Malot, « Un Curé de province »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit d’«Un Curé de pro­vince» d’, ro­man­cier (XIXe siècle), dont la grande mal­chance fut d’avoir surgi entre Bal­zac et Zola, deux gé­nies qui firent de l’ombre au sien. «Mais par la puis­sance de son ob­ser­va­tion, par sa com­pré­hen­sion de la , ses lu­mi­neuses et fé­condes idées d’équité, de et d’, par l’habile en­chaî­ne­ment de ses ré­cits… il est leur égal à tous deux», dit une jour­na­liste 1, «et la pos­té­rité — si elle est juste et si elle en a le loi­sir — le met­tra à sa vé­ri­table place, sur le même som­met qu’occupent l’historien de la “ hu­maine” et ce­lui des “Rou­gon-Mac­quart”. Et puis, quel ferme et su­perbe ca­rac­tère que Ma­lot! Quel dés­in­té­res­se­ment!» Ma­lot na­quit en 1830 près de Rouen. Son père, qui était no­taire, le des­ti­nait à la même . C’est mi­racle que les ma­nuels de qu’il fai­sait ava­ler à son fils ne l’aient pas à ja­mais dé­goûté de la lec­ture. Heu­reu­se­ment, dans un gre­nier de la mai­son, je­tés en tas, se trou­vaient de vieux clas­siques, qu’avait re­lé­gués là leur cou­ver­ture usée : le «Ro­land fu­rieux» de l’Arioste; le «Gil Blas» de Le­sage; un Mo­lière com­plet; un tome de Ra­cine. Et ceux-là, un jour que Ma­lot en avait ou­vert un au ha­sard, l’empêchèrent de croire que tous les étaient des ma­nuels de ju­ris­pru­dence. «Com­bien d’heures», dit-il 2, «ils m’ont fait pas­ser sous l’ardoise sur­chauf­fée ou gla­cée, charmé, ravi, l’esprit éveillé, l’ al­lu­mée par une étin­celle qui ne s’est pas éteinte! Sans eux, au­rais-je ja­mais fait des ro­mans? Je n’en sais rien. Mais ce que je sais bien, c’est qu’ils m’ont donné l’idée d’en écrire pour ceux qui pou­vaient souf­frir, comme je l’avais souf­fert -même, le sup­plice des livres en­nuyeux.»

  1. Sé­ve­rine (pseu­do­nyme de Ca­ro­line Rémy) dans Cim, «Le Dî­ner des gens de lettres», p. 23. Icône Haut
  1. «Le de mes ro­mans», p. 24-25. Icône Haut

Lucrèce, « Œuvres complètes. De la Nature des choses »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du «De re­rum Na­tura» («De la des choses») de Lu­crèce 1, poète qui avait l’ambition de pé­né­trer dans les se­crets de l’univers et de nous y faire pé­né­trer avec lui; de fouiller dans cet pour mon­trer que tout phé­no­mène , tout ce qui s’accomplit au­tour de nous est la consé­quence de simples, par­fai­te­ment im­muables; d’établir, en­fin, d’une puis­sante fa­çon les atomes comme pre­miers prin­cipes de la na­ture, en fai­sant table rase des fic­tions re­li­gieuses et des su­per­sti­tions (Ier siècle av. J.-C.). Ni le titre ni le su­jet du «De re­rum Na­tura» ne sont de Lu­crèce; ils ap­par­tiennent pro­pre­ment à Épi­cure. Lu­crèce, tout charmé par les dé­cou­vertes que ce sa­vant avait faites dans son «Peri phy­seôs» 2De la Na­ture»), a joint aux sys­tèmes de ce pen­seur l’agrément et la force des ex­pres­sions; il a en­duit, comme il dit, la amère des connais­sances avec «la jaune li­queur du doux miel» de la  : «Et certes, je ne me cache pas», ajoute-t-il 3, «qu’il est dif­fi­cile de rendre claires, dans des vers la­tins, les obs­cures dé­cou­vertes des Grecs — sur­tout main­te­nant qu’il va fal­loir créer tant de termes nou­veaux, à cause de l’indigence de notre et de la nou­veauté du su­jet. Mais ton mé­rite et le plai­sir que me pro­met une si tendre, me per­suadent d’entreprendre le plus pé­nible tra­vail et m’engagent à veiller dans le calme des nuits, cher­chant par quelles pa­roles, par quels vers en­fin je pour­rai faire luire à tes yeux une vive lu­mière qui t’aide à voir sous toutes leurs faces nos mys­té­rieux pro­blèmes».

