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Tchopitch, « Un Jardin couleur de mauve : récits »

éd. L’Âge d’homme, coll. Classiques slaves, Lausanne

éd. L’Âge d’, coll. Clas­siques slaves, Lau­sanne

Il s’agit de «L’Expedition sur la lune» («Po­hod na mje­sec» 1), «Un Jar­din de mauve» («Bašta sl­je­zove boje» 2) et autres ré­cits de Branko Tcho­pitch 3, écri­vain serbe d’origine bos­niaque (XXe siècle). Dans ces ré­cits, Tcho­pitch évoque, avec une rare , les sou­ve­nirs loin­tains de son en­fance vil­la­geoise qui se pré­sente, dans l’esprit de l’auteur, comme un de rêve et d’innocence, un «jar­din de l’enfance», in­car­na­tion même du jar­din d’ à ja­mais perdu pour l’homme mûr. La place cen­trale est oc­cu­pée par la sai­sis­sante d’un vieillard gé­né­reux, le grand-père Radé Tcho­pitch, sorte de gar­dien de ce jar­din, ainsi que par toute une ga­le­rie de illet­trés, mais hauts en cou­leur — meu­niers, bour­re­liers, éta­meurs, jour­na­liers — in­car­nant des mé­tiers et des ca­rac­tères dé­sor­mais dis­pa­rus. «Tan­dis que dans le monde se mul­ti­plient les che­vaux [de la ], je reste pen­ché sur mes qui ra­content l’ d’un jar­din cou­leur de mauve, de bons vieillards et de gar­çons exal­tés… Avant qu’on ne m’emmène [pour me tuer], je me hâte de ra­con­ter ce conte doré sur les hommes. La graine m’en a été se­mée dans le cœur pen­dant mon en­fance et sans cesse elle germe, fleu­rit et se re­nou­velle», écrit Tcho­pitch 4. Ces ré­cits sont l’œuvre ul­time, le chant du cygne d’un écri­vain pré­ma­tu­ré­ment vieilli par la perte d’amis et de col­lègues que la guerre lui a ra­vis : «Mon cher Zija 5», écrit Tcho­pitch 6, «j’ai échappé, par ha­sard, au sort que tu as connu, mais voici un cer­tain qu’à ma table de tra­vail, je suis en­vahi par un noir pres­sen­ti­ment : je vois une froide, avec des étoiles de glace, à tra­vers la­quelle on m’emmène dans une di­rec­tion in­con­nue. Qui sont ces sombres bour­reaux à l’apparence hu­maine? Sont-ils sem­blables à ceux qui t’ont em­mené? Ou sont-ils les de ceux qui ont es­corté Go­ran 7? Ou plu­tôt les si­nistres as­sas­sins de Ki­kić 8?» Par une nuit de mars 1984, sem­blable à celle de ses cau­che­mars, «l’écrivain le plus aimé, le vi­sage le plus connu, l’enfant le plus vieux de nos terres, le fils le plus ro­buste de la serbe» 9 sort de sa mai­son pour une der­nière , avant de se je­ter du haut d’un pont.

  1. En serbe «Поход на мјесец». Icône Haut
  2. En serbe «Башта сљезове боје». Icône Haut
  3. En serbe Бранко Ћопић. Par­fois trans­crit Branko Ćo­pić. Icône Haut
  4. p. 8. Icône Haut
  5. Zija Diz­da­re­vić, écri­vain bos­niaque. Icône Haut
  1. p. 7. Icône Haut
  2. Ivan Go­ran Ko­vačić, écri­vain croate. Icône Haut
  3. Ha­san Ki­kić, écri­vain bos­niaque. Icône Haut
  4. En serbe «најомиљенији писац, најпознатији лик, најстарије дете наше земље, најздравији син српскога језика». Icône Haut

« L’Étonnante Aventure du pauvre musicien »

dans Antonin Artaud, « Œuvres complètes. Tome I » (éd. Gallimard, Paris), p. 206-210

dans An­to­nin Ar­taud, «Œuvres com­plètes. Tome I» (éd. Gal­li­mard, Pa­ris), p. 206-210

