CatégorieOuvrages peu soignés ou mal finis

« Harṣa Vardhana, Empereur et poète de l’Inde septentrionale (606-648 apr. J.-C.) : étude sur sa vie et son temps »

éd. J.-B. Istas, Louvain

éd. J.-B. Is­tas, Lou­vain

Il s’agit de l’« Hymne aux huit grands temples sa­crés »1 (« Aṣṭa mahâ śrî cai­tya sto­tra »2) et autres poé­sies du roi So­leil-de-vertu (Śî­lâ­di­tya3), plus cé­lèbre dans l’histoire et la lit­té­ra­ture de l’Inde sous le nom de Harṣa ou Harṣa Vard­hana4. La fi­gure de ce roi — dra­ma­turge, poète, ami na­tu­rel des re­li­gions et des lettres — est, avec celle d’Aśoka, l’une des mieux connues et des plus net­te­ment des­si­nées de l’Inde clas­sique. Outre ses mon­naies et ins­crip­tions, deux té­moi­gnages de pre­mière main nous ren­seignent sur lui. Le cour­ti­san Bâṇa, qui bé­né­fi­cia de ses lar­gesses, a ré­digé sa vie ro­man­cée sous le titre de « La Geste de Harṣa » (« Harṣa­ca­rita »5) — une vie qui s’arrête, ce­pen­dant, in­opi­né­ment au hui­tième cha­pitre, soit que le bio­graphe l’ait lais­sée in­ache­vée, soit que les siècles en aient fait dis­pa­raître les der­nières pages. À ce té­moi­gnage s’ajoute ce­lui du pè­le­rin chi­nois Xuan­zang, qui passa en Inde plus de douze ans et qui nous a laissé, dans les « Mé­moires » re­la­tifs à son voyage, maints dé­tails sur ce sou­ve­rain qui fut pour lui un hôte et un ami. Le por­trait concor­dant dressé par ces do­cu­ments nous re­pré­sente Harṣa à la tête d’une ar­mée for­mi­dable, qui ne comp­tait pas moins de soixante mille élé­phants et cent mille hommes de ca­va­le­rie ; mais loin d’abuser de sa puis­sance, il était au contraire aussi pa­ci­fique qu’il était pieux. « Et par sa sage ad­mi­nis­tra­tion, il ré­pan­dit par­tout l’union et la paix ; il… pra­ti­qua le bien au point d’oublier le som­meil et le man­ger », rap­porte Xuan­zang6. « Dans les villes — grandes et pe­tites — des cinq Indes7, dans les vil­lages, dans les car­re­fours, au croi­se­ment des che­mins, il fit bâ­tir des mai­sons de se­cours, où l’on dé­po­sait des ali­ments, des breu­vages et des mé­di­ca­ments pour les don­ner en au­mône aux voya­geurs… et aux in­di­gents. Ces dis­tri­bu­tions bien­fai­santes ne ces­saient ja­mais. » Rem­pli de zèle pour la foi du Boud­dha, Harṣa était en même temps rem­pli de to­lé­rance pour toute spi­ri­tua­lité. Il convo­quait ré­gu­liè­re­ment une es­pèce de grande as­sem­blée de tous les re­li­gieux ver­sés dans les livres, pour la­quelle il épui­sait le tré­sor et les ma­ga­sins de l’État. Ce mé­lange d’indulgence et de li­bé­ra­lité royale perce à jour éga­le­ment dans les œuvres lit­té­raires qui lui sont at­tri­buées — trois pièces de théâtre et deux poé­sies, et qui achèvent de nous faire connaître un roi dont la vertu rayonna de feux et de splen­deur non seule­ment en Inde, mais à l’étranger.

  1. Au­tre­fois tra­duit « Hymne aux huit grands “cai­tyas” vé­né­rables ». Haut
  2. En sans­crit « अष्ट-महा-श्री-चैत्य-स्तोत्र ». Au­tre­fois trans­crit « Aṣṭa-mahā-çrī-cai­tya-sto­tra », « Aṣṭ­haṃahāś­ri­cai­tyas­to­tra » ou « Ashta-maha-sri-chai­tya-sto­tra ». Haut
  3. En sans­crit शीलादित्य. Au­tre­fois trans­crit Çî­lâ­di­tya. Haut
  4. En sans­crit हर्षवर्धन. Au­tre­fois trans­crit Harça, Har­cha ou Har­sha. Haut
  1. En sans­crit « हर्षचरितम् », in­édit en fran­çais. Au­tre­fois trans­crit « Harṣa­ca­ri­tam », « Har­chat­cha­rita », « Har­sa­cha­rita », « Har­sha­cha­rita » ou « Har­sha­ca­rita ». Haut
  2. « Mé­moires sur les contrées oc­ci­den­tales », liv. V, ch. LXI. Haut
  3. Les Chi­nois comp­taient cinq Indes cor­res­pon­dant aux quatre points car­di­naux avec, au mi­lieu, l’Inde cen­trale. Haut

Nguyễn Đình Chiểu, « “Dương Từ Hà Mậu” : un pamphlet longtemps censuré »

