Icône Mot-clefmystique

Hallâj, « Le Livre “Tâwasîn” • Le Jardin de la connaissance »

éd. Albouraq, Beyrouth

éd. Al­bou­raq, Bey­routh

Il s’agit du «Livre du Tâ et du Sîn» («Ki­tâb al-Tâ-wa-Sîn» 1) et autres œuvres de Hu­sayn ibn Man­sûr, et poète d’expression , plus connu sous le sur­nom de  2car­deur de co­ton»). «Ce so­bri­quet de “car­deur”, donné à Hal­lâj parce qu’il li­sait dans les cœurs, y dis­cri­mi­nant, comme le peigne à car­der, la d’avec la faus­seté, peut fort bien lui avoir été donné tant en du réel mé­tier de son père, que par al­lu­sion au sien propre», ex­plique Louis Mas­si­gnon 3. Pour avoir ré­vélé son union in­time avec , et pour avoir dit de­vant tout le , sous l’empire de l’extase : «Je suis la sou­ve­raine Vé­rité» («Anâ al-Haqq» 4), c’est-à-dire «Je suis Dieu que j’aime, et Dieu que j’aime est » 5, Hal­lâj fut sup­pli­cié en 922 apr. J.-C. On ra­conte qu’à la veille de son sup­plice, dans sa cel­lule, il ne cessa de ré­pé­ter : «illu­sion, illu­sion», jusqu’à ce que la plus grande par­tie de la fût pas­sée. Alors, il se tut un long mo­ment. Puis, il s’écria : «vé­rité, vé­rité» 6. Lorsqu’ils l’amenèrent pour le cru­ci­fier, et qu’il aper­çut le gi­bet et les clous, il rit au point que ses yeux en pleu­rèrent. Puis, il se tourna vers la foule et y re­con­nut son ami Shi­blî : «As-tu avec toi ton de prière? — Oui. — Étends-le-moi» 7. Shi­blî éten­dit son ta­pis. Alors, Hal­lâj ré­cita, entre autres, ce ver­set du  : «Toute goû­tera la … car qu’est-ce que la ici-bas si­non la jouis­sance pré­caire de va­ni­tés?» 8 Et après avoir achevé cette prière, il dit un poème de son cru :

«Tuez-moi, ô mes fi­dèles, car c’est dans mon meurtre qu’est ma vie.
Ma mise à mort ré­side dans ma vie, et ma vie dans ma mise à mort
»

  1. En arabe «كتاب الطاوسين». Par suite d’une faute, «كتاب الطواسين», trans­crit «Ki­tâb al Tawâ­sîn» ou «Ki­taab at-Ta­waa­seen». Icône Haut
  2. En arabe حلاج. Par­fois trans­crit Hal­ladsch, Ḥal­lâdj, Ha­ladž, Hal­lage, Hal­lac ou Ḥallāǧ. Icône Haut
  3. «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 142. Icône Haut
  4. En arabe «اناالحق». Par­fois trans­crit «Ana al­hakk», «Ana’l Hagg» ou «En el-Hak». Icône Haut
  1. «Re­cueil du “Dîwân”», p. 129. Icône Haut
  2. Dans Louis Mas­si­gnon, «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 620. Icône Haut
  3. Dans id. p. 649. Icône Haut
  4. III, 185. Icône Haut