  1. En la­tin Ti­tus Lu­cre­tius Ca­rus. Icône Haut
  2. En grec «Περὶ φύσεως». Icône Haut
  1. p. 65. Icône Haut

Tao Yuan ming, « L’Homme, la Terre, le Ciel : enfin je m’en retourne »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit des poèmes de Yuan ming 1, let­tré , grand chantre de la rus­tique (IVe-Ve siècle apr. J.-C.). Issu d’une illustre li­gnée tom­bée dans l’obscurité et le be­soin, il rê­vait d’une vie simple, mais qui lui ap­par­tînt réel­le­ment, une vie consa­crée à ses poèmes et à son jar­din de chry­san­thèmes : «Cueillant des chry­san­thèmes à la haie de l’Est, le cœur libre, j’aperçois la mon­tagne du Sud. Dans tout cela ré­side une si­gni­fi­ca­tion pro­fonde. Sur le point de l’exprimer, j’ai déjà ou­blié les mots», dit-il dans un pas­sage re­mar­quable. Sa était pauvre : la­bou­rer et culti­ver ne suf­fi­sait pas à la nour­rir. La mai­son était pleine de jeunes , mais la jarre — vide de grains. Ses amis le pres­saient de prendre quelque poste loin­tain et fi­nirent par l’en per­sua­der. Tao Yuan ming avait à peine pris ses fonc­tions que, nos­tal­gique, il avait déjà en­vie de s’en re­tour­ner. Pour­quoi? Sa était spon­ta­née; elle re­fu­sait de se plier pour être conte­nue. Lan­guis­sant, bou­le­versé, il eut pro­fon­dé­ment de tra­hir le prin­cipe de sa vie — ce­lui de ne pas se mê­ler aux obli­ga­tions du . Il dé­cida d’attendre la fin de l’année pour aus­si­tôt em­bal­ler ses et par­tir la , tel un oi­seau échappé de sa cage :

«Les champs et le jar­din doivent déjà être en­va­his par les herbes,
Pour­quoi ne m’en suis-je pas re­tourné plus tôt?…
Aujourd’hui j’ai , hier j’avais tort…
J’interroge des pas­sants pour trou­ver le bon che­min
À l’aube, je re­grette que la lu­mière soit à peine claire
Dès que j’aperçois mon humble hutte,
Joyeux, aus­si­tôt je me mets à cou­rir
Le jeune ser­vi­teur vient m’accueillir,
Mes jeunes en­fants at­tendent à la porte…
Te­nant la main des en­fants j’entre dans la mai­son
Il y a un pot rem­pli de
Je prends le pot, me sers et bois seul
À contem­pler les dans la cour 2 se ré­jouit mon vi­sage».

  1. En chi­nois 陶淵明. Au­tre­fois trans­crit T’ao Yuen-ming ou T’au Yüan-ming. Éga­le­ment connu sous le nom de Tao Qian (陶潛). Au­tre­fois trans­crit T’ao Ts’ien, T’au Ts’ien ou T’ao Ch’ien. Icône Haut
  1. Tao Yuan ming avait planté une al­lée de cinq saules à côté de sa mai­son. C’était là, si l’on veut, son ly­cée; il s’y pro­me­nait. De là lui est venu son nom de pin­ceau de «Wu­liu Xian­sheng» (五柳先生), c’est-à-dire «Mon­sieur Cinq-saules». Par­fois tra­duit «Sieur aux Cinq Saules», «le Doc­teur des Cinq Saules», «l’ aux Cinq Saules», «le Maître des Cinq Saules» ou «Let­tré aux Cinq Saules». Icône Haut

Bilhaṇa, « Stances des amours d’un voleur »

éd. Fata Morgana, coll. Les Immémoriaux, Saint-Clément-de-Rivière

éd. Fata Mor­gana, coll. Les Im­mé­mo­riaux, Saint-Clé­ment-de-Ri­vière

Il s’agit des «Cin­quante Stances des amours du vo­leur» («Cau­rî­su­ra­ta­pañ­câśikâ» 1), plus connues sous le titre abrégé des «Cin­quante Stances du vo­leur» («Cau­ra­pañ­câśikâ» 2) de Bilhaṇa 3. Ce poète hin­dou (XIe siècle apr. J.-C.), chargé d’instruire une jeune prin­cesse, se laissa vaincre par les charmes de sa royale élève; après plu­sieurs jours de vo­lup­tés clan­des­tines, les deux amants furent tra­his, dé­non­cés et sur­pris par le roi qui condamna à la l’instituteur trop sen­sible. Avant de su­bir son châ­ti­ment, le cou­pable chanta, dans une cin­quan­taine de stances, les ap­pas de sa maî­tresse et les sou­ve­nirs de son  :

«Aujourd’hui en­core,
Mon es­prit tremble quand je songe
Comme il me fut in­ter­dit de dire tout ce que, pour , elle fit,
Alors que m’entraînaient loin du royal
Des sbires im­pla­cables et ter­ri­fiants, pa­reils aux émis­saires de Yama 4
» 5.

