Han Shan, « Merveilleux le chemin de Han shan : poèmes »

éd. Moundarren, Millemont

éd. Moun­dar­ren, Mil­le­mont

Il s’agit de Han Shan 1, er­mite et poète (VIIe siècle apr. J.-C.). Il avait quitté sa pour se re­ti­rer sur une fa­laise, dans un en­droit nommé Mon­tagne froide (Han shan), au­quel il doit son sur­nom. Le lieu où il vi­vait était libre de la pous­sière et du bruit. Il s’asseyait parmi les nuages blancs. Un vent sub­til souf­flait à tra­vers les pins so­li­taires, dont le son lui était agréable. De­puis dix ans, il n’était pas re­tourné en ville; il en avait ou­blié la route qu’il avait ja­dis em­prun­tée pour ve­nir. Non loin de là, au mo­nas­tère du Pays clair (Guo qing 2), vi­vait son ami et condis­ciple, Shi De 3, qui tra­vaillait dans la cui­sine et met­tait les restes de côté pour lui dans un tube de bam­bou. Han Shan dé­am­bu­lait sous la vé­randa du mo­nas­tère, criant de , par­lant seul, riant seul. On le pre­nait pour un fou. Par­fois, les moines lui cou­raient après pour l’injurier, pour le chas­ser. Dans les , près des huttes, il ba­di­nait avec les qui gar­daient les vaches. Pour­tant, ses pa­roles sem­blaient co­hé­rentes, et si on y ré­flé­chis­sait bien, on y de­vi­nait des idées pro­fondes. En fait, tout ce qu’il di­sait était pro­fond. Dans ses poé­sies aussi, il abor­dait les su­jets les plus graves en en don­nant une in­gé­nue et simple, et en conser­vant une par­faite bon­ho­mie, ce qui fait qu’on suit ses vers et qu’on se les as­si­mile ra­pi­de­ment, sans même se rendre compte de leur por­tée :

«Les gens de­mandent le che­min de Han shan
Nulle route ne mène à Han shan
L’été, la glace ne fond pas
À peine levé, le se noie dans le brouillard
Com­ment y par­ve­nir, comme ,
Si votre cœur n’est pas pa­reil au mien?
Si votre cœur, par contre, est pa­reil au mien
Vous êtes alors en plein mi­lieu
»

  1. En chi­nois 寒山. Au­tre­fois trans­crit Han-chan ou Han Schan. Icône Haut
  2. En chi­nois 國清. Au­tre­fois trans­crit Kuo ch’ing. Icône Haut
  1. En chi­nois 拾得. Au­tre­fois trans­crit Shih Té. On ra­conte que Shi De était un en­fant aban­donné, car son sur­nom si­gni­fie «le ra­massé». Icône Haut

Ji Yun, « Passe-temps d’un été à Luanyang »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

Ji Yun, « Notes de la chaumière des observations subtiles »

éd. Kwok On, coll. Culture, Paris

éd. Kwok On, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

« Printemps et Automnes de Lü Buwei »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit des «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü» 1Lü­shi chun­qiu» 2). Ce n’est pas un ou­vrage his­to­rique comme son titre pour­rait le faire croire («Prin­temps et Au­tomnes» si­gni­fiant «An­née» ou «An­nales» en ), mais une col­lec­tion d’ phi­lo­so­phiques ré­di­gés pour le compte du sieur Lü (IIIe siècle av. J.-C.) et clas­sés sous les ru­briques des douze mois de l’année. D’abord très riche mar­chand, puis pre­mier mi­nistre, le sieur Lü, de son nom com­plet Lü Bu­wei 3, est une sorte de Ma­za­rin chi­nois. Il exerça la ré­gence pen­dant la mi­no­rité du jeune prince qui de­vait être un jour Em­pe­reur; d’aucuns veulent même qu’il en ait été le père na­tu­rel, en de son rap­port in­time avec l’Impératrice. Sans être un lit­té­ra­teur, il sa­vait soi­gner sa ré­pu­ta­tion et il en­tre­te­nait au­tour de lui une Cour de trois mille et ha­biles; il leur fit mettre en ordre ce qu’ils avaient en­tendu dire ou di­saient eux-mêmes, et c’est là les «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü». «La tra­di­tion veut que trois mille let­trés eussent ainsi été ras­sem­blés, hé­ber­gés, en­tre­te­nus [par lui], avec toutes les com­mo­di­tés de tra­vail que cela im­plique, plu­sieurs an­nées du­rant», ex­plique M. Ivan Ka­me­na­ro­vić 4. «Quand bien même ce chiffre se­rait fort exa­géré, il n’empêche que le ré­sul­tat éton­nant au­quel cette en­tre­prise a per­mis d’aboutir est à lui seul le sym­bole et l’expression d’un mo­ment ca­pi­tal de l’ de la chi­noise.» Une anec­dote cé­lèbre veut que, l’ouvrage ter­miné, le sieur Lü l’ait fait pla­cer à la porte du mar­ché de Xia­nyang 5, la ca­pi­tale des Qin, et sus­pendre au-des­sus une grosse somme d’, pro­mise à qui­conque trou­ve­rait un seul mot à chan­ger dans le texte; per­sonne n’osa se pré­sen­ter. Pour­tant, bien des dé­fauts au­raient pu être re­le­vés dans cette com­pi­la­tion éru­dite et terne.