éd. J. Ouaknine, Montreuil-sous-Bois

éd. J. Ouak­nine, Mon­treuil-sous-Bois

Il s’agit du « Dương Từ-Hà Mậu » de Nguyễn Đình Chiểu, éga­le­ment connu sous le sur­nom de Đồ Chiểu (« le ba­che­lier Chiểu »), poète viet­na­mien, confu­cia­niste en­gagé. Il na­quit au vil­lage de Tân Thới for­mant ac­tuel­le­ment l’un des quar­tiers de Saï­gon. En 1847, il se ren­dit à la ca­pi­tale Hué avec l’intention de se pré­sen­ter au concours de li­cen­cié, qui de­vait avoir lieu deux ans plus tard. Mais la nou­velle de la mort de sa mère, sur­ve­nue entre-temps, lui causa une telle dou­leur qu’ayant aban­donné toute idée de pas­ser le concours, il re­nonça à la gloire lit­té­raire et re­tourna dans son vil­lage pour se li­vrer en­tiè­re­ment au deuil. Ce­pen­dant, en cours de route, un se­cond mal­heur le frappa : il de­vint aveugle ; et mal­gré les soins don­nés par les mé­de­cins, ses yeux ne purent être sau­vés. À son re­tour, les vil­la­geois ne l’en prièrent pas moins d’ouvrir une école sur ce qu’ils avaient en­tendu dire de ses hautes connais­sances. Ce fut pro­ba­ble­ment vers cette époque qu’il lut — ou plu­tôt se fit lire par quelques étu­diants — le traité chi­nois in­ti­tulé « Ma­nuel de l’Ouest » ; et voyant, dans ce qui y était dit, une in­ci­ta­tion à pro­mou­voir les de­voirs d’attachement et de re­con­nais­sance non seule­ment en­vers nos pa­rents, mais en­vers tous les hommes — au re­bours des boud­dhistes qui cher­chaient à s’en dé­ta­cher — il y puisa le su­jet d’un poème mo­ra­li­sa­teur : le « Lục Vân Tiên ». Il le fit suivre bien­tôt d’un pam­phlet en vers : le « Dương Từ-Hà Mậu », met­tant en scène deux per­son­nages : un boud­dhiste Dương Từ et un ca­tho­lique Hà Mậu ; mais le dis­cours y est quel­que­fois si âpre­ment et si vio­lem­ment an­ti­re­li­gieux, qu’il est désap­prouvé par ceux mêmes qui en par­tagent les convic­tions confu­céennes.

Parny, « Œuvres complètes. Tome II. Les Galanteries de la Bible • Le Paradis perdu • Goddam • Les Rose-Croix »

éd. L’Harmattan, coll. Les Introuvables, Paris

éd. L’Harmattan, coll. Les In­trou­vables, Pa­ris

Il s’agit d’Évariste-Désiré, che­va­lier de Parny, poète et créole qui doit la meilleure par­tie de sa re­nom­mée à ses « Élé­gies » éro­tiques et ses « Chan­sons ma­dé­casses » (XVIIIe siècle). Cha­teau­briand les sa­vait par cœur, et il écri­vit à l’homme dont les vers fai­saient ses dé­lices pour lui de­man­der la per­mis­sion de le voir : « Parny me ré­pon­dit po­li­ment ; je me ren­dis chez lui, rue de Cléry. Je trou­vai un homme as­sez jeune en­core, de très bon ton, grand, maigre, le vi­sage mar­qué de pe­tite vé­role. Il me ren­dit ma vi­site ; je le pré­sen­tai à mes sœurs. Il ai­mait peu la so­ciété et il en fut bien­tôt chassé par la po­li­tique… Je n’ai point connu d’écrivain qui fût plus sem­blable à ses ou­vrages : poète et créole, il ne lui fal­lait que le ciel de l’Inde, une fon­taine, un pal­mier et une femme. Il re­dou­tait le bruit, cher­chait à glis­ser dans la vie sans être aperçu… et n’était trahi dans son obs­cu­rité que par… sa lyre »1. Mais le pre­mier trait dis­tinc­tif du « seul poète élé­giaque que la France ait en­core pro­duit », comme l’appelait Cha­teau­briand2, était sa bonté et sa sym­pa­thie. Sen­sible par­tout aux mal­heurs de l’humanité, Parny dé­plo­rait le sort de l’Inde af­fa­mée, ra­va­gée par la po­li­tique de l’Angleterre, et ce­lui des Noirs dans les co­lo­nies de la France dont la nour­ri­ture était « saine et as­sez abon­dante », mais qui avaient la pioche à la main de­puis quatre heures du ma­tin jusqu’au cou­cher du so­leil : « Non, je ne sau­rais me plaire », écri­vait-il3 de l’île de la Réunion, qui était son île na­tale — « non, je ne sau­rais me plaire dans un pays où mes re­gards ne peuvent tom­ber que sur le spec­tacle de la ser­vi­tude, où le bruit des fouets et des chaînes étour­dit mon oreille et re­ten­tit dans mon cœur. Je ne vois que des ty­rans et des es­claves, et je ne vois pas mon sem­blable. On troque tous les jours un homme contre un che­val : il est im­pos­sible que je m’accoutume à une bi­zar­re­rie si ré­vol­tante ».

  1. « Mé­moires d’outre-tombe », liv. IV, ch. XII. Haut
  2. « Es­sai his­to­rique sur les ré­vo­lu­tions », liv. I, part. 1, ch. XXII. Haut
  1. « Tome IV », p. 130. Haut

Maïmonide, « Épître sur la persécution • Épître au Yémen • Épître sur la résurrection • Introduction au chapitre “Helèq” »

