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Chômei, « Notes sans titre, “Mumyôshô” : propos sur les poètes et la poésie »

éd. Le Bruit du temps, Paris

éd. Le Bruit du , Pa­ris

Il s’agit de  1, es­sayiste et moine (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Vers sa ving­tième an­née, étant de­venu or­phe­lin, il per­dit en même temps l’espoir d’hériter de l’office pa­ter­nel — ce­lui de gar­dien du fa­meux de Kamo, à Kyôto. Il se voua, dès lors, à la et à la . Vers sa trente-cin­quième an­née, fort du que rem­porta au­près de l’Empereur son re­cueil , le «Re­cueil de Chô­mei» («Chô­mei-shû» 2), il re­prit l’espoir de se pro­cu­rer la fonc­tion de son père; mais il man­quait de sou­tiens, et les in­trigues de la Cour l’éloignèrent dé­fi­ni­ti­ve­ment de la suc­ces­sion et du . Cette dé­cep­tion per­son­nelle, ainsi que les dé­sastres et les ca­la­mi­tés qui vinrent frap­per le au même mo­ment (grand in­cen­die de Kyôto en 1177, épou­van­tables fa­mines sui­vies d’épidémies en 1181-1182, trem­ble­ment de en 1185), furent au­tant d’occasions pour Chô­mei de res­sen­tir l’instabilité des choses hu­maines, les­quelles lui fai­saient pen­ser «à la ro­sée sur le li­se­ron du ma­tin… : la ro­sée a beau de­meu­rer, elle ne dure ja­mais jusqu’au soir» 3. «Au fond, toutes les en­tre­prises hu­maines sont stu­pides et vaines», se dit-il 4; et au mi­lieu de ces hor­reurs, s’étant rasé la tête, il se re­tira dans une pe­tite ca­bane de dix pieds car­rés, sur le mont Hino 5. Et même si, sur l’invitation du shô­gun Sa­ne­tomo, son frère en poé­sie et en mal­heur, il alla pas­ser un peu de temps à Ka­ma­kura, il re­vint bien vite à la de son er­mi­tage. C’est là qu’il com­posa ses trois grands  : 1º «Notes sans titre» («Mu­myô-shô» 6), livre de poé­tique; 2º «His­toires de conver­sion» («Hos­shin­shû» 7), ou­vrage d’édification boud­dhique, plein d’ sur les per­sonnes en­trées en et ayant re­noncé au siècle; et sur­tout 3º «Notes de ma ca­bane de moine» («Hôjô-ki» 8), mé­di­tant sur la va­nité du mujô» 9) et le ca­rac­tère éphé­mère de tout ce qui existe. Cette der­nière œuvre, mal­gré sa taille mo­deste, de­meure un des grands -d’œuvre du genre «zui­hitsu» 10es­sais au fil du pin­ceau») : «Après les “Notes de l’oreiller” et en at­ten­dant le “Ca­hier des heures oi­sives”, il consti­tue [un] des meilleurs d’impressions que nous ait lais­sés la », ex­plique Mi­chel Re­von. «Chô­mei ne se contente pas de no­ter, à la for­tune du pin­ceau, des ob­ser­va­tions ou des pen­sées dis­pa­rates, il veut phi­lo­so­pher, écrire d’une ma­nière sui­vie… Et son char­mant écrit, si dé­nué de toute pré­ten­tion, n’en de­vient pas moins un ex­posé ma­gis­tral de la pes­si­miste.»

  1. En ja­po­nais 鴨長明. Au­tre­fois trans­crit Tchô­mei ou Chou­mei. Chô­mei est la lec­ture à la chi­noise des ca­rac­tères 長明, qui se lisent Na­gaa­kira à la ja­po­naise. On di­sait, pa­raît-il, Na­gaa­kira à l’époque de l’auteur; mais l’usage en a dé­cidé au­tre­ment. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «長明集», in­édit en . Icône Haut
  3. «Notes de ma ca­bane de moine», p. 12. Icône Haut
  4. id. p. 14. Icône Haut
  5. En ja­po­nais 日野山. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «無名抄». Au­tre­fois trans­crit «Mou­miôçô». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «発心集». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «方丈記». Au­tre­fois trans­crit «Hôd­jôki», «Hô­ziôki» ou «Hou­jouki». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 無常. Icône Haut
  5. En ja­po­nais 随筆. Au­tre­fois trans­crit «zouï-hit­sou». Icône Haut