  1. À ne pas confondre avec la chro­nique des «Prin­temps et Au­tomnes» re­la­tant l’histoire de Lu, pa­trie de . Icône Haut
  2. En chi­nois «呂氏春秋». Au­tre­fois trans­crit «Lu-chi tchun-tsieou», «Liu-cheu tch’oen-ts’ieou», «Liu-che tch’ouen-ts’ieou» ou «Lü shih ch’un-ch’iu». Icône Haut
  3. En chi­nois 呂不韋. Au­tre­fois trans­crit Lu-pou-ouei, Lu-pou-ouey, Lu Pou-wei, Liu Pou-wei, Lü Pu-wei ou Lü Bu We. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 咸陽. Par­fois trans­crit Hian yang, Sie­nyang, Hien-yang ou Hsien-yang. Icône Haut

« En mouchant la chandelle : nouvelles chinoises des Ming »

éd. Gallimard, coll. L’Imaginaire, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Imaginaire, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Nou­velles His­toires en mou­chant la chan­delle» («Jian­deng xin­hua» 1) de Qu You 2 et de la «Suite aux his­toires en mou­chant la chan­delle» («Jian­deng yu­hua» 3) de Li Zhen 4. Mou­cher une chan­delle, cou­per la mèche brû­lée qui em­pêche de bien éclai­rer, im­plique une heure tar­dive : celle où l’on a le loi­sir d’évoquer des étranges, des amours ir­réelles avec des créa­tures de l’au-delà, des vi­sites gla­çantes de spectres, de re­ve­nants ou de «dé­mons aux al­lures bi­zarres et aux formes bis­cor­nues» 5. En ra­vi­vant la grande tra­di­tion des «ré­cits fan­tas­tiques» en clas­sique («chuan qi» 6), les re­cueils de Qu You et de Li Zhen connurent un si fort , qu’ils furent mis à l’index afin qu’ils «ne dis­traient pas la ». Mais li­sons-les avec at­ten­tion, cher­chons entre les lignes, et on dé­cou­vrira la vé­ri­table de cette cen­sure : c’est qu’ils fai­saient état d’une où rien n’allait plus; où les étaient d’insignes hy­po­crites qui, sous la plus belle ap­pa­rence de , se per­met­taient toute sorte de fraudes et de bru­ta­li­tés; qui se glo­ri­fiaient de l’équité et de l’excellence de leurs , tout en ne se fai­sant au­cun scru­pule de les en­freindre : «In­té­grité et in­dul­gence, ces deux mots sont de vrais ta­lis­mans!», dit une des his­toires 7 qui abonde en cri­tiques à peine dis­si­mu­lées. «Seule l’intégrité per­met de s’imposer une règle de , seule l’indulgence per­met d’être en contact avec le ; par l’intégrité, le cœur se for­ti­fie; par l’indulgence, le peuple de­vient plus proche. Quand le peuple est proche, il amende sa conduite, et c’est le terme ul­time des com­pé­tences d’un fonc­tion­naire!» Ces opi­nions tran­chées, ce ton de re­proche pa­rais­saient bien plus per­ni­cieux aux yeux des au­to­ri­tés Ming 8 que les pas­sages ju­gés li­cen­cieux ou im­mo­raux.