Il s’agit d’«Une mé­lo­die se­crète au “biwa” fait pleu­rer des » («Biwa no hi­kyoku yû­rei wo na­ka­shimu» 1), une des plus belles du , plus connue sous le titre de «Hôi­chi le Sans-oreilles» («Mimi-na­shi Hôi­chi» 2). Ti­rée d’un re­cueil d’histoires étranges pu­blié en 1782 à Kyôto 3, la lé­gende de «Hôi­chi le Sans-oreilles» n’est, de fa­çon pa­ra­doxale, fa­mi­lière aux Ja­po­nais que dans la ver­sion ré­di­gée en 1903 par un écri­vain étran­ger : Laf­ca­dio Hearn. Tra­duc­teur de Gau­tier, de Mau­pas­sant, de Bal­zac, de Mé­ri­mée, de Flau­bert, de Bau­de­laire, de Loti, Hearn na­quit dans les Io­niennes. Son père était un mé­de­cin ir­lan­dais dans l’armée bri­tan­nique, sa mère — une Grecque de très bonne . Ils avaient dû s’épouser en ca­chette. «Deux races, deux na­tions, deux re­li­gions mar­quèrent l’enfant de leur em­preinte et, très tôt, elles an­crèrent en lui ce cos­mo­po­li­tisme qui de­vait lui per­mettre de sub­sti­tuer un jour une d’élection à son pays d’origine» 4. Mais l’Angleterre ayant cédé les îles Io­niennes à la , son père re­ga­gna Du­blin avec femme et en­fant. La chose se passa . Sa mère, tran­sie par ce cli­mat gris et , si dif­fé­rent de la blan­cheur de sa Grèce na­tale, prit la fuite; son père fit an­nu­ler le , se re­ma­ria et par­tit en Inde. Hearn, aban­donné et sans pa­rents, fut adopté par une vieille tante ca­tho­lique, ex­trê­me­ment dé­vote, qui lui faire des études dans un mo­nas­tère en , puis l’envoya à dix-neuf ans en . On le vit sur­gir à Cin­cin­nati comme cor­rec­teur dans un jour­nal. On l’employa à des re­por­tages, où il se mon­tra d’une ha­bi­leté sur­pre­nante. Son ta­lent d’écrivain ayant en­fin percé, il prit le che­min de La Loui­siane. En 1878, celle-ci avait en­core un par­fum bien . On le voit dans les ar­ticles de Hearn, dont beau­coup parlent de la France, mais aussi de Mar­ti­nique, d’Haïti, de l’île Mau­rice, de Guyane. Et puis, comme tou­jours avec Hearn, il lui fal­lut des ho­ri­zons en­core plus loin­tains. La grande ex­po­si­tion ja­po­naise, qui eut lieu à La -Or­léans en 1885, lui ins­pira en pre­mier l’idée de s’embarquer pour le . Ce fut à qua­rante ans qu’il ar­riva au pays du , pauvre, apa­tride, pré­ci­pité là où la des­ti­née l’appelait, sans but dans l’. Il en com­mença une autre, en­tiè­re­ment nou­velle. Et d’abord, il se fit Ja­po­nais.

  1. En ja­po­nais «琵琶秘曲泣幽霊». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «耳なし芳一». Icône Haut
  1. Ce re­cueil s’intitule «Les His­toires étranges à sa­vou­rer chez », ou «Gayû ki­dan» («臥遊奇談»). Icône Haut
  2. Ste­fan Zweig, «Hommes et Des­tins». Icône Haut

Bestoujev, « L’Examen »

dans « Les Drames intimes : contes russes » (XIXᵉ siècle), p. 173-262

dans «Les Drames in­times : russes» (XIXe siècle), p. 173-262

Il s’agit de l’«L’Examen» («Is­pi­ta­nie» 1) d’ 2, nou­vel­liste au bouillant et ora­geux, créa­teur de la (XIXe siècle). Son père, qui pu­bliait la «Re­vue de Saint-Pé­ters­bourg» («Sankt-Pe­ter­bourg­ski jour­nal» 3), le fit en­trer tout jeune à l’école mi­li­taire. À cette époque se for­mait le cercle du mou­ve­ment ré­vo­lu­tion­naire les , et Bes­tou­jev en de­vint bien­tôt l’un des . L’ de la na­po­léo­nienne sur ce mou­ve­ment a été très bien ex­pli­ci­tée par Bes­tou­jev lui-même dans sa lettre au tsar Ni­co­las : «Na­po­léon en­va­hit la , et c’est alors que le russe sen­tit pour la pre­mière fois sa puis­sance; c’est alors que na­quit et s’éveilla dans tous les cœurs le sen­ti­ment de l’indépendance, d’abord et en­suite po­pu­laire. Voilà l’origine de la libre en Rus­sie!» 4 Les dé­cem­bristes étaient ceux qui, à la du tsar Alexandre, en dé­cembre 1825, crurent le mo­ment venu de pro­cla­mer la . Ils étaient trop en avance sur leur et sur leur mi­lieu pour être sui­vis; trop pour réus­sir. Le tsar Ni­co­las en vint à bout fa­ci­le­ment. Les uns furent pen­dus, les autres és. Bes­tou­jev fut dans ce der­nier cas. C’était un brillant ca­pi­taine de deuxième rang du ré­gi­ment de . Il avait vingt-sept ans et il ve­nait d’être condamné à vingt ans de tra­vaux for­cés au . Chez toute autre per­sonne dont les de avaient fait place à une mar­quée par les chaînes et la pri­son, on au­rait pu s’attendre à trou­ver un cer­tain déses­poir, ou pour le moins, un abat­te­ment. Ce fut le contraire chez Bes­tou­jev. Ses meilleures œuvres furent écrites dans la pé­riode très dure, mais ex­tra­or­di­nai­re­ment fé­conde qui sui­vit sa condam­na­tion.

  1. En russe «Испытание». Par­fois trans­crit «Is­py­ta­nie». Icône Haut
  2. En russe Александр Бестужев. Par­fois trans­crit Bes­tou­jef, Bes­tou­chef, Bes­tu­schew, Bes­tuz­heff, Bes­tuz­hev ou Bes­tužev. Icône Haut
  1. En russe «Санкт-Петербургский журнал». Icône Haut
  2. Dans Ros­ti­slav Plet­nev, « sur la ; tra­duit par Mme Zé­naïde Trou­bets­koï» (éd. Presses de l’Université de Mont­réal, Mont­réal). Icône Haut

Creangă, « Œuvres choisies. Souvenirs d’enfance • Contes • Récits »

