« Entretiens de Lin-tsi »

éd. Fayard, coll. Documents spirituels, Paris

éd. Fayard, coll. Do­cu­ments spi­ri­tuels, Pa­ris

Il s’agit des « de Linji» («Linji yulu» 1, ou plus sim­ple­ment «Linji lu» 2). L’école de Linji Yixuan 3, maître , est connue par ce re­cueil de pa­roles com­posé après la du maître. Re­belle à tout sa­voir, fa­rouche à toute vi­sion in­tel­lec­tuelle qu’elle dé­cri­vait comme une «taie sur l’» cette école de­vint cé­lèbre en au IXe et Xe siècle apr. J.-C. avant de se ré­pandre au où elle per­siste jusqu’à nos jours sous le nom d’école Rin­zai. L’usage du bâ­ton (en «bang», en «» 4) et de l’exclamation «khât!» (en ja­po­nais «katsu!» 5) est ca­rac­té­ris­tique de Linji, le­quel frap­pait ses dis­ciples et leur criait, comme s’il dé­si­rait les faire par­ve­nir d’un coup à la réa­li­sa­tion su­bite. Dans des termes vi­ru­lents, qui al­laient jusqu’au blas­phème, il prê­chait le meurtre spi­ri­tuel et le ren­ver­se­ment de toutes les va­leurs : «Si vous ren­con­trez un , tuez le Boud­dha! Si vous ren­con­trez un pa­triarche, tuez le pa­triarche!» 6 Et plus loin : «Je vous le dis : il n’y a pas de Boud­dha, il n’y a pas de Loi; pas de pra­tiques à culti­ver, pas de fruits à éprou­ver. Que vou­lez-vous donc tant cher­cher au­près d’?… Qu’est-ce qui vous manque? C’est vous, adeptes, qui êtes là de­vant mes yeux, c’est vous-mêmes qui ne dif­fé­rez en rien du Boud­dha-pa­triarche! Mais vous n’avez pas confiance, et vous cher­chez au-de­hors» 7. Lui de­man­dait-on quel était le bien le plus pré­cieux pour l’, Linji ré­pon­dait : «Se te­nir dans l’ordinaire et sans af­faires : chier et pis­ser, se vê­tir et man­ger» 8. Et aussi : «Être sans af­faires et res­ter as­sis dans [son] mo­nas­tère, les pieds croi­sés au coin de [sa] ban­quette» 9. À chaque page, cet de l’homme sans af­faires se re­trouve, poussé jusqu’à la pué­ri­lité. J’avoue, pour ma part, qu’il ne me convainc pas. Car, même à sup­po­ser que l’homme qui se garde de rien faire soit le plus heu­reux, ne vaut-il pas mieux être hon­nête et utile, qu’heureux et sans af­faires? L’homme de bien n’a-t-il pas , comme les autres, au noble tra­vail? Ne peut-il pas se su­bor­don­ner à une grande cause so­ciale, au lieu de jouir dans son coin sans se sou­cier que ce soit aux dé­pens des autres? La fin di­vine doit-elle donc être une fin égoïste?

  1. En chi­nois «臨濟語錄». Par­fois trans­crit «Lintsi yu­lou» ou «Lin-chi yü-lu». Icône Haut
  2. En chi­nois «臨濟錄». Par­fois trans­crit «Lintsi lou» ou «Lin-chi lu». Icône Haut
  3. En chi­nois 臨濟義玄. Au­tre­fois trans­crit Lin-tsi Yi-hiuan ou Lin-chi I-hsüan. Icône Haut
  4. . Icône Haut
  5. . Icône Haut
  1. sect. 20. Icône Haut
  2. sect. 21. Icône Haut
  3. sect. 13. Icône Haut
  4. sect. 18. Icône Haut

Proclus, « Les Commentaires sur le premier livre des “Éléments” d’Euclide »

éd. D. de Brouwer, coll. de travaux de l’Académie internationale d’histoire des sciences, Bruges

éd. D. de Brou­wer, coll. de tra­vaux de l’Académie in­ter­na­tio­nale d’ des , Bruges

Il s’agit des « sur les “Élé­ments” d’Euclide» par Pro­clus de Ly­cie 1, l’un des der­niers de l’École d’Athènes (Ve siècle apr. J.-C.). Le plus grand — pour ne pas dire l’unique — in­té­rêt de ces «Com­men­taires» ré­side dans le pro­logue de quatre-vingt-une pages par le­quel ils s’ouvrent, et qui consti­tue un ou­vrage à part. Pro­clus y ex­pose ses sur la place gé­né­rale des dans l’économie du sa­voir; puis, il y pré­sente les et les pro­grès de cette science, en pas­sant en re­vue les géo­mètres grecs qui se sont suc­cédé de Tha­lès jusqu’à Eu­clide. De ce fait, Pro­clus est notre prin­ci­pale source pour l’histoire des ma­thé­ma­tiques an­ciennes; en de­hors de lui, nous n’avons qu’un pe­tit nombre de té­moi­gnages épars, qu’il nous se­rait im­pos­sible de co­or­don­ner sans le sien. Pour Pro­clus, comme pour Aris­tote qu’il cite, les ma­thé­ma­tiques ne dé­butent ni en ni en quelque en­droit pri­vi­lé­gié; il se­rait étrange, en ef­fet, qu’un sa­voir aussi spé­ci­fi­que­ment hu­main fût la pro­priété ex­clu­sive d’un seul  : «Se­lon toute vrai­sem­blance», dit  2, «les di­vers [sa­voirs] ont été dé­ve­lop­pés aussi loin que pos­sible, à plu­sieurs re­prises, et chaque fois per­dus». Cela n’empêche pas Pro­clus de sa­luer l’apport spé­ci­fique des Grecs, qui est d’avoir posé les ma­thé­ma­tiques sur leur vrai plan, de les avoir har­di­ment dé­fi­nies comme abs­traites et pu­re­ment ra­tion­nelles, comme libres et dés­in­té­res­sées à l’égard de l’utilité pra­tique : «On ad­mi­rera», dit Pro­clus 3, «les modes va­riés de rai­son­ne­ments [de notre pays] qui [convainquent] tan­tôt en par­tant des , tan­tôt en éma­nant de preuves; mais qui sont tous in­con­tes­tables et ap­pro­priés à la science. On ad­mi­rera aussi ses pro­cé­dés dia­lec­tiques… Men­tion­nons fi­na­le­ment la conti­nuité des in­ven­tions, la ré­par­ti­tion et l’ordre des pré­misses, [et] le ta­lent avec le­quel cha­cune [des] ré­ci­proques est pré­sen­tée. D’ailleurs, ne sait-on pas qu’en leur ajou­tant ou en leur re­tran­chant quelque chose, on s’éloigne de la science et qu’on est en­clin à une er­reur contra­dic­toire et à l’ignorance?» La ques­tion de sa­voir où Pro­clus a pris ses ren­sei­gne­ments his­to­riques offre un pro­blème in­té­res­sant à ré­soudre pour les spé­cia­listes. Ces der­niers pensent qu’il n’a pas consulté de pre­mière main les ou­vrages ma­thé­ma­tiques an­té­rieurs à Eu­clide et qu’il a em­prunté à peu près tout à l’«His­toire géo­mé­trique» d’Eudème de Rhodes (aujourd’hui per­due) et à la «Théo­rie des ma­thé­ma­tiques» de Gé­mi­nus (mal­heu­reu­se­ment per­due aussi).