Ému par la beauté de ces poé­sies (que le poète au­rait dé­cla­mées tout en mon­tant sur l’échafaud, à d’une par marche!), le roi se laissa in­flé­chir et ac­corda au condamné la main de sa fille. Telle est la lé­gende prin­ci­pale qui ac­com­pagne, dans les , le texte des «Cin­quante Stances du vo­leur». Mais là s’arrêtent les traits com­muns. Le nom du hé­ros de l’aventure — tan­tôt Bilhaṇa, tan­tôt Caura («le vo­leur») — les dé­tails du ré­cit, le nombre des stances, le texte en­fin de ces stances sont mo­di­fiés, al­té­rés et trans­for­més d’une re­cen­sion à l’autre. Ainsi, les ma­nus­crits dits du Nord et ceux dits du Sud-Ouest n’ont en com­mun que quatre ou cinq stances.

  1. En «चौरीसुरतपञ्चाशिका». Au­tre­fois trans­crit «Chauri su­rata pan­cha­sika» ou «Chauri Su­ra­ta­pan­cha­shika». Icône Haut
  2. En sans­crit «चौरपञ्चाशिका». Au­tre­fois trans­crit «Tchâu­ra­pant­châ­çikâ», «Tchâaura pant­cha­çika», «Tschau­ra­pant­scha­sika», «Co­ra­pañcāśikā», «Chaura pan­cha­sika», «Chaura-pan­chā­çikā» ou «Chau­ra­pan­cha­shika». Outre cette ap­pel­la­tion com­mu­né­ment em­ployée, les «Cin­quante Stances du vo­leur» portent en­core di­vers titres, se­lon les édi­tions, tels que : «बिल्हणपञ्चाशिका» («Bilhaṇapañcâśikâ»), c’est-à-dire les «Cin­quante Stances de Bilhaṇa», ou «चौरशतक» («Cau­raśa­taka»), c’est-à-dire «La Cen­tu­rie du vo­leur» sur le mo­dèle de «La Cen­tu­rie d’Amaru». Icône Haut
  3. En sans­crit बिल्हण. Au­tre­fois trans­crit Bil­han. Icône Haut
  1. Yama est en même le des en­fers et le juge des morts. Icône Haut
  2. p. 47. Icône Haut

Jayadeva, « “Gita govinda”, Le Chant du berger : poème »

dans « Théologie hindoue » (XIXᵉ siècle), p. 244-266

dans « hin­doue» (XIXe siècle), p. 244-266

Il s’agit du «Gîta go­vinda» 1Le Chant du bou­vier»), pièce à la fois chan­tée et dan­sée en l’ de Kṛṣṇa. Ce que l’on sait sur Jaya­deva 2, qui est l’auteur de cette pièce (XIIe siècle apr. J.-C.), se borne à des . On ra­conte qu’à la de ses pa­rents, le poète se mit en route vers le de Ja­gan­nâ­tha avec l’intention d’y ado­rer Kṛṣṇa. En che­min, ce­pen­dant, il tomba d’inanition, ac­ca­blé par la du . Un bou­vier, qui gar­dait son trou­peau aux alen­tours, l’aperçut et vint le se­cou­rir en lui of­frant du lait caillé. Lorsque Jaya­deva ar­riva en­fin au temple, quelle ne fut pas sa sur­prise quand il vit, à la place de la sta­tue de Ja­gan­nâ­tha, le jeune qu’il ve­nait de quit­ter! Com­pre­nant à l’instant que son sau­veur était en Kṛṣṇa, il en conçut l’idée du «Gîta go­vinda». On pré­tend éga­le­ment que le poète hé­si­tait un jour à écrire un vers sus­cep­tible de , et avant de prendre une dé­ci­sion, il pré­para la page, puis des­cen­dit se bai­gner à la ri­vière. Pen­dant ce , Kṛṣṇa lui-même ayant pris les traits de Jaya­deva, écri­vit sur la page le vers qui avait em­bar­rassé Jaya­deva, laissa le ou­vert et se re­tira. Lorsque Jaya­deva re­vint et qu’il vit cela, il fut étonné et in­ter­ro­gea sa femme à ce su­jet. Elle lui dit : «Vous êtes re­venu et avez écrit ce vers : quel autre que vous au­rait tou­ché à votre car­net?» 3 Jaya­deva, très tou­ché par cet évé­ne­ment, alla dans la fo­rêt, où il vit un arbre éton­nant : sur chaque feuille de cet arbre étaient des du «Gîta go­vinda».