  1. En «剪燈新話». Au­tre­fois trans­crit «Chien-teng hsin-hua». Icône Haut
  2. En chi­nois 瞿佑. Au­tre­fois trans­crit Ch’ü Yu. Icône Haut
  3. En chi­nois «剪燈餘話». Au­tre­fois trans­crit «Chien-teng yü-hua». Icône Haut
  4. En chi­nois 李禎. Au­tre­fois trans­crit Li Chen. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 傳奇. Icône Haut
  3. p. 159. Icône Haut
  4. De l’an 1368 à l’an 1644. Icône Haut

Lie-tseu, « L’Authentique Classique de la parfaite vacuité »

éd. Entrelacs, Paris

éd. En­tre­lacs, Pa­ris

Il s’agit du «L’Authentique Clas­sique de la su­prême de la par­faite va­cuité» («Chong xu zhi de zhen jing»), plus connu sous le titre abrégé de «L’Authentique Clas­sique de la par­faite va­cuité» («Chong xu zhen jing» 1), ou­vrage fon­da­men­tal du ïsme . On l’appelle en­core com­mu­né­ment le «Lie-tseu» 2, du nom du phi­lo­sophe chi­nois qui en est le per­son­nage prin­ci­pal. Ce Lie-tseu est, aux cô­tés de Lao-tseu et de Tchouang-tseu, l’un des fon­da­teurs de l’école du tao. Il est cer­tai­ne­ment le moins connu des trois. On ignore tout de sa per­sonne, si­non qu’il avait la fa­culté de che­vau­cher le vent et de voya­ger dans les airs. Son confrère Tchouang-tseu lui prête ce pou­voir ma­gique dans le pas­sage sui­vant : «Lie-tseu se dé­pla­çait en che­vau­chant le vent. Il voya­geait de la fa­çon la plus agréable et s’en re­ve­nait au bout de quinze jours. Certes, un tel est rare» 3. Dans le «Lie-tseu» ac­tuel, qui ne date que du IIIe siècle apr. J.-C., il y a une part de «Lie-tseu» ori­gi­nal et une part d’interpolations tar­dives, ve­nant de re­cueils di­vers et quel­que­fois op­po­sés au  : «Les En­tre­tiens de Confu­cius», «Prin­temps et Au­tomnes du sieur Lü», etc. Son contenu est de la dis­pa­rité la plus com­plète : «Nous de­vons… no­ter que les prin­cipes phi­lo­so­phiques qu’on y trouve dé­ve­lop­pés le sont sans au­cune ; ils sont au contraire ré­pan­dus çà et là, sans le moindre souci d’un ordre ou d’une mé­thode quel­conque», dit mon­sei­gneur . Mal­gré ces dis­pa­rates, ce cha­pe­let de bons mots et de conseils pour une hu­maine conve­nable, rat­ta­chés entre eux par le fil le plus lé­ger, tient notre at­ten­tion sous le charme par son agré­ment et sa sim­pli­cité. «Lie-tseu est sans le plus ac­ces­sible des fon­da­teurs du taoïsme», dit M. .

  1. En chi­nois «沖虛眞經». Au­tre­fois trans­crit «Tch’oung-hu-tchenn-king», «Tch’ong siu tchen king», «Tchoung-hiu-tchin-king», «Tchong-hiu tchen-king» ou «Tchong xu zhen jing». Icône Haut
  2. En chi­nois «列子». Par­fois trans­crit «Liä Dsi», «Lieht­zyy», «Lie-tze», «Lie-tse», «Lie-tsée», «Lieh Tzǔ», «Lie-tzeu» ou «Liezi». Icône Haut
  1. «L’Œuvre com­plète», ch. I. Icône Haut

« “Tchoung ioung”, L’Invariable Milieu »

dans « Les Quatre Livres » (XIXᵉ siècle), p. 27-67

dans «Les Quatre » (XIXe siècle), p. 27-67

Il s’agit de «L’Invariable Mi­lieu» 1Zhon­gyong» 2), ou­vrage ja­dis at­tri­bué au pe­tit-fils de Confu­cius, Zi Si 3. Sans al­ler jusqu’à consi­dé­rer Zi Si comme l’auteur, ainsi que le vou­lait la tra­di­tion, les ac­tuels lui en at­tri­buent le noyau. Le but de l’ouvrage est de prou­ver qu’il faut suivre en tout le «mi­lieu» — terme par le­quel on dé­signe, en comme dans toutes les langues, la voie mé­diane, la tem­pé­rance, la mo­dé­ra­tion. Ainsi le qui dit : «Me­dium te­nuere beati» («Les bien­heu­reux ont tenu le mi­lieu»). En ef­fet, le ca­rac­tère «zhong» si­gni­fie «mi­lieu», et «yong» — «or­di­naire, mé­diocre»; c’est donc le juste mi­lieu ou la mé­dio­crité d’, c’est-à-dire la per­sé­vé­rance dans une voie droite éga­le­ment éloi­gnée des ex­trêmes. Quand il ne s’élève dans l’ au­cun ex­cès de , de tris­tesse, de plai­sir, on dit que cette âme a at­teint l’invariable mi­lieu, parce qu’elle est en équi­libre et n’incline d’aucun côté. Quand ces s’expriment avec me­sure, on dit qu’elles sont en har­mo­nie. L’harmonie est le fon­de­ment de tout ce qui se fait dans l’univers. Cha­cun sait la trou­ver, mais il n’est donné qu’à un pe­tit nombre d’y per­sé­vé­rer un long  : «Les per­sonnes les plus igno­rantes, hommes ou , peuvent ar­ri­ver à la connaître», dit  4, «mais les plus grands eux-mêmes ne la connaissent pas dans toute son éten­due. [Elle] se trouve, quant à ses pre­miers prin­cipes, dans le cœur des per­sonnes les plus vul­gaires. Ses li­mites ex­trêmes at­teignent celles du et de la ».