  1. En Πρόκλος ὁ Λύκιος. Au­tre­fois trans­crit Pro­clos ou Prok­los. Icône Haut
  2. «», 1074b 10-12. Icône Haut
  1. p. 62-63. Icône Haut

« Thalès et ses Emprunts à l’Égypte »

dans « Revue philosophique de la France et de l’étranger », vol. 5, nº 9, p. 299-318

dans «Re­vue phi­lo­so­phique de la et de l’étranger», vol. 5, nº 9, p. 299-318

Il s’agit de Tha­lès de Mi­let 1 (VIIe-VIe siècle av. J.-C.), le pre­mier ayant reçu le titre de «» («so­phos» 2) en . Ce titre est sou­vent com­pris, et il est bon de pré­ci­ser sa si­gni­fi­ca­tion his­to­rique, avant d’aller plus avant. Le «sage» n’était pas né­ces­sai­re­ment «un homme pru­dent, cir­cons­pect», bien que ce mot ait été plus tard em­ployé dans ce sens. Aris­tote dit à ce pro­pos 3 : «Tha­lès et les gens de cette sorte sont , et non pru­dents, car on voit qu’ils ignorent leur propre in­té­rêt; en re­vanche, on [convient] qu’ils pos­sèdent des connais­sances sur­abon­dantes, mer­veilleuses, dif­fi­ciles à ac­qué­rir et di­vines, sans uti­lité im­mé­diate néan­moins, puisqu’ils ne re­cherchent pas les biens de ce ». Le «sage» était donc ce que nous ap­pe­lons «un éru­dit, un sa­vant». Tha­lès, en par­ti­cu­lier, se fit ad­mi­rer pour ses connais­sances en . Ce fut lui qui trans­porta les prin­cipes de cette science de­puis les pays orien­taux jusqu’en Grèce. Pre­miè­re­ment, il était d’origine phé­ni­cienne; , la connais­sance exacte des se trou­vait chez les , à cause du qui fut tou­jours leur af­faire. Deuxiè­me­ment, il alla s’instruire au­près des Égyp­tiens; or, le sa­voir géo­mé­trique se trou­vait en , à cause de l’arpentage constant que sus­ci­tait le Nil, en brouillant les terres culti­vables dans les pé­riodes de crue et d’étiage. On dit qu’instruit ainsi par des , Tha­lès prit bien­tôt l’essor au-des­sus de ses maîtres et qu’il fut le pre­mier à me­su­rer la hau­teur des py­ra­mides, par leur ombre et par celle d’un bâ­ton. De re­tour de ses , il fit part à ses com­pa­triotes de ce qu’il avait ap­pris. Il pré­dit une éclipse de , et l’événement vé­ri­fia ses cal­culs. Sa fa­culté de faire des pré­dic­tions fut à l’origine de cette de l’astronome qui re­gar­dait le sans voir le puits qui était à ses pieds : «On ra­conte de Tha­lès», dit Pla­ton 4, «que tout oc­cupé de l’ et re­gar­dant en haut, il tomba dans un puits, et qu’une ser­vante de Thrace d’un es­prit agréable et fa­cé­tieux se mo­qua de lui, di­sant qu’il vou­lait sa­voir ce qui se pas­sait au ciel, et qu’il ne voyait pas ce qui était de­vant lui». L’on peut dire, pour fi­nir, que Tha­lès pro­fita de toutes les oc­ca­sions pour s’enquérir de ce qui lui sem­blait re­mar­quable ou cu­rieux, et pour le trans­mettre aux Grecs. Le même rôle fut pro­ba­ble­ment joué par d’autres de la même époque; mais Tha­lès se ré­véla l’observateur le plus at­ten­tif et le plus ha­bile in­tro­duc­teur.

  1. En Θαλῆς ὁ Μιλήσιος. Icône Haut
  2. En grec σοφός. Icône Haut
  1. «Éthique à Ni­co­maque», liv. VI, ch. V (1141b 3-8). Icône Haut
  2. «Théé­tète», 174a. Icône Haut

Banârasî-dâs, « Histoire à demi : autobiographie d’un marchand jaïna du XVIIᵉ siècle »