éd. Verdier, coll. Les Dix Paroles, Lagrasse

éd. Ver­dier, coll. Les Dix Pa­roles, La­grasse

Il s’agit d’une tra­duc­tion in­di­recte de l’« Épître au Yé­men » (« Al-ri­sala al-Ya­ma­niyya »1) et autres œuvres de Rabbi Moïse ben Maï­mon2, dit Maï­mo­nide. C’est l’un des phi­lo­sophes les plus cé­lèbres qu’aient eus les Juifs, les­quels ont cou­tume de dire pour ex­pri­mer leur ad­mi­ra­tion en­vers lui : « De­puis Moïse (le pro­phète) jusqu’à Moïse (le phi­lo­sophe), il n’y a point eu d’autre Moïse » (« Mi Mo­shé ad Mo­shé, lo kam ké Mo­shé »3). Dans les livres hé­braïques, il est sou­vent dé­si­gné par le nom de Ram­bam4 com­posé, se­lon l’usage juif, des lettres ini­tiales R. M. b. M. de son nom en­tier. Dans les livres la­tins, il est sou­vent cité sous les noms de Moïse le Cor­douan (Moses Cor­du­ben­sis), parce qu’il na­quit à Cor­doue, et de Moïse l’Égyptien (Moses Ægyp­tius), parce que, chassé par les per­sé­cu­tions re­li­gieuses des Al­mo­hades, il dut se ré­fu­gier en Égypte, où il de­vint pre­mier mé­de­cin du Sul­tan. On au­rait pu ajou­ter à ces noms ce­lui de Moïse le Pro­ven­çal, parce que la Pro­vence donna asile à la plus grande par­tie des Juifs ex­pul­sés du midi de l’Espagne ; et que c’est à Lu­nel, et non au Caire, que « Le Guide des éga­rés » fut tra­duit de l’arabe en hé­breu par Sa­muel ben Yé­huda ibn Ti­bon5, le­quel en­tama sa tra­duc­tion du vi­vant même de Maï­mo­nide. Dans l’« Épître à Rabbi Sa­muel ibn Ti­bon sur la tra­duc­tion du “Guide des éga­rés” » et l’« Épître à la com­mu­nauté de Lu­nel », Maï­mo­nide fait de cette com­mu­nauté pro­ven­çale son hé­ri­tière spi­ri­tuelle : « Je suis », dit-il6, « [un] au­teur en langue arabe, cette langue dont le so­leil dé­cline… [Mais] vous, maîtres et proches, af­fer­mis­sez-vous ! For­ti­fiez vos cœurs ; car je viens pro­cla­mer ceci : en ces temps d’affliction, nul n’est plus là pour bran­dir l’étendard de Moïse, ni pour ap­pro­fon­dir les pa­roles des maîtres du Tal­mud… à part vous-mêmes et ceux des ci­tés de vos ré­gions. Vous qui êtes conti­nuel­le­ment ab­sor­bés, comme je le sais, dans l’étude et l’interprétation des textes ; vous, dé­po­si­taires de l’intellect et du sa­voir ! Sa­chez qu’en maints autres lieux, la Tora a été éga­rée par ses propres fils… Sur la terre d’Israël et à tra­vers toute la Sy­rie, un seul en­droit, je veux dire Alep, compte quelques sages qui mé­ditent la Tora… Pour ce qui est des ci­tés du Magh­reb, dans notre mal­heur, nous avons ap­pris quel dé­cret a été pro­noncé contre les Juifs qui s’y trouvent. Il n’est donc point de sa­lut nulle part, si ce n’est au­près de vous, frères, fi­gures de notre ré­demp­tion. »

  1. Par­fois trans­crit « Al-risāla al-Ya­manīya » ou « Al-risā­lah al-Ya­manīyah ». Haut
  2. En hé­breu רבי משה בן מימון. Par­fois trans­crit Moses ben Mei­mun, Mô­sheh ben May­mûn, Moïse ben Mai­moun, Moyses ben Mai­mon, Moyse ben Mai­mon, Moshe ben May­mon, Mosche ben Mai­mon, Moše ben Ma­j­mon ou Mo­ché ben Maï­mon. Haut
  3. En hé­breu « ממשה עד משה לא קם כמשה ». Par­fois trans­crit « Mi-Mo­sheh ‘ad Mo­sheh, lo qam ke-Mo­sheh », « Mi­mo­sché ad Mo­sché, lo kam ca Mo­sché », « Me­moshe ad Moshe, lo kam k’Moshe », « Mi-Moshe we-’ad Moshe, lo kom ke-Moshe » ou « Mi-Mošé we-‘ad Mošé, lo qam ke-Mošé ». Haut
  1. En hé­breu רמב״ם. Haut
  2. En hé­breu שמואל בן יהודה אבן תיבון. Par­fois trans­crit Sa­muel ben Ju­dah ibn Tib­bon, Sa­muel ben Ye­houda ibn Tib­bon ou Sa­muel ben Je­huda ibn Tib­bon. Haut
  3. « Lettres de Fo­stat • La Gué­ri­son par l’esprit », p. 45 & 47-48. Haut

Maïmonide, « Traité d’éthique, [ou] Huit Chapitres »

éd. D. de Brouwer, coll. Midrash-Références, Paris

éd. D. de Brou­wer, coll. Mi­drash-Ré­fé­rences, Pa­ris

Il s’agit des « Huit Cha­pitres », ex­traits du « Livre du lu­mi­naire »1 (« Ki­tab al-si­raj »2), de Rabbi Moïse ben Maï­mon3, dit Maï­mo­nide. C’est l’un des phi­lo­sophes les plus cé­lèbres qu’aient eus les Juifs, les­quels ont cou­tume de dire pour ex­pri­mer leur ad­mi­ra­tion en­vers lui : « De­puis Moïse (le pro­phète) jusqu’à Moïse (le phi­lo­sophe), il n’y a point eu d’autre Moïse » (« Mi Mo­shé ad Mo­shé, lo kam ké Mo­shé »4). Dans les livres hé­braïques, il est sou­vent dé­si­gné par le nom de Ram­bam5 com­posé, se­lon l’usage juif, des lettres ini­tiales R. M. b. M. de son nom en­tier. Dans les livres la­tins, il est sou­vent cité sous les noms de Moïse le Cor­douan (Moses Cor­du­ben­sis), parce qu’il na­quit à Cor­doue, et de Moïse l’Égyptien (Moses Ægyp­tius), parce que, chassé par les per­sé­cu­tions re­li­gieuses des Al­mo­hades, il dut se ré­fu­gier en Égypte, où il de­vint pre­mier mé­de­cin du Sul­tan. On au­rait pu ajou­ter à ces noms ce­lui de Moïse le Pro­ven­çal, parce que la Pro­vence donna asile à la plus grande par­tie des Juifs ex­pul­sés du midi de l’Espagne ; et que c’est à Lu­nel, et non au Caire, que « Le Guide des éga­rés » fut tra­duit de l’arabe en hé­breu par Sa­muel ben Yé­huda ibn Ti­bon6, le­quel en­tama sa tra­duc­tion du vi­vant même de Maï­mo­nide. Dans l’« Épître à Rabbi Sa­muel ibn Ti­bon sur la tra­duc­tion du “Guide des éga­rés” » et l’« Épître à la com­mu­nauté de Lu­nel », Maï­mo­nide fait de cette com­mu­nauté pro­ven­çale son hé­ri­tière spi­ri­tuelle : « Je suis », dit-il7, « [un] au­teur en langue arabe, cette langue dont le so­leil dé­cline… [Mais] vous, maîtres et proches, af­fer­mis­sez-vous ! For­ti­fiez vos cœurs ; car je viens pro­cla­mer ceci : en ces temps d’affliction, nul n’est plus là pour bran­dir l’étendard de Moïse, ni pour ap­pro­fon­dir les pa­roles des maîtres du Tal­mud… à part vous-mêmes et ceux des ci­tés de vos ré­gions. Vous qui êtes conti­nuel­le­ment ab­sor­bés, comme je le sais, dans l’étude et l’interprétation des textes ; vous, dé­po­si­taires de l’intellect et du sa­voir ! Sa­chez qu’en maints autres lieux, la Tora a été éga­rée par ses propres fils… Sur la terre d’Israël et à tra­vers toute la Sy­rie, un seul en­droit, je veux dire Alep, compte quelques sages qui mé­ditent la Tora… Pour ce qui est des ci­tés du Magh­reb, dans notre mal­heur, nous avons ap­pris quel dé­cret a été pro­noncé contre les Juifs qui s’y trouvent. Il n’est donc point de sa­lut nulle part, si ce n’est au­près de vous, frères, fi­gures de notre ré­demp­tion. »

  1. Par­fois tra­duit « Livre de la lu­mière ». Haut
  2. Par­fois trans­crit « Kitāb al-sarāj » ou « Ki­tab es-si­râdj ». Haut
  3. En hé­breu רבי משה בן מימון. Par­fois trans­crit Moses ben Mei­mun, Mô­sheh ben May­mûn, Moïse ben Mai­moun, Moyses ben Mai­mon, Moyse ben Mai­mon, Moshe ben May­mon, Mosche ben Mai­mon, Moše ben Ma­j­mon ou Mo­ché ben Maï­mon. Haut
  4. En hé­breu « ממשה עד משה לא קם כמשה ». Par­fois trans­crit « Mi-Mo­sheh ‘ad Mo­sheh, lo qam ke-Mo­sheh », « Mi­mo­sché ad Mo­sché, lo kam ca Mo­sché », « Me­moshe ad Moshe, lo kam k’Moshe », « Mi-Moshe we-’ad Moshe, lo kom ke-Moshe » ou « Mi-Mošé we-‘ad Mošé, lo qam ke-Mošé ». Haut
  1. En hé­breu רמב״ם. Haut
  2. En hé­breu שמואל בן יהודה אבן תיבון. Par­fois trans­crit Sa­muel ben Ju­dah ibn Tib­bon, Sa­muel ben Ye­houda ibn Tib­bon ou Sa­muel ben Je­huda ibn Tib­bon. Haut
  3. « Lettres de Fo­stat • La Gué­ri­son par l’esprit », p. 45 & 47-48. Haut

Maïmonide, « Traité des poisons »

