Icône Mot-clefpoésie

Ryôkan, « Les Quatre-vingt-dix-neuf Haïku »

éd. Verdier, Lagrasse

éd. Ver­dier, La­grasse

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

Ryôkan, « La Rosée d’un lotus, “Hachisu no tsuyu” »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

« Ryôkan, moine zen »

éd. du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Paris

éd. du Centre na­tio­nal de la scien­ti­fique (CNRS), Pa­ris

Il s’agit des poèmes de Ya­ma­moto Eizô 1, er­mite (XVIIIe-XIXe siècle), plus connu sous le sur­nom de Ryô­kan 2. En­fant ta­ci­turne et so­li­taire, adonné à de vastes lec­tures, il ré­flé­chis­sait, dès son plus jeune âge, sur la et sur la . Une , il com­prit que c’était le qui pour­rait don­ner ré­ponse à ses ques­tions exis­ten­tielles. Au pe­tit ma­tin, s’étant rasé la tête, il prit quelques af­faires. Sur le pas de la porte, il serra dans ses bras ses six et sœurs : «Pre­nant mes mains dans les siennes, ma mère a long­temps fixé mon vi­sage. C’[est] comme si l’ de son vi­sage est en­core de­vant mes yeux. Lorsque j’ai de­mandé congé, elle m’a dit, de sa de­ve­nue aus­tère : “Ne laisse ja­mais dire aux gens ren­con­trés que tu as en vain quitté le ”. Aujourd’hui, je me rap­pelle ses mots et me donne cette le­çon ma­tin et soir» 3. Dans son er­mi­tage au toit de chaume, Ryô­kan res­tait cloî­tré, quel­que­fois pen­dant des jours, à mé­di­ter, à lire des clas­siques et à com­po­ser des poèmes. Un de ses contem­po­rains 4, qui s’y abrita de la pluie, ra­conte 5 : «[À] l’intérieur de cet er­mi­tage, je ne vois au­cun autre bien qu’une seule sta­tue du Boud­dha en bois, po­sée de­bout, et deux vo­lumes de mis sur un pe­tit ac­cou­doir, ins­tallé au pied de la fe­nêtre. J’ouvre le livre pour sa­voir de quelle œuvre il s’agit. C’est une édi­tion xy­lo­gra­phique de “L’Œuvre com­plète” de Tchouang-tseu. Dans ce livre sont in­sé­rées des cal­li­gra­phies, tra­cées en cur­sif, d’anciens poèmes , qui semblent être l’œuvre de ce moine. N’ayant pas ap­pris de poèmes dans cette , je ne sus s’ils étaient de qua­lité, mais les cal­li­gra­phies en ques­tion l’étaient à tel point qu’elles m’émerveillèrent».

  1. En ja­po­nais 山本栄蔵. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 良寛. Par­fois trans­crit Ryok­wan. Icône Haut
  3. Tra­duc­tion de M. Do­mi­nique Blain, p. 27. Icône Haut
  1. Kondô Manjô. Icône Haut
  2. Tra­duc­tion de Mme Mit­chiko Ishi­gami-Ia­gol­nit­zer, p. 104-106. Icône Haut

