, Mev­lana ou Mew­lânâ. Icône Haut

Roûmî, « Soleil du réel : poèmes de l’amour mystique »

éd. Imprimerie nationale, coll. La Salamandre, Paris

éd. Im­pri­me­rie na­tio­nale, coll. La Sa­la­mandre, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle du «Diwân-e-Shams» 1 de  2, poète d’expression per­sane, qui n’est pas seule­ment l’inspirateur d’une confré­rie, celle des « tour­neurs», mais le di­rec­teur spi­ri­tuel de tout le XIIIe siècle. «Un si grand poète, ai­mable, har­mo­nieux, étin­ce­lant, exalté; un es­prit d’où émanent des par­fums, des , des mu­siques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la ma­nière dont sa strophe prend le dé­part et s’élève au , a déjà trans­porté son lec­teur», dit M. Mau­rice Bar­rès 3. Ré­fu­gié à Ko­nya 4 en Ana­to­lie (Roûm), Djé­lâl-ed-dîn trouva dans cette ville ha­bi­tée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un adonné à la , à la , aux danses, et il em­ploya cette poé­sie, cette mu­sique, ces danses pour lui faire connaître . Son ac­tion im­mense en jeta, pour ainsi dire, des ra­cines si pro­fondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les de ses en­sei­gne­ments n’ont rien perdu de leur fraî­cheur ni de leur par­fum; il se sur­vit dans ses dis­ciples et ses suc­ces­seurs qui, de­puis plus de sept siècles, ré­pètent ses plus beaux dé­lires au­tour de son tom­beau en l’appelant «notre Maître» (Maw­lânâ 5). La beauté et l’esprit to­lé­rant de ses œuvres ont sur­pris les oc­ci­den­taux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur les­quels souffle ma brise s’épanouissent comme un jar­din plein de lu­mière», dit-il avec

  1. En «دیوان شمس». Par­fois trans­crit «Di­van-i Shams», «Dî­vân-ı Şems» ou «Di­vân-ê Chams». Éga­le­ment connu sous le titre de «Diwân ka­bir» («دیوان کبیر») et de «Kûl­liyât-e-Shams» («کلیات شمس»). Icône Haut
  2. En per­san جلال‌الدین رومی. Par­fois trans­crit Jelālu-’d-Dīn er-Rūmī, Jel­la­lud­din Rumi, Je­la­lud­din Rumi, Ja­lal-ud-Din Rumi, Jal­la­lud­din Rumi, Dja­lâl-ud-Dîn Rûmî, Dže­la­lud­din Rumi, Dscha­lal ad-din Rumi, Ca­la­laddīn Rūmī, Ja­lâl ad dîn Roûmî, Ya­lal ad-din Rumí, Ga­lal al-din Rumi, Dja­lâl-od-dîn Rûmî, Ja­lâ­lod­dîn Rûmî, Djé­la­lid­din-Roumi, Ja­lel Id­dine Roumi, Dsche­lâl-ed-dîn Rumi, Ce­la­le­din Rumi, Ce­la­led­din-i Rumi, Je­la­led­din Rumi, Dje­la­let­tine Roumî, Djé­lal­le­din-i-Roumi ou Djel­lal-ed-Dine Roumi. Icône Haut
  3. «Une En­quête aux pays du . Tome II», p. 74. Icône Haut
  1. On ren­contre aussi les gra­phies Co­gni, Cogne, Co­nia, Ko­nia et Ko­nié. C’est l’ancienne Ico­nium. Icône Haut
  2. En per­san مولانا. Par­fois trans­crit Mau­lana, Mow­lânâ, Mev­lana ou Mew­lânâ. Icône Haut

Roûmî, « Le Livre du dedans, “Fîhi-mâ-fîhi” »

éd. Actes Sud-Leméac, coll. Babel, Arles-Montréal

éd. Actes Sud-Le­méac, coll. Ba­bel, Arles-Mont­réal

Il s’agit du «Livre du de­dans» («Fîhi-mâ-fîhi» 1) de  2, poète d’expression per­sane, qui n’est pas seule­ment l’inspirateur d’une confré­rie, celle des « tour­neurs», mais le di­rec­teur spi­ri­tuel de tout le XIIIe siècle. «Un si grand poète, ai­mable, har­mo­nieux, étin­ce­lant, exalté; un es­prit d’où émanent des par­fums, des , des mu­siques, un peu d’extravagance, et qui, rien que de la ma­nière dont sa strophe prend le dé­part et s’élève au , a déjà trans­porté son lec­teur», dit M. Mau­rice Bar­rès 3. Ré­fu­gié à Ko­nya 4 en Ana­to­lie (Roûm), Djé­lâl-ed-dîn trouva dans cette ville ha­bi­tée de Grecs, de Turcs, d’Arméniens, de Juifs et de Francs un adonné à la , à la , aux danses, et il em­ploya cette poé­sie, cette mu­sique, ces danses pour lui faire connaître . Son ac­tion im­mense en jeta, pour ainsi dire, des ra­cines si pro­fondes dans toutes les âmes que, même jusqu’aujourd’hui, les fruits et les de ses en­sei­gne­ments n’ont rien perdu de leur fraî­cheur ni de leur par­fum; il se sur­vit dans ses dis­ciples et ses suc­ces­seurs qui, de­puis plus de sept siècles, ré­pètent ses plus beaux dé­lires au­tour de son tom­beau en l’appelant «notre Maître» (Maw­lânâ 5). La beauté et l’esprit to­lé­rant de ses œuvres ont sur­pris les oc­ci­den­taux, et tourné la tête aux plus sobres parmi eux. «Tous les cœurs sur les­quels souffle ma brise s’épanouissent comme un jar­din plein de lu­mière», dit-il avec