éd. Lipschutz, Paris

éd. Lip­schutz, Pa­ris

Il s’agit du « Traité des poi­sons » (« Al-su­mum wal-mu­ta­har­riz min al-ad­wiyah al-ki­ta­lah »1, lit­té­ra­le­ment « Des poi­sons et des an­ti­dotes contre les drogues mor­telles »2) de Rabbi Moïse ben Maï­mon3, dit Maï­mo­nide. C’est l’un des phi­lo­sophes les plus cé­lèbres qu’aient eus les Juifs, les­quels ont cou­tume de dire pour ex­pri­mer leur ad­mi­ra­tion en­vers lui : « De­puis Moïse (le pro­phète) jusqu’à Moïse (le phi­lo­sophe), il n’y a point eu d’autre Moïse » (« Mi Mo­shé ad Mo­shé, lo kam ké Mo­shé »4). Dans les livres hé­braïques, il est sou­vent dé­si­gné par le nom de Ram­bam5 com­posé, se­lon l’usage juif, des lettres ini­tiales R. M. b. M. de son nom en­tier. Dans les livres la­tins, il est sou­vent cité sous les noms de Moïse le Cor­douan (Moses Cor­du­ben­sis), parce qu’il na­quit à Cor­doue, et de Moïse l’Égyptien (Moses Ægyp­tius), parce que, chassé par les per­sé­cu­tions re­li­gieuses des Al­mo­hades, il dut se ré­fu­gier en Égypte, où il de­vint pre­mier mé­de­cin du Sul­tan. On au­rait pu ajou­ter à ces noms ce­lui de Moïse le Pro­ven­çal, parce que la Pro­vence donna asile à la plus grande par­tie des Juifs ex­pul­sés du midi de l’Espagne ; et que c’est à Lu­nel, et non au Caire, que « Le Guide des éga­rés » fut tra­duit de l’arabe en hé­breu par Sa­muel ben Yé­huda ibn Ti­bon6, le­quel en­tama sa tra­duc­tion du vi­vant même de Maï­mo­nide. Dans l’« Épître à Rabbi Sa­muel ibn Ti­bon sur la tra­duc­tion du “Guide des éga­rés” » et l’« Épître à la com­mu­nauté de Lu­nel », Maï­mo­nide fait de cette com­mu­nauté pro­ven­çale son hé­ri­tière spi­ri­tuelle : « Je suis », dit-il7, « [un] au­teur en langue arabe, cette langue dont le so­leil dé­cline… [Mais] vous, maîtres et proches, af­fer­mis­sez-vous ! For­ti­fiez vos cœurs ; car je viens pro­cla­mer ceci : en ces temps d’affliction, nul n’est plus là pour bran­dir l’étendard de Moïse, ni pour ap­pro­fon­dir les pa­roles des maîtres du Tal­mud… à part vous-mêmes et ceux des ci­tés de vos ré­gions. Vous qui êtes conti­nuel­le­ment ab­sor­bés, comme je le sais, dans l’étude et l’interprétation des textes ; vous, dé­po­si­taires de l’intellect et du sa­voir ! Sa­chez qu’en maints autres lieux, la Tora a été éga­rée par ses propres fils… Sur la terre d’Israël et à tra­vers toute la Sy­rie, un seul en­droit, je veux dire Alep, compte quelques sages qui mé­ditent la Tora… Pour ce qui est des ci­tés du Magh­reb, dans notre mal­heur, nous avons ap­pris quel dé­cret a été pro­noncé contre les Juifs qui s’y trouvent. Il n’est donc point de sa­lut nulle part, si ce n’est au­près de vous, frères, fi­gures de notre ré­demp­tion. »

  1. Par­fois trans­crit « Al-su­mûm wa-al-mu­taḥar­riz min al-ad­wiya al-qi­tâla », « Al-sumūm wal-mu­taḥar­riz min al-ad­wiya al-qitā­lah », « As-so­mum u al-mo­ta­har­riz mim al-aduiya al-qat­tala », « As-su­mûm wa’l-mutaḥarriz min al-ad­wiya al-qat­tâla », « As-su­mum wa’l-mutaharriz min al-ad­wiya al-qut­tala » ou « As-so­moûm w’al-motaharriz min al-ad­wiya al-qat­tâla ». Haut
  2. Par­fois tra­duit « Des poi­sons et des pré­ser­va­tifs contre les re­mèdes mor­tels ». Haut
  3. En hé­breu רבי משה בן מימון. Par­fois trans­crit Moses ben Mei­mun, Mô­sheh ben May­mûn, Moïse ben Mai­moun, Moyses ben Mai­mon, Moyse ben Mai­mon, Moshe ben May­mon, Mosche ben Mai­mon, Moše ben Ma­j­mon ou Mo­ché ben Maï­mon. Haut
  4. En hé­breu « ממשה עד משה לא קם כמשה ». Par­fois trans­crit « Mi-Mo­sheh ‘ad Mo­sheh, lo qam ke-Mo­sheh », « Mi­mo­sché ad Mo­sché, lo kam ca Mo­sché », « Me­moshe ad Moshe, lo kam k’Moshe », « Mi-Moshe we-’ad Moshe, lo kom ke-Moshe » ou « Mi-Mošé we-‘ad Mošé, lo qam ke-Mošé ». Haut
  1. En hé­breu רמב״ם. Haut
  2. En hé­breu שמואל בן יהודה אבן תיבון. Par­fois trans­crit Sa­muel ben Ju­dah ibn Tib­bon, Sa­muel ben Ye­houda ibn Tib­bon ou Sa­muel ben Je­huda ibn Tib­bon. Haut
  3. « Lettres de Fo­stat • La Gué­ri­son par l’esprit », p. 45 & 47-48. Haut

Maïmonide, « Traité de logique »