Buson, « Le Parfum de la lune : poèmes »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit des de Yosa Bu­son 1, grand ar­tiste (XVIIIe siècle apr. J.-C.), maître de la «bun­jinga» («pein­ture des hommes de lettres»). On dit qu’une , pour mieux ob­ser­ver un ef­fet de lune, il fit un trou à son toit en y met­tant le avec une chan­delle; perdu dans une ex­tase d’admiration, il ne s’aperçut pas de l’incendie qui en sur­git et qui dé­vora tout un quar­tier de la ca­pi­tale. En joi­gnant l’art de la pein­ture à ce­lui de la , Bu­son donna une au haïku dé­laissé à la de Ba­shô. Il par­vint à dé­crire, avec la même élé­gance qu’avec son pin­ceau, ces ba­ga­telles, ces pe­tits im­pré­vus que lui four­nis­saient na­tu­rel­le­ment ses . «Se li­bé­rer du ba­nal en se ser­vant du ba­nal» 2. Telle fut sa de­vise pa­ra­doxale, qu’il est dif­fi­cile d’interpréter; car tout en étant un ar­tiste de , Bu­son ne li­vra presque ja­mais le fond de sa . In­imi­table et in­trans­mis­sible, son art dis­pa­rut avec lui; seuls ses -d’œuvre en at­testent aujourd’hui toute la ma­gni­fi­cence et toute la har­diesse. Par exemple, ce cé­lèbre cro­quis de deux pié­tons, dont on ne voit de dos que les ha­bits de pluie : «Pluie de prin­temps / avancent en de­vi­sant / un man­teau de paille et un pa­ra­pluie» 3; ou cette puis­sante es­quisse des pentes du mont Yo­shino, par­se­mées de ce­ri­siers : «Ava­lant les nuages / ex­ha­lant des / le mont Yo­shino» 4. «Les com­pa­rai­sons ne sont pas ab­sentes de [ses] poèmes», ex­plique M. Yves Bon­ne­foy 5, «et ainsi Bu­son note-t-il que “le bruit de l’ est sombre”, ce qui ne sur­pren­dra pas le lec­teur de “Cor­res­pon­dances”. Mais chez Bau­de­laire, l’analogie est com­prise comme l’affleurement d’une in­aper­çue jusqu’alors, c’est un acte de connais­sance, qui prouve la ca­pa­cité des mots d’atteindre à l’être des choses… Ce qu’énonce Bu­son, par contre, c’est d’abord — ou même c’est seule­ment une cer­ti­tude de la im­mé­diate, sans ar­rière-pen­sée spé­cu­la­tive; et cette per­cep­tion est aussi si­len­cieuse… que la traî­née de que laisse un pin­ceau sur la feuille blanche… Le rap­pro­che­ment ne dé­voile rien… il re­tient…»

  1. En ja­po­nais 与謝蕪村. Par­fois trans­crit Bou­çon, Bou­çonn ou Bus­son. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «俗を離れて俗を用ゆ». Icône Haut
  3. p. 47. Icône Haut
  1. p. 13. Icône Haut
  2. «Pré­face à “Haïku; avant-pro­pos et texte de Ro­ger Mu­nier”», p. 17. Icône Haut

« Ise, poétesse et dame de Cour : poèmes »

éd. Ph. Picquier, Arles

éd. Ph. Pic­quier, Arles

Il s’agit de dame Ise 1, dame d’ aussi ai­mable que let­trée, fa­vo­rite de l’Empereur du (IXe-Xe siècle apr. J.-C.). À une époque où l’Empire du cher­chait à faire taire le bruit confus des pour écou­ter la de la , dame Ise, fa­vo­rite d’un Em­pe­reur qui avait ab­di­qué le trône au pro­fit de ses hé­ri­tiers, de­vien­dra pour la pos­té­rité l’initiatrice mo­deste, mais dé­ci­sive, d’une «lit­té­ra­ture de » qui s’épanouira en -d’œuvre moins d’un siècle plus tard. Les «His­toires qui sont main­te­nant du passé» nous ra­content dans quelles cir­cons­tances un mes­sa­ger de l’Empereur vint la prier de com­po­ser, pour la pre­mière fois, des poèmes pour pa­ra­vents : «L’Empereur avait com­mandé des pa­ra­vents lorsqu’il s’aperçut, au der­nier mo­ment, qu’un car­touche était resté vide. Ayant d’urgence convo­qué le cal­li­graphe, il es­suya en­core une dé­con­ve­nue quand ce der­nier lui si­gnala qu’on ne lui avait pas fourni de poèmes à pla­cer dans ce car­touche. En l’absence de Mit­sune et de Tsu­rayuki, l’Empereur [dé­pê­cha donc un mes­sa­ger à] dame Ise, la sup­pliant de bien vou­loir en com­po­ser sur-le-champ» 2. Les poèmes ap­por­tés par le mes­sa­ger furent ju­gés d’une exé­cu­tion su­perbe, et l’Empereur, les ayant consi­dé­rés, dai­gna les trou­ver re­mar­quables. Il les mon­tra à tous ceux qui se trou­vaient au­tour de lui, et comme on les dé­cla­mait avec des in­to­na­tions agréables, on ne ta­ris­sait pas d’ sur eux. On les lut et re­lut, après quoi seule­ment ils furent sur le pa­ravent. «Tou­jours est-il qu’à par­tir de cette an­née-là, dame Ise, qui n’avait guère pro­duit [jusque-là] de poèmes pour pa­ra­vents, se trouva en­rô­lée dans la troupe de spé­cia­listes char­gés de com­po­ser sur com­mande des poèmes de cir­cons­tances of­fi­cielles et des poèmes pour pa­ra­vents, [ainsi que] de pré­pa­rer les concours de poé­sie qui, de simple passe-, de­ve­naient, en cette der­nière dé­cen­nie du siècle, des ren­contres très sé­rieuses», dit Mme Re­née Garde 3. On pu­blia à titre post­hume une de quatre cents de ses poèmes, que l’on in­ti­tula «Ise-shû» 4Re­cueil d’Ise») et que l’on fit pré­cé­der par un «Pe­tit Ré­cit» plus ou moins lé­gen­daire de sa .

