Hugo, « Les Misérables. Tome IV »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mi­sé­rables» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Les Misérables. Tome III »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mi­sé­rables» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Les Misérables. Tome II »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mi­sé­rables» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Hugo, « Les Misérables. Tome I »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Mi­sé­rables» et autres œuvres de (XIXe siècle). Il faut re­con­naître que Hugo est non seule­ment le pre­mier en rang des de fran­çaise, de­puis que cette langue a été fixée; mais le seul qui ait un vrai­ment à ce titre d’écrivain dans sa pleine ac­cep­tion. Toutes les ca­té­go­ries de l’ lit­té­raire se trouvent en lui dé­jouées. La qui vou­drait dé­mê­ler cette ti­ta­nique, stu­pé­fiante, te­nant quelque chose de la di­vi­nité, est en pré­sence du pro­blème le plus in­so­luble. Fut-il poète, ro­man­cier ou pen­seur? Fut-il spi­ri­tua­liste ou réa­liste? Il fut tout cela et plus en­core. Nou­veau Qui­chotte, cet est allé por­ter ses pas sur tous les che­mins de l’esprit, mon­ter sur toutes les bar­ri­cades qu’il ren­con­trait, sou­tien des faibles et pour­fen­deur des ty­rans, son­neur de clai­rons et amant de la vio­lette; si bien qu’aucune des fa­milles qui se par­tagent l’espèce hu­maine au et au mo­ral ne peut se l’attribuer en­tiè­re­ment. Tan­tôt égal à la , com­paré à la mon­tagne, rap­pro­ché du , as­si­milé à l’ouragan, tan­tôt phi­lo­sophe, re­dres­seur des abus du siècle, pro­fes­seur d’histoire et guide , tan­tôt chargé d’apitoyer le sur la femme, de le mettre à ge­noux de­vant le vieillard pour le vé­né­rer et de­vant l’enfant pour le conso­ler, il fut je ne sais quel suc­cé­dané de la . Avec sa , c’est un monde cy­clo­péen d’idées et d’impressions qui est parti, un conti­nent de gra­nit qui s’est dé­ta­ché et a roulé avec fra­cas au fond des abîmes. «Qui pour­rait dire : “J’aime ceci ou cela dans Hugo”?», dit Édouard Dru­mont 1. «Comme l’océan, comme la mon­tagne, comme la fo­rêt, ce éveille l’idée de l’. Ce qu’on aime dans l’océan, ce n’est point une vague, ce sont des vagues in­ces­sam­ment re­nou­ve­lées; ce qu’on aime dans la fo­rêt, ce n’est point un arbre ou une feuille, ce sont ces mil­liers d’ et ces mil­liers de feuilles qui confondent leur ver­dure et leur bruit.»

  1. «Vic­tor Hugo de­vant l’opinion», p. 104. Icône Haut

Béliaev, « La Tête du professeur Dowell : roman »

éd. Langues & Mondes-L’Asiathèque, Paris

éd. Langues & Mondes-L’Asiathèque, Pa­ris

Il s’agit du «La Tête du pro­fes­seur Do­well» d’ 1, un des seuls so­vié­tiques à avoir consa­cré toute son œuvre à la science-. Il y a un épi­sode tra­gique dans la de Bé­liaev sans le­quel nous ne com­pren­drions ja­mais que la moi­tié de cet écri­vain; sans le­quel un côté de cet nous échap­pe­rait tou­jours. Un après-midi, le gar­çon qui por­tait le pré­nom or­di­naire d’Alexandre, eut le ex­tra­or­di­naire de s’envoler dans les airs. Aus­si­tôt dé­cidé, aus­si­tôt fait. Il at­ta­cha des ba­lais à ses bras, monta sur le toit de la grange, et presque sans hé­si­ta­tion… sauta en bas. Loin de trou­ver le saut désa­gréable, il en fit, tout ex­cité, un se­cond et un troi­sième; mais au der­nier, il se frac­tura la co­lonne ver­té­brale et fut cloué au lit. Il sem­bla en voie de ; mais en 1916 se dé­clara une tu­ber­cu­lose os­seuse — ma­la­die grave, dont les at­taques dou­lou­reuses l’obligèrent à por­ter un cor­set or­tho­pé­dique jusqu’à la fin de sa vie. Rien ne put ar­rê­ter, ce­pen­dant, l’envol de son . Af­fran­chir les hommes des li­mites que la leur a po­sées, dans l’espoir — illu­soire sans — que cet af­fran­chis­se­ment les ren­drait maîtres de leur des­tin, telle fut l’ambition de Bé­liaev en­fermé entre les quatre murs de sa chambre d’hôpital. Ainsi, «La Tête du pro­fes­seur Do­well» («Go­lova pro­fes­sora Dooué­lia» 2) dé­bar­rasse l’esprit hu­main du ; «L’Homme qui ne dort ja­mais» («Tché­lo­vek, ko­to­ryi né spit» 3) le li­bère du som­meil; «Le Maître du » («Vlas­té­line mira» 4) en­vi­sage la brillante pers­pec­tive de l’homme de­venu té­lé­pathe; «L’Homme am­phi­bie» («Tché­lo­vek-am­fi­bia» 5) dé­crit le pre­mier pois­son parmi les hommes ou le pre­mier homme parmi les pois­sons : «L’idée est tou­jours la même», dit Bé­liaev dans ce ro­man, son plus im­por­tant et son plus cé­lèbre, «l’être hu­main n’est pas par­fait. Tout en ayant ac­quis au cours de l’ bon nombre d’avantages en com­pa­rai­son de ses pré­da­teurs , [il] a dans le même perdu beau­coup de ce qu’il pos­sé­dait dans les stades plus an­ciens de son dé­ve­lop­pe­ment… Pour­quoi ne pas rendre à l’être hu­main [ces] fa­cul­tés?»

  1. En Александр Беляев. Par­fois trans­crit Bel­jaev, Be­lyaev, Be­lâev, Be­lyayev, Bel­ja­jew, Bel­ja­jev, Be­liaew ou Bé­liaïev. Icône Haut
  2. En russe «Голова профессора Доуэля». Icône Haut
  3. En russe «Человек, который не спит», in­édit en . Icône Haut
  1. En russe «Властелин мира», in­édit en fran­çais. Icône Haut
  2. En russe «Человек-амфибия». Icône Haut

Gorgâni, « Le Roman de “Wîs et Râmîn” »

éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Traduction de textes persans, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Tra­duc­tion de textes per­sans, Pa­ris

Il s’agit du «Wîs et Râ­mîn» 1 de Fa­khr-od-Dîn As’ad Gor­gâni 2. Gor­gâni est le créa­teur du cour­tois en per­sane. On doit re­con­naître que sou­vent les pré­cio­si­tés et l’afféterie qui do­minent son l’ont des­servi, mais il se­rait in­juste de le confondre avec les au­teurs à peu près ou­bliés. Il a beau­coup de leurs dé­fauts, mais ils n’ont au­cune de ses beau­tés. Le «Wîs et Râ­mîn» ser­vit à em­bel­lir les œuvres de Nezâmî et de Roûmî. Peut-on dou­ter qu’un qui ren­dit ce ser­vice n’eût quelque ? «Si tu es Râ­mîn», dit Roûmî 3, «ne cherche rien d’autre que ta Wîs! C’est ton “” es­sen­tiel qui est ta Wîs et ta bien-ai­mée, et toutes ces choses ex­té­rieures ne sont pour toi que ca­la­mité.» Voici en quelle oc­ca­sion Gor­gâni com­posa ce ro­man qui offre de grandes ana­lo­gies avec un autre ro­man que ses ver­sions en di­verses langues ont rendu cé­lèbre en  : «Tris­tan et Iseut». Entre les an­nées 1049 et 1055, Gor­gâni se ren­dit dans la ville d’Ispahan, à la re­quête d’Abou’l-Fath, gou­ver­neur de cette ville 4. Abou’l-Fath adressa la au poète, qui s’en trouva très ho­noré, et il lui dit : «Reste avec nous cet hi­ver et ne pense pas au Kou­hes­tân. Au prin­temps, quand l’univers se ré­no­vera, quand l’atmosphère s’adoucira, tu t’en iras; je te fe­rai ca­deau du né­ces­saire, rien ne te man­quera». Un mois après, il lui dit : «Quel est ton avis sur la lé­gende de “Wîs et Râ­mîn”? On dit que c’est une fort belle chose; dans ce pays, tous l’aiment». Gor­gâni ré­pon­dit : «En ef­fet, c’est une fort jo­lie lé­gende, col­li­gée par six éru­dits. Je ne connais pas meilleure ; on di­rait un char­mant jar­din. Mais elle est écrite en langue pehlvi 5, et ceux qui la lisent ne peuvent l’expliquer; car un cha­cun ne lit pas bien cette langue, et si même il la lit bien, il n’en com­prend pas le sens… Mais si un écri­vain ca­pable s’y ap­pli­quait, cette his­toire se­rait aussi belle qu’un tré­sor plein de joyaux, car elle est re­nom­mée, pos­sède ori­gi­na­li­tés sans nombre en ses di­verses par­ties». Ayant en­tendu ce dis­cours, Abou’l-Fath de­manda au poète d’aller écrire cette lé­gende avec la plume de l’, la faire vivre par son souffle, l’animer de mé­ta­phores en­châs­sées çà et là dans le ré­cit «comme des perles dignes des rois en­châs­sées dans l’»

  1. En «ویس و رامین». Par­fois tra­duit «Veïs et Ra­min», «Veï­çeh et Ra­min», «Wéissé et Ra­min», «Weise et Ra­min», «Veisse et Ra­min», «Viz et Ra­min», «Vis et Ra­minn» ou «Wis et Râm­min». Icône Haut
  2. En per­san فخرالدین اسعد گرگانی. Par­fois trans­crit Faḵr al-Din As‘ad Gorgāni, Fa­chr-uddīn As’ad Dschurd­schānī, Fa­khr Ed­din Es­saad Djourd­jani, Fa­khr-ud­din Asad Jur­jani, Fa­kh­rod­din Asaad Gor­gani, Fa­khr ad-Din Asad Gurgāni ou Fa­khré-al­din-as­sad Gor­gâni. Icône Haut
  3. «Math­nawî», liv. III, v. 228-229. Icône Haut
  1. Le même que ce­lui dé­crit dans le «Sa­far-nâ­meh» : «Le sul­tan To­grul Beg le Seld­jou­kide (que lui fasse !) avait éta­bli comme gou­ver­neur à Is­pa­han, après qu’il s’en fut rendu maître, un homme en­core jeune, ori­gi­naire de Ni­cha­pour et qui avait une grande ha­bi­leté comme se­cré­taire et comme cal­li­graphe; son ca­rac­tère était calme et sa phy­sio­no­mie agréable» (p. 253-254). Icône Haut
  2. An­cienne langue de l’, for­mée par le mé­lange de l’idiome des Perses ( aryen) et des Ba­by­lo­niens (peuple sé­mi­tique). Icône Haut

Ayyûqî, « Le Roman de “Varqe et Golšâh” »

dans « Arts asiatiques », vol. 22, p. 1-264

dans « asia­tiques», vol. 22, p. 1-264

Il s’agit du «Varqe et Golšâh» («Varqe va Golšâh» 1), le pre­mier (XIe siècle apr. J.-C.). Jusqu’à ré­cem­ment, les se de­man­daient si le «Varqe et Golšâh» avait ja­mais été mis par écrit, ou s’il avait uni­que­ment existé à l’état de ; de l’auteur, ils igno­raient même le nom. Mais la dé­cou­verte ré­cente d’un ma­nus­crit de l’ouvrage au de Top­kapı, à Is­tan­bul, mit fin aux in­cer­ti­tudes et aux doutes. Il s’ouvre par le d’un cer­tain sul­tan Mah­mûd, au­quel il est dé­dié :

«Ô Ayyûqî, si tu as quelque et quelque en­ten­de­ment
Mets-les au ser­vice de l’art du pa­né­gy­rique
de tout cœur la bien­veillance [du] sul­tan [conqué­rant]
Chante de toute ton la louange de sul­tan Mah­mûd
» 2.

Le poète, dont le nom ou le sur­nom est Ayyûqî 3, ainsi que le montre cet ex­trait, a mis en vers un ré­cit pour le pré­sen­ter au sou­ve­rain. C’est ce­lui de deux jeunes gens nés le même jour et é en­semble, qui s’éprennent l’un de l’autre, puis qui sont sé­pa­rés par des dif­fé­rences de rang et de si­tua­tion, et réunis après de ter­ribles épreuves. Le poète dit lui-même que «cette éton­nante [est] prise des his­toires en et des arabes»; et en ef­fet, une his­toire ana­logue, mais beau­coup moins dé­ve­lop­pée, est rap­por­tée dans le «Livre des chants» d’Abû al-Fa­raj. Le du per­san est cou­lant, mar­qué par les ré­pé­ti­tions, émaillé d’expressions d’allure po­pu­laire; c’est pro­ba­ble­ment la de son dans les pays tur­co­phones, au­quel il doit sa sur­vie. «Une ana­lyse ra­pide montre qu’Ayyûqî l’a… tissé de thèmes que l’on re­trouve ailleurs, par exemple dans le… ro­man cour­tois le plus an­cien, “Wîs et Râ­mîn”, com­posé par Gor­gâni vers le mi­lieu du XIe siècle. Les deux ro­mans re­latent l’aventure d’adolescents qui s’éprennent d’ pour avoir été éle­vés en­semble. Chaque fois, la jeune fille est don­née en à un prince qu’elle n’aime point, pour des rai­sons de conve­nance, et se sous­trait à l’acte nup­tial. On re­trouve l’anecdote du sou­ve­rain à qui on l’a re­fu­sée, et qui l’enlève. Celle du jeune amant qui part en quête de l’aimée et par­vient au châ­teau où elle est re­te­nue», dit M. As­sa­dul­lah Sou­ren Me­li­kian-Chir­vani

  1. En per­san «ورقه و گلشاه». Par­fois trans­crit «Varqa o Golšāh», «Varqa-u Gülşāh», «Varqé va Gol­chah», «Varqe va Gol­shah», «Warqa wa Gul­shah», «Warqā wa Kulšah» ou «Warqā wa Gülšāh». Icône Haut
  2. p. 101. Icône Haut
  1. En per­san عیوقی. Par­fois trans­crit Ayyuki ou ‘Aiyūqī. Icône Haut

Asadî de Ṭoûs, « Le Livre de Gerchâsp : poème persan. Tome II »

éd. P. Geuthner, coll. Publications de l’École nationale des langues orientales vivantes, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École na­tio­nale des langues orien­tales vi­vantes, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de Ger­châsp» («Ger­châsp-nâmè» 1), ira­nienne (XIe siècle apr. J.-C.). Fir­dousi n’avait pas épuisé toute la masse de sou­ve­nirs qui s’étaient conser­vés sur la des rois de l’, sur leurs gé­néa­lo­gies, sur leurs ex­pé­di­tions et sur leurs ; son «Livre des rois», parce qu’il tou­chait vi­ve­ment et di­rec­te­ment un sen­ti­ment na­tio­nal, trouva une foule d’imitateurs. Presque tous les hé­ros dont Fir­dousi avait parlé, ainsi que quelques autres qu’il avait né­gli­gés, de­vinrent les su­jets d’épopées se­con­daires, écrites par on ne sait trop qui et on ne sait trop quand. «La lon­gueur ex­ces­sive de quelques-uns de ces ou­vrages prouve non seule­ment l’abondance des ma­té­riaux qui exis­taient en­core, mais aussi l’intérêt que le y met­tait : car ces in­ter­mi­nables , ra­con­tées sans art et sans grâce, n’auraient trouvé ni lec­teurs ni au­di­teurs, si l’intérêt du fond n’eût pas fait sup­por­ter la mé­dio­crité de la forme», dit  2. «Le Livre de Ger­châsp» d’Asadî de Ṭoûs 3 fut la seule épo­pée de ce cycle se­con­daire à se rendre illustre et à faire conser­ver le nom de son au­teur. La su­pé­rio­rité de son art est du côté de la du tu­multe des guerres, de la dé­vas­ta­tion, du car­nage, des feux de l’incendie. Asadî de Ṭoûs four­nit quelques dé­tails sur les mo­tifs qui lui firent en­tre­prendre son poème. Il ra­conte qu’il cher­chait un moyen pour que son nom fût connu, lorsque deux vinrent l’exhorter en lui di­sant : «Fir­dousi de Ṭoûs, ce pur, a rendu aux dis­cours élé­gants. Il a orné le en écri­vant le “Livre des Rois”; il a cher­ché la gloire en com­po­sant ce poème. Tu es son com­pa­triote, et de même pro­fes­sion : tu as, dans ton dis­cours, des pen­sées alertes. Au moyen de ce vieux livre qui est notre com­pa­gnon, mets en vers une ! Par la science, tu crée­ras ainsi un gai jar­din qui ne sera ja­mais vide de fruits. Le monde ne dure éter­nel­le­ment pour per­sonne; la meilleure chose à en conser­ver, c’est la bonne re­nom­mée, et c’est as­sez» 4. Il conçut dès lors l’ambition d’égaler ou de sur­pas­ser Fir­dousi.

  1. En «گرشاسپ‌نامه». Par­fois trans­crit «Guer­schasp-na­meh», «Karšāsp-nā­mah», «Garšāsb-nāma» ou «Gar­shasp­nama». Icône Haut
  2. «Pré­face au “Livre des rois. Tome I”», p. LXII. Icône Haut
  1. En per­san اسدی طوسی. Par­fois trans­crit As­sedi de Thous, As­sadi Tusi, Asadī Ṭūsī ou Asadi Tousi. Icône Haut
  2. «Le Livre de Ger­châsp. Tome I», p. 23 & 25. Icône Haut

Asadî de Ṭoûs, « Le Livre de Gerchâsp : poème persan. Tome I »

éd. P. Geuthner, coll. Publications de l’École nationale des langues orientales vivantes, Paris

éd. P. Geuth­ner, coll. Pu­bli­ca­tions de l’École na­tio­nale des langues orien­tales vi­vantes, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de Ger­châsp» («Ger­châsp-nâmè» 1), ira­nienne (XIe siècle apr. J.-C.). Fir­dousi n’avait pas épuisé toute la masse de sou­ve­nirs qui s’étaient conser­vés sur la des rois de l’, sur leurs gé­néa­lo­gies, sur leurs ex­pé­di­tions et sur leurs ; son «Livre des rois», parce qu’il tou­chait vi­ve­ment et di­rec­te­ment un sen­ti­ment na­tio­nal, trouva une foule d’imitateurs. Presque tous les hé­ros dont Fir­dousi avait parlé, ainsi que quelques autres qu’il avait né­gli­gés, de­vinrent les su­jets d’épopées se­con­daires, écrites par on ne sait trop qui et on ne sait trop quand. «La lon­gueur ex­ces­sive de quelques-uns de ces ou­vrages prouve non seule­ment l’abondance des ma­té­riaux qui exis­taient en­core, mais aussi l’intérêt que le y met­tait : car ces in­ter­mi­nables , ra­con­tées sans art et sans grâce, n’auraient trouvé ni lec­teurs ni au­di­teurs, si l’intérêt du fond n’eût pas fait sup­por­ter la mé­dio­crité de la forme», dit  2. «Le Livre de Ger­châsp» d’Asadî de Ṭoûs 3 fut la seule épo­pée de ce cycle se­con­daire à se rendre illustre et à faire conser­ver le nom de son au­teur. La su­pé­rio­rité de son art est du côté de la du tu­multe des guerres, de la dé­vas­ta­tion, du car­nage, des feux de l’incendie. Asadî de Ṭoûs four­nit quelques dé­tails sur les mo­tifs qui lui firent en­tre­prendre son poème. Il ra­conte qu’il cher­chait un moyen pour que son nom fût connu, lorsque deux vinrent l’exhorter en lui di­sant : «Fir­dousi de Ṭoûs, ce pur, a rendu aux dis­cours élé­gants. Il a orné le en écri­vant le “Livre des Rois”; il a cher­ché la gloire en com­po­sant ce poème. Tu es son com­pa­triote, et de même pro­fes­sion : tu as, dans ton dis­cours, des pen­sées alertes. Au moyen de ce vieux livre qui est notre com­pa­gnon, mets en vers une ! Par la science, tu crée­ras ainsi un gai jar­din qui ne sera ja­mais vide de fruits. Le monde ne dure éter­nel­le­ment pour per­sonne; la meilleure chose à en conser­ver, c’est la bonne re­nom­mée, et c’est as­sez» 4. Il conçut dès lors l’ambition d’égaler ou de sur­pas­ser Fir­dousi.