Hujwirî, « Somme spirituelle, “Kashf al-Mahjûb” »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan ‘Alî al-Hu­j­wirî 1, théo­lo­gien né à Hu­j­wir, ban­lieue de la ville de Ghaznî, dans l’actuel (XIe siècle apr. J.-C.). On ne connaît guère sa , si­non qu’il fit de nom­breux et qu’il vi­sita la , le Tur­kes­tan, l’, l’ et les bords de la Cas­pienne. Le der­nier, ce­pen­dant, fut ce­lui qu’il ef­fec­tua à La­hore, dans l’actuel , où il fut re­tenu — contre son gré, pa­raît-il — pen­dant des dé­cen­nies et jusqu’à sa . Dans son «Ka­shf al-Mah­jûb» 2Somme spi­ri­tuelle», ou lit­té­ra­le­ment « des choses voi­lées» 3), il se plaint de la perte de ses lais­sés à Ghaznî : «Mon cheikh», dit-il 4, «ra­con­tait d’autres [en­core], mais il m’est im­pos­sible d’en rap­por­ter plus, mes livres ayant été lais­sés à Ghaznî — que la pro­tège! — tan­dis que -même je suis forcé de res­ter à La­hore, parmi les gens vils». Il est cu­rieux que ces «gens vils» lui aient édi­fié, de­puis, un im­mense mau­so­lée à La­hore, où il est vé­néré sous le sur­nom de Dâtâ Gandj Ba­khsh 5. Le «Ka­shf al-Mah­jûb» est le plus an­cien de en per­sane. Hé­las! le sou­fisme, tel que le conçoit Hu­j­wirî, a d’énergiques par­tis pris et res­semble fort à ce qu’est l’islamisme. Il consiste sur­tout dans l’austérité des mœurs, dans la ré­pres­sion du luxe, dans une ani­mo­sité sys­té­ma­tique en­vers les ; tout cela conçu non comme une pri­vée qu’on ac­cepte pour , mais comme une loi d’État, dont le roi et les princes sont les gar­diens. Dans une foule de cas, sous pré­texte d’hérésie, Hu­j­wirî at­té­nue, al­tère, ex­plique ce qui touche à l’extase des . Il avoue que ces sou­fis, quelque in­égaux et peu cor­rects qu’ils soient, ont de beaux traits; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa  : «Toutes les pa­roles de Hal­lâj», pré­tend-il 6, «res­semblent à celles des dé­bu­tants : cer­taines sont plus fortes, d’autres plus faibles, d’autres plus fa­ciles, d’autres plus in­con­ve­nantes… Il vous faut sa­voir que les pa­roles de ne doivent pas être prises comme mo­dèles, car il était un ex­ta­tique, non pon­déré, et un doit être pon­déré avant que ses pa­roles fassent au­to­rité… On rap­porte qu’il di­sait “que les langues qui parlent sont la des­truc­tion des cœurs si­len­cieux”… : en , cette phrase est dé­pour­vue de sens». Et Hu­j­wirî de s’appuyer sur des théo­lo­giens comme lui qui, à pro­pre­ment par­ler, ne font pas par­tie du sou­fisme.

  1. En per­san هجویری. Par­fois trans­crit Houd­j­viri, Hou­j­wiri, Hod­j­vîri, Ho­juirî, Ha­j­very, Ha­j­veri, Ha­j­weri, Hu­j­weri, Hu­j­wuri, Houd­jouari, Hu­j­wiry, Hud­jwīrī ou Hu­jvīrī. Icône Haut
  2. En per­san «کشف‌المحجوب». Par­fois trans­crit «Ka­shf-ul-Mah­jab», «Kašf al-Maḥǧûb», «Ka­chf al-Maḥ­joûb», «Ka­shf-ul-Mah­jup», «Ka­schf-ol Mahd­joub», «Ke­shf el-Mahd­joub», «Ka­shf al Mah­joob», «Ka­shf-al-Meh­jub» ou «Ka­shf al-Maḥd­jūb». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Dé­voi­le­ment des mys­tères» ou «Ré­vé­la­tion du ca­ché». Icône Haut
  1. p. 120. Icône Haut
  2. En our­dou داتا گنج بخش. Par­fois trans­crit Data Ganj Baksh ou Data Gandj Ba­khch. Icône Haut
  3. p. 183-185. Icône Haut

Cioran, « Œuvres »

éd. Gallimard, coll. Quarto, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Quarto, Pa­ris