Chômei, « Notes de ma cabane de moine »

éd. Le Bruit du temps, Paris

éd. Le Bruit du , Pa­ris

Il s’agit de  1, es­sayiste et moine (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Vers sa ving­tième an­née, étant de­venu or­phe­lin, il per­dit en même temps l’espoir d’hériter de l’office pa­ter­nel — ce­lui de gar­dien du fa­meux de Kamo, à Kyôto. Il se voua, dès lors, à la et à la . Vers sa trente-cin­quième an­née, fort du que rem­porta au­près de l’Empereur son re­cueil , le «Re­cueil de Chô­mei» («Chô­mei-shû» 2), il re­prit l’espoir de se pro­cu­rer la fonc­tion de son père; mais il man­quait de sou­tiens, et les in­trigues de la Cour l’éloignèrent dé­fi­ni­ti­ve­ment de la suc­ces­sion et du . Cette dé­cep­tion per­son­nelle, ainsi que les dé­sastres et les ca­la­mi­tés qui vinrent frap­per le au même mo­ment (grand in­cen­die de Kyôto en 1177, épou­van­tables fa­mines sui­vies d’épidémies en 1181-1182, trem­ble­ment de en 1185), furent au­tant d’occasions pour Chô­mei de res­sen­tir l’instabilité des choses hu­maines, les­quelles lui fai­saient pen­ser «à la ro­sée sur le li­se­ron du ma­tin… : la ro­sée a beau de­meu­rer, elle ne dure ja­mais jusqu’au soir» 3. «Au fond, toutes les en­tre­prises hu­maines sont stu­pides et vaines», se dit-il 4; et au mi­lieu de ces hor­reurs, s’étant rasé la tête, il se re­tira dans une pe­tite ca­bane de dix pieds car­rés, sur le mont Hino 5. Et même si, sur l’invitation du shô­gun Sa­ne­tomo, son frère en poé­sie et en mal­heur, il alla pas­ser un peu de temps à Ka­ma­kura, il re­vint bien vite à la de son er­mi­tage. C’est là qu’il com­posa ses trois grands  : 1º «Notes sans titre» («Mu­myô-shô» 6), livre de poé­tique; 2º «His­toires de conver­sion» («Hos­shin­shû» 7), ou­vrage d’édification boud­dhique, plein d’ sur les per­sonnes en­trées en et ayant re­noncé au siècle; et sur­tout 3º «Notes de ma ca­bane de moine» («Hôjô-ki» 8), mé­di­tant sur la va­nité du mujô» 9) et le ca­rac­tère éphé­mère de tout ce qui existe. Cette der­nière œuvre, mal­gré sa taille mo­deste, de­meure un des grands -d’œuvre du genre «zui­hitsu» 10es­sais au fil du pin­ceau») : «Après les “Notes de l’oreiller” et en at­ten­dant le “Ca­hier des heures oi­sives”, il consti­tue [un] des meilleurs d’impressions que nous ait lais­sés la », ex­plique Mi­chel Re­von. «Chô­mei ne se contente pas de no­ter, à la for­tune du pin­ceau, des ob­ser­va­tions ou des pen­sées dis­pa­rates, il veut phi­lo­so­pher, écrire d’une ma­nière sui­vie… Et son char­mant écrit, si dé­nué de toute pré­ten­tion, n’en de­vient pas moins un ex­posé ma­gis­tral de la pes­si­miste.»

  1. En ja­po­nais 鴨長明. Au­tre­fois trans­crit Tchô­mei ou Chou­mei. Chô­mei est la lec­ture à la chi­noise des ca­rac­tères 長明, qui se lisent Na­gaa­kira à la ja­po­naise. On di­sait, pa­raît-il, Na­gaa­kira à l’époque de l’auteur; mais l’usage en a dé­cidé au­tre­ment. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «長明集», in­édit en . Icône Haut
  3. «Notes de ma ca­bane de moine», p. 12. Icône Haut
  4. id. p. 14. Icône Haut
  5. En ja­po­nais 日野山. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «無名抄». Au­tre­fois trans­crit «Mou­miôçô». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «発心集». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «方丈記». Au­tre­fois trans­crit «Hôd­jôki», «Hô­ziôki» ou «Hou­jouki». Icône Haut
  4. En ja­po­nais 無常. Icône Haut
  5. En ja­po­nais 随筆. Au­tre­fois trans­crit «zouï-hit­sou». Icône Haut