éd. D. de Brouwer, coll. Midrash-Références, Paris

éd. D. de Brou­wer, coll. Mi­drash-Ré­fé­rences, Pa­ris

Il s’agit du « Traité de lo­gique » (« Ma­ka­lah fi-si­naat al-man­tik »1) de Rabbi Moïse ben Maï­mon2, dit Maï­mo­nide. C’est l’un des phi­lo­sophes les plus cé­lèbres qu’aient eus les Juifs, les­quels ont cou­tume de dire pour ex­pri­mer leur ad­mi­ra­tion en­vers lui : « De­puis Moïse (le pro­phète) jusqu’à Moïse (le phi­lo­sophe), il n’y a point eu d’autre Moïse » (« Mi Mo­shé ad Mo­shé, lo kam ké Mo­shé »3). Dans les livres hé­braïques, il est sou­vent dé­si­gné par le nom de Ram­bam4 com­posé, se­lon l’usage juif, des lettres ini­tiales R. M. b. M. de son nom en­tier. Dans les livres la­tins, il est sou­vent cité sous les noms de Moïse le Cor­douan (Moses Cor­du­ben­sis), parce qu’il na­quit à Cor­doue, et de Moïse l’Égyptien (Moses Ægyp­tius), parce que, chassé par les per­sé­cu­tions re­li­gieuses des Al­mo­hades, il dut se ré­fu­gier en Égypte, où il de­vint pre­mier mé­de­cin du Sul­tan. On au­rait pu ajou­ter à ces noms ce­lui de Moïse le Pro­ven­çal, parce que la Pro­vence donna asile à la plus grande par­tie des Juifs ex­pul­sés du midi de l’Espagne ; et que c’est à Lu­nel, et non au Caire, que « Le Guide des éga­rés » fut tra­duit de l’arabe en hé­breu par Sa­muel ben Yé­huda ibn Ti­bon5, le­quel en­tama sa tra­duc­tion du vi­vant même de Maï­mo­nide. Dans l’« Épître à Rabbi Sa­muel ibn Ti­bon sur la tra­duc­tion du “Guide des éga­rés” » et l’« Épître à la com­mu­nauté de Lu­nel », Maï­mo­nide fait de cette com­mu­nauté pro­ven­çale son hé­ri­tière spi­ri­tuelle : « Je suis », dit-il6, « [un] au­teur en langue arabe, cette langue dont le so­leil dé­cline… [Mais] vous, maîtres et proches, af­fer­mis­sez-vous ! For­ti­fiez vos cœurs ; car je viens pro­cla­mer ceci : en ces temps d’affliction, nul n’est plus là pour bran­dir l’étendard de Moïse, ni pour ap­pro­fon­dir les pa­roles des maîtres du Tal­mud… à part vous-mêmes et ceux des ci­tés de vos ré­gions. Vous qui êtes conti­nuel­le­ment ab­sor­bés, comme je le sais, dans l’étude et l’interprétation des textes ; vous, dé­po­si­taires de l’intellect et du sa­voir ! Sa­chez qu’en maints autres lieux, la Tora a été éga­rée par ses propres fils… Sur la terre d’Israël et à tra­vers toute la Sy­rie, un seul en­droit, je veux dire Alep, compte quelques sages qui mé­ditent la Tora… Pour ce qui est des ci­tés du Magh­reb, dans notre mal­heur, nous avons ap­pris quel dé­cret a été pro­noncé contre les Juifs qui s’y trouvent. Il n’est donc point de sa­lut nulle part, si ce n’est au­près de vous, frères, fi­gures de notre ré­demp­tion. »

  1. Par­fois trans­crit « Ma­kala fî sana‘at ’al-man­tik », « Ma­qāla fī ṣinā‘at al-manṭiq », « Mâ­kâ­lah fi-siné at al man­tik », « Ma­qā­lah fi ṣinā‘at al-man­tiq » ou « Ma­qâla fî çinâ’at al-man­tiq ». Haut
  2. En hé­breu רבי משה בן מימון. Par­fois trans­crit Moses ben Mei­mun, Mô­sheh ben May­mûn, Moïse ben Mai­moun, Moyses ben Mai­mon, Moyse ben Mai­mon, Moshe ben May­mon, Mosche ben Mai­mon, Moše ben Ma­j­mon ou Mo­ché ben Maï­mon. Haut
  3. En hé­breu « ממשה עד משה לא קם כמשה ». Par­fois trans­crit « Mi-Mo­sheh ‘ad Mo­sheh, lo qam ke-Mo­sheh », « Mi­mo­sché ad Mo­sché, lo kam ca Mo­sché », « Me­moshe ad Moshe, lo kam k’Moshe », « Mi-Moshe we-’ad Moshe, lo kom ke-Moshe » ou « Mi-Mošé we-‘ad Mošé, lo qam ke-Mošé ». Haut
  1. En hé­breu רמב״ם. Haut
  2. En hé­breu שמואל בן יהודה אבן תיבון. Par­fois trans­crit Sa­muel ben Ju­dah ibn Tib­bon, Sa­muel ben Ye­houda ibn Tib­bon ou Sa­muel ben Je­huda ibn Tib­bon. Haut
  3. « Lettres de Fo­stat • La Gué­ri­son par l’esprit », p. 45 & 47-48. Haut

Nosaka, « Nosaka aime les chats »

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit de « No­saka aime les chats » (« Wa­ga­hai wa neko ga suki »1) de M. Akiyuki No­saka2, écri­vain ja­po­nais de ta­lent, mais qui, har­celé par le sen­ti­ment de culpa­bi­lité, a semé dans presque toutes les pages de ses ré­cits l’obscénité la plus gro­tesque et la plus ani­male. Ce sen­ti­ment de culpa­bi­lité est né en lui au len­de­main de la Se­conde Guerre mon­diale, quand il a vu mou­rir sa sœur âgée d’un an et quatre mois, toute dé­char­née après des mois de fa­mine : « Quand je pense com­ment ma sœur, qui n’avait plus que les os et la peau, ne par­ve­nait plus à re­le­ver la tête ni même à pleu­rer, com­ment elle mou­rut seule, com­ment en­fin il ne res­tait que des cendres après sa cré­ma­tion, je me rends compte que j’avais été trop pré­oc­cupé par ma propre sur­vie. Dans les hor­reurs de la fa­mine, j’avais mangé ses parts de nour­ri­ture »3. Son tra­vail d’écrivain s’est en­tiè­re­ment construit sur cette ex­pé­rience qu’il a ce­pen­dant tra­ves­tie, nar­rée en se fai­sant plai­sir à lui-même, dans « La Tombe des lu­cioles ». Car, en vé­rité, il n’était pas aussi tendre que l’adolescent du ré­cit. Il était cruel : c’est en man­geant le dû de sa sœur qu’il a sur­vécu, et c’est en re­fou­lant cette cruauté qu’il a écrit « La Tombe des lu­cioles » qui lui a per­mis par la suite de ga­gner sa vie : « J’ai tri­ché avec cette souf­france — la plus grande, je crois, qui se puisse ima­gi­ner — celle d’[un pa­rent plongé] dans l’incapacité de nour­rir son en­fant. Et moi qui suis plu­tôt d’un na­tu­rel al­lègre, j’en garde une dette, une bles­sure pro­fonde, même si les sou­ve­nirs à la longue s’estompent »4. C’est cette bles­sure in­fec­tée, sa­tu­rée d’odeurs nau­séa­bondes, que M. No­saka ouvre au so­leil dans ses ré­cits et qu’il met sous le nez de son pu­blic, en criant aussi haut qu’il peut, la bouche en­core amère des ab­sinthes hu­maines : Re­gar­dez !

  1. En ja­po­nais « 吾輩は猫が好き ». Haut
  2. En ja­po­nais 野坂昭如. Haut
  1. Akiyuki No­saka, « 五十歩の距離 » (« La Dis­tance de cin­quante pas »), in­édit en fran­çais. Haut
  2. Phi­lippe Pons, « “Je garde une bles­sure pro­fonde” : un en­tre­tien avec le ro­man­cier ». Haut

Ôé, « Le Centre de recherches sur la jeunesse en déroute »

dans « Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines. Tome I. Jeunesse » (éd. du Rocher, coll. Série japonaise, Monaco)

dans « An­tho­lo­gie de nou­velles ja­po­naises contem­po­raines. Tome I. Jeu­nesse » (éd. du Ro­cher, coll. Sé­rie ja­po­naise, Mo­naco)

Il s’agit de la nou­velle « Le Centre de re­cherches sur la jeu­nesse en dé­route » (« Kô­tai sei­nen ken­kyûjo »1) de M. Ken­za­burô Ôé2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-guerre. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du monde ap­pe­lée Ja­pon, et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa fa­mille ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné ; son père ve­nait d’y mou­rir. « L’angoisse de la mort et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père », dit-il3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé « Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô »4 (« Frag­ments de la Re­nais­sance fran­çaise »), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les hu­ma­nistes et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de nuit pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé5, ce pro­fes­seur de lit­té­ra­ture fran­çaise dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la vie, était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait honte. La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. « Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en fran­çais par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses ex­pé­riences d’écriture ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un ro­man li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit », dit-il

  1. En ja­po­nais « 後退青年研究所 ». Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Haut
  3. « L’Homme, être fra­gile » (« 壊れものとしての人間 »), in­édit en fran­çais. Haut
  1. En ja­po­nais « フランス・ルネサンス断章 ». Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Haut

Ôé, « Une Famille en voie de guérison »

éd. Gallimard, Paris

éd. Gal­li­mard, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion in­di­recte du ro­man « Une Fa­mille en voie de gué­ri­son » (« Kai­fuku suru ka­zoku »1) de M. Ken­za­burô Ôé2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-guerre. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du monde ap­pe­lée Ja­pon, et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa fa­mille ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné ; son père ve­nait d’y mou­rir. « L’angoisse de la mort et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père », dit-il3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé « Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô »4 (« Frag­ments de la Re­nais­sance fran­çaise »), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les hu­ma­nistes et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de nuit pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé5, ce pro­fes­seur de lit­té­ra­ture fran­çaise dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la vie, était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait honte. La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. « Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en fran­çais par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses ex­pé­riences d’écriture ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un ro­man li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit », dit-il

  1. En ja­po­nais « 恢復する家族 ». Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Haut
  3. « L’Homme, être fra­gile » (« 壊れものとしての人間 »), in­édit en fran­çais. Haut
  1. En ja­po­nais « フランス・ルネサンス断章 ». Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Haut

Ôé, « Une Affaire personnelle : roman »

éd. Stock, coll. Nouveau Cabinet cosmopolite, Paris

éd. Stock, coll. Nou­veau Ca­bi­net cos­mo­po­lite, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion in­di­recte du ro­man « Une Af­faire per­son­nelle » (« Ko­jin­teki na tai­ken »1) de M. Ken­za­burô Ôé2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-guerre. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du monde ap­pe­lée Ja­pon, et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa fa­mille ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné ; son père ve­nait d’y mou­rir. « L’angoisse de la mort et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père », dit-il3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé « Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô »4 (« Frag­ments de la Re­nais­sance fran­çaise »), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les hu­ma­nistes et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de nuit pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé5, ce pro­fes­seur de lit­té­ra­ture fran­çaise dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la vie, était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait honte. La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. « Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en fran­çais par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses ex­pé­riences d’écriture ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un ro­man li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit », dit-il

  1. En ja­po­nais « 個人的な体験 ». Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Haut
  3. « L’Homme, être fra­gile » (« 壊れものとしての人間 »), in­édit en fran­çais. Haut
  1. En ja­po­nais « フランス・ルネサンス断章 ». Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Haut

Ôé, « Le Jeu du siècle »

éd. Gallimard, coll. Du monde entier, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Du monde en­tier, Pa­ris

Il s’agit du ro­man « Le Jeu du siècle » (« Man’en gan­nen no fut­to­bôru »1, lit­té­ra­le­ment « Foot­ball en l’an 1 de l’ère Man’en ») de M. Ken­za­burô Ôé2, un des der­niers re­pré­sen­tants de la lit­té­ra­ture d’après-guerre. Il na­quit dans une pé­ri­phé­rie du monde ap­pe­lée Ja­pon, et qui plus est, dans un vil­lage pé­ri­phé­rique de ce pays. C’était un beau vil­lage perdu au cœur des grandes fo­rêts de l’île de Shi­koku, où sa fa­mille ha­bi­tait de­puis des cen­taines d’années sans que per­sonne ne s’en fût ja­mais éloi­gné ; son père ve­nait d’y mou­rir. « L’angoisse de la mort et de la fo­lie m’avait saisi pour ne plus me lâ­cher, de­puis la mort sou­daine de mon père », dit-il3. À dix-sept ans, dans un ou­vrage d’un pro­fes­seur de Tô­kyô in­ti­tulé « Fu­ransu ru­ne­sansu dan­shô »4 (« Frag­ments de la Re­nais­sance fran­çaise »), M. Ôé dé­cou­vrait, avec un en­thou­siasme dé­bor­dant, les hu­ma­nistes et le com­bat qu’ils avaient mené pour ré­pandre leurs idées. Et c’est pour étu­dier ces idées-là — ca­pables, pen­sait-il, de le pro­té­ger des ten­ta­tions ni­hi­listes d’un Mi­shima — qu’il quitta les fo­rêts na­tales et qu’il se ren­dit en ville pour prendre un train de nuit pour Tô­kyô. L’idée de de­ve­nir le dis­ciple de M. Ka­zuo Wa­ta­nabé5, ce pro­fes­seur de lit­té­ra­ture fran­çaise dont il fai­sait d’ores et déjà son maître à pen­ser pour la vie, était là pour le sou­te­nir dans l’épreuve que re­pré­sen­tait ce voyage. Dans l’immense mé­tro­pole, M. Ôé se mon­tra un étu­diant brillant, mais ren­fermé, so­li­taire, et bé­gayant à cause de son ac­cent pro­vin­cial dont il avait honte. La nuit, l’ennui le dé­pri­mait, et tout en pre­nant des tran­quilli­sants avec du whisky, il fai­sait des es­quisses de ro­mans. « Quand j’ai com­mencé à écrire des ro­mans, je me suis dit qu’un jour ils se­raient pu­bliés en fran­çais par les édi­tions Gal­li­mard et que j’offrirais ce­lui qui me sem­ble­rait le mieux tra­duit à mon pro­fes­seur. Tout en gar­dant cette idée à l’esprit, j’ai tenté di­verses ex­pé­riences d’écriture ro­ma­nesque… C’est ce que j’ai tou­jours tenté de faire, et je ne le re­grette pas, mais j’ai aussi tou­jours eu le sen­ti­ment en pa­ral­lèle de ne ja­mais [avoir écrit] un ro­man li­béré de cette ob­ses­sion, équi­li­bré, bien construit », dit-il

  1. En ja­po­nais « 万延元年のフットボール ». Par­fois trans­crit « Man’en gan­nen no foot­ball ». Haut
  2. En ja­po­nais 大江健三郎. Haut
  3. « L’Homme, être fra­gile » (« 壊れものとしての人間 »), in­édit en fran­çais. Haut
  1. En ja­po­nais « フランス・ルネサンス断章 ». Haut
  2. En ja­po­nais 渡辺一夫. Haut

Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome IV »

éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec

éd. D. de Brouwer-L’Action so­ciale, Pa­ris-Qué­bec

Il s’agit de la « Cor­res­pon­dance » et autres écrits de la mère Ma­rie de l’Incarnation1, la pre­mière en date, comme la pre­mière en gé­nie, parmi les femmes mis­sion­naires ve­nues évan­gé­li­ser le Ca­nada (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent com­po­sés sans souci d’agrément lit­té­raire. Mais ils viennent d’une femme de ca­rac­tère qui était, en vé­rité, une na­ture d’exception et qui, en as­so­ciant son âme di­rec­te­ment à Dieu, fit l’économie d’une dé­pen­dance par rap­port aux hommes. Sa piété cou­ra­geuse et son saint en­thou­siasme étaient suf­fi­sam­ment connus pour que Bos­suet l’ait ap­pe­lée « la Thé­rèse de nos jours et du Nou­veau Monde »2. « Au Ca­nada, ses œuvres sont un tré­sor de fa­mille », ex­plique dom Al­bert Ja­met. « Mais les Fran­çais de l’ancienne France doivent sa­voir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop dés­in­té­res­sés. “En France”, no­tait Sainte-Beuve3, “nous ne nous mon­trons pas tou­jours as­sez soi­gneux ou fiers de nos ri­chesses.” À Tours, où elle na­quit en 1599, Ma­rie de l’Incarnation fut éle­vée aux su­blimes états d’oraison qui la font al­ler de pair avec les plus hauts contem­pla­tifs de tous les temps et de tous les pays. À Qué­bec, où elle ar­riva en 1639, c’est une œuvre fran­çaise qu’elle fit du­rant les trente-deux an­nées qui lui res­taient en­core à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’honneur in­di­vis des deux France. »

  1. À ne pas confondre avec Barbe Aca­rie, née Barbe Avrillot, qui en­tra éga­le­ment en re­li­gion sous le nom de Ma­rie de l’Incarnation. Elle vé­cut un siècle plus tôt. Haut
  2. « Ins­truc­tion sur les états d’oraison », liv. IX. Bos­suet a écrit ailleurs à une cor­res­pon­dante : « J’ai vu, de­puis peu, la vie de la mère Ma­rie de l’Incarnation… Tout y est ad­mi­rable, et je vous ren­ver­rai bien­tôt [des] ex­traits pour vous en ser­vir » (« Lettres à la sœur Cor­nuau », lettre CIII). Haut
  1. « Port-Royal », liv. I. Haut