éd. Le Livre, Bucarest

éd. Le Livre, Bu­ca­rest

Il s’agit de «La Pe­tite Bourse aux deux liards» («Pun­guța cu doi bani») et autres œuvres de Ion Creangă 1, conteur d’ po­pu­laire, oral chez le­quel il y avait une pay­sanne ti­rée de tout autre part que des , une sorte d’ non in­tel­lec­tuel, une émo­tion pou­vant tou­cher les cœurs (XIXe siècle). Fils d’un com­mer­çant de gros­siers dans le vil­lage de Hu­mu­lești, au pied des de , Creangă sem­blait des­tiné, par ses mo­destes , à car­der la laine et à por­ter la bure au fou­lon, comme ses an­cêtres. Son père — , par ailleurs, bon et in­dul­gent — n’avait reçu au­cune ins­truc­tion et di­sait à l’enfant : «Plu­tôt qu’en ville le der­nier, sois au vil­lage le pre­mier» 2. L’ambition de sa mère chan­gea tout. Sma­randa Creangă, femme d’une su­pé­rieure à la moyenne des pay­sans, vou­lait à tout prix faire de lui un prêtre et lui évi­tait toute be­sogne autre que les tra­vaux . Mais je­tant sa sou­tane aux or­ties, ce fut fi­na­le­ment non comme prêtre, mais comme ins­ti­tu­teur pri­maire que Creangă se fixa dans une «ma­sure» («bo­j­deuca») des fau­bourgs de Iași 3, d’où il par­tait chaque ma­tin, d’un pas pe­sant, en s’appuyant sur sa canne noueuse, re­joindre son école. Il pas­sait la plu­part de son au mi­lieu de ses élèves, aux­quels il ra­con­tait par­fois, avant même de les écrire, ses in­ou­bliables . Par­fois aussi, il des­cen­dait à la Bolta Rece, une ta­verne acha­lan­dée par les pe­tits au­teurs et ho­no­rée de la pré­di­lec­tion des vau­riens de la ville. Ce fut là qu’il fit la ren­contre, en 1875, du poète Mi­hai Emi­nescu, pour le­quel il avait une cor­diale sym­pa­thie. Bien­tôt, une pro­fonde lia ces deux grandes âmes qui de­vinrent in­sé­pa­rables. Toutes les fois qu’ils avaient quelques heures de , ils al­laient se re­trou­ver sur les bancs des jar­dins ou se ré­ga­ler de porc à l’ail dans quelque mo­deste au­berge de vil­lage. Là, ils fai­saient d’interminables conver­sa­tions et se plai­saient à évo­quer la , connue de l’un de­puis son en­fance et imi­tée par l’autre dans ses com­po­si­tions poé­tiques. Mais le dé­part, deux ans plus tard, d’Eminescu pour Bu­ca­rest mit fin à cette époque, la plus tran­quille et la plus heu­reuse de leur . En 1872, Creangă res­sen­tit les pre­mières at­teintes du in­cu­rable qui de­vait l’emporter pré­ma­tu­ré­ment : l’épilepsie. En 1887, trop souf­frant pour as­su­rer ses classes, il fut contraint d’abandonner son poste d’instituteur.

  1. Au­tre­fois trans­crit Ioan Creanga. Icône Haut
  2. «Sou­ve­nirs d’enfance». Icône Haut
  1. Au­tre­fois trans­crit Jassy ou Iassy. Icône Haut

Rohan, « La Pagode à cinq étages et Autres Récits »

éd. Les Belles Lettres, coll. Japon, Paris

éd. Les Belles Lettres, coll. , Pa­ris

Il s’agit de «La Pa­gode à cinq étages» 1Go­jû­notô» 2), «Face au crâne» 3Tai­do­kuro» 4) et autres œuvres de Kôda Shi­geyuki 5, plus connu sous le sur­nom de Kôda Ro­han 6, feuille­to­niste (XIXe-XXe siècle). For­te­ment mar­qué par le , il fut sur­tout un in­dé­pen­dant et un so­li­taire. Du­rant son sé­jour en Hok­kaidô, ayant aban­donné son poste avan­ta­geux d’ingénieur-télégraphe, il s’était lié d’ avec un moine, et peu après son re­tour à Tô­kyô, s’étant rasé les che­veux, il s’était si sou­vent plongé dans la lec­ture de soû­tras que ses pa­rents avaient cru un mo­ment qu’il se fe­rait moine. Voici en quels termes il se dé­crit 7 : «Je ne clai­ronne pas mes goûts ar­tis­tiques. Je ne suis qu’un simple es­car­got de cinq pieds qui ne peut te­nir en place, et rampe du Nord au Sud et d’Est en Ouest, poussé par le de voir au­tant du que per­mettent les yeux in­cer­tains de ses an­tennes… “Loin des , dor­mons avec la ro­sée, sur un oreiller d’herbes”. C’est un poème que je com­po­sai une où je m’étais ar­rêté épuisé dans un coin de cam­pagne lors d’un voyage en so­li­taire dans le Mi­chi­noku. Dès lors, je pris le nom de Ro­han [“com­pa­gnon de la ro­sée”] 8». Au de Tennô à Tô­kyô, connu pour sa pa­gode à cinq étages, il vit, un jour, une beauté qui vi­si­tait une tombe, un chry­san­thème à la main. Il pensa à elle une bonne se­maine, se la re­pré­sen­tant en déesse Ki­shi­mo­jin, une gre­nade à la main. Sorte de boud­dhique vi­vante, elle de­vint le su­jet du « d’» 9Fû­ryû-butsu» 10), son pre­mier feuille­ton. Le 19 oc­tobre 1889, Uchida Roan, cé­lèbre, sa­lua la ve­nue de cette œuvre qui ne lais­sait voir que peu de signes ex­té­rieurs d’ oc­ci­den­tale dans une pé­riode d’occidentalisation for­ce­née : «Ah! pour la pre­mière fois après la de Sai­kaku il y a deux cents ans, ce splen­dide… le ne l’a pas en­core dé­truit!»