Il s’agit de M. Emil Cio­ran 1, in­tel­lec­tuel d’expression fran­çaise (XXe siècle). Com­ment peut-on être ? com­ment peut-on dis­po­ser d’une si sub­tile et ne pas réus­sir à ex­pri­mer les si­gni­fi­ca­tions de l’ d’aujourd’hui?, se de­man­dait M. Cio­ran. Il lui sem­blait que le ac­tuel était ter­ri­ble­ment in­té­res­sant, et son seul re­gret était de ne pas pou­voir y par­ti­ci­per da­van­tage — à cause de lui-même, ou plu­tôt de son des­tin d’intellectuel rou­main : «Qui­conque est doué du sens de l’», dit-il 2, «ad­met­tra que… les Rou­mains ont vécu dans une in­exis­tence per­ma­nente». Mais ar­rivé en , M. Cio­ran fut sur­pris de voir que la France même, au­tre­ment douée et pla­cée, ne par­ti­ci­pait plus aux choses, ni même ne leur as­si­gnait un nom. Il lui sem­blait pour­tant que la vo­ca­tion pre­mière de cette était de com­prendre les autres et de leur faire com­prendre. Mais de­puis des dé­cen­nies, la France cher­chait des au lieu d’en don­ner : «J’étais allé loin pour cher­cher le , et le so­leil, en­fin trouvé, m’était hos­tile. Et si j’allais me je­ter du haut de la fa­laise? Pen­dant que je fai­sais des consi­dé­ra­tions plu­tôt sombres, tout en re­gar­dant ces pins, ces ro­chers, ces vagues, je sen­tis sou­dain à quel point j’étais rivé à ce bel uni­vers mau­dit», dit-il 3. Si, dans son œuvre de langue rou­maine, M. Cio­ran ne ces­sait de dé­plo­rer la si­tua­tion des sans des­tin, des cultures mi­neures, tou­jours res­tées ano­nymes, ses ou­vrages de langue fran­çaise offrent une vi­sion tout aussi pes­si­miste des cultures ma­jeures ayant eu ja­dis une am­bi­tion et un de trans­for­mer le monde, ar­ri­vées dé­sor­mais à une phase de dé­clin, à la per­pé­tua­tion d’une «race de sous-hommes, res­quilleurs de l’» 4. Et les unes et les autres marchent — courent même — vers un dé­sastre réel, et non vers quelque idéale . Et M. Cio­ran de conclure : «Le “pro­grès” est l’équivalent mo­derne de la Chute, la ver­sion pro­fane de la dam­na­tion» 5.

  1. Éga­le­ment connu sous le sur­nom d’E. M. Cio­ran. Fas­ciné par les ini­tiales d’E. M. Fors­ter, Cio­ran les adopta pour lui-même. Il di­sait qu’Emil tout court, c’était un pré­nom vul­gaire, un pré­nom de coif­feur. Icône Haut
  2. « et Des­tin». Icône Haut
  3. «Aveux et Ana­thèmes». Icône Haut
  1. «Pré­cis de dé­com­po­si­tion». Icône Haut
  2. «La Chute dans le ». Icône Haut

« Le Veda : premier livre sacré de l’Inde. Tome I »

éd. Gérard et Cie, coll. Marabout université-Trésors spirituels de l’humanité, Verviers