  1. En «गीत गोविन्द». Au­tre­fois trans­crit «Geet go­vinda», «Geeta go­vinda», «Gi­ta­go­winda», «Ghita go­vinda» ou «Guîta go­vinda». Icône Haut
  2. En sans­crit जयदेव. Au­tre­fois trans­crit Jai­dev, Jaya­dev, Dscha­ja­de­vas ou Djaya­déva. Icône Haut
  1. Dans , « de la lit­té­ra­ture hin­doui et hin­dous­tani, 2e édi­tion. Tome II», p. 72. Icône Haut

Amaru, « Anthologie érotique »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit du re­cueil que les Hin­dous ap­pellent «La Cen­tu­rie d’Amaru» («Ama­ruśa­taka» 1). On at­tri­bue au roi Amaru 2, un roi mys­té­rieux et dif­fi­ci­le­ment iden­ti­fiable du Ca­che­mire (VIIe siècle apr. J.-C.), cette cen­taine de stances sen­suelles et tendres qui semblent au­tant d’étincelles jaillies du flam­beau même de l’. Les plai­sirs amou­reux, avec aussi leurs que­relles et bou­de­ries, sui­vies de ré­con­ci­lia­tions ra­pides, voilà les thèmes ha­bi­tuels de cette qui sou­tien­drait, sans trop de désa­van­tage, le pa­ral­lèle avec le plus sin­cère et le plus par­fait des ly­riques la­tins : Ca­tulle. Les cri­tiques hin­dous en gé­né­ral et Ânan­da­vard­hana 3 en par­ti­cu­lier exaltent l’habileté ex­cep­tion­nelle avec la­quelle Amaru a concen­tré, dans chaque strophe, des beau­tés dignes de poèmes bien plus longs, ainsi que l’émotion sym­pa­thique et vi­brante avec la­quelle il a re­pré­senté des ta­bleaux, des at­ti­tudes, des mo­ments pi­quants ou at­ten­dris­sants dans les entre l’ et la femme. Il existe à ce su­jet une lé­gende : l’ d’Amaru, par une ac­tion ma­gique («par le pou­voir du yoga»), se se­rait lo­gée dans le de cent , et ce se­rait dans ces trans­mi­gra­tions qu’il au­rait été ini­tié à tous les mys­tères de l’Amour. Cette lé­gende agréable prouve, du moins, le grand cas que ses com­pa­triotes font de ses poé­sies, et la avec la­quelle il a su rendre toutes les nuances d’une pas­sion qui, à ce qu’il pa­raît, est aussi vi­ve­ment sen­tie sur les bords du Gange, que sur ceux de la Seine : «Ce­lui qui n’a pas lu “La Cen­tu­rie” d’Amaru», dit Louis Énault 4, «ne connaît pas toute la ; un côté cu­rieux, une face pro­fon­dé­ment ori­gi­nale de la hin­doue lui aura tou­jours échappé. Je ne pré­tends point que “La Cen­tu­rie” ait l’importance poé­tique du “Râmâyaṇa”, la por­tée re­li­gieuse des Vé­das, ou le grand in­té­rêt his­to­rique du “Ma­hâb­hâ­rata”. Ce se­rait beau­coup trop dire. Mais Amaru nous fait pé­né­trer dans une Inde , dont nous n’avions pas même le soup­çon : l’Inde char­mante, vive, spi­ri­tuelle, vo­lup­tueuse et pas­sion­née. Amaru, ce n’est plus le brah­mane ab­sorbé dans la de … c’est un homme!… Aussi, parce qu’il parle le que com­prennent tous ceux que la pas­sion a ra­va­gés, ou seule­ment ef­fleu­rés… il est lu avec un égal plai­sir sur les rives de la Seine ou sur les bords du Gange, à l’ombre des pa­godes de Delhi ou dans un bou­doir pa­ri­sien».

  1. En «अमरुशतक». Au­tre­fois trans­crit «Ama­ru­ça­taka» ou «Amaru Sha­taka». Icône Haut
  2. En sans­crit अमरु. Par­fois trans­crit Ama­rou. Icône Haut
  1. En sans­crit आनन्दवर्धन. Icône Haut
  2. « de la lit­té­ra­ture des Hin­dous», p. 60-61. Icône Haut