  1. Par­fois tra­duit «La Pa­gode aux cinq toits» ou «La Pa­gode à cinq ni­veaux». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «五重塔». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Tête à tête avec le sque­lette». Icône Haut
  4. En ja­po­nais «対髑髏». Éga­le­ment connu sous le titre d’«En­gaien» («縁外縁»), c’est-à-dire «Liai­son contre des­tin». Icône Haut
  5. En ja­po­nais 幸田成行. Par­fois trans­crit Na­riyuki Koda ou Kôda Na­riyouki. Icône Haut
  1. En ja­po­nais 幸田露伴. Icône Haut
  2. «Face au crâne», ch. I. Icône Haut
  3. Il y a aussi, dans le choix de ce nom de «com­pa­gnon de la ro­sée», une al­lu­sion aux «Vies des émi­nents» («高士傳»), in­édites en  : «Guang dut dor­mir avec la ro­sée et af­fron­ter l’hiver… Il s’allongea et ne bou­gea plus. Les gens le tinrent pour mort. Lorsqu’ils le èrent, il était comme avant». Icône Haut
  4. Par­fois tra­duit «Le Boud­dha sculpté par Amour», «Un Boud­dha en ce monde», «Un Boud­dha dans ce monde», «Boud­dha d’élégance» ou «Boud­dha élé­gant». Icône Haut
  5. En ja­po­nais «風流仏». Icône Haut

Bandyopâdhyây, « Le Champ de la poitrine fendue »

éd. Fata Morgana, coll. Archipels, Saint-Clément-de-Rivière

éd. Fata Mor­gana, coll. Ar­chi­pels, Saint-Clé­ment-de-Ri­vière

Il s’agit de la «Ḍâini» 1Le Champ de la poi­trine fen­due», ou lit­té­ra­le­ment «La Sor­cière») de Tâ­râśan­kar Ban­dyo­pâd­hyây 2, écri­vain hin­dou, éga­le­ment connu sous le nom sim­pli­fié de Tâ­râśan­kar Ba­nerji 3. Le oc­ci­den­tal où Ban­dyo­pâd­hyây na­quit en 1898, était une contrée sèche et au cœur de la­quelle la conser­vait son ca­rac­tère ru­ral. Ban­dyo­pâd­hyây y passa une en­fance liée à la , ou comme on di­sait au­tre­fois, at­ta­chée à la glèbe. Com­bien de fois ses ca­ma­rades de classe le virent de­bout sur un che­min de cam­pagne ou près d’une mai­son de pisé, ab­sorbé dans la du pe­tit vil­lage de culti­va­teurs! Les moindres choses fai­saient sur lui les plus grandes im­pres­sions : les de bhanti, de kas­touri, de nayan­tara rouges et blanches qui s’épanouissaient dans les en­droits en friche, des deux cô­tés des sen­tiers; la jungle de sau­vage qui em­bau­mait l’air; les qui la­vaient leur vais­selle de cuivre dans les mares; les hommes qui al­laient aux champs. Dans ces pay­sans simples, Ban­dyo­pâd­hyây voyait beau­coup d’. Il ai­mait leur , la que leur avait en­sei­gnée la , leur sans fard, leur vive. «Le champ et la mai­son, tels sont les deux es­paces où ré­sident tous les soins et tous les la­beurs de la vie», dit-il 4. Après avoir pris une part ac­tive au mou­ve­ment pour l’indépendance, à une époque où la in­dienne se ré­veillait du joug étran­ger, Ban­dyo­pâd­hyây fut ar­rêté par les et resta un an der­rière les bar­reaux. Une fois li­béré, il dé­cida de se consa­crer à la lit­té­ra­ture et de mettre son ta­lent d’écrivain au ser­vice des pe­tites gens. Dans sa vaste œuvre, qui compte une qua­ran­taine de ro­mans et une cen­taine de nou­velles, il mon­tra le vrai vi­sage de l’Inde — le vi­sage ru­ral — en le don­nant à voir avec ses beau­tés et avec ses bles­sures. «Ban­dyo­pâd­hyây est un hu­ma­niste dans la tra­di­tion des du dé­but du XXe siècle», dit Mme  5, «et il fit sien, toute sa vie, le dit du poète Caṇḍî-dâs : “L’ est la plus grande des vé­ri­tés. Il n’y a rien au-delà”».

  1. En «ডাইনি». Icône Haut
  2. En ben­gali তারাশঙ্কর বন্দ্যোপাধ্যায়. Par­fois trans­crit Ta­ra­sank­ker Ban­dyo­padhyay, Tara Shan­ker Band­ho­padhyaya, Ta­ra­san­ker Ban­dyo­padhyaya ou Ta­ra­shan­kar Ban­do­padhyay. Icône Haut
  3. Par­fois trans­crit Ban­nerji, Ba­ner­jee ou Ban­ner­jee. Icône Haut
  1. Dans Jean Clé­ment, «Les fa­mi­liales dans le Ben­gale ru­ral», p. 23. Icône Haut
  2. «Pré­face à “Râdhâ au lo­tus et Autres Nou­velles”», p. 11. Icône Haut

Bandyopâdhyây, « Râdhâ au lotus et Autres Nouvelles »