éd. Gé­rard et Cie, coll. Ma­ra­bout uni­ver­sité- spi­ri­tuels de l’, Ver­viers

Il s’agit du «Ṛg­veda» 1, de l’«Athar­va­veda» 2 et autres hin­dous por­tant le nom de Vé­das (« sa­crées») — nom dé­rivé de la même ra­cine «vid» qui se trouve dans nos mots «idée», «idole». Il est cer­tain que ces hymnes sont le plus an­cien mo­nu­ment de la lit­té­ra­ture de l’Inde (IIe mil­lé­naire av. J.-C.). On peut s’en convaincre déjà par leur désuète qui ar­rête à chaque pas in­ter­prètes et tra­duc­teurs; mais ce qui le prouve en­core mieux, c’est qu’on n’y trouve au­cune trace du culte aujourd’hui om­ni­pré­sent de Râma et de Kṛṣṇa. Je ne vou­drais pas, pour au­tant, qu’on se fasse une opi­nion trop exa­gé­rée de leur mé­rite. On a af­faire à des bribes de dé­cou­sues, à des for­mules de dé­con­cer­tantes, sortes de bal­bu­tie­ments du verbe, dont l’originalité fi­nit par aga­cer. «Les , de­puis [Abel] Ber­gaigne sur­tout, ont cessé d’admirer dans les Vé­das les pre­miers hymnes de l’humanité ou de la “race aryenne” en pré­sence [de] la … À par­ler franc, les trois quarts et demi du “Ṛg­veda” sont du ga­li­ma­tias. Les in­dia­nistes le savent et en conviennent vo­lon­tiers entre eux», dit Sa­lo­mon Rei­nach 3. La vé­dique est, en ef­fet, une rhé­to­rique bi­zarre, qui ef­fa­rouche les meilleurs sa­vants par la dis­pa­rité des images et le che­vau­che­ment des sens. Elle se com­pose de mé­ta­phores sa­cer­do­tales, com­pli­quées et obs­cures à des­sein, parce que les vé­diques, qui vi­vaient de l’autel, en­ten­daient s’en ré­ser­ver le mo­no­pole. Sou­vent, ces mé­ta­phores font, comme nous di­rions, d’une deux coups. Deux idées, as­so­ciées quelque part à une troi­sième, sont en­suite as­so­ciées l’une à l’autre, alors qu’elles hurlent de dé­goût de se voir en­semble. Voici un exemple dont l’étrangeté a, du moins, une sa­veur my­tho­lo­gique : Le «soma» («li­queur cé­leste») sort de la nuée. La nuée est une vache. Le «soma» est donc un lait, ou plu­tôt, c’est un beurre qui a des «pieds», qui a des «sa­bots», et qu’Indra trouve dans la vache. Le «soma» est donc un veau qui sort d’un «pis», et ce qui est plus fort, du pis d’un mâle, par suite de la sub­sti­tu­tion du mot «nuée» avec le mot «nuage». De là, cet hymne :

«Voilà le nom se­cret du beurre :
“Langue des ”, “nom­bril de l’immortel”.
Pro­cla­mons le nom du beurre,
Sou­te­nons-le de nos hom­mages en ce !…
Le buffle aux quatre cornes l’a ex­crété.
Il a quatre cornes, trois pieds…
Elles jaillissent de l’océan spi­ri­tuel,
Ces cou­lées de beurre cent fois en­closes,
In­vi­sibles à l’ennemi. Je les consi­dère :
La verge d’ est en leur mi­lieu
», etc.

  1. En «ऋग्वेद». Par­fois trans­crit «Rk Veda», «Rak-véda», «Rag­veda», «Rěg­veda», «Rik-veda», «Rick Veda» ou «Rig-ved». Icône Haut
  2. En sans­crit «अथर्ववेद». Icône Haut
  1. «Or­pheus : gé­né­rale des re­li­gions», p. 77-78. On peut joindre à cette opi­nion celle de Vol­taire : «Les Vé­das sont le plus en­nuyeux fa­tras que j’aie ja­mais lu. Fi­gu­rez-vous la “Lé­gende do­rée”, les “Confor­mi­tés de saint Fran­çois d’Assise”, les “Exer­cices spi­ri­tuels” de saint Ignace et les “Ser­mons” de Me­not joints en­semble, vous n’aurez en­core qu’une idée très im­par­faite des im­per­ti­nences des Vé­das» («Lettres chi­noises, in­diennes et tar­tares», lettre IX). Icône Haut

Attar, « Le Livre de l’épreuve, “Musībatnāma” »