éd. Presses Sorbonne nouvelle, Paris

éd. Presses Sor­bonne , Pa­ris

Il s’agit d’« à demi» («Ardha-ka­thâ­naka» 1), le pre­mier ré­cit au­to­bio­gra­phique de la lit­té­ra­ture et de la lit­té­ra­ture in­dienne en gé­né­ral. Ce fut en 1641 apr. J.-C. qu’un mar­chand et poète nommé Ba­nâ­rasî-dâs 2, âgé de cin­quante-cinq ans, ré­di­gea ce ré­cit en vers. Il l’intitula «His­toire à demi» en fai­sant al­lu­sion à la du­rée de idéale qui, se­lon la jaïna, est de cent dix ans. Les dé­bâcles com­mer­ciales et les échecs rythment vé­ri­ta­ble­ment la vie de cet qui, au fil de son ré­cit, se ré­vèle aussi mé­diocre mar­chand que pas­sable poète. Il dé­buta dans son mé­tier à l’âge de vingt et un ans. Son père ras­sem­bla les mar­chan­dises dont dis­po­sait la — des pierres pré­cieuses, deux grandes gourdes d’huile, vingt de beurre cla­ri­fié, des châles de Jaun­pur — et après avoir fait ve­nir son fils, Ba­nâ­rasî-dâs, il lui ex­pli­qua ses , di­sant : «Prends toutes ces af­faires. Va à Agra et vends les ar­ticles. Dé­sor­mais, le far­deau de la mai­son, c’est toi qui le prends sur les épaules. Il fau­dra que tu nour­risses toute la fa­mille» 3. Ces mots durent pe­ser bien lourd sur les épaules d’un jeune homme tout juste re­penti d’avoir passé le plus clair de son dans l’ des jeunes , où il avait «dé­laissé l’ fa­mi­lial et la pu­deur du » 4. Ayant chargé les mar­chan­dises sur une char­rette, il se ren­dit non sans à Agra. Il tâ­cha de vendre tout, sans vrai­ment en connaître la va­leur, et se fit lar­ge­ment es­cro­quer par les ache­teurs. Il don­nait à qui of­frait, ne sa­chant pas dis­cer­ner «qui était hon­nête, qui était mal­hon­nête» 5. Pire en­core, il avait at­ta­ché un étui de perles à la cein­ture de son pan­ta­lon : la cein­ture se cassa, et le pré­cieux étui fut perdu. Il avait aussi ca­ché des ru­bis dans la dou­blure de son pan­ta­lon : il le mit à sé­cher au ; des pas­sèrent et l’emportèrent. Il tomba dans la ban­que­route pour la pre­mière fois. Ce ne fut pas la der­nière. À chaque fois, il se consola, se consi­dé­rant heu­reux dans son mal­heur : «Le et le mal­heur», dit-il 6, «sont vus comme deux choses [dif­fé­rentes par] l’ignorant. Dans la for­tune et l’infortune, le sa­vant [au contraire] se tient d’une seule ma­nière. Il est comme un so­leil qui ne dé­lais­se­rait pas la ; comme un so­leil cou­chant qui ne dé­lais­se­rait pas la splen­deur du jour». Telle est sans la le­çon la plus utile de ce ré­cit.

  1. En hindi «अर्ध-कथानक». Par­fois trans­crit «Ard­ha­ka­tha­nak». Icône Haut
  2. En hindi बनारसीदास. Par­fois trans­crit Banā­rasīdāsa. Icône Haut
  3. p. 89. Icône Haut
  1. p. 76. Icône Haut
  2. p. 92. Icône Haut
  3. p. 72. Icône Haut

« Étude sur les arguments de Zénon d’Élée contre le mouvement »

XIXᵉ siècle

XIXe siècle

Il s’agit de Zé­non d’Élée 1, cé­lèbre au­teur de pa­ra­doxes (Ve siècle av. J.-C.). Il ne pa­raît pas avoir été ma­thé­ma­ti­cien, ni phy­si­cien; mais ses fa­meux «Ar­gu­ments contraires» («An­ti­lo­giai» 2) ont fait au­tant pour les prin­cipes des et de la que pour ceux de la . C’était un bien fait, d’une agréable, un dis­ciple dé­voué de Par­mé­nide, et quelques pré­tendent «qu’il de­vint le mi­gnon de son maître» 3. Il ne quit­tait que très ra­re­ment son Élée na­tale, «cité mo­deste, tout juste bonne à pro­duire des hommes de va­leur» 4. Plus tard, cette cité étant tom­bée, on ne sait com­ment, sous le joug d’un ty­ran ap­pelé Néarque, Zé­non en­tre­prit de la dé­li­vrer à l’aide de com­plices. La conspi­ra­tion ayant été dé­cou­verte, il fut em­pri­sonné et pé­rit dans d’horribles sup­plices, où il mon­tra un ca­rac­tère hé­roïque. Cette af­faire est rap­por­tée avec mille va­riantes par les écri­vains. Je n’en don­ne­rai qu’une : Tor­turé et in­ter­rogé sur ses com­plices, Zé­non nomma les amis du ty­ran pour pri­ver ce­lui-ci de tous ses ap­puis. Néarque, après les avoir fait mou­rir, l’interrogea sur les qu’il avait trans­por­tées dans une île voi­sine. Zé­non lui dit qu’il lui ré­pon­drait à l’oreille; le ty­ran s’étant ap­pro­ché, Zé­non lui mor­dit l’oreille et ne re­lâ­cha pas sa prise avant d’être percé de coups et tué. Aujourd’hui, il ne reste des ou­vrages de Zé­non que les «Ar­gu­ments contraires» concer­nant le mou­ve­ment, trans­mis jusqu’à nous grâce à la ré­fu­ta­tion d’Aris­tote et aux de Sim­pli­cius. Ces «Ar­gu­ments» in­té­ressent au plus haut point l’ des , en ceci qu’ils fixent pour la pre­mière fois l’attention sur le pro­blème de l’infinitésimal et sur les dif­fi­cul­tés lo­giques aux­quelles se heurtent les cal­culs qui jonglent avec l’. Le poète Paul Va­léry ré­su­mera les deux «Ar­gu­ments» les plus connus, «Achille et la Tor­tue» et «La Flèche qui vole», par ces vers : «Zé­non, cruel Zé­non!… M’as-tu percé de cette flèche ai­lée qui vibre, vole et qui ne vole pas!… Achille im­mo­bile à grands pas!»

  1. En Ζήνων ὁ Ἐλεάτης. Éga­le­ment connu sous le nom de Zé­non le Par­mé­ni­dien. En grec Ζήνων ὁ Παρμενίδειος. À ne pas confondre avec Zé­non de Ci­tion, le fon­da­teur du . Icône Haut
  2. En grec «Ἀντιλογίαι». Icône Haut
  1. «λέγεσθαι αὐτὸν παιδικὰ τοῦ Παρμενίδου γεγονέναι» (Pla­ton). «γέγονεν αὐτοῦ παιδικά» (Dio­gène Laërce). Icône Haut
  2. Dio­gène Laërce. Icône Haut

Hô Chi Minh (Nguyên Ai Quôc), « Le Procès de la colonisation française et Autres Textes de jeunesse »

éd. Le Temps des cerises, Pantin

éd. Le des ce­rises, Pan­tin

Il s’agit du « de la fran­çaise», des «Re­ven­di­ca­tions du an­na­mite» et autres textes de d’Hô Chi Minh 1. Ainsi que l’a re­mar­qué un bio­graphe d’Hô Chi Minh 2, «tout ce qui touche à la du fu­tur pré­sident de la dé­mo­cra­tique du jusqu’en 1941 est frag­men­taire, ap­proxi­ma­tif, contro­versé». À ce jour, au­cune étude sys­té­ma­tique n’a été en­tre­prise, au­cune pu­bli­ca­tion ex­haus­tive n’a été faite sur la pé­riode pa­ri­sienne du cé­lèbre ré­vo­lu­tion­naire , pé­riode pour­tant dé­ci­sive en ce qui concerne sa for­ma­tion idéo­lo­gique — la vie dans un en­tre­sol de la rue du Mar­ché-des-Pa­triarches, la fré­quen­ta­tion as­si­due de la Bi­blio­thèque na­tio­nale, «où il s’installait de 10 à 17 heures, presque chaque jour» 3, les mee­tings guet­tés par la po­lice, les ar­ticles pour «L’», «La Re­vue com­mu­niste», «Le Li­ber­taire», etc., en­fin, la fon­da­tion du «Pa­ria», jour­nal an­ti­co­lo­nia­liste, dont il fut à la fois le di­rec­teur et le plus fé­cond des contri­bu­teurs 4. Les dates mêmes de cette pé­riode sont pleines d’obscurités, si étrange que cela puisse pa­raître, s’agissant d’une des per­son­na­li­tés les plus en vue de tout le XXe siècle. Re­joi­gnit-il Pa­ris en 1917, comme le sup­posent la plu­part de ses bio­graphes, ou en 1919, an­née de ses pre­miers ar­ticles si­gnés? En tout cas, la pre­mière qu’il eut en ar­ri­vant, c’est qu’en aussi il y avait des ou­vriers ex­ploi­tés — des gens qui pou­vaient prendre parti pour le peuple viet­na­mien. C’est là que lui vint à l’esprit cette de la sang­sue ca­pi­ta­liste, si fa­meuse de­puis «Le Pro­cès» : «Le ca­pi­ta­lisme est une sang­sue ayant une ven­touse ap­pli­quée sur le pro­lé­ta­riat de la mé­tro­pole, et une autre sur le pro­lé­ta­riat des . Si l’on veut tuer la bête, on doit cou­per les deux ven­touses à la fois». Alors, il s’attacha aux pro­lé­taires par le double lien de l’intérêt et de l’affection; et le jour où, après de longues dé­cen­nies, la sé­pa­ra­tion fa­tale, in­évi­table, se fit entre les co­lo­ni­sa­teurs et les co­lo­ni­sés, la France per­dit en lui un su­jet, mais conserva un ami, un al­lié, un confrère. «En se ré­cla­mant de la pro­tec­tion du peuple fran­çais», dit Hô Chi Minh dans «Les Re­ven­di­ca­tions du peuple an­na­mite», «le peuple an­na­mite, bien loin de s’humilier, s’honore au contraire : car il sait que le peuple fran­çais re­pré­sente la et la , et ne re­non­cera ja­mais à son de uni­ver­selle. En consé­quence, en écou­tant la des op­pri­més, le peuple fran­çais fera son de­voir en­vers la France et en­vers l’humanité».

  1. Éga­le­ment connu sous le sur­nom de Nguyên Ai Quôc. «Nguyên, c’est le pa­tro­nyme le plus ré­pandu en An­nam…; “Ai”, le pré­fixe qui si­gni­fie l’affection; “Quôc”, la pa­trie», dit M. Jean La­cou­ture. Au­tre­fois trans­crit Nguyen Ai Quac. Icône Haut
  2. M. Jean La­cou­ture. Icône Haut
  1. Louis Rou­baud, «Viêt-nam : la in­do­chi­noise; suivi d’autres sur le co­lo­nia­lisme». Icône Haut
  2. Les contri­bu­teurs du «Pa­ria» se com­po­saient en­tiè­re­ment de mi­li­tants ori­gi­naires des co­lo­nies, qui ve­naient, bé­né­vo­le­ment, après leurs heures de tra­vail. Icône Haut

Euclide, « Les Éléments. Tome II »

éd. Presses universitaires de France, coll. Bibliothèque d’histoire des sciences, Paris

éd. Presses uni­ver­si­taires de , coll. Bi­blio­thèque d’ des , Pa­ris

Il s’agit des «Élé­ments» («Ta Stoi­cheia» 1) ou « élé­men­taire» («Hê Stoi­cheiô­sis» 2) d’ 3, cé­lèbre sa­vant , dont le nom est pour la ce qu’est le nom d’Einstein pour la . La science grecque est es­sen­tiel­le­ment dé­duc­tive. C’est avec elle que l’esprit hu­main conçoit, pour la pre­mière fois, la pos­si­bi­lité de po­ser un pe­tit nombre de prin­cipes et d’en dé­duire un en­semble de vé­ri­tés qui en soient la consé­quence né­ces­saire. Les «Élé­ments» d’Euclide passent pour le mo­dèle du genre. Ils dé­butent par une liste d’«» (c’est-à-dire de prin­cipes que l’on de­mande au lec­teur d’admettre sans dé­mons­tra­tion), énon­cés de telle sorte qu’ils peuvent être ac­cep­tés par cha­cun; tout en étant aussi peu nom­breux que pos­sible (en­vi­ron une di­zaine), ils suf­fisent à as­su­rer la construc­tion de tout l’édifice ma­thé­ma­tique. Dans une pre­mière lec­ture, l’on se­rait tenté de croire qu’Euclide est l’inventeur de ce genre de construc­tion. Il ne cite au­cun nom de pré­dé­ces­seur; des pro­po­si­tions que nous dé­si­gnons sous les de «théème de Py­tha­gore» ou «de Tha­lès» prennent place dans ses «Élé­ments» sans que soient rap­pe­lés ceux qui les ont énon­cées en pre­mier. Ce­pen­dant, Eu­clide a beau ne pas ci­ter ses , son œuvre dé­cèle une di­ver­sité d’ qui ne trompe pas; elle n’est pas et ne sau­rait être l’œuvre d’une seule . Des géo­mètres plus an­ciens — Hip­po­crate de Chios 4, Her­mo­time de Co­lo­phon 5, Eu­doxe de Cnide 6, Théé­tète d’Athènes 7, Theu­dios de Ma­gné­sie 8 — avaient écrit des «Élé­ments». Le mé­rite d’Euclide est d’avoir réuni leurs dé­mons­tra­tions et sur­tout d’avoir com­posé un tout qui, par un en­chaî­ne­ment plus exact, fit ou­blier les ou­vrages avant le sien, qui de­vint le plus im­por­tant sur cette . Voici ce qu’en dit Pro­clus dans ses «Com­men­taires aux “Élé­ments”» : «En ras­sem­blant des “Élé­ments”, Eu­clide en a co­or­donné beau­coup d’Eudoxe, per­fec­tionné beau­coup de Théé­tète et évo­qué dans d’irréfutables dé­mons­tra­tions ceux que ses pré­dé­ces­seurs avaient mon­trés d’une ma­nière re­lâ­chée»

  1. En grec «Τὰ Στοιχεῖα». Icône Haut
  2. En grec «Ἡ Στοιχείωσις». Icône Haut
  3. En grec Εὐκλείδης. Au­tre­fois trans­crit Eu­clides. On l’a long­temps confondu avec Eu­clide de Mé­gare, phi­lo­sophe, «bien qu’ils n’aient pas été contem­po­rains et qu’ils aient dif­féré l’un de l’autre au­tant par leur genre d’esprit… que par la de leurs tra­vaux» (Louis Fi­guier). Icône Haut
  4. En grec Ἱπποκράτης ὁ Χῖος. Par­fois trans­crit Hip­po­crate de Chio. À ne pas confondre avec Hip­po­crate de Cos, le cé­lèbre mé­de­cin, qui vé­cut à la même époque. Icône Haut
  1. En grec Ἑρμότιμος ὁ Κολοφώνιος. Icône Haut
  2. En grec Εὔδοξος ὁ Κνίδιος. Icône Haut
  3. En grec Θεαίτητος ὁ Ἀθηναῖος. Icône Haut
  4. En grec Θεύδιος ὁ Μάγνης. Icône Haut

Euclide, « Les Éléments. Tome I »

éd. Presses universitaires de France, coll. Bibliothèque d’histoire des sciences, Paris

éd. Presses uni­ver­si­taires de , coll. Bi­blio­thèque d’ des , Pa­ris

Il s’agit des «Élé­ments» («Ta Stoi­cheia» 1) ou « élé­men­taire» («Hê Stoi­cheiô­sis» 2) d’ 3, cé­lèbre sa­vant , dont le nom est pour la ce qu’est le nom d’Einstein pour la . La science grecque est es­sen­tiel­le­ment dé­duc­tive. C’est avec elle que l’esprit hu­main conçoit, pour la pre­mière fois, la pos­si­bi­lité de po­ser un pe­tit nombre de prin­cipes et d’en dé­duire un en­semble de vé­ri­tés qui en soient la consé­quence né­ces­saire. Les «Élé­ments» d’Euclide passent pour le mo­dèle du genre. Ils dé­butent par une liste d’«» (c’est-à-dire de prin­cipes que l’on de­mande au lec­teur d’admettre sans dé­mons­tra­tion), énon­cés de telle sorte qu’ils peuvent être ac­cep­tés par cha­cun; tout en étant aussi peu nom­breux que pos­sible (en­vi­ron une di­zaine), ils suf­fisent à as­su­rer la construc­tion de tout l’édifice ma­thé­ma­tique. Dans une pre­mière lec­ture, l’on se­rait tenté de croire qu’Euclide est l’inventeur de ce genre de construc­tion. Il ne cite au­cun nom de pré­dé­ces­seur; des pro­po­si­tions que nous dé­si­gnons sous les de «théème de Py­tha­gore» ou «de Tha­lès» prennent place dans ses «Élé­ments» sans que soient rap­pe­lés ceux qui les ont énon­cées en pre­mier. Ce­pen­dant, Eu­clide a beau ne pas ci­ter ses , son œuvre dé­cèle une di­ver­sité d’ qui ne trompe pas; elle n’est pas et ne sau­rait être l’œuvre d’une seule . Des géo­mètres plus an­ciens — Hip­po­crate de Chios 4, Her­mo­time de Co­lo­phon 5, Eu­doxe de Cnide 6, Théé­tète d’Athènes 7, Theu­dios de Ma­gné­sie 8 — avaient écrit des «Élé­ments». Le mé­rite d’Euclide est d’avoir réuni leurs dé­mons­tra­tions et sur­tout d’avoir com­posé un tout qui, par un en­chaî­ne­ment plus exact, fit ou­blier les ou­vrages avant le sien, qui de­vint le plus im­por­tant sur cette . Voici ce qu’en dit Pro­clus dans ses «Com­men­taires aux “Élé­ments”» : «En ras­sem­blant des “Élé­ments”, Eu­clide en a co­or­donné beau­coup d’Eudoxe, per­fec­tionné beau­coup de Théé­tète et évo­qué dans d’irréfutables dé­mons­tra­tions ceux que ses pré­dé­ces­seurs avaient mon­trés d’une ma­nière re­lâ­chée»

  1. En grec «Τὰ Στοιχεῖα». Icône Haut
  2. En grec «Ἡ Στοιχείωσις». Icône Haut
  3. En grec Εὐκλείδης. Au­tre­fois trans­crit Eu­clides. On l’a long­temps confondu avec Eu­clide de Mé­gare, phi­lo­sophe, «bien qu’ils n’aient pas été contem­po­rains et qu’ils aient dif­féré l’un de l’autre au­tant par leur genre d’esprit… que par la de leurs tra­vaux» (Louis Fi­guier). Icône Haut
  4. En grec Ἱπποκράτης ὁ Χῖος. Par­fois trans­crit Hip­po­crate de Chio. À ne pas confondre avec Hip­po­crate de Cos, le cé­lèbre mé­de­cin, qui vé­cut à la même époque. Icône Haut
  1. En grec Ἑρμότιμος ὁ Κολοφώνιος. Icône Haut
  2. En grec Εὔδοξος ὁ Κνίδιος. Icône Haut
  3. En grec Θεαίτητος ὁ Ἀθηναῖος. Icône Haut
  4. En grec Θεύδιος ὁ Μάγνης. Icône Haut

« De cent poètes un poème : poèmes »