éd. Gallimard, coll. UNESCO d’œuvres représentatives-Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. UNESCO d’œuvres re­pré­sen­ta­tives-Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit de «Râdhâ au lo­tus» («Râi-ka­mal» 1), «Le Sa­lon de » («Jal­sâ­ghar» 2) et autres nou­velles de Tâ­râśan­kar Ban­dyo­pâd­hyây 3, écri­vain hin­dou, éga­le­ment connu sous le nom sim­pli­fié de Tâ­râśan­kar Ba­nerji 4. Le où Ban­dyo­pâd­hyây na­quit en 1898, était une contrée sèche et au cœur de la­quelle la conser­vait son ca­rac­tère ru­ral. Ban­dyo­pâd­hyây y passa une en­fance liée à la , ou comme on di­sait au­tre­fois, at­ta­chée à la glèbe. Com­bien de fois ses ca­ma­rades de classe le virent de­bout sur un che­min de cam­pagne ou près d’une mai­son de pisé, ab­sorbé dans la du pe­tit vil­lage de culti­va­teurs! Les moindres choses fai­saient sur lui les plus grandes im­pres­sions : les de bhanti, de kas­touri, de nayan­tara rouges et blanches qui s’épanouissaient dans les en­droits en friche, des deux cô­tés des sen­tiers; la jungle de sau­vage qui em­bau­mait l’air; les qui la­vaient leur vais­selle de cuivre dans les mares; les hommes qui al­laient aux champs. Dans ces pay­sans simples, Ban­dyo­pâd­hyây voyait beau­coup d’. Il ai­mait leur , la que leur avait en­sei­gnée la , leur sans fard, leur vive. «Le champ et la mai­son, tels sont les deux es­paces où ré­sident tous les soins et tous les la­beurs de la vie», dit-il 5. Après avoir pris une part ac­tive au mou­ve­ment pour l’indépendance, à une époque où la in­dienne se ré­veillait du joug étran­ger, Ban­dyo­pâd­hyây fut ar­rêté par les et resta un an der­rière les bar­reaux. Une fois li­béré, il dé­cida de se consa­crer à la lit­té­ra­ture et de mettre son ta­lent d’écrivain au ser­vice des pe­tites gens. Dans sa vaste œuvre, qui compte une qua­ran­taine de ro­mans et une cen­taine de nou­velles, il mon­tra le vrai vi­sage de l’Inde — le vi­sage ru­ral — en le don­nant à voir avec ses beau­tés et avec ses bles­sures. «Ban­dyo­pâd­hyây est un hu­ma­niste dans la tra­di­tion des du dé­but du XXe siècle», dit Mme  Bhat­ta­cha­rya 6, «et il fit sien, toute sa vie, le dit du poète Caṇḍî-dâs : “L’ est la plus grande des vé­ri­tés. Il n’y a rien au-delà”».

  1. En «রাইকমল». Par­fois trans­crit «Raj Ka­mal». Icône Haut
  2. En ben­gali «জলসাঘর». Icône Haut
  3. En ben­gali তারাশঙ্কর বন্দ্যোপাধ্যায়. Par­fois trans­crit Ta­ra­sank­ker Ban­dyo­padhyay, Tara Shan­ker Band­ho­padhyaya, Ta­ra­san­ker Ban­dyo­padhyaya ou Ta­ra­shan­kar Ban­do­padhyay. Icône Haut
  1. Par­fois trans­crit Ban­nerji, Ba­ner­jee ou Ban­ner­jee. Icône Haut
  2. Dans Jean Clé­ment, «Les fa­mi­liales dans le ru­ral», p. 23. Icône Haut
  3. «Pré­face à “Râdhâ au lo­tus et Autres Nou­velles”», p. 11. Icône Haut

Kumar, « Épouse »

dans « Les Bienheureuses : nouvelles » (éd. L’Harmattan, coll. Lettres asiatiques-Inde, Paris), p. 101-112

dans «Les Bien­heu­reuses : nou­velles» (éd. L’Harmattan, coll. Lettres asia­tiques-Inde, Pa­ris), p. 101-112

Il s’agit de «Patnî» 1Épouse») de M. Anandi Lal 2, plus connu sous le sur­nom de Jai­nen­dra Ku­mar 3 (XXe siècle). Pour cet écri­vain et pes­si­miste in­dien, dis­ciple de Gandhi, l’ est un être qui va ac­cu­mu­lant en lui-même la — de en dou­leur — jusqu’à en être rem­pli. C’est cette souf­france ac­cu­mu­lée qui donne à l’ une force et une puis­sante dont l’éclat res­plen­dit sur la noir­ceur du des­tin hu­main. «Hor­mis ce dou­lou­reux éclat, ce ne sont que té­nèbres… La souf­france de l’âme est le joyau qui fait vivre, c’est le sel de la », dit M. Ku­mar 4. La est donc du côté des humbles et des ré­si­gnés; elle est dans l’acceptation in­té­grale de cette souf­france en de­hors de la­quelle toute connais­sance est , toute pré­ten­tion est vain . Par son œuvre, M. Ku­mar veut sa­luer ceux qui ont ac­cepté li­bre­ment le poids du des­tin hu­main, qui l’ont porté sans se plaindre, qui ont souf­fert sans un mot, puis qui, le mo­ment venu, au terme de leurs tri­bu­la­tions, s’en sont al­lés de la même fa­çon : en si­lence. «Leur fin, qu’en pen­ser? Je ne dé­sire rien en pen­ser. Mais je peux quand même avoir cette , cette unique pen­sée, que leur [] ne peut pas, ne pourra ja­mais s’oublier, et que peut-être leur pu­reté est en elle-même as­sez par­faite pour for­cer les portes du pa­ra­dis à s’ouvrir de­vant eux», dit-il 5. «Dans un in­ci­sif, per­cu­tant… ses ro­mans ex­cellent à dé­peindre l’exacerbation des affres de la do­mes­tique d’une couche de la po­pu­la­tion in­dienne — la classe moyenne ur­baine — dont il est issu, en ac­cu­sant un tour vo­lon­tiers pro­vo­cant; ainsi dans “Su­nîtâ” 6, œuvre de 1935 qui fit scan­dale, où se trouve poussé jusqu’à l’extrême le prin­cipe gand­hien de ré­sis­tance pas­sive», ex­pliquent MM. Ro­bert Laf­font et Va­len­tino Bom­piani.