éd. Fayard, coll. L’Espace intérieur, Paris

éd. Fayard, coll. L’ in­té­rieur, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de l’épreuve» («Mo­si­bet na­mèh» 1) de  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la  5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «مصیبت‌نامه». Par­fois trans­crit «Mos­si­bat-nā­meh», «Moṣi­bat-nāme» ou «Muṣī­bat-nāma». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  2. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Tchouang-tseu, « L’Œuvre complète »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu 1, pen­seur ïste, un des plus grands maîtres de la prose chi­noise (IVe siècle av. J.-C.). Laissé pour compte du­rant des siècles, il exer­cera une tar­dive, mais sans cesse crois­sante, tant sur les que sur les , et en l’an 742 apr. J.-C. l’Empereur pro­mul­guera un édit pour ca­no­ni­ser son «Œuvre com­plète», dé­sor­mais un clas­sique, qui se verra at­tri­buer le titre post­hume de «Clas­sique au­then­tique de la splen­deur mé­ri­dio­nale» («Nan­hua zhen­jing» 2). En Tchouang-tseu, nous ren­con­trons un phi­lo­sophe ori­gi­nal dont le de poète, plein d’images har­dies, d’artifices lit­té­raires, pos­sède un at­trait in­connu aux autres pen­seurs de la . Son «Œuvre com­plète» prend l’aspect d’allégories ; de pen­sées non seule­ment ré­flé­chies et dé­mon­trées, mais res­sen­ties et pé­né­trant tout son être. Sa , c’est le quié­tisme na­tu­ra­liste. «Na­tu­ra­liste», car se­lon Tchouang-tseu, tout est bien à l’état na­tu­rel; tout dé­gé­nère entre les mains de l’. «Quié­tisme», car pour re­trou­ver en la splen­deur ori­gi­nelle de la , il faut une tran­quillité comme celle de l’ inerte; un calme comme ce­lui du  : «Si la tran­quillité de l’eau per­met de re­flé­ter les choses, que ne peut celle de l’esprit? Qu’il est tran­quille, l’esprit du saint! Il est le mi­roir de l’univers et de tous les êtres» 3. L’acte su­prême est de ne point in­ter­ve­nir, et la su­prême est de ne rien dire : «La nasse sert à prendre le pois­son; quand le pois­son est pris, ou­bliez la nasse. Le piège sert à cap­tu­rer le lièvre; quand le lièvre est pris, ou­bliez le piège. La pa­role sert à ex­pri­mer l’idée; quand l’idée est sai­sie, ou­bliez la pa­role. [Où] pour­rais-je ren­con­trer quelqu’un qui ou­blie la pa­role, et dia­lo­guer avec lui?» 4 La pa­role n’est pas sûre, car c’est d’elle que pro­viennent toutes les dis­tinc­tions éta­blies ar­ti­fi­ciel­le­ment par l’homme. , l’univers est in­dis­tinct, in­for­mel, et soi-même est aussi l’autre : «Ja­dis, Tchouang-tseu rêva qu’il était un pa­pillon vol­ti­geant et sa­tis­fait de son sort et igno­rant qu’il était Tchouang-tseu lui-même; brus­que­ment, il s’éveilla et s’aperçut avec éton­ne­ment qu’il était Tchouang-tseu. Il ne sut plus si c’était Tchouang-tseu rê­vant qu’il était un pa­pillon, ou un pa­pillon rê­vant qu’il était Tchouang-tseu»

  1. En chi­nois 莊子. Par­fois trans­crit Tchouang-tsée, Tchoang-tseu, Tchoang-tzeu, Tchouang-tsze, Tchuang-tze, Chwang-tsze, Chuang-tze, Choang-tzu, Zhuang Si, Zhouangzi ou Zhuangzi. Éga­le­ment connu sous le nom de Tchouang Tcheou (莊周). Par­fois trans­crit Tchuang-tcheou, Chuang Chou, Zhouang Zhou ou Zhuang Zhou. Icône Haut
  2. En chi­nois «南華真經». Par­fois trans­crit «Nan-houa tcheng-king», «Nan-hoà-cienn ching», «Nan hwa chin king», «Nan-hoa-tchenn king», «Nan-houa tchen-tsing» ou «Nan-hua chen ching». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «南華經» («Nan­hua­jing»). Icône Haut
  1. p. 111. Icône Haut
  2. p. 221. Icône Haut

Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome II »

éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec

éd. D. de Brouwer-L’Action so­ciale, Pa­ris-

Il s’agit de la «Re­traite de 1634» et autres de la mère Ma­rie de l’Incarnation 1, la pre­mière en date, comme la pre­mière en , parmi les ve­nues évan­gé­li­ser le (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent com­po­sés sans souci d’agrément lit­té­raire. Mais ils viennent d’une femme de ca­rac­tère qui était, en , une d’exception et qui, en as­so­ciant son di­rec­te­ment à , fit l’économie d’une dé­pen­dance par rap­port aux hommes. Sa piété cou­ra­geuse et son saint en­thou­siasme étaient suf­fi­sam­ment connus pour que Bos­suet l’ait ap­pe­lée «la Thé­rèse de nos jours et du Nou­veau » 2. «Au Ca­nada, ses œuvres sont un tré­sor de », ex­plique dom Al­bert Ja­met. «Mais les de l’ancienne doivent sa­voir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop dés­in­té­res­sés. “En France”, no­tait Sainte-Beuve 3, “nous ne nous mon­trons pas tou­jours as­sez soi­gneux ou fiers de nos ri­chesses.” À Tours, où elle na­quit en 1599, Ma­rie de l’Incarnation fut éle­vée aux su­blimes états d’oraison qui la font al­ler de pair avec les plus hauts contem­pla­tifs de tous les et de tous les pays. À Qué­bec, où elle ar­riva en 1639, c’est une œuvre fran­çaise qu’elle fit du­rant les trente-deux an­nées qui lui res­taient en­core à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’ in­di­vis des deux France.»

  1. À ne pas confondre avec Barbe Aca­rie, née Barbe Avrillot, qui en­tra éga­le­ment en sous le nom de Ma­rie de l’Incarnation. Elle vé­cut un siècle plus tôt. Icône Haut
  2. «Ins­truc­tion sur les états d’oraison», liv. IX. Bos­suet a écrit ailleurs à une cor­res­pon­dante : «J’ai vu, de­puis peu, la de la mère Ma­rie de l’Incarnation… Tout y est ad­mi­rable, et je vous ren­ver­rai bien­tôt [des] ex­traits pour vous en ser­vir» («Lettres à la sœur Cor­nuau», lettre CIII). Icône Haut
  1. «Port-Royal», liv. I. Icône Haut

Marie de l’Incarnation, « Écrits spirituels et historiques. Tome I »

éd. D. de Brouwer-L’Action sociale, Paris-Québec

éd. D. de Brouwer-L’Action so­ciale, Pa­ris-

Il s’agit de la «Re­la­tion de 1633» et autres de la mère Ma­rie de l’Incarnation 1, la pre­mière en date, comme la pre­mière en , parmi les ve­nues évan­gé­li­ser le (XVIIe siècle apr. J.-C.). Certes, ses écrits furent com­po­sés sans souci d’agrément lit­té­raire. Mais ils viennent d’une femme de ca­rac­tère qui était, en , une d’exception et qui, en as­so­ciant son di­rec­te­ment à , fit l’économie d’une dé­pen­dance par rap­port aux hommes. Sa piété cou­ra­geuse et son saint en­thou­siasme étaient suf­fi­sam­ment connus pour que Bos­suet l’ait ap­pe­lée «la Thé­rèse de nos jours et du Nou­veau » 2. «Au Ca­nada, ses œuvres sont un tré­sor de », ex­plique dom Al­bert Ja­met. «Mais les de l’ancienne doivent sa­voir que ses œuvres sont toutes leurs aussi, et au même titre. Peut-être s’en sont-ils trop dés­in­té­res­sés. “En France”, no­tait Sainte-Beuve 3, “nous ne nous mon­trons pas tou­jours as­sez soi­gneux ou fiers de nos ri­chesses.” À Tours, où elle na­quit en 1599, Ma­rie de l’Incarnation fut éle­vée aux su­blimes états d’oraison qui la font al­ler de pair avec les plus hauts contem­pla­tifs de tous les et de tous les pays. À Qué­bec, où elle ar­riva en 1639, c’est une œuvre fran­çaise qu’elle fit du­rant les trente-deux an­nées qui lui res­taient en­core à vivre. Par là, ses écrits sont le bien et l’ in­di­vis des deux France.»