  1. En «فیه مافیه». Par­fois trans­crit «Fih-é mâ fih». Icône Haut
  2. En per­san جلال‌الدین رومی. Par­fois trans­crit Jelālu-’d-Dīn er-Rūmī, Jel­la­lud­din Rumi, Je­la­lud­din Rumi, Ja­lal-ud-Din Rumi, Jal­la­lud­din Rumi, Dja­lâl-ud-Dîn Rûmî, Dže­la­lud­din Rumi, Dscha­lal ad-din Rumi, Ca­la­laddīn Rūmī, Ja­lâl ad dîn Roûmî, Ya­lal ad-din Rumí, Ga­lal al-din Rumi, Dja­lâl-od-dîn Rûmî, Ja­lâ­lod­dîn Rûmî, Djé­la­lid­din-Roumi, Ja­lel Id­dine Roumi, Dsche­lâl-ed-dîn Rumi, Ce­la­le­din Rumi, Ce­la­led­din-i Rumi, Je­la­led­din Rumi, Dje­la­let­tine Roumî, Djé­lal­le­din-i-Roumi ou Djel­lal-ed-Dine Roumi. Icône Haut
  3. «Une En­quête aux pays du . Tome II», p. 74. Icône Haut
  1. On ren­contre aussi les gra­phies Co­gni, Cogne, Co­nia, Ko­nia et Ko­nié. C’est l’ancienne Ico­nium. Icône Haut
  2. En per­san مولانا. Par­fois trans­crit Mau­lana, Mow­lânâ, Mev­lana ou Mew­lânâ. Icône Haut

Aflâkî, « Les Saints des derviches tourneurs : récits. Tome II »

éd. E. Leroux, coll. Études d’hagiographie musulmane, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Études d’hagiographie mu­sul­mane, Pa­ris

Il s’agit du «Ménâqib-el-‘ârifîn» 1Les des », ou lit­té­ra­le­ment «Les des ini­tiés» 2) de  3. C’est un ré­cit ha­gio­gra­phique, une sorte de lé­gende do­rée por­tant sur les « tour­neurs», c’est-à-dire sur l’inspirateur de cette confré­rie, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî, sur son père, sur son ami Chems-ed-dîn Té­brîzi, sur cer­tains des , des , des hommes pieux de son en­tou­rage et sur ses suc­ces­seurs im­mé­diats. Aflâkî lui-même était rat­ta­ché aux «der­viches tour­neurs» et dis­ciple du pe­tit-fils de Roûmî, sur l’invitation du­quel il en­tre­prit cette ha­gio­gra­phie, qu’il com­mença d’écrire en l’an 1318 et qu’il acheva en l’an 1353 apr. J.-C. Le «Ménâqib-el-‘ârifîn» s’ouvre avec les mo­tifs qui ont obligé Roûmî à quit­ter Balkh et la , ainsi que le dé­sastre qui a at­teint cette contrée et les pertes qu’a su­bies la au sens large, quand les Mon­gols, «troupes de pa­reilles à des sau­te­relles ré­pan­dues sur la , dont il a été dit : “Je les ai créées de Ma puis­sance et de Ma » 4, dé­vas­tèrent cette ré­gion. Balkh, la pre­mière ville que les hordes de Gen­gis Khan trou­vèrent sur leur pas­sage, était, en même que la pa­trie de Roûmî, l’un des hauts lieux cultu­rels d’ : elle était pleine de , d’ouvrages ex­quis, et de tout ce qui pou­vait ser­vir d’ornement à une grande ville, parce qu’elle avait été le sé­jour de plu­sieurs gens illustres en toutes sortes d’, qui avaient contri­bué à sa beauté. Gen­gis Khan avait une grande haine pour cette ville, parce qu’elle avait of­fert re­fuge au Sul­tan du Khâ­rezm, son en­nemi. Il donna l’ordre de mettre à les jeunes, les vieux; de fendre le ventre des en­ceintes; de sa­cri­fier en en­tier les qui se trou­ve­raient dans cette ville; en­suite, de ra­ser en­tiè­re­ment celle-ci. On rap­porte qu’on mit le à douze mille mos­quées de quar­tier, et qu’au mi­lieu de cet in­cen­die, qua­torze mille textes com­plets du furent brû­lés; qu’on mit à mort près de cin­quante mille , étu­diants et «ha­fiz» («hommes ou femmes sa­chant de le Co­ran»), sans comp­ter le com­mun du . Roûmî était alors âgé de cinq ans. Son père par­tit avec toute sa par la route de Ko­nya vers l’Anatolie (Roûm), comme firent un grand nombre d’autres sa­vants qui quit­tèrent la Perse : «Au mi­lieu des contem­po­rains, il ne resta plus trace de plai­sir… L’ et les têtes furent em­por­tés par le vent; les [écoles] et les [col­lèges] de­vinrent des hô­tel­le­ries; la béné dis­pa­rut du , et les té­nèbres de la ty­ran­nie s’appesantirent sur l’univers, qui fut bou­le­versé»

  1. En «مناقب‌العارفین». Par­fois trans­crit «Ma­nâ­qeb ol-âre­fin», «Me­nâkıb-ül-âri­fîn», «Ma­nâ­qib ul-‘ârifîn», «Menāqibu’l ‘ārifīn», «Ma­nâ­qeb al-’ârefin» ou «Manāḳib al-‘ārifīn». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit « des mys­tiques» ou «Les Ver­tus des mys­tiques». Icône Haut
  1. En per­san شمس‌الدین احمد افلاکی. Par­fois trans­crit Şem­sed­dîn Ah­med Eflâkî, Shems-ud-din Ah­med Eflaki, Shemsu-’d-Dīn Ah­med Eflākī, Chams ud­din Ah­mad Aflaki, Šams-al-dīn Aḥ­mad Aflākī ou Shams al-Dīn Aḥ­mad Aflākī. Icône Haut
  2. «Tome I», p. 9. Icône Haut

Bestoujev, « Ammalat-beg : histoire caucasienne »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Am­ma­lat-beg» 1 d’ 2, nou­vel­liste au bouillant et ora­geux, créa­teur de la (XIXe siècle). Son père, qui pu­bliait la «Re­vue de Saint-Pé­ters­bourg» («Sankt-Pe­ter­bourg­ski jour­nal» 3), le fit en­trer tout jeune à l’école mi­li­taire. À cette époque se for­mait le cercle du mou­ve­ment ré­vo­lu­tion­naire les , et Bes­tou­jev en de­vint bien­tôt l’un des . L’ de la na­po­léo­nienne sur ce mou­ve­ment a été très bien ex­pli­ci­tée par Bes­tou­jev lui-même dans sa lettre au tsar Ni­co­las : «Na­po­léon en­va­hit la , et c’est alors que le russe sen­tit pour la pre­mière fois sa puis­sance; c’est alors que na­quit et s’éveilla dans tous les cœurs le sen­ti­ment de l’indépendance, d’abord et en­suite po­pu­laire. Voilà l’origine de la libre en Rus­sie!» 4 Les dé­cem­bristes étaient ceux qui, à la du tsar Alexandre, en dé­cembre 1825, crurent le mo­ment venu de pro­cla­mer la . Ils étaient trop en avance sur leur et sur leur mi­lieu pour être sui­vis; trop pour réus­sir. Le tsar Ni­co­las en vint à bout fa­ci­le­ment. Les uns furent pen­dus, les autres és. Bes­tou­jev fut dans ce der­nier cas. C’était un brillant ca­pi­taine de deuxième rang du ré­gi­ment de . Il avait vingt-sept ans et il ve­nait d’être condamné à vingt ans de tra­vaux for­cés au . Chez toute autre per­sonne dont les de avaient fait place à une mar­quée par les chaînes et la pri­son, on au­rait pu s’attendre à trou­ver un cer­tain déses­poir, ou pour le moins, un abat­te­ment. Ce fut le contraire chez Bes­tou­jev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la pé­riode très dure, mais ex­tra­or­di­nai­re­ment fé­conde qui sui­vit sa condam­na­tion.

  1. En russe «Аммалат-бек». Par­fois trans­crit «Am­ma­lat-bek». Icône Haut
  2. En russe Александр Бестужев. Par­fois trans­crit Bes­tou­jef, Bes­tou­chef, Bes­tu­schew, Bes­tuz­heff, Bes­tuz­hev ou Bes­tužev. Icône Haut
  1. En russe «Санкт-Петербургский журнал». Icône Haut
  2. Dans Ros­ti­slav Plet­nev, « sur la ; tra­duit par Mme Zé­naïde Trou­bets­koï» (éd. Presses de l’Université de Mont­réal, Mont­réal). Icône Haut

Bestoujev, « L’Examen »

dans « Les Drames intimes : contes russes » (XIXᵉ siècle), p. 173-262

dans «Les Drames in­times : russes» (XIXe siècle), p. 173-262

Il s’agit de l’«L’Examen» («Is­pi­ta­nie» 1) d’ 2, nou­vel­liste au bouillant et ora­geux, créa­teur de la (XIXe siècle). Son père, qui pu­bliait la «Re­vue de Saint-Pé­ters­bourg» («Sankt-Pe­ter­bourg­ski jour­nal» 3), le fit en­trer tout jeune à l’école mi­li­taire. À cette époque se for­mait le cercle du mou­ve­ment ré­vo­lu­tion­naire les , et Bes­tou­jev en de­vint bien­tôt l’un des . L’ de la na­po­léo­nienne sur ce mou­ve­ment a été très bien ex­pli­ci­tée par Bes­tou­jev lui-même dans sa lettre au tsar Ni­co­las : «Na­po­léon en­va­hit la , et c’est alors que le russe sen­tit pour la pre­mière fois sa puis­sance; c’est alors que na­quit et s’éveilla dans tous les cœurs le sen­ti­ment de l’indépendance, d’abord et en­suite po­pu­laire. Voilà l’origine de la libre en Rus­sie!» 4 Les dé­cem­bristes étaient ceux qui, à la du tsar Alexandre, en dé­cembre 1825, crurent le mo­ment venu de pro­cla­mer la . Ils étaient trop en avance sur leur et sur leur mi­lieu pour être sui­vis; trop pour réus­sir. Le tsar Ni­co­las en vint à bout fa­ci­le­ment. Les uns furent pen­dus, les autres . Bes­tou­jev fut dans ce der­nier cas. C’était un brillant ca­pi­taine de deuxième rang du ré­gi­ment de . Il avait vingt-sept ans et il ve­nait d’être condamné à vingt ans de tra­vaux for­cés au . Chez toute autre per­sonne dont les de avaient fait place à une mar­quée par les chaînes et la pri­son, on au­rait pu s’attendre à trou­ver un cer­tain déses­poir, ou pour le moins, un abat­te­ment. Ce fut le contraire chez Bes­tou­jev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la pé­riode très dure, mais ex­tra­or­di­nai­re­ment fé­conde qui sui­vit sa condam­na­tion.

  1. En russe «Испытание». Par­fois trans­crit «Is­py­ta­nie». Icône Haut
  2. En russe Александр Бестужев. Par­fois trans­crit Bes­tou­jef, Bes­tou­chef, Bes­tu­schew, Bes­tuz­heff, Bes­tuz­hev ou Bes­tužev. Icône Haut
  1. En russe «Санкт-Петербургский журнал». Icône Haut
  2. Dans Ros­ti­slav Plet­nev, « sur la ; tra­duit par Mme Zé­naïde Trou­bets­koï» (éd. Presses de l’Université de Mont­réal, Mont­réal). Icône Haut

le shôgun Sanetomo, « Le “Kinkai-shû” »

dans « La Poétique, la Mémoire » (éd. du Seuil, coll. Change, Paris), p. 141-163

dans «La , la » (éd. du Seuil, coll. Change, Pa­ris), p. 141-163

Il s’agit du re­cueil «Kin­kai--shû» 1, éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «Kin­kai-shû» 2 du shô­gun Mi­na­moto no Sa­ne­tomo 3 (XII-XIIIe siècle). Ce grand poète du mé­dié­val, fils du shô­gun , de­vint en 1203 apr. J.-C. l’héritier du trône, mais d’une ma­nière no­mi­nale seule­ment. Pri­son­nier dans son de Ka­ma­kura, il ne put exer­cer au­cun pou­voir réel et il coula sa courte dans la de et de let­trés, es­sayant d’oublier le passé, les haines de et les ven­geances hé­ré­di­taires, bu­vant du saké, se cou­ron­nant de et s’adonnant tout en­tier à son ta­lent pour les poèmes — ta­lent sans le­quel il n’aurait peut-être pas laissé de trace dans les an­nales. Hé­las! notre shô­gun ache­vait sa vingt-hui­tième an­née le jour où il pé­rit par le poi­gnard d’un ne­veu. Ce mal­heur se pro­dui­sit en 1219. Au re­tour d’une cé­ré­mo­nie, il des­cen­dait le haut es­ca­lier de du de Ha­chi­man 4, quand son ne­veu Ku­gyô, dis­si­mulé jusque-là par le feuillage touffu d’un grand arbre près des marches, le sai­sit à la gorge, l’abattit en un clin d’ et lui tran­cha la tête; puis s’enfuit, te­nant en­core dans sa main le san­glant tro­phée qu’il contem­plait avec trans­port. Tout ceci se fit si ai­sé­ment, si ra­pi­de­ment qu’au mi­lieu de la foule réunie et de la tom­bée, per­sonne n’aurait pu dire ni com­ment ni par qui le crime avait été com­mis, jusqu’à ce qu’une triom­phante, s’é dans les té­nèbres, s’écriât : «C’est ! Je suis Ku­gyô» 5. À quelques pas de là, le meur­trier eut l’audace de s’arrêter quelques ins­tants et se fit ser­vir à sou­per, ayant grand soin, nous dit la lé­gende, de ne point ou­vrir, pen­dant tout son , sa main qui re­te­nait par les che­veux la tête du mal­heu­reux Sa­ne­tomo. «1192-1219. Entre ces deux dates, la des­ti­née sha­kes­pea­rienne de cet Ham­let de Ka­ma­kura, dé­ri­soire shô­gun qui de sa vie ne com­manda une ar­mée, qui rêva d’aller en et ne put seule­ment voir la ca­pi­tale de son Em­pire, qui ne fut rien de plus que la pièce maî­tresse du jeu sub­til et bru­tal que me­naient son aïeul, son oncle et sa mère, et que la dague d’un ne­veu éli­mina de l’échiquier », ex­plique M.  6.

  1. En «金槐和歌集». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «金槐集». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 源実朝. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 鶴岡八幡宮. Par­fois trans­crit Tsu­ru­gaoka Ha­chi­mangu ou temple de Hat­chi­man. Icône Haut
  2. «Une Ex­cur­sion au Ja­pon [dans la cité de Ka­ma­kura]», p. 239. Icône Haut
  3. p. 141. Icône Haut

« Proverbes arabes d’[Abou’l-fadl Ahmed] Meïdani »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’un re­cueil de arabes. Nul genre d’ n’est plus an­cien que ce­lui des pro­verbes. Son ori­gine re­monte aux âges les plus re­cu­lés du globe. Dès que les hommes, mus par un ins­tinct ir­ré­sis­tible ou pous­sés par la vo­lonté di­vine, se furent réunis en ; dès qu’ils eurent consti­tué un suf­fi­sant à l’expression de leurs be­soins, les pro­verbes prirent nais­sance en tant que ré­sumé na­tu­rel des idées com­munes de l’. «S’ils avaient pu se conser­ver, s’ils étaient jusqu’à nous sous leur forme pri­mi­tive», dit -Ma­rie Qui­tard 1, «ils se­raient le plus cu­rieux mo­nu­ment du pro­grès des pre­mières so­cié­tés; ils jet­te­raient un jour sur l’ de la , dont ils mar­que­raient le point de dé­part avec une ir­ré­cu­sable fi­dé­lité.» La , qui contient plu­sieurs de pro­verbes, dit : «Ce­lui qui ap­plique son à ré­flé­chir sur la Loi du Très-Haut… le sens se­cret des pro­verbes et re­vient sans cesse sur les des » 2. Les de la eurent la même que la Bible. Confu­cius imita les pro­verbes et fut à son tour imité par ses dis­ciples. De même que l’âge de l’arbre peut se ju­ger par le tronc; de même, les pro­verbes nous ap­prennent le ou l’esprit propre à chaque , et les dé­tails de sa pri­vée. On en te­nait cer­tains en telle es­time, qu’on les di­sait d’origine cé­leste : «C’est du », dit Ju­vé­nal 3, «que nous est ve­nue la maxime : “Connais-toi toi-même”. Il la fau­drait gra­ver dans son cœur et la mé­di­ter tou­jours.» C’est pour­quoi, d’ailleurs, on les gra­vait sur le de­vant des portes des temples, sur les co­lonnes et les marbres. Ces , très nom­breuses du de Pla­ton, fai­saient dire à ce phi­lo­sophe qu’on pou­vait faire un ex­cellent cours de en voya­geant à pied, si l’on vou­lait les lire; les pro­verbes étant «le fruit de l’ de tous les peuples et comme le bon sens de tous les siècles ré­duit en for­mules»

  1. «Études his­to­riques, lit­té­raires et mo­rales sur les pro­verbes et le lan­gage pro­ver­bial», p. 2. Icône Haut
  2. «Livre de l’Ecclésiastique», XXXIX, 1-3. Icône Haut
  1. «Sa­tires», poème XI, v. 27-28. Icône Haut

Kawabata, « Les Pissenlits : roman [inachevé] »

éd. A. Michel, coll. Les Grandes Traductions, Paris

éd. A. Mi­chel, coll. Les Grandes Tra­duc­tions, Pa­ris

Il s’agit des «Pis­sen­lits» («Tan­popo» 1) de  2, écri­vain qui mé­rite d’être placé au plus haut som­met de la . «Vos ro­mans sont si grands, si su­blimes, que dans ma pe­ti­tesse je ne puis que les vé­né­rer de loin, comme le jeune ber­ger qui, re­gar­dant les cimes bleues des à l’, rêve du jour où il sera en me­sure d’escalader même la plus haute», dit M. Yu­kio Mi­shima dans une lettre adres­sée à ce­lui qui fut pour lui le maître et l’ami 3. Ka­wa­bata na­quit en 1899. Son père, mé­de­cin let­tré, mou­rut de tu­ber­cu­lose en 1901; sa mère, sa grand-mère et sa sœur dis­pa­rurent à leur tour, em­por­tées par la même ma­la­die. Il fut re­cueilli chez son grand-père aveugle, son der­nier et unique pa­rent. Là, dans un vil­lage de cin­quante et quelques , il passa une en­fance so­li­taire, toute de si­lence et de . Levé à l’aube, il de­vait ai­der son grand-père à sa­tis­faire ses fonc­tions na­tu­relles, ti­raillé entre la et le dé­goût. Puis, il mon­tait sur un arbre du jar­din et, as­sis entre les grandes branches, il li­sait «jusqu’à ce que vînt à pas­ser une voi­ture ou un chien qui aboyait» 4; ou alors, un à la main, il écri­vait à ses pa­rents dé­funts des lettres d’une éru­di­tion et d’une ma­tu­rité de qu’on s’étonne de ren­con­trer chez un en­fant : «Père, vous vous êtes levé de votre lit de pour nous lais­ser, à et à ma sœur en­core in­no­cente, une sorte de tes­ta­ment écrit. Vous avez tracé les idéo­grammes de “Chas­teté” pour ma sœur, et de “Prends garde à toi” pour moi-même… Tan­dis que j’écris cette lettre, il me vient à l’esprit cette phrase de Jean Coc­teau :

Gra­vez votre nom dans un arbre
Qui pous­sera jusqu’au na­dir;
Un arbre vaut mieux que le marbre,
Car on y voit les gran­dir.

En fait, le poème reste un peu obs­cur… Mais si l’on ar­rive tout sim­ple­ment à gra­ver son nom dans le cœur d’un en­fant ou d’un être aimé, ce nom ne gran­dira-t-il pas, fi­na­le­ment, lui aussi?»

  1. En ja­po­nais «たんぽぽ». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 川端康成. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», p. 61-62. Icône Haut
  2. «L’Adolescent : ré­cits au­to­bio­gra­phiques», p. 45. Icône Haut

Aflâkî, « Les Saints des derviches tourneurs : récits. Tome I »

éd. E. Leroux, coll. Études d’hagiographie musulmane, Paris

éd. E. Le­roux, coll. Études d’hagiographie mu­sul­mane, Pa­ris

Il s’agit du «Ménâqib-el-‘ârifîn» 1Les des tour­neurs», ou lit­té­ra­le­ment «Les des ini­tiés» 2) de  3. C’est un ré­cit ha­gio­gra­phique, une sorte de lé­gende do­rée por­tant sur les «», c’est-à-dire sur l’inspirateur de cette confré­rie, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî, sur son père, sur son ami Chems-ed-dîn Té­brîzi, sur cer­tains des , des , des hommes pieux de son en­tou­rage et sur ses suc­ces­seurs im­mé­diats. Aflâkî lui-même était rat­ta­ché aux «der­viches tour­neurs» et dis­ciple du pe­tit-fils de Roûmî, sur l’invitation du­quel il en­tre­prit cette ha­gio­gra­phie, qu’il com­mença d’écrire en l’an 1318 et qu’il acheva en l’an 1353 apr. J.-C. Le «Ménâqib-el-‘ârifîn» s’ouvre avec les mo­tifs qui ont obligé Roûmî à quit­ter Balkh et la , ainsi que le dé­sastre qui a at­teint cette contrée et les pertes qu’a su­bies la au sens large, quand les Mon­gols, «troupes de pa­reilles à des sau­te­relles ré­pan­dues sur la , dont il a été dit : “Je les ai créées de Ma puis­sance et de Ma » 4, dé­vas­tèrent cette ré­gion. Balkh, la pre­mière ville que les hordes de Gen­gis Khan trou­vèrent sur leur pas­sage, était, en même que la pa­trie de Roûmî, l’un des hauts lieux cultu­rels d’ : elle était pleine de , d’ouvrages ex­quis, et de tout ce qui pou­vait ser­vir d’ornement à une grande ville, parce qu’elle avait été le sé­jour de plu­sieurs gens illustres en toutes sortes d’, qui avaient contri­bué à sa beauté. Gen­gis Khan avait une grande haine pour cette ville, parce qu’elle avait of­fert re­fuge au Sul­tan du Khâ­rezm, son en­nemi. Il donna l’ordre de mettre à les jeunes, les vieux; de fendre le ventre des en­ceintes; de sa­cri­fier en en­tier les qui se trou­ve­raient dans cette ville; en­suite, de ra­ser en­tiè­re­ment celle-ci. On rap­porte qu’on mit le à douze mille mos­quées de quar­tier, et qu’au mi­lieu de cet in­cen­die, qua­torze mille textes com­plets du furent brû­lés; qu’on mit à mort près de cin­quante mille , étu­diants et «ha­fiz» («hommes ou femmes sa­chant de le Co­ran»), sans comp­ter le com­mun du . Roûmî était alors âgé de cinq ans. Son père par­tit avec toute sa par la route de Ko­nya vers l’Anatolie (Roûm), comme firent un grand nombre d’autres sa­vants qui quit­tèrent la Perse : «Au mi­lieu des contem­po­rains, il ne resta plus trace de plai­sir… L’ et les têtes furent em­por­tés par le vent; les [écoles] et les [col­lèges] de­vinrent des hô­tel­le­ries; la béné dis­pa­rut du , et les té­nèbres de la ty­ran­nie s’appesantirent sur l’univers, qui fut bou­le­versé»

  1. En «مناقب‌العارفین». Par­fois trans­crit «Ma­nâ­qeb ol-âre­fin», «Me­nâkıb-ül-âri­fîn», «Ma­nâ­qib ul-‘ârifîn», «Menāqibu’l ‘ārifīn», «Ma­nâ­qeb al-’ârefin» ou «Manāḳib al-‘ārifīn». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit « des mys­tiques» ou «Les Ver­tus des mys­tiques». Icône Haut
  1. En per­san شمس‌الدین احمد افلاکی. Par­fois trans­crit Şem­sed­dîn Ah­med Eflâkî, Shems-ud-din Ah­med Eflaki, Shemsu-’d-Dīn Ah­med Eflākī, Chams ud­din Ah­mad Aflaki, Šams-al-dīn Aḥ­mad Aflākī ou Shams al-Dīn Aḥ­mad Aflākī. Icône Haut
  2. «Tome I», p. 9. Icône Haut

Creangă, « Œuvres choisies. Souvenirs d’enfance • Contes • Récits »

éd. Le Livre, Bucarest

éd. Le Livre, Bu­ca­rest

Il s’agit de «La Pe­tite Bourse aux deux liards» («Pun­guța cu doi bani») et autres œuvres de Ion Creangă 1, conteur d’ po­pu­laire, oral chez le­quel il y avait une pay­sanne ti­rée de tout autre part que des , une sorte d’ non in­tel­lec­tuel, une émo­tion pou­vant tou­cher les cœurs (XIXe siècle). Fils d’un com­mer­çant de gros­siers dans le vil­lage de Hu­mu­lești, au pied des de , Creangă sem­blait des­tiné, par ses mo­destes , à car­der la laine et à por­ter la bure au fou­lon, comme ses an­cêtres. Son père — , par ailleurs, bon et in­dul­gent — n’avait reçu au­cune ins­truc­tion et di­sait à l’enfant : «Plu­tôt qu’en ville le der­nier, sois au vil­lage le pre­mier» 2. L’ambition de sa mère chan­gea tout. Sma­randa Creangă, femme d’une su­pé­rieure à la moyenne des pay­sans, vou­lait à tout prix faire de lui un prêtre et lui évi­tait toute be­sogne autre que les tra­vaux . Mais je­tant sa sou­tane aux or­ties, ce fut fi­na­le­ment non comme prêtre, mais comme ins­ti­tu­teur pri­maire que Creangă se fixa dans une «ma­sure» («bo­j­deuca») des fau­bourgs de Iași 3, d’où il par­tait chaque ma­tin, d’un pas pe­sant, en s’appuyant sur sa canne noueuse, re­joindre son école. Il pas­sait la plu­part de son au mi­lieu de ses élèves, aux­quels il ra­con­tait par­fois, avant même de les écrire, ses in­ou­bliables . Par­fois aussi, il des­cen­dait à la Bolta Rece, une ta­verne acha­lan­dée par les pe­tits au­teurs et ho­no­rée de la pré­di­lec­tion des vau­riens de la ville. Ce fut là qu’il fit la ren­contre, en 1875, du poète Mi­hai Emi­nescu, pour le­quel il avait une cor­diale sym­pa­thie. Bien­tôt, une pro­fonde lia ces deux grandes âmes qui de­vinrent in­sé­pa­rables. Toutes les fois qu’ils avaient quelques heures de , ils al­laient se re­trou­ver sur les bancs des jar­dins ou se ré­ga­ler de porc à l’ail dans quelque mo­deste au­berge de vil­lage. Là, ils fai­saient d’interminables conver­sa­tions et se plai­saient à évo­quer la , connue de l’un de­puis son en­fance et imi­tée par l’autre dans ses com­po­si­tions poé­tiques. Mais le dé­part, deux ans plus tard, d’Eminescu pour Bu­ca­rest mit fin à cette époque, la plus tran­quille et la plus heu­reuse de leur . En 1872, Creangă res­sen­tit les pre­mières at­teintes du in­cu­rable qui de­vait l’emporter pré­ma­tu­ré­ment : l’épilepsie. En 1887, trop souf­frant pour as­su­rer ses classes, il fut contraint d’abandonner son poste d’instituteur.