  1. En 伊勢. Au­tre­fois trans­crit Issé ou Icé. À ne pas confondre avec Ise no Ôsuke (伊勢大輔), la fille du grand prêtre d’Ise, qui vé­cut un siècle plus tard. Icône Haut
  2. Dans p. 125-126. Icône Haut
  1. p. 73. Icône Haut
  2. En ja­po­nais «伊勢集». Icône Haut

« Aventures merveilleuses sous terre et ailleurs d’Er-Töshtük, le géant des steppes : épopée du cycle de “Manas” »

éd. Gallimard, coll. Caucase, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’«Er-Tö­shtük» 1, kir­ghize d’environ douze mille trois cents vers, mo­nu­ment au­then­tique d’une tra­di­tion na­tio­nale mil­lé­naire (XVIIe-XXe siècle). L’épopée trans­mise ora­le­ment est le grand genre lit­té­raire des peuples no­mades d’ cen­trale, «moins sou­vent joyeux à la et dans les , qu’angoissés dans l’immensité des steppes et des dé­serts, ou dans la gran­deur gla­cée des hautes » 2. Les Kir­ghiz, en par­ti­cu­lier, sont un des rares peuples de la à avoir conservé jusqu’aujourd’hui, dans presque toute sa vi­ta­lité, leur d’épopées. Sorte de re­cueil en­cy­clo­pé­dique de toutes leurs , de toutes leurs cou­tumes et de toutes leurs croyances, un cycle épique aux pro­por­tions gi­gan­tesques, ce­lui de «Ma­nas» 3, do­mine leur lit­té­ra­ture, au point que les pro­fes­sion­nels d’épopées se nomment tous «ma­nast­chï» 4, et que beau­coup de poèmes épiques se trouvent rat­ta­chés, plus ou moins ar­ti­fi­ciel­le­ment, à la grande tri­lo­gie cen­trale de «Ma­nas». Cette tri­lo­gie, consa­crée au hé­ros prin­ci­pal Ma­nas, à son fils Se­me­tey 5, et à son pe­tit-fils Sey­tek 6, joint une de ca­ne­vas, une com­plexité de , un dé­ploie­ment gran­diose d’événements, à une élé­gance et à une force d’ com­pa­rables à celles d’Ho­mère. Au­tour de cette tri­lo­gie gra­vitent des épo­pées de moindre éten­due, dé­si­gnées par les de leurs hé­ros, et dont les unes ap­par­tiennent au fond my­tho­lo­gique et sur­na­tu­rel («Er-Tö­shtük», «Kojo-Jash» 7), quelques autres au amou­reux («Oljo-Bay me­nen Ki­shim-Jan» 8), et la plus grande par­tie, en­fin, au genre hé­roïque.

  1. En kir­ghiz «Эр Төштүк». Par­fois trans­crit «Er-Töštük». Icône Haut
  2. p. 26. Icône Haut
  3. En kir­ghiz «Манас». Icône Haut
  4. En kir­ghiz манасчы. Par­fois trans­crit «ma­nast­schi», «ma­na­schi» ou «ma­nasçı». Icône Haut
  1. En kir­ghiz Семетей. Par­fois trans­crit Se­me­tei. Icône Haut
  2. En kir­ghiz Сейтек. Par­fois trans­crit Sei­tek. Icône Haut
  3. En kir­ghiz «Кожожаш». Icône Haut
  4. En kir­ghiz «Олжобай менен Кишимжан». Par­fois trans­crit «Ol­jo­bai me­nen Ki­shim­jan». Icône Haut