Ovide, « Les Élégies d’Ovide, pendant son exil. Tome II »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit des «Pon­tiques» 1 d’ 2. En l’an 8 apr. J.-C., alors que sa pa­rais­sait plus as­su­rée et plus confor­table que ja­mais, Ovide fut é à Tomes 3, sur la Noire, à l’extrême li­mite de l’Empire. Quelle fut la cause de son exil, et quelle eut l’Empereur Au­guste de pri­ver et sa Cour d’un si grand poète, pour le confi­ner dans les terres ? C’est ce que l’on ignore, et ce qu’apparemment on igno­rera tou­jours. «Sa faute ca­pi­tale fut d’avoir été té­moin de quelque ac­tion se­crète qui in­té­res­sait la ré­pu­ta­tion de l’Empereur, ou plu­tôt de quelque per­sonne qui lui était bien chère : c’est… sur quoi nos … qui veulent à quelque prix que ce soit de­vi­ner une énigme de dix-sept siècles, se trouvent fort par­ta­gés», ex­plique le père  4. Mais lais­sons de côté les hy­po­thèses in­nom­brables et in­utiles. Il suf­fit de sa­voir que, dans ses mal­heurs, Ovide ne trouva pas d’autre res­source que sa , et qu’il l’employa tout en­tière à flé­chir la de l’Empereur : «On ne peut man­quer d’avoir de l’indulgence pour mes », écrit notre poète 5, «quand on saura que c’est pré­ci­sé­ment dans le de mon exil et au mi­lieu de la bar­ba­rie qu’ils ont été faits. L’on s’étonnera même que, parmi tant d’adversités, j’aie pu tra­cer un seul vers de ma main… Je n’ai point ici de qui puissent ra­ni­mer ma verve et me nour­rir au tra­vail : au lieu de livres, je ne vois que des arcs tou­jours ban­dés; et je n’entends que le bruit des qui re­ten­tit de toutes parts… Ô prince le plus doux et le plus hu­main qui soit au ! Sans le mal­heur qui m’est ar­rivé sur la fin de mes jours, l’ de votre es­time m’aurait mis à cou­vert de tous les mau­vais bruits. Oui, c’est la fin de ma qui m’a perdu; une seule bour­rasque a sub­mergé ma barque échap­pée tant de fois du nau­frage. Et ce n’est pas seule­ment quelques gouttes d’ qui ont re­jailli sur ; tous les flots de la mer et l’océan tout en­tier sont ve­nus fondre sur une seule tête et m’ont en­glouti». Il est éton­nant que les cri­tiques n’aient pas fait de ces pages poi­gnantes le cas qu’elles mé­ritent. Aux adres­sées à un pou­voir im­pla­cable, Ovide mêle la la­men­ta­tion d’un perdu loin des siens, loin d’une dont il était na­guère le plus brillant re­pré­sen­tant. Iti­né­raire du , de la , des heures vides, son che­mi­ne­ment tou­chera tous ceux que l’effet de la for­tune ou les vi­cis­si­tudes de la au­ront ar­ra­chés à leur pa­trie.

  1. En «Epis­tulæ ex Ponto» ou «Pon­ticæ Epis­tolæ». Icône Haut
  2. En la­tin Pu­blius Ovi­dius Naso. Icône Haut
  3. Aujourd’hui , en . Icône Haut
  1. «Tome I», p. X. Icône Haut
  2. id. p. 273-275 & 107 & 115. Icône Haut

Legouvé, « Œuvres complètes. Tome III. Poèmes et Tragédies »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de , poète et dra­ma­turge (XVIIIe siècle). Fils d’un des avo­cats les plus cé­lèbres de Pa­ris, Le­gouvé eut des dé­buts dif­fi­ciles avant d’écrire, en moins de six se­maines, «La de Henri IV, roi de ». Il fut frappé d’une heu­reuse  : il pensa que la du roi qui avait conquis son royaume à la pointe de l’épée ne pou­vait être in­dif­fé­rente à l’Empereur qui ve­nait de sou­mettre l’; et ju­geant qu’il existe entre les hé­ros un li­gnage d’, il sol­li­cita de Na­po­léon la fa­veur de lui faire en­tendre son ou­vrage. Il re­çut une ré­ponse fa­vo­rable, et voici, d’après Jean-Ni­co­las Bouilly qui le te­nait de Le­gouvé lui-même, le ré­cit d’une en­tre­vue mé­mo­rable : «Na­po­léon ferme lui-même la porte à double tour, et dé­si­gnant un siège à l’auteur, il l’invite à s’asseoir. Le­gouvé hé­site un ins­tant, et l’Empereur re­prend avec une brusque ur­ba­nité : “Vous vou­lez donc que je reste de­bout?” La lec­ture com­mence… Bien­tôt, au ré­cit fi­dèle de la sainte qui unis­sait Henri IV et Sully, de ce si rare pour les sou­ve­rains de comp­ter sur un ami vé­ri­table, sur un cœur à toute épreuve, l’Empereur se lève, et re­gar­dant de tous cô­tés, pa­raît cher­cher le féal et brave Mon­te­bello. Res­tant alors de­bout, ap­puyé sur le dos d’un fau­teuil, il suit la lec­ture avec la plus scru­pu­leuse at­ten­tion; et lorsque Talma pro­nonce ce vers dans la bouche du Béar­nais qui pressent sa fin pro­chaine : “Je tremble! Je ne sais quel noir pres­sen­ti­ment…” Na­po­léon l’interrompt tout à coup, et dit à Le­gouvé : “J’espère que vous chan­ge­rez cette ex­pres­sion. Un roi peut trem­bler : c’est un comme un autre; mais il ne doit ja­mais le dire”. L’auteur en ef­fet y sub­sti­tue sur-le-champ : “Je fré­mis! Je ne sais…”

Legouvé, « Œuvres complètes. Tome II. Poèmes »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de , poète et dra­ma­turge (XVIIIe siècle). Fils d’un des avo­cats les plus cé­lèbres de Pa­ris, Le­gouvé eut des dé­buts dif­fi­ciles avant d’écrire, en moins de six se­maines, «La de Henri IV, roi de ». Il fut frappé d’une heu­reuse  : il pensa que la du roi qui avait conquis son royaume à la pointe de l’épée ne pou­vait être in­dif­fé­rente à l’Empereur qui ve­nait de sou­mettre l’; et ju­geant qu’il existe entre les hé­ros un li­gnage d’, il sol­li­cita de Na­po­léon la fa­veur de lui faire en­tendre son ou­vrage. Il re­çut une ré­ponse fa­vo­rable, et voici, d’après Jean-Ni­co­las Bouilly qui le te­nait de Le­gouvé lui-même, le ré­cit d’une en­tre­vue mé­mo­rable : «Na­po­léon ferme lui-même la porte à double tour, et dé­si­gnant un siège à l’auteur, il l’invite à s’asseoir. Le­gouvé hé­site un ins­tant, et l’Empereur re­prend avec une brusque ur­ba­nité : “Vous vou­lez donc que je reste de­bout?” La lec­ture com­mence… Bien­tôt, au ré­cit fi­dèle de la sainte qui unis­sait Henri IV et Sully, de ce si rare pour les sou­ve­rains de comp­ter sur un ami vé­ri­table, sur un cœur à toute épreuve, l’Empereur se lève, et re­gar­dant de tous cô­tés, pa­raît cher­cher le féal et brave Mon­te­bello. Res­tant alors de­bout, ap­puyé sur le dos d’un fau­teuil, il suit la lec­ture avec la plus scru­pu­leuse at­ten­tion; et lorsque Talma pro­nonce ce vers dans la bouche du Béar­nais qui pressent sa fin pro­chaine : “Je tremble! Je ne sais quel noir pres­sen­ti­ment…” Na­po­léon l’interrompt tout à coup, et dit à Le­gouvé : “J’espère que vous chan­ge­rez cette ex­pres­sion. Un roi peut trem­bler : c’est un comme un autre; mais il ne doit ja­mais le dire”. L’auteur en ef­fet y sub­sti­tue sur-le-champ : “Je fré­mis! Je ne sais…”

Legouvé, « Œuvres complètes. Tome I. Théâtre »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de , poète et dra­ma­turge (XVIIIe siècle). Fils d’un des avo­cats les plus cé­lèbres de Pa­ris, Le­gouvé eut des dé­buts dif­fi­ciles avant d’écrire, en moins de six se­maines, «La de Henri IV, roi de ». Il fut frappé d’une heu­reuse  : il pensa que la du roi qui avait conquis son royaume à la pointe de l’épée ne pou­vait être in­dif­fé­rente à l’Empereur qui ve­nait de sou­mettre l’; et ju­geant qu’il existe entre les hé­ros un li­gnage d’, il sol­li­cita de Na­po­léon la fa­veur de lui faire en­tendre son ou­vrage. Il re­çut une ré­ponse fa­vo­rable, et voici, d’après Jean-Ni­co­las Bouilly qui le te­nait de Le­gouvé lui-même, le ré­cit d’une en­tre­vue mé­mo­rable : «Na­po­léon ferme lui-même la porte à double tour, et dé­si­gnant un siège à l’auteur, il l’invite à s’asseoir. Le­gouvé hé­site un ins­tant, et l’Empereur re­prend avec une brusque ur­ba­nité : “Vous vou­lez donc que je reste de­bout?” La lec­ture com­mence… Bien­tôt, au ré­cit fi­dèle de la sainte qui unis­sait Henri IV et Sully, de ce si rare pour les sou­ve­rains de comp­ter sur un ami vé­ri­table, sur un cœur à toute épreuve, l’Empereur se lève, et re­gar­dant de tous cô­tés, pa­raît cher­cher le féal et brave Mon­te­bello. Res­tant alors de­bout, ap­puyé sur le dos d’un fau­teuil, il suit la lec­ture avec la plus scru­pu­leuse at­ten­tion; et lorsque Talma pro­nonce ce vers dans la bouche du Béar­nais qui pressent sa fin pro­chaine : “Je tremble! Je ne sais quel noir pres­sen­ti­ment…” Na­po­léon l’interrompt tout à coup, et dit à Le­gouvé : “J’espère que vous chan­ge­rez cette ex­pres­sion. Un roi peut trem­bler : c’est un comme un autre; mais il ne doit ja­mais le dire”. L’auteur en ef­fet y sub­sti­tue sur-le-champ : “Je fré­mis! Je ne sais…”

Attar, « Le Livre de l’épreuve, “Musībatnāma” »

