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Hallâj, « Recueil du “Dîwân” • Hymnes et Prières • Sentences prophétiques et philosophiques »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Islam, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit du Di­van (Re­cueil de poé­sies) et autres œuvres de Hu­sayn ibn Man­sûr, et poète d’expression , plus connu sous le sur­nom de  1car­deur de co­ton»). «Ce so­bri­quet de “car­deur”, donné à Hal­lâj parce qu’il li­sait dans les cœurs, y dis­cri­mi­nant, comme le peigne à car­der, la d’avec la faus­seté, peut fort bien lui avoir été donné tant en du réel mé­tier de son père, que par al­lu­sion au sien propre», ex­plique Louis Mas­si­gnon 2. Pour avoir ré­vélé son union in­time avec , et pour avoir dit de­vant tout le , sous l’empire de l’extase : «Je suis la sou­ve­raine Vé­rité» («Anâ al-Haqq» 3), c’est-à-dire «Je suis Dieu que j’aime, et Dieu que j’aime est » 4, Hal­lâj fut sup­pli­cié en 922 apr. J.-C. On ra­conte qu’à la veille de son sup­plice, dans sa cel­lule, il ne cessa de ré­pé­ter : «illu­sion, illu­sion», jusqu’à ce que la plus grande par­tie de la fût pas­sée. Alors, il se tut un long mo­ment. Puis, il s’écria : «vé­rité, vé­rité» 5. Lorsqu’ils l’amenèrent pour le cru­ci­fier, et qu’il aper­çut le gi­bet et les clous, il rit au point que ses yeux en pleu­rèrent. Puis, il se tourna vers la foule et y re­con­nut son ami Shi­blî : «As-tu avec toi ton de prière? — Oui. — Étends-le-moi» 6. Shi­blî éten­dit son ta­pis. Alors, Hal­lâj ré­cita, entre autres, ce ver­set du  : «Toute goû­tera la … car qu’est-ce que la ici-bas si­non la jouis­sance pré­caire de va­ni­tés?» 7 Et après avoir achevé cette prière, il dit un poème de son cru :

«Tuez-moi, ô mes fi­dèles, car c’est dans mon meurtre qu’est ma vie.
Ma mise à mort ré­side dans ma vie, et ma vie dans ma mise à mort
»

  1. En arabe حلاج. Par­fois trans­crit Hal­ladsch, Ḥal­lâdj, Ha­ladž, Hal­lage, Hal­lac ou Ḥallāǧ. Icône Haut
  2. «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 142. Icône Haut
  3. En arabe «اناالحق». Par­fois trans­crit «Ana al­hakk», «Ana’l Hagg» ou «En el-Hak». Icône Haut
  4. «Re­cueil du “Dîwân”», p. 129. Icône Haut
  1. Dans Louis Mas­si­gnon, «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 620. Icône Haut
  2. Dans id. p. 649. Icône Haut
  3. III, 185. Icône Haut

Hallâj, « Le Livre “Tâwasîn” • Le Jardin de la connaissance »

éd. Albouraq, Beyrouth

éd. Al­bou­raq, Bey­routh

Il s’agit du «Livre du Tâ et du Sîn» («Ki­tâb al-Tâ-wa-Sîn» 1) et autres œuvres de Hu­sayn ibn Man­sûr, et poète d’expression , plus connu sous le sur­nom de  2car­deur de co­ton»). «Ce so­bri­quet de “car­deur”, donné à Hal­lâj parce qu’il li­sait dans les cœurs, y dis­cri­mi­nant, comme le peigne à car­der, la d’avec la faus­seté, peut fort bien lui avoir été donné tant en du réel mé­tier de son père, que par al­lu­sion au sien propre», ex­plique Louis Mas­si­gnon 3. Pour avoir ré­vélé son union in­time avec , et pour avoir dit de­vant tout le , sous l’empire de l’extase : «Je suis la sou­ve­raine Vé­rité» («Anâ al-Haqq» 4), c’est-à-dire «Je suis Dieu que j’aime, et Dieu que j’aime est » 5, Hal­lâj fut sup­pli­cié en 922 apr. J.-C. On ra­conte qu’à la veille de son sup­plice, dans sa cel­lule, il ne cessa de ré­pé­ter : «illu­sion, illu­sion», jusqu’à ce que la plus grande par­tie de la fût pas­sée. Alors, il se tut un long mo­ment. Puis, il s’écria : «vé­rité, vé­rité» 6. Lorsqu’ils l’amenèrent pour le cru­ci­fier, et qu’il aper­çut le gi­bet et les clous, il rit au point que ses yeux en pleu­rèrent. Puis, il se tourna vers la foule et y re­con­nut son ami Shi­blî : «As-tu avec toi ton de prière? — Oui. — Étends-le-moi» 7. Shi­blî éten­dit son ta­pis. Alors, Hal­lâj ré­cita, entre autres, ce ver­set du  : «Toute goû­tera la … car qu’est-ce que la ici-bas si­non la jouis­sance pré­caire de va­ni­tés?» 8 Et après avoir achevé cette prière, il dit un poème de son cru :

«Tuez-moi, ô mes fi­dèles, car c’est dans mon meurtre qu’est ma vie.
Ma mise à mort ré­side dans ma vie, et ma vie dans ma mise à mort
»