« Un Poète russe : Alexis Koltsov »

dans « Le Correspondant », vol. 246, p. 541-553

dans «Le Cor­res­pon­dant», vol. 246, p. 541-553

Il s’agit du «Grand Mys­tère» («Vé­li­kaïa Taïna» 1) et autres poèmes d’ 2, poète (XIXe siècle). Son père était mar­chand de bœufs; et sa mère, is­sue d’une qui se li­vrait au même né­goce, était illet­trée. Né au plein cœur de la steppe, qui lui ser­vit de pre­mière école, en même que de confi­dente des mou­ve­ments les plus in­times de son cœur, le fu­tur poète fut élevé à la , sans sur­veillance, jouant avec les ga­mins des rues et bar­bo­tant à son aise dans la boue. C’est bien à lui qu’on ap­pli­quera cette de La Bruyère : «L’on voit cer­tains fa­rouches, ré­pan­dus par la cam­pagne, , li­vides et tout brû­lés du , at­ta­chés à la qu’ils fouillent et qu’ils re­muent avec une opi­niâ­treté in­vin­cible; ils ont comme une ar­ti­cu­lée, et quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face hu­maine; et en ef­fet, ils sont des hommes». Il avait déjà neuf ans lorsqu’on son­gea à l’envoyer à l’école. Il n’y resta même pas un an et demi. Dès qu’il sut écrire et comp­ter, son père le prit à la mai­son pour éco­no­mi­ser le trai­te­ment d’un com­mis. Le pe­tit Alexis connais­sait à peine l’orthographe et il resta pour tou­jours brouillé avec elle, ainsi qu’avec la ponc­tua­tion et par­fois même avec la . Mais la lec­ture était sa pas­sion, et le peu d’argent qu’on lui don­nait pour des frian­dises, il le consa­crait à ache­ter les vo­lumes des «Mille et une Nuits». Il avait quinze ans lorsqu’un ami, fau­ché par une pré­ma­tu­rée, eut l’idée de lui lé­guer toute sa bi­blio­thèque : soixante-dix vo­lumes. Quel tré­sor! Mais son père ne lui lais­sait guère le temps d’en jouir. Il fal­lait sans cesse l’accompagner dans les ba­zars pour ache­ter des bes­tiaux qu’ils en­grais­saient sur la steppe et qu’ils re­ven­daient à l’une des nom­breuses fon­de­ries de suif. «Je suis en­chaîné par ma si­tua­tion», dit Kolt­sov 3. «Mau­dit mé­tier! Que suis-je? Un sans , sans pa­role, sans rien. Une la­men­table créa­ture, un mi­sé­rable être qui n’est bon qu’à traî­ner de l’ et du bois, un mer­canti, un grippe-sou, un , un Tzi­gane, une ca­naille, voilà ce que je dois être.»

  1. En russe «Великая Тайна». Icône Haut
  2. En russe Алексей Васильевич Кольцов. Par­fois trans­crit Alek­sej Vasil’evič Kol’cov, Alexei Was­sil­je­witsch Kol­zow, Alexis-Vas­si­lie­vitsch Kolt­zof, Alexis Vas­si­lié­vitch Kolt­zov ou Alek­sey Va­si­lye­vitch Kolt­soff. Icône Haut
  1. «Un Poète russe : Alexis Kolt­sov», p. 551. Icône Haut

« Les Pruniers refleuris : poème tonkinois »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit des «Pru­niers re­fleu­ris» («Nhị độ mai»), poème com­posé par un let­tré sur la du­quel on n’a pas de dé­tails bio­gra­phiques, et qui, du reste, n’a pas jugé né­ces­saire d’attacher son nom à son livre (XIXe siècle). Ja­dis ce poème était fort es­timé dans la pro­vince du Ton­kin, où il y avait peu de per­sonnes qui ne fussent ca­pables d’en ré­ci­ter, ou plu­tôt d’en chan­ter, des pas­sages. L’intrigue de ce poème n’a rien d’original en elle-même; c’est une adap­ta­tion écour­tée d’un por­tant le même titre : «Er du mei» 1, c’est-à-dire «La Flo­rai­son re­dou­blée des “mei”» (XVIe siècle). Mei, en viet­na­mien Mai, est le nom de la à la­quelle ap­par­tient le hé­ros de cette , mais c’est aussi le nom d’une es­pèce de pru­nier, ou plu­tôt d’une es­pèce d’abricotier, qui re­vient sou­vent dans la chi­noise. C’est pour cela que la double flo­rai­son de ce pru­nier est in­ter­pré­tée, dans une scène mé­mo­rable, comme un au­gure de la res­tau­ra­tion de la fa­mille Mei; et que le Pre­mier mi­nistre, le vi­lain de cette his­toire, dit : «Nous al­lons cher­cher un moyen de dé­truire ce pru­nier» 2. Dans le pré­am­bule de l’adaptateur viet­na­mien, on lit : «À loi­sir, dans mon ca­bi­net d’étude, je me re­po­sais de mes tra­vaux en m’amusant à la lec­ture. Je trou­vai dans les ré­cits non his­to­riques ce­lui de “La Flo­rai­son re­dou­blée des pru­niers” au de l’Empereur Đức-tông de la dy­nas­tie Đường. En ce temps, le [] avait donné nais­sance à un fonc­tion­naire in­cor­rup­tible. Il ap­par­te­nait à la fa­mille Mai, son nom ho­no­ri­fique était Bá Cao; sa race était une race fi­dèle; lui, était d’une dis­tin­guée et éle­vée… Son était droite comme le vol de la flèche, son cœur avait la lim­pi­dité de l’» 3. L’adaptation viet­na­mienne se re­com­mande par une en­core pure de toute oc­ci­den­tale et écrite se­lon le mètre po­pu­laire «lục bát» («six-huit»). Ce mètre convient avec au ca­rac­tère mu­si­cal de la langue viet­na­mienne dont les six tons, une fois bien agen­cés, se prêtent à l’expression de tous les états d’âme, avec toutes les et tous les rythmes propres à la . «Sou­te­nue par la ca­dence de la mé­trique ou écrite dans la sim­pli­cité du parlé, cette œuvre… a le de ré­pondre au goût chan­geant du lec­teur qui aime à se lais­ser trans­por­ter en es­prit, loin de la , dans un très dif­fé­rent de la mo­no­to­nie et de la pe­ti­tesse du siècle pré­sent», dit M. Trần Cửu Chấn

  1. En chi­nois «二度梅». Au­tre­fois trans­crit «Erh-tou-mei» ou «Eul tou mei». Tra­duit en sous le titre des «Pru­niers ». Icône Haut
  2. p. 30. Icône Haut
  1. p. 6-7. Icône Haut

Santôka, « Zen Saké Haïku : poèmes choisis »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des de Shôi­chi Ta­neda 1, poète men­diant , plus connu sous le sur­nom de San­tôka 2le au som­met de la mon­tagne»). Il na­quit au mi­lieu de cinq . Son père, riche pro­prié­taire mais piètre père de , pas­sait son à po­li­ti­quer et cou­rir le ju­pon. Un jour que ce der­nier était en vil­lé­gia­ture dans les avec une de ses maî­tresses, son épouse, âgée de trente-trois ans, se jeta dans le puits de la pro­priété fa­mi­liale. Qu’elle a dû être grande l’amertume du pe­tit San­tôka à la vue du in­animé de sa mère qu’on sor­tait du puits. Pour ajou­ter à ce mal­heur, un de ses mou­rut en bas âge, et un autre se donna la en 1918. Quant à notre poète, après un raté, il fut tour à tour bras­seur de saké, en­ca­dreur de ta­bleaux, tra­duc­teur. Il par­tit pour Tô­kyô. Mé­lan­co­lique, in­cons­tant au tra­vail, il oc­cu­pait ses loi­sirs de bi­blio­thé­caire à des lec­tures boud­dhiques. Dans le grand trem­ble­ment de qui ra­va­gea la ca­pi­tale, sa chambre s’écroula. Il re­tourna à Ku­ma­moto. Une de dé­cembre 1924, ivre, il s’immobilisa de­vant un tram­way que le conduc­teur ne par­vint à ar­rê­ter qu’à grand-peine. On l’emmena dans un proche de là, le Hôon-ji, où il se fit moine. L’année sui­vante et toutes les autres jusqu’à sa mort, il s’en alla er­rer sur les routes du , par les nuits d’hiver, sans gîte, sans feu ni lieu, comme s’il lui fal­lait mar­cher pour vivre : «Je ne suis rien d’autre qu’un moine men­diant», dit-il 3. «On ne peut pas dire grand-chose de si­non que je suis un pè­le­rin fou qui passe sa en­tière à dé­am­bu­ler, comme ces aqua­tiques qui dé­rivent de rive en rive. Cela peut sem­bler pi­toyable, pour­tant je trouve la dans cette vie dé­pouillée…» Il faut lire ses poé­sies comme le qu’un rou­tard au­rait laissé tom­ber de sa poche, et dans le­quel il au­rait noté ses ob­ser­va­tions à l’état brut, dans une plate et re­lâ­chée, qui éva­cue le tra­di­tion­nel des 5-7-5 syl­labes. La route est la plus belle conquête de l’ libre : voilà, en sub­stance, la seule de San­tôka. Il jouit au Ja­pon d’une fa­veur égale à celle de Ke­rouac en dont on a aussi un «Livre des haï­kus». Pour tout dire, je ne crois pas, mais peut-être je me trompe, que l’un et l’autre soient d’immenses ta­lents, mais ils re­pré­sentent pour la foule du grand pu­blic la la plus exacte et la plus vive du poète : un gueux sous la pluie, un bo­hème trempé dans ses haillons, un va­ga­bond loin des et des usages, re­but éter­nel du .