  1. Par­fois tra­duit «L’Invariabilité dans le mi­lieu», «La Ré­gu­la­tion à usage or­di­naire», «Le Juste Mi­lieu, ou Le Mi­lieu im­muable» ou «La Doc­trine du juste mi­lieu». Icône Haut
  2. En chi­nois «中庸». Au­tre­fois trans­crit «Chum yum», «Chung yung», «Tsong-yong», «Tchong-yong», «Tchung-yung», «Tchoung-joung», «Tchoung ioung» ou «Tchoûng yoûng». Icône Haut
  1. En chi­nois 子思. Au­tre­fois trans­crit Tsu Su, Tseu Sseu, Tseù-ssê ou Tzeu Seu. Icône Haut
  2. p. 7-8. Icône Haut

Tseng-tseu, « “Hiao King”, Le Livre de la piété filiale ou de l’amour filial »

dans « Revue de Corée », vol. 5, nº 2, p. 39-70

dans «Re­vue de », vol. 5, nº 2, p. 39-70

Il s’agit du «Livre de la » 1Hiao King» 2), qui consti­tue avec «La Grande Étude», «la porte par où l’on ac­cède au rayon­ne­ment» 3 de la et de l’ . L’un des dis­ciples de Confu­cius, pos­si­ble­ment  4, a com­posé ces deux ou­vrages, où il traite de la per­sé­vé­rance dans le sou­ve­rain bien, qui n’est autre chose que la confor­mité de nos actes avec les du . Par­tant de notre amé­lio­ra­tion per­son­nelle et du bon ordre à éta­blir dans notre , il en ar­rive pro­gres­si­ve­ment aux moyens de pa­ci­fier et bien gou­ver­ner l’Empire. Car, au­tre­fois, les an­ciens princes qui dé­si­raient dé­ve­lop­per et faire briller les lois du ciel, s’attachaient au­pa­ra­vant à bien gou­ver­ner leur royaume; ceux qui dé­si­raient bien gou­ver­ner leur royaume, s’attachaient au­pa­ra­vant à mettre le bon ordre dans leur fa­mille; ceux qui dé­si­raient mettre le bon ordre dans leur fa­mille, s’attachaient au­pa­ra­vant à se cor­ri­ger eux-mêmes; ceux qui dé­si­raient se cor­ri­ger eux-mêmes, s’attachaient au­pa­ra­vant à don­ner de la droi­ture à leur ; ceux en­fin qui dé­si­raient don­ner de la droi­ture à leur âme, s’attachaient au­pa­ra­vant à per­fec­tion­ner leurs connais­sances mo­rales. Telle est la fin que se pro­posent «Le Livre de la piété fi­liale» et «La Grande Étude». Soit pré­jugé ou , soit obs­ti­na­tion ou , la , pen­dant des mil­lé­naires, n’a ja­mais cessé de lire et d’admirer ces deux ou­vrages : les du goût, les chan­ge­ments de ré­gime, les do­mi­na­tions étran­gères même n’ont pas en­tamé leur ori­gi­nelle ni la so­li­dité de leurs prin­cipes. «C’est dans la belle mo­rale qu’ils en­seignent, dans les qu’ils com­mandent, et dans les règles de po­li­tique qu’ils tracent et qu’ils ont eu la gloire de per­sua­der, que les d’au-delà des mers au­raient dû cher­cher la so­lu­tion [au] grand [mys­tère] de la du­rée de l’Empire », dit le père -Mar­tial Ci­bot.