  1. En arabe «كتاب الطاوسين». Par suite d’une faute, «كتاب الطواسين», trans­crit «Ki­tâb al Tawâ­sîn» ou «Ki­taab at-Ta­waa­seen». Icône Haut
  2. En arabe حلاج. Par­fois trans­crit Hal­ladsch, Ḥal­lâdj, Ha­ladž, Hal­lage, Hal­lac ou Ḥallāǧ. Icône Haut
  3. «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 142. Icône Haut
  4. En arabe «اناالحق». Par­fois trans­crit «Ana al­hakk», «Ana’l Hagg» ou «En el-Hak». Icône Haut
  1. «Re­cueil du “Dîwân”», p. 129. Icône Haut
  2. Dans Louis Mas­si­gnon, «La Pas­sion de Hu­sayn ibn Man­sûr Hal­lâj. Tome I», p. 620. Icône Haut
  3. Dans id. p. 649. Icône Haut
  4. III, 185. Icône Haut

Hujwirî, « Somme spirituelle, “Kashf al-Mahjûb” »

éd. Sindbad, coll. La Bibliothèque de l’islam, Paris

éd. Sind­bad, coll. La Bi­blio­thèque de l’, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan ‘Alî al-Hu­j­wirî 1, théo­lo­gien né à Hu­j­wir, ban­lieue de la ville de Ghaznî, dans l’actuel (XIe siècle apr. J.-C.). On ne connaît guère sa , si­non qu’il fit de nom­breux et qu’il vi­sita la , le Tur­kes­tan, l’, l’ et les bords de la Cas­pienne. Le der­nier, ce­pen­dant, fut ce­lui qu’il ef­fec­tua à La­hore, dans l’actuel , où il fut re­tenu — contre son gré, pa­raît-il — pen­dant des dé­cen­nies et jusqu’à sa . Dans son «Ka­shf al-Mah­jûb» 2Somme spi­ri­tuelle», ou lit­té­ra­le­ment « des choses voi­lées» 3), il se plaint de la perte de ses lais­sés à Ghaznî : «Mon cheikh», dit-il 4, «ra­con­tait d’autres [en­core], mais il m’est im­pos­sible d’en rap­por­ter plus, mes livres ayant été lais­sés à Ghaznî — que la pro­tège! — tan­dis que -même je suis forcé de res­ter à La­hore, parmi les gens vils». Il est cu­rieux que ces «gens vils» lui aient édi­fié, de­puis, un im­mense mau­so­lée à La­hore, où il est vé­néré sous le sur­nom de Dâtâ Gandj Ba­khsh 5. Le «Ka­shf al-Mah­jûb» est le plus an­cien de en per­sane. Hé­las! le sou­fisme, tel que le conçoit Hu­j­wirî, a d’énergiques par­tis pris et res­semble fort à ce qu’est l’islamisme. Il consiste sur­tout dans l’austérité des mœurs, dans la ré­pres­sion du luxe, dans une ani­mo­sité sys­té­ma­tique en­vers les ; tout cela conçu non comme une pri­vée qu’on ac­cepte pour , mais comme une loi d’État, dont le roi et les princes sont les gar­diens. Dans une foule de cas, sous pré­texte d’hérésie, Hu­j­wirî at­té­nue, al­tère, ex­plique ce qui touche à l’extase des . Il avoue que ces sou­fis, quelque in­égaux et peu cor­rects qu’ils soient, ont de beaux traits; il les cite, et ils sont si beaux qu’ils font lire sa  : «Toutes les pa­roles de Hal­lâj», pré­tend-il 6, «res­semblent à celles des dé­bu­tants : cer­taines sont plus fortes, d’autres plus faibles, d’autres plus fa­ciles, d’autres plus in­con­ve­nantes… Il vous faut sa­voir que les pa­roles de ne doivent pas être prises comme mo­dèles, car il était un ex­ta­tique, non pon­déré, et un doit être pon­déré avant que ses pa­roles fassent au­to­rité… On rap­porte qu’il di­sait “que les langues qui parlent sont la des­truc­tion des cœurs si­len­cieux”… : en , cette phrase est dé­pour­vue de sens». Et Hu­j­wirî de s’appuyer sur des théo­lo­giens comme lui qui, à pro­pre­ment par­ler, ne font pas par­tie du sou­fisme.

  1. En per­san هجویری. Par­fois trans­crit Houd­j­viri, Hou­j­wiri, Hod­j­vîri, Ho­juirî, Ha­j­very, Ha­j­veri, Ha­j­weri, Hu­j­weri, Hu­j­wuri, Houd­jouari, Hu­j­wiry, Hud­jwīrī ou Hu­jvīrī. Icône Haut
  2. En per­san «کشف‌المحجوب». Par­fois trans­crit «Ka­shf-ul-Mah­jab», «Kašf al-Maḥǧûb», «Ka­chf al-Maḥ­joûb», «Ka­shf-ul-Mah­jup», «Ka­schf-ol Mahd­joub», «Ke­shf el-Mahd­joub», «Ka­shf al Mah­joob», «Ka­shf-al-Meh­jub» ou «Ka­shf al-Maḥd­jūb». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Dé­voi­le­ment des mys­tères» ou «Ré­vé­la­tion du ca­ché». Icône Haut
  1. p. 120. Icône Haut
  2. En our­dou داتا گنج بخش. Par­fois trans­crit Data Ganj Baksh ou Data Gandj Ba­khch. Icône Haut
  3. p. 183-185. Icône Haut

Kharaqânî, « Paroles d’un soufi »

éd. du Seuil, coll. Points-Sagesses, Paris

éd. du Seuil, coll. Points-Sa­gesses, Pa­ris

Il s’agit d’Abû’l-Hasan Kha­ra­qânî 1, qui ne sa­vait ni lire ni écrire (Xe-XIe siècle apr. J.-C.). Ce n’était pas un théo­ri­cien, mais un saint ab­sorbé dans la et les pra­tiques as­cé­tiques. «Cet océan de tris­tesse, cet plus so­lide que le roc, ce di­vin, ce sans confins, ce pro­dige du Sei­gneur, ce pôle de l’époque, Abû’l-Hasan Kha­ra­qânî — que lui fasse ! — était le roi des rois de tous les maîtres… Il avait la sta­bi­lité d’une mon­tagne, il était le phare de la connais­sance… Il était le dé­po­si­taire des se­crets de la . Il avait une en­ver­gure d’ ex­tra­or­di­naire et un rang . Son sa­voir de la chose di­vine était im­mense, et l’intempérance de son dis­cours le cou­vrait d’un lustre in­com­pa­rable», dit At­tar 2.

Lorsque Kha­ra­qânî était en­fant, ses pa­rents l’envoyaient gar­der les bêtes dans les champs, un dé­jeu­ner dans les mains. L’enfant dis­tri­buait se­crè­te­ment son dé­jeu­ner en au­mône et ne man­geait rien jusqu’au soir. Un jour qu’il la­bou­rait la , l’appel à la prière re­ten­tit. Il alla ac­com­plir son de­voir, et lorsque les hommes eurent achevé de prier, ils s’aperçurent que les bœufs de Kha­ra­qânî la­bou­raient tout seuls. Il se pros­terna et dit : «Ô Sei­gneur! j’ai pour­tant en­tendu dire que tu ca­chais ceux que tu aimes aux yeux des hommes»

  1. En per­san ابوالحسن خرقانی. Par­fois trans­crit Aboul-Ha­san el-Khar­ra­kani, Abū al-Ḥa­san al-Ḫaraqānī, Abu’l-Ḥasan-e Khar­ra­qāni, Aby-l-Kha­san Kha­ra­kani, Abol­ha­san Kha­râ­ghani, Ab­dul Ha­san Khar­qani ou Ebu Ha­san el Ha­ra­kani. Icône Haut
  1. Dans p. 75. Icône Haut

Lu Yu, « Le Classique du thé, “Chajing” »

éd. Payot & Rivages, coll. Rivages poche-Petite Bibliothèque, Paris

éd. Payot & Ri­vages, coll. Ri­vages poche-Pe­tite Bi­blio­thèque, Pa­ris

Il s’agit du «Cha Jing» 1Clas­sique du thé» 2), le plus an­cien ou­vrage connu sur le thé (VIIIe siècle apr. J.-C.). En , le thé est un pro­duit de consom­ma­tion constante : c’est le breu­vage du pauvre et du riche. Chaque rue compte un cer­tain nombre de mai­sons de thé où, pour quelques sous, le pas­sant trouve une tasse d’un ex­cellent thé pour re­po­ser ses forces et ré­veiller ses . Au , la pré­pa­ra­tion de cette bois­son est un pré­texte au culte de la pu­reté et du raf­fi­ne­ment, un cé­ré­mo­nial où hôte et in­vité s’unissent pour réa­li­ser la plus haute com­mu­nion. Là, l’esprit de l’Extrême- règne sans conteste. «Il ne faut donc ja­mais of­frir de thé à un , à moins de vou­loir an­crer dé­fi­ni­ti­ve­ment dans son es­prit l’idée que tout Oc­ci­den­tal est un bar­bare», ex­plique un gas­tro­nome 3. C’est sous la dy­nas­tie des Tang 4 que le thé de­vint la bois­son or­di­naire et de pre­mière né­ces­sité pour les . Pen­dant une tren­taine de jours par an, des ar­mées de cueilleuses, jeunes pour la plu­part, le cueillaient au pe­tit jour et le por­taient en chan­tant. La ca­pi­tale fas­tueuse des Tang, Chang’an 5, abri­tait de grands bu­veurs, à la fois et , peintres et cal­li­graphes. L’un d’eux, nommé Lu Yu 6, se fit l’apôtre ex­clu­sif du thé, et dans son pe­tit ou­vrage, le «Cha Jing», pu­blié en 780 apr. J.-C., il for­mula l’art de cette bois­son qui fait en­core ré­fé­rence : en de quoi les mar­chands de thé l’honoreront comme leur tu­té­laire. Le «Cha Jing» traite, en dix cha­pitres, des du thé, des étapes de sa fa­bri­ca­tion, des us­ten­siles et des fa­çons de le boire pour ob­te­nir des ef­fets aussi sub­tils et aussi dé­li­cieux que ceux du . Mais l’amateur de belles-lettres ne prê­tera de l’intérêt qu’au sep­tième et plus long cha­pitre, qui est une suc­ces­sion d’, de bribes de poèmes mê­lant cette bois­son à la de di­vers  : vé­ri­table piège tendu à la .

  1. En chi­nois «茶經». Par­fois trans­crit «Tcha-Tching», «Ch’a Ching», «Cha­king», «Tch’a King» ou «Tch’a Tsing». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Livre du thé» ou «Le Ca­non du thé». Icône Haut
  3. M. Ma­rin Wagda. Icône Haut
  1. De l’an 618 à l’an 907. Icône Haut
  2. Aujourd’hui Xi’an (西安). Au­tre­fois trans­crit Tch’ang-ngan. Icône Haut
  3. En chi­nois 陸羽. Au­tre­fois trans­crit Lou-yu, Lu Jü ou Lu­wuh. À ne pas confondre avec Lu You, le poète de la dy­nas­tie des Song, qui vé­cut quatre siècles plus tard. Icône Haut

« Printemps et Automnes de Lü Buwei »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü» 1Lü­shi chun­qiu» 2). Ce n’est pas un ou­vrage his­to­rique comme son titre pour­rait le faire croire («Prin­temps et Au­tomnes» si­gni­fiant «An­née» ou «An­nales» en ), mais une col­lec­tion d’ phi­lo­so­phiques ré­di­gés pour le compte du sieur Lü (IIIe siècle av. J.-C.) et clas­sés sous les ru­briques des douze mois de l’année. D’abord très riche mar­chand, puis pre­mier mi­nistre, le sieur Lü, de son nom com­plet Lü Bu­wei 3, est une sorte de Ma­za­rin chi­nois. Il exerça la ré­gence pen­dant la mi­no­rité du jeune prince qui de­vait être un jour Em­pe­reur; d’aucuns veulent même qu’il en ait été le père na­tu­rel, en de son rap­port in­time avec l’Impératrice. Sans être un lit­té­ra­teur, il sa­vait soi­gner sa ré­pu­ta­tion et il en­tre­te­nait au­tour de lui une Cour de trois mille et ha­biles; il leur fit mettre en ordre ce qu’ils avaient en­tendu dire ou di­saient eux-mêmes, et c’est là les «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü». «La tra­di­tion veut que trois mille let­trés eussent ainsi été ras­sem­blés, hé­ber­gés, en­tre­te­nus [par lui], avec toutes les com­mo­di­tés de tra­vail que cela im­plique, plu­sieurs an­nées du­rant», ex­plique M. Ivan Ka­me­na­ro­vić 4. «Quand bien même ce chiffre se­rait fort exa­géré, il n’empêche que le ré­sul­tat éton­nant au­quel cette en­tre­prise a per­mis d’aboutir est à lui seul le sym­bole et l’expression d’un mo­ment ca­pi­tal de l’ de la chi­noise.» Une anec­dote cé­lèbre veut que, l’ouvrage ter­miné, le sieur Lü l’ait fait pla­cer à la porte du mar­ché de Xia­nyang 5, la ca­pi­tale des Qin, et sus­pendre au-des­sus une grosse somme d’, pro­mise à qui­conque trou­ve­rait un seul mot à chan­ger dans le texte; per­sonne n’osa se pré­sen­ter. Pour­tant, bien des dé­fauts au­raient pu être re­le­vés dans cette com­pi­la­tion éru­dite et terne.

  1. À ne pas confondre avec la chro­nique des «Prin­temps et Au­tomnes» re­la­tant l’histoire de Lu, pa­trie de . Icône Haut
  2. En chi­nois «呂氏春秋». Au­tre­fois trans­crit «Lu-chi tchun-tsieou», «Liu-cheu tch’oen-ts’ieou», «Liu-che tch’ouen-ts’ieou» ou «Lü shih ch’un-ch’iu». Icône Haut
  3. En chi­nois 呂不韋. Au­tre­fois trans­crit Lu-pou-ouei, Lu-pou-ouey, Lu Pou-wei, Liu Pou-wei, Lü Pu-wei ou Lü Bu We. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 咸陽. Par­fois trans­crit Hian yang, Sie­nyang, Hien-yang ou Hsien-yang. Icône Haut

Lie-tseu, « L’Authentique Classique de la parfaite vacuité »

éd. Entrelacs, Paris

éd. En­tre­lacs, Pa­ris

Il s’agit du «L’Authentique Clas­sique de la su­prême de la par­faite va­cuité» («Chong xu zhi de zhen jing»), plus connu sous le titre abrégé de «L’Authentique Clas­sique de la par­faite va­cuité» («Chong xu zhen jing» 1), ou­vrage fon­da­men­tal du . On l’appelle en­core com­mu­né­ment le «Lie-tseu» 2, du nom du phi­lo­sophe chi­nois qui en est le per­son­nage prin­ci­pal. Ce Lie-tseu est, aux cô­tés de Lao-tseu et de Tchouang-tseu, l’un des fon­da­teurs de l’école du . Il est cer­tai­ne­ment le moins connu des trois. On ignore tout de sa per­sonne, si­non qu’il avait la fa­culté de che­vau­cher le vent et de voya­ger dans les airs. Son confrère Tchouang-tseu lui prête ce pou­voir ma­gique dans le pas­sage sui­vant : «Lie-tseu se dé­pla­çait en che­vau­chant le vent. Il voya­geait de la fa­çon la plus agréable et s’en re­ve­nait au bout de quinze jours. Certes, un tel est rare» 3. Dans le «Lie-tseu» ac­tuel, qui ne date que du IIIe siècle apr. J.-C., il y a une part de «Lie-tseu» ori­gi­nal et une part d’interpolations tar­dives, ve­nant de re­cueils di­vers et quel­que­fois op­po­sés au taoïsme : «Les En­tre­tiens de Confu­cius», «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü», etc. Son contenu est de la dis­pa­rité la plus com­plète : «Nous de­vons… no­ter que les prin­cipes phi­lo­so­phiques qu’on y trouve dé­ve­lop­pés le sont sans au­cune ; ils sont au contraire ré­pan­dus çà et là, sans le moindre souci d’un ordre ou d’une mé­thode quel­conque», dit mon­sei­gneur . Mal­gré ces dis­pa­rates, ce cha­pe­let de bons mots et de conseils pour une hu­maine conve­nable, rat­ta­chés entre eux par le fil le plus lé­ger, tient notre at­ten­tion sous le charme par son agré­ment et sa sim­pli­cité. «Lie-tseu est sans le plus ac­ces­sible des fon­da­teurs du taoïsme», dit M. .

  1. En chi­nois «沖虛眞經». Au­tre­fois trans­crit «Tch’oung-hu-tchenn-king», «Tch’ong siu tchen king», «Tchoung-hiu-tchin-king», «Tchong-hiu tchen-king» ou «Tchong xu zhen jing». Icône Haut
  2. En chi­nois «列子». Par­fois trans­crit «Liä Dsi», «Lieht­zyy», «Lie-tze», «Lie-tse», «Lie-tsée», «Lieh Tzǔ», «Lie-tzeu» ou «Liezi». Icône Haut
  1. «L’Œuvre com­plète», ch. I. Icône Haut

« “Tchoung ioung”, L’Invariable Milieu »

dans « Les Quatre Livres » (XIXᵉ siècle), p. 27-67

dans «Les Quatre » (XIXe siècle), p. 27-67

Il s’agit de «L’Invariable Mi­lieu» 1Zhon­gyong» 2), ou­vrage ja­dis at­tri­bué au pe­tit-fils de Confu­cius, Zi Si 3. Sans al­ler jusqu’à consi­dé­rer Zi Si comme l’auteur, ainsi que le vou­lait la tra­di­tion, les ac­tuels lui en at­tri­buent le noyau. Le but de l’ouvrage est de prou­ver qu’il faut suivre en tout le «mi­lieu» — terme par le­quel on dé­signe, en comme dans toutes les langues, la voie mé­diane, la tem­pé­rance, la mo­dé­ra­tion. Ainsi le qui dit : «Me­dium te­nuere beati» («Les bien­heu­reux ont tenu le mi­lieu»). En ef­fet, le ca­rac­tère «zhong» si­gni­fie «mi­lieu», et «yong» — «or­di­naire, mé­diocre»; c’est donc le juste mi­lieu ou la mé­dio­crité d’, c’est-à-dire la per­sé­vé­rance dans une voie droite éga­le­ment éloi­gnée des ex­trêmes. Quand il ne s’élève dans l’ au­cun ex­cès de , de tris­tesse, de plai­sir, on dit que cette âme a at­teint l’invariable mi­lieu, parce qu’elle est en équi­libre et n’incline d’aucun côté. Quand ces s’expriment avec me­sure, on dit qu’elles sont en har­mo­nie. L’harmonie est le fon­de­ment de tout ce qui se fait dans l’univers. Cha­cun sait la trou­ver, mais il n’est donné qu’à un pe­tit nombre d’y per­sé­vé­rer un long  : «Les per­sonnes les plus igno­rantes, hommes ou , peuvent ar­ri­ver à la connaître», dit  4, «mais les plus grands eux-mêmes ne la connaissent pas dans toute son éten­due. [Elle] se trouve, quant à ses pre­miers prin­cipes, dans le cœur des per­sonnes les plus vul­gaires. Ses li­mites ex­trêmes at­teignent celles du et de la ».

  1. Par­fois tra­duit «L’Invariabilité dans le mi­lieu», «La Ré­gu­la­tion à usage or­di­naire», «Le Juste Mi­lieu, ou Le Mi­lieu im­muable» ou «La Doc­trine du juste mi­lieu». Icône Haut
  2. En chi­nois «中庸». Au­tre­fois trans­crit «Chum yum», «Chung yung», «Tsong-yong», «Tchong-yong», «Tchung-yung», «Tchoung-joung», «Tchoung ioung» ou «Tchoûng yoûng». Icône Haut
  1. En chi­nois 子思. Au­tre­fois trans­crit Tsu Su, Tseu Sseu, Tseù-ssê ou Tzeu Seu. Icône Haut
  2. p. 7-8. Icône Haut

Tseng-tseu, « “Hiao King”, Le Livre de la piété filiale ou de l’amour filial »

dans « Revue de Corée », vol. 5, nº 2, p. 39-70

dans «Re­vue de », vol. 5, nº 2, p. 39-70

Il s’agit du «Livre de la » 1Hiao King» 2), qui consti­tue avec «La Grande Étude», «la porte par où l’on ac­cède au rayon­ne­ment» 3 de la et de l’ . L’un des dis­ciples de Confu­cius, pos­si­ble­ment  4, a com­posé ces deux ou­vrages, où il traite de la per­sé­vé­rance dans le sou­ve­rain bien, qui n’est autre chose que la confor­mité de nos actes avec les du . Par­tant de notre amé­lio­ra­tion per­son­nelle et du bon ordre à éta­blir dans notre , il en ar­rive pro­gres­si­ve­ment aux moyens de pa­ci­fier et bien gou­ver­ner l’Empire. Car, au­tre­fois, les an­ciens princes qui dé­si­raient dé­ve­lop­per et faire briller les lois du ciel, s’attachaient au­pa­ra­vant à bien gou­ver­ner leur royaume; ceux qui dé­si­raient bien gou­ver­ner leur royaume, s’attachaient au­pa­ra­vant à mettre le bon ordre dans leur fa­mille; ceux qui dé­si­raient mettre le bon ordre dans leur fa­mille, s’attachaient au­pa­ra­vant à se cor­ri­ger eux-mêmes; ceux qui dé­si­raient se cor­ri­ger eux-mêmes, s’attachaient au­pa­ra­vant à don­ner de la droi­ture à leur ; ceux en­fin qui dé­si­raient don­ner de la droi­ture à leur âme, s’attachaient au­pa­ra­vant à per­fec­tion­ner leurs connais­sances mo­rales. Telle est la fin que se pro­posent «Le Livre de la piété fi­liale» et «La Grande Étude». Soit pré­jugé ou , soit obs­ti­na­tion ou , la , pen­dant des mil­lé­naires, n’a ja­mais cessé de lire et d’admirer ces deux ou­vrages : les du goût, les chan­ge­ments de ré­gime, les do­mi­na­tions étran­gères même n’ont pas en­tamé leur ori­gi­nelle ni la so­li­dité de leurs prin­cipes. «C’est dans la belle mo­rale qu’ils en­seignent, dans les qu’ils com­mandent, et dans les règles de po­li­tique qu’ils tracent et qu’ils ont eu la gloire de per­sua­der, que les d’au-delà des mers au­raient dû cher­cher la so­lu­tion [au] grand [mys­tère] de la du­rée de l’Empire », dit le père -Mar­tial Ci­bot.

  1. Par­fois tra­duit «Clas­sique de la piété fi­liale». Icône Haut
  2. En chi­nois «孝經». Par­fois trans­crit «Hia-king», «Hiao Kim», «Heaou-king», «Hsiao Ching», «Syau Jing», «Xiao Qing» ou «Xiao Jing». Icône Haut
  1. p. 49. Icône Haut
  2. En chi­nois 曾子. Par­fois trans­crit Tseng-tsée, Thsêng-tseu, Tseng-tzu ou Zeng Zi. De son vrai nom Tseng Chen (曾參). Par­fois trans­crit Tseng Ts’an, Zeng Can ou Zeng Shen. Icône Haut

Tseng-tseu, « La Grande Étude »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de «La Grande Étude» 1Ta-hio» 2), qui consti­tue avec «Le Livre de la », «la porte par où l’on ac­cède au rayon­ne­ment» 3 de la et de l’ . L’un des dis­ciples de Confu­cius, pos­si­ble­ment  4, a com­posé ces deux ou­vrages, où il traite de la per­sé­vé­rance dans le sou­ve­rain bien, qui n’est autre chose que la confor­mité de nos actes avec les du . Par­tant de notre amé­lio­ra­tion per­son­nelle et du bon ordre à éta­blir dans notre , il en ar­rive pro­gres­si­ve­ment aux moyens de pa­ci­fier et bien gou­ver­ner l’Empire. Car, au­tre­fois, les an­ciens princes qui dé­si­raient dé­ve­lop­per et faire briller les lois du ciel, s’attachaient au­pa­ra­vant à bien gou­ver­ner leur royaume; ceux qui dé­si­raient bien gou­ver­ner leur royaume, s’attachaient au­pa­ra­vant à mettre le bon ordre dans leur fa­mille; ceux qui dé­si­raient mettre le bon ordre dans leur fa­mille, s’attachaient au­pa­ra­vant à se cor­ri­ger eux-mêmes; ceux qui dé­si­raient se cor­ri­ger eux-mêmes, s’attachaient au­pa­ra­vant à don­ner de la droi­ture à leur ; ceux en­fin qui dé­si­raient don­ner de la droi­ture à leur âme, s’attachaient au­pa­ra­vant à per­fec­tion­ner leurs connais­sances mo­rales. Telle est la fin que se pro­posent «La Grande Étude» et «Le Livre de la piété fi­liale». Soit pré­jugé ou , soit obs­ti­na­tion ou , la , pen­dant des mil­lé­naires, n’a ja­mais cessé de lire et d’admirer ces deux ou­vrages : les du goût, les chan­ge­ments de ré­gime, les do­mi­na­tions étran­gères même n’ont pas en­tamé leur ori­gi­nelle ni la so­li­dité de leurs prin­cipes. «C’est dans la belle mo­rale qu’ils en­seignent, dans les qu’ils com­mandent, et dans les règles de po­li­tique qu’ils tracent et qu’ils ont eu la gloire de per­sua­der, que les d’au-delà des mers au­raient dû cher­cher la so­lu­tion [au] grand [mys­tère] de la du­rée de l’Empire », dit le père -Mar­tial Ci­bot.

  1. Par­fois tra­duit «La Grande ou l’Importante Doc­trine», «L’Éducation su­pé­rieure», «Le Livre de la grande science» ou «Le Grand Sa­voir». Icône Haut
  2. En chi­nois «大學». Par­fois trans­crit «Daxue», «Ta Hsüeh», «Ta-hsue», «Tá ‘Hiŏh», «Thaï-yo», «Taï-hio» ou «Ta Hiue». Icône Haut
  1. p. 49. Icône Haut
  2. En chi­nois 曾子. Par­fois trans­crit Tseng-tsée, Thsêng-tseu, Tseng-tzu ou Zeng Zi. De son vrai nom Tseng Chen (曾參). Par­fois trans­crit Tseng Ts’an, Zeng Can ou Zeng Shen. Icône Haut

Tchouang-tseu, « L’Œuvre complète »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «L’Œuvre com­plète» de Tchouang-tseu 1, pen­seur ïste, un des plus grands maîtres de la prose chi­noise (IVe siècle av. J.-C.). Laissé pour compte du­rant des siècles, il exer­cera une tar­dive, mais sans cesse crois­sante, tant sur les que sur les , et en l’an 742 apr. J.-C. l’Empereur pro­mul­guera un édit pour ca­no­ni­ser son «Œuvre com­plète», dé­sor­mais un clas­sique, qui se verra at­tri­buer le titre post­hume de «Clas­sique au­then­tique de la splen­deur mé­ri­dio­nale» («Nan­hua zhen­jing» 2). En Tchouang-tseu, nous ren­con­trons un phi­lo­sophe ori­gi­nal dont le de poète, plein d’images har­dies, d’artifices lit­té­raires, pos­sède un at­trait in­connu aux autres pen­seurs de la . Son «Œuvre com­plète» prend l’aspect d’allégories ; de pen­sées non seule­ment ré­flé­chies et dé­mon­trées, mais res­sen­ties et pé­né­trant tout son être. Sa , c’est le quié­tisme na­tu­ra­liste. «Na­tu­ra­liste», car se­lon Tchouang-tseu, tout est bien à l’état na­tu­rel; tout dé­gé­nère entre les mains de l’. «Quié­tisme», car pour re­trou­ver en la splen­deur ori­gi­nelle de la , il faut une tran­quillité comme celle de l’ inerte; un calme comme ce­lui du  : «Si la tran­quillité de l’eau per­met de re­flé­ter les choses, que ne peut celle de l’esprit? Qu’il est tran­quille, l’esprit du saint! Il est le mi­roir de l’univers et de tous les êtres» 3. L’acte su­prême est de ne point in­ter­ve­nir, et la su­prême est de ne rien dire : «La nasse sert à prendre le pois­son; quand le pois­son est pris, ou­bliez la nasse. Le piège sert à cap­tu­rer le lièvre; quand le lièvre est pris, ou­bliez le piège. La pa­role sert à ex­pri­mer l’idée; quand l’idée est sai­sie, ou­bliez la pa­role. [Où] pour­rais-je ren­con­trer quelqu’un qui ou­blie la pa­role, et dia­lo­guer avec lui?» 4 La pa­role n’est pas sûre, car c’est d’elle que pro­viennent toutes les dis­tinc­tions éta­blies ar­ti­fi­ciel­le­ment par l’homme. , l’univers est in­dis­tinct, in­for­mel, et soi-même est aussi l’autre : «Ja­dis, Tchouang-tseu rêva qu’il était un pa­pillon vol­ti­geant et sa­tis­fait de son sort et igno­rant qu’il était Tchouang-tseu lui-même; brus­que­ment, il s’éveilla et s’aperçut avec éton­ne­ment qu’il était Tchouang-tseu. Il ne sut plus si c’était Tchouang-tseu rê­vant qu’il était un pa­pillon, ou un pa­pillon rê­vant qu’il était Tchouang-tseu»

  1. En chi­nois 莊子. Par­fois trans­crit Tchouang-tsée, Tchoang-tseu, Tchoang-tzeu, Tchouang-tsze, Tchuang-tze, Chwang-tsze, Chuang-tze, Choang-tzu, Zhuang Si, Zhouangzi ou Zhuangzi. Éga­le­ment connu sous le nom de Tchouang Tcheou (莊周). Par­fois trans­crit Tchuang-tcheou, Chuang Chou, Zhouang Zhou ou Zhuang Zhou. Icône Haut
  2. En chi­nois «南華真經». Par­fois trans­crit «Nan-houa tcheng-king», «Nan-hoà-cienn ching», «Nan hwa chin king», «Nan-hoa-tchenn king», «Nan-houa tchen-tsing» ou «Nan-hua chen ching». Éga­le­ment connu sous le titre abrégé de «南華經» («Nan­hua­jing»). Icône Haut
  1. p. 111. Icône Haut
  2. p. 221. Icône Haut

Mencius, « Œuvres »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Men­cius 1 (ou Meng-tseu 2), qui fleu­ris­sait en à la même époque qu’Aris­tote en . On ra­conte que sa mère ha­bi­tait près d’un ci­me­tière. Le pe­tit Men­cius al­lait au mi­lieu des et imi­tait par amu­se­ment les cé­ré­mo­nies et les la­men­ta­tions qui s’y fai­saient. «Ce n’est pas un en­droit où de­meu­rer avec mon fils» 3, se dit sa mère qui s’en fut lo­ger près d’un mar­ché. Son fils imita par jeu les mar­chands qui criaient et ven­daient leurs mar­chan­dises. «Ce n’est pas un lieu où ha­bi­ter avec mon fils», se dit en­core sa mère qui dé­mé­na­gea de nou­veau et alla de­meu­rer près d’une école. Son fils imita dès lors les éco­liers qui ap­pre­naient à dis­po­ser les tables et les vases de bois pour les of­frandes, à sa­luer, à té­moi­gner du , à se pré­sen­ter et à se re­ti­rer avec po­li­tesse. «Voici l’endroit qui convient à mon fils!», se dit-elle. Tou­te­fois, le goût de Men­cius pour les études ne pa­raît pas avoir été aussi pro­noncé que chez Confu­cius. Un jour qu’il était ren­tré après avoir aban­donné l’école, il trouva sa mère oc­cu­pée à tis­ser. Elle lui de­manda : «Où en es-tu dans tes études?» L’enfant ré­pon­dit : «Comme ci, comme ça». Elle tran­cha d’un coup de cou­teau le tissu. Ef­frayé, Men­cius lui de­manda la de son geste. Elle ré­pli­qua : «Si tu aban­donnes tes études, tu ne pour­ras échap­per au ser­vage et tu ne dis­po­se­ras pas des moyens d’écarter les pires mal­heurs. En quoi se­rait-ce dif­fé­rent de ce in­ter­rompu?… Ne man­que­rions-nous pas sans cesse de nour­ri­ture?»

  1. Au­tre­fois trans­crit Mem­cius ou Man­cius. «Il est resté peu de traces de cet usage sin­gu­lier, que les pre­miers avaient in­tro­duit, en écri­vant en sur l’ et la lit­té­ra­ture des , d’ajouter des ter­mi­nai­sons la­tines aux des et des hommes cé­lèbres, pour in­di­quer les rap­ports gram­ma­ti­caux qui liaient ces noms aux autres par­ties des phrases… Deux noms seuls ont conservé la forme eu­ro­péenne qu’on leur avait don­née d’abord, ce sont ceux de… et Men­cius», dit Abel Ré­mu­sat. Icône Haut
  2. En chi­nois 孟子. Par­fois trans­crit Mong-tsée, Mong Tseû, Mem Tsu, Meng-tzu, Meng Tzeu, Meng-tse, Meng-tsze ou Mengzi. Icône Haut
  1. Liu Xiang, «列女傳» (« des illustres»), in­édit en . Icône Haut

« Les Entretiens de Confucius »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des «Dia­logues» ou « de » 1Lu­nyu» 2), la d’angle de la chi­noise, l’œuvre la plus si­gni­fi­ca­tive pour la connais­sance de Confu­cius (VIe-Ve siècle av. J.-C.). Com­pa­rée sous le rap­port mo­ral, et même , la doc­trine de Confu­cius se rap­proche de celle qui fut, presque à la même époque, en­sei­gnée par So­crate. Ja­mais, peut-être, l’esprit hu­main ne fut plus di­gne­ment re­pré­senté que par ces deux . En voici les prin­ci­pales rai­sons. La pre­mière est que Confu­cius et So­crate ont re­cueilli ce qu’il y a de meilleur dans la des An­ciens. La se­conde est qu’ils ont ajouté à cette mo­rale la sim­pli­cité, la clarté et l’évidence, qui doivent ré­gner par­tout et se faire sen­tir aux les plus gros­siers. En­fin, c’est parce que Confu­cius et So­crate poussent en avant leur , mais ne la poussent pas trop loin; leur leur fai­sant tou­jours connaître jusqu’où il faut al­ler et où il faut s’arrêter. En quoi ils ont un avan­tage consi­dé­rable non seule­ment sur un grand nombre d’Anciens, qui ont de tels su­jets, mais aussi sur la plu­part des Mo­dernes, qui ont tant de rai­son­ne­ments faux ou re­cher­chés, tant de traits d’esprit dé­pla­cés, tant de sub­ti­li­tés épou­van­tables. «La voie… n’est pas sui­vie, je le sais», dit ailleurs Confu­cius 3. «Les hommes in­tel­li­gents et éclai­rés vont au-delà, et les igno­rants res­tent en deçà.» «Le grand sa­vant Kô­jirô Yo­shi­kawa consi­dé­rait les “En­tre­tiens de Confu­cius” comme le plus beau livre du . J’ignore s’il mé­rite vrai­ment ce titre… mais il est cer­tain que, dans toute l’, nul écrit n’a exercé plus du­rable sur une plus grande par­tie de l’», dit très bien M. Pierre Ry­ck­mans 4. C’est dans ces «En­tre­tiens» que Confu­cius s’est ma­ni­festé comme le plus grand maître et le plus grand phi­lo­sophe du monde orien­tal. On y voit son ar­dent de l’humanité; sa mo­rale in­fi­ni­ment , mais en même pui­sée dans les plus pures du bon sens; son souci per­ma­nent de re­don­ner à la hu­maine ce pre­mier lustre, cette pre­mière beauté qu’elle avait re­çue du , et qui avait été obs­cur­cie par les té­nèbres de l’ignorance et par la conta­gion du . «Le Maître dit : “Ce n’est pas un mal­heur d’être mé­connu des hommes, mais c’est un mal­heur de les mé­con­naître”.» Où trou­ver une maxime plus belle, une in­dif­fé­rence plus grande à l’égard de la gloire et des gran­deurs? On ne doit pas être sur­pris si les eu­ro­péens, qui les pre­miers firent connaître «le vé­néré maître K’ong» ou K’ong-fou-tseu 5 sous le nom la­ti­nisé de Confu­cius, conçurent pour sa pen­sée un en­thou­siasme égal à ce­lui des .

  1. Par­fois tra­duit «Le Livre de la de Confu­cius», «Mor­ceaux de contro­verse de Confu­cius», «Le Livre des », «Dis­cus­sions et Al­lo­cu­tions», «Conver­sa­tions ou Ana­lectes de Confu­cius», «Dis­cours» ou «Les En­tre­tiens phi­lo­so­phiques». Icône Haut
  2. En chi­nois «論語». Au­tre­fois trans­crit «Lén-yù», «Luen yu», «Louen yu», «Loung yu», «Liun iu», «Loun-yu» ou «Lún-iù». Icône Haut
  3. «L’Invariable Mi­lieu». Icône Haut
  1. p. 7. Icône Haut
  2. En chi­nois 孔夫子. Par­fois trans­crit Cong fou tsëe, K’ong fou-tse, K’oung fou tseu, Khoung-fou-dze, Kung--dsü, Kung fu-tzu ou Kong­fuzi. Icône Haut