  1. En ja­po­nais 種田正一. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 山頭火. Icône Haut
  1. p. 27-28. Icône Haut

Tchiyo, « Bonzesse au jardin nu : poèmes »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de Kaga no Tchiyo-jo 1, poé­tesse et nonne ja­po­naise (XVIIIe siècle apr. J.-C.), éga­le­ment connue sous le sur­nom de Tchiyo-ni 2Tchiyo la nonne»). Un maître du haïku, Ro­ghennbô 3, passa par la ville de pro­vince où ha­bi­tait Tchiyo, en­core toute jeune. «N’importe com­ment», pensa-t-elle, «je sol­li­ci­te­rai d’un haï­kiste aussi cé­lèbre des conseils sur l’art de com­po­ser…» Et pous­sée par le dé­mon de la , elle s’en alla frap­per à la porte de l’auberge et prier Ro­ghennbô de lui don­ner une le­çon de poé­sie. Fa­ti­gué par le long voyage, il lui dit de prendre l’encre et le pa­pier et de com­po­ser quelque chose sur un su­jet tout in­di­qué par la sai­son : le cou­cou. Puis, sans plus s’inquiéter d’elle, il com­mença à dor­mir en ron­flant. Après avoir lon­gue­ment ré­flé­chi, Tchiyo com­posa une poé­sie et de­manda ti­mi­de­ment : «Ex­cu­sez-, s’il vous plaît… — Qu’est-ce qu’il y a?», dit le poète brus­que­ment ré­veillé. Et tou­jours al­longé, il lut la poé­sie qui lui était pré­sen­tée sur un rou­leau de pa­pier. Il fut très sur­pris de voir qu’une fille de quinze ans était ca­pable d’écrire avec tant de ta­lent; mais ca­chant son vé­ri­table sen­ti­ment, il dé­clara : «Voici une poé­sie qui n’a pas de sens. Com­pose donc quelque chose de plus vi­vant». Et peu après, il se re­mit à ron­fler. L’élève conti­nua à mé­di­ter et à écrire. Elle com­posa vingt poé­sies, trente poé­sies, sans oser les mon­trer. À me­sure que les heures s’écoulaient, des tas de pa­piers noir­cis s’entassaient. Ayant perdu la no­tion du , elle se dé­sola : «Ah! n’a pas voulu m’accorder le ta­lent d’une vraie poé­tesse. Dès aujourd’hui, c’est fini; je re­nonce com­plè­te­ment à écrire». Au même ins­tant, le son d’une cloche, ve­nant on ne sait d’où, an­nonça l’arrivée de l’aurore. Ro­ghennbô, qui était moine, se sou­leva d’un bond sur sa couche : «Comme j’ai bien dormi! Mais… se­rait-ce déjà le ma­tin?» 4 Au bruit de la qui frap­pait l’air, Tchiyo re­vint tout à coup à la . Sans pen­ser, déses­pé­ré­ment, elle mur­mura cette ex­quise poé­sie :

«Cou­cou!
Cou­cou! à ces mots,
Le jour est venu
»

  1. En 加賀千代女. Par­fois trans­crit Kaga no Chiyo-jo. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 千代尼. Par­fois trans­crit Chiyo-ni. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 盧元坊. Par­fois trans­crit Ro­genbō. Icône Haut
  2. «Une Poé­tesse ja­po­naise au XVIIIe siècle : Kaga no Tchiyo-jo», p. 91-93. Icône Haut

« Une Poétesse japonaise au XVIIIᵉ siècle : Kaga no Tchiyo-jo »

éd. G.-P. Maisonneuve, Paris

éd. G.-P. Mai­son­neuve, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle de Kaga no Tchiyo-jo 1, poé­tesse et nonne ja­po­naise (XVIIIe siècle apr. J.-C.), éga­le­ment connue sous le sur­nom de Tchiyo-ni 2Tchiyo la nonne»). Un maître du haïku, Ro­ghennbô 3, passa par la ville de pro­vince où ha­bi­tait Tchiyo, en­core toute jeune. «N’importe com­ment», pensa-t-elle, «je sol­li­ci­te­rai d’un haï­kiste aussi cé­lèbre des conseils sur l’art de com­po­ser…» Et pous­sée par le dé­mon de la , elle s’en alla frap­per à la porte de l’auberge et prier Ro­ghennbô de lui don­ner une le­çon de poé­sie. Fa­ti­gué par le long voyage, il lui dit de prendre l’encre et le pa­pier et de com­po­ser quelque chose sur un su­jet tout in­di­qué par la sai­son : le cou­cou. Puis, sans plus s’inquiéter d’elle, il com­mença à dor­mir en ron­flant. Après avoir lon­gue­ment ré­flé­chi, Tchiyo com­posa une poé­sie et de­manda ti­mi­de­ment : «Ex­cu­sez-, s’il vous plaît… — Qu’est-ce qu’il y a?», dit le poète brus­que­ment ré­veillé. Et tou­jours al­longé, il lut la poé­sie qui lui était pré­sen­tée sur un rou­leau de pa­pier. Il fut très sur­pris de voir qu’une fille de quinze ans était ca­pable d’écrire avec tant de ta­lent; mais ca­chant son vé­ri­table sen­ti­ment, il dé­clara : «Voici une poé­sie qui n’a pas de sens. Com­pose donc quelque chose de plus vi­vant». Et peu après, il se re­mit à ron­fler. L’élève conti­nua à mé­di­ter et à écrire. Elle com­posa vingt poé­sies, trente poé­sies, sans oser les mon­trer. À me­sure que les heures s’écoulaient, des tas de pa­piers noir­cis s’entassaient. Ayant perdu la no­tion du , elle se dé­sola : «Ah! n’a pas voulu m’accorder le ta­lent d’une vraie poé­tesse. Dès aujourd’hui, c’est fini; je re­nonce com­plè­te­ment à écrire». Au même ins­tant, le son d’une cloche, ve­nant on ne sait d’où, an­nonça l’arrivée de l’aurore. Ro­ghennbô, qui était moine, se sou­leva d’un bond sur sa couche : «Comme j’ai bien dormi! Mais… se­rait-ce déjà le ma­tin?» 4 Au bruit de la qui frap­pait l’air, Tchiyo re­vint tout à coup à la . Sans pen­ser, déses­pé­ré­ment, elle mur­mura cette ex­quise poé­sie :

«Cou­cou!
Cou­cou! à ces mots,
Le jour est venu
»

  1. En 加賀千代女. Par­fois trans­crit Kaga no Chiyo-jo. Icône Haut
  2. En ja­po­nais 千代尼. Par­fois trans­crit Chiyo-ni. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 盧元坊. Par­fois trans­crit Ro­genbō. Icône Haut
  2. «Une Poé­tesse ja­po­naise au XVIIIe siècle : Kaga no Tchiyo-jo», p. 91-93. Icône Haut

Akiko, « Cheveux emmêlés »

éd. Les Belles Lettres, coll. Japon-Série Fiction, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. -Sé­rie , Pa­ris