  1. À ne pas confondre avec Barbe Aca­rie, née Barbe Avrillot, qui en­tra éga­le­ment en sous le nom de Ma­rie de l’Incarnation. Elle vé­cut un siècle plus tôt. Icône Haut
  2. «Ins­truc­tion sur les états d’oraison», liv. IX. Bos­suet a écrit ailleurs à une cor­res­pon­dante : «J’ai vu, de­puis peu, la de la mère Ma­rie de l’Incarnation… Tout y est ad­mi­rable, et je vous ren­ver­rai bien­tôt [des] ex­traits pour vous en ser­vir» («Lettres à la sœur Cor­nuau», lettre CIII). Icône Haut
  1. «Port-Royal», liv. I. Icône Haut

Rypka, « Dans l’intimité d’un mystique iranien »

dans « L’Âme de l’Iran » (coll. Spiritualités vivantes, éd. A. Michel, Paris), p. 105-131

dans «L’Âme de l’» (coll. Spi­ri­tua­li­tés vi­vantes, éd. A. Mi­chel, Pa­ris), p. 105-131

Il s’agit du ré­cit «Dans l’intimité d’un » du doc­teur Jan Rypka, pro­fes­seur ti­tu­laire de turque et ira­nienne à l’Université de Prague, doyen de la Fa­culté des lettres, membre fon­da­teur de l’Institut orien­tal tché­co­slo­vaque, of­fi­cier de la Lé­gion d’ (Pa­ris), lau­réat de la mé­daille Fir­dousi (Té­hé­ran), etc. C’est un fait constant à toutes les époques que les gens d’esprit, dé­si­reux de se faire com­prendre, in­ventent dans ce des­sein toutes sortes d’artifices et cherchent à mettre en œuvre toutes les res­sources dont ils dis­posent. Pa­reil souci a poussé le doc­teur Rypka à com­po­ser ce ré­cit où il offre, par la bouche d’un mys­tique ira­nien, une étude élo­quente et par­faite de l’ hu­maine. Deux rai­sons conju­guées ont in­cité ce sa­vant à faire par­ler un mys­tique ira­nien : il trou­vait là, en même qu’un moyen de s’exprimer en toute , un do­maine fa­mi­lier à ses re­cherches; quant au ré­cit lui-même, il joi­gnait l’agrément à la , celle-ci le fai­sant choi­sir par les , ce­lui-là — par les lé­gers. Le mys­tique en ques­tion est un vieillard frêle et mince, d’âge in­cer­tain. Sa de­meure, mi­nus­cule comme une cage d’oiseau, est tout à fait per­due dans le la­by­rinthe des pe­tites ruelles qui en­toure l’angle Nord-Est du ba­zar de Té­hé­ran. Il n’a ni of­fice ni pré­bende et il vit dans une ab­so­lue, presque au jour le jour, les dons de ses fi­dèles consti­tuant sa seule res­source ma­té­rielle. Et il donne en­core aux autres! Dans sa cham­brette bai­gnée de lu­mière, les hôtes s’installent gé­né­ra­le­ment au­tour d’une longue table, sur de larges di­vans lon­geant les murs, as­sis, et le dos ap­puyé sur des cous­sins. Dans un coin se trouve une autre table, plus pe­tite, cou­verte de et de per­sans et arabes. C’est là le vrai centre au­tour du­quel tourne la dans la mai­son­nette du maître. Lui-même aime à feuille­ter ces livres toutes les fois qu’il a un mo­ment de li­berté ou se les fait ré­ci­ter par d’excellents . Son poète fa­vori est Magh­ribi :

«Si je te sa­lue, c’est que toi-même, tu es le . Si je te bé­nis, c’est que tu es toi-même la béné.
Com­ment quelqu’un peut-il te don­ner à toi-même? Car tu es à la fois ton propre bien­fait et ton propre bien­fai­teur
»

« Mohammad Iqbal »

éd. Seghers, coll. Poètes d’aujourd’hui, Paris

éd. Se­ghers, coll. d’aujourd’hui, Pa­ris

Il s’agit de  1, chef spi­ri­tuel de l’Inde mu­sul­mane, pen­seur et pro­ta­go­niste d’un ré­nové. Son très di­vers s’exerça aussi bien dans la que dans la , et s’exprima avec une égale maî­trise en prose et en vers, en our­dou et en . On peut ju­ger de l’étendue de son d’après le grand nombre d’études consa­crées à son su­jet. Cette in­fluence, qui se concentre prin­ci­pa­le­ment au , dont il fa­vo­risa la créa­tion, et où il jouit d’un ex­tra­or­di­naire pres­tige, dé­borde ce­pen­dant sur tout le is­la­mique. Ra­bin­dra­nath Ta­gore connut fort bien ce com­pa­triote in­dien, porte- de la , sur qui, au len­de­main de sa , il pu­blia le mes­sage sui­vant : «La mort de M. Mo­ham­mad Iq­bal creuse dans la lit­té­ra­ture un vide qui, comme une bles­sure pro­fonde, met­tra long­temps à gué­rir. L’Inde, dont la place dans le monde est trop étroite, peut dif­fi­ci­le­ment se pas­ser d’un poète dont la poé­sie a une va­leur aussi uni­ver­selle». Quelle était la si­tua­tion quand Iq­bal, sa thèse de doc­to­rat «La en » 2 tout juste ter­mi­née, com­mença à ap­pro­fon­dir et tenta de ré­soudre les pro­blèmes des gou­ver­nés par l’islam, qui le tour­men­taient de­puis quelques an­nées déjà? Les ha­bi­tants de ces États, ou­blieux de leur gloire pas­sée, se trou­vaient plon­gés dans une sorte de som­no­lence morne, faite de las­si­tude et de dé­cou­ra­ge­ment :

«La qui ré­chauf­fait le cœur de l’assemblée
S’est tue, et le luth s’est brisé…
Le mu­sul­man se la­mente sous le porche de la mos­quée
»

  1. En our­dou محمد اقبال. Par­fois trans­crit Mo­ham­med Eq­bâl, Mo­ha­mad Egh­bal, Mou­ham­mad Iq­bâl ou Mu­ham­mad Ik­bal. Icône Haut
  1. En «The De­ve­lop­ment of Me­ta­phy­sics in Per­sia». Icône Haut

Attar, « Le Mémorial des saints »

éd. du Seuil, coll. Points-Sagesses, Paris

éd. du Seuil, coll. Points-Sa­gesses, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion in­di­recte du «Mé­mo­rial des » («Tez­ki­ra­ta­lav­lia» 1) de  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la spi­ri­tuelle 5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «تذکرة الاولیا». Par­fois trans­crit «Tez­ke­ret ül-Ev­liyâ», «Tez­ki­ret el-Ev­liyâ», «Taz­ki­rat-ul-Aw­lià», «Taz­ka­rat al-Av­liya», «Taz­ke­rat ul-Aw­liyâ», «Taḏ­ke­rat al-Au­liā», «Tadh­ki­rat ‘l-Aw­liyâ» ou «Tadh­ke­rat al-Ow­liyâ». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

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  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

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  2. Les fous sont re­gar­dés comme des saints dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Attar, « “Pend-namèh”, ou le Livre des conseils »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «Livre des conseils» («Pend na­mèh» 1) at­tri­bué à  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la  5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «پند‌نامه». Par­fois trans­crit «Pand-nā­meh», «Pand­nâme», «Pend­name», «Pand-nāma» ou «Pand-nā­mah». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

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  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

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  2. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Attar, « Le Langage des oiseaux : poème de philosophie religieuse »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du « des » 1Man­tik al­taïr» 2) de  3 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 4; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 5. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la  6, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. Titre em­prunté au , XXVII, 16 : «Sa­lo­mon hé­rita de Da­vid et il dit : “Ô vous les hommes! On nous a ap­pris le lan­gage des oi­seaux. Nous avons été com­blés de tous les biens”». Icône Haut
  2. En «منطقالطیر». Par­fois trans­crit «Man­tegh ot-teyr», «Man­teq ut-tayr», «Man­tic ut­taïr», «Man­teq-at-tayr», «Manṭeq al-ṭeyr», «Man­tik al thaïr», «Man­tek at-tair» ou «Manṭiq al-ṭayr». Icône Haut
  3. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  1. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  2. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  3. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut