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Yuan Mei, « Choses dont le Maître ne parlait jamais : cinq contes tirés du “Zi bu yu” »

éd. électronique

éd. élec­tro­nique

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Ce dont le Maître ne par­lait pas» («Zi bu yu» 1) de , col­lec­tion chi­noise de , d’historiettes, de faits di­vers, met­tant en scène toutes sortes d’ ou d’êtres sur­na­tu­rels (XVIIIe siècle). Le titre ren­voie au pas­sage sui­vant des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits» 2. , tels sont jus­te­ment les thèmes qui sont abor­dés avec pré­di­lec­tion dans «Ce dont le Maître ne par­lait pas». Par la suite, sans pour évi­ter de trop se com­pro­mettre aux yeux des bien-pen­sants, Yuan Mei chan­gea ce titre quelque peu fron­deur par ce­lui de «Nou­veau “Qi xie”» («Xin “Qi xie”» 3) tiré, cette fois-ci, de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu, où il est ques­tion d’un livre ou d’un qui au­rait re­cueilli des et qui se se­rait ap­pelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette ap­pel­la­tion obs­cure pour en ti­rer une , vo­lon­tai­re­ment énig­ma­tique, et sur la­quelle ses ne pou­vaient faire que des conjec­tures, en l’absence de toute autre ex­pli­ca­tion. «Aux yeux de la pos­té­rité, le re­nom de Yuan Mei tient sur­tout à l’originalité et au charme de sa poé­sie. Le “Zi bu yu” n’est sou­vent consi­déré que comme une œuvre mi­neure, si­non même in­digne de son au­teur», ex­plique M.  4. Dans un XVIIIe siècle mar­qué, en , par une éclo­sion de contes, le re­cueil de Yuan Mei fait, en ef­fet, mo­deste aux cô­tés de deux re­cueils plus im­por­tants : les «Contes ex­tra­or­di­naires du pa­villon des loi­sirs» du Pu Son­gling, qui mou­rut un an avant la nais­sance de Yuan Mei, et les «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles» de l’érudit Ji Yun, son ca­det de quelques an­nées. En ban­nis­sant de sa prose les élé­gances de la , en ne cher­chant l’ que dans les confi­dences de pa­rents et d’amis, en abor­dant le sexe jusque dans ses as­pects les moins at­ten­dus, Yuan Mei est par trop dé­sin­volte, et les herbes folles abondent dans son ou­vrage. Il le pré­sente avec , dans sa pré­face, comme un re­cueil «de ré­cits abra­ca­da­brants, sans pro­fonde si­gni­fi­ca­tion» fait prin­ci­pa­le­ment «pour le plai­sir» 5; il dit ailleurs 6 avoir voulu «dans les his­toires de se dé­fou­ler de l’absurdité».

  1. En «子不語». Au­tre­fois trans­crit «Tseu-pou-yu» ou «Tzu pu yu». Icône Haut
  2. VII, 21. Icône Haut
  3. En chi­nois «新齊諧». Au­tre­fois trans­crit «Sin “Ts’i-hiai”». Icône Haut
  1. p. 26. Icône Haut
  2. Dans Ka­ser, «Yuan Mei et son “Zi bu yu”», p. 84-85. Icône Haut
  3. «Di­vers Plai­sirs à la villa Sui», p. 40. Icône Haut

Yuan Mei, « Ce dont le Maître ne parle pas, “Zi bu yu” : contes »

dans « Le Visage vert », nº 16, p. 65-82

dans «Le Vi­sage vert», nº 16, p. 65-82

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Ce dont le Maître ne par­lait pas» («Zi bu yu» 1) de , col­lec­tion chi­noise de , d’historiettes, de faits di­vers, met­tant en scène toutes sortes d’ ou d’êtres sur­na­tu­rels (XVIIIe siècle). Le titre ren­voie au pas­sage sui­vant des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits» 2. , tels sont jus­te­ment les thèmes qui sont abor­dés avec pré­di­lec­tion dans «Ce dont le Maître ne par­lait pas». Par la suite, sans pour évi­ter de trop se com­pro­mettre aux yeux des bien-pen­sants, Yuan Mei chan­gea ce titre quelque peu fron­deur par ce­lui de «Nou­veau “Qi xie”» («Xin “Qi xie”» 3) tiré, cette fois-ci, de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu, où il est ques­tion d’un livre ou d’un qui au­rait re­cueilli des et qui se se­rait ap­pelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette ap­pel­la­tion obs­cure pour en ti­rer une , vo­lon­tai­re­ment énig­ma­tique, et sur la­quelle ses ne pou­vaient faire que des conjec­tures, en l’absence de toute autre ex­pli­ca­tion. «Aux yeux de la pos­té­rité, le re­nom de Yuan Mei tient sur­tout à l’originalité et au charme de sa poé­sie. Le “Zi bu yu” n’est sou­vent consi­déré que comme une œuvre mi­neure, si­non même in­digne de son au­teur», ex­plique M.  4. Dans un XVIIIe siècle mar­qué, en , par une éclo­sion de contes, le re­cueil de Yuan Mei fait, en ef­fet, mo­deste aux cô­tés de deux re­cueils plus im­por­tants : les «Contes ex­tra­or­di­naires du pa­villon des loi­sirs» du Pu Son­gling, qui mou­rut un an avant la nais­sance de Yuan Mei, et les «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles» de l’érudit Ji Yun, son ca­det de quelques an­nées. En ban­nis­sant de sa prose les élé­gances de la , en ne cher­chant l’ que dans les confi­dences de pa­rents et d’amis, en abor­dant le sexe jusque dans ses as­pects les moins at­ten­dus, Yuan Mei est par trop dé­sin­volte, et les herbes folles abondent dans son ou­vrage. Il le pré­sente avec , dans sa pré­face, comme un re­cueil «de ré­cits abra­ca­da­brants, sans pro­fonde si­gni­fi­ca­tion» fait prin­ci­pa­le­ment «pour le plai­sir» 5; il dit ailleurs 6 avoir voulu «dans les his­toires de se dé­fou­ler de l’absurdité».

  1. En «子不語». Au­tre­fois trans­crit «Tseu-pou-yu» ou «Tzu pu yu». Icône Haut
  2. VII, 21. Icône Haut
  3. En chi­nois «新齊諧». Au­tre­fois trans­crit «Sin “Ts’i-hiai”». Icône Haut
  1. p. 26. Icône Haut
  2. Dans Ka­ser, «Yuan Mei et son “Zi bu yu”», p. 84-85. Icône Haut
  3. «Di­vers Plai­sirs à la villa Sui», p. 40. Icône Haut

Yuan Mei, « Ce dont le Maître ne parlait pas : le merveilleux onirique »

éd. Gallimard, Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de «Ce dont le Maître ne par­lait pas» («Zi bu yu» 1) de , col­lec­tion chi­noise de , d’historiettes, de faits di­vers, met­tant en scène toutes sortes d’ ou d’êtres sur­na­tu­rels (XVIIIe siècle). Le titre ren­voie au pas­sage sui­vant des «En­tre­tiens de Confu­cius» : «Le Maître ne trai­tait ni des pro­diges, ni de la , ni du désordre, ni des es­prits» 2. , tels sont jus­te­ment les thèmes qui sont abor­dés avec pré­di­lec­tion dans «Ce dont le Maître ne par­lait pas». Par la suite, sans pour évi­ter de trop se com­pro­mettre aux yeux des bien-pen­sants, Yuan Mei chan­gea ce titre quelque peu fron­deur par ce­lui de «Nou­veau “Qi xie”» («Xin “Qi xie”» 3) tiré, cette fois-ci, de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu, où il est ques­tion d’un livre ou d’un qui au­rait re­cueilli des et qui se se­rait ap­pelé Qi xie. Yuan Mei s’empara donc de cette ap­pel­la­tion obs­cure pour en ti­rer une , vo­lon­tai­re­ment énig­ma­tique, et sur la­quelle ses ne pou­vaient faire que des conjec­tures, en l’absence de toute autre ex­pli­ca­tion. «Aux yeux de la pos­té­rité, le re­nom de Yuan Mei tient sur­tout à l’originalité et au charme de sa poé­sie. Le “Zi bu yu” n’est sou­vent consi­déré que comme une œuvre mi­neure, si­non même in­digne de son au­teur», ex­plique M. Jean- Diény 4. Dans un XVIIIe siècle mar­qué, en , par une éclo­sion de contes, le re­cueil de Yuan Mei fait, en ef­fet, mo­deste aux cô­tés de deux re­cueils plus im­por­tants : les «Contes ex­tra­or­di­naires du pa­villon des loi­sirs» du Pu Son­gling, qui mou­rut un an avant la nais­sance de Yuan Mei, et les «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles» de l’érudit Ji Yun, son ca­det de quelques an­nées. En ban­nis­sant de sa prose les élé­gances de la , en ne cher­chant l’ que dans les confi­dences de pa­rents et d’amis, en abor­dant le sexe jusque dans ses as­pects les moins at­ten­dus, Yuan Mei est par trop dé­sin­volte, et les herbes folles abondent dans son ou­vrage. Il le pré­sente avec , dans sa pré­face, comme un re­cueil «de ré­cits abra­ca­da­brants, sans pro­fonde si­gni­fi­ca­tion» fait prin­ci­pa­le­ment «pour le plai­sir» 5; il dit ailleurs 6 avoir voulu «dans les his­toires de se dé­fou­ler de l’absurdité».

  1. En «子不語». Au­tre­fois trans­crit «Tseu-pou-yu» ou «Tzu pu yu». Icône Haut
  2. VII, 21. Icône Haut
  3. En chi­nois «新齊諧». Au­tre­fois trans­crit «Sin “Ts’i-hiai”». Icône Haut
  1. p. 26. Icône Haut
  2. Dans Pierre Ka­ser, «Yuan Mei et son “Zi bu yu”», p. 84-85. Icône Haut
  3. «Di­vers Plai­sirs à la villa Sui», p. 40. Icône Haut

Yuan Mei, « Divers Plaisirs à la villa Sui : poèmes »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit des «Poèmes» de Yuan Zi­cai 1, plus connu sous le sur­nom de  2, poète et conteur , que son in­dé­pen­dance, son sa­voir, sa d’esprit met­taient en marge des aca­dé­mismes du . Il na­quit en l’an 1716 apr. J.-C. Sa était loin d’être riche. Son père voya­geait comme se­cré­taire dans des re­cu­lées pour en­voyer de quoi nour­rir la mai­son­née, tan­dis que sa mère res­tait à Hangz­hou avec plu­sieurs fils et en bas âge et fai­sait des pro­diges d’économie pour les éle­ver. Déjà dans son en­fance, Yuan Mei ché­ris­sait les plus qu’il ne ché­ris­sait la . Chaque fois qu’il pas­sait de­vant une li­brai­rie, ses pieds s’arrêtaient na­tu­rel­le­ment, et l’ lui en ve­nait à la bouche; mais les prix étaient trop é : «Il n’y avait que dans le rêve que j’en ache­tais», dit-il non sans amer­tume 3. Le goût des livres lui était «plus suave que ce­lui d’un vieux» 4. Le but de sa vie était la sa­tis­fac­tion de ce goût, et non pas la réus­site aux concours ni l’obtention des di­plômes qui ou­vraient les portes du man­da­ri­nat : «Une fois le livre ou­vert, j’ignore les cent af­faires. Quand j’ai un livre an­cien, je suis comme ivre; d’aujourd’hui je gas­pille mon temps avec les hommes d’autrefois», dit-il dans un de ses poèmes 5. À l’âge de qua­rante ans, ayant ac­quis une cer­taine for­tune, Yuan Mei s’adonna tout en­tier aux belles-lettres. Pour ne pas être dis­trait de ses tra­vaux par «les pen­sées du de pous­sière» 6, il alla se fixer dans une villa qu’il avait ache­tée aux portes de Nan­kin. Dans son «Re­cueil de lit­té­ra­ture de la mai­son sise sur la Col­line du Gre­nier» («Xiao­cang shan­fang wenji» 7), l’on peut lire de nom­breux dé­tails sur cette villa, son et ses en­vi­rons : «À deux “li” à l’Ouest du pont de la porte sep­ten­trio­nale de Nan­kin, je trou­vai la Col­line du Gre­nier… Là, au temps de l’Empereur Kangxi 8, un cer­tain Sui, di­rec­teur de la Fa­brique im­pé­riale de Soie­ries, avait élevé un pa­villon sur le pic sep­ten­trio­nal de la Col­line, avait planté au­tour des , des ar­bustes et avait cir­cons­crit le tout d’un mur. Tous les ha­bi­tants de Nan­kin ve­naient se pro­me­ner et ad­mi­rer la dans cet en­droit : on l’appelait “Sui yuan” 9 (“villa Sui”, ou lit­té­ra­le­ment “jar­din de Sui”), du nom de son pro­prié­taire. Trente ans plus tard, lorsque je fus nommé [ma­gis­trat] à Nan­kin, ce jar­din était presque en­tiè­re­ment dé­truit, et le pa­villon s’était trans­formé en un vul­gaire ca­ba­ret où les char­re­tiers et les por­teurs de chaises se dis­pu­taient tout le jour. À cette vue j’eus le cœur serré; je pris ce jar­din en pi­tié et de­man­dai le prix du ter­rain»

  1. En chi­nois 袁子才. Au­tre­fois trans­crit Yuan Tseu-ts’aï ou Yüan Tzu-ts’ai. Icône Haut
  2. En chi­nois 袁枚. Au­tre­fois trans­crit Yuen Mei. Icône Haut
  3. p. 117. Icône Haut
  4. p. 96. Icône Haut
  5. p. 113. Icône Haut
  1. p. 13. Icône Haut
  2. En chi­nois «小倉山房文集». Au­tre­fois trans­crit «Siao-ts’ang-chan-fang-ouen-tsi», «Siao tshang chan fang oen tsi» ou «Hsiao-ts’ang shan-fang wen-chi». Icône Haut
  3. Qui ré­gnait entre les an­nées 1661 et 1722. Icône Haut
  4. En chi­nois 隨園. Au­tre­fois trans­crit «Soei yuen» ou «Soueï-yuan». Icône Haut

« Le Livre de phrases de trois mots, “San-tseu-king” »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre de phrases de trois mots» 1San zi jing» 2), ma­nuel d’ élé­men­taire (XIIIe siècle apr. J.-C.) que les maîtres ou les pa­rents met­taient entre les mains des dé­bu­tants, pour qu’il fût ap­pris par cœur, re­tenu et ré­cité. Le texte, comme le titre l’indique, était dis­posé par phrases de trois mots ou de trois ca­rac­tères, de telle sorte qu’il of­frait le pré­cieux avan­tage de consti­tuer une in­tro­duc­tion idéale à la lec­ture du clas­sique, en même que le ré­sumé des connais­sances qui for­maient la base de l’ confu­céenne. «À l’, sa est ra­di­ca­le­ment bonne; la na­ture rap­proche les hommes, mais leur conduite les éloigne». Tel était le dé­but du «Livre de phrases de trois mots» 3. La suite trai­tait de l’importance des , des trois grands pou­voirs, des quatre sai­sons, des cinq constantes, des six es­pèces de grains, des sept , des huit notes de , des neuf de­grés de , des dix de­voirs re­la­tifs, de l’ gé­né­rale et de la suc­ces­sion des dy­nas­ties im­pé­riales; le tout com­plété par des re­marques sur l’importance de l’étude. Pen­dant sept siècles et jusqu’à la Ré­vo­lu­tion cultu­relle, ce fut le livre le plus ré­pandu dans les écoles pri­maires de l’ : «Ce fut en », dit un com­men­ta­teur 4, «comme un ra­deau que, dans les com­men­ce­ments de leurs études, les jeunes gens qui cher­chaient à s’instruire pou­vaient em­ployer pour ar­ri­ver à at­teindre les pro­fondes de l’étude de l’». Son fut im­mense, et plu­sieurs de ses phrases de trois mots sont pas­sées en pro­ver­biales dans l’usage cou­rant : «C’est un livre d’une ir­ré­pro­chable», dit Ma­rie-René Rous­sel, mar­quis de Courcy 5, «mais d’une par­faite ari­dité, pro­cé­dant par brèves, af­fir­ma­tives, heur­tées… La plu­part de [ses] no­tions dé­passent de beau­coup l’ de l’enfant. Aussi, ré­pète-t-il d’abord le “San zi jing” uni­que­ment comme il ré­pé­te­rait un syl­la­baire, sans com­prendre les signes qu’il lit, ni les sons qu’il émet. Quand, après deux an­nées d’un la­beur as­sidu, il énonce sans hé­si­ta­tion tous les ca­rac­tères du clas­sique tri­mé­trique, avec les in­to­na­tions vou­lues, et les re­trace élé­gam­ment à l’aide du pin­ceau, son maître com­mence à lui en ex­pli­quer la si­gni­fi­ca­tion; et dès que son in­tel­li­gence peut la sai­sir, il place sous ses yeux d’autres ou­vrages, comme “Le Livre des mille mots” où il re­trouve les mêmes mots et fait connais­sance avec de nou­veaux signes».

  1. Par­fois tra­duit «Clas­sique tri­mé­trique» ou «Le Livre clas­sique des trois ca­rac­tères». Icône Haut
  2. En chi­nois «三字經». Au­tre­fois trans­crit «San tzu ching», «San-tsi-king», «San-tsze-king», «San-tse-king», «San-ze-king» ou «San-tseu-king». Icône Haut
  3. À rap­pro­cher du grand prin­cipe de Rous­seau «que la na­ture a fait l’ heu­reux et bon, mais que la le dé­prave», etc. Icône Haut
  1. Wang Jin­sheng (王晉升). Icône Haut
  2. «L’Empire du Mi­lieu». Icône Haut

Bao Zhao, « Sur les berges du fleuve »

éd. La Différence, coll. Orphée, Paris

éd. La Dif­fé­rence, coll. Or­phée, Pa­ris

Il s’agit de Bao Zhao 1, poète (Ve siècle apr. J.-C.). Il était un vé­ri­table maître du «yuefu» 2poème chanté»), au­quel il re­donna une vi­gueur en y ré­in­tro­dui­sant le ton de la po­pu­laire. Ses dix-neuf «yuefu» sur le thème de «La route est dif­fi­cile» 3Xing lu nan» 4) passent pour des mo­dèles ache­vés de ce genre ; ils ne traitent pas seule­ment de la dif­fi­culté des so­li­taires, mais aussi des de la , en par­ti­cu­lier de la de l’. Plus tard, sous les Tang 5, Li Po s’en ins­pira et Tu Fu les ad­mira. Des autres œuvres de Bao Zhao, je re­tiens sur­tout sa longue rhap­so­die in­ti­tu­lée «Chant de la ville dé­vas­tée» 6Wu cheng » 7). C’est une re­mar­quable sur la va­nité des gran­deurs hu­maines, dont voici les pre­miers vers : «Au­tre­fois, au de gran­deur, les es­sieux des chars se tou­chaient, les hommes étaient ser­rés épaule contre épaule le long de ces routes. La plaine était cou­verte de et de fermes, les cris et les chants em­plis­saient la voûte cé­leste. On ex­ploi­tait les ter­rains de sel, on creu­sait les pour en ex­traire du cuivre. Les hommes étaient forts et pleins de ta­lents… Aussi se sont-ils per­mis d’enfreindre les , de né­gli­ger les pré­ceptes royaux; ils ont dressé de hautes for­te­resses, creusé de pro­fonds ré­ser­voirs d’, ils ont pro­jeté de rendre leur des­tin brillant et de de­ve­nir les pre­miers de leur temps. Voici pour­quoi ils ont élevé des bâ­ti­ments et des mu­railles si grands, pour­quoi ils ont mul­ti­plié [les] pa­villons et [les] tours d’observation; leurs édi­fices s’élevaient comme les bords es­car­pés d’un tor­rent»

  1. En chi­nois 鮑照. Au­tre­fois trans­crit Pao Tchao ou Pao Chao. Icône Haut
  2. En chi­nois 樂府. Au­tre­fois trans­crit «yo-fou» ou «yüeh-fu». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Les Peines du voyage», «Dif­fi­cul­tés de la route» ou «Ah! que dure est la route!». Icône Haut
  4. En chi­nois «行路難» Au­tre­fois trans­crit «Hsing lu nan». Icône Haut
  1. De l’an 618 à l’an 907. Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «La Ville aban­don­née : “fou”» ou «Rhap­so­die de la ville en ruines». Icône Haut
  3. En chi­nois «蕪城賦». Au­tre­fois trans­crit «Wou tch’eng fou» ou «Wu-ch’eng fu». Icône Haut

Li He, « Poèmes »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de Li He 1, poète (VIIIe-IXe siècle) qui mou­rut à vingt-sept ans des suites d’une tu­ber­cu­lose pul­mo­naire. Un ca­rac­tère om­bra­geux et , dou­ble­ment at­teint par la ma­la­die et par le , dis­si­mulé sous les de­hors d’un in­com­men­su­rable, telle fut la cause de ses mal­heurs et peut-être aussi de ses re­vers. L’ était d’humeur à créer au­tour de lui une at­mo­sphère plus hos­tile qu’accueillante. La lé­gende veut qu’un de ses cou­sins l’ait haï à ce point qu’à la de sa il jeta dans les égouts, avec un sou­pir de sou­la­ge­ment, les poèmes de Li He qu’il avait gar­dés. Une quin­zaine d’années plus tard, ces poèmes, dont beau­coup s’étaient déjà per­dus, au­raient achevé de dis­pa­raître, si un de ses amis n’en avait re­trouvé une co­pie mi­ra­cu­leu­se­ment ca­chée dans des ba­gages. Ce fut avec les yeux mouillés de larmes que cet ami écri­vit au poète Du Mu pour lui de­man­der la fa­veur d’une pré­face aux œuvres de ce­lui qui n’avait laissé, après sa mort pré­ma­tu­rée, ni hé­ri­tage ni hé­ri­tiers. La sui­vante, Du Mu fut sur­pris dans son som­meil par les cris d’un mes­sa­ger urgent. Il ré­veilla son do­mes­tique, se fit pré­sen­ter le pa­quet et le dé­ca­cheta à la lueur d’une chan­delle. Il consen­tit à ré­di­ger la pré­face, ce qu’il fit en des termes élo­gieux : «Les nuages et brouillards dont les contours, len­te­ment, se confondent les uns dans les autres ne peuvent don­ner tout à fait une juste de la ma­nière de Li He; ni les vastes éten­dues d’, celle de ses ; ni la ver­dure au prin­temps, celle de sa vi­gueur; ni la claire lu­mière de l’automne, celle de son » 2. Et plus loin : «Avec de pro­fonds sou­pirs, il s’afflige de choses dont per­sonne n’avait ja­mais rien dit ni de nos jours ni ja­dis» 3.

  1. En chi­nois 李賀. Par­fois trans­crit Li Ho. Icône Haut
  2. Dans p. 8-9. Icône Haut
  1. Dans p. 14. Icône Haut

« Les Poèmes de Cao Cao (155-220) »

éd. Collège de France-Institut des hautes études chinoises, coll. Bibliothèque de l’Institut des hautes études chinoises, Paris

éd. Col­lège de -Ins­ti­tut des hautes études chi­noises, coll. Bi­blio­thèque de l’Institut des hautes études chi­noises, Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ts’ao Ts’ao 1, gé­né­ral et po­li­ti­cien , dé­fait dans la ba­taille de la fa­laise Rouge en 208 apr. J.-C. Cet ivre d’action qui, simple chef de bande à ses dé­buts, sut se tailler, dans la dis­lo­quée et trou­blée de la fin des Han, la part du lion, et mo­men­ta­né­ment du moins, à uni­fier le pays sous son au­to­rité — cet homme ivre d’action, dis-je, trouva parmi ses sou­cis d’État et de as­sez de loi­sirs pour se li­vrer à la . Aussi, les bio­graphes le dé­crivent-ils as­sis à dos de , «la longue lance en tra­vers de sa selle», bu­vant du et «com­po­sant des vers in­ébran­lables» 2 pleins d’énergie mâle et de force hé­roïque :

«Du vieux cour­sier, cou­ché dans l’écurie,
L’ se si­tue à mille “li”
[c’est-à-dire sur un champ de ba­taille loin­tain].
Quand le hé­ros touche au soir de la ,
Son cœur vaillant n’a pas fini de battre
» 3.

Sa ré­pu­ta­tion ac­quise, Ts’ao Ts’ao em­ploya tous les res­sorts de son pour ob­te­nir d’être nommé pre­mier mi­nistre. Il réus­sit; et élevé dans ce poste, il ne tra­vailla dé­sor­mais qu’à se faire des pro­té­gés, en em­bau­chant ceux qui lui pa­rais­saient dé­voués à ses in­té­rêts, et en des­ti­tuant qui­conque n’adhérait pas aveu­glé­ment à toutes ses vo­lon­tés. Son am­bi­tion fi­nit par éteindre en lui ses belles qua­li­tés. «Il avait dé­li­vré son [Em­pe­reur] d’un ty­ran qui le per­sé­cu­tait; mais ce fut pour le faire gé­mir sous une autre ty­ran­nie, moins cruelle sans , mais qui n’en était pas moins réelle», dit très bien le père Jo­seph Amiot 4. «Il de­vint fourbe, vin­di­ca­tif, cruel, per­fide, et ne garda pas même l’extérieur de ce qu’on ap­pe­lait ses an­ciennes .» Ts’ao Ts’ao mou­rut en 220 apr. J.-C., en em­por­tant avec lui la haine d’une , dont il au­rait pu être l’idole s’il s’était contenté d’être le pre­mier des su­jets de son sou­ve­rain lé­gi­time. Peu de au­pa­ra­vant, il avait as­so­cié son fils au pre­mier mi­nis­tère et l’avait nommé son suc­ces­seur dans la prin­ci­pauté de Ouei; ce­lui-ci donna à Ts’ao Ts’ao, son père, le titre post­hume de «Ouei-Ou-Ti» 5Em­pe­reur Ou des Ouei»).

  1. En chi­nois 曹操. Par­fois trans­crit Cao Cao. Icône Haut
  2. En chi­nois 橫槊賦詩. Icône Haut
  3. p. 152. Icône Haut
  1. «Ouei-ou-ti, mi­nistre», p. 105. Icône Haut
  2. En chi­nois 魏武帝. Par­fois trans­crit «Wei-Wu-Di». Icône Haut

Shen Fu, « Récits d’une vie fugitive : mémoires d’un lettré pauvre »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Six Ré­cits au fil in­cons­tant des jours» 1 sheng liu ji» 2) de Shen Fu 3. Ces six ré­cits — qui, en , ne sont que quatre, les deux der­niers n’étant pas jusqu’à nous — consti­tuent un mo­nu­ment élevé par Shen Fu à la de Yun, son épouse dé­funte. «C’était le 30 mars 1803», dit-il 4. «Sa main agrip­pant la mienne, Yun vou­lut par­ler…; mais, sans forces, elle ne put que ré­pé­ter dans un souffle : “lai shi, lai shi”… “l’ fu­ture”… 5 Sou­dain, elle ha­leta, sa mâ­choire se rai­dit et son di­laté prit une fixité sai­sis­sante. Je l’appelai et l’appelai de nou­veau et en­core; mais en vain. Elle ne pou­vait plus pro­fé­rer une . Deux ruis­seaux de larmes conti­nuèrent à cou­ler le long de ses joues. Bien­tôt, son souffle s’affaiblit, ses larmes se ta­rirent et en­fin son s’éteignit.» Ce sont des ré­cits uniques jusque-là dans la par leurs pe­tits faits exacts et par leurs dé­tails fa­mi­liers sur la conju­gale. Nous nous trou­vons in­tro­duits, sans pré­ten­tion et en toute sim­pli­cité, dans l’intimité d’un pauvre let­tré qui ma­nie la clas­sique d’une ma­nière certes mal­ha­bile, mais dont l’austère sin­cé­rité nous émeut par­fois : «Mon re­gret», dit-il 6, «est de n’avoir reçu, étant en­fant, qu’une ins­truc­tion in­com­plète et d’être borné dans mes connais­sances. Aussi, ne re­la­te­rai-je, sans or­ne­ment, que des vrais et des faits réels. Re­cher­cher le dans ce que j’écris se­rait comme exi­ger l’éclat d’un non poli». Pa­ra­doxa­le­ment, c’est ce ca­rac­tère or­di­naire de Shen Fu qui fait son ex­tra­or­di­naire et qui est la ma­jeure du que connut son ou­vrage de­puis qu’il a été trouvé sur l’étal d’un bro­can­teur en 1849.

  1. Au­tre­fois tra­duit «Six Cha­pitres d’une vie flot­tante» ou «Six Mé­moires sur une vie flot­tante». Icône Haut
  2. En «浮生六記». Au­tre­fois trans­crit «Fou-cheng lieou-ki» ou «Fou­sheng liuji». Titre em­prunté au poème «Chun ye yan li yuan xu» («春夜宴桃李園序») de Li Po : «L’univers n’est que [la halte] des créa­tures, et le — l’hôte pro­vi­soire de l’éternité; “au fil in­cons­tant des jours”, notre vie n’est qu’un songe», etc. Icône Haut
  3. En chi­nois 沈復. Au­tre­fois trans­crit Chen Fou. Icône Haut
  1. p. 98. Icône Haut
  2. En chi­nois 來世. C’est, se­lon les croyances boud­dhiques, l’existence qui vient im­mé­dia­te­ment après l’existence ac­tuelle. Icône Haut
  3. p. 21. Icône Haut

« Les Dix-neuf Poèmes anciens »

éd. Les Belles Lettres, coll. Bibliothèque chinoise, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. Bi­blio­thèque chi­noise, Pa­ris

Il s’agit des «Dix-neuf Poèmes an­ciens» 1Gu­shi shi­jiu shou» 2), en­semble de dix-neuf poèmes , tous ano­nymes, qui tirent leur beauté des images douces et sym­bo­liques et de l’expression toute per­son­nelle de leur . Très peu connus en , ils datent pro­ba­ble­ment du dé­clin de la dy­nas­tie des Han (IIe siècle apr. J.-C.), qui fut mar­qué par de graves troubles po­li­tiques, et l’emprise du se re­lâ­chant, par une de la qui s’intéressa non plus aux choses, mais aux in­times. Pour la pre­mière fois en , les «Dix-neuf Poèmes an­ciens» évo­quèrent — certes sur un ton po­pu­laire, mais avec art tout de même, et un art qui a ses titres de — l’amertume de l’, la de l’ , le sen­ti­ment dou­lou­reux de la fra­gi­lité hu­maine, la han­tise du qui passe et de la  : «Se­lon une brillante étude du pro­fes­seur Yo­shi­kawa 3, l’idée que l’ est le jouet d’un des­tin in­com­pré­hen­sible et ca­pri­cieux ne se dé­ve­loppe en Chine que sous les Han. Bien qu’en [cette] idée ap­pa­raisse déjà dans le “Shi Jing” et dans les “Élé­gies de Chu”… les du “Shi Jing” croient en gé­né­ral à la du , et ceux des “Élé­gies de Chu” ac­cusent plu­tôt les hommes que le ha­sard de leurs mal­heurs. Il semble donc que la dé­so­la­tion si­len­cieuse des “Dix-neuf Poèmes an­ciens” soit bien l’indice d’un nou­veau», ex­plique M. 

  1. Au­tre­fois tra­duit «Les Dix-Neuf Poèmes des temps très re­cu­lés». Icône Haut
  2. En chi­nois «古詩十九首». Au­tre­fois trans­crit «Kou che che kieou cheou» ou «Ku-shih shih-chiu shou». Icône Haut
  1. Kô­jirô Yo­shi­kawa, «推移の悲哀ー古詩十九首の主題» («La Tris­tesse de l’impermanence — le thème prin­ci­pal des “Dix-neuf Poèmes an­ciens”»), in­édit en . Icône Haut

Sima Qian, « Les Mémoires historiques. Tome I. [Chapitres 1-4] »

éd. Librairie d’Amérique et d’Orient A. Maisonneuve, coll. UNESCO d’œuvres représentatives, Paris

éd. Li­brai­rie d’ et d’ A. Mai­son­neuve, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives, Pa­ris

Il s’agit des «Mé­moires his­to­riques» («Shi Ji» 1) de  2, illustre chro­ni­queur (IIe-Ier siècle av. J.-C.) que ses com­pa­triotes placent au-des­sus de tous en di­sant qu’autant le l’emporte en éclat sur les autres astres, au­tant Sima Qian l’emporte en mé­rite sur les autres ; et que les eu­ro­péens sur­nomment l’«Hé­ro­dote de la ». Fils d’un sa­vant et sa­vant lui-même, Sima Qian fut élevé par l’Empereur à la di­gnité de «grand scribe» («tai shi» 3) en 108 av. J.-C. Son père, qui avait été son pré­dé­ces­seur dans cet em­ploi, sem­blait l’avoir prévu; car il avait fait voya­ger son fils dans tout l’Empire et lui avait laissé un im­mense hé­ri­tage en et en . De plus, dès que Sima Qian prit pos­ses­sion de sa charge, la Bi­blio­thèque im­pé­riale lui fut ou­verte; il alla s’y en­se­ve­lir. «De même qu’un qui porte une cu­vette sur la tête ne peut pas le­ver les yeux vers le , de même je rom­pis toute re­la­tion… car jour et je ne pen­sais qu’à em­ployer jusqu’au bout mes in­dignes ca­pa­ci­tés et j’appliquais tout mon cœur à m’acquitter de ma charge», dit-il 4. Mais une dis­grâce qu’il s’attira en pre­nant la dé­fense d’un mal­heu­reux, ou plu­tôt un mot sur le goût de l’Empereur pour la  5, le fit tom­ber en dis­grâce et le condamna à la cas­tra­tion. Sima Qian était si pauvre, qu’il ne fut pas en état de don­ner les deux cents onces d’argent pour se ré­di­mer du sup­plice in­fa­mant. Ce mal­heur, qui as­som­brit tout le reste de sa , ne fut pas sans exer­cer une pro­fonde sur sa . Non seule­ment Sima Qian n’avait pas pu se ra­che­ter, mais per­sonne n’avait osé prendre sa dé­fense. Aussi loue-t-il fort dans ses «Mé­moires his­to­riques» tous «ceux qui font peu de cas de leur propre vie pour al­ler au se­cours de l’homme de bien qui est en pé­ril» 6. Il ap­prouve sou­vent aussi des hommes qui avaient été ca­lom­niés et mis au ban de la . En­fin, n’est-ce pas l’amertume de son propre cœur, ai­gri par la , qui s’exprime dans ce cri : «Quand Zhufu Yan 7 [mar­chait sur] le che­min des hon­neurs, tous les hauts di­gni­taires l’exaltaient; quand son re­nom fut abattu, et qu’il eut été mis à avec toute sa , les of­fi­ciers par­lèrent à l’envi de ses dé­fauts; c’est dé­plo­rable!»

  1. En chi­nois «史記». Au­tre­fois trans­crit «Che Ki», «Se-ki», «Sée-ki», «Ssé-ki», «Schi Ki», «Shi Ki» ou «Shih Chi». Icône Haut
  2. En chi­nois 司馬遷. Au­tre­fois trans­crit Sy-ma Ts’ien, Sé­mat­siene, Ssé­mat­sien, Se-ma Ts’ien, Sze-ma Csien, Sz’ma Ts’ien, Sze-ma Ts’ien, Sseû-ma Ts’ien, Sse-ma-thsien, Ssé ma Tsian ou Ssu-ma Ch’ien. Icône Haut
  3. En chi­nois 太史. Au­tre­fois trans­crit «t’ai che». Icône Haut
  4. «Lettre à Ren An» («報任安書»). Icône Haut
  1. Sima Qian avait cri­ti­qué tous les im­pos­teurs qui jouis­saient d’un grand cré­dit à la Cour grâce aux fables qu’ils dé­bi­taient : tels étaient un ma­gi­cien qui pré­ten­dait mon­trer les em­preintes lais­sées par les pieds gi­gan­tesques d’êtres sur­na­tu­rels; un de­vin qui par­lait au nom de la prin­cesse des , et en qui l’Empereur avait tant de confiance qu’il s’attablait seul avec lui; un char­la­tan qui pro­met­tait l’; etc. Icône Haut
  2. ch. CXXIV. Icône Haut
  3. En chi­nois 主父偃. Au­tre­fois trans­crit Tchou-fou Yen ou Chu- Yen. L’Empereur Wu avait nommé, au­près de chaque roi, des conseillers qui étaient en des rap­por­teurs. Leur tâche était sou­vent pé­rilleuse : le conseiller Zhufu Yan fut mis à mort avec toute sa fa­mille à cause des faits qu’il avait rap­por­tés. Icône Haut

« Élégies de Chu, “Chu ci” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Élé­gies de Chu» («Chu ci» 1), re­cueil de vingt-cinq ou poé­sies ly­riques, dont les plus cé­lèbres furent com­po­sées par Qu Yuan 2 (IIIe siècle av. J.-C.) et par son dis­ciple Song Yu 3 (IIe siècle av. J.-C.). Au point de vue de la forme, les «Élé­gies de Chu» se dis­tinguent par le re­tour in­va­riable d’une sorte d’interjection plain­tive, «xi!» 4, qui se ré­pète tous les deux vers. Quant au fond, elles n’ont d’autre but que ce­lui d’exhaler des plaintes, et de re­pro­cher au roi de Chu la faute qu’il com­mit en congé­diant Qu Yuan. On ra­conte que ce mal­heu­reux poète avait une conduite exem­plaire; c’est pour­quoi il aima mieux mou­rir que de res­ter dans l’entourage cor­rompu du roi. Il s’en éloi­gna donc, et par­venu aux bords de la ri­vière Mi Luo 5, il erra long­temps se par­lant à lui-même : il avait dé­noué ses che­veux en signe de et les lais­sait tom­ber sur son vi­sage amai­gri. Un pê­cheur le ren­con­trant dans cet état lui dit : «N’es-tu pas ce­lui que l’on croyait un des plus grands de l’Empire? Com­ment donc en es-tu ré­duit à une pa­reille si­tua­tion?» Qu Yuan ré­pon­dit : «Le en­tier est dans le désordre; seul, j’ai conservé ma pu­reté. Tous se sont as­sou­pis dans l’ivresse; moi seul, je suis resté vi­gi­lant. Voilà pour­quoi je suis é». Le pê­cheur dit : «Le vé­ri­table ne se laisse em­bar­ras­ser par au­cune chose et sait vivre avec son siècle. Si le monde en­tier est dans le désordre, pour­quoi ne sais-tu pas t’en ac­com­mo­der?…» Qu Yuan ré­pon­dit : «J’ai en­tendu dire que ce­lui qui vient de se pu­ri­fier dans un bain, prend soin de se­couer la pous­sière de son bon­net et de chan­ger de . Quel vou­drait donc, quand il est pur, se lais­ser souiller au contact de ce qui ne l’est pas? J’aime mieux cher­cher la dans les eaux de cette ri­vière et ser­vir de pâ­ture aux pois­sons…» Il écri­vit alors un der­nier poème, et ser­rant une grosse contre sa poi­trine, il se pré­ci­pita dans la ri­vière Mi Luo.

  1. En chi­nois «楚辭». Au­tre­fois trans­crit «Tsou-tse», «Tch’ou ts’eu» ou «Chu tzu». Icône Haut
  2. En chi­nois 屈原. Au­tre­fois trans­crit Kiu-youen, K’iu-yuen, K’iu Yuan, K’üh Yüan, Chhu Yuan ou Ch’ü Yüan. Icône Haut
  3. En chi­nois 宋玉. Au­tre­fois trans­crit Soung-yo ou Sung Yü. Icône Haut
  1. En chi­nois . Icône Haut
  2. En chi­nois 汩羅. Cette ri­vière, dans le Hu­nan, est for­mée par la confluence de la Mi et de la Luo. Icône Haut

Lu Yu, « Le Classique du thé, “Chajing” »

éd. Payot & Rivages, coll. Rivages poche-Petite Bibliothèque, Paris

éd. Payot & Ri­vages, coll. Ri­vages poche-Pe­tite Bi­blio­thèque, Pa­ris

Il s’agit du «Cha Jing» 1Clas­sique du thé» 2), le plus an­cien ou­vrage connu sur le thé (VIIIe siècle apr. J.-C.). En , le thé est un pro­duit de consom­ma­tion constante : c’est le breu­vage du pauvre et du riche. Chaque rue compte un cer­tain nombre de mai­sons de thé où, pour quelques sous, le pas­sant trouve une tasse d’un ex­cellent thé pour re­po­ser ses forces et ré­veiller ses . Au , la pré­pa­ra­tion de cette bois­son est un pré­texte au culte de la pu­reté et du raf­fi­ne­ment, un cé­ré­mo­nial où hôte et in­vité s’unissent pour réa­li­ser la plus haute com­mu­nion. Là, l’esprit de l’Extrême- règne sans conteste. «Il ne faut donc ja­mais of­frir de thé à un , à moins de vou­loir an­crer dé­fi­ni­ti­ve­ment dans son es­prit l’idée que tout Oc­ci­den­tal est un bar­bare», ex­plique un gas­tro­nome 3. C’est sous la dy­nas­tie des Tang 4 que le thé de­vint la bois­son or­di­naire et de pre­mière né­ces­sité pour les . Pen­dant une tren­taine de jours par an, des ar­mées de cueilleuses, jeunes pour la plu­part, le cueillaient au pe­tit jour et le por­taient en chan­tant. La ca­pi­tale fas­tueuse des Tang, Chang’an 5, abri­tait de grands bu­veurs, à la fois et , peintres et cal­li­graphes. L’un d’eux, nommé Lu Yu 6, se fit l’apôtre ex­clu­sif du thé, et dans son pe­tit ou­vrage, le «Cha Jing», pu­blié en 780 apr. J.-C., il for­mula l’art de cette bois­son qui fait en­core ré­fé­rence : en de quoi les mar­chands de thé l’honoreront comme leur tu­té­laire. Le «Cha Jing» traite, en dix cha­pitres, des du thé, des étapes de sa fa­bri­ca­tion, des us­ten­siles et des fa­çons de le boire pour ob­te­nir des ef­fets aussi sub­tils et aussi dé­li­cieux que ceux du . Mais l’amateur de belles-lettres ne prê­tera de l’intérêt qu’au sep­tième et plus long cha­pitre, qui est une suc­ces­sion d’, de bribes de poèmes mê­lant cette bois­son à la de di­vers  : vé­ri­table piège tendu à la .

  1. En chi­nois «茶經». Par­fois trans­crit «Tcha-Tching», «Ch’a Ching», «Cha­king», «Tch’a King» ou «Tch’a Tsing». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Livre du thé» ou «Le Ca­non du thé». Icône Haut
  3. M. Ma­rin Wagda. Icône Haut
  1. De l’an 618 à l’an 907. Icône Haut
  2. Aujourd’hui Xi’an (西安). Au­tre­fois trans­crit Tch’ang-ngan. Icône Haut
  3. En chi­nois 陸羽. Au­tre­fois trans­crit Lou-yu, Lu Jü ou Lu­wuh. À ne pas confondre avec Lu You, le poète de la dy­nas­tie des Song, qui vé­cut quatre siècles plus tard. Icône Haut