Il s’agit de  1, poé­tesse ja­po­naise (XIXe-XXe siècle) dont les poèmes d’ rap­pellent cette verve sen­suelle et au­da­cieuse qui avait ca­rac­té­risé Izumi-shi­kibu. Dans sa « de la poé­tesse », Akiko écri­vit, au su­jet de celle qu’elle consi­dé­rait comme son mo­dèle, des pages très re­mar­quables, non seule­ment parce qu’elles comp­taient parmi les plus belles qui eussent été ja­mais écrites sur le su­jet, mais aussi parce qu’en ces pages, sans peut-être y son­ger, Akiko se dé­cri­vait elle-même : «Poé­tesse de l’amour ve­nue du », dit-elle dans cette bio­gra­phie 2, «toute sa fut consa­crée à l’amour et à la . Écri­vait-elle par amour ou ai­mait-elle pour la poé­sie? Dans son es­prit, ces deux choses n’en étaient qu’une». «Che­veux em­mê­lés» («Mi­da­re­gami» 3), tel sera le titre du pre­mier re­cueil d’Akiko par al­lu­sion au cé­lèbre poème d’Izumi-shikibu. Dans ce re­cueil qu’on peut qua­li­fier de ré­vo­lu­tion­naire, elle se montre en jeune fille fré­mis­sante de fu­gi­tives, d’abandons char­nels, de ca­prices d’un jour, et se confiant à haute. «Être femme; en être fière; à mots vrais, forts, crier au son à l’amour, à la ; chan­ter “sa chair et sa vie”… c’est les “che­veux em­mê­lés” que, tête haute, Yo­sano Akiko s’[avancera] dans la vie et dans la poé­sie» 4. Ce sont cette spon­ta­néité et cette har­diesse qui lui vau­dront le au­près d’un pu­blic à la fois sur­pris et ad­mi­ra­tif.

  1. En 与謝野晶子. Au­tre­fois trans­crit Yo­çano Akiko. Icône Haut
  2. Dans , «Yo­sano Akiko : poète de la pas­sion», p. 71. Icône Haut
  1. En ja­po­nais «みだれ髪». Par­fois tra­duit «Les Che­veux mê­lés» ou «Che­veux en désordre». Icône Haut
  2. , « de la contem­po­raine». Icône Haut

« Anthologie de la poésie persane (XIᵉ-XXᵉ siècle) »

éd. Gallimard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard-UNESCO, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une per­sane (XIe-XXe siècle). La est le ta­lent propre et par­ti­cu­lier des Per­sans, et la par­tie de leur lit­té­ra­ture où ils ex­cellent : la vi­va­cité de leur , la po­li­tesse de leurs mœurs, la dou­ceur de leur , telles sont peut-être les de leur fé­con­dité . Un qui ne sait pas un mot de ne lais­sera pas, en en­ten­dant ré­ci­ter des vers per­sans, d’être épris du son et de la ca­dence qui y est très sen­sible. Al­lez en , par­lez aux gens dans la rue, aux bou­chers, aux mar­chands; ils fe­ront en­trer dans leur ré­ponse des tour­nures qui suf­fi­ront à vous plon­ger dans une rê­ve­rie pro­fonde. Comme dit Hâ­fez :

«Le se­cret de que le gnos­tique pè­le­rin ne dit à per­sonne,
Je suis stu­pé­fait, ne sa­chant d’où le mar­chand de l’a en­tendu
» 1.

Si les belles-lettres de l’ comptent parmi les plus re­mar­quables du , c’est avant tout grâce au . Les pre­miers maîtres dans l’art de la étaient d’origine per­sane, même s’ils avaient passé leur dans la pra­tique de la langue . Tous les qui ont des prin­cipes fon­da­men­taux de la science, tous ceux qui se sont dis­tin­gués dans la , et la plu­part de ceux qui ont cultivé l’exégèse co­ra­nique, ap­par­te­naient à la race per­sane ou s’étaient as­si­mi­lés aux Per­sans par les ma­nières et par l’. Cela suf­fit pour dé­mon­trer la de la at­tri­buée au pro­phète Ma­ho­met : «Si la science était sus­pen­due au haut du , il y au­rait des gens parmi les Per­sans pour s’en em­pa­rer» 2. Comme dit Jan Rypka : «Les Ira­niens sont les de l’Orient. Chez les uns comme chez les autres, la pro­duc­tion lit­té­raire et ar­tis­tique pré­sente une éten­due et une va­leur in­ap­pré­ciables…

  1. «Le Di­van : œuvre ly­rique d’un spi­ri­tuel en Perse au XIVe siècle», p. 639. Icône Haut
  1. Dans Ibn Khal­doun, «Pro­lé­go­mènes». Icône Haut