« Un Moine de la secte Kegon à l’époque de Kamakura : Myōe (1173-1232) et le “Journal de ses rêves” »

éd. École française d’Extrême-Orient, coll. Publications de l’École française d’Extrême-Orient, Paris

éd. École fran­çaise d’Extrême-, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École fran­çaise d’Extrême-Orient, Pa­ris

Il s’agit du «Jour­nal des » («Yume no ki» 1) que le moine boud­dhiste Myôe 2 a tenu de­puis l’âge de dix-neuf ans jusqu’à sa , à l’âge de cin­quante-neuf ans. On pos­sède des frag­ments de ce «Jour­nal» sous forme de rou­leaux, de fas­ci­cules re­liés et de feuillets; ils étaient en­tre­po­sés par Myôe lui-même dans un cof­fret en bois, qu’il por­tait tou­jours sur lui; il n’y met­tait que des ob­jets pré­cieux qu’il ne vou­lait pas di­vul­guer au grand pu­blic. Sorte de chro­nique oni­rique, ce «Jour­nal» se com­pose de rêves («yume» 3), d’apparitions ou de au cours d’exercices re­li­gieux («kôsô» 4), et de fan­tasmes ou d’hallucinations («ma­bo­ro­shi» 5); c’est le plus an­cien, si­non le seul, do­cu­ment de ce genre au (XIIe-XIIIe siècle). Écrit sans grande por­tée ni vi­sée lit­té­raire, il contient plus de su­per­sti­tion que de ; plus de naï­veté que d’; il fait sou­rire plus qu’il n’édifie. On y ap­prend, par exemple, que Myôe conçut par deux fois le pro­jet de se rendre dans la pa­trie du , aux Indes, et qu’il fit même ses ba­gages; mais, à cause d’un rêve fu­neste qu’il eut au der­nier mo­ment, il y re­nonça par deux fois. Et heu­reu­se­ment; si­non, il au­rait pu se faire dé­vo­rer par un tigre du . Pour cal­mer le dé­pit que lui cau­sèrent ces an­nu­la­tions, il pra­ti­qua la sur l’île de Taka-shima («l’île aux Fau­cons»), en se di­sant que l’ des Indes, par je ne sais quel mi­racle géo­gra­phique, de­vait ve­nir jusqu’à cette île. On cite ce mot de lui : «Il n’est pas une [de cette île] sur la­quelle je ne me sois as­sis [pour mé­di­ter]» 6. Il em­porta une de ces pierres dans ses ba­gages, et avant de mou­rir, il lui adressa un poème d’adieu :

«Quand je se­rai mort,
Si à per­sonne tu ne peux t’attacher,
En­vole-toi vite
Et re­tourne en ton pays,
Ô! ma pierre de l’île aux Fau­cons
»

  1. En «夢記». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 明恵. Icône Haut
  3. En ja­po­nais . Icône Haut
  1. En ja­po­nais 好相. Icône Haut
  2. En ja­po­nais . Icône Haut
  3. Dans Ni­no­miya Ma­sayuki, «La de Ko­baya­shi Hi­deo», p. 212. Icône Haut

« L’Étonnante Aventure du pauvre musicien »

dans Antonin Artaud, « Œuvres complètes. Tome I » (éd. Gallimard, Paris), p. 206-210

dans An­to­nin Ar­taud, «Œuvres com­plètes. Tome I» (éd. Gal­li­mard, Pa­ris), p. 206-210