éd. Publications orientalistes de France, Aurillac

éd. Pu­bli­ca­tions de , Au­rillac

Il s’agit de l’ «Ogura Hya­ku­nin Is­shu» 1, plus connue sous le titre abrégé de «Hya­ku­nin Is­shu» 2De cent un poème» 3). Peu de re­cueils ont joui et jouissent tou­jours au d’une vogue égale à celle de l’anthologie «Hya­ku­nin Is­shu». On en at­tri­bue la pa­ter­nité à l’aristocrate Fu­ji­wara no Teika. Dans un jour­nal qu’il a tenu tout au long de sa , le «Mei­getsu-ki» 4Jour­nal de la lune claire» 5), en date du 27 mai 1235, Teika dit avoir cal­li­gra­phié cent mor­ceaux sur des pa­piers de pour en dé­co­rer les cloi­sons mo­biles d’une mai­son de cam­pagne à Ogura. Le plus éton­nant est que ces cent poèmes ont fini par de­ve­nir le re­cueil fa­mi­lier de chaque mai­son ja­po­naise. Dès la fin du XVIIe siècle, en ef­fet, nous les voyons em­ployés comme livre pour édu­quer les jeunes , en même que comme jeu pour amu­ser la en gé­né­ral. Ce jeu de « poé­tiques» («uta-ga­ruta» 6) consiste à de­vi­ner la fin d’un poème que ré­cite un me­neur : «On prend pour cela un pa­quet de deux cents cartes [ti­rées du] “Hya­ku­nin Is­shu”. Cent de ces cartes portent, cha­cune, un poème dif­fé­rent — ce sont des “”, de trente et une syl­labes com­po­sées par des poètes et des cé­lèbres d’autrefois — et, en gé­né­ral, le por­trait de l’auteur : elles servent à la lec­ture à haute . Les cent autres cartes ne portent que les deux der­niers vers de chaque poème : elles servent au jeu pro­pre­ment dit. L’un des joueurs lit un “waka”, et les autres se penchent sur les cartes ran­gées à même le ta­tami ou natte de paille, en scru­tant le tas pour s’emparer ra­pi­de­ment de celle qui cor­res­pond au poème qu’on vient de lire», ex­plique M. Shi­geo Ki­mura

  1. En «小倉百人一首». Icône Haut
  2. En ja­po­nais «百人一首». Au­tre­fois trans­crit «Hya­kou-nin-is-syou» ou «Hya­kou­ninn-is­shou». Icône Haut
  3. Par­fois tra­duit «Cent poé­sies par cent poètes», «De cent hommes une », «De cent hommes cha­cun un poème» ou «Col­lec­tion des cent poètes». Icône Haut
  1. En ja­po­nais «明月記», in­édit en . Au­tre­fois trans­crit «Méig­hét­sou-ki». Icône Haut
  2. Par­fois tra­duit «Notes (jour­na­lières) de la claire lune». Icône Haut
  3. En ja­po­nais 歌がるた. Icône Haut

« Kabir : une expérience mystique au-delà des religions »

éd. A. Michel, coll. Spiritualités vivantes, Paris

éd. A. Mi­chel, coll. Spi­ri­tua­li­tés vi­vantes, Pa­ris

Il s’agit de  1, sur­nommé «le tis­se­rand de Bé­na­rès», l’un des les plus po­pu­laires de l’Inde, et l’un des fon­da­teurs de la lit­té­ra­ture , bien qu’il n’ait peut-être ja­mais rien écrit (XVe-XVIe siècle apr. J.-C.). Non seule­ment il a em­ployé le hindi, mais il a in­sisté sur l’avantage de se ser­vir de cette orale, en s’é contre l’emploi du et de toute autre langue sa­vante. Car, comme So­crate, Ka­bîr se mé­fiait de l’, qui était pour lui une lettre morte, un si­mu­lacre, et ne ju­geait vraie que la in­té­rieure de l’ : «Je n’ai ja­mais tou­ché», dit-il 2, «ni encre, ni pa­pier. Ma main ja­mais n’a tenu de plume. La gran­deur des quatre âges, Ka­bîr la fait naître des pa­roles de sa bouche». Sa re­nom­mée re­pose sur les cinq cents cou­plets («do­hâs» 3) et les cent stances («pa­das» 4) trans­crits par ses dis­ciples, et dont des mor­ceaux choi­sis fi­gurent dans le «Gou­rou Granth Sa­hib», le livre saint des . Ils se dis­tinguent par leur va­leur , par leur conci­sion et in­ten­sité, mais aussi et sur­tout par la ren­contre des deux tra­di­tions is­la­mique et hin­doue. Fils illé­gi­time d’une veuve brah­mane, adopté par un tis­se­rand mu­sul­man, Ka­bîr rê­vait d’amalgamer et en une seule et même . Lui-même se di­sait «l’enfant d’Allah et de Râma» et es­ti­mait que les deux tra­di­tions, mal­gré leurs dif­fé­rents, étaient des «pots de la même ar­gile» 5. On ra­conte que lorsqu’il fut sur le point de mou­rir, les hin­douistes dé­cla­rèrent qu’il fal­lait le brû­ler; les — qu’il fal­lait l’enterrer. Il s’éteignit re­cou­vert par son drap. Les deux par­tis, après d’interminables que­relles, fi­nirent par s’approcher du ca­davre et sou­le­vèrent le lin­ceul; mais ils virent qu’il n’y avait que des , et pas de . Les hin­douistes prirent la moi­tié des fleurs, les brû­lèrent et éle­vèrent en cet en­droit un mau­so­lée. Les mu­sul­mans prirent l’autre moi­tié et construi­sirent un sanc­tuaire pour les y mettre. «Il y a donc aujourd’hui à Ma­ghar 6 deux dé­diés à Ka­bîr», dit Mme  7. «Dres­sés l’un à côté de l’autre, ils té­moignent de l’irréductible contra­dic­tion que le même du ré­for­ma­teur de­vait être fi­na­le­ment im­puis­sant à ré­soudre. Tra­gique des­tin de ce pro­phète de l’!»

  1. En hindi कबीर. Au­tre­fois trans­crit Ca­bir. Icône Haut
  2. «Ka­bir : une mys­tique au-delà des re­li­gions», p. 151. Icône Haut
  3. En hindi दोहा. Icône Haut
  4. En hindi पद. Icône Haut
  1. «Ka­bir : une ex­pé­rience mys­tique au-delà des re­li­gions», p. 95 & 11. Icône Haut
  2. En hindi मगहर. Par­fois trans­crit Ma­ga­har. Ville si­tuée dans le dis­trict ac­tuel de Sant Ka­bîr Na­gar. Icône Haut
  3. «Pré­face à “Au ca­ba­ret de l’ : pa­roles de Ka­bîr”», p. 16. Icône Haut

« Sri Gourou Granth Sahib. Tome IV »

éd. Intellectual Services International, Providenciales

éd. In­tel­lec­tual Ser­vices In­ter­na­tio­nal, Pro­vi­den­ciales

Il s’agit de l’«Adi Granth» 1 (le «Pre­mier Livre») ou «Gou­rou Granth Sa­hib» 2 (le «Maître Livre»), le livre saint des , com­pilé par le cin­quième gou­rou Ar­jan Dev 3, puis ré­visé et achevé par le dixième gou­rou Go­bind Singh 4. Les si­khs le dé­si­gnent sou­vent sous la vague ap­pel­la­tion de «Granth» (le «Livre»), de même que les chré­tiens citent le leur sous celle de «» («Bi­blia» si­gni­fiant les «»). Le «Granth» est une œuvre tout à fait unique par rap­port aux ca­nons des autres re­li­gions. Ce qui l’en dis­tingue, c’est qu’il se pré­sente comme une fas­ci­nante , qui ne contient pas seule­ment les psaumes et les de ses propres fon­da­teurs, comme gou­rou Na­nak 5, mais aussi ceux de an­té­rieurs : Ka­bîr, Jaya­deva, Bhi­khan, Nâm-dev… En tout, quinze poètes non si­khs (ap­pe­lés «bha­gats» 6) sont in­cor­po­rés au «Granth», dont le plus an­cien est Sheikh Fa­rid né en 1175 apr. J.-C. Les , eux, vé­curent entre 1469 et 1708 apr. J.-C. Voilà donc plus de cinq siècles de in­dienne, to­ta­li­sant 3 384 poèmes ou 15 575 strophes, et mê­lant le à di­verses autres langues : le , le , le … Une tra­di­tion uni­ver­sel­le­ment re­çue rap­porte que le dixième gou­rou, à son lit de , ne nomma pas de suc­ces­seur, mais dé­cida que la du «Granth» se­rait dé­sor­mais l’éternel gou­rou : «Ici-bas, tous les si­khs sont char­gés de re­con­naître le “Granth” comme leur gou­rou. Re­con­nais “Gou­rou Granth Sa­hib” comme la per­sonne vi­sible des gou­rous. Ceux qui cherchent à ren­con­trer le Sei­gneur dans la Pa­role telle qu’elle s’est ma­ni­fes­tée dans le livre, Le dé­cou­vri­ront» 7. De­puis ce jour-là, le «Granth» reste l’unique au­to­rité des si­khs, ainsi que le seul ob­jet de que l’on voit dans leurs lieux de culte. Leur cen­tral, qui s’élève tou­jours à Am­rit­sar 8, au mi­lieu de l’étang (Am­rit­sar si­gni­fiant «étang de l’»), ne ren­ferme au­cune idole, mais seule­ment des exem­plaires du «Granth» dé­po­sés sur des cous­sins de soie : «Jour et , sans désem­pa­rer, comme pour réa­li­ser une sorte d’ per­pé­tuelle, des “gran­this” chantent sous ces voûtes ré­vé­rées des frag­ments du livre saint en s’accompagnant d’instruments à cordes. Ailleurs les si­khs ont sim­ple­ment des salles d’édification, où un “gran­thi” leur lit… le texte sa­cré», ex­plique Al­bert Ré­ville

  1. En pend­jabi «ਆਦਿ ਗ੍ਰੰਥ». Par­fois trans­crit «Adi-grant». Icône Haut
  2. En pend­jabi «ਗੁਰੂ ਗ੍ਰੰਥ ਸਾਹਿਬ». Par­fois trans­crit «Guru Granth Sa­heb». Icône Haut
  3. En pend­jabi ਅਰਜਨ ਦੇਵ. Par­fois trans­crit Ar­jun Dev. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਗੋਬਿੰਦ ਸਿੰਘ. Par­fois trans­crit Go­vind Singh. Icône Haut
  1. En pend­jabi ਨਾਨਕ. Icône Haut
  2. En pend­jabi ਭਗਤ. Icône Haut
  3. «Le  : an­tho­lo­gie de la », p. 36. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ. Icône Haut

« Sri Gourou Granth Sahib. Tome III »

éd. Intellectual Services International, Providenciales

éd. In­tel­lec­tual Ser­vices In­ter­na­tio­nal, Pro­vi­den­ciales

Il s’agit de l’«Adi Granth» 1 (le «Pre­mier Livre») ou «Gou­rou Granth Sa­hib» 2 (le «Maître Livre»), le livre saint des , com­pilé par le cin­quième gou­rou Ar­jan Dev 3, puis ré­visé et achevé par le dixième gou­rou Go­bind Singh 4. Les si­khs le dé­si­gnent sou­vent sous la vague ap­pel­la­tion de «Granth» (le «Livre»), de même que les chré­tiens citent le leur sous celle de «» («Bi­blia» si­gni­fiant les «»). Le «Granth» est une œuvre tout à fait unique par rap­port aux ca­nons des autres re­li­gions. Ce qui l’en dis­tingue, c’est qu’il se pré­sente comme une fas­ci­nante , qui ne contient pas seule­ment les psaumes et les de ses propres fon­da­teurs, comme gou­rou Na­nak 5, mais aussi ceux de an­té­rieurs : Ka­bîr, Jaya­deva, Bhi­khan, Nâm-dev… En tout, quinze poètes non si­khs (ap­pe­lés «bha­gats» 6) sont in­cor­po­rés au «Granth», dont le plus an­cien est Sheikh Fa­rid né en 1175 apr. J.-C. Les , eux, vé­curent entre 1469 et 1708 apr. J.-C. Voilà donc plus de cinq siècles de in­dienne, to­ta­li­sant 3 384 poèmes ou 15 575 strophes, et mê­lant le à di­verses autres langues : le , le , le … Une tra­di­tion uni­ver­sel­le­ment re­çue rap­porte que le dixième gou­rou, à son lit de , ne nomma pas de suc­ces­seur, mais dé­cida que la du «Granth» se­rait dé­sor­mais l’éternel gou­rou : «Ici-bas, tous les si­khs sont char­gés de re­con­naître le “Granth” comme leur gou­rou. Re­con­nais “Gou­rou Granth Sa­hib” comme la per­sonne vi­sible des gou­rous. Ceux qui cherchent à ren­con­trer le Sei­gneur dans la Pa­role telle qu’elle s’est ma­ni­fes­tée dans le livre, Le dé­cou­vri­ront» 7. De­puis ce jour-là, le «Granth» reste l’unique au­to­rité des si­khs, ainsi que le seul ob­jet de que l’on voit dans leurs lieux de culte. Leur cen­tral, qui s’élève tou­jours à Am­rit­sar 8, au mi­lieu de l’étang (Am­rit­sar si­gni­fiant «étang de l’»), ne ren­ferme au­cune idole, mais seule­ment des exem­plaires du «Granth» dé­po­sés sur des cous­sins de soie : «Jour et , sans désem­pa­rer, comme pour réa­li­ser une sorte d’ per­pé­tuelle, des “gran­this” chantent sous ces voûtes ré­vé­rées des frag­ments du livre saint en s’accompagnant d’instruments à cordes. Ailleurs les si­khs ont sim­ple­ment des salles d’édification, où un “gran­thi” leur lit… le texte sa­cré», ex­plique Al­bert Ré­ville

  1. En pend­jabi «ਆਦਿ ਗ੍ਰੰਥ». Par­fois trans­crit «Adi-grant». Icône Haut
  2. En pend­jabi «ਗੁਰੂ ਗ੍ਰੰਥ ਸਾਹਿਬ». Par­fois trans­crit «Guru Granth Sa­heb». Icône Haut
  3. En pend­jabi ਅਰਜਨ ਦੇਵ. Par­fois trans­crit Ar­jun Dev. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਗੋਬਿੰਦ ਸਿੰਘ. Par­fois trans­crit Go­vind Singh. Icône Haut
  1. En pend­jabi ਨਾਨਕ. Icône Haut
  2. En pend­jabi ਭਗਤ. Icône Haut
  3. «Le  : an­tho­lo­gie de la », p. 36. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ. Icône Haut

« Sri Gourou Granth Sahib. Tome II »

éd. Intellectual Services International, Providenciales

éd. In­tel­lec­tual Ser­vices In­ter­na­tio­nal, Pro­vi­den­ciales

Il s’agit de l’«Adi Granth» 1 (le «Pre­mier Livre») ou «Gou­rou Granth Sa­hib» 2 (le «Maître Livre»), le livre saint des , com­pilé par le cin­quième gou­rou Ar­jan Dev 3, puis ré­visé et achevé par le dixième gou­rou Go­bind Singh 4. Les si­khs le dé­si­gnent sou­vent sous la vague ap­pel­la­tion de «Granth» (le «Livre»), de même que les chré­tiens citent le leur sous celle de «» («Bi­blia» si­gni­fiant les «»). Le «Granth» est une œuvre tout à fait unique par rap­port aux ca­nons des autres re­li­gions. Ce qui l’en dis­tingue, c’est qu’il se pré­sente comme une fas­ci­nante , qui ne contient pas seule­ment les psaumes et les de ses propres fon­da­teurs, comme gou­rou Na­nak 5, mais aussi ceux de an­té­rieurs : Ka­bîr, Jaya­deva, Bhi­khan, Nâm-dev… En tout, quinze poètes non si­khs (ap­pe­lés «bha­gats» 6) sont in­cor­po­rés au «Granth», dont le plus an­cien est Sheikh Fa­rid né en 1175 apr. J.-C. Les , eux, vé­curent entre 1469 et 1708 apr. J.-C. Voilà donc plus de cinq siècles de in­dienne, to­ta­li­sant 3 384 poèmes ou 15 575 strophes, et mê­lant le à di­verses autres langues : le , le , le … Une tra­di­tion uni­ver­sel­le­ment re­çue rap­porte que le dixième gou­rou, à son lit de , ne nomma pas de suc­ces­seur, mais dé­cida que la du «Granth» se­rait dé­sor­mais l’éternel gou­rou : «Ici-bas, tous les si­khs sont char­gés de re­con­naître le “Granth” comme leur gou­rou. Re­con­nais “Gou­rou Granth Sa­hib” comme la per­sonne vi­sible des gou­rous. Ceux qui cherchent à ren­con­trer le Sei­gneur dans la Pa­role telle qu’elle s’est ma­ni­fes­tée dans le livre, Le dé­cou­vri­ront» 7. De­puis ce jour-là, le «Granth» reste l’unique au­to­rité des si­khs, ainsi que le seul ob­jet de que l’on voit dans leurs lieux de culte. Leur cen­tral, qui s’élève tou­jours à Am­rit­sar 8, au mi­lieu de l’étang (Am­rit­sar si­gni­fiant «étang de l’»), ne ren­ferme au­cune idole, mais seule­ment des exem­plaires du «Granth» dé­po­sés sur des cous­sins de soie : «Jour et , sans désem­pa­rer, comme pour réa­li­ser une sorte d’ per­pé­tuelle, des “gran­this” chantent sous ces voûtes ré­vé­rées des frag­ments du livre saint en s’accompagnant d’instruments à cordes. Ailleurs les si­khs ont sim­ple­ment des salles d’édification, où un “gran­thi” leur lit… le texte sa­cré», ex­plique Al­bert Ré­ville

  1. En pend­jabi «ਆਦਿ ਗ੍ਰੰਥ». Par­fois trans­crit «Adi-grant». Icône Haut
  2. En pend­jabi «ਗੁਰੂ ਗ੍ਰੰਥ ਸਾਹਿਬ». Par­fois trans­crit «Guru Granth Sa­heb». Icône Haut
  3. En pend­jabi ਅਰਜਨ ਦੇਵ. Par­fois trans­crit Ar­jun Dev. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਗੋਬਿੰਦ ਸਿੰਘ. Par­fois trans­crit Go­vind Singh. Icône Haut
  1. En pend­jabi ਨਾਨਕ. Icône Haut
  2. En pend­jabi ਭਗਤ. Icône Haut
  3. «Le  : an­tho­lo­gie de la », p. 36. Icône Haut
  4. En pend­jabi ਅੰਮ੍ਰਿਤਸਰ. Icône Haut