Icône Mot-clefvie religieuse

Ryôkan, « La Rosée d’un lotus, “Hachisu no tsuyu” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

« Ryôkan, moine zen »

éd. du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Paris

éd. du Centre na­tio­nal de la scien­ti­fique (CNRS), Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six  : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

Kôbô-daishi, « La Vérité finale des trois enseignements »

éd. Poiesis, Paris

éd. Poie­sis, Pa­ris

Il s’agit de «La fi­nale pour les sourds et les aveugles» («Rôko-shiiki» 1), de en ac­tion, plus connu sous le titre de «La Vé­rité fi­nale des trois en­sei­gne­ments» («ô-shiiki» 2). Son au­teur, l’introducteur du éso­té­rique au et le fon­da­teur de l’école tan­trique Shin­gon («la vraie »), na­quit en 774 apr. J.-C. Ses qua­li­tés in­tel­lec­tuelles le pous­saient, dès son en­fance, à se re­ti­rer dans les . Il en éprou­vait à chaque fois une grande , di­sant : «Une fois dans les fo­rêts mon­ta­gneuses, j’en ou­blie de ren­trer chez … La ri­vière pure de la mon­tagne ne cesse de com­pa­tir en­vers les per­sonnes se noyant dans le poi­son de l’ et de l’argent! Qu’ils ne soient pas brû­lés dans le [tour­billon] du ! Qu’ils quittent tout de suite ce lieu im­pur pour en­trer dans la de la Loi!» 3 Il fut en­voyé, à l’âge de quinze ans, à la ca­pi­tale im­pé­riale pour en­trer dans la des lettres — voie qu’il aban­donna ce­pen­dant pour s’engager dans celle, plus aus­tère, des ca­nons boud­dhiques. Re­mar­qué pour son éru­di­tion, on lui conféra d’abord le titre de Kû­kai 4l’Océan du vide» 5), et bien plus tard, ce­lui de Kôbô-dai­shi 6le Grand Maître qui ré­pand la Loi» 7) sous le­quel il est connu. En 804 apr. J.-C., il fut nommé pour al­ler à une am­bas­sade en , où il de­meura plus de deux ans à se per­fec­tion­ner dans la connais­sance des soû­tras éso­té­riques. À son re­tour, par un pieux et ha­bile , il sou­tint que la déesse shin­toïste du — la Grande-Au­guste-Kami-Illu­mi­nant-le- — était une in­car­na­tion du . Ainsi har­mo­ni­sée avec les croyances na­tio­nales, la boud­dhique se pro­pa­gea avec une ra­pi­dité ex­tra­or­di­naire, et il y eut bien­tôt une , chez les nobles, de se ra­ser la tête pour se re­ti­rer du monde. Quant à Kôbô-dai­shi, sa em­blé­ma­tique sus­cita l’apparition de nom­breuses et de ré­cits ha­gio­gra­phiques, en par­ti­cu­lier le «Rou­leau en­lu­miné sur la du saint Kôbô-dai­shi» («Kôbô-dai­shi gyôjô emaki» 8) où l’on le re­pré­sente chas­sant les êtres éfiques, re­pous­sant les té­nèbres de l’ignorance qu’ils in­carnent et dif­fu­sant «la vraie pa­role» dans l’archipel. Parmi les ou­vrages qu’il laissa à sa , le plus ac­ces­sible et le moins aride, en même que le moins re­bu­tant, est «La Vé­rité fi­nale des trois en­sei­gne­ments». C’est à peine si l’on y re­con­naît quelques traces des soû­tras éso­té­riques, et il faut y voir plu­tôt un re­cueil d’instruction mo­rale qu’un livre re­li­gieux pro­pre­ment dit. On ne peut pas en dire au­tant du reste de ses ou­vrages, qui re­posent sur l’usage de for­mules in­vo­ca­toires («man­tra»), de dia­grammes man­dala»), ré­ser­vés au cercle res­treint des ini­tiés.

  1. En «聾瞽指帰». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «三教指帰». Icône Haut
  3. Dans Asuka Ryôko, «La Vie du moine Ku­kai», p. 106-107. Icône Haut
  4. En ja­po­nais 空海. Au­tre­fois trans­crit Kô-kaï ou Kou­kaï. Icône Haut
  1. Par­fois tra­duit «Océan de va­cuité». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 弘法大師. Au­tre­fois trans­crit Kô-bau Daï-si. Icône Haut
  3. Au­tre­fois tra­duit «Grand Maître pro­pa­ga­teur de la Loi». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «弘法大師行状繪卷». Icône Haut

Kabîr, « Le Fils de Ram et d’Allah : anthologie de poèmes »

éd. Les Deux Océans, Paris

éd. Les Deux Océans, Pa­ris

Il s’agit de  1, sur­nommé «le tis­se­rand de Bé­na­rès», l’un des les plus po­pu­laires de l’Inde, et l’un des fon­da­teurs de la lit­té­ra­ture , bien qu’il n’ait peut-être ja­mais rien écrit (XVe-XVIe siècle apr. J.-C.). Non seule­ment il a em­ployé le hindi, mais il a in­sisté sur l’avantage de se ser­vir de cette orale, en s’é contre l’emploi du et de toute autre langue sa­vante. Car, comme So­crate, Ka­bîr se mé­fiait de l’, qui était pour lui une lettre morte, un si­mu­lacre, et ne ju­geait vraie que la in­té­rieure de l’ : «Je n’ai ja­mais tou­ché», dit-il 2, «ni encre, ni pa­pier. Ma main ja­mais n’a tenu de plume. La gran­deur des quatre âges, Ka­bîr la fait naître des pa­roles de sa bouche». Sa re­nom­mée re­pose sur les cinq cents cou­plets («do­hâs» 3) et les cent stances («pa­das» 4) trans­crits par ses dis­ciples, et dont des mor­ceaux choi­sis fi­gurent dans le «Gou­rou Granth Sa­hib», le livre saint des . Ils se dis­tinguent par leur va­leur , par leur conci­sion et in­ten­sité, mais aussi et sur­tout par la ren­contre des deux tra­di­tions is­la­mique et hin­doue. Fils illé­gi­time d’une veuve brah­mane, adopté par un tis­se­rand mu­sul­man, Ka­bîr rê­vait d’amalgamer et en une seule et même . Lui-même se di­sait «l’enfant d’Allah et de Râma» et es­ti­mait que les deux tra­di­tions, mal­gré leurs dif­fé­rents, étaient des «pots de la même ar­gile» 5. On ra­conte que lorsqu’il fut sur le point de mou­rir, les hin­douistes dé­cla­rèrent qu’il fal­lait le brû­ler; les — qu’il fal­lait l’enterrer. Il s’éteignit re­cou­vert par son drap. Les deux par­tis, après d’interminables que­relles, fi­nirent par s’approcher du ca­davre et sou­le­vèrent le lin­ceul; mais ils virent qu’il n’y avait que des , et pas de . Les hin­douistes prirent la moi­tié des fleurs, les brû­lèrent et éle­vèrent en cet en­droit un mau­so­lée. Les mu­sul­mans prirent l’autre moi­tié et construi­sirent un sanc­tuaire pour les y mettre. «Il y a donc aujourd’hui à Ma­ghar 6 deux dé­diés à Ka­bîr», dit Mme  7. «Dres­sés l’un à côté de l’autre, ils té­moignent de l’irréductible contra­dic­tion que le même du ré­for­ma­teur de­vait être fi­na­le­ment im­puis­sant à ré­soudre. Tra­gique des­tin de ce pro­phète de l’!»

  1. En hindi कबीर. Au­tre­fois trans­crit Ca­bir. Icône Haut
  2. «Ka­bir : une mys­tique au-delà des re­li­gions», p. 151. Icône Haut
  3. En hindi दोहा. Icône Haut
  4. En hindi पद. Icône Haut
  1. «Ka­bir : une ex­pé­rience mys­tique au-delà des re­li­gions», p. 95 & 11. Icône Haut
  2. En hindi मगहर. Par­fois trans­crit Ma­ga­har. Ville si­tuée dans le dis­trict ac­tuel de Sant Ka­bîr Na­gar. Icône Haut
  3. «Pré­face à “Au ca­ba­ret de l’ : pa­roles de Ka­bîr”», p. 16. Icône Haut

« Textes ougaritiques. Tome II. Textes religieux et rituels • Correspondance »

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du Proche-, Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’ 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’ et la sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une , un sys­tème d’ et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous . Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : !», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la , s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le et le ; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du ». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives qu’ils jettent sur la hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les des bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent , de­vant nos yeux, avec une éton­nante . «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des de l’écriture, de la ou de la sé­mi­tique, des croyances des et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du , et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de .»

  1. En رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Icône Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Icône Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Icône Haut

« Textes ougaritiques. Tome I. Mythes et légendes »

éd. du Cerf, coll. Littératures anciennes du Proche-Orient, Paris

éd. du Cerf, coll. Lit­té­ra­tures an­ciennes du , Pa­ris

Il s’agit de textes ou­ga­ri­tiques, dé­cou­verts entre 1929 et 1939. Les fouilles en­tre­prises en 1929, en du Nord, sur le site de Ras Shamra 1Col­line du fe­nouil»), en met­tant au jour les ves­tiges d’une an­tique cité — iden­ti­fiée as­sez ra­pi­de­ment avec la cité d’ 2 (XIVe-XIIIe siècle av. J.-C.) — en­ri­chirent, et par­fois bou­le­ver­sèrent, nos connais­sances sur l’ et la sé­mi­tiques, en ré­vé­lant une , un sys­tème d’ et une lit­té­ra­ture jusqu’alors in­con­nues. Cette dé­cou­verte com­mença, comme ce fut très sou­vent le cas dans les an­nales ar­chéo­lo­giques, par un coup de ha­sard. En la­bou­rant son champ si­tué non loin de là, un pay­san heurta de sa char­rue des dalles à peine ca­chées sous . Quelques se­maines plus tard, des ar­chéo­logues dé­pê­chés sur place (la Sy­rie était alors sous man­dat fran­çais) te­naient en main, sor­ties d’une couche de cendres et de pier­railles, des cou­vertes d’une écri­ture nette et élé­gante, une écri­ture de trente signes — le «cu­néi­forme al­pha­bé­tique», le pre­mier et le plus an­cien al­pha­bet connu. «Un seul mot s’impose : !», dit M. Bruno Cot 3. «Ici, sur ce sol aride à quelque trois mille ki­lo­mètres de la , s’est épa­nouie une ci­vi­li­sa­tion plu­sieurs fois mil­lé­naire. Un fas­ci­nant qui a per­mis de dé­cou­vrir le pre­mier al­pha­bet, d’où dé­ri­ve­ront, plus tard, le phé­ni­cien, puis le et le ; un monde gé­né­reux aussi, puisque de ses en­trailles sont is­sus des mil­liers de textes qui ont éclairé d’un jour nou­veau l’histoire du Proche-». Ce qui consti­tue aussi l’immense in­té­rêt de ces textes, ce sont les vives qu’ils jettent sur la hé­braïque, avec la­quelle ils par­tagent un fonds cultu­rel com­mun qu’on ap­pelle «ca­na­néen». Grâce à eux, les sa­cri­fices, les of­frandes, les la­men­ta­tions et les des bi­bliques sont — pour ainsi dire — des cé­ré­mo­nies aux­quelles nous as­sis­tons, et qui prennent , de­vant nos yeux, avec une éton­nante . «Ainsi, de quelque côté qu’on l’envisage», dit l’archéologue Charles Vi­rol­leau 4, «qu’il s’agisse des de l’écriture, de la ou de la sé­mi­tique, des croyances des et d’une fa­çon plus gé­né­rale… des oc­ci­den­taux, la dé­cou­verte des ar­chives de Ras Shamra est as­su­ré­ment l’une des plus consi­dé­rables qu’on ait faites… dans les pays du , et à bien des égards, elle consti­tue une sorte de .»

  1. En رأس شمرا. Par­fois trans­crit Ras Chamra ou Ras Schamra. Icône Haut
  2. Au­tre­fois trans­crit Ou­ga­rite ou Uga­rit. Icône Haut
  1. «Ou­ga­rit : le royaume de l’écrit». Icône Haut
  2. «Le Dé­chif­fre­ment des ta­blettes al­pha­bé­tiques de Ras-Shamra» dans «Sy­ria», vol. 12, nº 1, p. 15-23. Icône Haut

« Le Veda : premier livre sacré de l’Inde. Tome I »

éd. Gérard et Cie, coll. Marabout université-Trésors spirituels de l’humanité, Verviers

éd. Gé­rard et Cie, coll. Ma­ra­bout uni­ver­sité- spi­ri­tuels de l’, Ver­viers

Il s’agit du «Ṛg­veda» 1, de l’«Athar­va­veda» 2 et autres por­tant le nom de Vé­das (« sa­crées») — nom dé­rivé de la même ra­cine «vid» qui se trouve dans nos mots «idée», «idole». Il est cer­tain que ces sont le plus an­cien mo­nu­ment de la lit­té­ra­ture de l’Inde (IIe mil­lé­naire av. J.-C.). On peut s’en convaincre déjà par leur désuète qui ar­rête à chaque pas in­ter­prètes et tra­duc­teurs; mais ce qui le prouve en­core mieux, c’est qu’on n’y trouve au­cune trace du culte aujourd’hui om­ni­pré­sent de Râma et de Kṛṣṇa. Je ne vou­drais pas, pour au­tant, qu’on se fasse une opi­nion trop exa­gé­rée de leur mé­rite. On a af­faire à des bribes de dé­cou­sues, à des for­mules de dé­con­cer­tantes, sortes de bal­bu­tie­ments du verbe, dont l’originalité fi­nit par aga­cer. «Les , de­puis [Abel] Ber­gaigne sur­tout, ont cessé d’admirer dans les Vé­das les pre­miers hymnes de l’humanité ou de la “race aryenne” en pré­sence [de] la … À par­ler franc, les trois quarts et demi du “Ṛg­veda” sont du ga­li­ma­tias. Les in­dia­nistes le savent et en conviennent vo­lon­tiers entre eux», dit Sa­lo­mon Rei­nach 3. La vé­dique est, en ef­fet, une rhé­to­rique bi­zarre, qui ef­fa­rouche les meilleurs sa­vants par la dis­pa­rité des images et le che­vau­che­ment des sens. Elle se com­pose de mé­ta­phores sa­cer­do­tales, com­pli­quées et obs­cures à des­sein, parce que les vé­diques, qui vi­vaient de l’autel, en­ten­daient s’en ré­ser­ver le mo­no­pole. Sou­vent, ces mé­ta­phores font, comme nous di­rions, d’une deux coups. Deux idées, as­so­ciées quelque part à une troi­sième, sont en­suite as­so­ciées l’une à l’autre, alors qu’elles hurlent de dé­goût de se voir en­semble. Voici un exemple dont l’étrangeté a, du moins, une sa­veur my­tho­lo­gique : Le «soma» («li­queur cé­leste») sort de la nuée. La nuée est une vache. Le «soma» est donc un lait, ou plu­tôt, c’est un beurre qui a des «pieds», qui a des «sa­bots», et qu’Indra trouve dans la vache. Le «soma» est donc un veau qui sort d’un «pis», et ce qui est plus fort, du pis d’un mâle, par suite de la sub­sti­tu­tion du mot «nuée» avec le mot «nuage». De là, cet hymne :

«Voilà le nom se­cret du beurre :
“Langue des ”, “nom­bril de l’immortel”.
Pro­cla­mons le nom du beurre,
Sou­te­nons-le de nos hom­mages en ce !…
Le buffle aux quatre cornes l’a ex­crété.
Il a quatre cornes, trois pieds…
Elles jaillissent de l’océan spi­ri­tuel,
Ces cou­lées de beurre cent fois en­closes,
In­vi­sibles à l’ennemi. Je les consi­dère :
La verge d’ est en leur mi­lieu
», etc.

  1. En «ऋग्वेद». Par­fois trans­crit «Rk Veda», «Rak-véda», «Rag­veda», «Rěg­veda», «Rik-veda», «Rick Veda» ou «Rig-ved». Icône Haut
  2. En sans­crit «अथर्ववेद». Icône Haut
  1. «Or­pheus : gé­né­rale des re­li­gions», p. 77-78. On peut joindre à cette opi­nion celle de Vol­taire : «Les Vé­das sont le plus en­nuyeux fa­tras que j’aie ja­mais lu. Fi­gu­rez-vous la “Lé­gende do­rée”, les “Confor­mi­tés de saint Fran­çois d’Assise”, les “Exer­cices spi­ri­tuels” de saint Ignace et les “Ser­mons” de Me­not joints en­semble, vous n’aurez en­core qu’une idée très im­par­faite des im­per­ti­nences des Vé­das» («Lettres chi­noises, in­diennes et tar­tares», lettre IX). Icône Haut

Jayadeva, « “Gita govinda”, Le Chant du berger : poème »

dans « Théologie hindoue » (XIXᵉ siècle), p. 244-266

dans « hin­doue» (XIXe siècle), p. 244-266

Il s’agit du «Gîta go­vinda» 1Le Chant du bou­vier»), pièce à la fois chan­tée et dan­sée en l’ de Kṛṣṇa. Ce que l’on sait sur Jaya­deva 2, qui est l’auteur de cette pièce (XIIe siècle apr. J.-C.), se borne à des . On ra­conte qu’à la de ses pa­rents, le poète se mit en route vers le de Ja­gan­nâ­tha avec l’intention d’y ado­rer Kṛṣṇa. En che­min, ce­pen­dant, il tomba d’inanition, ac­ca­blé par la du . Un bou­vier, qui gar­dait son trou­peau aux alen­tours, l’aperçut et vint le se­cou­rir en lui of­frant du lait caillé. Lorsque Jaya­deva ar­riva en­fin au temple, quelle ne fut pas sa sur­prise quand il vit, à la place de la sta­tue de Ja­gan­nâ­tha, le jeune qu’il ve­nait de quit­ter! Com­pre­nant à l’instant que son sau­veur était en Kṛṣṇa, il en conçut l’idée du «Gîta go­vinda». On pré­tend éga­le­ment que le poète hé­si­tait un jour à écrire un vers sus­cep­tible de , et avant de prendre une dé­ci­sion, il pré­para la page, puis des­cen­dit se bai­gner à la ri­vière. Pen­dant ce , Kṛṣṇa lui-même ayant pris les traits de Jaya­deva, écri­vit sur la page le vers qui avait em­bar­rassé Jaya­deva, laissa le ou­vert et se re­tira. Lorsque Jaya­deva re­vint et qu’il vit cela, il fut étonné et in­ter­ro­gea sa femme à ce su­jet. Elle lui dit : «Vous êtes re­venu et avez écrit ce vers : quel autre que vous au­rait tou­ché à votre car­net?» 3 Jaya­deva, très tou­ché par cet évé­ne­ment, alla dans la fo­rêt, où il vit un arbre éton­nant : sur chaque feuille de cet arbre étaient des du «Gîta go­vinda».

  1. En «गीत गोविन्द». Au­tre­fois trans­crit «Geet go­vinda», «Geeta go­vinda», «Gi­ta­go­winda», «Ghita go­vinda» ou «Guîta go­vinda». Icône Haut
  2. En sans­crit जयदेव. Au­tre­fois trans­crit Jai­dev, Jaya­dev, Dscha­ja­de­vas ou Djaya­déva. Icône Haut
  1. Dans , « de la lit­té­ra­ture hin­doui et hin­dous­tani, 2e édi­tion. Tome II», p. 72. Icône Haut

Han Shan, « Merveilleux le chemin de Han shan : poèmes »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit de Han Shan 1, er­mite et poète (VIIe siècle apr. J.-C.). Il avait quitté sa pour se re­ti­rer sur une fa­laise, dans un en­droit nommé Mon­tagne froide (Han shan), au­quel il doit son sur­nom. Le lieu où il vi­vait était libre de la pous­sière et du bruit. Il s’asseyait parmi les nuages blancs. Un vent sub­til souf­flait à tra­vers les pins so­li­taires, dont le son lui était agréable. De­puis dix ans, il n’était pas re­tourné en ville; il en avait ou­blié la route qu’il avait ja­dis em­prun­tée pour ve­nir. Non loin de là, au mo­nas­tère du Pays clair (Guo qing 2), vi­vait son ami et condis­ciple, Shi De 3, qui tra­vaillait dans la cui­sine et met­tait les restes de côté pour lui dans un tube de bam­bou. Han Shan dé­am­bu­lait sous la vé­randa du mo­nas­tère, criant de , par­lant seul, riant seul. On le pre­nait pour un fou. Par­fois, les moines lui cou­raient après pour l’injurier, pour le chas­ser. Dans les , près des huttes, il ba­di­nait avec les qui gar­daient les vaches. Pour­tant, ses pa­roles sem­blaient co­hé­rentes, et si on y ré­flé­chis­sait bien, on y de­vi­nait des idées pro­fondes. En fait, tout ce qu’il di­sait était pro­fond. Dans ses poé­sies aussi, il abor­dait les su­jets les plus graves en en don­nant une in­gé­nue et simple, et en conser­vant une par­faite bon­ho­mie, ce qui fait qu’on suit ses vers et qu’on se les as­si­mile ra­pi­de­ment, sans même se rendre compte de leur por­tée :

«Les gens de­mandent le che­min de Han shan
Nulle route ne mène à Han shan
L’été, la glace ne fond pas
À peine levé, le se noie dans le brouillard
Com­ment y par­ve­nir, comme ,
Si votre cœur n’est pas pa­reil au mien?
Si votre cœur, par contre, est pa­reil au mien
Vous êtes alors en plein mi­lieu
»

  1. En chi­nois 寒山. Au­tre­fois trans­crit Han-chan ou Han Schan. Icône Haut
  2. En chi­nois 國清. Au­tre­fois trans­crit Kuo ch’ing. Icône Haut
  1. En chi­nois 拾得. Au­tre­fois trans­crit Shih Té. On ra­conte que Shi De était un en­fant aban­donné, car son sur­nom si­gni­fie «le ra­massé». Icône Haut

Tchouang-tseu, « L’Œuvre complète »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu 1, pen­seur ïste, un des plus grands maîtres de la prose chi­noise (IVe siècle av. J.-C.). Laissé pour compte du­rant des siècles, il exer­cera une tar­dive, mais sans cesse crois­sante, tant sur les que sur les , et en l’an 742 apr. J.-C. l’Empereur pro­mul­guera un édit pour ca­no­ni­ser son «Œuvre com­plète», dé­sor­mais un clas­sique, qui se verra at­tri­buer le titre post­hume de «Clas­sique au­then­tique de la splen­deur mé­ri­dio­nale» («Nan­hua zhen­jing» 2). En Tchouang-tseu, nous ren­con­trons un phi­lo­sophe ori­gi­nal dont le de poète, plein d’images har­dies, d’artifices lit­té­raires, pos­sède un at­trait in­connu aux autres pen­seurs de la . Son «Œuvre com­plète» prend l’aspect d’allégories ; de pen­sées non seule­ment ré­flé­chies et dé­mon­trées, mais res­sen­ties et pé­né­trant tout son être. Sa , c’est le quié­tisme na­tu­ra­liste. «Na­tu­ra­liste», car se­lon Tchouang-tseu, tout est bien à l’état na­tu­rel; tout dé­gé­nère entre les mains de l’. «Quié­tisme», car pour re­trou­ver en la splen­deur ori­gi­nelle de la , il faut une tran­quillité comme celle de l’ inerte; un calme comme ce­lui du  : «Si la tran­quillité de l’eau per­met de re­flé­ter les choses, que ne peut celle de l’esprit? Qu’il est tran­quille, l’esprit du saint! Il est le mi­roir de l’univers et de tous les êtres» 3. L’acte su­prême est de ne point in­ter­ve­nir, et la su­prême est de ne rien dire : «La nasse sert à prendre le pois­son; quand le pois­son est pris, ou­bliez la nasse. Le piège sert à cap­tu­rer le lièvre; quand le lièvre est pris, ou­bliez le piège. La pa­role sert à ex­pri­mer l’idée; quand l’idée est sai­sie, ou­bliez la pa­role. [Où] pour­rais-je ren­con­trer quelqu’un qui ou­blie la pa­role, et dia­lo­guer avec lui?» 4 La pa­role n’est pas sûre, car c’est d’elle que pro­viennent toutes les dis­tinc­tions éta­blies ar­ti­fi­ciel­le­ment par l’homme. , l’univers est in­dis­tinct, in­for­mel, et soi-même est aussi l’autre : «Ja­dis, Tchouang-tseu rêva qu’il était un pa­pillon vol­ti­geant et sa­tis­fait de son sort et igno­rant qu’il était Tchouang-tseu lui-même; brus­que­ment, il s’éveilla et s’aperçut avec éton­ne­ment qu’il était Tchouang-tseu. Il ne sut plus si c’était Tchouang-tseu rê­vant qu’il était un pa­pillon, ou un pa­pillon rê­vant qu’il était Tchouang-tseu»

  1. En chi­nois 莊子. Par­fois trans­crit Tchouang-tsée, Tchoang-tseu, Tchoang-tzeu, Tchouang-tsze, Tchuang-tze, Chwang-tsze, Chuang-tze, Choang-tzu, Zhuang Si, Zhouangzi ou Zhuangzi. Éga­le­ment connu sous le nom de Tchouang Tcheou (莊周). Par­fois trans­crit Tchuang-tcheou, Chuang Chou, Zhouang Zhou ou Zhuang Zhou. Icône Haut
  2. En chi­nois «南華真經». Par­fois trans­crit «Nan-houa tcheng-king», «Nan-hoà-cienn ching», «Nan hwa chin king», «Nan-hoa-tchenn king», «Nan-houa tchen-tsing» ou «Nan-hua chen ching». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «南華經» («Nan­hua­jing»). Icône Haut
  1. p. 111. Icône Haut
  2. p. 221. Icône Haut

Homère, « Odyssée »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Odyssée» 1 d’ 2. «Le chantre des ex­ploits hé­roïques, l’interprète des , le se­cond dont s’éclairait la , la lu­mière des muses, la tou­jours jeune du en­tier, Ho­mère, il est là, étran­ger, sous le sable de ce ri­vage», dit une épi­gramme fu­né­raire 3. On sait qu’Alexandre de Ma­cé­doine por­tait tou­jours avec lui une co­pie des chants d’Homère, et qu’il consa­crait à la garde de ce tré­sor une cas­sette pré­cieuse, en­ri­chie d’ et de pier­re­ries, trou­vée parmi les ef­fets du roi Da­rius. Alexandre mou­rut; l’immense Em­pire qu’il avait ras­sem­blé pour un ins­tant tomba en ruines; mais par­tout où avaient volé les se­mences de la grecque, les chants d’Homère avaient fait le voyage mys­té­rieux. Par­tout, sur les bords de la Mé­di­ter­ra­née, on par­lait , on écri­vait avec les lettres grecques, et nulle part da­van­tage que dans cette ville à l’embouchure du Nil, qui por­tait le nom de son fon­da­teur : Alexan­drie. «C’est là que se fai­saient les pré­cieuses co­pies des chants, là que s’écrivaient ces , dont la plu­part ont péri six ou sept siècles plus tard avec la fa­meuse bi­blio­thèque d’Alexandrie, que fit brû­ler le ca­life Omar, ce bien­fai­teur des éco­liers», dit Frie­drich Spiel­ha­gen 4. Les Ro­mains re­cueillirent, au­tant qu’il était pos­sible à un guer­rier et igno­rant, l’héritage du grec. Et c’était Ho­mère qu’on met­tait entre les mains du jeune comme élé­ment de son , et dont il conti­nuait plus tard l’étude dans les hautes écoles d’Athènes. Si Es­chyle dit que ses tra­gé­dies ne sont que «les re­liefs des grands fes­tins d’Homère» 5, on peut le dire avec en­core plus de des Ro­mains, qui s’invitent chez Ho­mère et re­viennent avec quelque croûte à gru­ger, un mor­ceau de car­ti­lage des mets qu’on a ser­vis.

  1. En grec «Ὀδύσσεια». Icône Haut
  2. En grec Ὅμηρος. Icône Haut
  3. En grec «Ἡρώων κάρυκ’ ἀρετᾶς, μακάρων δὲ προφήταν, Ἑλλάνων βιοτᾷ δεύτερον ἀέλιον, Μουσῶν φέγγος Ὅμηρον, ἀγήραντον στόμα κόσμου παντός, ἁλιρροθία, ξεῖνε, κέκευθε κόνις». An­ti­pa­ter de Si­don dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. «Ho­mère», p. 513. Icône Haut
  2. En grec «τεμάχη τῶν Ὁμήρου μεγάλων δείπνων». Athé­née, «Ban­quet des sa­vants». Icône Haut

Homère, « Iliade »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de «L’Iliade» 1 d’ 2. «Le chantre des ex­ploits hé­roïques, l’interprète des , le se­cond dont s’éclairait la , la lu­mière des muses, la tou­jours jeune du en­tier, Ho­mère, il est là, étran­ger, sous le sable de ce ri­vage», dit une épi­gramme fu­né­raire 3. On sait qu’Alexandre de Ma­cé­doine por­tait tou­jours avec lui une co­pie des chants d’Homère, et qu’il consa­crait à la garde de ce tré­sor une cas­sette pré­cieuse, en­ri­chie d’ et de pier­re­ries, trou­vée parmi les ef­fets du roi Da­rius. Alexandre mou­rut; l’immense Em­pire qu’il avait ras­sem­blé pour un ins­tant tomba en ruines; mais par­tout où avaient volé les se­mences de la grecque, les chants d’Homère avaient fait le voyage mys­té­rieux. Par­tout, sur les bords de la Mé­di­ter­ra­née, on par­lait , on écri­vait avec les lettres grecques, et nulle part da­van­tage que dans cette ville à l’embouchure du Nil, qui por­tait le nom de son fon­da­teur : Alexan­drie. «C’est là que se fai­saient les pré­cieuses co­pies des chants, là que s’écrivaient ces , dont la plu­part ont péri six ou sept siècles plus tard avec la fa­meuse bi­blio­thèque d’Alexandrie, que fit brû­ler le ca­life Omar, ce bien­fai­teur des éco­liers», dit Frie­drich Spiel­ha­gen 4. Les Ro­mains re­cueillirent, au­tant qu’il était pos­sible à un guer­rier et igno­rant, l’héritage du grec. Et c’était Ho­mère qu’on met­tait entre les mains du jeune comme élé­ment de son , et dont il conti­nuait plus tard l’étude dans les hautes écoles d’Athènes. Si Es­chyle dit que ses tra­gé­dies ne sont que «les re­liefs des grands fes­tins d’Homère» 5, on peut le dire avec en­core plus de des Ro­mains, qui s’invitent chez Ho­mère et re­viennent avec quelque croûte à gru­ger, un mor­ceau de car­ti­lage des mets qu’on a ser­vis.

  1. En grec «Ἰλιάς». Icône Haut
  2. En grec Ὅμηρος. Icône Haut
  3. En grec «Ἡρώων κάρυκ’ ἀρετᾶς, μακάρων δὲ προφήταν, Ἑλλάνων βιοτᾷ δεύτερον ἀέλιον, Μουσῶν φέγγος Ὅμηρον, ἀγήραντον στόμα κόσμου παντός, ἁλιρροθία, ξεῖνε, κέκευθε κόνις». An­ti­pa­ter de Si­don dans «An­tho­lo­gie grecque, d’après le ma­nus­crit pa­la­tin». Icône Haut
  1. «Ho­mère», p. 513. Icône Haut
  2. En grec «τεμάχη τῶν Ὁμήρου μεγάλων δείπνων». Athé­née, «Ban­quet des sa­vants». Icône Haut

« Mohammad Iqbal »

éd. Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui, Paris

éd. Se­ghers, coll. d’aujourd’hui, Pa­ris

Il s’agit de  1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un ré­nové. Son très di­vers s’exerça aussi bien dans la que dans la , et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en . On peut ju­ger de l’étendue de son d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au , dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte- de la , sur qui, au len­de­main de sa , il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La en » 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Icône Haut
  1. En «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Icône Haut