  1. Au­tre­fois trans­crit Ioan Creanga. Icône Haut
  2. «Sou­ve­nirs d’enfance». Icône Haut
  1. Au­tre­fois trans­crit Jassy ou Iassy. Icône Haut

Yuan Mei, « Divers Plaisirs à la villa Sui : poèmes »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit des «Poèmes» de Yuan Zi­cai 1, plus connu sous le sur­nom de  2, poète et conteur , que son in­dé­pen­dance, son sa­voir, sa d’esprit met­taient en marge des aca­dé­mismes du . Il na­quit en l’an 1716 apr. J.-C. Sa était loin d’être riche. Son père voya­geait comme se­cré­taire dans des re­cu­lées pour en­voyer de quoi nour­rir la mai­son­née, tan­dis que sa mère res­tait à Hangz­hou avec plu­sieurs fils et en bas âge et fai­sait des pro­diges d’économie pour les éle­ver. Déjà dans son en­fance, Yuan Mei ché­ris­sait les plus qu’il ne ché­ris­sait la . Chaque fois qu’il pas­sait de­vant une li­brai­rie, ses pieds s’arrêtaient na­tu­rel­le­ment, et l’ lui en ve­nait à la bouche; mais les prix étaient trop é : «Il n’y avait que dans le rêve que j’en ache­tais», dit-il non sans amer­tume 3. Le goût des livres lui était «plus suave que ce­lui d’un vieux» 4. Le but de sa vie était la sa­tis­fac­tion de ce goût, et non pas la réus­site aux concours ni l’obtention des di­plômes qui ou­vraient les portes du man­da­ri­nat : «Une fois le livre ou­vert, j’ignore les cent af­faires. Quand j’ai un livre an­cien, je suis comme ivre; d’aujourd’hui je gas­pille mon temps avec les hommes d’autrefois», dit-il dans un de ses poèmes 5. À l’âge de qua­rante ans, ayant ac­quis une cer­taine for­tune, Yuan Mei s’adonna tout en­tier aux belles-lettres. Pour ne pas être dis­trait de ses tra­vaux par «les pen­sées du de pous­sière» 6, il alla se fixer dans une villa qu’il avait ache­tée aux portes de Nan­kin. Dans son «Re­cueil de lit­té­ra­ture de la mai­son sise sur la Col­line du Gre­nier» («Xiao­cang shan­fang wenji» 7), l’on peut lire de nom­breux dé­tails sur cette villa, son et ses en­vi­rons : «À deux “li” à l’Ouest du pont de la porte sep­ten­trio­nale de Nan­kin, je trou­vai la Col­line du Gre­nier… Là, au temps de l’Empereur Kangxi 8, un cer­tain Sui, di­rec­teur de la Fa­brique im­pé­riale de Soie­ries, avait élevé un pa­villon sur le pic sep­ten­trio­nal de la Col­line, avait planté au­tour des , des ar­bustes et avait cir­cons­crit le tout d’un mur. Tous les ha­bi­tants de Nan­kin ve­naient se pro­me­ner et ad­mi­rer la dans cet en­droit : on l’appelait “Sui yuan” 9 (“villa Sui”, ou lit­té­ra­le­ment “jar­din de Sui”), du nom de son pro­prié­taire. Trente ans plus tard, lorsque je fus nommé [ma­gis­trat] à Nan­kin, ce jar­din était presque en­tiè­re­ment dé­truit, et le pa­villon s’était trans­formé en un vul­gaire ca­ba­ret où les char­re­tiers et les por­teurs de chaises se dis­pu­taient tout le jour. À cette vue j’eus le cœur serré; je pris ce jar­din en pi­tié et de­man­dai le prix du ter­rain»

  1. En chi­nois 袁子才. Au­tre­fois trans­crit Yuan Tseu-ts’aï ou Yüan Tzu-ts’ai. Icône Haut
  2. En chi­nois 袁枚. Au­tre­fois trans­crit Yuen Mei. Icône Haut
  3. p. 117. Icône Haut
  4. p. 96. Icône Haut
  5. p. 113. Icône Haut
  1. p. 13. Icône Haut
  2. En chi­nois «小倉山房文集». Au­tre­fois trans­crit «Siao-ts’ang-chan-fang-ouen-tsi», «Siao tshang chan fang oen tsi» ou «Hsiao-ts’ang shan-fang wen-chi». Icône Haut
  3. Qui ré­gnait entre les an­nées 1661 et 1722. Icône Haut
  4. En chi­nois 隨園. Au­tre­fois trans­crit «Soei yuen» ou «Soueï-yuan». Icône Haut