  1. Par­fois tra­duit «Clas­sique de la piété fi­liale». Icône Haut
  2. En chi­nois «孝經». Par­fois trans­crit «Hia-king», «Hiao Kim», «Heaou-king», «Hsiao Ching», «Syau Jing», «Xiao Qing» ou «Xiao Jing». Icône Haut
  1. p. 49. Icône Haut
  2. En chi­nois 曾子. Par­fois trans­crit Tseng-tsée, Thsêng-tseu, Tseng-tzu ou Zeng Zi. De son vrai nom Tseng Chen (曾參). Par­fois trans­crit Tseng Ts’an, Zeng Can ou Zeng Shen. Icône Haut

Lindgren, « Les Frères Cœur-de-lion »

éd. Le Livre de poche jeunesse, Paris

éd. Le Livre de poche , Pa­ris

Il s’agit des « Cœur-de-lion» («Brö­derna Le­jonh­järta») de Mme , la grande dame de la lit­té­ra­ture pour , la créa­trice de la ga­mine la plus ef­fron­tée sor­tie de l’ sué­doise : Fifi Brin­da­cier. Au­cun au­teur n’a été tra­duit en au­tant de langues que Mme Lind­gren. On ra­conte que M. Bo­ris Pan­kine 1, am­bas­sa­deur d’ à Stock­holm, confia un jour à l’écrivaine que presque tous les foyers so­vié­tiques comp­taient deux  : son «Karls­son sur le toit» et la ; ce à quoi elle ré­pli­qua : «Comme c’est étrange! J’ignorais to­ta­le­ment que la Bible était si po­pu­laire!» 2 C’est en 1940 ou 1941 que Fifi Brin­da­cier vit le jour comme per­son­nage de , au mo­ment où l’ fai­sait main basse sur l’, sem­blable à «un monstre éfique qui, à in­ter­valles ré­gu­liers, sort de son trou pour se pré­ci­pi­ter sur une vic­time» 3. Le cou­lait, les gens re­ve­naient mu­ti­lés, tout n’était que mal­heur et déses­poir. Et mal­gré les mille rai­sons d’être dé­cou­ra­gée face à l’avenir de notre , Mme Lind­gren ne pou­vait s’empêcher d’éprouver un cer­tain op­ti­misme quand elle voyait les per­sonnes de de­main : les en­fants, les ga­mins. Ils étaient «joyeux, sin­cères et sûrs d’eux, et ce, comme au­cune gé­né­ra­tion pré­cé­dente ne l’a été» 4. Mme Lind­gren com­prit, alors, que l’avenir du dor­mait dans les chambres des en­fants. C’est là que tout se jouait pour que les hommes et les de de­main de­viennent des sains et bien­veillants, qui voient le monde tel qu’il est, qui en connaissent la beauté. Le de Mme Lind­gren tient à cette . L’ qu’elle porte aux faibles et aux op­pri­més lui vaut éga­le­ment le des pe­tits et des grands. Beau­coup de ses ré­cits ont pour cadre des bour­gades res­sem­blant à sa bour­gade na­tale. Mais il ne s’agit là que du cadre. Car l’essence de ses ré­cits ré­side dans l’imagination dé­bor­dante de l’enfant so­li­taire — ce ter­ri­toire in­té­rieur où nul ne peut plus être tra­qué, où la seule est pos­sible. «Je veux écrire pour des lec­teurs qui savent créer des mi­racles. Les en­fants savent créer des mi­racles en li­sant», dit-elle 5. De même que toute , dans n’importe quel genre, dé­passe les li­mites de ce genre et de­vient quelque chose d’incomparable; de même, les ou­vrages de Mme Lind­gren dé­passent les li­mites étroites de la . Ce sont des le­çons de li­berté pour tous les âges et tous les siècles : «: Li­berté! Car sans li­berté, la fleur du poème fa­nera où qu’elle pousse» 6.

  1. En Борис Дмитриевич Панкин. Icône Haut
  2. Dans «Dos­sier : As­trid Lind­gren». Icône Haut
  3. Dans Jens An­der­sen, «As­trid Lind­gren». Icône Haut
  1. id. Icône Haut
  2. Dans «Dos­sier : As­trid Lind­gren». Icône Haut
  3. Dans Jens An­der­sen, «As­trid Lind­gren». Icône Haut

Xue Tao, « Un Torrent de montagne »

éd. La Différence, coll. Orphée, Paris

éd. La Dif­fé­rence, coll. Or­phée, Pa­ris

Il s’agit de Xue  1, cour­ti­sane chi­noise (VIIIe-IXe siècle) cé­lèbre pour ses poèmes, et pour avoir mis à la une es­pèce de pa­pier rouge foncé qui porte son nom, et dont elle se ser­vait pour cor­res­pondre avec ses cen­taines de pré­ten­dants. On ra­conte qu’à l’âge de huit ans, elle fai­sait déjà des vers et qu’elle par­lait un fort dif­fé­rent du lan­gage or­di­naire des . Un jour, son père, s’arrêtant à l’ombre d’un pau­low­nia près d’un puits, com­posa le dé­but d’un qua­train :

«Dans la cour, il est un an­tique pau­low­nia;
Son tronc élevé perce les nuages
».