éd. Fayard, coll. L’Espace intérieur, Paris

éd. Fayard, coll. L’ in­té­rieur, Pa­ris

Il s’agit du «Livre de l’épreuve» («Mo­si­bet na­mèh» 1) de  2 (XIIe-XIIIe siècle apr. J.-C.). Je consi­dère At­tar comme le meilleur poète de la . Certes, le nombre des Per­sans qui se sont dis­tin­gués dans le genre est si consi­dé­rable, et plu­sieurs d’entre eux ont ac­quis tant de gloire, que cette opi­nion peut pa­raître ha­sar­dée. Sous le rap­port du choix des pen­sées et de la grâce de l’expression, Djé­lâl-ed-dîn Roûmî ne lui est en rien in­fé­rieur; mais de toutes les idées de ce cé­lèbre dis­ciple, je dé­fie­rais d’en trou­ver une qui n’appartienne pas à At­tar. Et Roûmî lui-même confesse cette lourde dette quand il dit : «At­tar a par­couru les sept ci­tés de l’, tan­dis que j’en suis tou­jours au tour­nant d’une ruelle» 3; et en­core : «At­tar fut l’ du mys­ti­cisme, et Sa­naï fut ses yeux; je ne fais que suivre leurs traces» 4. Fé­rid-ed­din exerça d’abord la pro­fes­sion de par­fu­meur, ainsi que l’indique son sur­nom d’Attar («qui fa­brique ou qui vend des par­fums»). Il avait une bou­tique très élé­gante, qui at­ti­rait les re­gards du pu­blic et qui flat­tait aussi bien les yeux que l’odorat. Un jour qu’il était as­sis sur le de­vant de sa bou­tique avec l’apparence d’un im­por­tant, un fou, ou pour mieux dire, un re­li­gieux très avancé dans la spi­ri­tuelle 5, vint à sa porte, jeta un sur les mar­chan­dises qui étaient éta­lées, puis poussa un pro­fond sou­pir. At­tar, étonné, le pria de pas­ser son che­min. «Tu as », lui ré­pon­dit l’inconnu, «le voyage de l’éternité est fa­cile pour . Je ne suis pas em­bar­rassé dans ma marche, car je n’ai au que mon froc. Il n’en est mal­heu­reu­se­ment pas ainsi de toi, qui pos­sèdes tant de pré­cieuses mar­chan­dises. Songe donc à te pré­pa­rer à ce voyage.»

  1. En «مصیبت‌نامه». Par­fois trans­crit «Mos­si­bat-nā­meh», «Moṣi­bat-nāme» ou «Muṣī­bat-nāma». Icône Haut
  2. En per­san فریدالدین عطار. Par­fois trans­crit Farîdoddîn’Attâr, Fé­ryd-ed­dyn At­thar, Farīd al-Dīn ‘Aṭṭār, Fe­ri­dud­din At­tar, Fa­ri­dud­dine At­tar, Fa­ri­dad­din At­tar ou Fa­rîd-ud-Dîn ‘At­târ. Icône Haut
  3. En per­san

    «هفت شهر عشق راعطار گشت
    ماهنوز اندر خم یک کوچهایم
    ».

    Icône Haut

  1. En per­san

    «عطار روح بود و سنایی دو چشم او
    ما از پی سنایی و عطار آمدیم
    ».

    Icône Haut

  2. Les fous sont re­gar­dés comme des dans la Perse et dans l’Inde, et ran­gés parmi les . Icône Haut

Kim So-wŏl, « Fleurs d’azalée »

éd. Autres temps-Les Écrits des forges, coll. Temps poétique, Marseille-Trois-Rivières

éd. Autres -Les Écrits des forges, coll. Temps , Mar­seille-Trois-Ri­vières

Il s’agit de Kim So-wŏl 1, l’un des co­réens les plus re­pré­sen­ta­tifs de l’époque de l’occupation ja­po­naise. Né et dans la gêne, il n’alla à l’école que par in­ter­mit­tence. Il compta parmi ses maîtres d’école le poète Kim Ŏk 2 qui joua un rôle dé­ci­sif en l’aidant à pu­blier ses pre­mières œuvres dans les re­vues lit­té­raires «Ch’angjo» 3Créa­tion») et «Kae­byŏk» 4Le Com­men­ce­ment du »). Bien que les thèmes de Kim So-wŏl res­semblent à ceux des réunis au­tour de ces deux re­vues, des doutes sub­sistent au su­jet de ses in­fluences exactes. En tout cas, il connais­sait les sym­bo­listes (Ver­laine, Gour­mont, Sa­main…), tra­duits et por­tés aux nues par Kim Ŏk, sous l’ des com­pi­la­tions ja­po­naises de poèmes eu­ro­péens («Mur­mures de » d’Ueda Bin, «Co­raux» de Na­gaï Kafû…) Quant à sa­voir si Kim So-wŏl était un poète de la ré­sis­tance contre l’occupant , la chose fait grand dé­bat. Car, en 1923, les dif­fi­cul­tés fi­nan­cières l’avaient poussé à dé­mé­na­ger au avec l’intention de faire des études de et de sor­tir de la mi­sère. Il échoua et re­vint plus pauvre que ja­mais. Désa­busé, ne par­ve­nant pas à vivre hon­nê­te­ment de sa plume, il quitta la ville pour la cam­pagne co­réenne et passa les der­nières an­nées de sa brève au mi­lieu de désa­gré­ments de toute sorte, qu’il noya le plus sou­vent dans l’alcool. Il se sui­cida à l’opium, en lais­sant der­rière lui un unique re­cueil : « d’azalée» («Chin­dal­laek­kot» 5). Sa nous touche et reste pour­tant en poin­tillé, ébauche d’une œuvre in­ache­vée. Son dé­faut tient à ce qu’elle est d’une trop courte. On voit des contours s’y tra­cer avec grâce; mais ils se dis­sipent sou­dain dans les airs, comme les va­peurs char­geant l’ se dé­chirent au le­ver du . Dans «L’Appel aux mânes» («Ch’ohon» 6), peut-être son chef-d’œuvre, Kim So-wŏl donne l’impression mo­men­ta­née de peindre tout un abaissé, écrasé sous la botte étran­gère. Puis, dès qu’on vient ob­ser­ver de près cette , elle s’évanouit. Tout cela oc­cupe à peine six ou sept vers

  1. En 김소월. Par­fois trans­crit Kim So-weol. De son vrai nom Kim Chŏng-sik (김정식). Par­fois trans­crit Kim Jung Sik, Kim Chung-sik, Kim Chŏng-shik ou Gim Jeong­sik. Icône Haut
  2. En co­réen 김억. Par­fois trans­crit Kim Uk. Icône Haut
  3. En co­réen «창조». Icône Haut
  1. En co­réen «개벽». Icône Haut
  2. En co­réen «진달래꽃». Par­fois trans­crit «Chin­tal­laek­kot», «Chin­da­lae kkot», «Chin­dal­lae kkoch’», «Chin­dal­laeg­got» ou «Jin­dal­laek­kot». Icône Haut
  3. En co­réen «초혼». Icône Haut

Régnier, « Œuvres »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Ma­thu­rin Ré­gnier, poète sa­ti­rique (XVIe-XVIIe siècle). Lé­ger et ef­fronté, vi­gou­reux et fa­mi­lier, Ré­gnier fut le poète fran­çais qui, du consen­te­ment de tout le , connut le mieux, avant Mo­lière, les vices et les tra­vers des hommes. À la pa­ru­tion de ses «Sa­tires», les contem­po­rains crièrent au mi­racle, é jusqu’aux nues la de ses ta­bleaux. Leur en­thou­siasme n’était pas illé­gi­time, car ils ne trou­vaient pas dans la lit­té­ra­ture fran­çaise la moindre œuvre qui res­sem­blât à la sienne. Ré­gnier tra­vaillait sur des mo­dèles vi­vants; il se pro­me­nait par les rues, l’ au guet et l’oreille au vent; puis, ren­tré chez lui, il s’amusait à crayon­ner les gro­tesques qu’il avait ren­con­trés au pas­sage. Cette de tra­vail le dis­po­sait peu à imi­ter l’ grecque et la­tine. Il l’imita au­tre­ment, en pre­nant soin de mar­quer ses em­prunts au coin du vieil es­prit fran­çais, tel qu’il était chez Ra­be­lais ou chez Ma­rot — un es­prit in­dé­pen­dant et me­suré, en­nemi des pré­ju­gés, hardi contre les ri­di­cules, mais sans ja­mais nom­mer per­sonne et n’étant en­fin d’aucune secte ni d’aucun parti. «C’est par là qu’il s’appropria cette An­ti­quité que l’école de Ron­sard n’avait su que contre­faire. Il n’eut pas la pré­ten­tion de ren­ver­ser cette école ou de faire secte. Ne­veu de De­sportes, ad­mi­ra­teur de Ron­sard, c’est à son insu qu’il est ré­for­ma­teur», dit un  1. En somme, ses «Sa­tires» furent l’une des œuvres les plus im­por­tantes de la de tran­si­tion; elles furent le prin­ci­pal an­neau, le prin­ci­pal chaî­non qui rat­ta­cha la du à la clas­sique. Certes, il ne faut pas se le dis­si­mu­ler pour au­tant : l’œuvre de Ré­gnier ne sau­rait avoir le même in­té­rêt que celle de Mo­lière : «Sa syn­taxe est sou­vent obs­cure et confuse; ses pé­riodes sont construites et se dé­ve­loppent avec peine. En cela, il laisse voir son manque de tra­vail, son mé­pris de la cor­rec­tion, dès l’instant qu’il en doit coû­ter quelque chose à sa pa­resse et à son in­sou­ciance. Seule­ment Ré­gnier a du , ce qui n’est pas donné à tous les … Et c’est là ce qui lui as­sure l’ lit­té­raire», dit un autre cri­tique 2.

  1. Saint-Marc Gi­rar­din. Icône Haut
  1. Georges Meu­nier. Icône Haut