  1. En «گرشاسپ‌نامه». Par­fois trans­crit «Guer­schasp-na­meh», «Karšāsp-nā­mah», «Garšāsb-nāma» ou «Gar­shasp­nama». Icône Haut
  2. «Pré­face au “Livre des rois. Tome I”», p. LXII. Icône Haut
  1. En per­san اسدی طوسی. Par­fois trans­crit As­sedi de Thous, As­sadi Tusi, Asadī Ṭūsī ou Asadi Tousi. Icône Haut
  2. p. 23 & 25. Icône Haut

Voltaire, « Correspondance. Tome I. 1704-1738 »

éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Bi­blio­thèque de la Pléiade, Pa­ris

Il s’agit de la «Cor­res­pon­dance» de Vol­taire, la meilleure, la plus dé­li­cieuse de toutes les cor­res­pon­dances; celle qui fut à elle seule l’esprit de l’ (XVIIIe siècle). «En re­com­man­dant la lec­ture de Vol­taire», dit un  1, «j’avoue mes pré­fé­rences. S’il fal­lait sa­cri­fier quelque chose de lui, je don­ne­rais les tra­gé­dies et les co­mé­dies pour gar­der les pe­tits vers; s’il fal­lait sa­cri­fier en­core quelque chose, je don­ne­rais plu­tôt les his­toires, toutes char­mantes qu’elles sont, que les ro­mans; …mais en­fin il y a une chose que je ne me dé­ci­de­rais ja­mais à li­vrer, c’est la “Cor­res­pon­dance”». En ef­fet, de tous les genres lit­té­raires dont s’occupa Vol­taire, ce­lui où il fut le plus ori­gi­nal; ce­lui où il eut un ton que per­sonne ne lui avait donné, et que tout le vou­lut imi­ter; ce­lui, en­fin, où il do­mina, de l’aveu même des ja­loux qui consentent quel­que­fois à re­con­naître un mé­rite una­ni­me­ment re­connu, c’est le genre épis­to­laire. On y trouve l’ensemble et la de tous les styles; on y trouve la fa­ci­lité brillante d’un es­prit aussi su­pé­rieur aux su­jets qu’il traite, qu’aux gens à qui il s’adresse : «Quel se joue dans ses poé­sies et ses plai­san­te­ries et ses lettres im­mor­telles! , tout ce qu’on ad­mire dans les deux pre­mières se re­trouve dans les lettres avec une in­épui­sable abon­dance : vers fa­ciles, raille­ries char­mantes à pro­pos de tous les et de tous les évé­ne­ments qui ont passé, dans ce siècle agité, de­vant cet es­prit cu­rieux… Ce qu’il peut se suc­cé­der, pen­dant plus de soixante ans, d’amours, de haines, de plai­sirs, de dou­leurs, de co­lères, dans une sin­gu­liè­re­ment im­pres­sion­nable et mo­bile, est ex­primé là au vif… chaque sen­ti­ment en­tier oc­cu­pant toute l’âme, comme s’il de­vait du­rer éter­nel­le­ment, puis ef­facé tout à coup par un autre…; va­riété in­épui­sable des su­jets qui passent sous cette plume lé­gère; sé­duc­tions d’un es­prit en­chan­teur qui veut plaire et in­vente pour plaire les tours les plus dé­li­cats, tou­jours ai­mable, tou­jours nou­veau. Tout cela forme un des spec­tacles les plus at­trayants qu’on puisse avoir en ce monde», dit le même cri­tique. De tous les hommes cé­lèbres dont on a im­primé les lettres après leur , Vol­taire est le pre­mier qui ait écrit à la fois en écri­vain et en du monde, et qui ait mon­tré qu’il est aussi na­tu­rel­le­ment l’un que l’autre. Son ta­lent, qui peut être in­égal dans ses grands ou­vrages, est tou­jours par­fait dans ses , quand sa plume court avec une ra­pi­dité, une né­gli­gence, qui n’appartiennent qu’à lui.

  1. Er­nest Ber­sot. Icône Haut

« Élégies de Chu, “Chu ci” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Élé­gies de Chu» («Chu ci» 1), re­cueil de vingt-cinq ou poé­sies ly­riques, dont les plus cé­lèbres furent com­po­sées par Qu Yuan 2 (IIIe siècle av. J.-C.) et par son dis­ciple Song Yu 3 (IIe siècle av. J.-C.). Au point de vue de la forme, les «Élé­gies de Chu» se dis­tinguent par le re­tour in­va­riable d’une sorte d’interjection plain­tive, «xi!» 4, qui se ré­pète tous les deux vers. Quant au fond, elles n’ont d’autre but que ce­lui d’exhaler des plaintes, et de re­pro­cher au roi de Chu la faute qu’il com­mit en congé­diant Qu Yuan. On ra­conte que ce mal­heu­reux poète avait une conduite exem­plaire; c’est pour­quoi il aima mieux mou­rir que de res­ter dans l’entourage cor­rompu du roi. Il s’en éloi­gna donc, et par­venu aux bords de la ri­vière Mi Luo 5, il erra long­temps se par­lant à lui-même : il avait dé­noué ses che­veux en signe de et les lais­sait tom­ber sur son vi­sage amai­gri. Un pê­cheur le ren­con­trant dans cet état lui dit : «N’es-tu pas ce­lui que l’on croyait un des plus grands de l’Empire? Com­ment donc en es-tu ré­duit à une pa­reille si­tua­tion?» Qu Yuan ré­pon­dit : «Le en­tier est dans le désordre; seul, j’ai conservé ma pu­reté. Tous se sont as­sou­pis dans l’ivresse; moi seul, je suis resté vi­gi­lant. Voilà pour­quoi je suis é». Le pê­cheur dit : «Le vé­ri­table ne se laisse em­bar­ras­ser par au­cune chose et sait vivre avec son siècle. Si le monde en­tier est dans le désordre, pour­quoi ne sais-tu pas t’en ac­com­mo­der?…» Qu Yuan ré­pon­dit : «J’ai en­tendu dire que ce­lui qui vient de se pu­ri­fier dans un bain, prend soin de se­couer la pous­sière de son bon­net et de chan­ger de . Quel vou­drait donc, quand il est pur, se lais­ser souiller au contact de ce qui ne l’est pas? J’aime mieux cher­cher la dans les eaux de cette ri­vière et ser­vir de pâ­ture aux pois­sons…» Il écri­vit alors un der­nier poème, et ser­rant une grosse contre sa poi­trine, il se pré­ci­pita dans la ri­vière Mi Luo.

  1. En chi­nois «楚辭». Au­tre­fois trans­crit «Tsou-tse», «Tch’ou ts’eu» ou «Chu tzu». Icône Haut
  2. En chi­nois 屈原. Au­tre­fois trans­crit Kiu-youen, K’iu-yuen, K’iu Yuan, K’üh Yüan, Chhu Yuan ou Ch’ü Yüan. Icône Haut
  3. En chi­nois 宋玉. Au­tre­fois trans­crit Soung-yo ou Sung Yü. Icône Haut
  1. En chi­nois . Icône Haut
  2. En chi­nois 汩羅. Cette ri­vière, dans le Hu­nan, est for­mée par la confluence de la Mi et de la Luo. Icône Haut

« L’Œuvre de la poétesse vietnamienne Hồ-Xuân-Hương »

éd. École française d’Extrême-Orient, coll. Textes et Documents sur l’Indochine-Textes nôm, Paris

éd. École fran­çaise d’Extrême-, coll. Textes et Do­cu­ments sur l’-Textes nôm, Pa­ris

Il s’agit de Hồ Xuân Hương, poé­tesse non confor­miste viet­na­mienne (XIXe siècle). Sa bouillon­nante de sève, son es­piègle et in­sou­ciant, l’habileté de ses com­po­si­tions dont le sens est gé­né­ra­le­ment double — un sens ma­ni­feste, peu cri­ti­quable au point de vue de la , et un sens pa­ral­lèle, en fi­li­grane, d’un ex­trême —, son goût et son ta­lent en­fin dans l’emploi de la po­pu­laire, suf­fisent pour que les Viet­na­miens la ché­rissent comme la ga­mine la plus spi­ri­tuelle de leur . «On au­rait dit une fille qui, re­trous­sant sa jupe, bar­bo­te­rait dans une mare», dit un  1. La lé­gende ra­conte 2 que ses pa­rents mou­rurent de bonne heure, et qu’elle et sa sœur se par­ta­gèrent l’héritage, qui était consi­dé­rable. Hồ Xuân Hương, avec sa part, construi­sit un riche jar­din où se voyaient trois beaux pa­villons. Ce jar­din était en­touré de vi­viers; et de­vant les pa­villons, il y avait toutes sortes d’arbustes taillés et de pierres re­cou­vertes d’. Là, elle te­nait des concours poé­tiques et pro­po­sait de choi­sir pour mari ce­lui qui réus­si­rait à la vaincre. Ce­pen­dant, au­cun ne le put. Quoique ses vers li­cen­cieux soient condam­nés una­ni­me­ment par les , Hồ Xuân Hương y est pous­sée non par un pen­chant vers de mau­vaises mœurs, mais par la tour­nure même de son es­prit lit­té­raire, comme ja­dis la poé­tesse Sap­pho dans ses su­blimes com­po­si­tions. Si l’on pé­nètre au fond des choses, ne dé­couvre-t-on pas, chez cette femme de lettres, une à la fois sou­ve­raine, saine, ro­buste, d’une fré­mis­sante :

«Mon est comme le fruit du ja­quier sur l’arbre.
Son écorce est ru­gueuse, sa pulpe épaisse;
Sei­gneur, si vous l’aimez, plan­tez-y votre coin,
Mais, je vous prie, ne le pal­pez pas pour qu’il vous en­glue les mains
»

  1. Nguyễn Đức Bính. Icône Haut
  1. « de Hồ Xuân Hương» dans «Contes et Lé­gendes an­na­mites». Icône Haut

Blaga, « Manole, Maître bâtisseur : drame en cinq actes »

éd. Librairie bleue, coll. Théâtre, Troyes

éd. Li­brai­rie bleue, coll. , Troyes

Il s’agit de «Ma­nole, Maître bâ­tis­seur» («Meș­te­rul Ma­nole») de , poète, dra­ma­turge et phi­lo­sophe , dont l’œuvre se ré­sume en un vers : «Je crois que l’éternité est née au vil­lage» 1. Né en 1895 au vil­lage de Lan­crăm, dont le nom, dit-il, rap­pelle «la des larmes» («su­ne­tele la­cri­mei»), fils d’un prêtre or­tho­doxe, Blaga fit son en­trée à l’Académie rou­maine sans pro­non­cer, comme de cou­tume, l’éloge de son pré­dé­ces­seur. Son dis­cours de ré­cep­tion fut un éloge du vil­lage , comme le fut aussi toute son œuvre. Pour l’auteur de «L’Âme du vil­lage» («Su­fle­tul sa­tu­lui»), les pay­sages cam­pa­gnards, les che­mins de et de boue sont «le seuil du » («prag de lume»), le vil­lage-idée d’où partent les vastes ho­ri­zons de la créa­tion ar­tis­tique et . Les re­gards rê­veurs des pay­sans sondent l’univers, se per­dant dans l’. L’ de la ville au contraire vit «dans le , la re­la­ti­vité, le concret , dans une tris­tesse constante et dans une su­per­fi­cia­lité lu­cide». Cet éloge de l’ du vil­lage comme creu­set, comme âme de la est dou­blé de l’ de­vant le mys­tère de ce que Blaga ap­pelle «le Grand » («Ma­rele Ano­nim»), c’est-à-dire . Face à cette an­goisse-là, la so­lu­tion qu’il ébauche, en s’inspirant des ro­man­tiques al­le­mands, passe par le de l’individu en tant qu’individu au pro­fit d’une col­lec­tive, ano­nyme et spon­ta­née. Puisque les grandes ques­tions du monde res­tent sans ré­ponse, la se­rait de se taire et de se fondre avec la terre dans les sillons de l’éternité :

«Re­garde, c’est le soir», dit Blaga 2.
«L’âme du vil­lage pal­pite près de nous
Comme une odeur ti­mide d’herbe cou­pée,
Comme une chute de fu­mée des avant-toits de paille…
»

  1. En rou­main «Eu cred că veș­ni­cia s-a năs­cut la sat». Icône Haut
  1. Dans Constan­tin Cio­praga, «La Per­son­na­lité de la ». Icône Haut