Et sa fille de le com­plé­ter :

«Ses ra­meaux ac­cueillent les du Nord et du Sud;
Ses feuilles disent adieu aux vents qui vont et viennent
» 2.

Le père de Xue Tao, après s’être ré­joui d’une telle pré­co­cité, se cha­grina tout à coup du sens ca­ché de ces vers, dans les­quels il de­vi­nait la triste pro­fes­sion qu’exercerait sa fille ex­po­sée «aux vents qui vont et viennent». Et les faits lui don­nèrent ; car, res­tée seule après la sou­daine de son père, la jeune fille s’inscrivit dans une mai­son de à Chengdu et consuma tout son dans le vain ta­lent de plaire aux hommes. Elle fré­quenta, pour­tant, de grands let­trés de son , en par­ti­cu­lier Yuan Zhen, lorsque ce der­nier fut de pas­sage. «Nom­breux sont ceux qui pensent qu’elle es­pé­rait se faire épou­ser par le poète, bien qu’elle ait été d’une di­zaine d’années son aî­née. Ont-ils quitté Chengdu pour vivre leur pen­dant un temps comme cer­tains l’affirment? Les di­vergent. Quoi qu’il en soit, un fait de­meure : Xue Tao et Yuan Zhen se por­taient plus que de l’affection et échan­gèrent des poèmes.» 3

  1. En 薛濤. Au­tre­fois trans­crit Hsieh T’ao ou Hsüeh T’ao. Icône Haut
  2. Flo­rence Hu-Sterk, «Ainsi bat l’autre cœur». Icône Haut
  1. id. Icône Haut

Tseng-tseu, « La Grande Étude »

éd. du Cerf, coll. Patrimoines-Confucianisme, Paris

éd. du Cerf, coll. Pa­tri­moines-, Pa­ris

Il s’agit de «La Grande Étude» 1Ta-hio» 2), qui consti­tue avec «Le Livre de la », «la porte par où l’on ac­cède au rayon­ne­ment» 3 de la et de l’ . L’un des dis­ciples de Confu­cius, pos­si­ble­ment  4, a com­posé ces deux ou­vrages, où il traite de la per­sé­vé­rance dans le sou­ve­rain bien, qui n’est autre chose que la confor­mité de nos actes avec les du . Par­tant de notre amé­lio­ra­tion per­son­nelle et du bon ordre à éta­blir dans notre , il en ar­rive pro­gres­si­ve­ment aux moyens de pa­ci­fier et bien gou­ver­ner l’Empire. Car, au­tre­fois, les an­ciens princes qui dé­si­raient dé­ve­lop­per et faire briller les lois du ciel, s’attachaient au­pa­ra­vant à bien gou­ver­ner leur royaume; ceux qui dé­si­raient bien gou­ver­ner leur royaume, s’attachaient au­pa­ra­vant à mettre le bon ordre dans leur fa­mille; ceux qui dé­si­raient mettre le bon ordre dans leur fa­mille, s’attachaient au­pa­ra­vant à se cor­ri­ger eux-mêmes; ceux qui dé­si­raient se cor­ri­ger eux-mêmes, s’attachaient au­pa­ra­vant à don­ner de la droi­ture à leur ; ceux en­fin qui dé­si­raient don­ner de la droi­ture à leur âme, s’attachaient au­pa­ra­vant à per­fec­tion­ner leurs connais­sances mo­rales. Telle est la fin que se pro­posent «La Grande Étude» et «Le Livre de la piété fi­liale». Soit pré­jugé ou , soit obs­ti­na­tion ou , la , pen­dant des mil­lé­naires, n’a ja­mais cessé de lire et d’admirer ces deux ou­vrages : les du goût, les chan­ge­ments de ré­gime, les do­mi­na­tions étran­gères même n’ont pas en­tamé leur ori­gi­nelle ni la so­li­dité de leurs prin­cipes. «C’est dans la belle mo­rale qu’ils en­seignent, dans les qu’ils com­mandent, et dans les règles de po­li­tique qu’ils tracent et qu’ils ont eu la gloire de per­sua­der, que les d’au-delà des mers au­raient dû cher­cher la so­lu­tion [au] grand [mys­tère] de la du­rée de l’Empire », dit le père -Mar­tial Ci­bot.

  1. Par­fois tra­duit «La Grande ou l’Importante Doc­trine», «L’Éducation su­pé­rieure», «Le Livre de la grande science» ou «Le Grand Sa­voir». Icône Haut
  2. En chi­nois «大學». Par­fois trans­crit «Daxue», «Ta Hsüeh», «Ta-hsue», «Tá ‘Hiŏh», «Thaï-yo», «Taï-hio» ou «Ta Hiue». Icône Haut
  1. p. 49. Icône Haut
  2. En chi­nois 曾子. Par­fois trans­crit Tseng-tsée, Thsêng-tseu, Tseng-tzu ou Zeng Zi. De son vrai nom Tseng Chen (曾參). Par­fois trans­crit Tseng Ts’an, Zeng Can ou Zeng Shen. Icône Haut

« Divers Extraits du “Chu King” : maximes des anciens rois »

dans « Description géographique, historique, chronologique, politique de l’Empire de la Chine. Tome II » (XVIIIᵉ siècle), p. 353-369

dans « géo­gra­phique, his­to­rique, chro­no­lo­gique, de l’Empire de la . Tome II» (XVIIIe siècle), p. 353-369

Il s’agit du «Shu Jing» 1Ca­non des do­cu­ments»), éga­le­ment connu sous le titre de «Shang Shu» 2Do­cu­ments des gé­né­ra­tions an­té­rieures»). Nous ne connais­sons la haute des (XIe-VIIe siècle av. J.-C.) que par le «Shu Jing»; c’est la pre­mière et la plus an­cienne de leurs œuvres lit­té­raires. Aussi, leurs et leurs l’ont-ils ap­pe­lée «La Source de la doc­trine», «La pro­fonde de et de », «Le Livre des Em­pe­reurs», «L’Art de ré­gner», «Le Cri de l’Antiquité», «La Règle de tous les siècles», etc. Mal­gré ces titres élo­gieux et une in­fi­nité d’autres qui lui ont été don­nés, nous ne de­vons pas y cher­cher une com­po­si­tion faite d’après les grands prin­cipes de l’art et de la . «C’est [se trom­per] et trans­por­ter ses idées dans le “Shu Jing” d’aujourd’hui que d’y vou­loir trou­ver un plan suivi et ana­lysé», ex­plique le père -Mar­tial Ci­bot 3. «Un cha­pitre ne tient point à un autre, et tous en­semble ne pré­sentent qu’une suite d’extraits plus dé­cou­sus en­core et plus dé­ta­chés les uns [que les autres]. Les faits que ra­conte le “Shu Jing”, la doc­trine, la , la po­li­tique et la belle qu’il en­seigne, en font tout le prix.» Quelle a pu être l’origine de ce mo­nu­ment dé­cousu et dé­ta­ché, il est vrai, mais ir­ré­cu­sable des tra­di­tions, des croyances et de la pri­mi­tive de la Chine an­cienne? On ra­conte qu’autrefois, il y avait sans cesse à la Cour de l’Empereur, et presque à ses cô­tés, deux dis­tin­gués par leur mé­rite, par leurs bonnes mœurs et par leur gra­vité, et dont l’emploi consis­tait à être at­ten­tifs à la pri­vée et aux actes du sou­ve­rain, à ses dé­cla­ra­tions de , à ses or­don­nances, à ses édits, à ses , à ses dis­cours. Ces deux té­moins de­vaient mettre tout par écrit, l’un ne re­cueillant que les pa­roles, l’autre ne s’attachant qu’aux ac­tions. Et comme ces pa­roles et ces ac­tions n’étaient pas toutes de à de­voir être trans­mises à la pos­té­rité, on en fit plus tard une . C’est là ce qu’on ap­pelle le «Shu Jing». «Les dis­cours et faits rap­por­tés four­nissent comme des études de cas, des exemples connus par tous — ceux dont fera usage un Men­cius par exemple pour dis­tin­guer la vraie de ses contre­fa­çons, ou in­cul­quer à ses dis­ciples l’esprit qui doit gui­der l’observance ri­tuelle. Jusqu’à un cer­tain point, la chi­noise an­tique est une du ma­té­riau [ras­sem­blé] dans le “Shu Jing”», ex­plique M. Be­noît Ver­man­der 4.