  1. En «पत्नी». Icône Haut
  2. En hindi आनंदीलाल. Icône Haut
  3. En hindi जैनेंद्रकुमार. Icône Haut
  1. «Un sans me­sure», p. 94. Icône Haut
  2. id. p. 95. Icône Haut
  3. En hindi «सुनीता», in­édit en . Par­fois trans­crit «Su­neeta». Icône Haut

Ji Yun, « Passe-temps d’un été à Luanyang »

éd. Gallimard, coll. Connaissance de l’Orient, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. Connais­sance de l’, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

Ji Yun, « Notes de la chaumière des observations subtiles »

éd. Kwok On, coll. Culture, Paris

éd. Kwok On, coll. , Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion» 1Yue wei cao tang bi ji» 2) de  3, éru­dit , bi­blio­thé­caire de l’Empereur Qian Long. L’œuvre of­fi­cielle de Ji Yun, celle qui ins­cri­vit à ja­mais son nom dans les an­nales, ce fut la «Col­lec­tion in­té­grale des quatre ma­ga­sins» 4Si ku quan shu» 5) dont il fut l’éditeur en chef. En­tre­prise en 1772 sous le im­pé­rial, cette gi­gan­tesque col­lec­tion ras­sem­blait, sous la plume de quinze mille co­pistes, tous les chi­nois qui, soit par le su­jet qu’ils trai­taient, soit par la ma­nière dont ce su­jet était abordé, mé­ri­taient de pas­ser à la pos­té­rité. «À la tête d’une mi­nu­tieuse ar­mée de lec­teurs, com­pi­la­teurs, ré­dac­teurs, vé­ri­fi­ca­teurs, ré­vi­seurs, , co­pistes et gref­fiers de haut vol, Ji Yun s’absorba dans cette tâche abys­sale du­rant près de quinze ans; et les ava­tars de cette col­lec­tion, dont seuls de ra­ris­simes exem­plaires sub­sistent de nos jours, ont fait rê­ver Borges», ex­plique M.  6. Mais son autre œuvre, toute per­son­nelle et pour ainsi dire exu­toire à de si graves tra­vaux, ce fut un re­cueil de mille deux cents cu­rieuses, his­toires de et d’-, sin­gu­la­ri­tés pi­quantes, gla­nées çà et là dans ses lec­tures. Ce re­cueil, qu’un dis­ciple de Ji Yun réunit plus tard sous le titre de «Notes de la chau­mière de la sub­tile per­cep­tion», fut pu­blié ori­gi­nel­le­ment en cinq livres suc­ces­sifs, pa­rus entre 1789 et 1798 : «Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang», («Luan yang xiao xia lu» 7), «Telle est l’ qui m’est par­ve­nue» («Ru shi wo wen» 8), «Mé­langes à l’Ouest du so­phora» («Huai xi za zhi» 9), «On peut tou­jours prê­ter l’oreille» («Gu wang ting zhi» 10) et «Suite à la “Vil­lé­gia­ture d’été à Lua­nyang”» («Luan yang xu lu» 11).

  1. Par­fois tra­duit «Anec­dotes de l’ermitage Yue­wei», «Notes de la chau­mière sub­tile», «Notes de la chau­mière des ob­ser­va­tions sub­tiles», «Notes au fil du pin­ceau de la chau­mière où scru­ter les mys­tères sub­tils», «Notes de la chau­mière de re­vues mi­nu­tieuses» ou «Notes du stu­dio de chaume sur de me­nues re­marques». Icône Haut
  2. En chi­nois «閱微草堂筆記». Par­fois trans­crit «Yue-wei-ts’ao-t’ang-pi-ki» ou «Yüeh-wei ts’ao-t’ang pi-chi». Icône Haut
  3. En chi­nois 紀昀. Au­tre­fois trans­crit Ki Yun ou Chi Yün. Icône Haut
  4. Au­tre­fois tra­duit «Bi­blio­thèque com­plète en quatre sec­tions», «Bi­blio­thèque com­plète des quatre », «Col­lec­tion des quatre gre­niers», «Re­cueil de tous les livres qui rem­plissent les quatre ma­ga­sins», «Somme des livres des quatre cor­pus» ou «Col­lec­tion com­plète des œuvres écrites ré­par­ties en quatre ma­ga­sins». Par «quatre ma­ga­sins», il faut com­prendre les quatre ca­té­go­ries tra­di­tion­nelles : ou­vrages ca­no­niques (), ou­vrages his­to­riques (), ou­vrages phi­lo­so­phiques (), ou­vrages lit­té­raires ou mé­langes (). Icône Haut
  5. En chi­nois «四庫全書». Au­tre­fois trans­crit «Sseu-k’ou ts’iuan-chou», «Sée-kou-tsiuen-chou», «Ssu-k’u ch’üan-shu» ou «Szu k’u ch’üan shu». Icône Haut
  6. «Pré­face à “Des Nou­velles de l’au-delà”» (éd. Gal­li­mard, coll. Fo­lio, Pa­ris). Icône Haut
  1. En chi­nois «灤陽消夏錄». Au­tre­fois trans­crit «Luan-yang hsiao-hsia lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «如是我聞». Par­fois trans­crit «Ju-shih wo-wen». Icône Haut
  3. En chi­nois «槐西雜志». Par­fois trans­crit «Huai-hsi tsa-chih». «À l’Ouest du so­phora» était le nom d’une ré­si­dence de fonc­tion que Ji Yun oc­cupa dans la ban­lieue Ouest de Pé­kin. Icône Haut
  4. En chi­nois «姑妄聽之». Par­fois trans­crit «Ku-wang t’ing-chih». Icône Haut
  5. En chi­nois «灤陽續錄». Par­fois trans­crit «Luan-yang hsü-lu». Icône Haut

« En mouchant la chandelle : nouvelles chinoises des Ming »

éd. Gallimard, coll. L’Imaginaire, Paris

éd. Gal­li­mard, coll. L’Imaginaire, Pa­ris

Il s’agit d’une tra­duc­tion par­tielle des «Nou­velles His­toires en mou­chant la chan­delle» («Jian­deng xin­hua» 1) de Qu You 2 et de la «Suite aux his­toires en mou­chant la chan­delle» («Jian­deng yu­hua» 3) de Li Zhen 4. Mou­cher une chan­delle, cou­per la mèche brû­lée qui em­pêche de bien éclai­rer, im­plique une heure tar­dive : celle où l’on a le loi­sir d’évoquer des étranges, des amours ir­réelles avec des créa­tures de l’au-delà, des vi­sites gla­çantes de spectres, de re­ve­nants ou de «dé­mons aux al­lures bi­zarres et aux formes bis­cor­nues» 5. En ra­vi­vant la grande tra­di­tion des «ré­cits fan­tas­tiques» en clas­sique («chuan qi» 6), les re­cueils de Qu You et de Li Zhen connurent un si fort , qu’ils furent mis à l’index afin qu’ils «ne dis­traient pas la ». Mais li­sons-les avec at­ten­tion, cher­chons entre les lignes, et on dé­cou­vrira la vé­ri­table de cette cen­sure : c’est qu’ils fai­saient état d’une où rien n’allait plus; où les étaient d’insignes hy­po­crites qui, sous la plus belle ap­pa­rence de , se per­met­taient toute sorte de fraudes et de bru­ta­li­tés; qui se glo­ri­fiaient de l’équité et de l’excellence de leurs , tout en ne se fai­sant au­cun scru­pule de les en­freindre : «In­té­grité et in­dul­gence, ces deux mots sont de vrais ta­lis­mans!», dit une des his­toires 7 qui abonde en cri­tiques à peine dis­si­mu­lées. «Seule l’intégrité per­met de s’imposer une règle de , seule l’indulgence per­met d’être en contact avec le ; par l’intégrité, le cœur se for­ti­fie; par l’indulgence, le peuple de­vient plus proche. Quand le peuple est proche, il amende sa conduite, et c’est le terme ul­time des com­pé­tences d’un fonc­tion­naire!» Ces opi­nions tran­chées, ce ton de re­proche pa­rais­saient bien plus per­ni­cieux aux yeux des au­to­ri­tés Ming 8 que les pas­sages ju­gés li­cen­cieux ou im­mo­raux.

  1. En «剪燈新話». Au­tre­fois trans­crit «Chien-teng hsin-hua». Icône Haut
  2. En chi­nois 瞿佑. Au­tre­fois trans­crit Ch’ü Yu. Icône Haut
  3. En chi­nois «剪燈餘話». Au­tre­fois trans­crit «Chien-teng yü-hua». Icône Haut
  4. En chi­nois 李禎. Au­tre­fois trans­crit Li Chen. Icône Haut
  1. p. 24. Icône Haut
  2. En chi­nois 傳奇. Icône Haut
  3. p. 159. Icône Haut
  4. De l’an 1368 à l’an 1644. Icône Haut

Akutagawa, « À mi-chemin de la vie de Shinsuke Daidôji : tableau d’une psychologie »

dans « Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines. [Tome I] » (éd. Gallimard, coll. Du monde entier, Paris)

dans « de contem­po­raines. [Tome I]» (éd. Gal­li­mard, coll. Du en­tier, Pa­ris)

Il s’agit d’«À mi-che­min de la de Shin­suke Dai­dôji : d’une » («Dai­dôji Shin­suke no han­sei : aru sei­shin­teki fû­kei» 1) d’ 2. L’œuvre de cet écri­vain, dis­crè­te­ment in­tel­lec­tuelle, tein­tée d’une in­sou­ciante, cache as­sez , sous une ap­pa­rence lé­gère et élé­gante, quelque chose de ner­veux, d’obsédant, un sourd ma­laise, une «vague in­quié­tude» («bo­nyari-shita fuan» 3), se­lon les mots mêmes par les­quels Aku­ta­gawa tien­dra à dé­fi­nir le mo­tif de son . Pour­tant, de tous les , nul n’était mieux dis­posé qu’Akutagawa à trou­ver re­fuge dans l’art. Il se dé­cri­vait comme avide de lec­ture, ju­ché sur l’échelle d’une li­brai­rie, toi­sant de là-haut les pas­sants qui lui pa­rais­saient étran­ge­ment pe­tits et aussi tel­le­ment mi­sé­rables : «La vie hu­maine ne vaut pas même une ligne de Bau­de­laire!», di­sait-il 4. Très tôt, il avait com­pris que rien de sé­dui­sant ne se fait sans qu’y col­la­bore une . L’œuvre d’art, plu­tôt qu’à la pré­cieuse, se com­pare à la flamme qui a be­soin d’un ali­ment vi­vant. Et Aku­ta­gawa mit son à s’en faire la vic­time vo­lon­taire. Comme il écrira dans la «Lettre adres­sée à un vieil ami» («Aru kyûyû e okuru shuki» 5) im­mé­dia­te­ment avant sa  : «Dans cet état ex­trême où je suis, la me semble plus émou­vante que ja­mais. Peut-être ri­ras-tu de la contra­dic­tion dans la­quelle je me trouve, qui, tout en ai­mant la beauté de la na­ture, dé­cide de me sup­pri­mer. Mais la na­ture est belle parce qu’elle se re­flète dans mon ul­time » Et Ya­su­nari Ka­wa­bata de com­men­ter : «Le plus sou­vent ma­la­dif et af­fai­bli, [l’artiste] s’enflamme au der­nier mo­ment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tra­gique en » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est jus­te­ment ce «quelque chose de tra­gique» qui exerce sa puis­sante fas­ci­na­tion sur l’ et sur l’imaginaire des lec­teurs d’Akutagawa. «Ces der­niers sentent que leurs pré­oc­cu­pa­tions pro­fondes — ou plu­tôt… “exis­ten­tielles” — se trouvent sai­sies et par­ta­gées par l’auteur qui, en les pré­ci­sant et en les am­pli­fiant jusqu’à une sorte de han­tise, les pro­jette sur un fond im­pré­gné d’un “spleen” qui lui est par­ti­cu­lier», dit M. Ari­masa Mori

  1. En ja­po­nais «大導寺信輔の半生:或精神的風景画». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 芥川龍之介. Au­tre­fois trans­crit Riu­noské Aku­ta­gawa, Akou­ta­gawa Ryu­no­souké, Akou­ta­gaoua Ryou­no­souké ou Akou­ta­gava Ryou­no­souke. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «ぼんやりした不安». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «人生は一行のボオドレエルにも若かない». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «或旧友へ送る手記». Icône Haut
  3. «Ro­mans et Nou­velles», p. 26. Icône Haut

Akutagawa, « La Foi de Wei Cheng, “Bisei no shin” »

dans « [Nouvelles japonaises]. Tome I. Les Noix, la Mouche, le Citron (1910-1926) » (éd. Ph. Picquier, Arles), p. 117-123

dans «[]. Tome I. Les Noix, la Mouche, le Ci­tron (1910-1926)» (éd. Ph. Pic­quier, Arles), p. 117-123

Il s’agit de «La de Wei Cheng» («Bi­sei no shin» 1) d’ 2. L’œuvre de cet écri­vain, dis­crè­te­ment in­tel­lec­tuelle, tein­tée d’une in­sou­ciante, cache as­sez , sous une ap­pa­rence lé­gère et élé­gante, quelque chose de ner­veux, d’obsédant, un sourd ma­laise, une «vague in­quié­tude» («bo­nyari-shita fuan» 3), se­lon les mots mêmes par les­quels Aku­ta­gawa tien­dra à dé­fi­nir le mo­tif de son . Pour­tant, de tous les , nul n’était mieux dis­posé qu’Akutagawa à trou­ver re­fuge dans l’art. Il se dé­cri­vait comme avide de lec­ture, ju­ché sur l’échelle d’une li­brai­rie, toi­sant de là-haut les pas­sants qui lui pa­rais­saient étran­ge­ment pe­tits et aussi tel­le­ment mi­sé­rables : «La hu­maine ne vaut pas même une ligne de Bau­de­laire!», di­sait-il 4. Très tôt, il avait com­pris que rien de sé­dui­sant ne se fait sans qu’y col­la­bore une . L’œuvre d’art, plu­tôt qu’à la pré­cieuse, se com­pare à la flamme qui a be­soin d’un ali­ment vi­vant. Et Aku­ta­gawa mit son à s’en faire la vic­time vo­lon­taire. Comme il écrira dans la «Lettre adres­sée à un vieil ami» («Aru kyûyû e okuru shuki» 5) im­mé­dia­te­ment avant sa  : «Dans cet état ex­trême où je suis, la me semble plus émou­vante que ja­mais. Peut-être ri­ras-tu de la contra­dic­tion dans la­quelle je me trouve, qui, tout en ai­mant la beauté de la na­ture, dé­cide de me sup­pri­mer. Mais la na­ture est belle parce qu’elle se re­flète dans mon ul­time » Et Ya­su­nari Ka­wa­bata de com­men­ter : «Le plus sou­vent ma­la­dif et af­fai­bli, [l’artiste] s’enflamme au der­nier mo­ment avant de s’éteindre tout à fait. C’est quelque chose de tra­gique en » 6. Le moins qu’on puisse en dire, c’est que c’est jus­te­ment ce «quelque chose de tra­gique» qui exerce sa puis­sante fas­ci­na­tion sur l’ et sur l’imaginaire des lec­teurs d’Akutagawa. «Ces der­niers sentent que leurs pré­oc­cu­pa­tions pro­fondes — ou plu­tôt… “exis­ten­tielles” — se trouvent sai­sies et par­ta­gées par l’auteur qui, en les pré­ci­sant et en les am­pli­fiant jusqu’à une sorte de han­tise, les pro­jette sur un fond im­pré­gné d’un “spleen” qui lui est par­ti­cu­lier», dit M. Ari­masa Mori

  1. En «尾生の信». Icône Haut
  2. En ja­po­nais 芥川龍之介. Au­tre­fois trans­crit Riu­noské Aku­ta­gawa, Akou­ta­gawa Ryu­no­souké, Akou­ta­gaoua Ryou­no­souké ou Akou­ta­gava Ryou­no­souke. Icône Haut
  3. En ja­po­nais «ぼんやりした不安». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «人生は一行のボオドレエルにも若かない». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «或旧友へ送る手記». Icône Haut
  3. «Ro­mans et Nou­velles», p. 26. Icône Haut