Il s’agit d’«Une mé­lo­die se­crète au “biwa” fait pleu­rer des » («Biwa no hi­kyoku yû­rei wo na­ka­shimu» 1), une des plus belles du , plus connue sous le titre de «Hôi­chi le Sans-oreilles» («Mimi-na­shi Hôi­chi» 2). Ti­rée d’un re­cueil d’histoires étranges pu­blié en 1782 à Kyôto 3, la lé­gende de «Hôi­chi le Sans-oreilles» n’est, de fa­çon pa­ra­doxale, fa­mi­lière aux Ja­po­nais que dans la ver­sion ré­di­gée en 1903 par un écri­vain étran­ger : Laf­ca­dio Hearn. Tra­duc­teur de Gau­tier, de Mau­pas­sant, de Bal­zac, de Mé­ri­mée, de Flau­bert, de Bau­de­laire, de Loti, Hearn na­quit dans les Io­niennes. Son père était un mé­de­cin ir­lan­dais dans l’armée bri­tan­nique, sa mère — une Grecque de très bonne . Ils avaient dû s’épouser en ca­chette. «Deux races, deux na­tions, deux re­li­gions mar­quèrent l’enfant de leur em­preinte et, très tôt, elles an­crèrent en lui ce cos­mo­po­li­tisme qui de­vait lui per­mettre de sub­sti­tuer un jour une d’élection à son pays d’origine» 4. Mais l’Angleterre ayant cédé les îles Io­niennes à la , son père re­ga­gna Du­blin avec femme et en­fant. La chose se passa . Sa mère, tran­sie par ce cli­mat gris et , si dif­fé­rent de la blan­cheur de sa Grèce na­tale, prit la fuite; son père fit an­nu­ler le , se re­ma­ria et par­tit en Inde. Hearn, aban­donné et sans pa­rents, fut adopté par une vieille tante ca­tho­lique, ex­trê­me­ment dé­vote, qui lui faire des études dans un mo­nas­tère en , puis l’envoya à dix-neuf ans en . On le vit sur­gir à Cin­cin­nati comme cor­rec­teur dans un jour­nal. On l’employa à des re­por­tages, où il se mon­tra d’une ha­bi­leté sur­pre­nante. Son ta­lent d’écrivain ayant en­fin percé, il prit le che­min de La Loui­siane. En 1878, celle-ci avait en­core un par­fum bien . On le voit dans les ar­ticles de Hearn, dont beau­coup parlent de la France, mais aussi de Mar­ti­nique, d’Haïti, de l’île Mau­rice, de Guyane. Et puis, comme tou­jours avec Hearn, il lui fal­lut des ho­ri­zons en­core plus loin­tains. La grande ex­po­si­tion ja­po­naise, qui eut lieu à La -Or­léans en 1885, lui ins­pira en pre­mier l’idée de s’embarquer pour le . Ce fut à qua­rante ans qu’il ar­riva au pays du , pauvre, apa­tride, pré­ci­pité là où la des­ti­née l’appelait, sans but dans l’. Il en com­mença une autre, en­tiè­re­ment nou­velle. Et d’abord, il se fit Ja­po­nais.

  1. En ja­po­nais «琵琶秘曲泣幽霊». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «耳なし芳一». Icône Haut
  1. Ce re­cueil s’intitule «Les His­toires étranges à sa­vou­rer chez », ou «Gayû ki­dan» («臥遊奇談»). Icône Haut
  2. Ste­fan Zweig, «Hommes et Des­tins». Icône Haut

le shôgun Sanetomo, « Le “Kinkai-shû” »

dans « La Poétique, la Mémoire » (éd. du Seuil, coll. Change, Paris), p. 141-163

dans «La , la » (éd. du Seuil, coll. Change, Pa­ris), p. 141-163

Il s’agit du re­cueil «Kin­kai--shû» 1, éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «Kin­kai-shû» 2 du shô­gun Mi­na­moto no Sa­ne­tomo 3 (XII-XIIIe siècle). Ce grand poète du mé­dié­val, fils du shô­gun , de­vint en 1203 apr. J.-C. l’héritier du trône, mais d’une ma­nière no­mi­nale seule­ment. Pri­son­nier dans son de Ka­ma­kura, il ne put exer­cer au­cun pou­voir réel et il coula sa courte dans la de et de let­trés, es­sayant d’oublier le passé, les haines de et les ven­geances hé­ré­di­taires, bu­vant du saké, se cou­ron­nant de et s’adonnant tout en­tier à son ta­lent pour les poèmes — ta­lent sans le­quel il n’aurait peut-être pas laissé de trace dans les an­nales. Hé­las! notre shô­gun ache­vait sa vingt-hui­tième an­née le jour où il pé­rit par le poi­gnard d’un ne­veu. Ce mal­heur se pro­dui­sit en 1219. Au re­tour d’une cé­ré­mo­nie, il des­cen­dait le haut es­ca­lier de du de Ha­chi­man 4, quand son ne­veu Ku­gyô, dis­si­mulé jusque-là par le feuillage touffu d’un grand arbre près des marches, le sai­sit à la gorge, l’abattit en un clin d’ et lui tran­cha la tête; puis s’enfuit, te­nant en­core dans sa main le san­glant tro­phée qu’il contem­plait avec trans­port. Tout ceci se fit si ai­sé­ment, si ra­pi­de­ment qu’au mi­lieu de la foule réunie et de la tom­bée, per­sonne n’aurait pu dire ni com­ment ni par qui le crime avait été com­mis, jusqu’à ce qu’une triom­phante, s’é dans les té­nèbres, s’écriât : «C’est ! Je suis Ku­gyô» 5. À quelques pas de là, le meur­trier eut l’audace de s’arrêter quelques ins­tants et se fit ser­vir à sou­per, ayant grand soin, nous dit la lé­gende, de ne point ou­vrir, pen­dant tout son , sa main qui re­te­nait par les che­veux la tête du mal­heu­reux Sa­ne­tomo. «1192-1219. Entre ces deux dates, la des­ti­née sha­kes­pea­rienne de cet Ham­let de Ka­ma­kura, dé­ri­soire shô­gun qui de sa vie ne com­manda une ar­mée, qui rêva d’aller en et ne put seule­ment voir la ca­pi­tale de son Em­pire, qui ne fut rien de plus que la pièce maî­tresse du jeu sub­til et bru­tal que me­naient son aïeul, son oncle et sa mère, et que la dague d’un ne­veu éli­mina de l’échiquier », ex­plique M.  6.

  1. En «金槐和歌集». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «金槐集». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 源実朝. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 鶴岡八幡宮. Par­fois trans­crit Tsu­ru­gaoka Ha­chi­mangu ou temple de Hat­chi­man. Icône Haut
  2. «Une Ex­cur­sion au Ja­pon [dans la cité de Ka­ma­kura]», p. 239. Icône Haut
  3. p. 141. Icône Haut

Kawabata, « Les Pissenlits : roman [inachevé] »

éd. A. Michel, coll. Les Grandes Traductions, Paris

éd. A. Mi­chel, coll. Les Grandes Tra­duc­tions, Pa­ris

Il s’agit des «Pis­sen­lits» («Tan­popo» 1) de  2, écri­vain qui mé­rite d’être placé au plus haut som­met de la . «Vos ro­mans sont si grands, si su­blimes, que dans ma pe­ti­tesse je ne puis que les vé­né­rer de loin, comme le jeune ber­ger qui, re­gar­dant les cimes bleues des à l’, rêve du jour où il sera en me­sure d’escalader même la plus haute», dit M. Yu­kio Mi­shima dans une lettre adres­sée à ce­lui qui fut pour lui le maître et l’ami 3. Ka­wa­bata na­quit en 1899. Son père, mé­de­cin let­tré, mou­rut de tu­ber­cu­lose en 1901; sa mère, sa grand-mère et sa sœur dis­pa­rurent à leur tour, em­por­tées par la même ma­la­die. Il fut re­cueilli chez son grand-père aveugle, son der­nier et unique pa­rent. Là, dans un vil­lage de cin­quante et quelques , il passa une en­fance so­li­taire, toute de si­lence et de . Levé à l’aube, il de­vait ai­der son grand-père à sa­tis­faire ses fonc­tions na­tu­relles, ti­raillé entre la et le dé­goût. Puis, il mon­tait sur un arbre du jar­din et, as­sis entre les grandes branches, il li­sait «jusqu’à ce que vînt à pas­ser une voi­ture ou un chien qui aboyait» 4; ou alors, un à la main, il écri­vait à ses pa­rents dé­funts des lettres d’une éru­di­tion et d’une ma­tu­rité de qu’on s’étonne de ren­con­trer chez un en­fant : «Père, vous vous êtes levé de votre lit de pour nous lais­ser, à et à ma sœur en­core in­no­cente, une sorte de tes­ta­ment écrit. Vous avez tracé les idéo­grammes de “Chas­teté” pour ma sœur, et de “Prends garde à toi” pour moi-même… Tan­dis que j’écris cette lettre, il me vient à l’esprit cette phrase de Jean Coc­teau :

Gra­vez votre nom dans un arbre
Qui pous­sera jusqu’au na­dir;
Un arbre vaut mieux que le marbre,
Car on y voit les gran­dir.

En fait, le poème reste un peu obs­cur… Mais si l’on ar­rive tout sim­ple­ment à gra­ver son nom dans le cœur d’un en­fant ou d’un être aimé, ce nom ne gran­dira-t-il pas, fi­na­le­ment, lui aussi?»

  1. En ja­po­nais «たんぽぽ». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 川端康成. Icône Haut
  1. «Cor­res­pon­dance», p. 61-62. Icône Haut
  2. «L’Adolescent : ré­cits au­to­bio­gra­phiques», p. 45. Icône Haut

Saigyô, « Poèmes de ma hutte de montagne »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit de Satô No­ri­kiyo 1, poète et moine très cher au (XIIe siècle apr. J.-C.), plus connu sous le sur­nom de Sai­gyô 2al­lant au Pa­ra­dis de l’Ouest»). Issu d’une mi­li­taire, à l’âge de vingt-deux ans, Sai­gyô re­nonça au siècle, aban­donna sa fa­mille, et quitta ses fonc­tions au pour la que voici : Un jour, à l’heure où le s’inclinait, il était sorti avec un de ses amis in­times, du nom de No­riyasu, Of­fi­cier de la Garde des Portes. En che­min, No­riyasu dé­clara ceci : «Ces der­niers , je ne sais pour­quoi, j’ai le sen­ti­ment que toute chose n’est que songe et illu­sion, et si ce jourd’hui je suis en , je n’ose es­pé­rer l’être de­main en­core. Las, quel pour­rait être mon re­cours? Mon plus cher se­rait de quit­ter ma mai­son, de chan­ger mon état et d’aller vivre en quelque mon­tagne écar­tée!» 3 En en­ten­dant ce dis­cours pro­noncé avec les ac­cents de la , Sai­gyô se de­manda, le cœur do­lent, pour quelle rai­son son ami par­lait de la sorte; et le ma­tin sui­vant, comme il al­lait prendre de ses nou­velles, il trouva, près du por­tail, une foule de gens fort agi­tés, et à l’intérieur, de même, l’on en­ten­dait des de gens qui cla­maient leur ; in­quiet, il hâta le pas, se de­man­dant ce qui se pas­sait : «Mon­sei­gneur, cette , est dans son som­meil!» 4, lui dit-on, et il aper­çut l’épouse et la mère de No­riyasu, éten­dues face contre , l’une aux pieds, l’autre au che­vet du dé­funt, abî­mées dans les larmes. À cette vue, tour­nant le dos au , Sai­gyô en­tra en pour pé­ré­gri­ner à tra­vers le pays en­tier de pro­vince en pro­vince, de mo­nas­tère en mo­nas­tère; puis, pen­sant avoir trouvé dans les de l’Ouest le lieu pro­pice à un se­cret er­mi­tage où se li­vrer aux pra­tiques de la Voie du , il y construi­sit une hutte de bran­chage où, après avoir mené une vie so­li­taire dans un dé­pouille­ment ex­trême de toutes choses, il mou­rut très sain­te­ment.

  1. En ja­po­nais 佐藤義清. Au­tre­fois trans­crit Satô Yo­shi­kiyo. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 西行. Au­tre­fois trans­crit Saï­ghyô. Icône Haut
  1. «La Lé­gende de Saï­gyô», p. 22. Icône Haut
  2. id. p. 23. Icône Haut

« La Légende de Saïgyô »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Tama, Cergy

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Tama, Cergy

Il s’agit de Satô No­ri­kiyo 1, poète et moine très cher au (XIIe siècle apr. J.-C.), plus connu sous le sur­nom de Sai­gyô 2al­lant au Pa­ra­dis de l’Ouest»). Issu d’une mi­li­taire, à l’âge de vingt-deux ans, Sai­gyô re­nonça au siècle, aban­donna sa fa­mille, et quitta ses fonc­tions au pour la que voici : Un jour, à l’heure où le s’inclinait, il était sorti avec un de ses amis in­times, du nom de No­riyasu, Of­fi­cier de la Garde des Portes. En che­min, No­riyasu dé­clara ceci : «Ces der­niers , je ne sais pour­quoi, j’ai le sen­ti­ment que toute chose n’est que songe et illu­sion, et si ce jourd’hui je suis en , je n’ose es­pé­rer l’être de­main en­core. Las, quel pour­rait être mon re­cours? Mon plus cher se­rait de quit­ter ma mai­son, de chan­ger mon état et d’aller vivre en quelque mon­tagne écar­tée!» 3 En en­ten­dant ce dis­cours pro­noncé avec les ac­cents de la , Sai­gyô se de­manda, le cœur do­lent, pour quelle rai­son son ami par­lait de la sorte; et le ma­tin sui­vant, comme il al­lait prendre de ses nou­velles, il trouva, près du por­tail, une foule de gens fort agi­tés, et à l’intérieur, de même, l’on en­ten­dait des de gens qui cla­maient leur ; in­quiet, il hâta le pas, se de­man­dant ce qui se pas­sait : «Mon­sei­gneur, cette , est dans son som­meil!» 4, lui dit-on, et il aper­çut l’épouse et la mère de No­riyasu, éten­dues face contre , l’une aux pieds, l’autre au che­vet du dé­funt, abî­mées dans les larmes. À cette vue, tour­nant le dos au , Sai­gyô en­tra en pour pé­ré­gri­ner à tra­vers le pays en­tier de pro­vince en pro­vince, de mo­nas­tère en mo­nas­tère; puis, pen­sant avoir trouvé dans les de l’Ouest le lieu pro­pice à un se­cret er­mi­tage où se li­vrer aux pra­tiques de la Voie du , il y construi­sit une hutte de bran­chage où, après avoir mené une vie so­li­taire dans un dé­pouille­ment ex­trême de toutes choses, il mou­rut très sain­te­ment.

  1. En ja­po­nais 佐藤義清. Au­tre­fois trans­crit Satô Yo­shi­kiyo. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 西行. Au­tre­fois trans­crit Saï­ghyô. Icône Haut
  1. «La Lé­gende de Saï­gyô», p. 22. Icône Haut
  2. id. p. 23. Icône Haut

Saigyô, « Vers le Vide : poèmes »

éd. A. Michel, Paris

éd. A. Mi­chel, Pa­ris

Il s’agit de Satô No­ri­kiyo 1, poète et moine très cher au (XIIe siècle apr. J.-C.), plus connu sous le sur­nom de Sai­gyô 2al­lant au Pa­ra­dis de l’Ouest»). Issu d’une mi­li­taire, à l’âge de vingt-deux ans, Sai­gyô re­nonça au siècle, aban­donna sa fa­mille, et quitta ses fonc­tions au pour la que voici : Un jour, à l’heure où le s’inclinait, il était sorti avec un de ses amis in­times, du nom de No­riyasu, Of­fi­cier de la Garde des Portes. En che­min, No­riyasu dé­clara ceci : «Ces der­niers , je ne sais pour­quoi, j’ai le sen­ti­ment que toute chose n’est que songe et illu­sion, et si ce jourd’hui je suis en , je n’ose es­pé­rer l’être de­main en­core. Las, quel pour­rait être mon re­cours? Mon plus cher se­rait de quit­ter ma mai­son, de chan­ger mon état et d’aller vivre en quelque mon­tagne écar­tée!» 3 En en­ten­dant ce dis­cours pro­noncé avec les ac­cents de la , Sai­gyô se de­manda, le cœur do­lent, pour quelle rai­son son ami par­lait de la sorte; et le ma­tin sui­vant, comme il al­lait prendre de ses nou­velles, il trouva, près du por­tail, une foule de gens fort agi­tés, et à l’intérieur, de même, l’on en­ten­dait des de gens qui cla­maient leur ; in­quiet, il hâta le pas, se de­man­dant ce qui se pas­sait : «Mon­sei­gneur, cette , est dans son som­meil!» 4, lui dit-on, et il aper­çut l’épouse et la mère de No­riyasu, éten­dues face contre , l’une aux pieds, l’autre au che­vet du dé­funt, abî­mées dans les larmes. À cette vue, tour­nant le dos au , Sai­gyô en­tra en pour pé­ré­gri­ner à tra­vers le pays en­tier de pro­vince en pro­vince, de mo­nas­tère en mo­nas­tère; puis, pen­sant avoir trouvé dans les de l’Ouest le lieu pro­pice à un se­cret er­mi­tage où se li­vrer aux pra­tiques de la Voie du , il y construi­sit une hutte de bran­chage où, après avoir mené une vie so­li­taire dans un dé­pouille­ment ex­trême de toutes choses, il mou­rut très sain­te­ment.

  1. En ja­po­nais 佐藤義清. Au­tre­fois trans­crit Satô Yo­shi­kiyo. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 西行. Au­tre­fois trans­crit Saï­ghyô. Icône Haut
  1. «La Lé­gende de Saï­gyô», p. 22. Icône Haut
  2. id. p. 23. Icône Haut

Gennai, « Histoire galante de Shidôken, “Fûryû Shidôken-den” »

éd. L’Asiathèque, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études japonaises, Paris

éd. L’Asiathèque, coll. Bi­blio­thèque de l’Institut des hautes études ja­po­naises, Pa­ris

Il s’agit de l’« ga­lante de Shi­dô­ken» («Fû­ryû Shi­dô­ken-den» 1) de Hi­raga Gen­nai 2, sa­ti­riste aux connais­sances en­cy­clo­pé­diques, éga­le­ment connu sous le sur­nom de Fû­rai San­jin 3 (XVIIIe siècle). Sorte de Vol­taire de son pays, il se li­vra, en même qu’aux belles-lettres, à l’étude de la chi­mie et l’histoire na­tu­relle, ap­prit le hol­lan­dais, in­ter­ro­gea les dans tous les genres, ré­péta leurs ou en ima­gina de nou­velles. Son «His­toire ga­lante de Shi­dô­ken», où le voyage fic­tif est pré­texte à des sa­tires pi­quantes et mor­dantes contre la de son temps, ne peut être com­pa­rée, à beau­coup d’égards, qu’aux his­toires de «Mi­cro­mé­gas» ou de «Can­dide». Elles par­tagent les mêmes scènes vives et in­gé­nieuses, la même exal­tée; elles sont le même mo­nu­ment d’effronterie cy­nique érigé en fa­veur de l’. Le hé­ros, Shi­dô­ken, est un vieil im­pé­ni­tent qui donne le fou aux vi­si­teurs du d’Asakusa, à Edo, en ra­con­tant des pro­pos bur­lesques ou li­cen­cieux. Il ra­conte com­ment, il y a long­temps, lorsqu’il était jeune, il fut dé­tourné de la prê­trise par la qu’il re­çut d’un ana­cho­rète («sen­nin» 4), que le n’était qu’un fa­tras de croyances tout juste bonnes pour les vieilles . L’anachorète lui of­frit un éven­tail ma­gique lui per­met­tant de voya­ger de par le , en quête des plai­sirs dont un vain l’avait jusqu’alors privé : «Ceci est l’éventail où sont ren­fer­més les se­crets de mes en­chan­te­ments», lui dit l’anachorète en le lui re­met­tant 5. «Si tu veux t’envoler, il te ser­vira d’ailes; si tu veux fran­chir mers et fleuves, il de­vien­dra na­vire; grâce à lui, tu pour­ras connaître le loin­tain et le proche, et voir dis­tinc­te­ment dans la pé­nombre… Tou­te­fois, comme c’est dans le amou­reux que les re­vêtent la plus grande in­ten­sité, il te fau­dra vi­si­ter par­ti­cu­liè­re­ment les quar­tiers de plai­sir des dif­fé­rentes contrées. Au cours de tes , il t’arrivera sou­vent des plai­santes, mais aussi bien des mal­heurs. En au­cun cas, ceux-ci ne te doivent af­fli­ger… !»

  1. En ja­po­nais «風流志道軒伝». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 平賀源内. Icône Haut
  3. En ja­po­nais 風来山人. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 仙人. Icône Haut
  2. p. 12. Icône Haut

« Ryôkan, moine errant et poète : portrait et poèmes »

éd. A. Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris

éd. A. Mi­chel, coll. Spi­ri­tua­li­tés vi­vantes, Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

Ryôkan, « Les Quatre-vingt-dix-neuf Haïku »

éd. Verdier, Lagrasse

éd. Ver­dier, La­grasse

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

Ryôkan, « La Rosée d’un lotus, “Hachisu no tsuyu” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut