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Chômin, « Écrits sur Rousseau et les droits du peuple »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit de «Sur les du » («Min­ken-ron» 1) et autres œuvres de  2, in­tel­lec­tuel , chef de file des études fran­çaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), sur­nommé «le Rous­seau de l’» 3. Il per­dit son père, sa­mou­raï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. En­voyé à Na­ga­saki, il y fit la ren­contre des Louis Fu­ret et Ber­nard Pe­tit­jean, ve­nus dis­pen­ser dans cette ville por­tuaire un éton­nam­ment large, al­lant de la fran­çaise à l’artillerie na­vale. At­tiré par les idées de la Ré­vo­lu­tion, cette «grande œuvre in­ouïe dans l’ qui fit briller avec éclat les de la et de l’, et qui… réus­sit, pour la pre­mière fois, à fon­der la sur les prin­cipes de la » 4, Chô­min de­vint leur élève pen­dant deux ans. C’est sans sur les re­com­man­da­tions des pères qu’il par­tit pour Yo­ko­hama ser­vir d’interprète à l’ambassadeur de , Léon Roches, avant de pour­suivre ses études à Tô­kyô, à Pa­ris et à Lyon. À son re­tour au , en 1874, il fut chargé de ré­su­mer des textes sur les ins­ti­tu­tions ju­ri­diques et po­li­tiques de la France, à l’heure où le jeune ja­po­nais hé­si­tait sur le mo­dèle à suivre. Pa­ral­lè­le­ment à ce tra­vail of­fi­ciel, il tra­dui­sit pour le grand pu­blic le «» de Rous­seau, dont il fit même deux ver­sions : l’une ré­di­gée en ja­po­nais cou­rant et des­ti­née à être pas­sée de main en main, et l’autre en clas­sique, des let­trés. Le «Re­non­cer à sa li­berté, c’est re­non­cer à sa qua­lité d’» de Rous­seau de­vint le leit­mo­tiv d’un jour­nal inau­guré en 1881, qui al­lait avoir une au­dience ex­trê­me­ment im­por­tante au­près des an­ciens  : «Le Jour­nal de la li­berté en Orient» («Tôyô jiyû shim­bun» 5). Le fu­tur pre­mier mi­nistre, Saionji Kin­mo­chi, en était le fon­da­teur, et Chô­min — le ré­dac­teur en chef. L’ des deux hommes re­mon­tait à leur sé­jour à Pa­ris. Le jour­nal s’ouvrait par un ar­ticle re­mar­quable, où Chô­min com­pa­rait le ci­toyen non libre «au bon­saï ou à la fleur éle­vée sous serre qui perd son par­fum et sa na­tu­relle, et ne peut ar­ri­ver à dé­ve­lop­per plei­ne­ment toute la de son feuillage»; tan­dis que le ci­toyen libre, pa­reil à une fleur des champs, «em­baume de tout son par­fum et prend une cou­leur d’un vert sombre et pro­fond». Un mois après, la condam­na­tion à des de pri­son de plu­sieurs ac­cula le jour­nal à ces­ser sa pa­ru­tion; mais Chô­min ne lâ­cha ja­mais le pin­ceau du com­bat.

  1. En ja­po­nais «民権論». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 中江兆民. De son vrai nom Na­kae To­ku­suke, pour le­quel on trouve deux gra­phies : 篤助 et 篤介. Icône Haut
  3. En ja­po­nais 東洋のルソー. Icône Haut
  1. Dans Shi­nya Ida, «La vue par Na­kaé Chô­min». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «東洋自由新聞». Icône Haut

Chômin, « Un An et demi • Un An et demi, suite »

éd. Les Belles Lettres, coll. Japon-Série Non fiction, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. -Sé­rie Non , Pa­ris

Il s’agit d’«Un An et demi» («Ichi­nen yû­han» 1) et «Un An et demi, suite» («Zoku ichi­nen yû­han» 2) de  3, in­tel­lec­tuel , chef de file des études fran­çaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), sur­nommé «le Rous­seau de l’» 4. Il per­dit son père, sa­mou­raï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. En­voyé à Na­ga­saki, il y fit la ren­contre des Louis Fu­ret et Ber­nard Pe­tit­jean, ve­nus dis­pen­ser dans cette ville por­tuaire un éton­nam­ment large, al­lant de la fran­çaise à l’artillerie na­vale. At­tiré par les idées de la Ré­vo­lu­tion, cette «grande œuvre in­ouïe dans l’ qui fit briller avec éclat les de la et de l’, et qui… réus­sit, pour la pre­mière fois, à fon­der la sur les prin­cipes de la » 5, Chô­min de­vint leur élève pen­dant deux ans. C’est sans sur les re­com­man­da­tions des pères qu’il par­tit pour Yo­ko­hama ser­vir d’interprète à l’ambassadeur de , Léon Roches, avant de pour­suivre ses études à Tô­kyô, à Pa­ris et à Lyon. À son re­tour au Ja­pon, en 1874, il fut chargé de ré­su­mer des textes sur les ins­ti­tu­tions ju­ri­diques et po­li­tiques de la France, à l’heure où le jeune ja­po­nais hé­si­tait sur le mo­dèle à suivre. Pa­ral­lè­le­ment à ce tra­vail of­fi­ciel, il tra­dui­sit pour le grand pu­blic le «» de Rous­seau, dont il fit même deux ver­sions : l’une ré­di­gée en ja­po­nais cou­rant et des­ti­née à être pas­sée de main en main, et l’autre en clas­sique, des let­trés. Le «Re­non­cer à sa li­berté, c’est re­non­cer à sa qua­lité d’» de Rous­seau de­vint le leit­mo­tiv d’un jour­nal inau­guré en 1881, qui al­lait avoir une au­dience ex­trê­me­ment im­por­tante au­près des an­ciens  : «Le Jour­nal de la li­berté en Orient» («Tôyô jiyû shim­bun» 6). Le fu­tur pre­mier mi­nistre, Saionji Kin­mo­chi, en était le fon­da­teur, et Chô­min — le ré­dac­teur en chef. L’ des deux hommes re­mon­tait à leur sé­jour à Pa­ris. Le jour­nal s’ouvrait par un ar­ticle re­mar­quable, où Chô­min com­pa­rait le ci­toyen non libre «au bon­saï ou à la fleur éle­vée sous serre qui perd son par­fum et sa na­tu­relle, et ne peut ar­ri­ver à dé­ve­lop­per plei­ne­ment toute la de son feuillage»; tan­dis que le ci­toyen libre, pa­reil à une fleur des champs, «em­baume de tout son par­fum et prend une cou­leur d’un vert sombre et pro­fond». Un mois après, la condam­na­tion à des de pri­son de plu­sieurs ac­cula le jour­nal à ces­ser sa pa­ru­tion; mais Chô­min ne lâ­cha ja­mais le pin­ceau du com­bat.

  1. En ja­po­nais «一年有半». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «続一年有半». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 中江兆民. De son vrai nom Na­kae To­ku­suke, pour le­quel on trouve deux gra­phies : 篤助 et 篤介. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 東洋のルソー. Icône Haut
  2. Dans Shi­nya Ida, «La vue par Na­kaé Chô­min». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «東洋自由新聞». Icône Haut

Chômin, « Dialogues politiques entre trois ivrognes »

éd. du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), coll. Réseau Asie, Paris

éd. du Centre na­tio­nal de la scien­ti­fique (CNRS), coll. Ré­seau , Pa­ris

Il s’agit de «Dia­logues po­li­tiques entre trois ivrognes» 1San­sui­jin kei­rin mondô» 2) de  3, in­tel­lec­tuel , chef de file des études fran­çaises sous l’ère Meiji (XIXe siècle), sur­nommé «le Rous­seau de l’» 4. Il per­dit son père, sa­mou­raï du plus bas rang, à l’âge de quinze ans. En­voyé à Na­ga­saki, il y fit la ren­contre des Louis Fu­ret et Ber­nard Pe­tit­jean, ve­nus dis­pen­ser dans cette ville por­tuaire un éton­nam­ment large, al­lant de la fran­çaise à l’artillerie na­vale. At­tiré par les idées de la Ré­vo­lu­tion, cette «grande œuvre in­ouïe dans l’ qui fit briller avec éclat les de la et de l’, et qui… réus­sit, pour la pre­mière fois, à fon­der la sur les prin­cipes de la » 5, Chô­min de­vint leur élève pen­dant deux ans. C’est sans sur les re­com­man­da­tions des pères qu’il par­tit pour Yo­ko­hama ser­vir d’interprète à l’ambassadeur de , Léon Roches, avant de pour­suivre ses études à Tô­kyô, à Pa­ris et à Lyon. À son re­tour au , en 1874, il fut chargé de ré­su­mer des textes sur les ins­ti­tu­tions ju­ri­diques et po­li­tiques de la France, à l’heure où le jeune ja­po­nais hé­si­tait sur le mo­dèle à suivre. Pa­ral­lè­le­ment à ce tra­vail of­fi­ciel, il tra­dui­sit pour le grand pu­blic le «» de Rous­seau, dont il fit même deux ver­sions : l’une ré­di­gée en ja­po­nais cou­rant et des­ti­née à être pas­sée de main en main, et l’autre en clas­sique, des let­trés. Le «Re­non­cer à sa li­berté, c’est re­non­cer à sa qua­lité d’» de Rous­seau de­vint le leit­mo­tiv d’un jour­nal inau­guré en 1881, qui al­lait avoir une au­dience ex­trê­me­ment im­por­tante au­près des an­ciens  : «Le Jour­nal de la li­berté en Orient» («Tôyô jiyû shim­bun» 6). Le fu­tur pre­mier mi­nistre, Saionji Kin­mo­chi, en était le fon­da­teur, et Chô­min — le ré­dac­teur en chef. L’ des deux hommes re­mon­tait à leur sé­jour à Pa­ris. Le jour­nal s’ouvrait par un ar­ticle re­mar­quable, où Chô­min com­pa­rait le ci­toyen non libre «au bon­saï ou à la fleur éle­vée sous serre qui perd son par­fum et sa na­tu­relle, et ne peut ar­ri­ver à dé­ve­lop­per plei­ne­ment toute la de son feuillage»; tan­dis que le ci­toyen libre, pa­reil à une fleur des champs, «em­baume de tout son par­fum et prend une cou­leur d’un vert sombre et pro­fond». Un mois après, la condam­na­tion à des de pri­son de plu­sieurs ac­cula le jour­nal à ces­ser sa pa­ru­tion; mais Chô­min ne lâ­cha ja­mais le pin­ceau du com­bat.

  1. Par­fois tra­duit «Col­loque po­li­tique de trois bu­veurs» ou «L’Entretien des trois bu­veurs sur le gou­ver­ne­ment de l’État». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «三酔人経綸問答». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 中江兆民. De son vrai nom Na­kae To­ku­suke, pour le­quel on trouve deux gra­phies : 篤助 et 篤介. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 東洋のルソー. Icône Haut
  2. Dans Shi­nya Ida, «La vue par Na­kaé Chô­min». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «東洋自由新聞». Icône Haut

« Yosano Akiko (1878-1942) : le séjour à Paris d’une Japonaise en 1912 »

dans « Clio », vol. 28, p. 194-203

dans «Clio», vol. 28, p. 194-203

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «De­puis Pa­ris» («Pa­rii yori» 1) de . En 1912, lorsqu’elle al­lait s’embarquer pour la , Akiko était déjà l’auteur de dix re­cueils de poé­sies, dont la li­bé­rée de tout be­soin de jus­ti­fi­ca­tion lui avait fait la ré­pu­ta­tion de pion­nière de l’identité fé­mi­nine au . Elle n’avait qu’une seule idée en tête : re­joindre à Pa­ris son époux, Yo­sano Tek­kan. Ce­lui-ci était parti quelques mois au­pa­ra­vant pour réa­li­ser un rêve de tou­jours et ten­ter de dis­si­per une dé­pres­sion ner­veuse qui le me­na­çait. Il avait di­rigé pen­dant huit ans une des re­vues lit­té­raires les plus pres­ti­gieuses de Tô­kyô, «Myôjô» 2L’Étoile du ber­ger» 3). Puis, il l’avait per­due; et de­puis ce jour, il er­rait dans la mai­son, tan­tôt mé­lan­co­lique, tan­tôt agres­sif. Akiko était per­sua­dée que ce n’était pas d’un mé­de­cin re­nommé que son mari avait be­soin pour gué­rir, mais d’un voyage en France; car il rê­vait de­puis long­temps déjà de sé­jour­ner dans ce pays, dont il avait pu­blié les toutes pre­mières tra­duc­tions en ja­po­naise. Le pro­jet était fi­nan­ciè­re­ment in­fai­sable, mais fut pour­tant dé­cidé. Pour réunir la somme né­ces­saire au voyage, Akiko cal­li­gra­phia cer­tains poèmes de son re­cueil «Che­veux em­mê­lés» sur une cen­taine de pa­ra­vents en , qu’elle ven­dit au prix fort. Le reste de l’argent fut fourni par des jour­naux, aux­quels Tek­kan et plus tard Akiko s’engagèrent d’envoyer ré­gu­liè­re­ment des pa­piers une fois sur place. Deux ou­vrages nous ren­seignent sur le sé­jour en France des deux époux : «De­puis Pa­ris», qui re­groupe leurs ar­ticles et leurs im­pres­sions de voyage en­voyés pour être pu­bliés dans les jour­naux; et «De l’été à l’automne» («Natsu yori aki e» 4), re­cueil de poèmes, où Akiko ra­conte son de vi­si­ter la France dans des vers qui mé­ri­te­raient d’être connus des  :

«Joli mois de mai
Dans les champs de blé fran­çais
Aux de
Co­que­li­cot mon amant,
Co­que­li­cot aussi!
»

  1. En «巴里より». Par­fois trans­crit «Pari yori». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «明星». Icône Haut
  1. Par­fois tra­duit «L’Étoile du ma­tin». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «夏より秋へ». Icône Haut

Bâbâ Tâhir, « “Le Génie du millénaire” : cent quatrains lyriques »

éd. L’Harmattan, coll. Poètes des cinq continents, Paris

éd. L’Harmattan, coll. des cinq conti­nents, Pa­ris

Il s’agit de  1, poète , dont la sim­pli­cité des et du vo­ca­bu­laire fait le charme de ses qua­trains. On sait peu de choses sur lui; on ignore même le où il vé­cut (entre le Xe et XIIe siècle apr. J.-C. pro­ba­ble­ment). Il était un de ces er­rants, ces fous de qui passent pour en , et que pour cela, tout le ré­vère et res­pecte. Le sur­nom de ‘Uryân 2le Nu») sous le­quel il est dé­si­gné lui vient, disent cer­tains, de ce qu’il se pro­me­nait sans dans les ba­zars et dans les rues; mais il est tout aussi vrai­sem­blable qu’il vi­vait dans le dé­nue­ment ou le re­non­ce­ment, plu­tôt que dans la com­plète nu­dité : «Je suis le bo­hème qu’on ap­pelle “qa­len­der”; je n’ai ni ni lieu, nul point d’attache», dit-il. «Le jour, j’erre au­tour du monde, et la , je m’endors une brique sous la tête… Il n’y a point dans l’univers de pa­pillon aussi étourdi, de fou aussi étrange que . Les ser­pents et les four­mis ont tous une re­traite, mais moi je n’ai pas même — in­for­tuné! — le mur d’une mai­son en ruines» 3. En tout cas, l’on constate que son mys­ti­cisme ne lui épar­gna ni les tour­ments de l’ ni les an­goisses cau­sées par la de la . Il est, d’ailleurs, un des pre­miers der­viches à avoir dé­crit ses trans­ports amou­reux dans la per­sane : «Le col­chique des ne dure qu’une se­maine, ainsi que la vio­lette des bords de la ri­vière; je veux crier, de ville en ville, que la fi­dé­lité des belles aux joues ro­sées ne dure qu’une se­maine… Mon cœur est plein de feu, mes yeux pleins de larmes; ma n’est qu’un vase rem­pli de tris­tesses et d’ennuis. Eh bien! si, après ma mort, tu viens à pas­ser près de ma tombe, ton par­fum me ren­dra la vie»

  1. En per­san باباطاهر. Par­fois trans­crit Bâbâ Tâ­her. Icône Haut
  2. En per­san عریان. Par­fois trans­crit Uriyan, ‘Oriyān ou Oryân. Icône Haut
  1. Tra­duc­tion de , p. 516 & 528. Icône Haut

Kitahara, « Chansons pour l’enfance »

éd. Publications orientalistes de France, coll. Bibliothèque japonaise, Paris

éd. Pu­bli­ca­tions de , coll. Bi­blio­thèque ja­po­naise, Pa­ris

Il s’agit de Ki­ta­hara Ha­ku­shû 1, poète qui, par la créa­tion du genre «dôyô» 2chan­son en­fan­tine») et par l’adoption d’images et de rythmes di­rec­te­ment em­prun­tés aux sym­bo­listes oc­ci­den­taux, donna à la ja­po­naise une di­rec­tion et une im­pul­sion nou­velles. De son vrai nom Ki­ta­hara Ryû­ki­chi 3, il na­quit en 1885. Sa ville na­tale, Ya­na­gawa, était sillon­née d’innombrables ca­naux et fai­sait par­tie de ces pe­tites flu­viales, pai­sibles et mortes, qui res­semblent à des cer­cueils flot­tant sur l’ : «Ya­na­gawa, avec ses ca­naux», dit-il dans une pré­face 4, «c’est d’abord mon vil­lage na­tal… C’est aussi le creu­set de mon œuvre . Oui, c’est de l’entrecroisement de [ses] ca­naux, de cette même, qu’a jailli ma phrase, que s’est formé mon ». Mais sa pas­sion pour la poé­sie le poussa, dès 1904, à quit­ter ces pay­sages du Sud et à s’installer à Tô­kyô, champ de toutes les ex­pé­ri­men­ta­tions lit­té­raires. Les an­nées sui­vantes, un re­cueil de poèmes eu­ro­péens tra­duit par Ueda Bin, «Kai­chôon» 5Mur­mures de »), ainsi qu’un autre re­cueil concen­tré cette fois sur la et pré­paré par Na­gai Kafû, «San­go­shû» 6Co­raux»), firent connaître au le . Ki­ta­hara, ex­tra­or­di­nai­re­ment ré­cep­tif à ce nou­veau cou­rant, s’en ins­pira dès ses pre­mières œuvres. Celles-ci furent sa­luées par le même Ueda Bin comme une «syn­thèse entre la tra­di­tion des ja­po­naises an­ciennes et les formes les plus nou­velles de l’art »

  1. En 北原白秋. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 童謡. Icône Haut
  3. En ja­po­nais 北原隆吉. Icône Haut
  1. p. 112. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «海潮音». Icône Haut
  3. En ja­po­nais «珊瑚集». Icône Haut

Joubert, « Correspondance générale (1774-1824). Tome III. La Restauration »

éd. William Blake & Co., Bordeaux

éd. William Blake & Co., Bor­deaux

Il s’agit de , un des plus grands sty­listes (XVIIIe-XIXe siècle). Cet sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa , que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet , cet in­édit qui s’était fait de la une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la ; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Icône Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Icône Haut
  3. id. Icône Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Icône Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Icône Haut

Joubert, « Correspondance générale (1774-1824). Tome II. La Période impériale »

éd. William Blake & Co., Bordeaux

éd. William Blake & Co., Bor­deaux

Il s’agit de , un des plus grands sty­listes (XVIIIe-XIXe siècle). Cet sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa , que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet , cet in­édit qui s’était fait de la une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la ; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Icône Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Icône Haut
  3. id. Icône Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Icône Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Icône Haut

Joubert, « Correspondance générale (1774-1824). Tome I. Les Temps révolutionnaires »

éd. William Blake & Co., Bordeaux

éd. William Blake & Co., Bor­deaux

Il s’agit de , un des plus grands sty­listes (XVIIIe-XIXe siècle). Cet sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa , que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet , cet in­édit qui s’était fait de la une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la ; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Icône Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Icône Haut
  3. id. Icône Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Icône Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Icône Haut

Joubert, « Essais (1779-1821) »

éd. A. G. Nizet, Paris

éd. A. G. Ni­zet, Pa­ris

Il s’agit de , un des plus grands sty­listes (XVIIIe-XIXe siècle). Cet sin­gu­lier ne pu­blia rien de son vi­vant, tant il te­nait peu à la gloire, et ne fit rien d’autre, lit­té­ra­le­ment par­lant, pen­dant toute sa , que de tra­vailler à ses «Pen­sées», écri­vant, ra­tu­rant, ajou­tant, re­tran­chant et n’en fi­nis­sant ja­mais. À sa en 1824, il lais­sait der­rière lui deux cent cinq car­nets, com­plé­tés par soixante liasses de pa­piers où se mê­laient, dans une grande confu­sion, des notes, des bribes d’, des brouillons de lettres. Ce n’est que bien des an­nées plus tard que Jean-Bap­tiste-Mi­chel Du­chesne, ne­veu de Jou­bert, en fit un mince re­cueil, qu’il re­mit à l’illustre Cha­teau­briand, le­quel se char­gea de le pré­fa­cer et d’y mettre un peu d’ordre. Du­chesne fit donc seul le choix de cette pre­mière édi­tion des «Pen­sées», écar­tant celles qui étaient dif­fi­ci­le­ment dé­chif­frables, re­tou­chant celles qui lui sem­blaient trop longues ou trop courtes. Bien qu’ami des lettres, il n’avait pas un es­prit as­sez exercé pour que ce choix fût sa­tis­fai­sant, et il est dom­mage que sur la re­com­man­da­tion du nom de Cha­teau­briand on se soit ha­bi­tué, pen­dant long­temps, à ju­ger Jou­bert sur une édi­tion qui, étant in­com­plète et fau­tive, ne le montre pas dans toute sa splen­deur lit­té­raire et phi­lo­so­phique. Mais qui est donc Jou­bert? Quel est cet in­connu, cet , cet in­édit qui s’était fait de la une cer­taine idée qui l’empêchait de rien ache­ver? Voici com­ment Sainte-Beuve ré­pond à cette ques­tion : «Ce fut un de ces heu­reux qui passent leur vie à pen­ser; à conver­ser avec leurs amis; à son­ger dans la ; à mé­di­ter quelque grand ou­vrage qu’ils n’accompliront ja­mais, et qui ne nous ar­rive qu’en frag­ments». Sur l’un de ses car­nets, Jou­bert écri­vait 1 : «Je suis comme Mon­taigne im­propre au dis­cours continu». On peut y lire un aveu d’impuissance; on peut y lire aussi la marque d’une chez cet homme qui se di­sait avare «de [son] encre» 2, et qui ne vou­lait «[se] don­ner la peine d’exprimer, avec soin, que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain» 3. Pen­sant pour la seule vo­lupté de pen­ser, pen­sant pa­tiem­ment, il at­ten­dait, pour cou­cher un mot, que la goutte d’encre qui de­vait tom­ber de sa plume se chan­geât en «goutte de lu­mière» 4, «tour­menté» qu’il était «par la mau­dite am­bi­tion de mettre tou­jours tout un livre dans une page, toute une page dans une phrase et cette phrase dans un mot» 5.

  1. «Car­nets. Tome II», p. 240. Icône Haut
  2. «Cor­res­pon­dance. Tome I», p. 101. Icône Haut
  3. id. Icône Haut
  1. «Car­nets. Tome I», p. 662. Icône Haut
  2. «Car­nets. Tome II», p. 485. Icône Haut

Manilius, « Astronomicon. Tome II »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de , au­teur (Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle apr. J.-C.), au­tant poète qu’astronome ou as­tro­logue, et dont l’œuvre dé­crit le comme une im­mense ma­chine dont est la su­prême et le grand hor­lo­ger. La de Ma­ni­lius pa­raît avoir été celle d’un sa­vant en­thou­siaste, mais re­tiré, parce qu’aucune source an­tique ne nous parle de lui. Quin­tillien, qui men­tionne un grand nombre d’, ne dit rien sur notre sa­vant, qui leur est pour­tant su­pé­rieur. On a pré­tendu, d’après quelques tour­nures in­so­lites qu’on ne trouve pas ai­sé­ment chez des au­teurs du même siècle, qu’il était un étran­ger. Ce­pen­dant faut-il s’étonner que, trai­tant un su­jet neuf et in­ha­bi­tuel, il ait em­ployé des formes éga­le­ment in­ha­bi­tuelles? Ma­ni­lius le sen­tait lui-même et il s’en ex­cuse dès les pre­mières lignes de son poème : «Je se­rai», dit-il, «le pre­mier des Ro­mains qui fe­rai en­tendre sur l’Hélicon ces nou­veaux concerts». Il vi­vait, en tout cas, sous le règne d’Auguste, parce qu’il s’adresse à cet Em­pe­reur comme à un per­son­nage contem­po­rain. Et puis, dans un pas­sage du livre I 1, il fait al­lu­sion à la dé­faite de Va­rus 2 comme à un évé­ne­ment tout ré­cent. , elle sur­vint en 9 apr. J.-C. Ma­ni­lius a laissé à la pos­té­rité un unique poème in­ti­tulé «As­tro­no­miques» («As­tro­no­mi­con» 3) et qui est in­té­res­sant à plus d’un titre. Il touche, à vrai dire, bien plus à l’ qu’à l’, parce que, des cinq qu’il contient, le pre­mier seule­ment se rap­porte à la sphé­ri­cité de la , à la di­vi­sion du , aux ; les quatre autres sont pu­re­ment as­tro­lo­giques et sont une sorte de com­plet de l’horoscope.

  1. v. 898-901. Icône Haut
  2. À Teu­to­bourg, en Ger­ma­nie. Icône Haut
  1. Cal­qué sur le «As­tro­no­mi­kôn» («Ἀστρονομικῶν»). Icône Haut

Manilius, « Astronomicon. Tome I »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de , au­teur (Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle apr. J.-C.), au­tant poète qu’astronome ou as­tro­logue, et dont l’œuvre dé­crit le comme une im­mense ma­chine dont est la su­prême et le grand hor­lo­ger. La de Ma­ni­lius pa­raît avoir été celle d’un sa­vant en­thou­siaste, mais re­tiré, parce qu’aucune source an­tique ne nous parle de lui. Quin­tillien, qui men­tionne un grand nombre d’, ne dit rien sur notre sa­vant, qui leur est pour­tant su­pé­rieur. On a pré­tendu, d’après quelques tour­nures in­so­lites qu’on ne trouve pas ai­sé­ment chez des au­teurs du même siècle, qu’il était un étran­ger. Ce­pen­dant faut-il s’étonner que, trai­tant un su­jet neuf et in­ha­bi­tuel, il ait em­ployé des formes éga­le­ment in­ha­bi­tuelles? Ma­ni­lius le sen­tait lui-même et il s’en ex­cuse dès les pre­mières lignes de son poème : «Je se­rai», dit-il, «le pre­mier des Ro­mains qui fe­rai en­tendre sur l’Hélicon ces nou­veaux concerts». Il vi­vait, en tout cas, sous le règne d’Auguste, parce qu’il s’adresse à cet Em­pe­reur comme à un per­son­nage contem­po­rain. Et puis, dans un pas­sage du livre I 1, il fait al­lu­sion à la dé­faite de Va­rus 2 comme à un évé­ne­ment tout ré­cent. , elle sur­vint en 9 apr. J.-C. Ma­ni­lius a laissé à la pos­té­rité un unique poème in­ti­tulé «As­tro­no­miques» («As­tro­no­mi­con» 3) et qui est in­té­res­sant à plus d’un titre. Il touche, à vrai dire, bien plus à l’ qu’à l’, parce que, des cinq qu’il contient, le pre­mier seule­ment se rap­porte à la sphé­ri­cité de la , à la di­vi­sion du , aux ; les quatre autres sont pu­re­ment as­tro­lo­giques et sont une sorte de com­plet de l’horoscope.

  1. v. 898-901. Icône Haut
  2. À Teu­to­bourg, en Ger­ma­nie. Icône Haut
  1. Cal­qué sur le «As­tro­no­mi­kôn» («Ἀστρονομικῶν»). Icône Haut

« Choses dont parle Teika lorsqu’il parle d’amour : une lecture de la “Compétition poétique solitaire en cent tours de l’honorable Teika” »

dans « Ebisu », nº 25, p. 91-151

dans «Ebisu», nº 25, p. 91-151

Il s’agit de l’aristocrate  1 (XIIe-XIIIe siècle), non seule­ment poète très fé­cond, en­censé ou blâmé par ses contem­po­rains pour son ori­gi­na­lité; mais aussi aux du­quel on s’en rap­por­tait constam­ment, théo­ri­cien, édi­teur d’œuvres an­ciennes, com­pi­la­teur d’anthologies, au­teur d’un jour­nal tenu tout au long de sa dès sa dix-neu­vième an­née — le «Mei­getsu-ki» («Jour­nal de la lune claire»). Fils du poète Fu­ji­wara no Shun­zei 2, hé­ri­tier im­por­tant d’une li­gnée d’érudits, Teika ser­vit plu­sieurs , et no­tam­ment Go-Toba Tennô, le­quel le ré­com­pensa de son at­ta­che­ment en le met­tant au nombre des com­pi­la­teurs du «Nou­veau Re­cueil de poé­sies de ja­dis et na­guère» («Shin­ko­kin wa­ka­shû»). À cette époque, il avait déjà la ré­pu­ta­tion d’un poète très doué, mais pra­ti­quant un dé­con­cer­tant : «J’ai été quel­que­fois re­connu et quel­que­fois cri­ti­qué», re­con­naît-il lui-même 3, «mais, de­puis le dé­but, j’ai man­qué de goût pour [les règles] et n’ai ap­pris qu’à pro­duire des choses que les autres n’acceptaient pas. L’ de mon re­gretté père se li­mi­tait à : “La [règle] de la ne se cherche pas dans un vaste sa­voir ou en­core en re­mon­tant à un loin­tain passé : elle jaillit de notre propre cœur, et c’est par -même qu’on la com­prend”». En l’an 1209, le shô­gun Sa­ne­tomo, âgé de dix-sept ans, de­manda à Teika de cor­ri­ger quelques poèmes qu’il lui avait en­voyés. Teika fit ac­com­pa­gner la cor­rec­tion d’un pé­da­go­gique, «Poèmes ex­cel­lents de notre » («Kin­dai shûka» 4), le pre­mier d’une sé­rie de trai­tés qui al­laient im­po­ser ses poé­tiques pour des dé­cen­nies au moins. On y ap­prend que la vraie poé­sie, c’est celle qui, tout en ne quit­tant pas les li­mites de la , s’affranchit des che­mins bat­tus : «Le style ex­cellent en poé­sie», dit-il 5, «c’est le style de poème qui, ayant trans­cendé les dif­fé­rents élé­ments du su­jet, n’insiste sur au­cun; qui, bien que ne sem­blant ap­par­te­nir à au­cun des dix styles en par­ti­cu­lier, nous fasse l’effet de les conte­nir tous». In­fa­ti­gable en dé­pit d’une sans cesse chan­ce­lante, Teika se mon­tra, par ailleurs, un très grand phi­lo­logue. Les meilleures édi­tions conser­vées, et quel­que­fois les plus an­ciennes, des clas­siques de la sont des co­pies de sa main 6. Pour­tant, à tort ou à rai­son, ce qui a le plus contri­bué à le rendre illustre, c’est une pe­tite connue sous le nom de «De cent poètes un poème», que tout Ja­po­nais sait par cœur pour avoir joué, dès sa tendre en­fance, avec le jeu de qui en est ins­piré.

  1. En ja­po­nais 藤原定家. Par­fois trans­crit Fou­ji­wara no Sa­daïé. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 藤原俊成. Par­fois trans­crit To­shi­nari. Icône Haut
  3. «Fu­ji­wara no Teika (1162-1241) et la No­tion d’excellence en poé­sie», p. 70. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «近代秀歌». Icône Haut
  2. «Fu­ji­wara no Teika (1162-1241) et la No­tion d’excellence en poé­sie», p. 249. Icône Haut
  3. C’est le cas en par­ti­cu­lier du «Dit du genji», de l’«Ise mo­no­ga­tari», du «Ko­kin-shû», dont il col­li­gea les di­vers , et qu’il com­menta en pro­fon­deur. Icône Haut