  1. En chi­nois «書經». Au­tre­fois trans­crit «Xu Kin», «Shu-ching», «Shoo-king», «Shû King», «Schu-king», «Chou-kin», «Chou-king» ou «Chu King». Icône Haut
  2. En chi­nois «尚書». Au­tre­fois trans­crit «Chang-chou». Icône Haut
  1. «Mé­moires. Tome I», p. 68-69. Icône Haut
  2. «Com­ment lire les ?». Icône Haut

Ji Junxiang, « L’Orphelin de la maison de Tchao : tragédie chinoise »

XVIIIᵉ siècle

XVIIIe siècle

Il s’agit de «L’Orphelin de la mai­son de Zhao» 1Zhao­shi gu’er» 2), chi­noise de Ji Jun­xiang 3 (XIVe siècle apr. J.-C.). C’est le père , de l’Ordre des , qui, après trente ans de sé­jour, tra­dui­sit à Pé­kin cette tra­gé­die. Faite en 1731, sa tra­duc­tion fut le pre­mier échan­tillon sur le­quel on pût ju­ger en du , dont elle ré­véla du même coup l’. L’abbé Mé­ta­stase en fit une imi­ta­tion dans sa , sous le titre du «Hé­ros chi­nois» («L’Eroe ci­nese»); Vol­taire, sous le titre de «L’Orphelin de la »; Gœthe, sous le titre d’«El­pé­nor»; etc. Ainsi, cette pièce fut un mo­nu­ment pré­cieux qui ser­vit à faire connaître l’esprit de la Chine plus que toutes les qu’on avait pu­bliées jusque-là de ce vaste Em­pire. «Il est vrai que cette pièce est toute bar­bare en com­pa­rai­son des bons ou­vrages de nos jours», dit Vol­taire 4, «mais aussi c’est un chef-d’œuvre, si on la com­pare à nos pièces du XIVe siècle. Cer­tai­ne­ment, nos trou­ba­dours, notre Ba­soche 5, la des sans souci et de la Mère sotte n’approchaient pas de l’auteur chi­nois… C’est un en­tas­se­ment d’événements in­croyables… Le per­sé­cu­teur fait mou­rir trois cents per­sonnes de la mai­son de Tchao. La prin­cesse, veuve, ac­couche de l’orphelin. On dé­robe cet en­fant à la fu­reur de ce­lui qui a ex­ter­miné toute la mai­son et qui veut en­core faire pé­rir au ber­ceau le seul qui reste. Cet ex­ter­mi­na­teur or­donne qu’on égorge dans les d’alentour tous les en­fants, afin que l’orphelin soit en­ve­loppé dans la des­truc­tion gé­né­rale. On croit lire les “Mille et une Nuits” en ac­tion et en scènes; mais… mal­gré la foule des évé­ne­ments, tout est de la clarté la plus lu­mi­neuse…; et ce mé­rite manque à beau­coup de nos pièces mo­dernes.» Quant à notre au­teur, Ji Jun­xiang, sa est presque in­con­nue. Ori­gi­naire de Pé­kin, il com­posa six , dont seule celle-ci nous est par­ve­nue.

  1. Par­fois tra­duit «L’Orphelin de la Chine» ou «L’Orphelin de la Zhao». Icône Haut
  2. En chi­nois «趙氏孤兒». Au­tre­fois trans­crit «Tschao-schi-ku-öhrl», «Chao-shi-cû-ell», «Tchao-chi-cou-euh», «Tchao-chi-kou-eul», «Tchao-chi-cou-eulh» ou «Chau shi ku eul». Éga­le­ment connu sous le titre de «Zhao­shi gu’er da bao­chou» («趙氏孤兒大報仇»), c’est-à-dire «La Grande de l’orphelin de la mai­son de Zhao». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀君祥. Au­tre­fois trans­crit Gi Gün-siang, Chi Chün-hsiang ou Ki Kiun-siang. Icône Haut
  1. «Pré­face à “L’Orphelin de la Chine”». Icône Haut
  2. En l’an 1303, le roi Phi­lippe le Bel ac­corda aux étu­diants en de Pa­ris et d’autres grandes le droit de se consti­tuer en confré­ries, dont l’une, la Ba­soche (du mot «ba­si­lique», salle gran­diose où se te­naient les tri­bu­naux ro­mains), fit mon­ter des pièces de théâtre, ap­pe­lées farces, so­ties ou mo­ra­li­tés. Icône Haut